NE FERME PAS LES YEUX

DISCLAIMER : Les personnages appartiennent à JK Rowling, à part ceux qui sont sortis tout droit de mon cerveau. Je ne retire aucun bénéfice de cette histoire, à part celui d'être lue par vos soins.

RATING : R, pour changer. Cette histoire relate des relations homosexuelles avec une référence à la prostitution. Si cela vous pose un quelconque problème, ne lisez pas cette fic. Merci à vous.

Note de l'auteur : voici une fic dont le début sommeillait sur mon ordinateur depuis quelques mois. Les chapitres sont plus courts que ce que je fais d'habitude, ça change ! Je précise que cinq chapitres sont déjà écrits, ce qui me laissera largement le temps de terminer Sortir des Ténèbres et de me consacrer à Trauma, au cas où certains craindraient de voir les délais de mise en ligne rallongés.

Je tiens à remercier Anagrammes qui m'a kické pour que je mette ce début de fic en ligne. Merci à toi Anagrammes, et que des bonnes choses pour tes fics ! Merci à Lemoncurd pour ses conseils et ses corrections. Merci également à Artoung !

Résumé : Post Poudlard. Harry Potter est devenu un homme riche et influent, alors que Draco Malfoy, présumé Mangemort, passe son temps à fermer les yeux pour se retrancher dans son monde.

CHAPITRE 1 : RETROUVAILLES.

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Comme tous les jours, le radio réveil hurlait des chansons obsolètes et, comme tous les jours depuis trois mois, deux bras puissants s'enroulèrent autour de sa taille mince. Des lèvres délicatement posées dans son cou le tirèrent de son sommeil réparateur et il soupira d'aise. Une main passa lentement dans sa chevelure soyeuse, d'un blond unique ; un blond qui poussait les gens qu'il rencontrait à se demander s'il les teignait. Mais ils se rendaient vite compte qu'on ne peut pas créer chimiquement une telle blondeur aux reflets tantôt blancs, tantôt dorés.

Il était conscient de son pouvoir de séduction sur les hommes et les femmes ; conscient de leurs regards admiratifs face à sa grâce naturelle, aristocratique mais lui se trouvait laid. Son extraordinaire et étonnante beauté avait pourtant joué un rôle primordial pour sa survie.

Mais Draco n'en avait cure. Il n'aimait pas particulièrement son visage fin, aux traits délicats et masculins à la fois qui lui donnait l'air d'avoir à peine vingt ans, ni son petit nez pointu, ni ses yeux qu'il jugeait délavés alors qu'ils révélaient, eux aussi, une couleur unique, d'un bleu clair, presque gris. Il se savait beau et il s'en servait, mais il ne se trouvait pas beau.

Sean approcha son visage du sien et il déposa un baiser sur ses lèvres sensuelles.

« Bonjour mon ange, déclara Sean avec un regard amoureux. As-tu bien dormi ?

- Oui, répondit Draco en se demandant pourquoi les gens ne trouvaient pas plus original que « mon ange » pour s'adresser à lui.

- Tu sembles fatigué. Tu ne devrais pas aller travailler ce soir, tu n'es pas obligé. Après tout, c'est moi le patron et je te donne un congé. Tu vois comme c'est simple, Mark ?

- Ecoute moi patron, rétorqua Draco/Mark un peu plus sèchement qu'il ne l'aurait voulu, je travaille dans ta discothèque depuis deux ans et je refuse de bénéficier d'un traitement de faveur. Mes collègues et moi nous entendons bien, malgré leur incapacité à reconnaître ma supériorité. »

Il fit un petit sourire narquois qui fit battre plus vite le cœur de Sean.

« Ça m'ennuierait qu'ils m'en veuillent parce que le patron me fait des faveurs, reprit-il en gardant son sourire sur le visage. Déjà que tu passes ta vie dans la boite alors que pendant un an et demi, tu n'y avais jamais mis les pieds. Ça stresse tout le monde de savoir que c'est de ma faute. Tu es tellement infernal. Et puis j'ai vingt cinq ans, c'est jeune pour être « fatigué » comme tu dis. Par contre à ta place, je me ménagerais.

- Tu vas voir si je suis vieux, lança Sean en pressant son érection contre le ventre du jeune homme. Retourne toi. »

Draco s'exécuta sans rien dire. Il ne dit rien non plus lorsque son boxer atterrit sur le sol, ni lorsqu'il sentit Sean enfiler un préservatif et presser contre son entrée sans l'avoir préalablement préparé.

Il n'avait pas envie.

Il n'avait jamais envie mais il se devait de le faire, pour son confort matériel. Parce que c'était tout ce qu'il savait faire depuis qu'il vivait chez les Moldus.

Il retint un hurlement de douleur et Sean se pencha contre lui, jusqu'à enfouir son visage dans la chevelure angélique.

« Toujours aussi étroit, murmura-t-il. Tu es à moi, Mark. Je t'aime. »

Mais Draco n'entendait pas, la douleur lui soulevait le cœur à chacun des mouvements de Sean, alors qu'il lui dévorait le cou de baisers avides. Draco agrippa les draps et il les serra aussi fort qu'il le pouvait en haletant, alors que son corps se couvrait de la sueur de Sean. Ce dernier commença à se rendre compte que quelque chose n'allait pas lorsque Draco enfouit sa tête dans l'oreiller pour étouffer un sanglot, mais, comme à chaque fois, il se reprit et il simula des gémissements de plaisir, bougeant les reins avec expérience pour emporter Sean dans un tourbillon de sensations érotiques qui lui firent vite oublier son partenaire.

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Sur le parking de la discothèque « The Moon », les Aurors Ron Weasley et Neville Londubat grelottaient en attendant les policiers Moldus. Le mois de février apportait, comme tous les ans, son lot de pluie et de gel. Ron faisait facilement ses 25 ans avec son visage toujours soucieux et ses deux mètres, alors que Neville avait gardé ses rondeurs juvéniles. La guerre les avait blessés, moralement et physiquement mais ils restaient unis et Gryffondor dans l'âme…Du moins, c'est ce qu'ils aimaient croire.

Une fine cicatrice barrait la joue droite de Ron, et, si on levait son tee shirt, on pouvait apercevoir les stries blanches sur son dos, souvenir du fouet de Lucius Malfoy lorsqu'il avait enlevé le roux pour l'échanger contre Harry.

Neville, pour sa part, gardait un boitement prononcé suite à des fractures multiples infligées par Bellatrix Lestrange.

Depuis sept ans, ils recherchaient activement Draco Malfoy pour le traîner devant la justice Magique afin qu'il réponde de ses actes en tant que Mangemort. Aucune preuve n'avait vraiment été établie, mais ils avaient l'intime conviction que le blond était coupable de trahison, d'espionnage, et de meurtre. Ils avaient mis leurs vies entre parenthèses afin de le traquer dans toutes les villes, dans tous les pays, sans succès. Ils avaient perdu un temps précieux à cantonner leurs recherches dans le monde magique, connaissant trop Malfoy pour l'imaginer ailleurs que chez des sorciers de sang pur.

Ron jubilait à l'idée de voir l'ancien Serpentard, major de sa promotion, enfermé à Azkaban avec son père et sa mère, ou mieux, mis à mort comme sa marraine Bellatrix. A cause de cette obsession, Dean Thomas, son fiancé pendant 3 ans après Poudlard, l'avait quitté, comme sa sœur Ginny avait rompu avec Neville.

Ils respiraient, mangeaient, vivaient Draco Malfoy et enfin, après sept longues années, ils étaient sur le point de l'attraper. Neville fit un sourire rayonnant et Ron le lui rendit. Ils pensaient la même chose. Ils espéraient se trouver quelques minutes en tête à tête avec le monstre pour lui faire payer tous les crimes commis par sa famille et toutes les humiliations qu'il leur avait fait subir à l'école.

Il paierait aussi pour le désir qu'il avait fait naître dans les corps de Ron et Neville lorsqu'ils étaient en sixième année et qu'ils l'avaient surpris, allongé torse nu dans l'herbe. Ils avaient été saisis par sa beauté, le dessin parfait de chaque muscle de son corps et le satin de sa peau. Malfoy l'avait remarqué et, à partir de ce moment, il n'avait cessé de les rendre fous, les allumant de loin pour mieux les humilier et les éteindre de près. Si Harry ne l'avait jamais avoué, Ron était persuadé que son meilleur ami aussi avait ressenti du désir pour le blond, pas que Draco Malfoy ait été irrésistible, mais il représentait l'interdit et les deux adolescents avaient un goût prononcé pour les interdits à cette époque. Quant à Neville, s'il appréciait la plastique d'une personne, il avait surtout tendance à s'emballer dès qu'on lui témoignait un peu d'attention, qu'il s'agisse d'un garçon ou d'une fille.

« C'est Harry qui va être content, constata Neville en allumant une cigarette.

- Nous le tenons, Neville. Harry, toi et moi, nous touchons enfin au but. Ce minable va en prendre plein les dents. Mon père a toute confiance en moi, si je lui dis qu'on ne l'a pas touché, il me croira. »

Ron avait raison, Arthur Weasley nommé ministre de la Magie depuis 4 ans était juste, mais sa confiance en son fils était aveugle. Si bien que, lorsque Ron lui suggéra de créer un groupe d'entente et de travail avec une élite de la police Moldue, huit mois auparavant, afin de « préserver la paix entre les deux mondes », Arthur avait donné son feu vert, sans penser une seconde que Ron voulait cette collaboration afin que la police Moldue recherche également l'héritier des Malfoy. Et cette entente avait fonctionné à merveille puisqu'il était aujourd'hui prêt à interpeller son pire ennemi. Il est vrai que l'idée lui venait du professeur Rogue qui, inquiet pour Malfoy, avait demandé à ce que les recherches soient étendues dans le monde Moldu. S'il avait su à ce moment que les Aurors s'en serviraient contre son protégé, Rogue aurait certainement fait appel à un détective privé.

Deux voitures s'arrêtèrent et six hommes en sortirent. C'étaient six policiers, les seuls à travailler avec le monde Sorcier.

« Mon informateur m'a confirmé que votre homme se trouvait à l'intérieur, déclara le premier. Vous êtes seulement deux ?

- Oui, répondit Neville en serrant la main au dernier policier. Vous devrez déposer notre cadeau dans le terrain vague où nous nous donnons habituellement rendez vous.

- Nous allons entrer avec vous, intervint Ron avec un regard proche de celui d'un enfant la veille de Noël. Nous ne prendrons pas part à l'arrestation mais nous voulons être sûr qu'il s'agit bien de Draco Malfoy et que tout se passe bien. N'oubliez pas de neutraliser ses mains, c'est un sorcier puissant qui maîtrise totalement l'art de la magie sans baguette. »

Un des Moldus hocha la tête et ils entrèrent discrètement dans la boite de nuit. Dès qu'ils virent le barman à la blondeur incomparable, Ron et Neville se figèrent, tels des prédateurs face à une proie. Il servait tout en parlant à une femme assez jolie, qui n'avait visiblement d'yeux que pour lui. Il était clair qu'il voulait la séduire. Plus loin, un homme d'un certain âge regardait la scène avec dégoût.

Malfoy prit un plateau sur lequel il disposa les bouteilles et il se dirigea vers une table, d'un pas toujours aussi décidé qu'avant, le port toujours aussi altier, et sa grâce semblait irradier l'obscurité. Il était très élégant, simplement vêtu d'un pull noir à col roulé, très près du corps, et d'un jean de la même couleur, qui moulait avantageusement le galbe de ses fesses. Ron ne pu s'empêcher de remarquer qu'il semblait moins grand qu'à l'école ; cela était peut être dû à sa minceur très prononcée. Il semblait presque trop mince malgré la rondeur du bas de son dos.

« Je bande, remarqua Neville dans l'oreille de Ron alors qu'il ne quittait pas le blond des yeux.

- Je crois aussi que je vais avoir le plus bel orgasme de toute ma vie quand ils vont lui passer les menottes, répondit Ron avant de s'adresser aux policiers. C'est bien lui. Faites moi votre rapport.

- Pour tout le monde, il s'appelle Mark Matthews, récita un des Moldus. Il n'existait pas jusqu'à quatre ans en arrière. Il vit alors à Manchester où il travaille comme serveur dans un bar miteux pendant 1 mois. Il s'appelle alors Dewayne Lockwood. Très vite repéré par un proxénète, il refuse de se vendre jusqu'au moment où il est employé dans un salon de thé de luxe. Là, il se prostitue pour de riches clients qui le payent très chèrement pour ses services. Cela lui permet de limiter le nombre de passes. Un an plus tard, il disparaît sans laisser de traces et on le retrouve dans le Sud de la France, vivant avec un millionnaire. Il dit alors s'appeler Sébastien Rimbaud. L'idylle dure 6 mois et, une fois encore, il disparaît. Son amant se fera assassiner deux jours après avoir signalé son « enlèvement » à la police. Nous perdons sa trace pour les six mois suivants et on le retrouve ici, à Londres, exerçant depuis deux ans la profession de barman. Il a continué à faire des passes pour des clients fortunés, pour arrondir ses fins de mois, mais cette boite paie assez bien. Il vit depuis trois mois avec le patron, Sean 0'Maley, 54 ans, riche et puissant homme d'affaires. Mark Matthews ne fume pas, boit très peu et étudie l'architecture. Il est réputé parmi ses clients pour ses prouesses sexuelles autant que pour sa culture et son intelligence hors normes. En gros, c'est le genre de type qu'il faut avoir à son bras dans les soirées mondaines londoniennes, mais surtout pas épouser vu son « métier ».

- Il n'a pas l'air d'un monstre assoiffé de sang, remarqua un autre policier.

- Détrompez vous, déclara Neville. Cet homme est une des pires ordures que le monde sorcier ait connues.

- Tu exagères, corrigea Ron. C'est une ordure mais il n'est rien comparé à sa tante, à ses parents ou à Celui dont on ne doit pas Prononcer le Nom Même Depuis que Harry Potter l'a Vaincu. J'ai du mal à réaliser. Draco Malfoy, pute de luxe et gigolo, c'est le plus beau jour de ma vie.»

Neville éclata de rire et il fit signe aux policiers d'aller interpeller Malfoy. Il eut la désagréable impression que deux d'entre eux n'avaient aucune envie de le faire. Une main se posa sur son épaule et il se retourna vivement, imité par Ron.

Ils tombèrent nez à nez avec Harry Potter qui ne quittait pas le bar des yeux, à l'endroit où il voyait Draco Malfoy parlementer, l'air plus étonné qu'effrayé, avec les policiers qui lui avaient passé les menottes aux poignets. Un sourire satisfait se dessina sur son visage séduisant, car Harry Potter était devenu un homme de toute beauté, et il en avait de plus en plus conscience.

« Alors c'est bien lui l'enfoiré. Vous avez enfin mis la main dessus, remarqua-t-il. Je vais pouvoir le mettre en accusation. Le pied total et intégral.

- Bien sûr qu'on l'a retrouvé Procureur de mes deux. Et devine quoi ? C'est une pute doublée d'un gigolo ! S'exclama Ron en racontant brièvement l'histoire. C'est mal si je jouis tout de suite ?

- Attendez qu'il soit enfermé au Ministère avant de crier victoire. C'est un as dans l'art de se défiler. Je voulais m'assurer que c'était lui afin d'obtenir le Portoloin. Je retourne au Ministère. A tout de suite dans le terrain vague. »

Il jeta un dernier coup d'œil en direction du blond, que ses amis tentaient de libérer en le tirant vers eux.

Toujours aussi beau gosse, Malfoy, pensa-t-il avec hargne. Tu vas finir ta vie enfermé…à moins que je ne demande ton exécution.

Il transplana presque à contrecoeur. Voir Draco Malfoy se faire arrêter était la plus belle chose au monde pour lui. Enfin il tenait celui qui avait fait de sa vie un enfer, même à travers son absence.

Ron et Neville transplanèrent juste après lui et ils attendirent en silence que la voiture de police les rejoigne, ce qui arriva au bout d'un bon quart d'heure. Le plus grand agent sortit Draco de la voiture sans ménagement. Il était uniquement vêtu de son pull et il grelottait.

« Qu'est ce que ça signifie ? Demanda-t-il, hors de lui. Pourquoi me conduisez vous dans un terrain vague ? Oh Seigneur, vous allez m'exécuter.

- Mark Matthews, ironisa un des policiers en le regardant bien droit dans les yeux. Tu vas retourner d'où tu viens et rendre des comptes à ton Ministère, Malfoy ! »

A l'évocation de son nom réel, Draco sursauta et il tenta de s'enfuir. Ron le rattrapa et il lui serra le bras, jusqu'au moment où il entendit le juron étouffé du blond.

« Tu vas venir avec Neville et moi sans faire d'histoires espèce de petit con.

- Weaslaid et Londubat, les idiots du village devenus Aurors, siffla Draco avec mépris. Le monde magique est tombé bien bas. »

Le dos de la main de Ron s'abattit violemment sur Draco et il tomba sur le coté droit, son épaule craquant atrocement. Neville l'aida à se relever, plaquant son corps contre celui du blond avant de serrer son cou. Une lueur malsaine dansait dans ses prunelles marron et ses doigts se refermèrent un peu plus sur la peau du blond. Ses lèvres effleurèrent sa joue puis il renifla avec mépris.

« Tu vas fermer ta gueule Malfoy, sinon je t'étrangle.

- Fais le, nargua Draco. C'est la seule manière pour que tu puisses me battre, quand j'ai les mains attachées dans le dos et l'épaule démise.

- Messieurs, je vous remercie pour votre coopération, lança Ron à l'adresse des policiers qui regardaient la scène avec stupeur. Nous prenons en charge le prisonnier, vous pouvez disposer.

- Je ne pense pas, déclara celui qui semblait être leur chef. Nous allons attendre jusqu'à l'arrivée du Procureur, pour la sécurité du prisonnier. Londubat lâchez le immédiatement.

- Le procureur ? Demanda Draco d'une voix forte, en fixant Ron.

- Et oui, le Procureur. Ta fuite t'as fait perdre des infos essentielles Malfoy, constata Ron. Vois tu, mon père est Ministre de la Magie, et il a instauré de nouvelles lois et de nouveaux fonctionnements de la justice sorcière. Alors maintenant, nous avons un Procureur et il aura ta tête de Mangemort.

- Arthur Weaslaid Ministre de la Magie, répéta Draco d'un air catastrophé, nullement impressionné par la menace de mort. Le monde sorcier est tombé encore plus bas que je l'imaginais. Et il y a des Procureurs maintenant, comme dans les séries américaines ! Remarquez, ceci explique pourquoi vous deux, vous vous retrouvez Aurors. Je savais bien que ça n'avait rien à voir avec votre intelligence douteuse. Parce que franchement, j'étais à dix mètres de vous pendant deux ans et vous n'avez pas été foutus de me trouver. Pitoyable. »

Le poing de Neville lui fendit la lèvre et Draco cracha du sang. Il se tourna alors vers les policiers et il les transperça de son regard bleu argenté.

« Je vous demande de bien me regarder, dit il en sentant sa lèvre chauffer, parce que c'est un innocent que vous venez de livrer à ces deux imbéciles décérébrés. Je sais que vous n'êtes que des Moldus et que vous ne pouvez rien faire à présent mais je voulais que vous le sachiez. Je voulais que vous vous endormiez cette nuit en m'entendant répéter que je ne suis coupable de rien. »

Un « pop » se fit entendre alors qu'il parlait mais il ne se retourna pas. Il continua de fixer intensément les Moldus qui n'avaient pas envie d'être là. Il sembla attendre un moment avant de suivre leurs regards et de se retrouver face à Harry Potter, grandiose dans son costume de grand couturier italien. Dans les souvenirs de Draco, il n'était pas aussi séduisant. Il avait grandi, il s'était étoffé et son regard, sans ses lunettes, était une forêt intense dans laquelle miroitaient des émotions indéfinissables. Il pouvait sentir son eau de toilette agréable et musquée alors que lui devait transporter avec lui les odeurs de cigarettes froides de la discothèque. Harry Potter était devenu un homme à l'apparence avantageuse, au visage volontaire et doux. Cela ne gommait pas la haine que Draco pouvait ressentir à son égard, mais le blond savait reconnaître un beau gosse quand il en voyait un, en particulier quand ce beau gosse avait été un adolescent trop maigre, banal et sans aucune classe. Le sourire satisfait de Potter s'altéra quand il observa le visage de son prisonnier.

Il prit son menton entre ses doigts et il se pencha, presque jusqu'à frôler ses lèvres. Pendant un instant, Draco cru qu'il allait l'embrasser, comme lui-même l'avait fait en septième année à Poudlard, pour l'humilier. Ils étaient alors dans les couloirs, s'insultant copieusement lorsque Draco s'était approché pour dominer Harry par sa haute taille. Il avait alors perçu le trouble du jeune brun, son regard vert assombri par le désir, et il s'était penché pour prendre ses lèvres dans un baiser d'une saveur inoubliable. Harry n'avait pas pu retenir un gémissement lorsque Draco avait lentement glissé sa langue entre ses lèvres pour l'embrasser avec fougue. Harry l'avait alors enlacé et Draco s'était reculé d'un coup en sentant l'érection du brun contre lui, éclatant de rire, lui rappelant qu'il était un sang pur et qu'en tant que tel, il ne se mélangerait jamais avec un bâtard comme Harry. Le Procureur frissonna et il retint ses remarques acerbes. Sans aucune douceur Harry tourna le visage de Draco pour le montrer à Ron et Neville avant de le lâcher.

« C'est quoi, ça ? Et pourquoi tremble-t-il ? Vous deviez faire attention à lui ! Nous ne voulons pas qu'il soit remis en liberté parce que vous avez bafoué ses droits !

- Ta sollicitude me touche, Potter.

- Tu la fermes, ordonna Harry. Quand j'aurai besoin de l'avis d'une vulgaire prostituée, je t'appellerai. »

Les joues de Draco, rosies par l'hiver, perdirent toute couleur. Il détourna la tête et attendit le moment du départ, transi de froid, complètement détaché de ce qui pourrait arriver à présent. Il ferma les yeux et il partit dans son monde à lui, où il faisait chaud et où personne ne lui voulait de mal. Les mains parfaitement manucurées de sa mère caressaient sa nuque alors qu'il avait attrapé une grippe en plein été, la voix de son père, profonde et rassurante, lui promettait un nouveau balai dès qu'il serait rétabli.

Il sentit les doigts du Procureur sur son épaule alors qu'il saisissait le Portoloin.

Il ouvrit les yeux sur la salle d'interrogation du Ministère de la Magie, dans le département de la Justice. Harry se tourna vers Ron et il hocha lentement la tête.

Aussitôt, l'Auror prit une petite sphère transparente et il clama une incantation. Draco ne comprit que trop bien et il dû rassembler tous ses talents d'acteur pour cacher son désarroi. Il sentit sa magie quitter son corps et il la vit, lumineuse, entrer dans la sphère et scintiller à l'intérieur. Le nom « Draco Malfoy » s'inscrivit sur la sphère et Ron l'emmena dans un endroit plus sûr.

« Draco Malfoy, déclara Harry avec un regard revanchard, vous êtes accusé de haute trahison, d'espionnage et de meurtre. Vos pouvoirs magiques vous sont donc retirés jusqu'au jour de votre jugement, fixé à une date ultérieure. Auror Londubat, vous pouvez lui retirer les menottes.

- Tant qu'on y est, lança Draco d'une voix étrangement douce, comme s'il ne voulait pas crier, je devrais aussi être accusé d'avoir oublié de remettre du papier dans les toilettes. Non mais qu'est ce que c'est que cette farce ?»

Neville ôta les liens d'acier qui encerclaient étroitement ses poignets et il poussa un cri de douleur lorsque l'Auror malmena son épaule douloureuse.

Le Procureur s'approcha et il tendit sa baguette afin de prononcer le sortilège de guérison. Aussitôt, Draco se sentit beaucoup mieux, enfin capable de bouger normalement.

« Je suppose qu'il a trébuché et qu'il est tombé, constata Harry sans quitter Draco des yeux.

- C'est exactement ça, répondit Neville en souriant. Ce petit fils de pute n'a pas un bon équilibre. »

Harry resta un instant stupéfait alors que Draco soutenait son regard d'un air hautain. Il ne pouvait croire que l'ancien Serpentard avait laissé Neville insulter sa mère sans broncher, lui qui avait toujours eu un sens de la famille ultra développé.

Il était clair qu'il détestait le blond mais, contre toute attente, il ne prenait aucun plaisir à le voir malmené. Au contraire, il en était plutôt gêné, sa conscience professionnelle le titillant dangereusement. Il avait pourtant attendu ce jour avec autant d'impatience que Ron et Neville mais, il fut atterré de constater qu'il ne voulait aucun mal à Draco Malfoy, il ne voulait que la justice.

Il se surprit à détailler le visage et le corps du prisonnier et il reconnut qu'il était attirant bien qu'inquiétant. Il était trop maigre selon Harry et il se demanda s'il mangeait assez, même s'il préférait se laver les mains du bien être de Draco Malfoy.

« Alors Malfoy, dit il en scrutant la moindre de ses réaction et en retenant une expression de stupeur en remarquant que le blond regardait intensément ses lèvres, dis moi, si tu es vraiment innocent, comme tu l'as si bien clamé aux policiers, pourquoi t'es tu enfui après la dernière bataille ? »

Draco soupira et il se cala plus confortablement sur sa chaise, écartant ses jambes fines, bougeant nerveusement une jambe, une main sous son pull pour caresser son ventre plat et son torse, le dos toujours droit. Harry avait déjà vu faire cela auparavant dans cette même salle d'interrogation. C'était une attitude typique des gens qui cherchaient du réconfort. La caresse que Malfoy exerçait sur son ventre n'avait rien d'autoérotique, elle lui servait juste à se sentir plus en sécurité, moins stressé. Toujours est il que Harry se sentait pour la première fois gêné d'assister à cela. Il pouvait entrevoir la peau laiteuse et soyeuse du jeune homme et cela le dérangeait. Ron entra dans la pièce et Draco ne daigna pas se retourner. Harry admira son aplomb, sa faculté à rester de marbre alors qu'il était nerveux.

« Qui suis-je censé avoir tué ? Demanda-t-il d'une voix trop basse.

- Le professeur Dumbledore, voilà qui ! » S'exclama Neville en lui saisissant le cou pour serrer.

Draco se leva d'un bond et, sans que Neville puisse bouger, il le plaqua contre le mur en lui tordant le bras derrière le dos.

« Je t'avais prévenu mon gros, siffla-t-il avec haine. Tu ne peux me dominer que si j'ai les mains attachées dans le dos. C'est la deuxième fois que tu joues à m'étrangler, une fois de plus et je commettrai vraiment un meurtre : le tien. »

Cette phrase provoqua un écho douloureux dans l'esprit de Harry. Il se souvint avoir un jour entendu Sirius prononcer le même genre de discours alors que tout le monde le croyait coupable de meurtre. Ron tira Draco en arrière et il pointa sa baguette sur son cou.

« S'il te plait Malfoy, donnes moi une bonne raison de te tuer, susurra-t-il.

- Ron, intervint Harry en se levant à son tour. Ne me donne pas de raisons de demander ton renvoi, ni celui de Neville. Malfoy, retourne t'asseoir. Et arrête de te toucher, ça m'énerve. »

Draco ne bougea pas d'un centimètre, les yeux toujours rivés sur Ron. Harry lui prit le bras et il lui montra la chaise.

« Assis maintenant avant que je te dévisse la tête !

- Avant d'être interrompu par tes deux elfes de maison, Potter, j'allais exprimer ma surprise. Je ne peux pas croire qu'on me colle sur le dos le meurtre de Dumbledore. Alors lis sur mes lèvres et retiens bien car c'est la dernière fois que je le dis : je n'ai tué personne, du moins pas encore, précisa Draco en toisant Ron et Neville. Les seules informations que j'ai données concernaient les plans de Voldemort. Le problème c'est que personne ne me croira dans la mesure où les seules personnes qui connaissaient mon travail pour l'Ordre du Phénix sont Dumbledore et Rogue…je suppose que son témoignage n'aura aucune valeur à tes yeux Potter, puisque tu le hais…

- Tu as raison Malfoy, coupa Harry, personne ne te croit. Tu peux faire appel à un avocat, tu en auras besoin. Je vais l'attendre pour discuter plus avant de cette affaire. Sache que ta vie n'a aucune valeur pour moi et que je n'hésiterai pas à t'envoyer croupir en cage jusqu'à la fin de tes jours.

- Je n'en attendais pas moins de toi, Potter. Tout ce pouvoir te monte à la tête, comme la notoriété t'excitait dans le passé. Remarque, il n'y avait pas que la notoriété qui t'excitait, si mes souvenirs sont exacts. »

Harry fut près de Draco en quelques enjambées puissantes et il le prit par le pull pour le coller, dos au mur.

« Ecoute moi bien attentivement Malfoy. Je travaille pour la justice et, si cela me donne du pouvoir, c'est bien. Mais moi, je ne pars pas à la recherche de vieux riches pour vivre à leurs crochets, minable petit gigolo. Si tu n'avais pas ton cul et ton physique parfaits, tu n'aurais rien. Alors ne perds pas la main surtout, parce que ça te servira à Azkaban.

- Je suis flatté de tes compliments et je suivrai tes conseils à la lettre, Potter, rétorqua Draco en le fusillant du regard.

- Tu te crois malin, mais regarde toi. Ta misérable vie ne vaut rien et tu n'as aucun mérite. Tu as toujours été un assisté. A ta place, j'aurais honte de m'en tirer sans la moindre cicatrice. Ça en dit long sur ton courage.

- Si j'avais su, je me serais coupé la joue, comme ton pote Weaslaid et je serais passé pour le héro du jour, répliqua Draco avec une haine féroce au fond des yeux. Me voilà pris pour un Mangemort parce que je n'ai pas de jambe de bois ! C'est une blague ? Quant à toi, Potter, je te signale que tu n'as qu'une cicatrice, et c'est celle que tu as depuis que tu es bébé. Cet éclair ridicule. Dois je conclure que tu ne t'es pas battu ?

- Fils de…

- Ne pense même pas à insulter ma mère ! »

Harry lui cogna la tête contre le mur et Draco répondit par un magistral coup de poing qui fit reculer Harry. Il avait beau être maigre, il n'en était pas moins très fort. Neville lui lança le sortilège du Doloris et Draco se tordit de douleur sur le sol, tout son corps en proie à de violents spasmes musculaires.

« Annule immédiatement le sortilège ! » Hurla Harry.

Neville contempla le corps de Draco avec avidité.

« Il faut qu'il paye.

- Neville laisse le ! Ordonna Ron.

- Il doit payer pour sa famille !

- Neville, tu annules immédiatement le sortilège ou je te fais exclure de l'ordre des Aurors, » menaça Harry.

Neville prononça le contre sort et Draco resta un instant allongé par terre, roulé en boule, la respiration haletante. Ses mains tremblaient alors qu'il prenait appuis sur ses coudes pour essayer de se relever.

« Sors d'ici tout de suite ! » Cria Harry avec rage alors qu'il se penchait pour prendre le pouls du blond.

Ron s'agenouilla à coté de Draco et il l'aida à se mettre debout. Il chancela jusqu'à la chaise et il s'affala, sa main glissant sous son pull pour se sécuriser.

« Je suis désolé, murmura Ron d'une voix à peine audible. Je ne pensais pas que les choses iraient aussi loin. »

Draco ferma les yeux, se retranchant dans son monde, comme à chaque fois qu'il était angoissé ou nerveux.

« Malfoy, tout va bien ? Demanda Ron.

- Malfoy ? » Questionna à son tour Harry en approchant une main tremblante de rage contenue vers le visage du blond. Dès qu'il eut posé la main sur la joue de Draco, deux pupilles d'un gris profond le fixèrent. « Les choses ne devaient pas se passer comme ça, Malfoy. Je te dois des excuses.

- On ne va pas épiloguer sur le sujet, lança Draco. Je suis, moi aussi, allé trop loin. Je sais à quel prix a eu lieu la victoire sur Voldemort et je sais que le monde sorcier te doit sa liberté.

- Ecoute, nous allons essayer de boucler cette affaire sans plus de dégâts, déclara Harry d'une voix incertaine. Nous serons vite fixés si tu acceptes de nous montrer tes avant bras afin que nous puissions voir si tu portes la Marque des Ténèbres ou non.

- Je refuse, répondit Draco en fermant à nouveau les yeux. Et je veux un avocat.

- Très bien, capitula Harry. Ron, tu lui donneras de quoi écrire, un hibou et une liste d'avocats. En attendant, conduis le dans une des cellules du Ministère. On se rejoint dans mon bureau pour le café. »

Il tourna le dos et il sortit en claquant la porte. Le cas Malfoy risquait d'être bien plus compliqué que prévu.

A suivre…

J'espère que ce premier chapitre aura su vous intéresser. N'hésitez pas à me donner votre avis si vous le souhaitez. Merci de l'avoir lu et à bientôt.