Ho ! Ho ! Ho !
Joyeux noël populasse hasardeuse et éthéroclite de feufeunet ! L'auteuze hasardeuse et sans doute toute aussi éthéroclite vous salue bien bas... Pour vous prouvez à quel point votre bonheur me tient à coeur, je vous poste un des derniers chapitres d'avance que j'ai de Vae Victis. Je tiens également à préciser que, ce faisant, je réponds à la pression constante et impitoyable de PouPoux...Et oui, ma chère, vous m'avez eu à l'usure. Cependant, je préfère ne pas vous cacher que je n'écris plus cette fic depuis un bon moment et que j'ai du mal à envisager sa poursuite sous de bons auspices. Vous m'en voyez contrite.
Mais comme je doute que la majorité des lecteurs lise les petites lignes de cet entête...je suppose que je ne devrais pas me faire trop assassiner.

Dédicace : Pour toi, PouPoux...parce que tu es ma caille impitoyable. "The Great Amazer of "SithGirl !
Rating : T

Sur ce, bonne lecture...savourez bien !


oOo Chapitre 16 : "I" comme Icare oOo

- Merlin, Harry…C'est pas une bonne raison, ça ! se lamenta le rouquin en pliant maladroitement une chemise qu'il déposa dans sa valise.

Le brun esquissa un rictus de dépit dans son dos. Kalia commençait à lui taper sur les nerfs et il imaginait mal comment il allait pouvoir faire croire à Ron un truc aussi stupidement bancal.

- Vraiment, Ron…Crois bien que ça ne me met pas particulièrement en joie. Mais tu aurais vu la tête de Kalia quand elle m'a dit qu'Hermione ne rentrait pas chez elle pour Noël…C'est pas la grande forme en ce moment et honnêtement, je n'ai pas le cœur de la laisser toute seule ici…marmonna-t-il en se passant une main dans la nuque.

- Explique moi juste pourquoi elle ne viendrait pas au Terrier ? En plus, ça ferait plaisir à Ginny…C'est pas la place qui manque…Kalia aussi d'ailleurs…Oh, Harry ! Qu'est ce que vous me faites, là !

Le roux s'affala sur le lit, l'air franchement dépité.

- Ecoute, tu connais Mione…Avec les Aspics et tout le reste, tu n'arriveras pas à lui faire entendre raison. Elle est aussi butée et aussi peste qu'un Serpentard dans ces cas là. Et puis, tu peux parier qu'elle a déjà dû se faire un programme de révision drastique…Toi, restes ! On se fera une virée à Pré-au-lard avec ma cape et on finira à l'Heptaméron…plaida le brun avec véhémence à grand renfort de regards désolés.

Ron se renversa contre le mur et enfouit sa tête dans son oreiller.
- …U…ai…ien…eu…a…è…é !

Ce fut à peu près tout ce qu'Harry put saisir d'intelligible dans la logorrhée étouffée du jeune sorcier.

- Heu…Plaît-il ?…risqua-t-il en se passant une main dans les cheveux d'un air dubitatif.

Le roux lui adressa un regard furieux et lui envoya l'oreiller au travers du visage.
- Tu sais très bien que je ne peux pas rester ! Cette année, la fête de famille, c'est passage obligatoire si tu ne veux pas finir changer en Têtaclaque sur le bord de la cheminée ! Maman est une vraie dragonne dans ces cas là. Surtout qu'avec la cérémonie, elle frise la crise de nerf depuis trois semaines.

- La cérémonie… ?

- Morgane ! Harry, je t'en ai parlé cinquante fois ! Pour un peu, on croirait que je ne te parle plus que de ça …Et toi, depuis Halloween, tu as l'air de planer à quinze mille pieds ! Charly annonce officiellement ses fiançailles à toute la famille !

- Ah oui ! C'est vrai, sa Roumaine…balbutia son ami en se souvenant de leurs conversations.

- Elle est Finlandaise…Et c'est Ingrid…marmonna Ron en le fusillant du regard.

Il acheva sa valise en silence, ruminant intérieurement le calvaire des deux semaines à venir loin de ses amis et de Luna. Il rageait plus de ne pas pouvoir rester au château que de les savoir seuls pour les fêtes. Après tout, Noël sans Harry, c'était comme une partie de Quidditch sans Cognard : ça manquait de saveur. Le brun s'en voulait terriblement de le tenir à l'écart de tout cela, mais en y réfléchissant, il se disait que ça n'était peut être pas plus mal. Ils avaient tous suffisamment à faire avec les indécisions de Drago et les caprices d'Hermione.

OOoOoOoOoOoOoOoOoOoOoOoOoOoOoOoOoOoOoOoOoOoOoOoOoOoOoOoOoOoOoOoOo

24 décembre, 13h08

Il avait recommencé à neiger. Le château était désormais vide. La plupart des élèves avait déserté leurs quartiers le matin même dans un joyeux bordel qui sentait bon les fêtes de Noël et le corps enseignant n'était pas peu soulagé de se savoir enfin libérés de la marmaille grouillante que leur imposait leurs responsabilités professorales. Il s'avéra néanmoins qu'une trentaine d'élèves passerait la quinzaine suivante à Poudlard. Les Serpentards étaient en minorité et seuls quatre septième-année s'apprêtaient à affronter bravement la cohabitation de proximité avec les maisons rivales : Drago Malefoy, préfet de son Etat, Billy Sheeves dont la situation familiale n'aurait pas survécu au débarquement intempestif de la jeune sorcière, ainsi que deux de ses amies, restées par solidarité Serpentesque. Ignorante de ce menu détail, la préfète goûtait avec insouciance sa liberté retrouvée tandis que les machinations de son amie commençaient à prendre forme.

Quelques heures après le départ de leurs collègues et néanmoins amis, Hermione avait candidement proposé d'initier aux joies de l'hiver britannique une Kalia plutôt réticente à l'idée de devoir passer des moufles et une écharpe. Profitant d'une éclaircie et à force d'arguments impitoyables, Harry était parvenu à traîner la déesse jusque sur le terrain de Quidditch non sans avoir été maudit jusqu'à la treizième génération par la jolie brune bien décidée à faire valoir son statu de déité frileuse et fière de l'être.

Depuis plusieurs minutes maintenant, la brune inspectait d'un air douteux la créature ubuesque qui lui faisait face. A ses côtés, les deux Gryffondors lui adressaient un sourire hilare, en tout point satisfait, qui la laissait parfaitement dubitative. Elle rajusta d'un air frigorifié son écharpe aux couleurs des rouges et or et réprima un grelottement tout en dardant sur les deux amis un regard polaire parfaitement de circonstance.

- Qu'est ce que c'est que ce « truc » et en quoi cette « chose » méritait-t-elle que j'abandonne ma lecture, ô combien - passionnante, pour venir me geler les cacahouètes dans ce que vous appelez de la neige par une broutille de moins douze mille degrés ? articula-t-elle entre ses dents serrées d'une voix d'outre tombe.

Hermione adopta une mine dépitée face à tant de mauvais volonté et s'employa à faire entendre raison à la fille de Janus quant à la virtuosité de l'art du bonhomme de neige – virtuosité à laquelle la déesse sembla rester fondamentalement « froide ». En désespoir de cause, la préfète se laissa tomber dans la neige au pied de l'amas informe affublé d'une betterave en guise de nez et d'un cadavre de chaudron éventré en lieu et place de chapeau. D'un geste féroce du poignet, Kalia fit exploser la malheureuse créature dans un éclaire vert qui se répandit en flocons fouettant autour des deux sorciers.

- Ah mais oui, tu as raison Mione…C'est très amusant ! s'extasia finalement la brune avec un sourire faussement émerveillé.

beaucoup moins douée qu'avec les chaudrons si je puis me permettre…

Ignorant l'œillade assassine, Hermione plongea son visage dans ses moufles. Ses boucles caramel s'échappèrent de son écharpe et se répandirent sur ses épaules alors qu'elle secouait la tête de lassitude.

- Kalia…Comment une déesse peut-elle rester insensible face aux splendeurs de la lande recouverte de neige ? s'indigna Harry, non sans une certaine pointe d'ironie.

La brune lui jeta un regard torve en enfonçant son bonnet plus bas sur ses oreilles rougies par le froid.

- Simple…A Aeden la tenue de circonstance s'apparenterait plus au bikini qu'aux moufles fourrées en poils de yack, mon cher. Et d'ordinaire mon souci principal est de savoir comment je vais préserver mon luxueux teint diaphane et non pas empêcher mes orteils de geler sur place…grinça-t-elle en resserrant ses bras autour d'elle.

La neige recommença a tomber et la déesse leva un regard meurtrier vers le ciel saturé de gros nuages d'un gris opaque. Au bout de quelques secondes leurs capes noires se retrouvèrent semées de flocons blancs. Hermione se leva, décidée à mettre fin au massacre de leur petite expérience avant que Kalia ne s'autorise un caprice quelques peu ingérable.

- Quoi que…Mione…Il reste au moins une subtilité que nous n'avons pas exposés à notre grande amie et qui, j'en suis sûr, pourrait trouver grâce à son regard désabusé.

La brune leva un sourcil perplexe tandis que la lionne dardait une œillade intriguée sur son ami. Tranquille, Harry ramassa une poignée de neige et la malaxa en adressant un sourire candide à la déesse. Hermione réprima un gloussement et s'éloigna de la brune avec dégagement. Sentant le coup fourré, la jeune femme se recula de quelques pas en sortant sa baguette.

La première boule de neige la prit par surprise en l'atteignant en plein visage. Elle fit un bruit mat qui fut absorbé par le tapis épais qui recouvrait le sol. La brune resta sonnée pendant quelques infimes secondes, puis poussa un feulement sauvage. Les flocons qui s'étaient accrochés aux tresses lui encadrant le visage tombèrent au moment où elle se précipita sur son assaillant, foutument fier de son coup. Les règles furent instantanément assimilée par la jeune femme : pas de quartier ; pas de pitié pour l'adversaire qui se trouve au sol ; en somme aucune règle véritablement digne d'être mentionnée.

Un enchevêtrement aux couleurs des rouges et or se constitua sur le terrain de Quidditch, entrecoupé de halètements hilares et de cris étouffés par les poignées de neige. Les mains gantés agrippaient les écharpes, les bonnets, les cols…La neige se glissait sous les capes, dans les manches et les chaussettes.

L'espace d'un instant, la brune parvint à s'extirper de la mêlé. Ses joues rougies par le froid ruisselaient de neige fondues et elle recracha une poignée de neige en titubant. Mais Harry, retournant la préfète la tête la première dans la poudreuse, se redressa avec agilité et faucha la déesse en plein dos. Il lui enfonça son bonnet sur les yeux et lui introduisit une poignée de neige dans le cou avec un gloussement sadique. Un cri de rage pure lui échappa alors qu'elle rampait à l'aveugle sur quelques mètres en tentant d'attraper son assaillant qui s'enfuyait en s'esclaffant. De son côté, Hermione se releva en hoquetant de rire et en rajustant son écharpe. Elle regarda son amie se débattre pour se débarrasser de la neige, glissée contre sa peau nue. Puis…

- Kalia…non…

La déesse empoigna la botte qui passa sous sa moufle et, sûre de son coup, elle faucha son assaillant d'un coup bien placé. Hermione regarda avec horreur son amie plaquer sa proie au sol avec assurance, avant de venir se jucher à cheval sur lui avec un sourire de victoire.

- Oh Merlin…acheva la préfète d'une voix blanche en se cachant dans son écharpe.

La brune, essoufflée par son exploit, arracha son bonnet pour jouir du visage déconfit du vaincu.
- Je ne suis pas sûre de vouloir être clémente aujourd…

Severus Rogue.

Les mots restèrent bloqués dans sa gorge et ses yeux s'agrandirent du stupeur. Derrière elle, le fou-rire étouffé de ses amis lui indiqua que la partie de boule de neige venait de finir.

- Heureux de vous l'entendre dire, Miss Orphan, je ne suis pas non plus d'humeur excessivement clémente pour tout vous avouer…siffla le maître des Potions d'une voix polaire en se redressant à demi et en se frottant la nuque.

La brune s'empourpra violemment en voyant à quel point elle avait plaqué son professeur dans la poudreuse. Prenant un ton doucereux que démentait absolument son regard noir, il demanda courtoisement si la jeune femme avait encore besoin de ses services où s'il était en mesure de retrouver la pleine possession de ses moyens.
- Pa…pardon ?

- Orphan, comptez-vous passer le reste de vos jours à moitié vautrée sur moi ou allez vous vous décider à vous remettre sur vos pieds ? cingla-t-il.

Kalia comprit subitement et se releva en se prenant les pieds dans sa cape et dans son écharpe. Severus lui tendit froidement son bonnet quelle saisit en rougissant. Il fit disparaître la neige qui maculait ses vêtements d'un rapide coup de baguette et se redonna une contenance imperturbable.

- Granger, je ne doute pas que vos fonctions de préfète associées à la cohabitation avec Mr Malefoy soient des plus éprouvantes, mais on me charge de vous rappeler que c'est à vous qu'il revient d'organiser la « délicieuse petite sauterie » de ce soir. Vous trouverez toutes vos directives dans la salle de musique de la Tour Est que le professeur Dumbledore met à votre disposition.

Il essuya ses joues maculées de neige fondue et se retourna vers la déesse qui n'en menait pas large et qui fusillait du regard son héritier indéniablement mort de rire.

- Vous. Dans mon bureau…cingla-t-il d'une voix polaire.

oOoOoOoOoOoOoOoOoOoOoOoOoOoOoOoOoOoOoOoOoOoOoOoOoOoOo

Icare : « La fuite peut être entravée par la terre et par l'eau

Mais l'air et le ciel sont libres. »

« La jeunesse ne tient guère compte des recommandations des aînés. Porté par ses ailes, fixées à la cire par les bons soins de son père Dédale, Icare s'élève sans effort au dessus des sillons du labyrinthe de Minos. Les embruns tièdes soufflent doucement dans ses plumes et le paysage de la Crète se dessine à l'horizon, tout paré du blanc des maisons, du bleu de la mer, de l'ocre des pierres et du noir si profond de la terre. Pour la première depuis plusieurs jours, Icare est libre. Plus libre qu'il ne l'a jamais été. L'adolescent, fort de son nouveau pouvoir, se laisse griser par son ravissement et par l'air salé qui lui fouette le visage. Il monte de plus en plus haut. La lumière cru du soleil au zénith chauffe doucement sa peau. Icare ferme les yeux de délice. Il monte toujours plus haut et refuse d'entendre les appels angoissés de son père. L'hélios virulent alourdi progressivement ses mouvements et entravent ses ailes. Les plumes collent. La cire fond. Icare ne voit rien. Il sent juste qu'il vole, que ses pieds ne touchent plus terre, qu'il n'a jamais été si proche des dieux qu'il vénère. Il tend les doigts vers l'astre blanc. Ses ailes se détachent. Son corps est à nouveau soumis aux lois de la gravité. L'adolescent tombe dans la mer. Il se fracasse sur les écueils et les eaux se referment sur lui. »

Figure de l'homme brisé par son orgueil, on trouve des traces du mythe d'Icare dans les îles de l'Ambre et sur les portes du temple de Cumes, dédié à Apollon. Dédale y aurait fait élevé deux colonnes, dont l'une au nom de son fils et racontant sa fin tragique. Peu présent dans les applications modernes et contemporaines de la magie, Icare reste néanmoins un avatar de la Chute du genre humain. Porté par son orgueil à vouloir défier la volonté des dieux et à vouloir se hisser à leur rang, l'homme se voue à l'échec et à la déchéance. Toute tentative pour lutter n'est qu'un ajournement de la Chute finale et implacable induite par la seule naissance de l'être humain.

Il est à noter que l'Orgueil reste un catalyseur essentiel dans la pratique de la magie noire. Il faut cependant en user avec justesse et prudence.

oOoOoOoOoOoOoOoOoOoOoOoOoOoOoOoOoOoOoOoOoOoOoOoOoOoOo

24 décembre, 16h53

Le jeune Serpentard chiffonna la missive après y avoir jeté un dernier coup d'œil et il la fourra dans sa poche tout en prenant l'escalier qui le menait à la salle de musique. Il avait trouvé le plis quelques minutes auparavant en revenant de Pré-au-lard - cadeaux de Noël obligent, et s'empressait d'aller accomplir avec la meilleur volonté du monde son office de préfet.

¤ Sang pur…Et ils appellent ça des vacances ? Dire que je pourrai être au manoir en train de ma la couler douce…Toutes les prophéties du monde ne méritent pas ça…¤

Il grogna en atteignant le premier pallier et en constatant qu'il lui restait trois étages à gravir. Drago avait mis de côté son uniforme et appréciait de pouvoir marcher sans la robe de trois kilos qui entravait d'ordinaire la moitié de ses mouvements, surtout maintenant qu'il remontait la tour Est. Finis la cravate, la chemise blanche et le pantalon à pince. Les vacances leur offraient au moins cet avantage de leur permettre de s'habiller à leur guise pendant quinze jours.

Le préfet atteignit enfin le dernier étage, non sans un certain soulagement. En se glissant derrière le lourd rideau de brocard bleu qui masquait l'entrée de la salle de Musique, il fut surpris d'y trouver un joyeux bordel d'Elfes de maison chargés de décorations et de chaises, qui s'activaient en tous sens pour redonner un aspect présentable à la pièce. Le jeune homme leva un sourcil amusé en découvrant sa collègue juchée sur un escabeau en plein exercice périlleux pour fixer une guirlande au centre de la voûte. Du moment qu'elle ne le voyait pas, il pouvait toujours se permettre de la regarder et de la trouver franchement jolie, cela ne lui couperait pas les ailes. Elle aussi avait renoncé aux uniformes informes des semaines de cours. Il lui en fut reconnaissant tandis qu'il la déshabillait du regard, appuyé contre la niche de la fenêtre.

- Je me suis toujours demandé pourquoi on appelait cette tour, la salle de Musique…lâcha-t-il finalement au bout de quelques secondes, lassé par son petit jeu.

Prise par surprise, la préfète sursauta et lâcha sa paire de ciseau qui tomba au sol avec un bruit métallique. L'escabeau tangua lâchement et elle descendit d'une marche pour venir faire face à son interlocuteur.

- Sans doute à cause du cadavre de piano qui se trouvait là et que j'ai fait déplacé dans la Salle de Piano du troisième étage, qui soit dit en passant a désormais une raison de s'appeler salle de Piano.

Le blond ramassa la paire de ciseau et la lui tendit. Elle récupéra l'instrument sans dire un mot.

- Une fois de plus, Poudlard te doit un fière chandelle, Hermione. Tu donnes une raison d'être au chose qui n'en ont pas…susurra-t-il avec un sourire énigmatique.

Un rictus plein d'ironie élargit la bouche de la jeune femme et elle tourna le dos à son interlocuteur en se remettant au travail.

- Je croyais que tu devais passer tes vacances au manoir, Malefoy ? Encore une fausse joie, c'est cruel en cette veille de Noël, tu sais…
Tiens moi ce foutu escabeau, s'il te plait…acheva-t-elle comme au regret de lui demander son aide.

Le blond se posta au pied du dit escabeau et contempla à loisir le postérieur de sa collègue qui se démenait avec ses décorations. Il en profita pour jeter un coup d'œil à la salle. En dehors des tables et des chaises pour le repas du soir, peu de choses étaient véritablement en place. Un sapin d'une taille plus qu'honorable trônait dans un coin, nu comme un vers et on aurait eu du mal à se sentir un 24 décembre tant l'ambiance était maussade.

- Excusez moi du peu, chère collègue, vous comptez vraiment décorer toute la pièce à la main ? demanda-t-il avec perplexité.

La lionne laissa échapper un sifflement excédé.

- Tu comptes vraiment me poser la question toutes les cinq minutes ou je peux continuer ?

- Hé ! Je n'ai encore rien dit je te signale !

- Tu le penses depuis tout à l'heure, Malefoy, c'est foutument suffisant…acheva-t-elle entre ses dents serrées.

Le jeune homme se figea, interpellé, tandis qu'Hermione parvenait enfin au résultat désiré avec sa guirlande. ¤ Qu'est ce que…¤

- Tu veux me faire croire que tu lis dans mes pensées, Granger ? insista-t-il, dubitatif en réprimant un sourire amusé.

La préfète se mordit les lèvres en se rendant compte qu'elle venait d'en dire trop. De toute façon, il était trop tard et Malefoy n'était pas un abruti.

- Il paraît…mais c'est ponctuel, rassure toi. Il faut vraiment que tu penses très fort ce qui d'une part, arrive assez rarement chez un Serpentard, et ce qui d'autre part relève rarement de quelque chose de foutument profond…susurra-t-elle avec un sourire sarcastique en descendant de son perchoir.

Le blond serra les dents en la jaugeant silencieusement. Il décida de détourner son attention sur autre chose avant que ses pensées ne le doublent.

- Tant qu'on y est, j'apprécierai volontiers qu'on enterre la hache de guerre pour les quinze prochains jours, Hermione. Histoire que tu oublies tes délires d'hystérique frustrée et que je mette un frein à ma libido dévastatrice, si tu vois de quoi je veux parler.

La jeune femme souleva un carton trop lourd pour elle qu'elle se lâcha à moitié sur les pieds. Drago leva un sourcil amusé et la débarrassa de son fardeau tout en posant sur elle une œillade inquisitrice. Elle réprima un geste agacé.

- Je ne vois pas de raison à ça, Malefoy. La situation me convient parfaitement…

- Autant qu'elle m'insupporte …Pour commencer, j'ai un prénom. On va être quarante à table ce soir, si tu pouvais éviter de cracher ton venin chaque fois que tu dois me demander le sel, j'apprécierai. Je te concède que tu es passée maîtresse en la matière…mais au vue des circonstances…

Pour le coup, la préfète réprima un sourire qu'elle camoufla rapidement derrière un ricanement perplexe.

- Et bien mon cher Spartacus, si tu veux que la plèbe soit clémente, commence par lui donner ce qu'elle attend…lâcha-t-elle, amusée.

- Je t'écoute.

- Ignore moi, Drago. Oublie moi. Je veux de l'air. Ne cherche pas à croiser mon regard. Et peut-être que je saurai rester sage, douce et docile…lâcha-t-elle sans vergogne.

L'héritier Malefoy leva les yeux au ciel.
- C'est ce que j'aurai de mieux, je suppose.

- Pour l'heure, c'est plus que je ne souhaite te donner, alors vois là une marque de ma profonde générosité de Gryffondor…acheva-t-elle dans un sourire.

Quelques vingt minutes plus tard, après s'être cassé deux ongles et avoir perdu son sang froid une bonne quinzaine de fois, la préfète envoya valser une boule de noël à travers la pièce, sous l'œil médusé des Elfes de maison qui l'assistaient comme ils pouvaient. Drago réprima son fou-rire.

- Je peux maintenant ? demanda-t-il candidement.

La lionne grogna de rage et fit un geste évasif du poignet. Prenant cela pour un assentiment, le jeune homme sortit sa baguette de sa poche et lança quelques sorts sous le regard écœuré de sa collègue qui marmonnait vaguement des « je déteste les fêtes de Noël » tout en faisant exploser les boules moldues qu'elle avait trouvée dans les réserves du château un peu plus tôt dans l'après midi.

oOoOoOoOoOoOoOoOoOoOoOoOoOoOoOoOoOoOoOoOoOoOoOoOoOoOo

25 décembre, 2h 38

La grâce de Noël touche parfois les coins les plus reculés.

Après une soirée tranquille où l'on avait trouvé de bon goût de s'extasier sur les préparatifs des deux préfets et sur la qualité de l'Hydromel qu'on avait servi durant le repas, élèves et professeurs se séparèrent sans que le moindre accrochage ne vienne entacher la bonne humeur général, en dehors des regards lourds de reproches que dardait le professeur Rogue à présent détenteur d'une superbe bosse, sur la jeune Kalia Orphan, qui pour l'heure se faisait plutôt discrète. Chacun à un bout de la table, Hermione et Drago faisaient des efforts extraordinaires pour tenir les résolutions quelques peu précoces qu'ils avaient pris dans l'après midi. Et ce fut avec soulagement que la jeune femme accueillit la programme de « débauche » raisonnable qu'Harry leur proposait pour la fin de soirée. Dissimulés sous la cape d'invisibilité du jeune homme, les trois amis se risquèrent jusqu'à l'Héptaméron après une ample partie de Maraude dans les couloirs du château rendue délicate par l'hydromel qu'il avait absorbé en quantité plus qu'honorable avant de quitter la table. Mais leurs velléités se firent rapidement beaucoup plus nuancées, après quelques rock foutument allumés et plusieurs bière au beurre sirotées en charmante compagnie, les trois sorciers préférèrent rentrer avant que Kalia, grisée par sa soirée, ne se décide à régler ses comptes avec Chiron sur le premier centaure mal-avenu qui croiserait sa route. Ils quittèrent l'atmosphère empuantie par le tabac, la sueur et l'alcool en évitant de croiser un sorcier d'un peu trop bonne volonté, susceptible de donner suite à leur petit after auprès du directeur.

Quelques heures plus tard, la jeune femme pénétra dans l'Arène à pas de loup en prenant soin de retenir le lourd battant pour qu'il ne claque pas. Ce faisant, elle jura en se prenant les pieds dans le bas de sa jupe et manqua de s'étaler de tout son long. C'est seulement quand elle se baissa pour ramasser la cape qu'elle avait lâché, qu'elle réalisa que l'âtre était encore allumée à une heure aussi indécemment tardive. Instinctivement, la jeune femme se raidit et chercha du regard celui qu'elle aurait préférer éviter après une soirée aussi agréable. Mais dans la pénombre, Drago était nonchalamment lové dans l'un des fauteuils, les jambes passées par dessus l'un des accoudoirs, un verre de whisky dans la main droite et un livre posé sur les genoux. Il leva les yeux quand elle s'approcha de lui, l'air pincé.

- Je t'attendais…lâcha-t-il d'une voix neutre en détaillant la préfète qu'il avait entre-aperçu un peu plus tôt dans la soirée.

- Je vois ça. Déjà en train d'abandonner tes bonnes résolutions ?

Maintenant qu'Hermione avait légèrement bu, sa voix n'était pas aussi polaire qu'elle l'aurait souhaité. Sans se démonter, elle s'appuya sur le fauteuil qui faisait face à celui de son collègue et tenta de s'imprégner de l'esprit de Noël. La Trêve valait pour tous. Même pour les gladiateurs.

- J'ai un cadeau pour toi.

La jeune femme ne cilla pas et attendit quelques secondes que le préfet poursuive sur sa lancée. Voyant qu'il ne réagissait pas, elle se laissa glisser dans le fauteuil et ôta les escarpins qui lui meurtrissaient les pieds depuis le début de la soirée. Elle se massa les orteils d'un air douloureux pour faire circuler le sang et se renversa dans le fauteuil en posant ses pieds sur la table basse.

- Qu'est ce que tu achètes, Dray, la paix des ménages ? ricana-t-elle, amère, en oubliant aussitôt ses propres résolutions.…Ou c'est juste ta dernière tentative pour parvenir à tes fins ?

Le blond ne releva pas et se contenta de lui lancer un petit paquet entouré d'un ruban doré. Le cadeau émit un bruit mat en atterrissant sur ses genoux et la jeune femme l'observa en silence, comme prise au dépourvue face à un événement qu'elle n'avait pas prévu. Ainsi, donc, il ne mentait pas…

- Ouvre le…

- C'est le 25 au matin les cadeaux, pas avant.

- Il est deux heures passée, ouvre le…

Elle leva les yeux vers lui et croisa les deux orbes glacées au moment où il avalait une lampée du liquide ambré qui emplissait son verre. Le jeune homme semblait fatigué…. S'exécutant de mauvaise grâce, elle dénoua mécaniquement le ruban sans le lâcher des yeux et découvrit sous le papier vert, un écrin de velours noir. Elle souleva le couvercle…

- C'est une onyx…commenta placidement le jeune homme alors qu'elle découvrait la pierre noire sobrement montée au bout d'une longue chaîne en argent.

Sans laisser paraître la moindre émotion, elle contempla l'éclat noir de la pierre finement ciselé dans le creux de sa paume. Fidélité…Contre les trahisons…Intriguée, elle reposa son regard sur le visage imperturbable de son collègue.

- Pourquoi une onyx ? demanda-t-elle d'une voix neutre.

- Parce que c'est la pierre des dieux, non ? Cali, Janus…J'en passe et des meilleurs. Mets la. S'il te plait.

Elle serra les mâchoires sans comprendre où il voulait en venir et hésita longuement avant de passer la chaîne autour de son cou. Légèrement embrumée par l'alcool, elle peina quelques secondes à relevé ses cheveux tout en continuant à darder une œillade inquisitrice vers le jeune homme qui sirotait tranquillement son whisky.

- Je veux que tu participes à la cérémonie, Granger…

La préfète se figea et sembla enfin comprendre ce que signifiait sa petite mascarade de l'après midi. L'onyx était le talisman d'activation dont Kalia leur avait glisser un mot durant le « meeting pré-prophétique ». Finalement, Drago continuait juste à avancer les pions de leur partie d'échec. Elle lui adressa un rictus cynique et se leva en attrapant sa cape.

- Dis moi, Malefoy, à quelle bonne âme dois-je mon cadeau de Noël ? A Harry ?…A Kalia ?…Ou juste à tes bons soins ? le railla-t-elle.

Il appuya sa tête contre le cuir brun, tout en réfléchissant.

- Je suis censé répondre quoi pour que tu ne battes pas en retraite vers ta tanière en mettant fin à la discussion ?

Elle réprima un sourire ironique et se passa une main dans les cheveux. Décidément, tout le monde avait l'air de vouloir décider à sa place. Mais que ce Serpentard puisse prétendre lui dire ce qui était bon pour elle alors qu'il s'amusait à la détruire depuis la rentrée, voilà qui était trop dur à avaler, même pour une nuit de Noël. Elle ravala au mieux ses sarcasmes et se tourna vers lui.

- Pourquoi la cérémonie, Malefoy ? demanda-t-elle, sincèrement intriguée.

- C'est ton rôle de sauver le monde, non ? argua-t-il en haussant les épaules.

- Non, je veux dire…Pourquoi, toi, tu la ferais ?

Le jeune homme se raidit instantanément et porta son verre à ses lèvres en détournant le regard.

- ça me regarde…grogna-t-il en sentant son cœur s'emballer.
¤ Crois moi, tu ne veux pas le savoir tigresse…¤

Si Drago n'aimait pas une chose, c'était bien de répondre aux question. Surtout quand elle était aussi brûlante et malvenue que celle de la jeune préfète. Elle l'observait sans un mot. Sa poitrine se soulevait tranquillement au rythme de sa respiration. Plutôt que de lui répondre, il préféra la regarder…ou plus précisément la déshabiller du regard. Elle tenait dans la main droite ses escarpins, dans l'autre sa cape. Sa jupe noire lui tombait jusque sous les pieds…Son caraco rouge faisait ressortir ses lèvres légèrement maquillées…Il aimait tout dans son allure. Le côté bohème sophistiqué qui bataillait contre ses pulsions volcaniques typiquement Gryffondor. Ignorant l'œillade polaire, Hermione promena tranquillement son regard sur les murs de l'Arène et se dirigea finalement vers sa chambre :

- Puisque tu le prends sur ce ton…

Le jeune homme serra les mâchoires en réfléchissant à toute vitesse. Il n'avait pas envie qu'elle parte. Pas ce soir. Une petite voix lui susurra qu'au point où il en était, les choses ne pourraient pas être pires.

- Putain…Hermione, reviens, c'est pas ce que je voulais dire…marmonna-t-il en se frottant les yeux d'un air ennuyé.

La préfète marqua un temps d'arrêt, la main posé sur le bord de la cheminée. Elle compta jusqu'à dix dans sa tête, attendant tranquillement que son collègue l'éclaire sur le fond de sa pensée. Comme la réponse tardait, elle se retourna vers lui avec un air las sur le visage. Son regard se heurta au trouble évident de son interlocuteur dont les joues avaient pris une teinte rosée qui ne lui plaisait guère. Elle réprima son sourire amusé.

- Un ennui, Dray… ?

Il la fusilla du regard en se maudissant intérieurement. Etait-il seulement capable de ça ? Le blond se leva en se passant nerveusement une main dans la nuque. Sa chemise beige était entre-ouverte et laissait apercevoir le haut de son torse. Il leva les yeux au ciel et prit une profonde inspiration en tâchant d'oublier à quel point tout cela lui semblait ridicule. Face à lui, Hermione commença à sentir le malaise poindre sérieusement.

- Ok…commença-t-il.
Peut être que…Je t'aime.

Silence.

L'ambiance fut instantanément plombée. Le cœur de la jeune femme venait de manquer un battement et elle l'observait d'un œil incrédule. Un grand blanc suivit l'aveux durant lequel le préfet serra les poings en regrettant les mots qu'il venait de prononcer. ¤ Putain…Tu devrais lui tendre une hache pendant que tu y es…¤ Le crépitement du bois lui sembla insupportable et il se surprit à sentir son cœur battre trop vite. ¤ Allez….Tout plutôt que ton indifférence, Hermione…¤

- Moi non plus…répondit-elle enfin, avec un sourire faussement désolé et pourtant diablement prévisible.
Ce n'est pas faute d'y avoir cru pendant un certain temps, mais en fait…non.

Imperturbable, le Serpentard alla s'appuyer contre le bord de la cheminée, à quelques pas d'elle, les yeux dans les flammes. Un nœud coulant lui tordit la gorge et il serra les dents. Il n'eut pas à se tourner vers elle pour imaginer le sourire de triomphe qu'elle devait afficher. A un moment, elle posa ses affaires au pied de l'âtre puis alla reprendre sa place dans le fauteuil sans rien perdre du visage légèrement décomposé de son collègue.

Désinhibée par l'Hydromel et les trop nombreuses bières au beurre qui avaient suivi, elle se gratta la gorge et reprit d'une voix qu'elle espéra glaciale.

- Mais je veux bien participer à la cérémonie…Je veux bien, puisque tu me le demandes et que visiblement ça te « tient à cœur »…murmura-t-elle en finissant ce qui restait de whisky dans le verre du jeune homme.
Mais c'est donnant, donnant, Malefoy…J'ai suffisamment perdu de plumes dans la bagarre pour avoir le droit d'en arracher quelques unes à mon tour…

Ravalant sa fierté déjà bien entamée, il se retourna pour faire face à la jeune femme qu'il gratifia d'un regard assassin. Et oui, moi aussi je veux jouer.

- Tu veux quoi… ? cingla-t-il d'un air douloureux sur un ton tout aussi polaire que le sien.

Tu joues avec le feu.
Prêts à tout pour avoir le dernier mot, Malefoy. Mais en l'occurrence, c'est toi qui a eu le mot de trop et ça tu vas le regretter. Tu as cru que je ne pouvais pas te faire souffrir ? Allons donc… Prétention de Serpentard.

- Je te veux toi…susurra-t-elle.
...
Tu me dois bien ça.

Le blond tressaillit. Avec les flammes dans le dos, ses yeux avaient une couleur étrange qui n'échappa pas à son interlocutrice.

- Tu changes, Granger. Depuis ton petit numéro de corrida tu n'es plus la même…susurra-t-il avec une pointe de déception indignée dans la voix.

- Tu me changes, Malefoy. Vas falloir que tu fasses avec…répliqua-t-elle du tac au tac.

Elle vit les muscles de ses mâchoires roulés sous sa peau tandis qu'il cherchait à se contenir.

- Je viens de te dire que je t'aimais ! plaida-t-il férocement en s'approchant d'elle.

- Oui. Et moi, que j'ai envie de toi. Alors, c'est à prendre où à laisser…cracha-t-elle sur le même ton.

- Je te donne mon cœur. Et toi, tu m'arraches reste…résuma-t-il avec une amertume qu'il se détesta de ressentir.

L'espace de quelques secondes, Hermione sentit un vague sentiment de culpabilité lui monter à la gorge. Son petit jeu d'amazone commençait à lui peser lourd et le Serpentard avait l'air sincère.

Merlin, ce ne serait pas la première fois, Mione…Reprends toi.

Elle le défia du regard et sa bouche s'étira en un sourire cynique qui ne lui ressemblait pas. De son côté le préfet sentait la colère prendre le pas sur le reste. Puisqu'elle le prenait sur ce ton, il allait lui donner ce qu'elle demandait. Du même coup, il remplirait sa part du marché avec Kalia et il remporterait son maudit pari. Au diable le reste…

¤ Elle va te bouffer tout cru…¤ ne put-il s'empêcher de penser avec rage.

Il se planta devant elle et attendit qu'elle relève le visage vers lui.
- Parfait. Je vais te donner ce que tu demandes, Hermione. Le tout est de savoir si tu aimeras ce que tu vas recevoir…lâcha-t-il de sa voix traînante.

La préfète se tendit brutalement. A trop jouer avec le feu, on pouvait se brûler…En face d'elle, elle avait de nouveau le jeune homme glacial et intouchable qui l'intimidait tant au début de l'année. Elle ouvrit la bouche pour l'assassiner une dernière fois, mais Drago ne lui laissa ni le temps, ni la possibilité de se rétracter. Se penchant vers elle, il glissa sa main dans sa nuque et écrasa durement ses lèvres sur les siennes. Surprise, la jeune fille s'enfonça dans le fauteuil comme si elle cherchait à se dérober aux lèvres cruelles du jeune Serpentard. Sans lui laisser la moindre échappatoire, il força la barrière de ses dents et introduisit sa langue dans sa bouche. Hermione se tendit violemment sous la caresse. En face d'elle, Drago fit glisser sa chemise le long de ses épaules et s'attaqua sans plus tarder à la ceinture de son pantalon.

Puisqu'elle le voulait, elle allait l'avoir. Mais elle n'aurait rien de plus. Et tant pis s'il haïssait ce qu'il était en train de faire. Tant pis si elle le forçait à tout gâcher. Tant pis si il ne tenait pas ses bonnes résolutions. Cette fois, elle ne pourrait s'en prendre qu'à elle. ¤ Résolutions de merde…¤

Elle soupira contre sa bouche. Il se tendit froidement contre elle. Soudain, elle réprima un cris de douleur et le repoussa en posant ses deux mains à plat sur son torse nu. Haletante, elle porta deux doigts à ses lèvres. Il l'avait mordu. Le sang perla sur sa peau dorée. Elle l'essuya sur son avant bras en lui adressant un regard accusateur.

Il était presque nu désormais et elle sentit son cœur manquer un battement quand il l'arracha sans ménagement du fauteuil. Son regard était dangereux. Il captura à nouveau sa bouche dans un baiser douloureux auquel il communiqua toute sa rage. Pourtant, ce fut presque avec douceur qu'il la débarrassa du tissu fragile de son caraco et caressa la courbe naissante de ses seins. Soudain, vulnérable, Hermione commença seulement à réaliser la portée de son geste. Elle allait certes se venger de Drago, mais le prix à payer…

Il la mordit à l'épaule. La lionne tressaillit en refermant sa main sur sa nuque. Elle sentit qu'il dénouait la ceinture de sa jupe et ferma les yeux pour faire taire le regret qui commençait à la prendre à la gorge. Le jeune homme fit chuter le vêtement jusqu'à ses chevilles et l'empoigna par les fesses pour venir la plaquer contre lui. Désormais, il n'y avait plus de retour possible. Il allait la posséder.

Un frisson de dégoût parcourut le dos de Drago quand il sentit son sexe se tendre contre la cuisse de la jeune femme. Etait-il minable au point de brader ses sentiments pour elle dans une simple partie de sexe qu'il n'avait même pas choisie ? Il l'attrapa par le menton et tourna sans douceur son visage vers lui.

- On va chez toi…siffla-t-il d'une voix neutre.

Elle se dégagea, en lui retournant un regard légèrement perdu .
-Non…plutôt chez toi…risqua-t-elle, soudain beaucoup moins conquérante.

- Ce n'était pas une question, Granger. Ne compte pas sur moi pour te baiser dans mon lit…attaqua-t-il durement.

La crudité de la vérité lui retourna l'estomac. Est ce qu'elle était vraiment sur le point de « baiser » avec Malefoy pour une simple question d'orgueil ? Le jeune homme donna un coup de reins et souleva la préfète incrédule de terre sans même la regarder. Enfermée dans ses bras, Hermione prit conscience du péril de la situation dans laquelle elle s'était mise. Elle oubliait trop facilement à quel point Drago savait être dangereux. Fourbe et vicieux. Il malmena ses lèvres en un long baiser dans lequel leurs dents s'entrechoquèrent avec violence. Parvenu à sa porte, il la plaqua contre le bois noir et l'obligea à glisser ses jambes autour de sa taille. Descendant vers son cou, il la mordilla et lui apposa sa marque comme on scelle un pacte avec le diable. Prise au dépourvue, la préfète ne retint pas un gémissement brûlant qui écœura le blond. Ne valait-elle pas mieux que les autres ?

- Bon, Granger…Tu nous l'ouvres cette porte ou je te prends contre le mur ? lâcha-t-il brutalement, soudain pressé d'en finir.

La lionne s'empourpra quand la pointe tendue de ses seins rencontra le torse chaud du Serpentard. Elle ne put s'empêcher de trouver un réconfort pervers dans l'air douloureux dont il ne parvenait pas à se débarrasser et qui la confortait dans sa décision implacable. Après cela, ils pourraient s'estimer quittes.

- Agapê

La porte s'ouvrit et ils pénétrèrent dans la chambre délicatement tiède de la préfète. Son précieux fardeau entre les bras, Drago fit quelques pas et la déposa sans douceur sur les draps pourpres de son lit. Lui faisant face de toute sa hauteur, il la contempla pendant quelques secondes et sembla chercher en lui la volonté d'accomplir ce qu'il avait à accomplir. Acculée, la jeune femme réprima la bouffée d'angoisse qui lui montait dans la gorge. Elle se donnait à lui. Ce n'était pas anodin. Elle se fustigea intérieurement et se trouva folle maintenant qu'elle le voyait prêt à aller jusqu'au bout. Son cœur lui cogna dans la tête et sa respiration s'emballa.

En face d'elle, Drago semblait hésiter. Il ferma les yeux et serra les mâchoires. De toute façon, il n'allait pas reculer. Il fit glisser son boxer le long de ses cuisses et se tourna vers elle. Intimidée, la jeune femme leva ses bras pour dissimuler sa poitrine. Le Serpentard réprima au dernier moment un sourire mi ironique, mi attendri.

- C'est ce que tu voulais non… ? siffla-t-il d'une voix rauque.

Sans lui laisser le temps de répondre, il se coula sur le lit à ses côtés et les fit rouler sur le matelas. Hermione haleta en sentant son sexe tendu frôler sa cuisse. Drago s'en rendit compte et suspendit son geste. Se pouvait-il qu'elle regrette ? Les joues empourprées par l'embarras, elle se risqua à une ultime requête qui détrompa le Serpentard :

- Sois doux…

Les mots murmurés d'une voix timide se perdirent contre ses lèvres. Il la toisa sévèrement, en sentant leurs souffles légèrement alcoolisés se mêler entre leurs deux visages.

- Il est un peu tard pour ça, Granger…siffla-t-il froidement.

Sous lui, la lionne s'empourpra de plus belle et se mordit la lèvre inférieure. A quoi jouait-elle ? Elle passait de l'amazone au moineau et semblait se payer sa tête. Malgré sa colère, Drago sentit sa détermination fléchir. Il pris son visage en coupe et l'embrassa encore une fois, mais elle semblait distante…encore et toujours. Son orgueil se sentit insulté.

- J'apprécierais que tu te sentes un peu concernée, tigresse…Je n'ai pas pour habitude de m'envoyer les murs…argua-t-il d'un ton glacial tandis qu'il la renversait sur le matelas et lui maintenait les poignets de chaque côté du visage.

Si c'est à Potter qu'elle pensait, il se chargerait vite de lui faire savoir que ce n'est pas à lui qu'elle était en train de se donner. Sans plus de cérémonie, il la débarrassa de ce qui lui restait de vêtements en ignorant le geste qu'elle esquissa au dernier moment pour l'en empêcher. Il se glissa entre ses cuisses et d'un coup de rein puissant, vint coller son corps au sien. Son cœur s'emballa. Sa peau sentait la cannelle. Il ferma les yeux et colla son front au sien. Un frisson d'appréhension parcourut le corps de la jeune femme qui se dégagea légèrement de la poigne musclée de son amant. On pouvait rêver mieux pour une première fois que cette rage sourde qu'ils mettaient tous les deux dans chacun de leurs gestes. Mais quand il rouvrit les yeux et posa sa bouche dans son cou, elle réalisa qu'elle ne le fléchirait pas.

Glissant une main dans le creux de ses reins, il l'attira contre lui et la pénétra souplement. Hermione étouffa son cris de douleur en plantant ses dents dans l'épaule recouverte d'une fine pellicule de sueur du jeune homme. Elle se tendit violemment. Les larmes perlèrent au coin de ses yeux.

Il les ignora.

Elle avait cherché sa chute. Il l'a lui avait donnée.

oOoOoOoOoOoOoOoOoOoOoOoOoOoOoOoOoOoOoOoOoOoOoOoOoOoOoOoOoOoOoOoOo

Recroquevillée de l'autre côté du lit, les genoux remontés contre son ventre, Hermione essuya dans les draps les larmes qui coulaient silencieusement sur ses joues. Comment, avait-elle pu faire ça ? Elle s'en voudrait jusqu'à la fin de ses jours.
Un bruit mat lui fit savoir que Drago venait de se lever. Elle s'enroula complètement dans les draps et se redressa dans le lit.

- Où vas tu ? risqua-t-elle à mi-voix.

Il lui jeta un bref regard par dessus son épaule et ramassa ses affaires. Les muscles souples de son dos roulaient sous sa peau pâle. La lumière crue de la lune accentuait sa carnation diaphane. Il enfila son boxer.

- Prendre une douche et me coucher.

Elle réprima un hoquet surpris.

- Reste…murmura-t-elle d'un ton presque suppliant.

Il sentit son cœur lui tomber dans l'estomac mais se contenta de se diriger vers la porte.

- Non. J'ai besoin de dormir et tes conneries m'ont épuisé…lâcha-t-il d'un ton mesquin qu'il regretta presque aussitôt.

Au moment où il allait passer le seuil, elle ravala ses larmes et lui susurra d'une voix acide :
- Dans ce cas…Ce fut un plaisir de marchander avec toi, Malefoy.
Joyeux Noël...


Voilà...Plutôt de circonstance comme "mot de la fin". On croirait presque que c'est fait exprès. E puis on l'attendait depuis tellement longtemps de lemon...Alors, heureuses ?? Dites moi tout : Reviews !

Rendez-vous sur "L'Ange blanc" et "Paix blanche" pour les amateurs!

Valete

Jo