CHAPITRE I: Un nouveau départ

Morgane pressa le pas, consciente que l'heure tournait et qu'elle allait manquer une fois de plus d'être en retard. « Pas cette fois-ci », se dit-elle, comme pour mieux s'en convaincre, et elle accéléra encore un peu l'allure. Elle chercha des yeux le quai séparant la voie 9 de la voie 10 de la gare de King's Cross et suivit un petit groupe de personnes à l'allure originale qui venait de disparaître derrière une barrière, comme si de rien n'était. La jeune fille leur emboîta le pas et se retrouva également de l'autre côté du quai, sur la voie 9 ¾. « Je ne me suis pas trompée ! » pensa-t-elle avec soulagement. Elle lança un rapide coup d'œil autour d'elle et monta résolument dans la grosse locomotive rouge, où des lettres dorées affichant fièrement « Poudlard Express » étaient peintes. Elle progressa dans les couloirs du train, tirant avec peine sa lourde valise noire derrière elle, à la recherche d'une place libre. Elle arriva enfin dans un compartiment vide et se laissa choir sur le siège le plus proche avec soulagement. Elle se surprit à penser que cette nouvelle année n'allait pas être de tout repos...
La jeune fille fut tirée de sa rêverie quelques minutes plus tard par un petit groupe de personnes à l'air agité en quête de places libres. Morgane leur fit signe de s'installer.

- Tout le train est bondé ! commença une jeune fille rousse, qui devait avoir une quinzaine d'années. Au fait, reprit-elle en se tournant vers Morgane, je suis Helena Parker ! Et toi ?
- Morgane Greene, répondit l'intéressée, l'air vaguement ennuyée. En quelle année es-tu ?
- J'entame ma cinquième année, je suis à Poufsouffle. Et toi, quelle est ta maison ?
- Ma… ? Oh, je suis nouvelle, je suppose que je le saurai en arrivant.
- Il y a une cérémonie de répartition pour les première année, je pense que tu y participeras.
- Sûrement, pensa Morgane, l'air rêveur.

Morgane Greene était une jeune femme de dix-sept ans, fine et élancée, dont la longue chevelure châtain clair retombait gracieusement sur ses épaules. Ses yeux d'un vert profond reflétaient une certaine mélancolie, peut-être même une certaine tristesse. Morgane était dotée d'un caractère très affirmé et farouche. C'était une personne fière, hautaine même, qui avait du mal à se lier d'amitié facilement avec des gens de son âge. Elle était cependant très intelligente, curieuse et passionnée. Gare à celui qui aurait voulu l'approcher de trop près… Elle ne garde que peu de souvenirs de sa petite enfance. Son père était un sorcier qu'elle n'a presque pas connu, celui-ci étant mort lorsqu'elle avait deux ans. Elle a donc été élevée par sa mère moldue et par son beau-père lui aussi dépourvu de pouvoirs magiques, dans une atmosphère paisible et aimante, mais dans laquelle elle ne s'était jamais sentie vraiment à sa place. Son cursus scolaire a été pour le moins original, elle a suivit des cours normaux jusqu'à l'âge de 13 ans et a été alors informée de sa vraie nature : elle était une sorcière ! Au fond, Morgane l'avait toujours su. Sa mère ayant refusé de l'envoyer à Poudlard avant ses dix-sept ans, elle avait commencé à suivre des cours magiques par correspondance en parallèle avec ses cours moldus. Et maintenant… Morgane soupira et regarda le paysage défiler par la fenêtre. Fatiguée par sa matinée éprouvante, elle s'assoupit.

Elle fut réveillée plusieurs heures plus tard par un bruit de pas et le grincement d'une poignée qui tournait. Elle vit apparaître au bout du couloir un homme vêtu d'une robe de sorcier et d'une cape noires, l'air imposant. Ses cheveux gras et son teint cireux contribuaient à lui donner une allure sinistre. Il s'avança vers le groupe d'élève et s'arrêta à la hauteur de Morgane. Il la fixa pendant de longues secondes, d'un regard insondable, et continua son chemin, faisant voler derrière lui sa longue cape. Morgane fronça les sourcils et se tourna vers sa voisine.

- Lui ? C'est Snape, notre professeur de potions. Je te mets en garde, il est loin d'être commode et il est haï par tous les élèves… sauf ceux de sa propre maison : Serpentard ! Finit-elle d'un rire jaune.

Morgane sursauta à l'évocation de ce nom qui ne lui était pas inconnu. Et si elle était envoyée là-bas ?

- Viens, le train s'est arrêté, nous devons être arrivés ! lui glissa Helena à l'oreille.

Morgane suivit sa jeune camarade qui l'entraînait déjà vers la sortie, toute excitée. Les deux jeunes filles se retrouvèrent prises au milieu d'un nuage d'élèves, tous vêtus de leurs robes de sorcier. Seul dépassait un homme immense, qui devait bien mesurer trois mètres de haut, songea Morgane. Celui-ci n'avait guère besoin de hausser la voie pour se faire entendre ! Il faisait de grands gestes en maugréant : « Les première année, suivez-moi ! Les première année, par ici ! ».

- Tu n'as qu'à me suivre, lui intima Helena.

Les deux jeunes filles se retrouvèrent alors dans une grande calèche, conduite par d'étranges bêtes énormes, qui auraient pu être assimilées à d'immenses chevaux étrangement calmes, à l'allure reptilienne. La calèche s'ébranla, en direction du grand château que Morgane apercevait au loin.

- Décidément, ces drôles de bêtes n'ont rien de rassurant, lança Morgane.
- Mais de quoi parles-tu ? répondit Helena, étonnée

Morgane fronça les sourcils mais n'ajouta rien. Après tout, ce n'était pas la première fois qu'il se passait quelque chose d'étrange en sa présence.

Dès que les diligences furent arrêtées, tous les élèves mirent pied à terre, visiblement pressés d'arriver à destination. Tous pénétrèrent alors dans l'enceinte du château, où les attendait une dame d'un certain âge, à l'air sévère, vêtue d'une longue robe vert bouteille.

- Bienvenue à Poudlard ! Veuillez me suivre, la cérémonie de répartition va bientôt commencer.

Morgane découvrit alors une immense salle, dont le plafond imitait à la perfection le ciel étoilé d'une nuit d'été. Quatre tables étaient disposées au milieu de la pièce, ainsi qu'une autre, moins grande, et plus en retrait, où se tenait déjà quelques adultes, qui devaient être les professeurs de l'école.

- Miss Greene ? Fit une voix derrière elle, que Morgane reconnut comme étant celle de la vieille dame qui les avait accueillis quelques minutes plus tôt. Le directeur Albus Dumbledore vous prie de le rejoindre à la table des professeurs afin de partager leur repas.

L'adolescente alla rejoindre sa place discrètement, se glissant entre un vieux sorcier à la longue barbe blanche, qui devait sûrement être le directeur de l'école et un minuscule sorcier qui se dandinait sur sa chaise, parlant avec agitation à son voisin de gauche. Une fois la cérémonie de répartition terminée, Dumbledore se leva et prononça comme à son habitude un discours de bienvenue éloquent. Il termina sous les applaudissements de l'assemblée par un « bon appétit » et regagna son siège. Morgane aperçut une lueur malicieuse briller dans ses yeux, derrière de drôles de lunettes en forme de demi-lune. La jeune femme se demanda pourquoi son nom n'avait pas été appelée lors de la répartition.

« Mon cas doit être un peu différent » songea-t-elle en se servant généreusement dans le premier plat à portée de main. Elle n'avait rien mangé depuis ce matin et son estomac commençait à protester sévèrement.

Une fois le festin terminé, l'éminent directeur se leva à nouveau et demanda à tous les élèves de regagner leurs dortoirs respectifs dans le silence, non sans ajouter malicieusement qu'une bonne paire de chaussettes de laine était idéale pour dormir les pieds bien au chaud ! Il se tourna alors vers Morgane qui était restée assise, ne sachant trop si elle devait suivre les élèves ou attendre qu'on lui en dise un peu plus sur l'école et ses coutumes.

- Miss Greene, j'aimerai que vous me suiviez dans mon bureau, s'il vous plaît.

Morgane emboîta le pas du directeur et après avoir marché quelque temps dans les couloirs du château, ils arrivèrent devant une gargouille qui semblait vouloir garder la porte d'une pièce. « Moustache chocolat » lança Dumbledore, et la gargouille s'effaça pour laisser entrer le directeur et son élève dans le bureau.

- Je vous en prie, asseyez-vous, la pria-t-il dans un sourire. Comme vous le savez sûrement, les nouveaux élèves de cette école sont envoyés dans une des quatre maisons : Serdaigle, Gryffondor, Poufsouffle et Serpentard. Je pense que vous trouverez votre place à Serdaigle. Le professeur Flitwick, à côté duquel vous étiez assise pendant le repas est le directeur de votre maison, il vous conduira à la salle commune des Serdaigle et vous pourrez vous adresser à lui si vous avez la moindre question.
- Bien, professeur.
- J'aimerai maintenant aborder un autre sujet important. C'est la première fois que nous accueillons à Poudlard une nouvelle élève de 7e année. Je suis certain que votre niveau égale celui de vos camardes cependant j'ai jugé préférable de vous réserver une salle qui n'est pas utilisée afin que vous puissiez vous entraîner après les cours, quand vous le souhaitez. La salle se situe au septième étage et vous n'aurez pas de mal à la trouver puisqu'elle n'a pas été rénovée, contrairement aux autres, et la porte a pour conséquent un aspect plutôt ancien. Si vous avez le moindre doute, adressez-vous à l'un de vos professeurs qui se fera un plaisir de vous aider. Avez-vous des questions particulières ?
- Professeur… Pourquoi n'est-ce pas le choipeaux qui a décidé de m'envoyer à Serdaigle, comme pour tous les nouveaux arrivants ?

Il lui sembla que la lueur malicieuse qui brillait dans son regard avait disparu. Pourtant le directeur répondit simplement : « C'est la première fois qu'une élève entre à Poudlard alors qu'elle a déjà une certaine expérience en magie. Je suppose que le Choipeaux ne s'occupe que des première année ».

Un silence s'installa pendant quelques secondes puis Dumbledore reprit :

- Le professeur Flitwick vous attend à la sortie de mon bureau. Il vous conduira à votre salle commune et vous fournira votre emploi du temps. Je vous souhaite une bonne nuit. Et n'oubliez pas que vous pouvez faire appel à moi dès que le besoin s'en fait ressentir.

Morgane prit congé du directeur et retrouva l'étrange petit professeur en sortant. Celui-ci la conduisit jusqu'à une haute tour du château, qui devait probablement être la salle commune des Serdaigle. Il lui indiqua le dortoir des filles et finit par lui tendre son emploi du temps. Il lui recommanda également de faire appel à lui si elle avait le moindre souci puis s'éloigna d'un petit pas pressé après lui avoir souhaité une bonne nuit. Morgane grimpa rapidement les escaliers menant au dortoir des filles et fut surprise de trouver un lit tout fait, avec ses affaires posées dessus. Trop fatiguée pour entreprendre quelconque rangement ce soir-là, elle se glissa sous ses couvertures dans un soupir. Avant de s'endormir, elle ne put s'empêcher de penser que le directeur ne lui avait pas tout dit à propos de son envoi à Serdaigle…