Note : Ceci est une immense coécriture, de quinze auteurs de qualité, qui débute par ce chapitre. Une sorte cadavre sur ski - comprenne qui peut. Le but étant de mettre en scène notre couple préféré dans des scènes de vie ordinaire – ce que l'on voit peu dans les fanfictions, en général. J'ai l'honneur de les nommer, nos deux beaux acteurs principaux : Harry Potter et Draco Malfoy. Ceci est donc une longue romance acidulée qui débute et j'ai le plaisir d'être la première - moi, Leviathoune – dans cette formidable aventure écrite. J'avoue, j'ai très peur de vous soumettre ce chapitre. C'est moi qui vais, en quelque sorte , imposer la base alors si elle ne plait pas, ce sera entièrement de ma faute. C'est une lourde responsabilité que je porte sur mes épaules ! Heureusement qu'elles sont solides.

Je souhaite de tout cœur que ce premier chapitre vous plaise.


Attention: Les phrases écrites en gras et italique sont en français dans l'histoire.

Everyday's life

Scène de vie quotidienne


Chapitre 1 : La troisième fut la bonne…


La dernière fois qu'Harry avait vu Draco Malfoy avait eu lieu la fameuse nuit de la mort de Dumbledore. La nuit durant laquelle il avait regardé le grand jeune homme blond – son ennemi - se faire entraîner, tant bien que mal, par Severus Rogue dans le sillage des Mangemorts.

Depuis cette époque, trois années s'étaient écoulées. Harry s'était jeté dans la guerre à corps perdu mais il n'avait pas été le seul, loin de là. Avec l'aide de l'Ordre du Phœnix et celle de ses amis, il avait cherché et retrouvé chacun des derniers Horcruxes – certains avaient déjà été détruits par celui qu'on savait désormais avoir été Regulus Black.

Voldemort et sa dernière parcelle d'âme avaient été anéantis, beaucoup d'autres étaient morts et cela quelque soit le camp auquel ils avaient appartenu. Toutefois, le plus grand nombre de victimes se compta parmi les civils sorciers et surtout moldus – comment auraient-ils pu se défendre ?

La guerre est à présent du passé. Nos héros coulent des jours heureux en temps de paix.

Cette histoire commence le jour où Harry revit Draco Malfoy pour la première fois depuis qu'il était réellement devenu libre de vivre sa vie comme il l'entendait…

Cette histoire commence dans un magasin de Quidditch à Pré-au-lard…

Harry et Ron observaient avec dévotion le manche lisse et rutilant d'un Éclair de Feu sentant bon le neuf, le tout dernier du nom - son créateur avait baptisé ce nouveau modèle Ifrit.

Le balai venait d'être fraîchement livré à la boutique. Les deux compères l'avaient attendu depuis l'aube pour le caresser amoureusement avant l'ouverture du magasin.

« Qu'est ce qu'il est beau... bois souple, léger. Cette couleur rouge acajou est magnifique et sa courbe de brosse est parfaite. » murmurait Ron en connaisseur. « Regarde un peu cette finition dans les fixations de métal. Celui là est encore plus spécial, Harry. Regarde le numéro de série. »

Harry prit le balai en main et approcha son regard de la signature en lettre d'or. En dessous était inscrit un numéro minuscule, le 000.005.

« Il est l'un des tout premiers et tu sais que les balais de début de série sont toujours les plus puissants. En plus, cette fois-ci, les parties métalliques des dix premiers ont été faites totalement en or. Ils sont plus lourds que le reste de la série mais leurs masses sont réparties à la perfection. Il paraît même que les dix premiers ont été faits par ce nouveau créateur engagé par Éclair de Feu et, même si j'ignore qui c'est, je peux t'assurer que ce type est un génie qui sait ce qu'il fait – ça ne m'étonnerait pas qu'il sache très bien voler. Ce balai, Harry, est autant une œuvre d'art que le meilleur engin de course de tous les temps. Tu n'en as jamais tenu de plus beau et de plus performant. »

Le jeune homme brun voulait bien croire son meilleur ami. L'objet dégageait une aura fabuleuse. Il lui semblait ressentir des fourmillements d'excitation dans les mains rien qu'à son contact. Il n'avait qu'une envie : sortir du magasin, enfourner ce balai aux couleurs d'un feu d'enfer et tester jusqu'à la moindre de ses limites qu'il imaginait déjà fabuleuses.

Ron semblait lire en son meilleur ami comme dans un livre ouvert : ses yeux pétillants ne pouvaient tromper personne. C'était de l'envie, de la convoitise... de la soif de liberté à l'état pur qui se reflétait dans ses grands yeux verts.

« Harry... » commença Ron en prenant une voix lourde d'importance.

« Oui ? » souffla l'autre sans détacher son regard du balai flamboyant.

« Je te le donne. »

La réaction ne se fit pas attendre. Harry relâcha son emprise sur le manche doux et chatoyant comme s'il était réellement devenu de la lave.

« Oh non, je n'accepterai jamais un si beau... un si magnifique cadeau ! Et puis, c'est de la marchandise. Si je le veux tellement, je peux me l'acheter. J'en ai les moyens, tu sais ! »

« Harry, je te l'offre ! » réitéra Ron plus fermement. « Et crois moi ! Tu n'en as pas encore les moyens. Je peux t'assurer que ce balai est hors de prix et que si je l'ai entre les mains, si je peux te l'offrir, c'est que j'ai vraiment eu une chance incroyable. Prend-le. »

« Je refuse ! »

« Harry ! C'est grâce à toi si j'ai une vie si passionnante ! Tu as acheté ce magasin et tu me laisses le gérer ! Tu... »

« Alors là, je te coupe tout de suite ! J'ai acheté ce magasin en pleine guerre et, même avec tout son stock, il coûtait à peine le dixième de ce balai ! C'est incomparable ! J'en ai fait bien plus pour tes frères et ils ne m'offriraient jamais quelque chose d'une si grande valeur. C'est... indécent ! »

« Ok, mais même en pleine guerre, je n'aurais jamais pu acheter ce magasin. Sans toi, je n'aurais jamais eu la chance de le remettre sur pied et de gérer la boutique comme je l'entends, de me faire une clientèle et de devenir ce que je suis. Sans compter que si j'ai tant d'habitués, c'est parce que la plupart savent qu'ils risquent de te rencontrer. Maintenant, Harry, je peux te faire ce genre de cadeau. En tant que « frère », tu dois l'accepter. Et puis, j'en ai assez de te voir voler sur ce vieux balai obsolète complètement déréglé. »

« Mais... » tenta Harry.

« Oui, je sais : il a une valeur sentimentale. Et bien, expose-le sur un mur dans ta chambre, réduis-le et fait le monter en bijoux, je ne sais pas moi. Mais réfléchis ! Est-ce que Sirius aurait aimé te voir perdre samedi dernier à cause de son vieux présent ? Il a presque dix ans ton balai, Harry ! » s'exclama Ron avec passion.

« Non... non, je ne crois pas qu'il aurait apprécié de me voir me ridiculiser... à cause de ça. » fit Harry penaud.

Il savait que Ron était un passionné de Quidditch, fervent supporter des Canons de Chudley et, dernièrement, de l'équipe de Wigtown, dit Les vagabonds, dont il occupait le poste d'attrapeur depuis un an et demi. Et si samedi dernier il avait perdu, c'était bel et bien à cause de son vieil Éclair de Feu dépenaillé qui avait vrillé au moment crucial, donnant ainsi un avantage incontestable à son adversaire.

« Harry, il faut que tu fasses remporter ce tournoi à ton équipe. Tu te rends compte que si vous y parveniez, tu pourrais monter en ligue nationale et jouer dans le monde entier. Je veux que tu aies ce balai… le balai que je t'offre, s'il te plaît. En plus, tu me feras encore plus de publicité avec cet engin entre les cuisses. »

« Oh, bon d'accord. » souffla Harry, fléchissant délicieusement sous les arguments de Ron qui étaient, décidément, trop tentants. « Il est vraiment à moi ? J'arrive pas à le croire. Merci Ron, merci. C'est un cadeau… vraiment merveilleux ! » termina Harry en ne pouvant s'empêcher d'enserrer son meilleur ami dont le visage était fendu d'un sourire victorieux.

« Tu le mérites, mon pote. Tu le mérites. » dit le rouquin en claquant amicalement dans son dos. « Et je te défends de perdre encore une fois ! »

« Impossible. » souffla le brun ne pouvant plus se retenir de sourire de joie.

OoOoOoO

Les garçons en étaient là de leurs réflexions lorsqu'une jeune fille rousse et complètement excitée entra dans la boutique précipitamment.

« Qu'est ce que vous foutez encore là ! » s'exclama-t-elle. « Vous devriez être arrivés depuis longtemps au magasin des deux grands couillons ! L'ouverture est pour tout de suite ! »

« C'est bon Ginny, on arrive. » fit Ron en se dirigeant vers le fond de la boutique avisant au travers d'une porte entrouverte une personne en haut d'un escabeau en train de farfouiller sur une étagère. « Je te laisse tenir la boutique, Jeff ! »

Le fameux Jeff grommela des jurons lorsque plusieurs boîtes renfermant des protections de cuir tombèrent au sol.

« Il est toujours autant empoté, celui là. » s'amusa Ginny en maintenant la porte du magasin de Quidditch entrouverte.

« Hé ! Je t'ai entendue, Weasley ! » tonna le jeune garçon en ramassant ce qu'il avait fait tomber.

« Faut pas lui en vouloir, c'est un ex Serpentard raté. » se moqua Ron.

« Je trouverais plus facilement les choses si un certain ex Gryffondor bordélique ne m'avait pas tout foutu n'importe comment ! » éructa le coléreux jeune homme.

« C'est pour ça que je t'ai engagé, mec ! Bon allez, on y va nous. Ginny, pars devant, on te rejoint. Qu'est ce que tu fais de ton nouveau balai, Harry ? »

L'attrapeur réfléchit un instant avant de dire : « Qu'est ce que tu penses de le mettre dans la vitrine en attendant que je l'emporte ? Quand on reviendra, il y aura surpopulation autour de ton magasin. »

« Mouais, bonne idée. » susurra Ron en plissant les yeux de contentement, imaginant son magasin envahi de clients.

OoOoOoO

Plus loin, au cœur du village de Pré-au-lard, une nouvelle boutique de farces et attrapes ouvrait ses portes en grandes pompes. Fred et George n'avaient pas osé acheter chez Zonco lorsque le propriétaire avait fermé ses portes durant la guerre - leur entreprise n'était pas encore assez sûre pour se permettre un dédoublement des forces. A présent leur magasin du chemin de traverse marchait mieux que jamais, alors ils s'étaient finalement décidés à devenir propriétaires à Pré-au-lard.

Ce matin là était un grand jour. Les nouvelles sessions de gamins de Poudlard n'allaient pas tarder à arriver pour leur première sortie au village sorcier. Il ne pouvait exister de jour plus ensoleillé, faste et joyeux.

Toutes leurs connaissances avaient été invitées - évidemment, il y aurait toujours des places vides autour des tables comme dans les cœurs. La guerre avait fait des ravages dans chaque famille, également chez les Weasley, pourtant chacun se permettait de reprendre goût à la vie... goût à l'amour.

Les couples fleurissaient dans l'assemblée.

Ginny tenait la main d'un Blaise Zabini un peu renfrogné d'être en si joyeuse compagnie. Harry ne s'étonnait même plus de ne rien ressentir à les voir ensemble. Et puis il fallait dire ce qui était : ils s'accordaient à merveille.

Harry avait tout analysé, il y a des mois de cela, quand il avait compris qu'il avait perdu irrémédiablement la sœur de Ron : il avait laissé la jeune fille comme une vulgaire potiche en arrière à s'occuper des blessés pendant que lui parcourait les champs de batailles et autre à la recherche des Horcruxes. Il l'avait tout bonnement jetée hors de ses priorités. Ginny était loin d'être le genre de fille qui attend sagement que son homme rentre au bercail une fois fatigué du devoir accompli. Alors, lorsque le beau Zabini, tout en haine et en arrogance déchues, était venu s'enrôler du côté de l'ordre, leur histoire avait tout de suite fait des étincelles – certes ça n'avait pas été l'idylle entre eux au départ, mais peu à peu... l'amour avait trouvé son chemin dans leurs cœurs.

Oui, l'attrapeur avait souffert de la situation au début. Il était à peine sorti quelques semaines avec la rouquine mais il l'avait pourtant crue acquise pour des siècles et des siècles d'amour intarissable. Il était tombé de bien haut, une fois la vérité découverte, et il s'était alors jeté avec plus d'entrain dans la bataille.

A présent, il pouvait se l'avouer : il ne s'imaginait plus du tout aux côtés de la jeune fille en tant qu'amant. Il se demandait même, parfois, s'il avait été réellement amoureux de la jolie rouquine ; mais il chassait bien vite ces questions-là de son esprit car après tout, il n'en avait plus rien à faire...

Il y avait d'autres couples. Luna et Neville étaient présent bras dessus, bras dessous, portant tout les deux le même chapeau représentant des oreilles de loup pour l'un et de renard pour l'autre ; les deux paires étaient particulièrement poilues. Plus qu'un accessoire de mode étrange, Neville et Luna affirmaient qu'il entendait des choses étonnantes. Eux aussi était un couple singulièrement réussi : Luna communiquait une très grande assurance à Neville qui avait bien changé depuis les années Poudlard et Neville était devenu hyper protecteur envers Luna et il n'hésitait pas à rabattre le caquet à quiconque se foutait de leurs gueules d'allumés.

Il y avait également Kingsley Shacklebott et Tonks, qui attendait un bébé, rayonnante sous sa coupe de cheveux afro aux couleurs rose et or pétantes. Deux ans plus tôt, après la guerre, Lupin était reparti, sans un regard en arrière pour la métamorphomage. Merlin seul savait où ! Certains racontaient que le lycanthrope recherchait la planque de Severus Snape, dont il regrettait les potions tue loup. L'agent double étant impossible à innocenter aux yeux du Ministère depuis la mort de Dumbledore, il n'avait eu comme unique recours que la fuite - mais cela était loin de lui déplaire si l'on en croyait les lettres qu'il envoyait de temps à autre à la nouvelle directrice de Poudlard, Minerva MacGonagall.

Fleur, Bill et leur petit vélane, Jonathan, étaient avec la veuve Molly en Égypte entre quelques fouilles archéologiques.

Hagrid habitait à présent dans le sud de la France où il coulait des jours heureux aux côtés de madame Maxime. Son frère Graup adorait la mer méditerranée, racontait le demi géant dans ses lettres.

Harry dénombra encore quelques couples , se disant qu'il était bien plus agréable de faire l'énumération des amoureux que de compter les disparus, avant d'en arriver à son préféré : Hermione et Ron.

Hermione était resplendissante. Pendant que Ron tenait la boutique – ce qu'il adorait - la jeune fille prenait des cours dans une université Moldue et était en même temps assistante dans un cabinet d'avocat sorcier. Il n'y avait pas d'école supérieure dans le monde sorcier en Angleterre et encore moins dans un domaine aussi peu magique que le droit.

Ron, grâce à la boutique de Quidditch, leur avait acheté un joli appartement à Londres, près de l'université et des grandes bibliothèque.

Ses meilleurs amis filaient le parfait amour dans une parfaite petite vie, et cela le rendait très heureux pour eux.

En attendant, lui, il était toujours désespérément seul...

OoOoOoO

Harry poussa un soupir à fendre l'âme.

Au bout de quelques heures, l'atmosphère un peu trop joyeuse de la fête commençait sérieusement à lui peser. Cela n'échappa pas à son ami Ron qui lui conseilla de quitter la cohue en douce et d'aller chercher son nouveau balai pour faire un test aérien au dessus de Poudlard – pour lui rappeler de bons souvenirs.

L'idée était tout bonnement magnifique et Harry s'empressa de suivre les indications de son meilleur ami. Il se dirigeait vers le magasin de Quidditch qu'il avait donné à Ron, les mains dans les poches et la tête déjà dans les nuages.

Comme il s'y attendait, un groupe de jeunes sorciers minuscules bavaient devant la vitrine et son magnifique balai de course en exposition.

Harry sourit avec nostalgie, s'apprêtant à entrer dans le magasin lorsqu'une intuition bizarre le fit suspendre son geste en plein vol.

C'était une sensation visuelle, une impression de lumière sur son côté gauche, exactement comme lorsqu'il lui semblait apercevoir le vif d'or, à la différence que la scène se déroulait dans un ralenti extrême.

Harry tourna lentement son regard vers la cause de cette sensation étrange. Et, tout à coup, le temps sembla se figer complètement. Les enfants au ras de la vitrine n'existaient plus, le son de leurs gémissements de convoitise avait aussi disparu. Le décor lui-même semblait s'être volatilisé en une brume inconsistante.

Il ne restait rien de la scène à part cet homme qu'il était certain de reconnaître, et toute son attention était focalisée sur cette personne.

Dans la fraction de seconde qui suivit, plus que l'identifier, son nom et la personne qu'il avait été s'imposèrent à son esprit.

Draco Malfoy !

Il avait énormément changé tout en restant le même. Il était devenu un homme d'une très grande beauté froide, plus Malfoy que jamais. Sa chevelure était bien plus longue qu'autrefois mais elle arborait toujours le même blond, si pâle qu'il en paraissait irréel. Sa coiffure, par contre, était différente : ses cheveux restaient libres de tomber de part et d'autre de son visage sans l'entrave d'un gel quelconque. Sa taille était plus haute et fine encore que dans le souvenir d'Harry et son élégance était, quant à elle, parfaitement intacte.

Malfoy se tenait désinvolte, les mains dans les poches d'une grande redingote noire aux détails discrets très bien coupée, d'une finition irréprochable.

Il se tenait ainsi devant la vitrine. Son menton et la partie basse de son visage étaient enfoncés dans une écharpe toute aussi noire que le reste de ses vêtements, enroulée plusieurs fois autour de son cou. Son expression était probablement indéchiffrable à cause de cela, mais, lui, il paraissait bien plus connoter l'absence de sentiments que l'envie.

« Malfoy ? » appela Harry sans y croire. Il avait toujours cru que l'ex Serpentard était en prison à Azkaban. Ne s'était-il pas rendu au Ministère il y a deux ans ?

Malfoy se figea au son de sa voix - il l'avait sans doute reconnue - avant de tourner son visage avec une lenteur toute calculée vers lui.

Ses yeux...

Ils étaient dissimulés derrière de jolies mèches blonde délavées mais Harry voyait que, malgré leur couleur identique à celle d'autrefois, ils n'avaient plus du tout les mêmes expressions - un manque d'expression serait plus juste en l'occurrence.

Harry allait parler encore une fois, il avait la vague impression que Malfoy était devenu un animal sauvage. Il avait l'étrange sensation qu'il avait envie d'apprivoiser cet animal majestueux et mystérieux.

Il s'était rendu compte d'une chose, trois ans auparavant : Malfoy était un tenant de sa vie d'adolescent, Malfoy était l'une de ces personnes importantes qui font que l'on sait ou se positionner par rapport aux autres et à leurs regards, leurs jugements. Il avait évolué grâce à lui, quelque part celui-ci l'avait façonné.

Malfoy était un tenant de sa vie.

Harry avait toujours eu envie de le revoir, de savoir ce qui lui était arrivé. Il avait toujours eu envie d'essayer de réparer… quelque chose.Que ce quelque chose soit parfaitement déterminé, analysé, lorsqu'il le reverrait.

Et voilà qu'il était en face de lui ! C'était le moment où jamais !

« Malfoy, je… » commença-t-il en s'approchant de lui doucement.

Il ne put jamais terminer sa phrase car Jeff sortit en trombe du magasin en hurlant aux gamins d'arrêter de poser leurs doigts graisseux et leurs nez morveux sur la vitrine.

Harry détourna le visage une fraction de seconde de Malfoy, un instant fragile s'était rompu. Lorsqu'il se tourna à nouveau vers là où il s'était tenu, le blond habillé de noir avait disparu… transplané sans aucun doute.

Harry oublia aussitôt son balai et ses fabuleuses promesses de vol. Il courut aussi vite qu'il le put vers la fête devant le magasin des jumeaux. Il appela Hermione et trouva enfin la jeune fille assise sur un banc à l'ombre d'un vieux chêne. Elle lisait un livre à l'écart de la cohue générale.

« Hermione ! » fit-il en s'avançant vers elle, un peu essoufflé d'avoir couru. « Hermione, j'ai vu Malfoy ! »

« Ha bon ? » s'étonna-t-elle à peine en refermant son livre, en maintenant la page avec son pouce. « Vous vous êtes parlé ? »

« Non, je n'ai pas pu. Il a aussitôt transplané. Mais Hermione, il n'est pas censé être à Azkaban ? Je croyais qu'il avait entre trois et cinq ans de prison à purger et… »

« Harry, il est sorti de prison il y a pas mal de temps, tu sais. En fait, il n'a fait que deux ans et encore. »

Harry s'assit à côté d'elle et l'invita à tout lui raconter sur l'ex Serpentard – il aurait mieux fait de bien lire la gazette du sorcier, cela lui aurait évité d'être embarrassé.

« Et bien, tu te rappelles, il y a eu ces arrestations de Mangemorts. Ils sont allés à Azkaban et Malfoy père a été tué dans une rixe entre détenus. »

« Oui, je m'en rappelle. Après ça… la mère de Draco s'est suicidée en écrivant une lettre au ministère en implorant d'accorder à son fils la liberté si jamais il venait à se livrer de lui même. Elle disait que Draco était forcé par Voldemort d'être un Mangemort, qu'on menaçait sa vie et sa famille, et qu'avec la mort de Lucius et la sienne, il n'aurait plus aucune raison de le servir. Elle était persuadée que son fils se rendrait de lui même. » acheva Harry dans un souffle. Il n'aimait pas reparler de tout cela.

Hermione acquiesça avant de parler sombrement.

« La mère de Draco l'a sans doute sauvé. Elle a du lui écrire une lettre à lui aussi, lui demandant d'exécuter ses dernières volontés et Draco s'est rendu, le lendemain. Il avait transplané au ministère sans offrir de résistance. Il a dit tout ce qu'il savait sur Voldemort et aussi tout ce qu'il avait été forcé de faire. C'est pour cela qu'il a été enfermé à Azkaban – il a fait des choses… atroces, mais sa peine est plutôt courte. Je pense que c'était aussi l'un des meilleurs moyens de le protéger. »

« Enfin, façon de parler. » la coupa Harry. « Son père est mort lynché à Azkaban, tout de même. »

« Les Aurors ne pouvaient pas savoir que Lucius était très gravement fautif aux yeux des Mangemorts. Bien sur, Draco n'a jamais été mélangé aux autres détenus, sinon il serait mort depuis longtemps. »

« Et alors, quand est-il sorti ? Et pourquoi si tôt? » demanda le brun.

« Le ministère est venu en délégation à Azkaban. Comme il n'y avait plus personne pour s'occuper des affaires des Malfoy, la fortune de Draco s'écroulait de plus en plus. Ils lui on proposé de le libérer plus tôt de prison en échange de quoi le ministère prenait momentanément une grande part sur l'héritage qui lui revenait. »

« Et il a accepté ? Il leur a donné quoi ? »

« Je n'en sais trop rien. En tout cas, Malfoy est sortit de prison il y a à peine moins d'un an. Les sociétés Malfoy sont aux mains du ministère pour dix ou quinze ans. Ensuite, ils les lui rendront. »

« Et depuis ce temps, jamais Malfoy ne s'est manifesté ? »

« Pas que je sache. Je ne savais même pas qu'il était en Angleterre. » fit Hermione en réfléchissant sur toutes les gazettes du sorcier qu'elle avait lu depuis. « Je ne me souviens d'aucun article sur lui et j'ai du mal à imaginer Draco se faire discret à ce point – même s'il a changé. Je ne peux pas l'imaginer aussi différent d'avant. C'est pour ça que je le pense dans un autre pays. »

« Ok, merci Mione. » fit Harry en se levant.

« Tu ne devais pas voler sur un balai fabuleux, toi ? »

« Si… mais voir Malfoy… ça m'a fait comme un choc. »

« Il était comment… physiquement ? Arrogant, détestable de grandeur ? »

« Non… non, il était… plein de secrets. Un peu sauvage… Il avait le visage dissimulé derrière ses cheveux et son écharpe. »

« Ce n'était peut être pas lui ? » se demandait la brunette qui n'arrivait pas du tout se représenter un Draco Malfoy se dissimulant dans son écharpe.

« Je… peut-être. » concéda Harry en pensant exactement le contraire.

Il ne savait pas vraiment pourquoi il avait fléchi devant Hermione ni pourquoi il dissimulait sa soudaine frénésie. Il ne s'en était pourtant pas caché en sixième année, loin de là.

Harry fit le chemin inverse, espérant croiser de nouveau la haute silhouette noire et blanche de Malfoy.

Il ne le revit pas ce jour là ni les suivants.

OoOoOoO

Lorsque Harry revit Draco, la seconde fois, beaucoup de temps s'était écoulé – presque une année entière.

Au début, le souvenir de Draco avait hanté Harry.

Il était allé voir Colin Crivey chez lui et le pauvre garçon n'en revenait pas. Il avait laissé tant de messages à Harry sans jamais avoir de retour. D'ailleurs, aucun journaliste n'en avait – l'attrapeur les évitait comme la peste et le choléra réunis, préférant la gloire bien méritée d'une victoire sur le terrain.

Pourtant, chose incroyable, Harry avait promis une interview exclusive au jeune journaliste s'il dégotait des informations sur le dernier des Malfoy.

Un mois après de rudes recherches, Colin l'avait contacté très penaud, lui avouant qu'il n'avait rien trouvé, rien de rien.

Le Manoir Malfoy était vide et condamné. Personne n'y allait jamais, aucune lumière aux fenêtres, aucune fumée au dessus des cheminées. Le lierre avait même commencé à envahir chaque ouverture.

C'était devenu une demeure véritablement lugubre et… morte.

Pas de nouvelles de Draco Malfoy dans les hauts cercles de la bourgeoisie et de la noblesse sorcière, pas non plus de ragots glanés dans l'allée des embrumes, absolument rien.

« Pour être tout à fait franc, Harry. » avait dit le jeune homme. « Je ne pense pas que Draco soit toujours en Angleterre ni même en Irlande. Ce serait logique en fait, compte tenu de ce qu'il a vécu, il préfère sans doute être là où on ne lui connaît pas ses actes. Je pencherais pour l'Amérique mais il était bon élève, il peut avoir appris n'importe quelle langue. Il est encore suffisamment riche pour voyager ou bon lui semble, il peut être n'importe où. Je suis désolé, mais ça dépasse mon cadre de compétences. Je ne suis que journaliste sportif. » avait-il achevé découragé.

Pour le remercier d'avoir essayé, et Merlin savait que Colin avait tout tenté, Harry l'avait autorisé à le prendre en photo puis il la lui avait dédicacée, magnanimement.

« Si un jour tu as du nouveau, rappelle toi de ma proposition, Colin. » avait lancé Harry avant de prendre congé du blondinet quasiment hystérique du cadeau.

Il y en avait qui ne changeraient jamais…

OoOoOoO

Les mois s'étaient écoulés et Harry avait fini par repousser le mystère Malfoy dans un coin de son esprit, un petit coin rêveur et plutôt triste d'être seul mais un tout petit coin quand même.

Il fallait dire qu'il était à présent l'attrapeur de l'équipe nationale d'Angleterre, et cette année là se jouaient les présélections à une nouvelle coupe du monde de Quidditch.

Harry adorait sa nouvelle vie, pour lui, il y aurait à jamais sa vie d'avant, sa vie d'après, et la mort de Voldemort qui en était la charnière.

Il était un joueur mondialement reconnu, son image de sauveur se gommait complètement lorsqu'il enfourchait son balai flamboyant pour poursuivre le vif d'or.

Il voyageait avec de bons camarades dans le monde entier. Il jouait des matchs plus passionnants les uns que les autres et avait ensuite tout le temps de faire la tournée des villes dans lesquelles ils descendaient.

Il en avait vu des tas et des singulièrement magnifiques, chacune dans leur genre, et toujours majoritairement moldues : New York, Tokyo, Bombay, Rio, Fès et, à présent, il était dans la ville la plus romantique du monde, Paris.

Il était parti visiter avec Mary et Steph, deux poursuiveurs particulièrement friands de culture locale. Ils avaient vu la tour Eiffel et son Champ-de-Mars, l'arc de triomphe et les Champs-Élysées, les douces rives pavées de la Seine avec ses petits kiosques à vieilleries et ses nombreux ponts.

Au bout de quelques heures, Mary disparut dans une enfilade impressionnante d'enseignes de vêtements chics tandis que Steph rejoignait le reste de l'équipe très occupé à boire dans des bars cosy du marais.

Harry, quant à lui, suivit son inspiration et préféra continuer à déambuler tout seul, se laissant envahir par la tendre atmosphère d'une après midi parisienne doucement ensoleillée.

Naturellement, il se dirigea vers le Louvre pour voir, au moins une fois dans sa vie, les tableaux magnifiques peints par les virtuoses du monde moldus

– c'était autre chose que les croûtes animées de Poudlard.

Harry savait qu'il était illusoire de vouloir admirer toutes les oeuvres en à peine quelque heure. Alors ne prenant pas en compte la carte qu'on lui avait fournie à l'entrée de la pyramide de verre, il se laissa emporter de ci de là à travers les immenses allées dorées du Louvre.

Les artistes saisissaient la perfection de l'instant sur leurs toiles. Ils s'étaient lancés dans des combats contre eux-même pour le style et le genre.

Harry, un sourire au lèvre, imaginait un tableau de Botticelli particulièrement magnifique en train de bouger sur les murs de Poudlard. La vierge Marie aurait sur le visage un état de grâce forcement plus imparfait. Elle grognerait après l'enfant Jésus, ne sachant comment s'en débarrasser lorsqu'elle voudrait aller se saouler avec les moines gras qui gardaient la salle commune des Poufsouffles. L'enfant se retrouverait souvent ballotté dans n'importe quel tableau, même dans celui du chevalier du Catogan, et se serait un véritable désastre pour la chaste chrétienté.

Pas que Harry en ait quelque chose à faire, il ne croyait pas en Dieu, il n'y avait jamais cru. Mais les tableaux, c'était autre chose. Ce n'était pas Dieu qui s'affichait sur la toile mais les merveilles dont étaient capables la main de l'Homme. Les tableaux étaient anciens et la religion fortement omniprésente. Même sur des sujets comme le radeau de la méduse, des hommes et des femmes levaient les mains vers le ciel, des suppliques plein les lèvres.

Harry était plus perdu dans ses pensées que véritablement admiratif. Ses yeux étaient posés sur des détails, une touche de peinture blanche, qui de près semblait avoir été jetée nonchalamment, un peu au hasard, mais qui dans l'ensemble faisait une jolie lumière sur un collier en or sur la poitrine d'une jeune fille.

Le brun s'arracha à sa contemplation et poursuivit sa route, les mains dans les poches, le regard errant de droite à gauche sur la suite sans fin de tableaux.

C'est alors que se reproduisit cette sensation étrange.

Cette sensation qui lui donnait l'impression figée d'être appelé par une lumière étouffée issue d'un coin sombre.

Harry tourna la tête lentement vers la droite et, déjà, il s'attendait à le voir.

Un jeune homme blond pâle était assis sur l'une des banquettes rouges et molletonnées à souhait. Devant lui, un quelconque tableau, Harry n'en avait cure à l'heure actuelle.

Le jeune homme était grand et mince, ses large épaules bougeaient un peu et son visage était incliné sur quelque chose.

Harry s'approcha doucement pour regarder par dessus sa longue silhouette masculine.

Le jeune homme tenait un grand carnet de croquis aux pages jaunâtres sur lequel il dessinait frénétiquement à l'aide d'une grosse mine de plomb grasse.

Harry était hypnotisé par cette main fine et terriblement sûre d'elle qui volait par dessus le papier en écrasant brutalement la mine, laissant des traits noirs bien prononcés, presque gravés, posant des nuances par des hachures plus ou moins rapprochées.

Le dessin représentait une femme au vêtement arraché sur la poitrine qui brandissant un drapeau dans un ciel noir, une baïonnette à la pointe acérée dans l'autre main.

C'était la liberté que dessinait Draco – car c'était bien lui.

« Je n'aime pas que l'on observe ce que je fais par dessus mon épaule ! » fit la voix cassante du jeune homme dans une langue que Harry ne comprenait pas, le français.

Harry était sidéré et abasourdi : le type devant lui avait les cheveux coupés au bol et franchement rasés de prés sur la nuque, ses vêtements était moldus, incontestablement sportwear, il dessinait et il parlait français !

Et pourtant ! Ce type était Draco Malfoy !

« Je n'aime pas que l'on observe ce que je fais par dessus mon épaule ! » fit la voix cassante du jeune homme dans une langue que Harry ne comprenait pas, le français.

Harry était sidéré et abasourdi : le type devant lui avait les cheveux coupés au bol et franchement rasés de prés sur la nuque, ses vêtements était moldus, incontestablement sportwear, il dessinait et il parlait français !

Et pourtant ! Ce type était Draco Malfoy !

« T'es dur de la feuille ou quoi ? » s'impatienta Draco, toujours en français, refermant son carnet avec impatience et se retournant brutalement prêt à en démordre avec l'impoli qui empiétait sur son espace vital.

Lorsqu'il croisa le regard d'Harry, son visage colérique changea du tout au tout. Il passa de la stupéfaction fugace à un masque de froidure impénétrable.

« Potter. Quel… heureux hasard.» fit-il parfaitement ironique en se redressant superbement dans ses basquets, jean taille basse délavé et tee-shirt coloré.

Au début Harry acquiesça, ne sachant que dire tant il était encore sous le choc de sa soudaine et heureuse découverte. La petite parcelle rêveuse de son esprit s'était soudainement remise à pulser de désir. Puis, enfin, il désigna le carnet de croquis que Draco tenait sous le bras du bout des doigts.

« Tu dessines ? » demanda-t-il.

« Je ne vois pas en quoi ça te regarde. » claqua la voix du blond. Impulsivement, il avait encore parlé en français mais Harry avait compris à son intonation qu'il ne souhaitait pas s'étendre sur le sujet.

« Alors tu habites en France ? Chez les moldus ? » continua Harry en montrant la marque célèbre sur le torse de Draco qui éclata d'un rire complètement dépourvu de joie.

« Te fous pas de ma gueule, pauvre tâche. » railla-t-il enfin, se décidant à parler en Anglais - du moins partiellement.

Le blond commença à s'en aller d'une démarche souple et volontaire qu'Harry lui connaissait bien.

Jamais l'ex Gryffondor n'avait eu plus l'impression que Draco était devenu un animal sauvage. Son désir devenait envie de conquête et déplaça ses palpitations dans sa poitrine. Il voulait connaître le mystère Malfoy. Il le voulait… ardemment.

«Avant, tu ne m'insultais pas dans une autre langue, tu me regardais dans les yeux et tu ne me fuyais pas. » fit Harry, désinvolte et un brin moqueur.

La silhouette de Draco se figea et frémit avant de revenir vers lui avec une fougue qui remua les entrailles du survivant.

« Et après, Potter ? Qu'est ce que ça peut te faire la façon dont je t'insulte, si j'ai changé de vie et comment je m'habille ? Qu'est ce que t'en as à foutre que je dessine, que je parle le Français ou de quoi que ce soit en rapport avec moi ? J'ai une information pour toi, Potty : t'as plus besoin de fouiner sur mon compte ! Et je t'emmerde ! »

Après ça, Draco transplana sans autre forme de procès. Le bruit fait par sa volatilisation attira le regard courroucé de quelques moldus sur l'attrapeur anglais. Personne n'avait rien vu de la disparition.

Harry se concentra longtemps sur les effluves de magie qui flottaient autour de lui. Il se saisit de sa baguette et lança un sort discrètement, du fond de sa poche, pour repérer la destination du transplanage.

Il était pratiquement impossible de repérer une destination correctement dans un lieu fréquenté sans cesse par des sorciers, mais dans un musée moldu la chose était très aisée.

Harry hésita à peine avant de transplaner à la suite de Draco, se moquant de la réaction que cela pourrait entraîner auprès des moldus, son esprit étant uniquement tendu vers un seul objectif, un mystère, son ennemi déchu.

OoOoOoO

Les coordonnées qu'il avait ressenties dans le musée l'entraînèrent dans ce qui semblait être l'une des suites d'un vieil hôtel particulier singulièrement luxueux.

Harry, tout en prenant conscience de son geste, observa le salon dans lequel il venait de transplaner. Les murs étaient faits de boiseries peintes en blanc et bleu clair, les rideaux aux fenêtres étaient fixés par des cordons à pompons dorés, et le parquet au sol était si parfaitement lustré que les meubles style Louis XV s'y reflétaient comme dans un miroir veiné de bronze. Le soleil diffusait avec abondance une lumière orangée au travers d'une rangée de plusieurs fenêtres qui donnant sur une vue magnifique de Paris. Une table basse, des fauteuils et des canapés, faits du même bois clair et du même tissu bleu que le reste, étaient alignés en cercle, devant une cheminée de marbre blanc. Le carnet de croquis de Draco était posé sur l'un de ces fauteuils.

Un bruit venu de derrière une porte entrouverte le fit sursauter subitement. Presque immédiatement, il entendit le son reconnaissable de quelqu'un qui transplane derrière lui, et une pression de baguette se fit instantanément sentir dans son dos.

« Merde. Pourquoi tu m'as suivi, Potter. » gronda froidement Draco en appuyant sa baguette dans la chaire d'Harry.

« Je voulais te parler. » murmura le brun, se voulant rassurant.

« Et si je n'avais pas envie de te voir et de te parler ? Et si je ne voulais pas de ta présence ici, chez moi ! »

Harry sentait que Draco s'énervait de plus en plus mais il se força à ne pas dégainer sa baguette à son tour – après tout, il n'aurait que ce qu'il méritait s'il se faisait expulser comme un malpropre. Il se retourna lentement vers le blond en levant les mains à hauteur de poitrine, les paumes largement ouvertes.

Il avait la vague impression de se faire braquer à la manière des films policiers moldus, et cela l'amusa. La situation était pourtant dangereuse, il n'avait jamais sous-estimé Draco Malfoy et ce n'était pas en le voyant doté de ce regard de loup déterminé à en découdre avec l'intrus qu'il était qu'il allait commencer.

« Détend-toi, Malfoy. Je ne t'ai pas suivi pour te faire peur, vraiment. » le nargua Harry en souriant doucement.

« Putain d'enfoiré, mais où tu vois que j'ai peur de toi ! » gronda Draco hargneusement en appuyant plus fort sa baguette sur la gorge de Harry, le faisant reculer.

« Je ne comprends pas le français, Malfoy, mais tu m'as l'air franchement à l'aise avec cette langue. Alors tu étais ici, à Paris, tout ce temps ? Je t'ai cherché, tu sais, depuis la dernière fois que je t'ai vu devant le magasin de Quidditch, à Pré-au-lard. »

Draco abaissa légèrement sa baguette et Harry laissa tomber ses bras le long de son corps avec nonchalance.

« Tu m'as cherché ? » demanda le blond, le regard soupçonneux. « Pourquoi tu aurais fait ça ? Tu as bien mieux à faire avec les sélections. »

« Tu savais ? » sourit Harry.

« Évidemment, idiot ! Quel sorcier ne le sait pas ? » s'énerva Draco. « Tu ne peux t'empêcher d'attraper le vif à chaque match et les articles croulent sur toi, même ici. Harry Potter, le sauveur prodige qui révolutionne le monde du Quidditch. »

« C'est bizarre, mais dit comme ça, ça ne semble pas très élogieux. Et puis, je ne gagne pas à chaque fois. »

Draco abaissa complètement sa baguette.

« Depuis que tu as un Ifrit, il me semble que tu voles de vifs en victoires parfaitement à l'aise, Potter. »

« J'adore mon balai, on dirait qu'il me porte chance. » murmura l'attrapeur, un brin gêné. « Je sais, ça fait fétichiste. »

Il ne sut pas pourquoi, mais Draco sourit tout à coup, d'un sourire si franc et rayonnant qu'Harry s'empourpra, soudain envahi d'une douce chaleur dans tout le corps.

Un moment s'écoula sans qu'aucun des deux ne parle. Enfin, Draco se détourna pour cacher son sourire et alla s'asseoir avec superbe dans un canapé, invitant Harry à le suivre – ce que fit le brun, savourant sa petite victoire sur le côté sauvage du blond.

« Alors ? » demanda Draco en agitant gracieusement sa main. « Tu voulais me parler ? De quoi ? »

« Je… » commença Harry soudainement sans voix, sans inspiration.

« Tu me cherchais ? » demanda Draco sans attendre qu'il trouve le reste de sa phrase. Harry acquiesça. « Pourquoi ? » continua le blond, vraiment curieux.

« Je voulais savoir… » souffla Harry.

Le regard de Draco se fit plus acéré mais il n'incita pas Harry à poursuivre.

« …savoir ce que tu étais devenu. » murmura Harry en osant à peine plonger son regard dans celui, glacé, de Draco. « Ce qui t'était arrivé… »

Pendant un moment, Harry eut peur que l'ex Serpentard sorte de ses gonds tant son regard s'assombrissait. A présent, il n'osait plus regarder les yeux gris anthracites, en face, s'attendant à tout moment à se faire éjecter de l'appartement. Il sursauta quand Draco se redressa brutalement en allant s'adosser à une fenêtre, l'esprit dans le vague, une fureur à fleur de peau.

« Je ne vois toujours pas en quoi ça puisse t'intéresser. » grommela-t-il, les bras croisés, franchement revêche.

Harry se leva à son tour, se dirigeant vers Draco lentement, comme s'il avait peur de l'effrayer et qu'il lui échappe à nouveau. Il se rapprocha jusqu'à être tout près de lui, très près… presque trop.

Les yeux gris superbes s'abaissèrent sur lui, à la fois tout puissants et très fragiles. Draco était grand, plus grand que lui. Contrairement à la dernière fois, ses cheveux étaient coupés bien droit au dessus de ses yeux, ne cachant rien de leur intensité.

« Tu m'intéresses… c'est tout. » osa Harry en soutenant enfin son regard. « Tu m'as toujours intrigué. »

Draco souleva un sourcil inquisiteur et un petit sourire sournois vint fleurir aux coins de ses lèvres. Cela enhardit Harry qui s' approcha encore un peu plus près.

Il hésitait à présent mais le souffle du blond sur son visage le rendait moite de désir.

Le bond sourit un peu plus, décroisa les bras et acheva de réduire l'espace entre eux, attirant Harry contre lui afin de l'embrasser doucement.

OoOoOoO

La deuxième fois qu'Harry revit Draco fut le jour où il le toucha réellement pour la première fois de sa vie.

Il y eu tant et tant d'autres fois par la suite… La première fut cependant trop particulière pour ne pas la dissocier totalement des autres en en faisant le début de tout.

De toute façon, cette fois là ne fut pas un commencement, loin de là. Et pour cause, ils ne savaient pas encore que tous les deux, ils s'aimaient. Ils ne savaient pas qu'ils allaient avoir le courage de poursuivre l'aventure qu'était leurs vies ensembles.

Ils savaient simplement qu'ils se désiraient ardemment l'un l'autre, couvant des sentiments qu'ils s'imaginaient à jamais étouffer, trop faibles encore pour les dévoiler.

Cette première nuit fut donnée dans l'idée qu'elle serait une unique fois, une dernière fois. Quelque chose à arracher, quelque chose à garder précieusement, comme un trésor.

Alors ils s'embrassèrent fougueusement, aussi passionnément qu'un baiser puisse l'être, mêlant leurs langues, mêlant leurs souffles et leurs suppliques lourdes de désirs. Leurs mains se firent baladeuses, caressantes, indécentes. Leurs corps devinrent impatients, avides de l'autre, affamés de plus…

Les vêtements furent ôtés comme autant de pétales sur une fleur interdite excitant un désir profanateur.

Les corps se serrèrent, moites, exhalant râles et phéromones troublantes… totalement nus dans un lit.

Mais comment en étaient-ils arrivés là, tous les deux ? N'étaient-ils pas ennemis ?

Non, ils ne l'étaient certainement plus… et cela depuis bien longtemps - ils avaient toujours été bien plus que de simples adversaires.

Tout deux le savaient sans espérer que l'autre le pense également, c'est pourquoi leur première fois ressembla plus à un combat de noyés désespérément amoureux de l'eau qu'à une vraie première fois : tendre, douce et patiente.

Jusque tard dans la soirée, Harry continua à empoigner langoureusement le long corps pâle et délicatement râblé de Draco. Jusqu'encore plus tard dans la nuit, Draco continua à lui faire voir les étoiles de ses vas et viens lancinants et langoureux qui le pénétraient jusque dans son âme.

Harry, entre deux jouissances, adora le fait d'être plus musclé que le blond, plus bronzé aussi. Pratiquer le Quidditch en professionnel, bien souvent torse nu lors des entraînements, l'avait sculpté à son avantage. Mais comme pour la taille, la différence entre eux n'était pas si phénoménale.

Le corps de Draco était un ravissement pour les sens et Harry avait vite fait d'oublier quoi que ce soit en dehors du plaisir.

Finalement, tous deux s'écroulèrent, tremblants et épuisés - corps pantelants d'avoir jouit trop de fois. Ils s'étaient tant vidés le corps et l'âme qu'ils se sentaient tous deux perdus.

Ils s'embrassèrent encore un peu, comme pour se retrouver : des petits baisers sur les yeux et le front, dans le cou, la bouche et les mains… C'était le genre de petits baisers qui ne veulent plus rien dire à part douceur, pardon et je t'aime.

Leurs corps roulèrent sur un côté moins chiffonné du grand lit et la magie rabattit sur eux une couverture d'une agréable douceur, les enveloppant dans un cocon chaud et éphémère, empli de chuchotements légers et futiles.

OoOoOoO

Harry se réveilla le premier, peut être parce qu'il sentait qu'il n'était pas dans son lit. Avait-il vraiment à lit à lui de toute façon ?

Quoi qu'il en soit, le jeune homme observa longtemps le visage du blond qui dormait profondément, lové tout contre lui.

Les lumières pâlichonnes de l'aube rajoutaient un petit air irréel à sa peau et à ses cheveux diaphanes. Ainsi, l'ex Serpentard ressemblait à un ange. Harry savait pertinemment que le blond était tout sauf un être parfait. Il était beau, oui, il était magnifique. Mais il avait le genre de beauté que l'on perçoit chez un loup : surnaturelle, sauvage, attirante mais indubitablement dangereuse.

Lorsqu'il regardait Draco au delà des apparences, il voyait en lui une étendue de neige sur laquelle s'élevaient des arbres, forêt sordide, comme autant de reflets fantômes. C'est au milieu de ces formes blanches qu'il se trouvait : jeune homme trop pâle pareil à un loup. Oui, Draco allait parfaitement avec ce genre de paysages polaires.

Il aurait suffit que le blond ouvre les yeux à ce moment précis pour que le brun se sente irrémédiablement perdu, prisonnier comme si Draco avait été un prince de glace et que sa poussière de verre s'était inscrite à jamais au fond de ses yeux.

Cela ne se produisit pas. Le brun se leva, se dégageant à contre cœur des draps et des bras si paradoxalement chauds et douillets. Harry se sentait incertain à propos de ce qu'il désirait, et complètement malheureux.

Il enfila un caleçon et sortit de la chambre pour rejoindre le salon, là où le reste de ses vêtements jonchaient le sol un peu partout. Il se rhabilla en soupirant.

Il ne savait plus quoi faire. Devait-il partir maintenant ou attendre le réveil du blond ? Partir maintenant était le meilleur moyen d'éviter les problèmes. La nuit avait été parfaite et il voulait au moins qu'elle finisse sans complications – complications qui était certaines d'arriver avec pertes et fracas ! On avait affaire à Draco tout de même.

A l'heure actuelle, Harry avait besoin de réfléchir. De déterminer ce qu'il voulait lui, et aussi comment faire part de ses désirs – de ses espoirs – au blond.

Il ne se sentait pas prêt à faire preuve d'un si grand courage immédiatement. Il n'avait jamais osé demander à qui que ce soit de partager sa vie, et ce n'était pas lorsqu'il en éprouvait le réel désir – secrètement – qu'il allait le faire spontanément.

Oui, il était bien décidé à partir avant que le blond ne se réveille. Il avait l'impression d'être terriblement lâche mais tant pis. Il sentait que tout allait foirer s'il restait.

OoOoOoO

Harry était las de ses pensées.

Il s'apprêtait à transplaner quand ses yeux tombèrent sur le fameux carnet de croquis.

Il hésita à peine avant de s'en saisir pour le feuilleter. Après tout, ce n'était pas comme s'il lisait dans un journal intime, n'est ce pas ? Ce n'était que des dessins…

Il s'assit dans un fauteuil et ouvrit le carnet à la première page. Le choc de son erreur le saisit à la gorge. Il tourna les pages lentement, une à une, et son malaise s'intensifia à chacune d'elles.

Les croquis étaient tous noirs, très noirs !

Quelquefois, il y avait du rouge sang posé en flaque d'encre pour rehausser l'horreur des représentations.

Horreur n'était pas vraiment le mot. Les dessins n'étaient pas si effrayants, mais ils connotaient tous une ambiance, une pensée complètement atroce.

C'était malsain. On sentait dans chaque trait une souffrance, une fureur à exprimer, à graver dans le papier.

Les traits de fusain recouvraient trop souvent la feuille dans son ensemble, laissant seulement quatre petits raies de page blanche vierge dans un grand rectangle. Cette représentation de la porte qui l'avait retenu prisonnier semblait avoir obsédé Draco.

Il y avait aussi ces yeux blancs – parfois rouges - trop en amande pour être humains. Ils étaient fendus de pupilles de serpent et ils revenaient sans cesse, se découpant dans le noir d'aplat monstrueusement glauque lorsqu'on comprenait à qui appartenaient ces yeux là.

D'autres dessins…

Un masque fissuré, fendu, des yeux derrière, une lune cachée par des volutes noirs, la marque des ténèbres grimaçante et d'un style trop naïf, trop épuré, des animaux en ombres chinoises, des landes désertes particulièrement vallonnées de noir et d'encre grise lavée, le manoir Malfoy se découpant sur la feuille, noir crénelé sur blanc velouté, des corps blancs, rouges et nus sans visages distincts et toujours sur ces fonds noir, des chevelures et des fragments de tissus qui dansaient, fantômes blancs sur nuit d'encre.

C'était à se demander pourquoi le dessinateur n'avait pas pris un carnet à pages noires avec un crayon à mine blanche.

Harry supposa, à la vue de ses hachures rageuses et noires, que c'était justement l'acte de noircir qui plaisait à Draco.

Au début du carnet, les représentations étaient presque trop stylisées, les formes étaient anguleuses, hachurées, les traits se chevauchaient au point de devenir presque illisibles, simplement rageur, tout en ambiance.

Puis, au fur et à mesure, les dessins devinrent plus doux, parfois même de simples crayonnés légers d'animaux, de balais, de vifs d'or, de Paris, de corps...

Au fur et à mesure, le cœur de Harry se calma en voyant que le carnet devenait moins noir, plus axé sur le dessin en lui même et à la fin, il y vit, sourire aux lèvres, des croquis de peintures et de sculptures célèbres.

La dernière était la liberté de Delacroix, Marianne à jamais inachevée… à cause de lui. Cela lui plaisait.

Harry tourna une autre feuille et conjura un crayon pour écrire un message à Draco. Il avait pris sa décision. Les dessins, c'était joli mais ça ne suffisait pas.

Salut Draco.

J'espère que tu as bien dormi cette nuit… dans mes bras…

Je sais que ça ne va pas te plaire mais si j'écris dans ton carnet c'est que… j'ai tout osé soigneusement regarder. Du début à la fin. (Ne t'inquiète pas, je n'en parlerai à personne, ni des dessins, ni d'autre chose.)

Tu as un don, c'est certain, mais ce ne sont pas tes croquis, aussi bien soient-ils, qui vont m'en apprendre beaucoup plus sur toi. Au contraire, je suis encore plus curieux de te connaître.

J'aimerais que tu t'ouvres à moi, si tu le veux… Moi je ne veux que toi.

Après avoir fouiné sur ton compte, comme tu le dis, je ne suis pas sûr que tu veuilles me revoir pour autre chose que me foutre ton poing dans ma gueule. Mais j'espère !

Je t'attendrai et tu sais où me trouver. C'est pas bien difficile pour un fan de Quidditch. (Au fait, tu dessines rudement bien les balais ! J'ai reconnu mon Ifrit ! Tu sembles aimer ce balai, toi aussi, pour le dessiner ainsi, sous toutes les coutures.)

Tu vas rire, mais… je crois que… je t'aime.

Ce sont les seuls mots en français que je sache écrire. Je pense que si j'étais resté ce matin, j'aurais appris tout un tas de nouvelles insultes. Tu sembles aimer ça, m'insulter en français. (Quoique hier soir, tu m'as dis certaines petites choses qui ne ressemblaient pas à des injures, il me semble… Je ne sais plus trop, j'étais un peu… ailleurs, à ce moment là. C'était un endroit très bien, tu sais… Je souhaite que tu m'aies dis de jolies choses…)

J'espère te revoir… un jour… Draco...

Harry

Après cela, Harry transplana enfin dans sa chambre d'hôtel, là où toute l'équipe d'Angleterre habitait durant le séjour en France.

Dans quelques heures à peine, ils allaient tous repartir dans leur club en Angleterre et pendant encore un mois et demi, ils allaient continuer à faire des matchs de présélections dans toute l'Europe et des matchs amicaux dans le monde entier.

Si Draco voulait le revoir, il saurait toujours exactement où le trouver.

Il ne lui restait plus qu'une chose à faire… attendre et espérer.

OoOoOoO

La troisième fois qu'Harry revit Draco après la guerre fut quasiment le jour le plus heureux de sa vie.

C'était un soir très chaud, autant pour la température que pour l'ambiance du tout nouveau stade qui accueillait le championnat du monde de Quidditch. L'Australie et son désert central constituait un lieu époustouflant pour dissimuler au monde moldu cette célébration sportive colossale, mais il y faisait terriblement chaud. Cela n'avait pas empêché l'équipe d'Angleterre de gagner tous les matchs, les uns à la suite des autres, jusqu'à les propulser en quart de finale avec les huit équipes sélectionnées de Nouvelle Zélande, Hongrie, Pérou, Kenya, Égypte, USA et Chine.

La victoire n'était pas encore totale, mais c'était déjà si tellement fort d'avoir accompli tout cela qu'Harry flottait sur un parfait petit nuage lorsque son vieil entraîneur, Marc Stern, vint le voir en lui annonçant à moitié bourré – lui aussi fêtait la victoire de son équipe – qu'un type très important envoyé par la Marque Éclair de Feu souhaitait le rencontrer.

Harry était véritablement surexcité à l'idée de saluer un envoyé des créateurs de son balai porte-bonheur - peut-être allait-on lui faire tester des nouveautés. Aussi, lorsqu'il poussa la porte de la loge qu'on lui avait indiquée, il fut quelque peu estomaqué de l'y découvrir lui, Draco Malfoy, superbement habillé de noir, les cheveux un peu plus longs de quelques centimètres mais toujours aussi bien coupés, une écharpe aux couleurs de l'Angleterre autour du cou et un sourire particulièrement mutin aux coins des lèvres.

Harry était encore habillé en tenue de Quidditch, recouvert de sa sueur et de l'adrénaline d'un vol vers la victoire. Il avait toujours son balai rouge lave en main et ses yeux ne quittait pas ceux du blond.

« Qu'est ce que tu fais là ? On m'a dit qu'une personne envoyée par la société Éclair de Feu souhaitait me rencontrer. » débita Harry précipitamment en vérifiant qu'il n'y ait personne d'autre dans la pièce avant de s'approcher doucement du jeune homme. « Je ne comprends pas… Tu es là pour moi ? Ou pour autre chose. »

Le sourire de Draco s'étira un peu plus.

« Tu sais Harry. Tu n'avais pas tord quand tu disais que je pouvais te retrouver, toi, à tout moment.» fit Draco en pointant du doigt l'Ifrit. « Tu es celui qui fait le plus de publicité à ce balai. »

« Et alors ? Je ne vois pas en quoi ça nous concerne. » bougonna le brun qui n'aimait pas que son image lui échappe. « Tu es donc réellement envoyé par les créateurs des Éclairs de feu pour me questionner sur leur dernier balai ? J'espère que c'est pas pour faire une publicité ou pour un article ! »

« Oh non. Les Ifrits n'ont eut aucun besoin de pub ou d'articles pour se vendre. » rit Draco doucement. « Et Éclair de Feu n'a pas besoin de m'envoyer pour questionner la clientèle, même quelqu'un tel que toi, pour avoir des retours. Ils savent déjà que ce balai est parfait, il suffit de te regarder voler avec pour le comprendre. C'est évident. Et puis… c'est moi qui l'ai créé, alors il ne peut qu'être parfait. »

Le temps que l'information soit complètement enregistrée et analysée par le cerveau d'Harry, presque une minute s'était écoulée.

« Quoi ? Tu as créé un balai ? » souffla-t-il admiratif. « C'est vrai ? Tu as créé mon balai ! »

« Si tu avais si bien regardé mes croquis, comme tu l'as prétendu, tu aurais pu le deviner. » railla Draco. « Il y avait même des notes explicatives sur les composants et des coupes, Potter ! »

« Je… pardon. » fit Harry penaud avant d'éclater de rire.

« Qu'est ce qu'il y a ? » se rembrunit Draco en cachant son nez dans son écharpe de supporter.

« Quand Ron saura qu'il m'a offert un balai que tu as fabriqué ! Il était si élogieux ! Il va en être vert ! »

« Ton pote Ron aura d'autres occasions d'être vert. » souffla Draco chaudement avec un petit sourire entendu.

« Ah oui ? » demanda Harry mignonnement.

Draco lui répondit par l'affirmative en l'embrassant doucement, longuement…

« Enfin… si tu en as encore envie, bien sûr. Peut être que tu as rencontré quelqu'un…»

Harry lui répondit d'un baiser fougueux, trop joyeux pour être sensuel.

« Tu es salé. » fit remarqué le blond, amusé.

« Et toi, tu as une écharpe ridicule autour du cou. »

Draco et Harry éclatèrent de rire simultanément avant de s'embrasser à nouveau, plus lascivement.

Draco grignotait le cou de Harry, léchant consciencieusement sa sueur. Il dégagea le petit collier en suçotant le balai d'or monté en pendentif.

« Tu as toujours ce truc ? » remarqua-t-il.

« Et je l'aurai toujours. Je sais que je ne pourrai pas utiliser toute ma vie les même balais alors ils finiront les leurs autour de mon cou, avec une taille de trois centimètre. »

Draco sourit et reprit les lèvres de Harry, échangeant un baiser au goût salé.

« Tu viens dans ma chambre ? J'en ai réservé une pas mal du tout à Sidney. »

Harry acquiesça, impatient, et Draco le serra étroitement contre sa taille pour le faire transplaner dans à son d'hôtel.

OoOoOoO

Au delà de cette troisième fois, Harry et Draco se revirent très régulièrement.

Au début, leurs corps étaient insatiables et ils faisaient l'amour sans cesse, comblant des vides de désir, de tendresse et de passion. C'était ce qui faisait qu'ils se voyaient si souvent.

Harry découvrit un Draco très secret sur lui, toujours aussi mystérieux, presque autiste, sur les périodes noires de sa vie en tant que Mangemort et prisonnier. Le blond lui laissait toutefois regarder ses dessins et il ne rechignait plus beaucoup lorsque Harry caressait doucement la marque des ténèbres sur son bras gauche, blanche et à demi effacée, comme une cicatrice.

Draco, lui, découvrit un Harry très seul et en manque constant d'étreintes charnelles, tendres ou fougueuses. Le brun cachait mal son cœur d'or un peu fragile sous son moral d'acier et son sourire soleil à se damner. Il lui donnait tout, sans attendre en retour un amour, son amour…

Draco continuait à l'appeler trop souvent Potty et Harry répondait toujours qu'il était certainement cinglé d'être amoureux d'une bête sauvage.

A force de confidences sur l'oreiller, Harry sut finalement ce qu'était devenu Draco : il avait rejoint la branche française de sa famille et terminé ses études à Beauxbâtons près de Marseille avant d'emménager définitivement à Paris dans l'une des suites d'un hôtel de sa famille.

Ses pulsions pour le dessin l'avaient pris en prison. Sur la porte d'acier rouillé, à l'aide d'un morceau de fer pointu, il avait alors dessiné comme on s'arrache le cœur. C'est de là que lui venait son style très tranchant, incisif, un peu stylisé. A chaque fois que les gardiens lui passaient ses repas, ils faisaient disparaître les dessins gravés et, tous les jours, il recommençait. C'était comme ça qu'il avait tenu et quand il était enfin sorti, il n'avait d'abord su que continuer à dessiner sans cesse comme si tracer la noirceur de ses pensées était une drogue.

Il avait réessayé de voler, mais il ne voulait plus jouer en équipe, il ne voulait plus être mêlé aux autres alors il avait commencé à s'amuser à dessiner puis fabriquer un balai de rêve, un balai parfait. Cela lui avait pris des mois et finalement il avait présenté son prototype à plusieurs entreprises. Éclair de Feu était celle qui l'avait acheté le plus cher et lui avait donné un atelier à lui pour le mettre au point. Il avait construit lui même les dix premiers et il avait gardé le numéro cinq. Il avait fait en sorte que Weasley l'achète, il s'était bien débrouillé sur ce coup là. Harry fut estomaqué d'apprendre que Draco avait tout fait en sorte pour qu'il ait son balai en main.

« Quand je l'ai fabriqué, je pensais à toi, tu sais ? Tu étais… mon rival, tu ne peux pas savoir à quel point je t'ai observé. » avait un jour dit Draco. « Je voulais faire un balai qui te ressemble… qui ressemble à du feu. »

« C'est réussi. La couleur du bois, lorsqu'il fait beau, m'éblouit presque. » s'extasiait Harry. « Mais bon, je repère tout de même le vif alors on ne m'engueule pas trop de m'extasier sur le manche que j'ai entre les jambes. Et, au fait ! Pourquoi l'as tu appelé Ifrit ? »

« C'est un colosse de feu, une sorte d'entité faite de flamme. » fit Draco pensif. « Je pensais que Granger t'éclaircirait sur ce sujet. »

« Elle ne s'intéresse pas tellement au Quidditch. Lorsque je la vois, elle me parle des affaires que le bureau d'avocat lui confit et aussi qu'elle ne sait plus vraiment où elle veut exercer. »

« Comment ça ? »

« Et bien, le monde sorcier ou moldu. Elle hésite. »

Draco avait beaucoup ri cette nuit là.

OoOoOoO

La coupe du monde s'acheva sur une finale impressionnante entre la Nouvelle Zélande et l'Angleterre, soldée par une fantastique victoire plus que prévue des saxons. Suite à cela, Harry fut plus que jamais poursuivi par la presse mondiale mais jamais il n'avait voulu donner d'interview, et il n'allait pas commencer à cause d'une victoire mondiale. Il ne se satisfaisait de la célébrité que lorsqu'il était acclamé sur un stade, aussi Harry et Draco saisirent cette chance pour disparaître ensemble pendant deux mois complets : des vacances bien méritées pour les joueurs de l'équipe victorieuse.

Deux mois de vie commune les lièrent bien plus que les nuits de sexe effrénées ne l'avaient fait.

Lorsque Harry reprit ses entraînements de Quidditch, Draco et lui quittèrent définitivement la France pour s'installer à Londres, ensemble…


OoOoOoO

A suivre…

OoOoOoO


Voilà, c'est fini. J'espère que vous, lecteurs, n'êtes pas trop déçus par ce premier chapitre et que pour vous, auteurs, il vous semble propice à notre fabuleuse coé.

Lemon, tu es la deuxième, j'espère que tu vas t'éclater avec cette comparaison de Dray à un loup.

Voilà !

Bisous à tous !

Leviathoune