Auteur : Leviathoune

Bêtalecteur : La très gentille Juno Chan que je remercie encore une fois.

NDA : Un p'tit chapitre pour les fêtes, ça vous tente ? Bonne lecture !!!

Résumer : Draco s'est enfui de la base, il avait tout prévu pour réussir son coup. Lysaï et lui se sont séparés à l'aéroport afin que Draco aille en Ukraine sans se servir de sa magie qui risquerait de le trahir.

Draco's Deturn, chapitre 14 : Au coin du feu

L'atterrissage fut bien pire que le décollage. Lorsque l'avion s'incline et que le sol se rapproche, en tant que passager on ne peut absolument rien y faire mais finalement les roues rejoignent la piste sans encombre. C'est une sensation absolument horrifiante que je devais pourtant revivre : à nouveau un décollage à Londres, puis un autre atterrissage à Kiev. Je sortis de ces expériences tremblant et livide.

A présent, je suis dans un vieux bus Moldu qui m'entraîne, ronflant et crapahutant au sud-ouest du pays, sur des routes pas même goudronnées dans la région de la Bucovine. Je suis blasé des engins Moldus et des Moldus eux-mêmes, je crois. J'en suis venu à les considérer, presque, comme des personnes faisant partie intégrante de mon monde. Du monde, en fait. Je les regarde, ces Moldus de l'Est et ils me semblent familiers. Les tenues des vieilles personnes ont presque quelque chose de sorcier tant elles semblent folkloriques et les jeunes gens sont très soignés : les cheveux savamment arrangés et les vêtements assez chics. Et puis surtout, ils sont vraiment beaux, rien à voir avec les anglais, et d'une façon presque aristocratique ce qui est aussi le cas de l'architecture : jolie, ancienne mais pas du tout délabrée.

Le bus quitte les paysages de campagnes enneigées et entre dans Tchernivitsi, dans l'une de ces larges avenues boueuses à cause du trafique plus fréquent de la ville et se gare le long des grands trottoirs pavés. Je lève les yeux vers ces belles façades d'immeubles soviétiques, atemporelles. Ce n'est pas étonnant que ces terres immuables soient celles que les vampires préfèrent investir. Le monde ne semble pas fuir vers sa destruction, ici.

Je réajuste la lanière de mon sac-à-dos et cherche un petit hôtel bon marché. J'entre dans l'un d'eux, une vieille petite chose pittoresque et un peu miteuse, et me dirige vers l'accueil. Je n'ai aucun mal pour me faire comprendre de la vieille hôtesse – l'Ukraine est un pays complètement polyglotte : on y parle Ukrainien, bien sûr, mais aussi Roumain, Allemand et enfin Russe. Elle veut que je paye en cash et je lui montre mes livres sterling. La dame me fait une drôle de tête et me crache qu'elle ne veut que des hiryvnias mais je lui propose, au terme d'un calcul hasardeux, le triple du prix de la chambre et elle finit par accepter en grommelant que son petit-fils pourrait en avoir l'utilité lors de ses voyages.

« Неужели вы хотите поесть, молодой человек ? » me demande-t-elle en désignant la pauvre carte que propose leur table.

Je l'avise puis réponds par l'affirmative. Ainsi, mon repas est assuré.

Je monte mes bagages dans un dédale de petits escaliers de bois vers ma chambre, au troisième étage. C'est une petite pièce cossue composée d'un lit deux places, d'un petit salon avec une cheminée qu'une bonne habillée en soubrette désuète s'emploie à allumer et d'une salle de bain attenante.

La soubrette déserte enfin ma chambre, je file prendre une bonne douche et change de vêtements, délassé. Puis je m'installe et me languis dans mon canapé devant le nouveau feu ronflant, qui achève de sécher mes cheveux, le fixant pensivement.

J'y ai beaucoup réfléchi – durant toute la matinée en avion, durant toute l'après-midi en bus... Au moyen de contacter Potter. Je sors le collier que je porte autour du cou. Le pendentif-clocheton ouvre ses crocs et libère ma baguette miniaturisée qui s'agrandit aussitôt dans mes mains. Je pose son extrémité sur mon menton quelques minutes puis me décide. Je lance soudainement un sort vers les flammes qui grandissent et se transforment en phœnix de feu. Il pousse un chant étrange durant quelques secondes puis s'évanouit dans l'air, laissant l'âtre et les quelques buches animés d'un feu rien de plus normal.

Je reste prostré de longues minutes, m'attendant à tout moment à ce que des Aurors transplanent en une masse coléreuse pour venir me combattre férocement, mais rien ne se produisit.

Je soupire et m'étire paresseusement. Peut-être que Potter et ses Aurors n'ont pas des sorts de détections aussi sophistiqués, peut-être ne connaissent-ils pas assez ma fréquence magique ou peut-être encore qu'ils ne me cherchent pas aussi loin de chez eux ? Quoi qu'il en soit, ma liberté s'en trouve prolongée, je ne vais pas m'en plaindre !

J'attrape mon énorme manteau, qui est laid et qui ne tient même pas vraiment chaud dans une telle contrée, et lui lance un sort. Il devient une sorte de parka militaire, noire et épaisse. Elle ne me tiendra pas vraiment plus chaud mais elle me convient mieux. Je jette d'autres sorts : à mon sac-à-dos que je rends plus grand sans vraiment l'agrandir, à mes vêtements que je nettoie et multiplie, à la pièce elle-même que je m'amuse à décorer pour passer le temps. Merlin, la magie me manquait !

Soudain, le téléphone sonne, tonitruant, et manque de me faire mourir de frayeur.

Je décroche, craintif :

« Да ? »

La soubrette me signale que mon repas est prêt, qu'il m'attend au premier étage dans le grand salon.

Je raccroche le combiné et jette un dernier sort à mes cheveux pour les plaquer en arrière avec du gel et enchâsse bien sagement ma baguette redevenue minuscule à sa place autour de mon cou. J'aurais pu la mettre dans ma poche, comme n'importe quel sorcier qui n'a pas besoin de se cacher, mais… je commence à apprécier cette manière de faire qui m'est propre et qui représente bien mon autonomie durement gagnée.

Deux étages plus bas, le repas ne paye pas de mine mais il est tout de même succulent, ou bien est-ce moi qui ne suis plus vraiment difficile ? Quoi qu'il en soit, il y a peu de monde pour diner ce soir. Et la soubrette, s'affligeant de me voir seul, ne peut s'empêcher de me faire la conversation. Et de quel pays je viens ? L'Angleterre ? Merveilleux ! Et qu'est-ce qui m'amène ici, dans ce coin reculé d'un pays qui l'est plus encore ? Le tour de l'Europe ? Comme c'est романтический ! Et que comptais-je visiter ? Les Carpates ? Oh, ils sont tellement прекрасный…

Elle me fit les yeux doux et je réalisais une chose : j'étais là, en train de flirter avec une fille. Cela ne m'était pas arrivé depuis… depuis plus de trois ans : le choc !

Je pris congé de cette pauvre fille fanée dans sa robe noire et son tablier blanc en lui faisant mon plus beau sourire et sortait en ville, d'un pas de conquérant.

Cette nuit là, je me mis à pister la jeunesse Ukrainienne dans les bars, à l'affût d'une autre sorte de repas. Et c'est aux alentours de minuit que je la découvris, cette créature qui me fit saliver comme nulle autre.

Une fille, presque une de déesse, tout droit sortie de mes fantasmes. Pâle, grande et très mince comme une corde de soie, le visage fin, gracieux et sculptural, les cheveux longs et noirs comme une eau de nuit luisante et des yeux bleu foncé, presque marine.

Je l'approche en prédateur. C'est elle que je veux pour briser ce trop long célibat et je ne peux guère le lui cacher mais elle ne semble pas s'en offusquer. Je la drague en accentuant mon accent charmant (mais quel accent ne l'est pas ?), en enjolivant ma situation précaire mais tellement « романтический » de voyageur bohème.

« Je vais repartir bientôt. » je lui souffle à l'oreille. « Pour la Roumanie, la frontière n'est pas loin. Je suis en train d'esquisser la петля qui me ramènera chez moi, loin de filles telles que toi, jolie, magnifique, superbe Olga. »

Elle bat de ses longs cils noirs et me regarde, amusée. Elle est maquillée à outrance, du noir sur ses yeux, du rouge sur ses lèvres, mais cela lui va très bien.

« J'ai compris tes прекрасный adjectifs, Dorako. Je sais un peu parler anglais. »

« Ce n'est pas le plus beau des langages universels… » je réponds et sans plus attendre, je lui mordille la lèvre inferieure puis l'embrasse.

Mais ce n'est pas le même genre de baiser que j'ai donné à Pansy lorsque j'ai été si heureux de la retrouver, ce n'est pas non plus de l'ordre de celui que j'ai donné à Muline pour la remercier de m'avoir sauvé la vie. J'embrasse cette inconnue comme j'embrasserais la passion dans un lit d'amants, comme l'embrasserait n'importe quel романтический à sa sortie de prison. Elle se laisse faire, surprise, puis me repousse en me regardant droit dans les yeux, m'interrogeant et pourtant connaissant parfaitement la réponse.

« Пусть ваш отель… » accepte-t-elle.

Je l'entraîne donc vers mon hôtel à travers les larges trottoirs pavés, enlacés, bras dessus, bras dessous. Nous continuons à discuter mais la conversation n'a plus la même valeur, dépourvue de l'intensité de la séduction encore non concrétisée. Ses talons hauts claquent sur la pierre et elle rit, gênée. De temps à autre, je la pousse sous un porche et lui donne un avant-goût de ce qui nous attend et elle répond à mes attentes de plus en plus fiévreuses.

A l'accueil de nuit se tient un homme qui nous regarde passer sans broncher et nous grimpons les trois étages sans nous arrêter, comme des voleurs pris en faute. J'ouvre ma chambre et m'accapare son corps et ses lèvres comme jamais. Elle est essoufflée mais commence à déboutonner mon manteau et j'en fais de même avec elle, sans m'arrêter de l'embrasser et de me plaquer contre elle. Quelques lourds vêtements d'hiver tombent au sol et je la découvre dans un simple petit justaucorps à motifs et dentelle et en jupe de satin noir, pas vraiment courte mais largement fendue sur le côté. Parfaite, exactement ce qu'il me fallait… Elle relève ses mains et ôte une barrette, libérant ses cheveux qui tombent en cascade sur ses épaules.

Je souris, l'enlace et la soulève, l'entraînant jusque sur le lit.

« Je n'ai pas l'habitude de faire ça comme ça… » m'avoue-t-elle en glissant les mains sous mon haut pour me l'ôter.

« Moi non plus, c'est la première fois… »

« Грязный лгун ! » rigole-t-elle en relevant les bras pour que je lui enlève sa jolie brassière.

« Je ne suis pas un menteur… C'est la première fois que je le fais avec une Moldue. »

« Une Moldue… ? Je ne connais pas ce mot, il veut dire ? »

Je ne lui réponds pas, captivé par sa peau laiteuse barrée par son soutien-gorge violet et sa jupe de satin. Elle est douce, parfumée… Excitante. La glissière s'ouvre sous ma main révérencieuse. Lui enlever sa jupe ne fut pas difficile, au contraire de son collant que je déroulais lentement, avec une intense frustration parce qu'elle m'avait demandé, mutine, de faire attention à ne pas le filer. Après un long jeu de jambes, je la découvre enfin presque nue devant moi dans son ensemble violet que je lui laisse encore un tout petit peu. Je me penche vers elle, l'embrassant et la caressant comme une icône. Son soutien-gorge s'en va rapidement et je considère la pointe de ses seins adorablement rose pâle que ma langue vient agacer tandis que mes doigts partent à la découverte de son aine pudiquement dissimulée sous une légère toison douce comme un jeune duvet.

Je me rapproche et elle pose ses mains sur mes reins, sur ma ceinture et glisse ses doigts dans les poches de mon pantalon que je commence à dégrafer.

« Где презервативы ? » halète-t-elle.

« Les quoi ? » je demande, sans comprendre et sans m'arrêter.

« Les préservatifs, abruti… » cingle une voix d'homme dans mon dos.

Elle et moi, nous nous regardons une seconde, horrifiés. Aucun de nous n'a parlé, réalise-t-on. Puis nous bondissons chacun de notre côté. Elle sous les draps, moi, me rembraillant le plus vite possible.

A première vue, je ne vois personne et puis un homme se lève du canapé tourné vers la cheminée, se dévoilant.

« Potter ! » j'explose de surprise.

Comme je me le représentais, il est véritablement fou de rage mais pas seulement…

« Как давно вы здесь ? » je demande, stupéfait.

« Ne me parle pas en je ne sais quelle langue de merde ! » explose-t-il en me menaçant de sa baguette.

Je ne réitère pas ma question en anglais et me tourne vers la fille.

« Olga… Va-t-en, il ne te fera pas de mal. » je lui somme.

Enroulée dans une couverture et ses longs cheveux défaits, elle était déjà occupée à se rhabiller là-dessous. Elle me fusille d'un regard noir et me crache quelques insultes bien corsées au visage avant de claquer la porte une fois apprêtée, véritablement enragée. Et voilà comment se stoppa cette magnifique, merveilleuse, совершенства idylle…

Je me tourne vers Potter, encore assis sur le lit, torse nu et accablé. La fille était Moldue, étrangère, un peu trop maquillée, volage et un peu plate, peut-être… mais je la regrette déjà. Une nuit ! Je n'avais vraiment pas demandé grand-chose…

A présent, je dévisage l'impromptu un long moment et il semble hésiter, sa baguette flanchant légèrement.

« Quoi ? Ne me dis pas que cette fille avait une quelconque importance, Malfoy. » crache-t-il. « Je ne le croirais pas ! »

Il lit dans mes pensées…

« Est-ce que tu sais depuis combien de temps je n'ai pas fait l'amour ? » je lui demande enfin, en bon anglais. « J'aurais pu baiser un chien, mais j'étais tombé sur cette beauté… et il faut que tu gâches le premier petit plaisir que j'aurai pu avoir, depuis des mois et des mois. »

Le phœnix installé sur le dossier du canapé roucoule et la baguette de Potter achève de devenir totalement passive.

« J'en ai rien à faire, Malfoy. Ce n'est pas vraiment ton problème le plus urgent, si ? »

Il a rougi. Je ne comprends pas pourquoi mais c'est le cas.

Je baisse les yeux, totalement frustré et me relève.

« Ouais, mon problème devrait être ce que tu vas me faire subir pour m'être échappé, blabla… Hou, j'en tremble ! Tsss, ne me fais pas rire, Potter. C'est moi qui t'ai appelé et je t'ai attendu alors tu n'avais qu'à venir dans les temps avant que je ne m'intéresse à d'autres choses. Peut-être que tirer le coup d'un soir n'est pas le plus important dans ma vie, mais là je n'ai aucune envie de t'écouter me sermonner ou pire. Je vais prendre une longue douche, si tu vois ce que je veux dire… »

Je pars dans la salle de bain, claquant la porte presque aussi fort que ma non-amante trop vite envolée et sous la douche… je prends mon temps, rêvant le sexe auquel je n'avais pas eu droit. Chaud, débridé et… épuisant ! Le genre de chose qui vous fait tout oublier. Si seulement Potter n'avait pas été là, ou s'il n'avait juste rien dit, ou même si… Mes pensées sont trop pleines de lui alors j'arrête mes pauvres petites affaires. C'était un peu malsain de m'être branlé alors qu'il est dans la pièce à côté, alors qu'il pouvait se douter de ce que je faisais… J'ouvre le robinet d'eau froide à fond et fait taire mes ardeurs et ma frustration en un temps record, les visions de corps entremêlés aux reins moites s'entrechoquant disparaissent. Je ressors de la pièce avec une sorte de pyjama sur moi, un habit simple et moelleux créé à partir d'une serviette toute blanche, les cheveux une nouvelle fois humides devant la cheminée ronflante – Potter a dû l'entretenir.

Je me vautre dans le canapé à côté de lui et m'explique, direct :

« Je ne suis pas un traître. Je me suis échappé, certes, mais ce n'est pas pour retrouver mon ancien camp ou échapper à la guerre. »

« Ha… ! »

« Toi, tu dois savoir au fond pourquoi je me suis tiré de là-bas… »

« Et pourquoi moi je le saurais ? »

« Mais parce que c'est exactement le genre de chose que tu aurais pu faire… »

« Admettons que c'est une chose que j'aurais pu faire en terrain ennemi, ce n'était pas ton cas… On t'avait sauvé, tu étais à l'abri et je… »

Il s'interrompt et j'enchaîne :

« Je n'avais pas de réelle place là-bas, on m'y traitait comme de la merde juste bonne à donner le change contre quelques jeunes en formation. J'étais le vilain personnifié sous la bonne garde des gentils. Trop content d'avoir une baguette, je faisais le singe bien gentiment quand on me le demandait parce que j'étais trop en manque de magie, conscient que, s'ils avaient été plus forts que moi, tous ces gamins auraient été heureux de me tuer et ça n'aurait été qu'un regrettable incident pour leurs instructeurs qui au fond en auraient été fiers ! »

« Tu avais des amis là-bas : ton Moldu, tes infirmiers et puis Nott, surtout… »

« Tous avaient une véritable place, même Theo que vous, les très hauts, sembliez détester. Il était utile à la base, indispensable et débordé ! Il n'y en avait qu'un seul qui ressentait la même chose que moi et maintenant il est lâché dans la nature… »

« Peut-être qu'on l'a retrouvé et ramené ! »

« Je ne crois pas… »

Je croise les bras, on se dévisage longuement et puis, hésitant, il lâche enfin sur un ton de reproche même plus vraiment colérique :

« Moi, je comptais sur toi… Je te faisais confiance. »

Il ne continue pas mais il me semble entendre autre chose : Tu m'étais utile, j'avais besoin de toi et tu n'as pas hésité à me laisser tomber après tout ce que j'avais fait pour toi !

Je détourne le regard :

« Je sais, mais… » Il a un geste d'agacement, mais je poursuis malgré tout : « Mais il n'y avait strictement aucune raison pour que tu réagisses comme ça à mon égard. Que tu t'inquiètes un peu de mon sort, que tu me sauves la vie quand je suis mourant, okay… Que tu manques de mourir pour sauver ma mère, c'est un peu exagéré mais ça te ressemble bien alors okay. Mais que tu me tiennes sciemment hors des combats pour me protéger, que veuilles me réhabiliter et surtout que tu me dises ce que tu m'as dit sur les Horcruxes, ça ce n'était vraiment pas normal, ce n'était pas toi. »

« Qu'est-ce que tu en sais, tu me connais ?! »

« Et toi, tu me connais ? Donne-moi une seule raison tangible pour avoir fait ce que tu as fait. »

On se dévisage à nouveau, furibonds. Il tente de formuler une réponse mais rien de tangible ne doit lui venir… Et je ne sais pas pourquoi, mais mon cœur se serre et je baisse les yeux.

« Il n'y a pas de bonnes raisons à cela… » avoue-t-il enfin. « J'avais juste envie que tu sois digne de confiance, j'espérais qu'en te disant ça le secret soit si lourd, si important, que le poids de la responsabilité te mettrait définitivement de mon côté. Je ne voulais pas envisager d'avoir tort à ton sujet, j'ai d'ailleurs fait tout ce que tu dis en douce sinon Ron serait venu te tuer pour éviter toute fuite de ta part. »

C'est exactement ce que je pensais.

« Mais pourquoi… ? » je demande dans un souffle, incapable de mieux préciser ma question.

Il hausse les épaules, semblant mal à l'aise.

« C'est justement ce que je ne peux pas expliquer de façon tangible, Malfoy. Une intuition, une vision, un sentiment… Je n'en sais rien mais je me sentais proche de toi, voilà ce qui m'a fait faire des stupidités incroyables. »

Je me redresse et me mets face à lui en posant les mains sur ses épaules, le dévisageant en étant sérieux à l'extrême :

« Et bien je t'en remercie car, de tout ce que tu as fait pour moi, c'est cela qui m'a le plus sauvé. Je m'excuse si je t'ai fait douter ou t'inquiéter, mais en m'enfuyant je voulais juste te prouver que tu n'avais finalement pas tort de me faire confiance : ma magie est puissante, je suis très malin et un homme libre – pas un ennemi, pas un traître – qui maintenant va t'aider de toutes ses forces et te rendre la pareille. Je ne suis pas aussi fort que toi, c'est sûr, mais je jure d'être de ton côté et que je te sauverai la vie.»

Il me regarde toujours et ses yeux verts semblent vaciller sous le flot de réflexions auquel je n'ai pas accès. Enfin, il soupire et m'offre un petit sourire, rassuré.

« Je te crois… »

Je me redresse et le force à se relever dans le même temps.

« Parfait, alors dormons parce que demain sera rude, après demain encore plus, et etc. Tu vas prendre le lit et moi je vais dormir sur le canapé sous ma forme Animagus. »

« Berk, je n'ai aucune envie de dormir là où tu as failli baiser, Malfoy. Je préfère encore prendre le canapé. » s'insurge-t-il.

« Tu as une forme Animagus ? »

« Non… »

Je le repousse fermement vers le lit où il tombe assis et grimaçant de dégoût.

« Alors ne dis pas n'importe quoi, car bientôt tes nuits pourraient être tellement épouvantables que tu rêveras même du lit de Voldemort avec joie et alors tu regretteras tes paroles ! Surtout si tu n'es pas Animagus… »

« C'est bon, Malfoy, arrête d'être aussi sentencieux. Et puis je dois d'abord envoyer un message. »

Je n'ai le temps de rien répondre qu'il crée par magie de quoi écrire et s'attelle directement à la tâche. Une fois cela fait, il se lève et donne son message à Fumseck qui disparaît dans un embrasement lumineux. Je suppose qu'il porte cette missive à Weasley, ou MacGonagall. Il doit y expliquer qu'il m'a retrouvé et que tout va bien, que le plan suit son cours comme si de rien n'était, que je suis un type super cool en définitive.

« Le courrier ne va pas être brûlé ? » je demande, badin.

« Est-ce que j'ai l'air brûlé moi-même… ? »

C'était donc le phœnix qui m'avait retrouvé, certainement grâce à mon sort à son effigie dans la cheminée, et non à leurs sorts de détection. Je souris. J'étais donc bien trop loin, même pour quelqu'un comme Potter. J'exulte.

« Non, tu as l'air même bien plus en forme que la dernière fois que je t'ai vu, c'est aussi grâce à lui ? » je poursuis en m'affalant dans le canapé.

Il acquiesce et s'étire langoureusement dans mon dos, je l'entends.

« Oui et désolé de te le dire mais il ne te laissera pas me sauver la vie si facilement, c'est son rôle et il l'adore. Dès que je suis un peu trop cassé, une petite larme et hop je repars comme un vaillant petit soldat tout neuf. Dès que je suis en très mauvaise posture, il apparaît et pouf, je disparais. C'est vraiment chouette un phœnix comme animal de compagnie, ils devraient en vendre plus dans les animaleries, enfin... ça ne serait pas pratique si tous mes ennemis en avaient un. »

Je ne suis pas vraiment fan de ce qu'il me raconte. Derrière son ton cynique, j'imagine parfaitement toute sa douleur et je comprends maintenant un peu mieux ce qui l'a rendu aussi détestable. La guerre nous rend si inhumain. Son pote Weasley avait gardé espoir, lui avec Granger et son ventre rond, mais Potter, à trop vouloir protéger sa propre petite copine, il n'a plus rien eu à voir avec elle. A force de trop souffrir seul, son amour pour elle n'avait plus aucun sens. Il était devenu un étranger même pour lui-même. Et moi, j'ai surgi dans sa vie, j'étais un ennemi différent des autres car j'avais un peu grandi avec lui, je faisais partie du paysage de son passé. Il a été quasiment forcé de me protéger à cause du marché passé avec ma mère, ça a dû le faire chier ! Et puis il m'a vu, il m'a redécouvert… Et comme dans un reflet, il s'est vu lui-même à ma place, tombé dans le piège de la guerre, absolument et horriblement seul. J'avais trop souffert, j'avais trop changé. J'étais moi, mais j'étais aussi un étranger, même plus vraiment un homme, juste une bête traquée. Et surtout, il a vu que j'avais baissé les bras et il a eu peur alors de les baisser lui aussi un jour. Oui, je me rappelle de tout, et je suis sûr que j'ai raison. La première fois qu'il a été gentil avec moi, c'est le jour où il m'a « tué ». J'étais tombé à genoux devant lui dans l'appartement détruit de Pansy, je rendais les armes. Je voulais bien crever, enfin. Et là, il eut une parole douce, tendre comme celle d'un ange : « L'enfer est fini pour toi, Malfoy. » Je m'en rappelle comme si c'était hier. Potter a été mon phœnix et en versant ses larmes de vie pour moi, il s'est sauvé lui-même. Il est redevenu humain. Nous le sommes redevenus, ensemble.

Maintenant, je comprends tout. Je comprends ce qui nous lie tellement l'un à l'autre, c'est limpide !

« Bon… » je lâche après ce long moment de réflexion. « Tu as l'air d'être venu les mains dans les poches mais je suppose que tu dois savoir comment te créer des vêtements de rechange en un tour de main ? Fais ce que tu veux, moi je vais dormir. »

Je me transforme sous ses yeux ébahis en renard et tourne en rond avant de me coucher en petite boule sur le canapé, ma longue queue touffue sur les yeux. Il reste planté là quelques secondes en me regardant, je le sens, puis je l'entends partir dans la salle de bain, y rester longtemps puis revenir et se coucher. Je l'entends encore un moment, et moi je n'arrive plus à me sortir de la tête, même sous ma version animale, mes précédentes réflexions insensées. Sur le coup, ça m'avait paru presque transcendant mais maintenant je me trouve juste crétin.

Il ne trouve pas le sommeil, et finalement il grommèle :

« De toute façon, tu n'aurais pas pu baiser avec elle, tu ne sais même pas ce qu'est un préservatif. Quand elle aurait su ça elle serait partie en courant... »

Finalement, j'ai la confirmation que je ne comprends strictement rien à rien s'il reste encore à faire une fixation là-dessus.

Je lui réponds par un glapissement agacé et il fait mine de comprendre :

« C'est une protection Moldue contre les maladies sexuellement transmissibles et si tu avais vu le bazar que c'est, tu n'aurais pas pu lui expliquer combien c'est de la merde comparé à son équivalent sorcier. »

Je gronde bassement. Il va arrêter de me saouler avec ça ? J'avais enfin réussi à ne plus y penser…

« Et oui, même si je n'avais pas été là, tu l'aurais eu dans le cul, Malfoy. C'est ballot. »

Je me transforme en humain et le dévisage par-dessus le dossier du canapé. Il se redresse dans le lit et en fait de même.

« Tu veux quoi ? » je lui demande. « Tu veux m'énerver ? »

« Non… Je te dis juste ce qui se serait passé. »

« Je ne crois pas non… J'ai peut-être pas autant pratiqué que toi qui t'es tapé la moitié des résistantes de ta petite base de merde, mais je suis plus galant et certainement plus à l'écoute du corps d'une femme que toi. Même sans préserve-machin-Moldu à la con, elle ne serait certainement pas passée à côté de la nuit de rêve qui l'attendait. Vu comme tu as pris largement ton temps pour réagir, tu as certainement dû le remarquer… Voyeur… »

« Pfff ! » soupire-t-il exagérément en faisant mine de se rendormir.

J'ai bien envie de continuer de le chambrer mais je préfère y renoncer, l'ambiance étant un peu trop bizarre. Je me retransforme en renard et, assis sur le dossier du canapé, je hume l'air. Ça sent mon odeur, celle de la fille enfuie et aussi celle de Potter. Ça sent le désir…

Je bondis et file me lover dans la grosse panière avec les buches, enfouissant bien ma tête dans ma fourrure.

oOo

Le lendemain matin, je me réveille étendu paresseusement dans le bois coupé, divinement bien. Potter me regarde avec ses énormes yeux verts, très haut au-dessus de moi. Bon sang, ça fait peur ! Je détale sous un meuble, le cœur battant. Mon rêve ! Je viens de me rappeler de mon putain de rêve, oh merde ! Il était vraiment trop bizarre !

Au début, j'étais toujours le même petit serpent, bien caché dans ma caverne et il y avait Olga qui me caressait. Elle me faisait me dresser sur ma queue et danser pour elle et puis je suis devenu un homme et on a commencé à faire l'amour, attachés l'un à l'autre par le serpent que j'avais été et qui s'entortillait autour de nos reins. Mais au bout d'un moment, ce n'était plus Olga mais Potter, en version fille. Grande, athlétique et décidée, presque brutale avec des cheveux noirs beaucoup moins bien coiffés que ceux divinement soyeux d'Olga. Et ses yeux verts… Vert-sauvage, vert-envoûtant, pas comme ceux qui ont croisé mon regard à mon réveil. Non, Potter n'est pas comme ça dans la réalité.

« Maintenant, on est encordé… » ne cessait-elle de me répéter. « Je ne te lâcherai plus… jamais. » Et le serpent bougeait contre ma peau, il me serrait à m'en faire mal et la Potter-fille s'empalait sur moi et m'enlaçait avec ses bras, avec ses jambes, putain ! Elle me griffait et m'embrassait comme une indomptée et pourtant, elle était à moi, et j'étais à elle, et c'était génial. Et c'était trop gore, j'ai baisé avec Potter dans mes rêves ! Je suis con ou quoi ?

« Malfoy, tu fous quoi ? » me demande le vrai Potter en s'agenouillant pour me regarder sous l'armoire. « Tu te prends pour un chat effrayé par le bruit de l'aspirateur ? »

Mon cœur continue de battre comme un fou et je voudrais rester caché plus profondément, m'enfoncer très loin dans un petit trou. Mais ma forme Animagus est celle d'un renard, pas celle d'un serpent, et Potter me tire par ma queue touffue. Je hurle et vais pour le mordre mais je me rappelle ce que je suis, un animal avec deux rangées de dents affutées comme des lames de rasoir, et je me retiens de lui faire vraiment mal. Il m'extirpe totalement et commence à m'épousseter de tous les moutons de poussière qui se retrouvent dans ma fourrure blanche. Je suis sûr qu'il en profite, ce pervers. C'est ce que font tous ceux qui me touchent sous cette forme. Pourquoi pas lui ? Je le regarde, plutôt énervé, et il me garde encore quelques secondes dans ses bras avant de me reposer enfin. Je redeviens un humain devant lui et le dévisage.

« Tu me faisais quoi là, Potter ? C'est ta nouvelle vocation, devenir toiletteur canin ? »

Il sourit.

« Je ne t'apprendrais rien si je te disais que tu es super adorable en Animagus ? Tu as vraiment de la chance, tu aurais pu devenir une fouine ! Est-ce que Voldy aussi te faisait des câlins ? »

Je soupire, agacé, en le regardant avec des yeux de poisson mort.

« Il ne m'a jamais vu sous cette forme et je pense qu'il m'aurait tué sur place pour avoir eu l'outrecuidance de ressembler à une peluche vivante si ça avait été le cas. Et maintenant, tu as fini de dire des conneries plus grosses que toi ? »

Il se tait, puis demande :

« Tu as fait un cauchemar ? »

Je hausse les épaules. Objectivement, ce rêve était vraiment sympa, surtout pour le pauvre type en manque que je suis. Non, il était plus que ça. C'était exactement le genre de rêve qui fait vraiment regretter que ce ne soit pas la réalité tellement il fut merveilleux et intense. Pourquoi faut-il toujours, à un moment ou un autre, que mon subconscient pète un petit câble et fasse n'importe quoi ?

« Moi aussi ça m'arrive souvent. » se confie Potter, compatissant.

« Potter, toi tu dois en faire depuis ta naissance… » je râle en haussant les sourcils.

S'il savait que c'était surtout sa grosse tête poilue qui m'avait choqué, il serait déçu… Je me relève devant son air outré.

« Bon… Habillons-nous, on a du pain sur la planche. Il faut tout d'abord qu'on trouve un magasin de fringues sorcier, ou plutôt un magasin d'alpinisme ou de sports de plein air. Enfin, tu vois le genre… »

« Pourquoi tu veux faire du shopping dans un moment pareil ? »

Je lui jette son jean et son pauvre blouson à la figure.

« Parce que ça, c'est bien joli mais c'est de la merde, Potter. Crois-moi, tu crèverais en même pas une nuit. Il nous faut du matériel de camping qui fonctionne sans qu'on ne l'actionne par magie. Tu as des galions ? »

« J'en ai toujours sur moi. »

« Parfait, parce que je suis plus fauché que les blés. Je n'ai que des livres, ce qui est parfaitement inutile… Bref ! Habille-toi, on y va. »

oOo

Dans la rue, Potter porte mon sac à dos. Devant lui, sous ma forme de renard, je hume l'air en rasant les murs, tournant à droite, à gauche, sautant sur un muret pour mieux emplir mes poumons des odeurs de Tchernivitsi et me guider grâce à elles. La magie possède un parfum bien particulier, une aura presque palpable à laquelle je peux me fier. Une bonne heure plus tard, je redeviens humain dans une ruelle ressemblant à s'y méprendre à l'allée des embrumes et Potter me regarde, plutôt admiratif.

« Pas mal… » concède-t-il.

« N'est-ce pas ? Bon, Potter, mets ta capuche. » je dis en rabattant la mienne sur ma propre tête.

On entre dans un magasin de bric-à-brac, on achève de former nos paquetages en achetant tout un tas de trucs et puis on ressort habillé comme des pieds obèses, vert-kaki et maronnasse.

« Je pensais que tu avais plus de goût que ça… » ronchonne Potter en considérant sa nouvelle tenue.

« Tu n'as pas plus chaud ? » je demande, et il acquiesce. « Et bien c'est le principal. On se fera beau si on se sent pour les vampires… »

Je sors ma carte de la région et la regarde, pensif. Je montre notre futur trajet à Potter.

« Une voiture pourra peut être nous emmener dans une station de sport d'hiver, par là. Mais ensuite il faudra marcher. »

« Jusque là ? »

« Jusque vers là. La cité n'est pas à proprement parler ancrée dans la roche, elle est un peu illusoire et peut donc se déplacer. »

« Ça prendra combien de temps d'aller vers là-bas ? »

« Pas très longtemps. Moins d'une semaine, je suis venu au plus près. »

« Moins d'une semaine ! » s'exclame Potter. « Mais c'est énorme ! »

Je replie la carte.

« Qu'est-ce que tu croyais, que c'était une partie de plaisir ? Les vampires veulent leur tranquillité et pour cela, ils se sont rendus juste assez inaccessibles pour nous en faire baver ce qu'il faut pour leur bon plaisir. »

« Mais pourquoi on ne peut pas faire de la magie pour nous y rendre ? »

« En fait… On le pourrait, mais ils nous repèreraient et après ils feraient en sorte de brouiller nos sens pour nous éloigner et nous perdre ou bien ils déplaceraient la cité et se rendraient inaccessibles, ou encore ils ne feraient rien mais seraient très vexés. Alors que si tu arrives vers eux par surprise et en rampant bien gentiment sur le ventre, là ils sont contents, tu captes ? »

Potter lève les yeux au ciel, méprisant.

« Pourquoi on devrait prendre autant de pincettes avec ces types ? » râle-t-il.

« Parce qu'ils en valent la peine et aussi parce qu'ils sont capables de te faire ravaler ton orgueil, Potter. »

« C'est donc eux qui t'ont rendu si docile, Malfoy ? Ta forme Animagus aurait dû être celle d'un petit agneau ! »

Je le frappe assez fort sur la tête, avec la carte roulée.

« Potter… » je gronde. « Ne joue pas au con avec moi, je m'y connais bien mieux que toi dans ce domaine alors tu vas m'écouter et faire profil bas, c'est clair ? Là, avec tes conneries, tu pars vraiment sur la mauvaise pente du Gryffondor survolté et tu n'obtiendras rien d'eux comme ça, okay ? »

Il me jette un regard en coin mais pose une énième question :

« Et si on y va en engin Moldu, est-ce qu'ils le détecteraient, tes vampires ? »

« C'est impossible d'y aller en engin Moldu… »

« Dis toujours. »

« Je ne pense pas. Ils ne détectent que ce qui est produit par une baguette, en fait. Ou bien ce qui est puissant et frappant, comme le déplacement instantané ou des explosions, ce genre de trucs. Peut-être que si l'engin Moldu est trop voyant, ou trop bruyant ça ne marcherait pas… »

« Très bien, alors viens avec moi. Je connais un engin Moldu par trop voyant et pas trop bruyant qui pourrait convenir. Et je suis sûr que je pourrais le conduire ! »

oOo

Deux bonnes heures plus tard, la camionnette du vendeur Moldu s'arrête dans les alentours de Tchernivitsi. L'homme débarque le machin que Potter est ravi d'avoir acheté dans la plaine enneigée. Potter et lui se serrent la main et moi, je continue à faire le traducteur, mais comme je comprends la moitié des mots, je ne suis pas tellement d'une grande utilité…

Potter se moque bien de ça, il enjambe le gros engin qui ressemble à une moto montée sur skis et chenilles, et me fait un grand sourire en tapotant sa moufle sur la plage arrière.

« Et bien monte, Malfoy ! »

Je grogne et me mets derrière lui, calant mon sac à dos. Il allume l'engin qui commence à émettre un bruit de moteur ronflant et démarre en trombe, glissant sur la neige et projetant une nuée blanche de toute part derrière nous.

« Ça t'en bouche un coin, hein ? » s'enthousiasme-t-il en hurlant contre le vent. Je ne réponds pas, trop vexé. « Ça nous fera gagner quelques jours ! »

« Mais ton truc fonctionne à l'essence, Potter ! Il ne durera pas bien longtemps avant de tomber en panne ! Il n'y a pas de station essence dans les Carpates ! »

« Mais non ! J'ai pris des jerricanes en pagaille, je les ai réduites et les ai mises dans une boite, dans le sac. On saura les agrandir sans baguette, n'est-ce pas ? J'ai tout prévu ! »

Je boude de plus belle.

« Essence ou pas, ton scooter des neiges ne résistera pas à la montagne qui est plus traître que tu ne le crois… Je le sais moi, je l'ai traversée d'ouest en est ! »

« C'est ce qu'on verra, Malfoy ! Et arrête de radoter comme un petit vieux, il faut que tu saches vivre avec ton temps ! »

Et ce crétin bienheureux accélère de plus belle, ne me laissant d'autre choix que de m'accrocher à lui.

A suivre…

NDA : Enfin les retrouvailles tant attendues entre Harry et Draco ! Quant au yaoi… Non, toujours pas ! Enfin, si on considère que les baisers et le sexe sont tout ce qui fait le yaoi, mais pour moi, cette fic est une véritable histoire d'amour depuis le début entre ces deux héros, c'est juste qu'elle se construit et mûrit avec lenteur comme c'est souvent le cas dans une vie où il se passe beaucoup de choses. A présent, vous savez ce que Draco éprouve pour Harry, et vous savez que c'est assez complexe. C'est plus que de l'amitié. C'est même plus que de l'amour, je pense. Avant, il ne se sentait pas à la hauteur et maintenant, il l'idéalise peut-être encore un peu trop, mais…

Mais sinon, je peux vous dire que mon gros truc machin chose top secret dont j'ai hâte de vous parler n'est ni une grossesse ni un mariage ! (Dieu m'en préserve !!!)

Levia