Rating : M

Prairing : HP/SS, un peu HP/DM et quelques autres sous-entendus.

Disclaimer : Vraiment rien à moi, personnages et univers de JKR, histoire de la sémillante Cluegirl, moi je traduis seulement…

Spoiler : tome 6

Avertissements : Ceci est un slash, c'est-à-dire deux fringants (enfin pas si frais que ça dans cette histoire) jeunes hommes en train de batifoler dans la nature. Si vous n'aimez pas les papillons, ne lisez pas.

Note de la traductrice : Le lien vers l'histoire originale est disponible dans mon profil.

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Everybody's fool - - Chacun sa folie

Chapitre 1 : Rencontres au travers d'une cuite

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30 Octobre 2001

La première chose qu'Harry vit lorsqu'il se réveilla, furent les mots « Plus Jamais ».

Il fit cligner ses yeux endoloris, mais les mots sur son épaule ne disparurent pas, pas plus que le cœur brisé derrière eux, animé par un rouge si agressif qu'il semblait palpiter. Il avait rêvé de ce rouge depuis qu'il l'avait vu dans la vitrine du tatoueur. Il avait envie de la couleur d'un cœur ensanglanté et des roses et de la fureur et de la perte- de quelque chose qui fasse éclater la fugue sans merci de l'auto-apitoiement et de l'alcool où il avait passé la plus grande partie de la semaine à s'emmurer.

Celui là. Je veux celui-là.

Aaaah, non mais quelle puanteur ! T'es complètement bourré, mec. Fous le camp d'ici.

Non, vous comprenez pas. Je peux payer. S'il vous plaît. J'ai besoin de celui-là.

Ce qu'il te faut c'est une douche, branquignol. Je fais pas ça aux alcoolos – si t'étais pas trop torché pour lire le putain de panneau, tu le saurais. Retourne dans la rue et Vieux Bill te donneras peut-être un bon thé chaud et une couverture pour la nuit.

Mais non bordel-

Eh, Théo, Dick, foutez moi ça dehors !

Il y retourna le lendemain, propre et rasé et présentable, si ce n'est qu'avec une légère gueule de bois. Le rouge était toujours identique, même sous la lumière blafarde de ce qui passait pour le printemps à Londres ; puissant, déterminé, absolument certain. Tout ce dont il avait besoin.

Il entra, demanda poliment, paya trois fois le prix de l'acompte demandé, et puis enleva sa chemise pour regarder avec grande attention lorsque le rouge agressif délimita un cœur brisé sur son épaule qui était loin d'être aussi douloureux que le vrai. C'était une douleur saine, et après le fatras sentimental infâme de la trahison et du dégoût, dans lesquels Harry pataugeait depuis la fin du procès, c'était comme plonger la tête la première dans une bouffée d'air frais et vivifiant.

Et maintenant, alors qu'il se réveillait dans un lit trop grand pour lui, avec le soleil transperçant les rideaux poussiéreux de sa chambre pour éclairer le plat de son épaule, rendant la marque plus mordorée et veloutée… maintenant à la lumière de la froide fin de l'ivresse, ce rouge transformait ces mots hier amers en quelque chose de magnifique. La seule chose magnifique à laquelle il pourrait croire à jamais.

Pensivement, Harry fléchit son épaule et le message lui apparut subitement, en même temps qu'une contraction douloureuse. Cela disait Plus Jamais.

« Putain d'vrai, » accorda Harry, frotta son pouce sur le mal écarlate, et frissonna. A peine ces mots eurent-ils franchi ses lèvres qu'un flash et un pop résonnèrent dans la chambre, et une voix grinçante écourta l'humeur méditative d'Harry telle une guillotine particulièrement allègre.

« Harry Potter Monsieur est enfin réveillé ! » Dobby surgit devant lui, chargé d'un plateau de petit déjeuner se balançant dangereusement sur sa tête.

« Argh, » dit Harry, et attrapa un oreiller pour y enfouir sa tête. « Dobby, je ne veux pas déjeuner. Et qu'est ce que tu fais ici ? »

« Oh, Dobby a attendu et attendu, et a gardé au chaud le petit déjeuner de Harry Potter Monsieur, même si c'est presque l'heure du thé, » les draps enchevêtrés glissèrent le long du corps d'Harry, se défroissant au claquement de doigt de l'elfe de maison, et l'instant d'après, Harry sentit le plateau être installé près de lui. « La Directrice envoie Dobby pour être sure que Harry Potter Monsieur se souvient qu'il doit aller à Londres aujourd'hui et acheter les appâts pour les pièges à Manticores, et qu'il devrait aussi prendre les bulbes de Grunyip et les fibres de crapauds pour le Professeur Chourave, et les nouvelles plumes pour le Professeur Flitwick parce que les premières années ont brûlé toutes les leurs, et pourrait-il s'il vous plaît s'arrêter aux Caves de Silène pendant qu'il est au Chemine de Traverse, pour une bouteille de—

« Dobby… » On entendit le glougloutement du thé que l'on verse, et l'elfe de maison continua de jacasser, sans prêter attention.

« Auld Wallace, et Dobby a dit à la Directrice 'Oh oui, Dobby fera en sorte que Harry Potter Monsieur n'oublie pas'. » Un froissement de papier, suivit par un joyeux cliquetis de cuiller sur de la porcelaine. « Dobby a fait une liste, vous voyez ? Et Dobby sait que Harry Potter Monsieur a été malheureux et a eu à boire, et alors Dobby a apporté une Potion Revitalisante, et du thé, et—

« Dobby, » le son de la cuiller résonna une fois de trop et Harry l'arracha de la main de l'elfe de maison. « Merci, » dit hâtivement Harry tandis que les yeux de Dobby s'écarquillaient et ses oreilles s'affaissaient. Il prit la tasse de thé d'une main et se frotta le visage avec l'autre. « Je vais bien, Dobby. Juste… laisse la liste, et tu pourras aller tout raconter à McGonagall. Je vais bien. »

« Mais… » Il sentit une main hésitante sur son coude, « Mais vous n'est pas bien, Harry Potter Monsieur. Vous est en train de perdre du sang. »

Et il l'était- pas plus qu'une salissure, s'écoulant des lignes d'encre comme de la sueur. Il l'essuya avec un bout de drap et prit une gorgée de son thé trop chaud. « C'est rien Dobby. Tu peux dire à McGonagall que je résoudrai son problème de Manticore aujourd'hui. » Il ne regarda pas la nourriture sur le plateau – il savait que son estomac n'accepterait rien à manger après avoir passé presqu'une semaine à essayer de le retapisser au Whiskey Pur feu.

« Mais si Harry Potter est blessé, » Dobby continua ses boniments tandis que Harry traversait le cottage nu et à grands pas vers la salle de bain circulaire, là où les plantations de citrouilles d'Hagrid se trouvaient autrefois. « alors il ne devrait pas aller—

« Ce n'est pas une blessure, Dobby, » interrompit Harry, remplissant d'eau chaude la baignoire faite d'une pierre excavée par un petit mouvement de baguette et une incantation si familière qu'il ne lui fallait désormais même plus la penser. « C'est un… »

Plus Jamais. Ces mots flamboyants se reflétaient dans son miroir, et Harry prit une inspiration fébrile quand son reflet le fixa curieusement et donna une pichenette à la marque.

« C'est un sort. » Il s'accroupit, coupant tout reflet, et permettant à l'elfe de mieux voir. « Pour ma sûreté. Je l'ai fait faire la nuit dernière. Tu aimes ? »

« Oh oui, Harry Potter Monsieur, mais… » Dobby leva les yeux, sérieux et confus, ses doigts osseux gravitant au dessus de l'épaule tendue comme s'il avait peur que le rouge ne le brûle, « qu'est ce que ça signifie, de dire 'Plus Jamais' ? »

Et n'ayant pas de réponse compréhensible pour un elfe de maison, Harry haussa simplement les épaules et se tourna pour entrer dans son bain. « Ça veut dire beaucoup de chose. »

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Une de ces choses, qui vous tombe dessus sans prévenir, arriva justement à Harry alors qu'il sortait de chez Tocksin et Draught. Il avait un sac de rats pétrifiés dans une main, une flasque de poison de limaces anthropophages dans l'autre, et les fichues plumes de Flitwick coincées sous son bras, rendant ainsi l'accès à sa baguette légèrement difficile.

Il la vit arriver, bien sûr—Même après avoir défait Voldemort deux ans auparavant, Harry ne portait pas moins une attention féroce à son environnement quand il était forcé de sortir en public. Mais il n'aurait pas pu manquer cette broussaille de cheveux bruns couronnant ce pas décidé qui emportait tout sur son passage, même s'il avait était saoul comme une barrique. Harry jura discrètement, se repliant dans les ténèbres de l'Allée des Embrumes et jonglant avec ses paquets à la recherche de sa baguette, et un rapide transplanage avant qu'elle ne voit—

« Harry ? » Il grinça des dents, et se retourna pour lui faire face alors qu'elle surgissait au travers de la foule. « Harry, doux Jésus, c'est bien toi ! »

Il recula pour éviter ses bras tendus alors qu'elle se rapprochait, coupant court à toute embrassade avec un simple et bref hochement de tête. « Salut Hermione. » Il garda son ton juste à la limite du glacial, espérant que pour une fois, elle aurait de meilleures choses à faire que—

« Alors… comment vas-tu depuis tout ce temps ? » Elle se lança quand même dans une conversation creuse.

« Bien. »

Elle hésita seulement un instant, fronçant les sourcils, elle continua d'un ton joueur. « Toujours à l'école ces temps-ci ? J'ai entendu que Draco considérait le poste libre de professeur de Défense Contre les Forces du Mal maintenant qu'il a été acquitté. »

Harry parvint tant bien que mal à ne pas sursauter à la mention du nom de Draco, mais pas à réagir au souvenir qu'il déterra – le visage de Draco la dernière fois que Harry l'avait vu, les lèvres gonflées et rougies, les yeux illuminés par le mépris et mi-clos par la satiété tandis qu'un bras de peau noire enveloppait ses épaules nues—

Tu sais ce que j'aime chez toi, Potter ? Tu te fais baiser depuis des années maintenant, mais tu es toujours si vierge, bordel, que tu parviens à être surpris à chaque fois que ça arrive !

La ferme, Draco. Juste ferme-là et dégage.

C'est vrai ! Et tu sais quoi, oh mon Preux Chevalier ? Je ne pense pas que je serai un jour lassé de voir le regard sur ton visage quand tu réalises que tu t'es encore fait baiser !

Harry prit une grande inspiration et trouva sa baguette dans sa main. « Je pense que Malfoy a changé d'avis là-dessus, » parvint-il à dire, la voix ferme, ferme, ferme. « Il faut que j'y aille maintenant. »

Hermione attrapa son bras, à peine à un centimètre du nouveau tatouage, qui lui donna un avertissement douloureux. Plus Jamais. « Oh, non Harry, s'il te plaît, » cria Hermione, « Tu ne peux pas déjà t'en aller – ça fait depuis si longtemps que je ne t'ai pas vu, et c'est juste l'heure du thé. Surement le Professeur McGonagall peut se séparer de toi un tout petit peu plus longtemps. »

« Hermione, » prévint-il, péniblement conscient des regards curieux qu'elle commençait à attirer. Peut être serait-il plus judicieux de la laisser l'emmener. Elle ferait une scène s'il ne le faisait pas, et c'était déjà assez dur pour lui de circuler sans que les gens ne le fixent—

« Oh, allez Harry ! Ron m'attend au Chaudron Baveur et je sais qu'il serait enchanté de te voir—

Plus Jamais. Harry tira son bras vers lui. « Non. »

« Harry, » son ton devint réprimandant ; les mains sur les hanches, la bouche tendue et serrée par la désapprobation, et là il en eut assez.

« Hermione. Non. Je ne vais pas prendre le thé avec toi, et je suis plus que sûr de ne pas prendre le thé avec Ronald Enfoiré Weasley, alors tu ferais mieux de dégager de mon putain de chemin. » Il passa le sac de rats par-dessus son épaule, bien préparé à la pousser si elle ne le faisait pas elle-même.

Hermione avait toujours eu un don pour sentir quand elle allait trop loin avec lui. Elle s'écarta de son chemin, mais accorda son pas avec le sien lorsque Harry commença à se frayer un chemin à travers la foule qui s'était rassemblée prétendant ne pas écouter. « Harry, quand vas-tu laisser tomber cette rancune idiote, » demanda-t-elle. Même ses talons claquaient avec reproche alors qu'elle calait ses pas sur le trottoir. « Ça fait presque un an maintenant, et –

« Oh, je suis désolé, les conséquences de vos décisions vous sont-elles désagréables, Mrs Weasley ? » grinça Harry. Les gens les regardaient ouvertement maintenant, et il cessa rapidement de s'en préoccuper.

« Mes décisions ? »

« Et juste pour mettre les choses au clair, » la coupa-t-il, tournant au coin du Paradis du Hibou à grandes enjambées, « ce petit truc sur quand – ou si – je te pardonne toi et ton mari pour vous être servi de moi comme un foutu trampoline, c'est à moi de le décider, pas toi ! »

Elle ressaisit son bras, et cette fois-ci ses doigts s'y enfoncèrent fermement quand elle l'agrippa pour le forcer à lui faire face. « Nous ne nous sommes jamais servi de toi, Harry ! Jamais ! Et ce n'est pas comme si tu étais complètement inno—

« Ta gueule. » La douleur dans son épaule ; nette, rougeoyante et acérée comme un bris de glace, lui facilita la tâche pour dire. « Ron s'est servi de moi pour te rendre jalouse, et tu t'es servi de moi pour qu'il te demande enfin en mariage. Il a peut être couché avec moi, mais vous m'avez tous les deux bien baisé comme il faut. »

« Non, » Hermione baissa d'un ton, se rapprochant en jetant des regards nerveux autour d'elle, « Ron ne s'est pas servi de toi. Il n'était juste pas très sûr s'il était ou pas… tu sais… »

« Quoi, gay, » Harry rit à son expression horrifiée, et refusa de se taire. « Un pédé ? Une tapette ? Une pédale ? » Il tira farouchement son bras vers lui, et l'intensité de la douleur nourrit uniquement sa rage. « Dis toi ce que tu veux, Hermione, mais le seul qui ne savait pas exactement quoi – et qui – Ron Weasley voulait depuis tout ce temps, c'était moi. J'ai cru que toutes ces fois où il me revenait avaient signifié quelque chose. Quelque chose de plus que 'Hermione est encore en rogne contre moi', ou 'euh oh, quelqu'un est-il en passe de devenir important pour Harry', bien sûr. »

« Il n'a jamais—

« A chaque fois, pendant près de deux foutues années, Hermione. Pour chaque amant qui commençait à compter pour moi, Ron les écartait. Jusqu'à ce que finalement il me largue pour toi. » Elle sursauta légèrement quand il la repoussa d'une chiquenaude à l'épaule. « Alors tu m'excuseras si je me sens toujours un peu humilié d'avoir été pris pour un débile. »

« Oh Harry, » soupira-t-elle, les yeux brillants et la lèvre tremblotante, « Tu ne sais pas à quel point tu as tort sur—

« Et maintenant que tu as raclé tous ces merveilleux souvenirs, » il la coupa en grimaçant, « Je dois vraiment retourner à Poudlard. Au revoir, Hermione. »

« Harry, attend, » elle l'appela, sa voix sourde et désespérée, et il se haït de vouloir s'arrêter, mais le fit quand même. « S'il te plaît. S'il te plaît, ne sois pas fâché. Je n'ai pas envie de me battre avec toi, c'est juste que… je voulais te dire quelque chose. Quelque chose d'important. Je ne l'ai pas encore dit à Ron, parce que je n'étais pas sure, mais j'avais prévu de le lui dire aujourd'hui, et… » Harry ferma ses yeux, se sentant nauséeux et glacé. « Mais maintenant, je ne suis pas sure que je devrais te dire—

« Non, tu ne devrais pas, » dit-il, enveloppant son épaule de ses doigts, là où le sang commençait déjà à maculer sa manche. Le pic de douleur investit son épaule, comprima sa colonne vertébrale. « C'est pas mes oignons. » Et avec ça, il s'éloigna.

« Harry, attend s'il te plaît ! » Sa voix était sourde et tremblotante, et il n'eut aucun problème à imaginer les larmes perler de ses yeux. « S'il te plaît ! Nous aimerions que tu sois le par—

Il transplana, et même pour lui, le crack était comme une porte qui claque.

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Harry était déjà à mi-chemin pour la Tête de Sanglier avant de se ressaisir. « Non, » dit-il, s'arrêtant net dans la rue juste à côté de la fontaine. « Pas aujourd'hui. Pas encore. »

Plus Jamais répondit son bras par un pincement.

Se saouler n'enlèverait pas la sensation nauséeuse et froide de sa gorge. Il avait essayé ça pendant trois jours directement après avoir surpris Draco et Zabini ensemble, et il avait fini avec une gueule de bois et un tatouage, mais pas de sursis dans sa peine. Pas du tout. Boire ne l'aiderait en rien à oublier quoique ce soit excepté ce qu'il était supposé faire de sa journée.

« Les pièges à Manticore, » soupira Harry, s'asseyant sur le rebord de la fontaine, « et acheter pour la Directrice sa foutue—et merde. » Il avait oublié l'Auld Wallace. Et alors qu'il pouvait retourner au Chemin de Traverse pour ça, il ne se faisait guère d'illusion sur ses chances d'y aller de nouveau sans avoir àfaire face à une autre dose de félicité familiale de la part des Weasleys. Pas avec les grandes baies vitrées du Chaudron Baveur donnant directement sur l'entrée de Silène. Pas avec Hermione faisant son Annonce Importante à son adorable mari juste au moment même… Harry jura et considéra ses options.

Aberforth, il le savait, revendait de l'Auld Wallace à la Tête de Sanglier. Il paierait un supplément, pour sûr, mais Harry était prêt à y aller de sa poche s'il avait une chance d'éviter… « Merde. » Harry secoua la tête, se rappelant ; Zabini louait une chambre près de la Tête de Sanglier. Et comme Draco Malfoy n'avait désormais ni l'argent de papa ni celui de son petit copain à dépenser sans compter, la probabilité que lui et Zabini traînent aux alentours de la Tête de Sangliers un vendredi après-midi était plutôt—

« Oh, ne serait-ce pas Harry Potter ? » Harry grimaça, et se demanda s'il pouvait s'enfuir, mais une seconde voix tout aussi joyeuse anéantit tout espoir.

« Je crois bien que ça se pourrait, cher frère, je crois bien que ça se pourrait, » dit Ernest Scribenpenne, s'arrêtant tout papillonnant du côté gauche de Harry, et souriant à son frère Franklin, qui l'abordait par l'autre côté. « Mais quelle peut bien être la raison d'une posture aussi avachie, eh alors, Monsieur Potter ? »

« Posture ? Quoi ? Oh – oh, ce n'est rien, vraiment, » Harry se redressa, et offrit son plus beau sourire, mais Franklin était déjà en train de se saisir d'une flasque. « Je reposais juste mes pieds. J'ai couru toute la journée dans l'Allée – euh au Chemin de Traverse. J'me pose un peu avant de repartir. Ça a été une longue journée… »

« Une longue journée, je dirais même plus, » Ernest sourit et fit un clin d'œil à Harry, « avec toutes vos réjouissances ces derniers temps, je pense bien ! Pas que je puisse vous blâmer, après l'heureuse issue du procès de votre jeune ami, mon frère et moi avions bien remarqué à quel point cela vous rendez inquiet. »

« Adorablement inquiet en effet, cher frère, » agréa Franklin, tout en transfigurant une brique qui traînait par là en un verre de cristal et versant une dose généreuse de leur vicieux alcool maison. « Comme tout le monde le serait. Vous lui transmettrez nos félicitations, n'est ce pas ? » Et il poussa le verre en direction d'Harry avec un petit sourire.

Plus Jamais.

« Il est… » Harry déglutit, et essaya de nouveau, prétendant ne pas voir la liqueur. « Je ne le vois pas souvent ces temps-ci. Je pense que vous pouvez le trouvez à la Tête de Sanglier par contre. »

« Vous pensez ? » Demanda Franklin. « Vous voulez dire—

« C'est ça. »

« Oh, » dit Ernest.

Harry épaula ses charges et se leva. « Désolé, Messieurs, je ne peux pas prendre ce verre avec vous. La Directrice attend mon retour—

« Oh, mais Mr Potter, cela ne peut pas être possible, » s'écria Ernest, agrippant le coude d'Harry, « Vous voyez, Mr Malfoy était à notre boutique pas plus tard qu'hier. »

« Et il a fait quelques achats généreux, en fait. »

« Oui, oui. L'anniversaire de sa mère, a-t-il dit. Et il… »

« Il vous a dit que je règlerai la note, pas vrai ? » Harry réussi à ne pas faire grincer sa voix, mais les deux frères semblèrent quand même confus. Et pendant un instant, il le fit presque. Ce n'était pas leur faute si Draco était un fieffé menteur, après tout, et ils ne méritaient pas d'être privé de leur gage parce qu'il avait abusé de la générosité d'Harry. C'était sur le bout de sa langue de leur dire d'envoyer la note à son compte à Gringott, quand son tatouage eut une convulsion brusque et soudaine.

« Je suis vraiment désolé, Messieurs, » se retrouva à dire Harry entre ses dents, « je crois que la personne à qui il vous faut vous adresser pour ces questions est Blaise Zabini. C'est lui qui paye les notes de Draco Malfoy désormais, et je pense que vous le trouverez lui aussi à la Tête de Sanglier. »

« Oh… »

« Mais Mr Potter—

« Et une fois que vous aurez récupéré votre argent, » continua Harry, « je me demandais si ça ne vous ferait rien de dire aux autres commerçants du villages que Mr Potter ne veut plus entendre parler des besoins pécuniaires de Mr Malfoy ? Merci. » Et il détala.

Mais les frères Scribenpenne, malheureusement, n'étaient seulement qu'une entrée en matière. Tout Pré-au-Lard semblait s'être ligué pour retourner les couteaux dans les plaies les plus douloureuses d'Harry, à commencer par Davis Winthrop du bureau de poste, qui arrêta Harry afin de commérer sur les chances des Harpies de Holyhead pour la Coupe du Monde.

« Y s'raient bien meilleurs si t'étais toujours Attrapeur, Harry, » répliqua Davis, puis il secoua la tête quand Harry fit un haussement d'épaule peu convaincu. « Nan, pas d'fausse modestie, Harry Potter. T'étais l'plus agile Attrapeur d'la Ligue depuis l'Vieux Hawke en 65, et not' bonhomme, Wood, le sait très bien. Dis nous, alors, pourquoi t'as tout envoyé balader ? »

Oh, Wood savait tout de mes talents d'Attrapeur, pensa aigrement Harry, même quand on sortait ensemble, c'était la seule foutue chose qui l'intéressait.

Mais à voix haute, il se contenta de : « Je pense que le cœur n'y était plus. » Et quand Davis lui lança un regard scandalisé, Harry prit son courrier et se dirigea vers la porte, en disant : « Tout le monde ne peut pas jouer au Quidditch toute sa vie, Davis. »

Puis juste en bas de la rue, alors que Harry dépassait le salon de thé de Mme Pieddodu, Lavande Brown devait bien entendu se déloger de la table d'où elle lisait les feuille de thé. Elle poursuivit Harry deux portes plus loin, uniquement pour lui dire que Susan Bones lui avait demander une lecture sur lui pas plus tard que la semaine dernière.

« Oh, bon Dieu, » ne put s'empêcher de dire Harry. Puis, se sentant un peu désolé de l'expression peinée de Lavande, il soupira, et la laissa l'entraîner plus près du salon de thé. « Bon, qu'est ce que tu lui as dit ? »

« Secret professionnel, Mr Potter, » renifla-t-elle, mais le mit néanmoins sur la voie. « Je pensais juste qu'il fallait que je te prévienne que si elle y va à sa façon, Miss Bones t'aura corps et âmes avant la fin du mois. »

« Bones ne veut pas de petit copain, Lavande, » répliqua Harry hochant la tête en direction d'une affiche collée sur un mur du salon de thé. Le portrait de Susan Bones les fixait, sobre et confident sous la liste de ses qualifications pour le Conseil Municipal. « Elle veut une image à exploiter. Je l'ai appris la première fois où je suis sorti avec elle. »

« Et bien, elle vient bel et bien d'une famille qui a ses entrées au Magenmagot, non ? » Songea Lavande. « Et tu es le plus grand héros du Monde Sorcier depuis Dumbledore, tu sais. Enfin, rien ne t'est impossible si tu te tournais vers une carrière au Ministère. Laisse moi jeter un coup d'œil à ta paume—

Harry mit ses deux mains derrière son dos et recula. « C'est pas pour moi, Brown, j'ai eu assez d'intrigues politique et de prophéties pour toute une vie. »

« Oh, mais Harry, pense à quel point tu pourrais encore plus populaire que—

« J'ai déjà entendu ça, » dit-il, « Et non, je ne suis pas intéressé d'être la marionnette de quelqu'un. Pas de nouveau. Regarde, y a Parkinson, » il montra au travers de la fenêtre du salon, vers où la brunette attendait, pâle et triste, près de la table de Lavande. « Pourquoi ne vas-tu pas lui dire que Draco Malfoy est de retour sur le marché pour une riche épouse. »

« Il l'est ? » Le visage de la devineresse se fendit d'un sourire avaricieux et elle oublia tout des perspectives de carrière politique d'Harry. « Géant ! Merci, Harry ! » Heureusement, elle se retourna avant de pouvoir voir son regard profondément dégoûté.

Au moment où Harry arriva chez Tunworthy, Spiritueux et Bookmakers, il était d'une humeur exécrable, avec une mine si féroce et revêche que Mabel Tunworthy n'eut pas le courage de tripler le prix de l'Auld Wallace tel qu'elle le faisait normalement quand de riches seigneurs se présentaient ici.

Au fond de lui-même, Harry était simplement soulagé que l'endroit ait déjà entendu parler de la liqueur. Qu'ils aient une bouteille non-ouverte sous la main était à des kilomètres de ce qu'il avait espéré, et il aurait donné tous les gallions qu'il possédait pour la possibilité de prendre la foutue chose et de se retirer dans l'intimité de son cottage. Il ne moufta pas au prix annoncé, qui était encore plus élevé que ce qu'Aberforth en aurait demandé, et était occupé à compter ses gallions quand la porte derrière lui s'ouvrit avec un bruit de faux carillon.

« Eh bien, eh bien. Si ce n'est pas notre… célébrité locale. »

Harry se figea, les yeux clos dans un profond déni alors que la dernière voix au monde qu'il voulait entendre s'insinua dans ses oreilles. Non. Ça ne pouvait pas être. Pourquoi, bordel, serait-il—

« Vous m'avez abandonné à votre poursuite aujourd'hui, Mr Potter, » continua Snape, s'inclinant près du comptoir crasseux, si près que Harry put sentir les odeurs nauséabondes de ses potions sur ses robes, « bien que cela ait pu être de ma propre faute. J'aurais dû savoir que je pouvais m'épargner l'ennui d'essayer de vous trouver, en commençant simplement mes recherches dans les établissements les plus bas et les plus répulsifs que Pré-au-Lard a à offrir aux alcooliques accomplis. »

« Eh, sale traître ! » Dit Mrs Tunworthy, pendant qu'Harry serrait des dents et finissait de compter sa monnaie. « Vous êtes le bienvenu à foutre le camp si vous vous trouvez trop bien pour les gens comme moi et Mr Potter ! »

« Alors, Mr Potter, » Snape ignora le raffut de la femme et se saisit de la bouteille d'Auld Wallace d'une de ses mains longues et graciles. « Dois-je comprendre que vous me laisserez de nouveau le problème des Manticores pendant que vous ferez connaissance avec votre nouvelle dose de confort liquide ? »

« Dégage, Snape, » dit Harry, arrachant la bouteille de sa main. « C'est juste en train d'arriver, je suis en train de faire mon job. Mcgonagall m'a demandé de faire ça, et le magasin au Chemin de Traverse n'en avait plus. »

« Comme c'est opportun, » répliqua Snape avec un rictus, « Et, étant donné votre état de profonde ébriété depuis la semaine dernière, comme c'est improbable. »

« Ce sont pas vos affaires, » Harry lui lança un regard noir et se retourna vers la porte, « mais je suis allé chercher les appâts à manticore et le poison et je vais les installer dans la forêt dès que j'aurais déposé le reste de ces paquets à l'école. Alors vous pouvez juste retourner ramper vers vos cachots et me laisser la partie dangereuse du boulot. Comme d'habitude. » Il espéra que le claquement de la porte mettrait fin à la conversation, mais bien entendu ça ne le fit pas.

« Vous êtes allé aux Embrumes, espèce de misérable ? » Demanda Snape, sortant en trombe après lui, « Pourquoi, diable, n'avez-vous pas pris ces moremplis momifiés que j'avais commandé chez Barjot et Beurk tant que vous y étiez ? »

« Parce que je suis pas votre putain d'elfe de maison, Snape, » Harry se tourna vers l'homme plus grand avec un petit quelque chose s'approchant du soulagement. Parce que là, enfin, il n'avait pas à retenir la rage qu'il avait étouffé depuis qu'Hermione avait attrapé son bras. Parce que Snape, il savait, pouvait très bien encaisser. « Si vous voulez vos ingrédients de potion, vous pouvez parfaitement ramper hors de votre trou d'araignée pour une fois, et allez les chercher vous-même ! C'est pas comme si vous aviez encore des classes à enseigner—

« Non. » Snape l'interrompit en grimaçant, mais la lueur dans ses yeux noirs sous-entendait qu'il était tout aussi prêt qu'Harry pour une bonne joute verbale. « J'ai des recherches à faire, sans compter les protections du Château à maintenir – un travail pour lequel, je pourrais ajouter, vous êtes supposé m'assister, plutôt que d'éprouver votre foie du matin au soir à chaque fois que vous vous sentez désolé pour vous-même ! »

« Ecoute, espèce de branque, » grogna Harry, sans accorder la moindre importance à qui pourrait écouter, « si la Directrice avait un problème avec mon travail, elle me le dirait, bordel ! »

Snape s'esclaffa. « Si vous pensez cela vous êtes encore plus idiot que ce que j'avais supposé, Potter. Vous et moi sommes à Poudlard désormais parce que Minerva McGonagall sait que nous n'avons nulle part d'autre ou aller. » Harry, le visage rouge et furieux, ne pouvait pas le nier, et Snape ne lui donna pas l'opportunité pour essayer. « En outre, ce soi-disant travail d'entretien des protections n'est rien de plus qu'un alibi qu'elle a concocté pour excuser la présence de deux meurtriers reconnus parmi les élèves. » Et oui, ce mot faisait toujours voir rouge Harry, même son estomac se retourna aux souvenirs de ces horreurs. Vu le sourire malfaisant sur le visage de Snape, il le savait aussi, le bâtard.

« Elle aurait toujours—

« Elle ne voudrait pas exiger de son précieux et sémillant Gryffondor une mission à moins que cela ne soit pour des manticores s'accouplant sur le terrain de Quidditch, et vous le savez ! » Harry, les mains pleines, recula d'un pas quand un doigt fit pression sur son torse. Il voulait vraiment éloigner ce doigt en lui donnant une tape mais n'était pas encore assez en colère pour laisser tomber tous ses paquets et prendre la mouche.

« Alors elle peut difficilement en vouloir à son petit mouton noir de prendre du temps pour aller faire ses propres putain de courses, non, hein Snape, » il se pencha, nez à nez crochu en hurlant, et oh, comme c'était bon ! « Oh, mais, attendez, j'ai oublié – vous n'aimez pas vous montrer en public, hein ? Ça vous met mal à l'aise quand les gens vous fixent et murmurent sur ce que vous avez fait – qui vous avez tué pendant la Guerre, hein ? » Le regard de Snape était à ça d'être meurtrier, et Harry s'en réjouissait. « Et bien, voici un scoop pour vous, Snape : Ils font la même chose avec moi, et je déteste ça tout autant. Et étant donné que je vous déteste aussi, je ne considère pas ça comme mon putain de devoir de vous épargner une petite gêne quand vous pouvez même pas vous fatiguer à demander comme toute personne normale le ferait ! »

« Bien, » Snape semblait être prêt à exploser d'une minute à l'autre, mais il changea visiblement de tactique, croisant les bras sur son torse mince en grimaçant, « peut être me permettrez vous de vous épargner un léger embarras avant que vous ne rampiez dans cette bouteille pour la journée, Mr Potter ; vous et moi sommes tenus d'arbitrer le match de Quidditch de demain matin, si cela ne vous dérangerait pas de vous en souvenir. »

« Je croyais que Bibine était—

« Madame Bibine et sa grippe aviaire sont toujours en quarantaine, Potter. » Snape examina ses ongles avec complaisance. « Maintenant je ne me fais aucune illusion sur votre capacité à vous montrer assez sobre pour monter sur un balais. Supposant que vous avez prévu de vous manifester, bien sur. »

« Qu'est ce que ça veut dire ? » Demanda Harry.

« Une simple référence à votre—

« J'étais A ce jeu, » Harry lâcha ses sacs sur le bas-côté, ne prêtant pas attention au fracas des bouteilles de verre à l'intérieur. « C'est VOUS qui ne vous êtes même pas gêné de me dire que je devais arbitrer ! Et vous êtes celui qui ne peut pas voir les fautes si le joueur à le malheur de porter du vert, alors je vois pas où vous voulez en venir—

Un gloussement se fit entendre plus haut dans la rue – si affreusement familier, il atterrit directement au cœur des défenses qu'Harry s'était forgé. Harry eut à peu près une seconde pour s'armer de courage, puis Draco Malfoy apparut dans son champ de vision, serré et prélassé élégamment contre Zabini. Il se souvint de la sensation de ce bras nerveux, drapé autour de ses épaules, se souvint de la chaleur de ces membres se pressant contre les siens, et l'odeur des cheveux de Draco quand il se penchait et murmurait toutes ces choses…

« Potter, » la voix de Snape le ramena dans le présent, bien qu'il ne réussit pas à déloger le nœud coincé dans la gorge d'Harry. « Si vous insinuez que je favorise Serpentard, alors je pourrais foutrement bien espérer—

Mais c'était sans espoir. Les paroles vicieuses se logeaient seulement dans les oreilles d'Harry tandis que les deux, pâles et sombres et élégamment égaux dans leur cruauté, échangèrent un regard, un murmure… et puis un profond baiser. Juste là dans la rue. Si près, que Harry ne pouvait que sentir cette foutue eau de cologne que Draco lui avait demandé juste avant la dernière audience.

Je ne pense pas que je serai un jour lassé de voir le regard sur ton visage quand tu réalises—

« Potter. »

Plus Jamais.

« Potter ! » Les doigts de Snape s'enfoncèrent comme de l'acier dans le bras d'Harry et le secouèrent fermement. Juste assez pour que Harry réalise que sa baguette était crispée dans sa main et projetait des étincelles pourpre sur les pavés. Le ragard de Snape fut vite circonspect, alors qu'il regardait Harry, puis par dessus son épaule… Par-dessus son épaule, Draco et Zabini se contorsionnaient de façon obscène contre le lampadaire, comme s'ils essayaient de rentrer dans les affaires de l'autre. « Je devrais, je pense, » la voix de Snape bourdonnait dans l'oreille d'Harry, « savoir mieux que d'espérer que vous ayez appris à prêter attention quand quelqu'un vous parle, mais—

« Non, » dit Harry. Le coin de la bouche de Draco se retroussa, découvrant son rictus. Quand il pencha sa tête, Harry pu entendre le bruit mouillé que sa langue faisait, et voir son reflet quand elle s'insinua dans la bouche de Zabini.

« Je vous demande—

Les épaules d'Harry s'affaissèrent, les yeux fixés sur la paire contre le lampadaire. « Plus. Jamais, » dit-il. A Snape. A Draco. Au village tout entier qui se répandait en rumeurs autour de lui. A la baguette dans sa main et la bouteille à ses pieds.

Il prit une grande inspiration. Puis leur tourna le dos, et s'en alla.

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A suivre...

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NdT: traduction améliorée le 8/07/08