Auteur : KMIG

Disclaimer : Les personnages de GW ne sont pas à moi.

Base: Gundam Wing

Genre : UA, historique

Couples : 4X3.

Note : Avec un poil de retard sur l'horaire, voici la livraison du chapitre ultime. L'épilogue. Quelques mots en guise de conclusion.

C'est la fin de cette fic. Commencée en 2007, voilà que ce soir, je peux y mettre le mot fin. Incroyable. Je me demandais si cela allait arriver un jour. Encore une fois, je remercie tous ceux qui m'ont suivi depuis le début, et ceux qui pourront arriver à présent. Je remercie encore et toujours, avec une profonde reconnaissance, Nevermore, pour sa patience.

Et je vous dis, à une prochaine fois. Peut-être.


La télévision allumée laissait voir le traditionnel défilé du 14 juillet, avec le Président monté sur son véhicule militaire en train de passer les troupes en revue. Trowa regardait cela d'un air absent.

Il était vieux maintenant. Bien vieux. Il avait vu le monde changer. La Libération. Puis bientôt déjà les prémices d'une nouvelle guerre avec les anciens amis soviétiques redevenus les ennemis qu'ils avaient été avant que l'on décidât que Hitler était encore plus dangereux... Cette guerre froide qui s'était terminée avec la chute du mur de Berlin et l'explosion de l'URSS.

L'ancien résistant avait assisté à toute cette marche du monde avec une profonde indifférence. Les événements de '44 n'étaient jamais sortis de sa mémoire.

Il était retourné à sa ferme. Sa mère pleura de joie en le retrouvant vivant... Mais était-il bien vivant ? Couvert d'un sang qui n'était pas le sien, la vieille femme avait l'impression de faire face à un fantôme.

Peu de temps après l'armistice, il était parti en Allemagne, dans le berceau de la Prusse historique. Il avait fait quelques recherches pour retrouver la maison du général. Il l'avait trouvée. Quand il arriva sur place, il découvrit un pavillon de bonne allure datant probablement du XIXe siècle, ainsi qu'un jardin qui devait avoir été bien entretenu mais qui était désormais délaissé. En haut des quelques marches qui menaient à la porte d'entrée, Trowa vit une femme portant le deuil, le visage marqué par les événements, en train de parler à un homme quelconque.

Il se demanda alors ce qu'il faisait là.

Il avait voulu voir les lieux où avait habité Quatre... À présent, il pouvait concrètement voir que Quatre avait été un homme marié, bien qu'il n'en eût pas énormément parlé. Aller voir sa veuve ? Pour lui dire quoi ? « Bonjour, vous ne me connaissez pas mais j'ai résisté à l'Occupation allemande, votre mari m'a arrêté et nous sommes devenus amants » ? C'était idiot.

Quand cette femme se sentit observée et tourna la tête vers le grand portail de fer forgé, le Français avait déjà tourné les talons.

Après la guerre, la vie avait lentement repris ses droits, mais tout manquait terriblement de goût. Trowa travaillait à la ferme mais sa mère mourut dès 1948. Il resta complètement seul.

Il était parfois parti aux États-Unis, à l'invitation de Duo Maxwell. Suite à son évasion, il avait réussi avec l'aide des réseaux de la résistance à être exfiltré de France pour regagner l'Angleterre où il demanda rapidement à réintégrer l'armée de l'air. Trowa eut donc l'occasion de découvrir Boston et les campagnes du Massachusetts. L'occasion de faire ses premiers vols aussi, Duo étant devenu pilote de ligne après la guerre, et aussi pilote tout court dans un petit centre d'aviation. Plusieurs fois l'Américain tenta de convaincre le Français de venir s'installer ici, voyant bien que la France lui rappelait trop de mauvais souvenirs. Trowa avait toujours refusé. En 1994, Duo finit par partir lui aussi...

C'est à ce moment-là que l'ancien résistant avait vendu la ferme familiale... C'était désormais trop de travail et son corps ne pouvait plus le supporter. Il s'installa à Paris, dans un petit appartement plutôt bourgeois du 3ème arrondissement.

Il devait affronter les affres de la vieillesse à présent. Rester debout le fatiguait. Quand il marchait, il faisait des petits pas, aidé par sa canne. Parfois, quelque officiel venait le voir pour lui remettre une médaille ou lui indiquer à quel point la France était fière de lui, comment il avait combattu pour la République et comment l'État lui était reconnaissant. Il y avait toujours un journaliste pour prendre une photo à ce moment-là, photo qui se retrouverait dans les journaux locaux ou parfois nationaux. Puis l'officiel partait et Trowa ne le revoyait plus jamais.

Dire que pour un peu, il aurait pu être tondu à la Libération lui aussi.

À présent, il n'était plus rien d'autre qu'un vieux souvenir du passé, une sorte de monument aux morts auquel on ne faisait déjà plus vraiment attention. Il faisait déjà partie de l'histoire. On l'invoquait souvent, comme ce Président-là, pour se draper de leur gloire fanée tout en n'ayant rien de l'attitude et de la pensée qui prévalaient chez les résistants.

Ce monde le fatiguait. Il se leva et éteignit la télé.

Il marcha de ses petits pas fatigués jusqu'au couloir de son appartement qui menait à la chambre et à la salle de bain. Le couloir était suffisamment large pour qu'il pût y placer une armoire. Avec trop de précautions, il parvint à monter sur une chaise pour se saisir d'une vieille boîte cachée par d'autres, située au-dessus de l'armoire. Puis il revint s'asseoir dans le salon.

C'était une très ancienne boîte en carton. Quand on l'ouvrait, elle exhalait cette odeur qu'ont les souvenirs et les vieux livres. Trowa jeta un coup d'œil à l'intérieur. Elle ne contenait presque rien : un vieux briquet, une photo sépia et un Lüger. C'était tout ce qui lui restait de Quatre. La vieille photo le montrait dans son uniforme, le regard sérieux. Il l'avait trouvée dans son bureau de la Kommandantur, après y être retourné à la recherche de n'importe quoi, n'importe quel souvenir, n'importe quelle pièce pour au moins garder quelque chose de lui.

Il s'était écoulé toute une vie. Plusieurs générations depuis étaient nées et Trowa avait au moins eu la satisfaction de vivre assez vieux pour être certain que plus jamais, les Français et les Allemands ne se feraient la guerre.

Mais cette vie entière lui avait parut terriblement vide. Les jours passaient et ressemblaient les uns aux autres. Des dizaines et des dizaines d'années à soupirer face au manque. L'envie de « le » revoir, si seulement cela était possible. Tant de fois, il se perdait dans de profondes méditations où il imaginait la vie qu'il aurait pu avoir si seulement Quatre avait survécu.

À présent, il était beaucoup trop fatigué.

Dehors, un pigeon se posa sur la rambarde de la fenêtre. Il observa comme un roi observe ses sujets les quelques Parisiens qui marchaient dehors, d'un pas pressé, leur respiration visible en raison des températures fraiches.

Un coup de feu l'effraya et il s'envola rapidement.