Genre : Action, vague shonen-aï SasuNaru sur la fin.
Avertissements : Vulgarités et autres insultes. Oh, et une pincée de gore, j'en ai peur...
Notes : Comme précisé dans le résumé, c'est un univers à la X-Men, ce qui implique Mutants et Cie. Un détail à retenir : les mutants sont ici parfois appelés "ninjas", pour... une raison pas vraiment déterminée ? XD Disons que c'était le nom du premier regroupement connu de mutants et que le titre est resté, voilà. Cette fic a de toute façon été pondue en un peu plus de 24 heures sur un pur coup de tête, l'univers est donc moins fouillé que ce dont j'ai l'habitude. Ne vous attendez pas à une suite, il n'y en aura sans doute pas. :)


Un nuage de vapeur se répandit dans le couloir lorsque la porte de la salle de bain s'ouvrit. Naruto émergea de la masse, frictionnant vigoureusement sa tignasse mouillée. Laissant la serviette retomber autour de son cou, il eut un large bâillement et allait se détourner lorsqu'un glapissement de douleur lui échappa. Agacé, il attrapa l'appendice couvert de fourrure qui rejoignait son arrière-train et le tira hors de la trajectoire de la porte qui avait tenté de se refermer sur lui.

Naruto adressa un regard noir à la queue rousse et blanche à présent enroulée autour de ses jambes, puis décida que cela ne valait pas la peine de la rétracter. Elle avait de toute façon tendance à réapparaître à n'importe quel moment quand il n'y faisait pas attention, et il vivait seul dans son minuscule appartement, alors pourquoi s'en soucier ?

Faisant un détour par la cuisine chichement éclairée par les lumières nocturnes de la ville, il tira une bouteille d'eau du réfrigérateur et retourna à sa chambre. Là encore, le seul éclairage provenait de l'unique fenêtre et de la lueur blafarde émanant de l'écran de son ordinateur portable, mais il ignora l'interrupteur du plafonnier.

La conversation s'était poursuivie en son absence, mais il sourit en se rendant compte que l'un de ses correspondants commençait à s'impatienter.

SuperFox : me voila sakura-chaaaan :D
MedicNin : Qu'est-ce que tu foutais, Naruto ?
MedicNin : Et change ce pseudo stupide, tu sais que Tsunade veut que nous utilisions uniquement nos surnoms !
SuperFox : pff :(

Naruto fit la moue et changea de pseudonyme avec une lenteur excessive, que Sakura mit à profit pour lui reprocher copieusement son retard.

Kyûbi : g claké la porte de la salle de b1 sur ma queu
Kyûbi : sa fé mal i.i
MedicNin : Ca n'arriverait pas si tu ne la laissais pas apparaître n'importe quand !
Kyûbi : T.T
Copycat : allons les enfants, je pensais que vous aviez passé l'âge de ce genre de conversation
Kyûbi : hein ?
MedicNin : … Tout le monde n'a pas l'esprit aussi mal tourné que vous, Kakashi.
MedicNin : Et ce jeu de mots commence à se faire très vieux
Copycat : tu me blesses, Sakura

Naruto se renversa dans sa chaise et profita de la mini-querelle entre ses coéquipiers pour se connecter sur le canal principal de Konohagakure. Akamaru et FauveDeJade étaient plongés dans une étude comparée des qualités de leurs petites amies respectives. Avec un ricanement vaguement sadique, Naruto ajouta son grain de sel à la conversation en prenant note de l'enregistrer pour la passer à Sakura lorsque Kakashi se serait enfin décidé à les briefer. Il avait renoncé à son amour de jeunesse pour elle depuis des années, mais il n'avait jamais tout à fait pardonné à Lee d'avoir réussi là où il avait répétitivement échoué.

Le calme finit par revenir sur le canal privé de l'équipe sept et Naruto changea à nouveau de fenêtre, impatient de connaître les détails de leur prochaine mission. Cela faisait un moment qu'il n'avait pas revu son équipe, et bien que le job de surveillant à l'école du quartier qu'Iruka lui avait dégoté lui plût beaucoup, l'action lui manquait.

Comme d'habitude, Kakashi se contenta de leur donner les grandes lignes du travail qui les attendait et le lieu et la date du rendez-vous. Collecte d'informations. Un petit café dans le centre-ville de la capitale de Kusa no Kuni. Dans deux jours. Plus de détails sur place.

Naruto se laissa aller dans son siège, déçu. La collecte d'informations, c'était difficilement ce qu'il appelait de l'action… Mais après tout, peut-être qu'il y aurait des imprévus et qu'il aurait l'occasion d'étaler le fruit de son entraînement ? Revigoré, il répondit avec son enthousiasme habituel qu'il était hors de question qu'il paie lui-même le prix du billet d'avion, nom d'un renard !

Une demi-heure plus tard, les derniers détails étaient réglés et Kakashi se déconnecta sous le prétexte fallacieux qu'il venait de voir par la fenêtre une chèvre se faire renverser par un tracteur. Sachant très bien que leur aîné habitait au vingt-huitième étage de son immeuble et en plein centre-ville, Naruto et Sakura eurent tôt fait de s'engager dans une longue séance de lynchage de leur chef de groupe.

Puis il informa sa coéquipière de la haute opinion d'elle que Lee étalait sur le canal principal et Sakura se déconnecta à son tour en catastrophe, probablement pour aller rendre une visite tardive à son petit ami qui, dans sa malheureuse détermination, avait réussi à emménager à cinq minutes de chez elle.

Ricanant dans sa barbe, Naruto revint sur le canal principal et déchanta un peu en se rendant compte que, FauveDeJade étant déjà sorti, il ne serait pas capable de lui annoncer la charmante surprise qui allait bientôt lui tomber dessus. Il fit d'autant plus la moue en se rendant compte que Kiba s'était également déconnecté, ne laissant plus que quelques inconnus plongés dans une discussion fadasse.

Ne se sentant aucune envie d'aller se coucher mais pour une fois peu d'humeur à aller jouer les trouble-fêtes, d'autant plus qu'il savait comment il serait reçu par ces types sans doute deux fois plus âgés que lui qui le connaissaient très certainement au moins de réputation – et pas forcément pour ses capacités exceptionnelles, malgré ce qu'il aurait aimé en croire –, Naruto végéta quelques minutes devant son écran en espérant voir apparaître une distraction.

Généreusement affalé sur la table, le menton tristement posé sur ses poignets croisés, sa queue épaisse battant l'air derrière lui en un mouvement paresseux, il s'était presque résolu à rejoindre son lit lorsqu'il remarqua que l'un des connectés était aussi silencieux que lui. Son pseudonyme ne lui disait strictement rien.

Curiosité piquée, il engagea aussitôt une conversation privée.

Kyûbi : salut ! je t jamais vu ici. nouvel recru ?

L'autre prit son temps pour répondre, et Naruto se mit distraitement à tambouriner des doigts sur la table, impatient.

Mangekyô : Pas vraiment.
Kyûbi : tu dois pas passé souven alors
Mangekyô : Ca faisait un bail.
Kyûbi : tu es dan quel équipe ?
Mangekyô : En quoi ça te regarde ?
Kyûbi : c juste par curosité, pas la peine de monter sur tes grands chevau !
Mangekyô : Garde ta curiosité pour toi, loser. C'est comme ça que tu finiras par te faire tuer

Naruto se hérissa, sa queue venant battre contre sa chaise en un mouvement excédé.

Kyûbi : personne ne m'apele comme ça, enfoiré ! rien que pour ça, je srai déjà en route pour te caser la gueule si t'avé le cran de me donner ton adres !
Mangekyô : Oh, susceptible ? On doit te le dire souvent pour que ça te fasse cet effet-là.
Kyûbi : c réservé connar, je laisse pas bocou de personnes m'insulté comme ça et t pa sur la liste
Mangekyô : Et elle est longue cette liste ?
Kyûbi : nan très courte
Mangekyô : Une seule personne ?

Naruto fronça les sourcils, mains immobilisées au-dessus du clavier. Où voulait-il en venir, ce type ? D'abord il semblait chercher les ennuis et le plus court moyen de l'énerver, et maintenant il insistait sur un détail. Qu'est-ce que ça pouvait lui faire si c'était le cas ?

Apparemment son silence dut répondre pour lui puisque l'autre poursuivit la conversation.

Mangekyô : Bien ce qu'il me semblait.
Mangekyô : Tu devrais arrêter ça, tu vas encore te plaindre d'avoir des crampes demain

Perplexe, Naruto ne trouva rien de très intelligent à répondre.

Kyûbi : hu ?
Mangekyô : Ta queue, crétin. Je parie que tu l'as enroulée sur le pied arrière droit de ta chaise et que tu serres comme un idiot.

Naruto eut un sursaut coupable et tira précipitamment sa queue de l'endroit mentionné, la lovant par réflexe contre sa cuisse.

Mangekyô : Tu fais toujours ça quand t'es énervé. Et arrête de taper du pied, même si je ne le vois pas ça m'agace

Naruto stoppa aussitôt tout mouvement nerveux et reposa ses pieds à plat par terre. Ses mains tremblaient un peu. Il se renversa en arrière et les fourra dans ses poches, tentant de prétendre que sa respiration était régulière.

Il fallait l'avoir connu un certain temps pour parvenir à anticiper ses réflexes nerveux, que ce soit quand il était en colère ou commençait à se sentir mal à l'aise. Et il n'avait sûrement pas pour habitude d'exposer sa queue à l'école du quartier : même si les enfants l'adoraient, c'était un détail qu'il savait très bien devoir garder privé.

L'intolérance des autres lui avait été très tôt démontrée lorsque, tout gosse, il avait été rejeté et ridiculisé pour sa queue qu'il n'avait à l'époque aucun moyen de cacher. Les transformations animales partielles et souvent peu esthétiques qu'il endurait de plus quand il était dans un état particulièrement émotionnel ne l'avaient guère aidé à s'intégrer, et il avait passé la plus grande partie de son enfance seul. Orphelin très jeune, il avait été recueilli par Iruka, mais l'enseignant avait été la seule personne apparemment disposée à l'accepter comme il était dans leur petite ville.

Ayant plus tard été envoyé à la capitale grâce aux considérables efforts financiers de son gardien, Naruto avait fini par trouver un peu d'anonymat parmi la foule et rencontrer enfin des gens aussi différents que lui. Sakura avait été l'une des premières, et bien qu'elle n'ait pas tout de suite éprouvé une amitié foudroyante pour lui, c'était sa personnalité et non son aspect qui l'avait rebutée. Ayant finalement trouvé un peu de sérénité, Naruto avait pu commencer à maîtriser ses pouvoirs et avait appris à en camoufler les aspects les plus visibles.

Mais le lien le plus fort qu'il avait tissé à cette époque-là, celui qui l'avait vraiment aidé à s'accepter, ce n'avait pas été Sakura.

Sur son écran, pendant qu'il tentait d'ignorer l'affolement croissant de son pouls, l'autre avait profité de sa distraction pour changer de pseudonyme.

Sharingan : Toujours là, abruti ?

XXX

Sharingan. Sasuke Uchiwa.

Il avait été le quatrième membre de l'équipe sept à l'époque de sa création, presque huit ans auparavant. Sasuke était une exception sur beaucoup de points de vue, à commencer par celui de sa naissance : second-né de sa famille, il avait étrangement été doté d'une mutation au même titre que son frère aîné, bien que ce genre de coïncidence fût extrêmement rare.

Ses parents, au lieu d'y voir une anomalie, avaient choisi de s'en enorgueillir, mais ils étaient alors devenus très exigeants pour leurs deux fils. Doué dans tous les domaines, Itachi n'avait pas paru en souffrir, mais Sasuke avait constamment dû subir les comparaisons entre son frère aîné parfait, diplômé d'université à seize ans avec félicitations du jury, et son misérable record de premier de la classe. Il n'était cependant jamais devenu amer, idolâtrant son aîné et bien décidé à l'égaler un jour.

Et puis, Itachi était devenu un Nukenin, un ninja assassin.

Personne ne savait vraiment ce qui l'avait poussé à tuer toute sa famille, n'épargnant que son petit frère, mais les flammes noires que sa mutation lui permettait de contrôler avaient dévoré les corps les uns après les autres, ne laissant que des cendres. Cette nuit-là, il était devenu Amaterasu. Peu de temps après s'était répandue la rumeur qu'il avait rejoint l'Akatsuki, un groupe de ninjas extrêmement dangereux qui ne reculait devant rien pour atteindre ses objectifs, quels qu'ils soient.

Sasuke avait été laissé seul, un enfant d'à peine neuf ans qui avait vu sa famille mourir devant ses yeux, tuée par la personne qu'il admirait le plus au monde. Dès lors il s'était juré de maîtriser ses pouvoirs, de traquer son frère et d'obtenir vengeance.

Naruto avait probablement été le seul véritable ami de Sasuke après la mort de ses parents. Constamment en conflit, les deux adolescents n'avaient pas semblé se lasser de s'insulter mutuellement ou de s'engager dans des bagarres dont ils ressortaient bien souvent le visage enflé ou en sang. Bien que leur relation ait quelque peu fini par s'assagir jusqu'à ce qu'ils n'en viennent plus systématiquement aux poings, cette atmosphère de rivalité ne les avait jamais vraiment désertés.

Quand Sasuke avait choisi de rejoindre Konohagakure pour apprendre à maîtriser sa mutation, c'est tout naturellement que Naruto avait suivi afin de devenir "le plus grand ninja de tous les temps !" Et les placer dans la même équipe avait également coulé de source, bien que Naruto ait bruyamment protesté pendant des jours après coup.

Placée sous le commandement de Kakashi, l'équipe avait fonctionné paisiblement durant quatre ou cinq ans, avec ses hauts et ses bas. Puis l'Akatsuki avait lancé une série d'attentats meurtriers sur Kaze no Kuni et kidnappé une bonne quinzaine de jeunes mutants. Une semaine plus tard, Sasuke remettait sa démission à Tsunade et quittait Konohagakure sans avertir personne, pas même son meilleur ami.

Malgré les efforts acharnés de Sakura et Naruto pour le retrouver, et même les recherches plus prosaïques de Kakashi… il avait rompu tous les ponts, couvert toutes ses traces, il avait disparu.

Et trois ans plus tard, il avait le culot de réapparaître comme si de rien n'était sur un canal soi-disant sécurisé, et d'exiger de son (ex ?) meilleur ami qu'il rate volontairement l'avion pour lequel Kakashi lui avait expressément réservé un billet et prenne le suivant. Et tout ça pour quoi ? Ses beaux yeux peut-être ? Si encore ç'avait été le cas !

Si encore il avait eu la moindre garantie de revoir Sasuke en se pliant à ses ordres – parce qu'il ne s'agissait pas d'une requête, non, Sasuke Uchiwa ne demandait pas de service, quelle drôle d'idée –, peut-être, peut-être se serait-il exécuté.

Mais Môssieur s'était contenté de poser ses exigences, avait pris le temps de l'insulter encore deux ou trois fois pour le plaisir, puis s'était éclipsé aussi sec sans daigner répondre aux questions à demi hystériques qui fusaient par tas de dix par seconde sur son écran. Raah, mais pourquoi s'était-il donné autant de mal pour retrouver un enfoiré pareil ?

Et pourquoi, pourquoi était-il toujours planté devant ce présentoir débile alors que son avion était sur le point de partir ?

Naruto releva le nez du magazine qu'il avait attrapé au hasard et feuilletait depuis dix bonnes minutes. Se mordillant nerveusement la lèvre, il jeta un regard circulaire sur l'aéroport comme s'il espérait y trouver la réponse au dilemme qu'il ne voulait même pas admettre se poser.

Avec un soupir, il referma l'hebdomadaire et découvrit avec surprise qu'il traitait de jardinage. Il lui avait bien semblé voir beaucoup de vert… Tirant la langue en l'une de ses habituelles grimaces puériles, il reposa la revue et saisit sa voisine. Ah, non, là il entrait dans le rayon puériculture.

Les haut-parleurs annoncèrent de leur voix suave le départ de son avion.

Sakura allait le tuer.

XXX

Il avait migré au petit café non loin du kiosque et était très occupé à s'ennuyer en fixant le plafond avec l'enthousiasme d'un rat mort lorsque son portable sonna.

Sautant sans réfléchir sur l'opportunité d'une distraction, il le sortit aussitôt de sa poche et décrocha.

« Allô ? »

Le silence régna quelques instants à l'autre bout de la ligne, puis une voix menaçante gronda :

« Naruto… Pourquoi n'es-tu pas dans l'avion ? »

Naruto eut une grimace de panique.

« Mais qu'est-ce que tu racontes Sakura-chan ? » répondit-il avec un rire qui sonnait faux même à ses oreilles. « Je suis dans l'avion, là, je suis en route… »

« Ne te fous pas de moi, Naruto ! » vint le rugissement. « Les portables doivent être éteints durant les trajets, et ça ne résonne pas comme ça dans un avion ! Où est-ce que tu es, bougre d'âne ? »

« A l'aéroport » soupira Naruto, renonçant à défendre sa cause. « J'ai loupé le départ, ok ? Je prends le prochain. »

« Mais comment est-ce possible d'avoir autant de vide à la place du cerveau ? Je t'ai répété au moins dix fois hier de mettre ton réveil, l'alarme de ton portable, tout ce que tu voulais pourvu que tu sois à l'heure ! »

Naruto s'avachit dans son siège avec un grognement de dépit, laissant Sakura vider son sac à l'autre bout de la ligne. Pour une raison quelconque, il n'avait pas vraiment envie de la mettre au courant de la vraie raison de son retard. Tant qu'il ne savait pas à quoi jouait cet enfoiré de Sasuke, il ne voulait pas lui donner de faux espoirs.

Quelque chose capta son attention à l'extrémité de son champ de vision et il se retourna.

Parmi la foule d'hommes, de femmes et d'enfants pressés qui allaient et venaient sans arrêt à l'extérieur du café, une silhouette restait immobile et le fixait. Habillé d'un jean noir et d'un T-shirt bleu sombre, une veste jetée par-dessus son épaule, Sasuke lui souriait d'un air entendu, une lueur de quelque chose – amusement ? gratitude ? affection ? – dans ses yeux noirs.

« Je te rappelle, Sakura » souffla Naruto sans oser dévier son regard.

Il raccrocha sans écouter les protestations indignées de son amie, déposa quelques pièces sur la table sans faire attention au total et sortit précipitamment.

Mais un large groupe de touristes choisit ce moment pour traverser le hall, et lorsqu'il les eut contournés, il l'avait perdu.

Encore une fois.

XXX

Naruto jeta un coup d'œil jaloux à son voisin apparemment profondément endormi. Ce veinard raflait le siège près de la fenêtre et il dormait ! Il aurait au moins pu avoir la courtoisie de lui céder la place ou quelque chose du genre. Bon sang, pourquoi n'avait-il pas acheté ce magazine avec les BD débiles pendant qu'il était au kiosque ?

Boudeur, il fixa le siège devant lui avec une fixité hypnotique. Il avait envie de se lever pour aller inspecter le reste des passagers. En fait, il mourrait d'envie de se lever pour aller inspecter le reste des passagers, mais quelque chose le retenait. Peur de la déception ? Peut-être. S'il s'avérait que Sasuke n'était après tout pas dans l'avion, il n'était pas sûr de savoir comment il réagirait.

Cédant finalement aux appels répétés de sa vessie, il poussa un énorme soupir et consentit à se lever. Jetant des coups d'œil de part et d'autre malgré son appréhension, il ne vit aucune tête familière. En revanche, un énorme type au visage couvert lui retourna un regard noir. Son voisin n'avait pas l'air d'en mener large. Naruto supposa que ça se justifiait, Rayon de Soleil avait l'air d'avoir des dents très pointues sous cette large cagoule. Lui retournant l'un de ses sourires les plus hypocrites, il poursuivit son chemin vers l'arrière de l'appareil.

Ayant satisfait les besoins de son organisme, il finit par revenir à sa place bredouille. Peut-être avait-il mal regardé ? Maudissant ce qui l'avait poussé à céder à cet imbécile et réclamait à présent à corps et à cris sa présence, Naruto renia cette partie de lui peu flatteuse et l'invita à aller se relocaliser chez l'Uchiwa puisqu'elle lui était si attachée.

Non, il ne boudait pas. Il n'avait aucune raison de bouder, il avait simplement eu un moment d'égarement, mais tout rentrerait dans l'ordre dès qu'il aurait atterri, rejoint ses coéquipiers, et qu'il se serait copieusement fait engueuler par Sakura. Sakura qu'il n'avait d'ailleurs jamais rappelée.

Boulette.

Il fut interrompu dans la rédaction de son testament par un cri et un bruit sourd. Plusieurs autres personnes à l'avant de l'avion se mirent aussitôt à crier mais furent bien vite forcées de se taire. Un homme au sourire de fouine apparut au milieu de l'allée.

« Mesdames et messieurs, je vous prie de rester calmes. Nous détournons cet avion, mais si vous coopérez bien gentiment, tout se passera bien » fit-il mielleusement.

Des murmures s'élevèrent dans l'habitacle pendant que les passagers se blottissaient contre leurs parents ou amis, incrédules.

« Veuillez retourner à vos sièges et fermer vos clapets » continuait aimablement la fouine, circulant lentement le long de l'allée avec de grands gestes grandiloquents qui exposaient clairement les lames jumelles qu'ils tenaient à la main.

« Il n'aurait pas dû pouvoir passer ça à travers les détecteurs de métaux ! »

Naruto se tourna vers son voisin qui venait de haleter son incrédulité. L'adolescent paraissait un peu plus jeune que lui et semblait terrifié, tiré de sa sieste comme il l'avait été pour assister à un détournement d'avion tout droit tiré d'un mauvais film dont il serait l'un des acteurs principaux. Naruto lui adressa un large sourire décontracté.

« C'est parce qu'il ne les avait pas avec lui en montant dans l'avion. Il les a créées entre-temps. »

« Créées ? »

« Oui, c'est un mutant. Tu n'as pas vu ? Ses lames sortent directement de la paume de ses mains. Ca vient probablement de ses os ou quelque chose comme ça. »

Le gamin frissonna de dégoût avant de lui jeter un regard torve.

« Tu n'as pas peur ? »

Naruto laissa échapper un éclat de rire mais n'eut pas le temps de continuer, la fouine venant de le planquer contre son siège pour lui coller une de ses lames sur la gorge. Le gamin émit un glapissement de frayeur.

« Qu'est-ce qui te fait rire comme ça, blondinet ? » gronda le ninja.

Naruto se contenta de lui sourire en le regardant droit dans les yeux, ce qui ne sembla que l'énerver encore plus. Un de ses acolytes surgit derrière lui et leur adressa un regard méprisant.

« Laisse tomber Mizuki, c'est juste un petit con qui se prend pour un héros. »

Le dénommé Mizuki grogna quelque chose de pas très poli, mais finit par le lâcher avec un dernier regard mauvais.

« Tiens-toi tranquille, petit merdeux, ou je t'égorge. Pigé ? »

Naruto capta un mouvement du coin de l'œil et adressa un sourire sirupeux à son agresseur.

« Oh, mais absolument monsieur le steward. Je serai bien sage ! »

En fond sonore, l'Acolyte Anonyme ordonnait à un autre passager de bien vouloir se rasseoir avant qu'il ne lui perce un deuxième trou de balle. Mizuki leva à nouveau sa lame, un rictus de rage sur le visage, lorsque Naruto émit un autre bref éclat de rire.

« Qu'est-ce qui est si marrant que ça justifie ta mort, vas-y, dis-moi » intima-t-il en le saisissant par la gorge.

Naruto lui adressa son plus large sourire, les yeux pétillants.

« Je me demandais juste si votre collègue avait une phobie quelconque ? »

Rigide comme un piquet, le dit collègue fixait le vide d'un air stupide, le visage flasque. Il parut sortir de sa torpeur au bout de quelques secondes et se mit à hurler, le regard fixé sur quelque chose qu'il était seul à voir. Mizuki sursauta et s'écarta d'un bond avant de tourner son regard vers l'avant de l'appareil.

Nonchalamment planté entre les sièges, Sasuke ramena son regard de la seconde allée où il l'avait planté et reporta sans un mot son attention sur l'homme aux couteaux. Ses yeux étaient rouges. Un deuxième homme se mit à hurler comme un demeuré de l'autre côté de l'avion, et un, puis deux bébés donnèrent bientôt la réplique aux cris. Mizuki eut une inspiration brutale et se détourna précipitamment, tirant d'une main tremblante une paire de lunettes de soleil providentielle de sa poche.

« Sharingan ! » hurla-t-il pour prévenir ses collègues encore sains d'esprit.

Il avait à peine terminé qu'il s'écroulait comme une masse, étalé d'un seul coup à la nuque. Naruto prit soin de lui marcher copieusement dessus en évacuant son siège.

« Faudrait pas voir à m'oublier, mon pote » fit-il d'un air mauvais.

« Dis donc abruti, tu crèches là ou tu te décides à rappliquer ? » lui parvint depuis l'autre bout de l'avion, où Sasuke se mettait en position pour repousser les trois autres hommes qui venaient de jaillir dans l'habitacle.

« Ta gueule, chuis là dans trois secondes ! » beugla-t-il par-dessus le vacarme auquel s'ajoutait plus d'un cri de passager paniqué.

Prenant le temps de se tourner vers son voisin qui était à présent plaqué contre la paroi avec l'expression d'un lapin acculé, il lui sourit à nouveau et lui fit le traditionnel signe du pouce levé.

« T'inquiète, c'est réglé dans cinq minutes à tout casser. »

Reportant son attention sur la bataille à l'avant, il hurla un avertissement inutile aux passagers qui s'étaient de toute façon baissés depuis longtemps. Sa queue émergea de la couture de son pantalon, bientôt suivie par huit sœurs jumelles, et il s'élança par-dessus les sièges pour rebondir sur les appuis-tête, manquant plus d'une fois se fracasser le crâne contre les porte-bagages.

Atterrissant finalement derrière le troisième assaillant qui avait le culot d'essayer de lancer des boules de feu à la tête de son meilleur ami, il décida de lui démontrer par A plus B son opinion sur la question.

Quelques minutes plus tard, le dernier hors-la-loi embrassa à son tour le sol et Naruto s'accroupit par habitude, ses neuf queues fouettant l'air, et adressa un regard interrogatif à Sasuke de ses yeux aux pupilles fendues.

« Il y en a encore un dans la cabine de pilotage » fut-il répondu à sa question muette alors même que le jeune homme enjambait les corps et prenait cette direction d'un pas ferme.

Naruto émit un grognement agacé et gratta ses larges marques en forme de moustaches de ses ongles trop longs, avant de se relever et de lui emboîter le pas.

Leur avancée fut stoppée lorsque l'avion émit une violente embardée et ils s'immobilisèrent, vacillant, alors que tous les passagers au bord de la panique bouclaient précipitamment leurs ceintures avec force cris. La porte de la cabine de pilotage s'ouvrit en claquant et l'immense silhouette de Rayon de Soleil s'y encadra. Sa capuche avait disparu et exposait clairement sa peau bleu pâle, ses yeux globuleux et les branchies sur ses joues. Derrière lui, deux corps inanimés reposaient dans les sièges du pilote et du copilote.

« Oh non… » eut le temps de gémir Naruto lorsque l'avion amorça une large courbe descendante.

Réagissant par réflexe, il plaqua Sasuke au sol où le jeune homme s'accrocha aussitôt aux pieds des sièges les plus proches. Ceci fait, il se projeta vers l'avant de toute la force considérable de ses jambes au milieu des hurlements de panique. Les Dents de la Mer restait planté dans l'embrasure malgré l'accélération, fermement accroché aux parois de part et d'autre de la porte, et lui adressa un rictus condescendant.

Naruto lui répondit d'un regard noir et entreprit de lui apprendre à ne pas le prendre pour un poids-plume, entrant en collision avec lui de toutes ses forces. L'homme vacilla sous le choc et leva une énorme main pour le frapper. Naruto évita le coup en s'accrochant à son tour à l'encadrement de la porte pour se déporter contre la paroi adjacente, lacéra de ses griffes aussi profondément qu'il le put le poignet par lequel l'armoire à glaces résistait toujours, puis infligea un puissant coup de pied dans les blessures.

Forcé de lâcher prise, le mutant fut aussitôt projeté vers l'arrière de l'appareil.

Naruto se hissa dans la cabine de pilotage à la force des bras et osa jeter un coup d'œil à l'extérieur. Pâlissant sensiblement en réalisant la vitesse à laquelle se rapprochait le sol, il lutta pour atteindre les commandes, parvenant finalement à redresser le manche malgré le corps du pilote qui y était appuyé de tout son poids.

L'appareil amorça une longue courbe qui le ramena en position horizontale, et Naruto laissa échapper un énorme soupir de soulagement. Prenant une seconde pour chercher le pouls du pilote d'une main, il abandonna en réalisant la quantité de sang qui dégoulinait de la gorge de l'homme et s'était répandue sur les commandes. Avec une grimace désolée, il parvint à déboucler la ceinture et tira le corps hors du siège du mieux qu'il le put alors qu'il n'osait pas lâcher les commandes. Ceci fait, il prit la place du mort en s'efforçant de ne pas prêter attention à l'odeur métallique qui recouvrait tout.

Heureusement, il savait comment faire voler cet engin… Grosso modo.

Il s'efforçait encore de déterminer dans quelle direction l'appareil avait été détourné lorsque les bruits sourds reprirent à l'arrière, couvrant la rumeur du reste des passagers. Jurant copieusement contre l'homme-poisson, il finit par localiser l'aéroport le plus proche et modifia le cap à la va-vite. Le message de détresse devrait attendre – de toute façon, il lui faudrait sans doute plusieurs minutes pour se souvenir du fonctionnement du système radio. Quelle idée de mettre autant de boutons, d'interrupteurs et de cadrans sur ce tableau de bord !

« Monsieur le renard ! »

L'adolescent qui était son voisin de siège fit irruption dans la cabine de pilotage, très pâle.

« Votre ami est en train de… ! »

« Oui oui, j'arrive ! » l'interrompit-il, stressé, en bondissant de son siège.

Saisissant le gamin au vol, il le planta devant les commandes.

« Surveille ça, touche pas au manche. Si quelque chose se met à clignoter, hurle ! »

« Mais… »

Ignorant le regard écarquillé que le gamin vaguement verdâtre posait sur le corps ensanglanté du copilote, Naruto décida qu'il irait très bien et se rua à l'arrière, sursautant lorsque Sasuke s'écrasa contre le mur juste à côté de la porte et se mit à cracher du sang. Il se planta aussitôt entre son coéquipier et le mutant, qui s'avançait vers eux dans l'allée encombrée par les affaires éparpillées des passagers. Cet enfoiré n'avait même pas l'air d'avoir souffert du vol plané et lui offrit un rictus, moqueur.

« Fais pas le con, Kyûbi » haleta Sasuke en le voyant se hérisser. « C'est Samehada, Kisame Hoshigaki. C'est un Nukenin membre de l'Akatsuki ! »

Naruto se figea, ses neuf queues s'immobilisant aussitôt. Samehada lui adressa un nouveau sourire plein de dents et tendit une de ses mains énormes vers l'un des passagers recroquevillés dans son siège. Le pauvre homme se débattit, marmonnant des supplications sous son masque à oxygène, mais ses mouvements ne tardèrent pas à ralentir, puis à cesser tout à fait. Ses yeux roulèrent dans ses orbites et il prit une pâleur cadavérique. Une fraction de seconde plus tard, des plaies béantes s'ouvrirent spontanément sur son corps et le sang gicla en gros bouillons, puis l'homme s'effondra, mort. Sa voisine éclaboussée de sang se mit à hurler, hystérique.

« Il aspire l'énergie et l'utilise pour découper le corps de ses victimes » finit Sasuke en se relevant tant bien que mal, le visage sombre.

Kisame se tourna à nouveau vers eux, son faciès de requin orné d'un rictus de jubilation. Naruto découvrit à son tour ses crocs en un rictus animal, une lueur carmine dans ses yeux bleus.

Il bondit.

XXX

Il fut assez ardu d'expliquer aux services de sécurité de l'aéroport de Kusa no Kuni que les sept terroristes mutants qui avaient tenté de prendre le contrôle de l'avion avaient tous été maîtrisés par deux jeunes hommes d'à peine vingt ans qui se trouvaient là par le plus grand des hasards. Et bien entendu Sasuke ne se donna pas la peine d'offrir son assistance, fixant l'aire de débarquement par-dessus l'épaule des agents d'un air profondément ennuyé.

Naruto lui aurait bien donné un bon coup de pied dans les tibias si cela n'aurait pas gâché le large sourire jovial qu'il adressait à leurs interrogateurs, interrogateurs qui avaient d'ailleurs l'air inexplicablement mal à l'aise en sa présence. La réponse à ce mystère ne tarda cependant pas à venir lorsque l'un d'entre eux finit par lui offrir un mouchoir en lui suggérant timidement d'essuyer le sang qui lui maculait le visage.

Et évidemment, Sasuke n'avait pas une mèche de travers et son T-shirt avait à peine l'air froissé. Pourquoi fallait-il que ce type paraisse toujours tout droit sorti d'une brochure de mode et que ce soit lui qui fasse l'impression d'un monstre sanguinaire, nom d'un chien ?

Un infirmier vint informer les agents que seuls quatre morts étaient à déplorer : le pilote et le copilote, l'un des passagers, ainsi que celui qui avait vraisemblablement été le chef du groupe de terroristes, lequel avait eu la gorge tranchée.

L'officier jeta un regard torve à Naruto qui, n'ayant rien entendu de ce qui se disait, tentait de déloger ce qui semblait être un bout de chair de sous ses ongles avec un rictus dégoûté. Un faible mouvement capta son attention derrière les jambes du jeune homme et il écarquilla les yeux, incrédule. Sasuke remarqua son regard et leva les yeux au ciel, passant discrètement une main dans le dos de son compagnon et tirant sans délicatesse sur sa queue.

Naruto sursauta et laissa échapper un jappement de douleur, ce à quoi tous les agents le fixèrent, surpris.

« Hé hé héé… Une crampe, désolé » dit-il avec un large sourire embarrassé, passant par réflexe une main dans sa tignasse.

Les policiers échangèrent un regard perplexe, et Naruto en profita pour fusiller du regard Sasuke et son haïssable petit sourire en coin.

Ne voyant plus rien d'inhabituel chez le postérieur du jeune homme, l'officier se montra étonnamment moins insistant après cet épisode, et c'est finalement cinq minutes plus tard qu'il leur demanda leurs coordonnées en guise de conclusion, au cas où l'enquête aurait encore besoin d'eux. Sasuke se raidit imperceptiblement à ce stade de la conversation. Comme le stupide bon samaritain qu'il était, Naruto se jeta quasiment sur l'agent et babilla une des fausses adresses au compte de Konohagakure et son numéro de portable, certifiant que ce n'était par contre pas une très bonne idée de tenter de le joindre à son domicile car la vieille d'en bas avait apparemment trouvé un moyen d'espionner ses conversations privées et que c'était précisément la commère du quartier, non pas qu'il se plaignit du quartier lui-même, vraiment, c'était un bon voisinage et le loyer n'était pas cher, ç'aurait juste été le paradis si les murs étaient un peu plus épais et les voisins moins curieux, bien qu'il n'avait évidemment rien de spécial à cacher, mais monsieur, il avait comme tout le monde droit à un peu de vie privée et il se trouvait que sa dernière petite amie l'avait quittée à cause d'une stupide méprise engendrée par le bouche-à-oreille intensif, et bien qu'il était sûr que sa vieille voisine ne pensait pas à mal elle pouvait parfois être assez envahissante…

A quel point l'officier finit par céder et battit précipitamment en retraite, leur souhaitant une bonne journée par-dessus son épaule avant de disparaître dans la foule.

Le silence régna quelques instants pendant que Naruto reprenait sa respiration, victorieux.

« Ta dernière petite amie… ? » fit Sasuke, levant un sourcil inquisiteur.

« Techniquement c'est moi qui ai quitté Hinata, et ça n'avait rien à voir avec ma voisine du dessous » rectifia Naruto, songeur. « On s'entendait bien et elle m'aimait beaucoup, mais franchement elle a l'air beaucoup plus heureuse avec Kiba. Bien que je ne voie pas comment c'est possible, honnêtement, préférer ce cabot à ma magnificence… »

Il s'interrompit et adressa un regard torve à son ami.

« Et depuis quand tu t'intéresses à ma vie amoureuse, toi ? Je te rappelle que c'est entièrement ta faute si tu n'es pas le premier au courant de ce genre de choses, c'est dur de raconter sa vie à Monsieur l'Invisible, hein ! »

Sasuke lui répondit d'un autre de ses exécrables sourires en coin avant de se détourner. Naruto bouillait de colère mais suivit malgré tout son regard, excédé.

Les passagers du vol qu'ils venaient ni plus ni moins de sauver étaient pris en charge par toute une batterie de médecins et d'infirmiers. Ils avaient tous l'air plus ou moins traumatisé et la plupart des enfants étaient enfouis dans les bras de leurs parents encore très pâles. Aucun d'eux ne leur prêtait la moindre attention, si ce n'était pour leur jeter des regards effrayés et se tenir le plus éloignés possible d'eux.

Naruto se rembrunit à ce spectacle. Même s'ils venaient de leur sauver la vie, tout ce que ces gens voyaient était que des mutants s'étaient déchirés sous leurs yeux et que certains n'avaient pas hésité à tuer. La seule raison pour laquelle ils n'avaient pas encore divulgué leur statut de ninjas était probablement qu'ils avaient trop peur de parler devant eux. Baissant les yeux, maussade, il fut surpris de s'entendre héler.

« Monsieur le renard ! »

Son voisin de siège courait vers lui, encore un peu pâle mais un sourire tremblant aux lèvres.

« Merci pour tout, monsieur le renard ! »

Naruto eut un bref éclat de rire qui évoquait un jappement.

« C'est Kyûbi, pas "monsieur le renard". »

« Je m'appelle Konohamaru ! » lui répondit-il, les yeux brillants. « Tu es un de ces ninjas qui protège les gens, pas vrai ? C'est trop cool ! Je peux avoir ton numéro ? »

Un peu débordé, Naruto lui céda le renseignement sans rechigner. Konohamaru entra religieusement le numéro parmi ses contacts puis prit congé d'eux, promettant de rappeler Naruto pour le remercier encore. S'inclinant brièvement en direction de Sasuke, il eut tôt fait de disparaître à nouveau dans la foule.

« Il est marrant, ce gamin… » fit Naruto avec un large sourire.

« Hn. Si tu as fini de te faire de nouveaux amis, je crois que ton comité d'accueil vient par ici. »

« Quoi ? »

Suivant la direction que Sasuke lui indiquait d'un signe de tête, Naruto aperçut en effet à l'autre bout du hall la tignasse argentée et les cheveux roses peu discrets de ses coéquipiers. Ils s'étaient probablement inquiétés en ne le voyant pas arriver au rendez-vous, même après l'heure prévue pour le second vol qu'il avait dû prendre.

Il sentit la présence de Sasuke se rapprocher dans son dos et allait se tourner à nouveau vers lui quand un baiser fut délicatement déposé dans le creux de son cou. Il se raidit aussitôt et vira au rouge pivoine, incrédule, et un souffle chaud murmura à son oreille :

« A bientôt, Naruto. »

Puis la présence disparut, et le temps qu'il se retourne, il l'avait perdu.

Et pourtant, pour la première fois depuis trois ans, il eut l'impression qu'un vide en lui était finalement comblé. L'adieu suspendu au-dessus de sa tête comme une épée de Damoclès avait disparu.

Souriant d'un drôle de sourire doux-amer, il effleura le creux de son cou où s'attardaient les dernières notes d'un au revoir, et se retourna pour répondre à l'appel de Sakura.


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