Les Maîtres des Dimensions

Résumé général : Alors que Harry déprime après la mort de Dumbledore, il rencontre Némésis, une étrange femme qui lui propose une mission : se rendre dans un monde parallèle afin de créer un autre futur. Il part donc en 1976, dernière année de ses parents à Poudlard, sous le nom de Terry Star, accompagné d'Hélios son phénix mais également de Drago, qui a été renié par son père, portant le pseudonyme de Sylciu Celford. Ils se présentent comme des cousins venus d'Amérique.

Chapitre précédent : De retour dans leur monde, Harry et Drago se retrouvent au cœur d'un nouveau combat. Harry parvient malgré tout à vaincre Voldemort mais tombe dans le coma pendant plusieurs jours. Pendant ce temps, Drago et le professeur Rogue sont mis en accusation pour le meurtre du professeur Dumbledore. Harry intervient toutefois à temps pour empêcher leur condamnation. Suite à cela, lors de la cérémonie rendant hommage aux morts, Hermione active un sort laissé par Némésis qui envoie Harry et Drago dans un autre monde.

Dernière petite note : Et bien voilà qui met fin à cette fic. Je remercie tous ceux qui ont eu la patience d'attendre les chapitres qui ont pu être très lents à venir. Je remercie également tous les beta-readers qui m'ont aidé tout au long de cette fic.

Ce chapitre a été particulièrement difficile à écrire pour moi (ce qui explique en partie le délai puisque je voulais le publier avant la fin de l'année 2013. Raté). J'espère qu'il vous plaira.

BONNE LECTURE A TOUS

Epilogue : Retrouvailles

Veena s'amusait follement. Évidemment elle n'en montrait rien. Premièrement parce que cela aurait démontré un manque certain de savoir-vivre et deuxièmement parce que sa formation lui avait appris à demeurer aussi stoïque que possible quelles que soient les circonstances. Pourtant, il fallait bien reconnaître que ce genre de soirées était digne d'une pièce de théâtre. Elle laissa échapper un demi-sourire en voyant que ce pauvre James avait encore été pris d'assaut. Ce qui, finalement, n'avait rien d'étonnant.

- Tu te divertis, n'est-ce pas, Veena ?

L'appelée se retourna pour croiser un regard vert pétillant d'humour.

- Bonsoir Lily. Comment vas-tu ?

- Bien. Revenir à Poudlard est toujours un plaisir.

Le regard de la brune s'égara vers le plafond magique où une nuit étoilée scintillait gaiement. Son sourire s'élargit.

- Oui, c'est toujours un plaisir. Surtout pour James, n'est-ce pas ?

- Indéniablement, répondit la rousse.

Pour le Chevalier qu'était James, venir au château était même un besoin. Il devait nécessairement y venir une fois par an pour entretenir le lien qui le liait à ces lieux depuis qu'il avait relevé les épreuves des Fondateurs, une vingtaine d'années plus tôt. Pour autant, Veena n'était pas certaine qu'il passe réellement un bon moment. Ce n'était pas un grand amateur de ce genre de mondanités. Ce qui, au regard de ses fonctions, était assez comique.

- Bonsoir mesdames, fit une voix douce dans leur dos.

Veena se retourna à demi.

- Bonsoir, professeur Dumbledore.

Le sourire du directeur lui apprit qu'il n'était pas dupe de son air indifférent. Elle n'y prêta guère d'attention. Cela faisait des années qu'elle avait estimé qu'il ne servait à rien de tenter de cacher des choses au directeur, même les plus insignifiantes. Il était encore plus curieux qu'elle !

- Cette fête n'est-elle pas réussie ? fit le vieil homme.

Lily eut un petit rire.

- Vous adorez cela, n'est-ce pas, Albus ? Jouer les entomologistes face à la société sorcière.

Le mage prit un air choqué assez peu crédible à l'avis de Veena.

- Je ne vois pas ce que vous fait dire cela, Lily.

Le sourire de la rousse s'élargit.

- Mais bien sûr.

- Docteur Potter ! appela soudainement une voix.

L'appelée se retourna pour tomber sur Alan O'Keil, qui enseignait l'arithmancie à l'Université de Merlin. Lily avait confié à Veena que depuis qu'elle travaillait à l'Université – soit depuis cinq années, tout de même – l'homme lui faisait du charme. Sans être membre du Cercle, la brune était persuadée qu'un jour, il allait se prendre un sort de la part de James… ou de Lily.

Un petit groupe de politicien s'approcha, bien décidé à engager à son tour la conversation.

- Ma chère Veena, souffla Dumbledore à son oreille, je vous suggère de nous éloigner avant que ces… charmantes personnes ne se rappellent que vous êtes juge au Magenmagot et moi Directeur de Poudlard.

- Et abandonner Lily entre leurs griffes ? Moi qui croyais que vous étiez un ancien Gryffondor !

- Je suis un vieil homme, mon amie. Que voulez-vous ?

C'est en ricanant, pas convaincue pour deux sous, que Veena suivit le directeur jusqu'au buffet. C'est sans surprise qu'elle y trouva son mari et la plus jeune de leur enfant. Ces deux-là étaient de tels gourmands – à moins que le terme adéquat ne soit gloutons.

- Samantha, tu n'es pas là pour dévorer tout le buffet, fit la magistrate.

Sa fille lui lança un grand sourire. Elle avait le même sourire que son père et savait s'en servir.

- Mais c'est si bon, maman ! protesta-t-elle.

- Justement, laisse s'en un peu pour les autres. C'est valable aussi pour toi, Sirius.

Le père de ses enfants eut un petit rire en donnant – sans aucune discrétion – un verre de jus de citrouille à sa fille.

- Allons, Veena. Il faut la comprendre : la nourriture à Poudlard a une saveur que l'on ne retrouve nulle part ailleurs. N'est-ce pas, Albus ?

- Je ne vous le fais pas dire, Sirius. Pourquoi pensez-vous que j'ai accepté d'en être le directeur ? Et, vous, jeune Samantha, vous serez bientôt des nôtres, n'est-ce pas ?

- J'ai presque 8 ans ! annonça fièrement la plus jeune des Black.

Veena sentit le bras de Sirius s'enrouler autour de sa taille. Elle se laissa aller contre lui. Depuis que leur aînée, Astéria, était entrée à l'école de sorcellerie, Sam n'avait qu'une idée en tête : y aller également. Cela faisait beaucoup rire Sirius. Veena, elle, devait admettre qu'elle était bien contente que sa fille soit encore jeune. Il était difficile d'être séparée de ses enfants pendant toute l'année scolaire.

- Remus et Narcissa ne sont pas encore arrivés ? s'enquit-elle pour changer de sujet.

- Pas que je sache, répondit son mari. Par contre j'ai croisé Peter et Kathleen. Ils sont venus avec Shane.

La brune sourit. Shane, le petit dernier de Pettigrow, était mignon comme un cœur du haut de ses cinq ans.

- Et James, demanda Sirius avec un air amusé. Il survit ?

- La dernière fois que je l'ai vu, il était pris d'assaut par tant de personnes qu'on le voyait à peine.

- En même temps, quelle idée de devenir Ministre de la Magie, franchement !

- C'est sûr que s'il n'était encore que chef des Aurors, il serait beaucoup plus tranquille, ironisa l'ancienne Serdaigle.

Son époux éclata de rire. Merlin, comment son rire pouvait-il autant ressembler à un aboiement ? Après quinze ans de mariage, Veena se le demandait encore.

ooOoo

Harry Potter grimaça en tentant de faire profil bas. Pourquoi n'avait-il pas pensé à prendre sa cape d'invisibilité ?, il se le demandait.

- Tu fuis ? souffla une voix à son oreille.

Le jeune homme sursauta.

- Bon sang, Drago ! Tu veux me faire faire une crise cardiaque ?

Son meilleur ami eut un sourire carnassier. A ses cotés, Ron et Neville affichaient un air hilare. Les traîtres.

- Pourquoi pas ? Ce serait assez comique de voir la réaction du gratin du monde sorcier si le fils du Ministre de la Magie venait à faire une crise cardiaque en pleine réception.

Harry s'étrangla, outré.

- Trahi par ses meilleurs amis ! s'exclama-t-il. Où va le monde ?

- Va savoir, ricana Neville.

Le jeune Potter émit un son indéfinissable – entre le grognement et le soupir – avant de se tourner vers l'entrée de la Grande Salle. Il hésitait encore à entrer et à se jeter dans la fosse aux lions. Sérieusement, il adorait son père, mais être le fils du chef des Aurors n'était déjà pas facile, alors celui du Ministre de la Magie !

- Allez courage ! s'exclama Ron. Nous te protégerons !

Harry ricana.

- Ben voyons ! C'est sensé me rassurer ?

- Et bien, jeunes gens, allez-vous vous décider à entrer ? fit une voix bien connue.

Harry et Drago se retournèrent comme un seul homme.

- Maman ! s'exclama joyeusement le blond.

Narcissa lui offrit un grand sourire.

- Bonsoir mon chéri. Harry, comment vas-tu ?

- Il stresse, répondit Ron – non seulement c'était un traître mais en plus il n'avait aucune éducation.

Le brun l'ignora royalement.

- Tout va bien, Tante Narcissa. Mais où sont Oncle Remus et Aurore ?

La mère de Drago eut un petit rire.

- Remus tente de briefer Aurore pour ne pas qu'elle fasse trop de bêtises.

Le blond ricana.

- Papa est toujours plein d'espoirs.

Il fallait dire que la plus jeune des Lupin, du haut de ses 10 ans, était la terreur des réceptions mondaines. Elle avait hérité du don de voyance de sa mère et s'en servait allègrement, ce qui ne manquait pas de mettre sa famille dans l'embarras. Surtout quand elle en profitait pour faire des bêtises – sa grande spécialité. Harry se souvenait avoir entendu sa tante demander comment, en épousant la plus calme des Maraudeurs, elle avait pu accoucher d'une telle enfant. Ce à quoi la mère du brun avait répondu qu'un Maraudeur était un Maraudeur. Harry, très fier de l'héritage laissé par son père et ses oncles, était bien d'accord. D'ailleurs, il s'était chargé, avec Drago, Ron et Neville, de la relève en arrivant à Poudlard. Au grand dam de leurs mères respectives. Et Arthur, le fils aîné de Peter, quoi qu'ayant deux ans de moins qu'eux, n'étaient pas en reste. Le professeur McGonagall disait qu'elle n'y survivrait jamais. Harry la soupçonnait d'espérer que les filles soient plus calmes.

S'il était vrai qu'Astéria Black, l'aînée des Black qui venait d'achever sa première année, tenait plus de sa mère en matière de caractère, sa petite sœur, Sam, serait certainement une vraie maraudeuse. Quand à Aurore Lupin, Poudlard avait encore un an de répit avec de voir arriver cette terreur. Héloïse Pettigrow, qui était actuellement en troisième année, était la plus difficile à classer : elle n'était pas une farceuse comme son frère, mais pas non plus studieuse comme Astéria.

Harry en était là de ses réflexions lorsque Narcissa se tourna vers lui en souriant.

- Je vous propose que nous entrions tous ensembles dans la fosse aux lions. Qu'en penses-tu Harry ?

Drago, Ron et Neville – définitivement des traitres – se mirent à rire. Ils le paieraient.

Le groupe commençait à s'avancer vers la Grande Salle lorsque soudainement, Narcissa se figea, les yeux écarquillés. Harry fronça les sourcils alors que Drago s'approchait de sa mère.

- Que se passe-t-il ? s'enquit Ron.

Il était vrai, songea le brun, qu'il ne connaissait pas bien les Lupin. Le jeune Potter, pour sa part, avait déjà assisté à ce genre de spectacle : sa tante avait une vision. Personne ne prenait les visions de Narcissa Lupin à la légère. Membre du Cercle depuis ses vingt ans, elle était un des voyantes les plus respectées. Harry n'avait compris que tardivement l'étendu des pouvoirs de Narcissa. Un jour, sa mère et Veena lui avaient expliqué ce qu'était le Cercle : un ordre des plus grands voyants de la planète, réunis pour aider le monde grâce à leur don, mais également s'aider les uns les autres. Voir dans l'avenir, comme l'avait déjà compris le jeune garçon qu'il était alors, était quelque chose de difficile et parfois de douloureux. Il avait d'ailleurs vu Narcissa pleurer d'avoir transmis ce don à Aurore – évidemment, la sorcière ignorait que Drago et lui se trouvaient caché dans le couloir à ce moment-là.

- Venez avec moi, s'exclama Harry. Allons prévenir Papa et le professeur Dumbledore. Drago ?

- Je vous laisse faire. Je reste avec Maman.

Sans attendre, Harry, Ron et Neville détalèrent vers la Grande Salle, oubliant tout des appréhensions qu'ils avaient pu avoir plus tôt à l'idée d'y entrer.

ooOoo

Harry grogna. Oh ! Comme c'était original, il avait mal à la tête ! Que s'était-il encore passé, par Merlin ? L'instant d'avant il était devant la tombe de Dumbledore et maintenant, il était… bonne question, où était-il ?

Se redressant sur son séant, il jeta un coup d'œil aux alentours. Définitivement, le parc de Poudlard, quasiment à l'entrée de l'école. Sauf que…

- C'est moi, ou ce parc est trop… net ? s'enquit Drago en se relevant péniblement.

- C'était ce que j'étais en train de me dire, approuva Harry. Aucune trace de combat, ni même de la cérémonie.

Les deux Maîtres des Dimensions se regardèrent.

- Tu penses à ce que je pense ? fit le blond.

- J'ai mal à la tête, répondit le Survivant.

Le renié eut un soupir agacé.

- Ça ne t'empêche pas de réfléchir, que je sache ?

- Et bien… commença le brun en se remettant précairement sur ses jambes.

Il cilla comme une chouette et fronça les sourcils.

- Oh-oh, fit-il.

- Quoi, oh-oh ? Tu ne pourrais pas t'exprimer de manière intelligible ? s'agaça Drago.

Sans répondre, Harry toucha ses cheveux pour les découvrir longs. Nom d'une chouette ! Ainsi le blond n'était pas le seul…

- Nous sommes sous nos apparences d'emprunt. Celles de Terry et Sylciu.

L'espace d'un instant, le Survivant songea qu'il avait mis beaucoup de temps à réaliser quelque chose d'aussi évident. Tout comme Drago, d'ailleurs. En fait, après un an passé dans la peau de Terry Star, son apparence était devenue presque aussi familière au jeune homme que celle de Harry Potter. C'était certainement la raison pour laquelle lui comme Drago n'avaient pas immédiatement remarqué le changement.

- Bonjour ! s'exclama soudain une voix fluette.

Harry sursauta vivement, se retourna, la baguette en avant, pour tomber sur une jeune fille blonde qui lui offrait un charmant sourire. Morigénant contre son manque de vigilance, il s'agenouilla auprès de l'enfant.

- Bonjour, jeune demoiselle. Que fais-tu là ?

La fillette afficha un air malicieux.

- Je me cache.

Les deux Maîtres échangèrent un regard.

- Te cacher de quoi ? s'enquit Drago.

- De papa.

Elle eut une moue boudeuse.

- Il dit qu'il veut que je sois sage pendant la réception. Je suis toujours sage.

Harry réprima un petit rire.

- Vraiment ? Est-ce que s'échapper dans le parc de Poudlard est sage ? Tu aurais pu te perdre ou encore tomber sur des créatures de la Forêt Interdite.

L'enfant éclata d'un rire musical.

- Bien sûr que non ! Je savais que vous seriez là. Au fait, je m'appelle Aurore Lupin.

- Enchanté, Mademoiselle Lupin. Je suis Terry Star et voici Sylciu Celford. Tu devrais rentrer, maintenant.

- Vous m'accompagnez ?

"Est-ce une bonne idée ? A priori nous sommes dans un autre monde. On ne sait pas vraiment où…" objecta mentalement Drago. Harry se tourna légèrement vers lui tout en relâchant légèrement sa magie.

"Je crois que nous savons où, en fait," remarqua le brun. Ils se regardèrent en silence. Oui, ils savaient bien où ils étaient : l'autre monde, celui dans lequel ils avaient passé l'année. C'était certainement pour cela que leurs Bracelets avaient automatiquement réactivés leurs apparences d'emprunt.

Dans un regain de couardise, Harry réalisa qu'il comprenait ce que Drago avait voulu dire. Selon toute vraisemblance, cet univers ne courait aucun danger. Quelle que fût la raison pour laquelle ils avaient été projetés ici, ce n'était pas un Appel, c'est-à-dire que ce n'était pas la Magie qui les avait appelés à l'aide. Dès lors, ils n'avaient pas de raison de se trouver là. Dans cet univers qui était une Dimension-Jumelle et qui désormais devait être si différent. Car le temps avait forcément passé depuis leur départ : Remus était fils unique. Cette fillette disait s'appeler Lupin et elle devait avoir une dizaine d'année. Qu'elle soit la fille ou la sœur du lycanthrope, cela impliquait que plus de dix ans s'étaient écoulés. Il n'était pas certain d'avoir le courage d'aller voir comment ce monde avait évolué. Pas aujourd'hui. Pas après la journée qu'ils venaient de passer.

Une petite main se glissa dans celle du brun. Se retournant, il croisa le regard d'ambre d'Aurore Lupin. Il sentit alors une étrange magie bourdonner autour de la fillette. Qui qu'elle soit, elle était certainement très puissante… Elle sourit.

- Vous venez ? répéta-t-elle en tirant le Maître des Dimensions vers elle. Je ne veux pas me perdre.

Drago leva les yeux au ciel, agacé.

- Petite menteuse, souffla-t-il avec un sourire en coin.

- Aurore ! cria soudainement une voix.

ooOoo

Remus songeait très sérieusement à étrangler sa fille. Ou alors à la pendre par les pieds à l'une des gargouilles du château. Bref, Aurore allait connaître une punition qu'elle n'était pas prête d'oublier. Bon sang, il pensait avoir eu droit à tout avec Drago qui s'était mis en tête, secondé par Harry, Neville et Ron, de faire autant de bêtises que les Maraudeurs – Merlin leur vienne en aide – mais ce n'était rien par rapport avec ce qu'Aurore lui faisait vivre. Par Morgane, une enfant de son âge ne devrait pas avoir un tel contrôle de son pouvoir de voyance ! Car, couplé à son espièglerie naturelle, cela donnait des situations inextricables.

C'était ainsi qu'il se retrouvait à chercher sa fille dans le parc de Poudlard au lieu d'être en train de participer à la réception. Il allait tout simplement l'étrangler. Elle lui avait échappé au moment où, ayant terminé de lui expliquer qu'elle devait bien se tenir pendant la réception, il s'avançait vers le hall d'entrer de Poudlard. Comment avait-elle pu disparaître ? Remus avait cessé de tenter de comprendre comment sa fille parvenait faire des bêtises. Elle avait simplement un don pour cela.

Il ne mit cependant pas très longtemps à la retrouver. Étrangement, elle se trouvait avec deux jeunes hommes, probablement des élèves. Remus se demanda ce qu'ils faisaient là. En principe, les élèves n'avaient pas le droit de sortir du château ce soir-là. Enfin, il était bien connu que les élèves de Poudlard n'étaient pas les plus disciplinés du monde sorcier. Cela semblait amuser leur directeur. Remus était mal placé pour le commenter.

- Aurore ! appela-t-il avec un mélange d'agacement et de soulagement. Où étais-tu encore passée ?!

- Papa ! s'écria joyeusement la fillette. J'étais venu chercher Terry et Sylciu.

Le lycanthrope fronça les sourcils et regarda avec plus d'attention les deux jeunes sorciers. Ses yeux s'agrandirent de surprise.

- Oh, nom d'une chouette ! Comment… ?

Sa voix s'enrailla alors qu'il reconnaissait les deux nouveaux venus. Comment était-ce possible ? Ils semblaient ne pas avoir vieillis d'un jour depuis leur disparition. Remus s'avança d'un pas incertain.

- Terry ? Sylciu ? souffla-t-il.

Le brun eut un sourire que le loup-garou hésita à qualifier. Triste ? Résigné ?

- Salut Remus, fit-il. Ça fait longtemps...

Il pencha la tête sur le coté.

- Enfin, apparemment… ajouta-t-il.

ooOoo

Lorsque Remus entra dans la Grande Salle, James se trouvait aux cotés de Narcissa. Sirius, Veena et Lily achevaient d'encadrer la voyante. Elle avait eu une vision manifestement très éprouvante. Elle s'accrochait frénétiquement au bras de Drago, comme si son fils risquait de disparaître à tout instant. Le jeune homme était clairement inquiet de cette réaction – ce que James comprenait. Lui-même n'était pas particulièrement rassuré. Toutefois, si le comportement de Narcissa était étonnant, ce n'était rien par rapport à ce qui allait suivre. Car aux cotés de Remus se tenait non seulement Aurore mais aussi Terry et Sylciu… qui n'avaient pas pris une ride.

- Mais qu'est-ce que… s'étrangla le Chevalier de Poudlard. Terry ? Sylciu ?

Avant que l'un des appelés n'ait le temps de répondre, une note joyeuse retentit dans la grande salle. Une note que James n'avait pas entendue depuis une vingtaine d'années. Était -il possible que…

Terry soupira.

- Hélios, toujours aussi discret.

Le phénix ignora royalement – comme à son habitude – le brun pour faire un tour d'honneur dans la pièce avant de se poser sur l'épaule du professeur Williams qui s'était rapproché.

- Ravi de te revoir, Hélios, fit l'enseignant. De même que vous, Terry, Sylciu. Y a-t-il un problème ?

Terry haussa les épaules.

- Je ne pense pas. A vrai dire, je flaire une embrouille de la part de Némésis. Allez savoir ce qu'elle avait en tête ?

- Comment va-t-elle ?

- Malheureusement, elle est décédée, fit doucement Sylciu. Suite à la destruction de l'École des Mondes, les Maîtres des Dimensions survivants ont lancé une attaque sur les responsables de l'assaut. La bataille a été si puissante qu'elle a dévasté le monde dans lequel elle a eu lieu – on nomme désormais l'endroit les Plaines-Mortes. Suite à cela, les derniers Maîtres se sont éteints les uns après les autres.

Eoloas ferma les yeux un instant.

- Je vois.

James, pour sa part, ne voyait pas du tout. En fait, il n'avait rien compris à cette conversation – il ne comprenait pas grand-chose à ce qui se passait, il est vrai.

- Quelqu'un peut-il m'expliquer ce qui se passe ici ? fit Veena, résumant les interrogations générales.

Elle n'obtint pas pour autant de réponse. Les deux américains – qui ne l'étaient pas, en fait, comme l'avaient montré les recherches faites pour les retrouver – échangèrent un regard indéchiffrable. Rien de tout cela n'avait le moindre sens : l'âge des deux garçons, la discussion avec leur ancien enseignant, leur disparition

Narcissa s'avança maladroitement vers Sylciu.

- Drago, souffla-t-elle.

L'ancien Gryffondor sembla surpris d'être appelé ainsi. Son cousin fronça les sourcils alors que le fils de la jeune femme, qui se trouvait derrière elle, intervenait d'une voix incertaine.

- Je suis ici, maman.

- Je sais, fit-elle sans quitter Sylciu du regard. Vous êtes tous les deux Drago… Comment est-ce possible ?

James se demanda sérieusement comment il était possible que cette soirée devienne encore plus bizarre qu'elle ne l'était déjà. Mais après tout, la présence de Terry semblait induire d'elle-même des situations étranges… Faute de meilleure explication, il devrait se contenter de celle-ci.

ooOoo

En toute franchise, Harry Potter, tout Maître des Dimensions qu'il fût, avait une envie irrésistible de prendre la fuite. Certes, il était capable de faire la part des choses : ce James Potter, âgé d'une quarantaine d'années, qui le regardait avec incrédulité n'était pas son père. Il ne pouvait l'être pour la simple et bonne raison que son père n'avait pas vécu aussi vieux. Cela n'en demeurait pas moins troublant. De voir ce qui aurait pu être si un dangereux malade n'avait pas décidé de briser de jeunes vies. Si une prophétie n'avait pas annoncé la venue d'un Élu. Si les choses avaient été différentes. Cet homme aurait pu être son père et le garçon qui se tenait aux cotés de James aurait pu être lui.

Seulement, les choses n'avaient pas été différentes et il ne servait à rien d'écrire une hypothétique histoire. Son père – comme sa mère – était mort. Harry ne comprenait pas bien l'intérêt de les faire revenir dans cet univers : ils y avaient accomplis leur mission. Ce monde était en paix – cela se sentait – et n'avait guère besoin de Maîtres des Dimensions. Alors que faisaient-ils ici ? Et pourquoi, au nom des Mondes, Narcissa avait-elle appelé Drago par sonvéritableprénom ?

- Que dis-tu, Narcissa ? hoqueta Sirius. Tu vois bien qu'il s'agit de Sylciu et non de Drago.

La jeune Aurore poussa un profond soupir et fixa l'animagus avec un air atterré. Cette gamine était un véritable phénomène.

- Mais voyons, Oncle Sirius, ce que dit Maman est évident : Sylciu est un autre Drago ! assura-t-elle.

Comment cette enfant pouvait-elle savoir cela ? "Que se passe-t-il au juste ?" s'enquit le concerné dans l'esprit de Harry. Le brun n'avait pas la moindre réponse. Il allait tenter de mettre en place un plan lorsqu'Aurore se tourna vers eux, les sourcils froncés.

- C'est quoi un Anonyme ? demanda-t-elle avec toute l'innocence d'une enfant de son âge.

Le renié pâlit brusquement et eut un mouvement de recul alors que son ami sursautait.

- Oh ! Merlin tout puissant ! s'exclama Narcissa, comme si elle venait de comprendre quelque chose.

Elle s'avança vers Drago. Mauvaise idée, songea vaguement Harry.

- Ca suffit ! s'exclama son ami. Quoi que vous soyez en train de faire, cessez. Immédiatement.

Sa magie bourdonna autour de lui, matérialisant sa colère. Et probablement sa panique. Même si l'esprit de l'Anonyme était trop agité pour que l'autre Maître des Dimensions s'y risque, il ne fallait pas avoir fait des études avancées en psychologie pour comprendre que Drago n'avait aucune envie que son identité soit étalée au grand jour. Harry le comprenait : Sylciu Celford avait été un bouclier pour Drago l'Anonyme. Il avait un nom et, débarrassé de son affreux passé, il pouvait avoir un avenir. En découvrant qui il était en réalité, Narcissa et sa fille étaient en train de détruire cette protection. De détruire Sylciu…

Il fallait effectivement que cela cesse. D'autant que s'il continuait à relâcher sa magie ainsi, Drago allait sérieusement abimer Poudlard.

- Non, répondit pourtant Narcissa. Tu es mon fils. Ou du moins, le fils d'une autre moi, n'est-ce pas ? Sylciu… Drago. Pourquoi, par Merlin, es-tu un Anonyme ? Comment…

- Il suffit ! gronda de nouveau l'interrogé – et sa Magie fit trembler le sol autour de lui. Ne confond pas tout ! Je ne suis pas ton fils, et je te prierais de bien vouloir respecter ma vie privée. Maintenant, étant donné que vous n'avez plus de guerre à mener, vous n'avez pas besoin de moi. Au plaisir de ne pas vous revoir.

Manifestement furieux – pas besoin d'un contact mental avec lui pour le voir – le jeune homme tourna les talons et s'en fut, emmenant avec lui sa magie agitée. Narcissa sembla surprise de cette réaction. Elle cilla, une fois, deux fois… puis s'élança à la suite du voyageur dimensionnel. Harry s'interposa, l'empêchant d'aller plus loin.

- Tu en as fais assez ainsi, Narcissa. Reste en dehors de cette histoire.

La concernée lui jeta un regard furieux.

- C'est de mon fils qu'il s'agit ! plaida-t-elle.

Le Maître des Dimensions secoua la tête tristement.

- Non. Ton fils est derrière toi avec un air sidéré. Sylciu n'est pas ton fils. Tu l'as dit toi-même : il est celui d'une autre Narcissa. J'ignore comment tu as découvert cela. Vous n'auriez jamais dû le savoir.

- Dois-je comprendre, intervint Veena avec prudence, que vous venez d'un autre univers ? Comme une… dimension parallèle ? Est-ce possible ? A part dans les films de SF, je veux dire.

- Ça l'est puisqu'ils sont des Maîtres des Dimensions, répondit simplement le professeur Williams.

- Et tu étais au courant, releva Remus.

- Effectivement.

L'Apprenti ne donna pas plus de détails. Harry lui en fut gré. Il y avait eu assez de révélations. Mais déjà son double – le Harry Potter de ce monde – s'avançait. Il était plus grand que lui, releva le Maître des Dimensions avec un pincement au cœur. Vivre dans un placard pendant une grande partie de son enfance ne devait pas être excellent pour la croissance. L'autre Harry le regarda un instant avant de prendre la parole.

- Et toi, qui es-tu alors ? s'enquit-il.

Pertinente question. A laquelle ils n'auraient certainement pas la réponse.

- Cela est sans importance. Comme l'a dit Veena nous venons d'un autre monde : peu importe qui sont nos doubles ici, nous ne sommes pas eux. Notre monde est différent du vôtre, nous sommes différents. Toute confusion serait malvenue.

- Peu importe ce qui est malvenu, siffla Remus. Vas-tu m'expliquer pourquoi mon fils est un Anonyme ?

Harry cilla. Additionna un et un. Et dut retenir un hoquet de surprise. Par la Magie, dans cet univers, Remus était le père de Drago. Diantre, voilà qui était… déroutant. Et qui expliquait les cheveux miel du Drago local alors que le Maître des Dimensions avait une carnation platine.

- En grande partie parce que ce n'est pas ton fils, je pense, estima le Survivant.

- J'ai compris, c'est celui d'un autre moi, mais…

- Non, coupa Harry. Ce n'est pas ton fils.

Il y eut un moment de flottement. Narcissa et Remus se regardèrent, tout le monde les regarda, puis les regards convergèrent vers le voyageur dimensionnel qui se demandait sérieusement pourquoi il avait donné cette information. Drago allait le tuer.

- Mais alors qui est son père ? s'enquit un chorus de voix.

Pour l'amour de la Magie, quand allaient-ils arrêté de poser des questions ?

- Je vous ai déjà dis que c'était sans importance ! Notre monde n'est pas le vô…

- Cela a de l'importance ! siffla Narcissa avec colère. Peu importe ces histoires de mondes, une mère ne peut pas laisser son enfant dans cette situation. C'est impossible.

Harry eut une vague pensée pour Narcissa Malefoy, qui avait laissé son fils être renié et qui était ensuite morte pour soutenir son mari – l'homme qui avait renié son fils. La femme face à lui avait tort : une mère pouvait faire cela. Hélas. Mais était-il réellement nécessaire de le leur dire ?

- Tu n'as pas l'air de la croire, Terry, intervint soudainement Lily. J'ignore à quoi ressemble cet univers dont tu viens, mais je peux t'assurer, en tant que mère, que Narcissa dit vrai.

Évidemment. De la part de Lily Potter, ce genre de remarque prenait tout son sens. Harry eut un sourire ironique. Toutes les mères, pourtant, ne se sacrifiaient pas pour leur enfant.

- Elles ont raison, Terry, renchérit Veena. Et ton scepticisme, en plus d'être triste, est insultant.

Seul face aux trois femmes, le jeune homme jugea plus prudent de ne pas répondre. Après tout, le monde dans lequel elles vivaient était différent et si elles voulaient croire que les mères y aimaient leurs enfants comme ceux-ci le méritaient, pourquoi rompre leurs illusions ? Cela n'avait pas d'intérêt. Et puis, peut-être pourraient-elles aider Drago, après tout.

Le brun haussa les épaules.

- Si vous le dites, répondit-il simplement.

Elles s'avancèrent et le dépassèrent, manifestement décidées à retrouver Drago. En passant, Lily s'arrêta près de lui et le fixa quelques instants.

- J'aimerais bien avoir une conversation avec ta mère, annonça-t-elle. Il est parfaitement anormal que tu es une pareille vision des choses.

Alors qu'il la regardait suivre les autres, Harry se demanda s'il devait éclater de rire ou en sanglot.

ooOoo

Dire que Drago était furieux aurait été en dessous de la vérité. Il était positivement, totalement, incommensurablement furieux. Et absolument malheureux. Sa mère l'avait aimé, il le savait. Pourtant, il n'avait jamais vu dans ses yeux ce qui brillait dans le regard de Narcissa. Par la Magie, comment ces deux femmes pouvaient-elles être aussi différentes ? Avec la même famille, la même histoire, elles auraient dû avoir des caractères relativement semblables.

Assis contre un arbre, dans la demi-obscurité du parc, Drago fixa un instant la lune, comme si elle pouvait lui apporter des réponses. Il ne savait pas trop pourquoi il n'était pas rentré dans son monde – après tout il savait comment faire, même s'il ne l'avait jamais appris. Savoir se déplacer entre les Mondes devait probablement être une faculté innée des Maîtres des Dimensions, pourvu qu'ils soient à l'écoute de la Magie. Pourtant il n'était pas rentré. Pourquoi ? Peut-être parce qu'il n'y avait rien pour le retenir dans son monde d'origine. Ou parce qu'au fond, il enviait furieusement le Drago de cet univers pour avoir une mère qui ne parvenait pas à comprendre comment quelqu'un pouvait être un Anonyme. Après tout, il n'y avait qu'une seule façon pour le devenir… Cette maudite cérémonie familiale qui le hantait. Cette litanie de phrases latines qui lui avait arraché une part de lui-même. Ces regards, ceux des membres de sa famille, froids et emplis d'une condamnation qu'il n'avait pas méritée.

Par la Magie. Drago retint difficilement un gémissement et dut se faire violence pour ne pas se recroqueviller sur lui-même. Ce souvenir était trop difficile à supporter.

- Drago ? appela soudainement une voix bien connue.

Le jeune homme soupira profondément. Ne pouvait-elle pas le laisser en paix ? Agir comme l'avait fait Narcissa Malefoy et détourner délicatement les yeux comme on le fait lorsqu'on voit un blessé grave ? Il releva la tête et vit trois silhouettes s'avancer vers lui. Merveilleux : en plus elles venaient en groupe.

ooOoo

Eoloas Williams, Apprenti de l'Ecole des Mondes, professeur de Défense contre les Forces du Mal du Collège de Poudlard, était profondément amusé. Ce n'était pas tous les jours que l'on voyait un Maître des Dimensions mit sur le grill. Car, clairement, Terry Star subissait un véritable interrogatoire. Sirius, James, Regulus – il était arrivé entre temps – et Remus le bombardaient de questions avec l'efficacité d'un Auror face à un criminel. Mais après tout, cela était-il si surprenant ? Sirius et Regulus étaient des Aurors et James avait été leur chef.

Albus arriva sur ces entrefaites. Mis au courant de toute l'affaire on ne sait comment – il devait vraiment avoir des espions dans toute l'école – il ajouta ses propres questions à celles déjà posées. Rien ne plaisait plus au directeur de Poudlard qu'un mystère et quel plus grand mystère que Terry Star ?

- Au cas où je ne me serais pas montré suffisamment clair lors de mes réponses précédentes, la réponse est NON. A toutes les questions posées et à celles que vous n'avez pas encore formulées. Professeur Dumbledore, vous avez demandé de l'aide à Némésis et vous l'avez obtenu, ce me semble. Que demander de plus ?

- Des réponses, répliqua le directeur.

- C'est une obsession chez vous tous, soupira le Maître des Dimensions.

James eut un sourire en coin.

- Quelque chose comme ça. D'autant que depuis que je suis Ministre, je me suis habitué à les avoir à tous les coups.

Terry se tourna vivement vers lui avec un air profondément choqué.

- MINISTRE ? coassa-t-il avec horreur.

- Précisément, approuva l'ancien Auror.

- Tout compte fait, peut-être que l'aide apportée n'était pas aussi efficace que ce que j'avais pensé, soupira le voyageur dimensionnel avec un air atterré. Ministre de la Magie. C'est affreux

Harry Potter afficha un air incrédule.

- En général, les gens sont plutôt impressionnés, releva-t-il avec justesse.

Terry lui lança un regard septique alors que James se mettait à rire.

- Terry entretenait une relation particulière avec le Ministre de la Magie en poste au moment de sa présence ici.

- Un idiot, siffla le Maître des Dimensions en croisant les bras sur sa poitrine. Presque aussi incompétent que Fudge.

- Fudge ? releva Dumbledore, les yeux brillants. Dois-je en conclure que Cornelius Fudge est le Ministre de votre monde ?

- Il l'a été pendant un moment, puis face au niveau invraisemblable d'incompétences qu'il est parvenu à atteindre – je dois dire que je suis presque impressionné avec le recul – il a perdu son poste. La Magie en soit louée.

- Avais-tu également pour but ultime de l'empêcher de faire des phrases complètes ? s'enquit Sirius avec intérêt.

L'ancien Serpentard eut un petit rire.

- Non, j'étais moins vindicatif à l'époque. Mais j'aurais certainement dû. Vu les bêtises qu'il disait… Donc te voilà Ministre, James. Dois-je en conclure que la Malédiction t'a touché ?

Eoloas écarquilla les yeux.

- Une malédiction ? s'inquiéta-t-il.

Il était bien placé pour savoir que les malédictions ne devaient pas être prises à la légère – il avait assisté à l'une d'elle alors qu'il était encore Apprenti et avait failli succomber à celle du poste de professeur de Défense contre les Forces du Mal.

- Tout à fait, celle qui fait qu'une fois nommé, les Ministres perdent au moins la moitié de leur quotient intellectuel, annonça Terry avec aplomb.

- Je ne crois pas qu'une telle malédiction existe, remarqua Albus.

- Pourtant, on pourrait le croire, asséna le jeune homme.

James éclata de rire.

- Je savais bien que tu m'aurais été d'une grande aide lorsqu'on m'a proposé le poste ! assura-t-il.

ooOoo

Drago savait parfaitement qu'il devait à cet instant avoir une ressemblance frappante avec un poisson hors de son bocal.

- Vous voulez quoi ? répéta-t-il.

Certes, il avait parfaitement compris la phrase de Narcissa – il n'était pas idiot – mais il semblait que son cerveau ne parvenait pas à l'intégrer – ce qui n'était définitivement pas une preuve d'idiotie, évidemment. Juste la marque d'un certain trouble. C'est ça, il était simplement troublé. Et certainement pas abasourdi. Un Maître des Dimensions était au dessus de ça.

- Nous voulons briser ton Anonymat, répéta patiemment Lily.

Drago songea vaguement que son plan avait connu une faille. Le but de ses manœuvres avaient été de se débarrasser au plus vite des trois indésirables en répondant à leurs questions. Oui, il avait été renié. Oui, c'était par son père. Non, sa mère n'avait rien fait pour l'aider. Oui, il vivait bien sa nouvelle condition – et non, il ne leur aurait évidemment pas menti.

Comment cette conversation pouvait alors, par tous les Mondes, se conclure comme cela ? N'étaient-elles pas au courant que l'on ne pouvait briser un Anonymat ? Un Anonyme l'était et le restait pour le reste de sa vie. Même s'il décidait d'user d'un patronyme – cela se faisait souvent par commodité – sa magie ne le reconnaitrait jamais. Pas plus que les êtres magiques.

- Quel type de boissons peut bien être distribué pendant cette soirée pour que vous ayez une idée aussi saugrenue ?

- Nous ne sommes pas saoules, si c'est ta question – entre parenthèse je la trouve insultante, signala Veena.

Si son regard était censé impressionner Drago, cela échoua lamentablement. Elle n'était pas aussi inquiétante que Lucius Malefoy.

- Dans ce cas, laissez moi émettre des doutes sur votre santé mentale : on ne peut pas briser un Anonymat. Chacun sait cela.

- Tu as dit que ton père t'avait renié. Mais pas ta mère, n'est-ce pas ?

- Pas à proprement parler. Elle n'est simplement pas intervenue. Mais en quoi cela a-t-il de l'importance ?

Narcissa ne répondit pas. Elle était trop occupée à marmonner des malédictions visant son double. Drago n'estima pas nécessaire de lui préciser qu'elle était morte. Ce fut donc Lily qui répondit.

- Cela a beaucoup d'importance. Si on s'en tient à une vision très stricte des choses, ta mère ne t'a pas renié. Tu n'as perdu que ta lignée paternelle.

- C'est faux. Je ne peux pas plus utiliser le nom de jeune fille de ma mère qu'un autre nom. Et il en va de même pour tous les Anonymes.

- Certes. Mais je pense qu'une cérémonie de magie ancienne, proche de celle de l'adoption, organisée par ta mère pourrait te permettre de rétablir ton nom maternel.

Drago ricana.

- Excellent plan. Laquelle d'entre vous s'est lancée dans la nécromancie pendant notre absence ?

Veena cilla.

- Pardon ?

- Ma mère est morte. Elle… Disons qu'elle avait fait de mauvais choix.

- Comme laissez son fils être renié sans rien faire ? siffla Narcissa, incisive.

- Narcy, tempéra Lily. Nous ne sommes pas là pour cela.

La brune poussa un soupir agacé.

- Effectivement, concéda-t-elle. La nécromancie ne sera pas nécessaire. Je peux remplacer ta mère. Un remplacement avantageux, si je puis me permettre.

Le Maître des Dimensions la regarda, puis jeta un œil vers Lily et Veena. Elles étaient sérieuses. Et folles, par la même occasion, se rappela-t-il. Pas question de croire à cette absurdité. Pas question de reprendre espoir. Il fallait assumer ce que l'on était. N'est-ce pas ?

"Drago ? Est-ce que tout va bien ?" La voix inquiète de Harry tira l'appelé de ses pensées. Il n'hésita qu'un instant.

"Narcissa vient de me proposer quelque chose de… surprenant." Expliquer la proposition en question au Survivant fut rapide. Il ne dit rien jusqu'à ce que Drago ait fini. Lui, pourtant, qui était fin connaisseur de l'ancienne magie. Le blond n'aurait su dire ce qu'il fallait en conclure. "Alors ?" s'enquit-il, n'y pouvant plus.

"Cela peut tout à fait marcher," annonça prudemment le brun.

"Mais ?" Il y avait forcément un hic. Il y en avait toujours un. Et cela ne manqua pas cette fois encore.

"Narcissa n'est pas ta mère. Le fait qu'elles partagent le même ADN n'y change rien."

Drago ne chercha même pas à savoir ce que pouvait bien être l'ADN. "Donc cela ne marchera pas." Il sentit une certaine hésitation dans l'esprit de son ami. "Harry ?" insista-t-il.

L'appelé soupira. "Cela peut marcher. Peut-être. La magie ancienne est complexe. Peut-être peut-elle admettre que Narcissa prenne la place de ta mère dans un tel rituel. Peut-être pas. Avec les bons sentiments, cela peut fonctionner. Mais attention : quoi qu'il arrive, souvenez-vous l'un comme l'autre que Narcissa n'est pas ta mère et que tu n'es pas son fils. Un rituel de cette puissance ne permet pas la moindre approximation."

Drago fronça les sourcils. "Tu me conseilles de le faire ?"

"Bah, je ne suis qu'un Gryffondor, tu sais : je ne réfléchis pas vraiment."

Le blond renifla. "Cause toujours."

- Drago ? appela Veena. Tu as réfléchis à ce que nous te proposons ?

- En effet.

Lily eut un sourire en coin.

- Et quel est l'avis de Terry sur la question ? fit-elle.

L'ancienne Serdaigle eut un moment d'arrêt avant de se mettre à rire.

- Le lien mental. J'avais oublié. Alors, qu'est-ce que notre second expert en magie ancienne en dit ?

- Second ? releva Drago.

- Il se trouve que Lily, ici présente, est la plus grande experte mondiale en la matière.

Le Maître des Dimensions regarda la rousse un instant avant de sourire.

- Évidemment. J'aurais dû m'en douter.

Après tout, Lily Potter et la magie ancienne semblaient entretenir une certaine relation. Et ce, manifestement, dans tous les mondes.

- Alors ? s'enquit l'experte en question. Quel est l'avis de Terry ? Après tout, c'est lui qui m'a appris une partie de ce que je sais sur l'ancienne magie.

- Il nous rappelle que Narcissa n'est pas ma mère. Ce qui est évident évidemment, et que le fait qu'elles aient le même ADN – ne me demandez pas ce que c'est – n'y change rien.

L'ancienne Gryffondor eut l'air déçu.

- Il pense que cela ne fonctionnera pas.

Drago poussa un profond soupir.

- Et bien pas vraiment. Par un raisonnement des plus obscurs, il pense que cela peut fonctionner tout de même. Si nous n'oublions pas, je le répète, que Narcissa n'est pas ma mère. Il pense que cela vaut la peine d'essayer. Du moins, c'est ce que j'ai cru comprendre.

- Alors, tentons, conclut Narcissa.

ooOoo

Harry sut exactement à quel instant le rituel commença. Il n'était pas certain que cela fonctionne. Il avait déjà pensé à une telle solution – un rituel d'adoption détourné – pour aider Drago, mais avait renoncé face aux risques et aux incertitudes d'un tel procédé. Avec Narcissa comme « remplaçante » de Narcissa Malefoy, cela pouvait fonctionner. L'adoption d'un Anonyme était impossible. Mais un dérivé de l'adoption par le double de la mère… cela pouvait passer. Peut-être.

Le Maître des Dimensions sentit la Magie bourdonner. Il laissa son esprit dériver, surfer sur les vagues de pouvoir qui parcourait le château. Le jeune homme estima qu'il n'y avait pas mal à donner un petit coup de main. Si la Magie le voulait, ce rituel – légèrement boosté – pourrait réussir. Il dirigea la magie vers les trois femmes et son ami. Le reste dépendait d'eux.

Il sortait de ses pensées lorsqu'il se trouva nez à nez avec James. Le ministre lui jeta un regard amusé.

- Que fais-tu ? s'enquit-il.

Harry afficha un air innocent.

- Je suis Chevalier de Poudlard. Tu te souviens ?

Le Maître des Dimensions rit doucement.

- Comment l'oublier ? Je me contentais de donner un petit coup de main. Rien qui mette Poudlard en danger, rassure toi.

- Je sais. Sinon je ne t'aurais pas laissé faire.

- Oh ? s'amusa ouvertement le plus jeune. Et bien, Monsieur le Ministre, si j'étais vous, je serais moins sûr de moi. Si je voulais faire quelque chose, tout Chevalier que tu sois, James, tu ne pourrais rien faire.

- C'est présomptueux.

- C'est la vérité. Uniquement la vérité. Et si tu écoutais mieux Poudlard, tu le saurais.

Sans attendre de réponse, Harry se détourna et se retrouva face à son double local. Le jeune homme ne semblait pas avoir manqué un mot de la conversation. Le Survivant ne commenta pas. Combien de fois en avait-il fait de même ? Pour autant, le Harry de ce monde ne l'intéressait pas. A en juger par les signaux de magie qu'il recevait, le rituel avait un grand nombre de chances d'être un succès – que la Magie en soit louée. Drago le méritait.

Il ne restait donc qu'une seule chose à faire avant de rentrer. Une chose dont il venait de se souvenir – probablement parce que c'était le moment de s'en rappeler. La Magie avait ses raisons, se dit-il en regardant son Bracelet avec un petit sourire. Oui, elle avait ses raisons de l'avoir envoyé là-bas et de ne lui permettre de s'en rappeler que maintenant.

Contournant le Harry de cet univers, le Maître des Dimensions s'approcha du professeur Williams.

- Est-ce moi, où venez-vous de menacer le Ministre de la Magie, Mister Star ? s'enquit l'enseignant avec un petit sourire.

- Menacer est un vilain mot. D'autant plus que je ne l'ai pas menacer : je me suis contenté d'énoncer des faits. Je suis plus puissant que lui. Point.

- C'est une évidence. Vous êtes un Maître des Dimensions.

Les deux hommes se regardèrent avec connivence.

- Au fait, professeur : je ne suis plus votre élève. Appelez moi Terry et tutoyez moi.

- Si tu n'es plus mon élève, je ne suis plus ton professeur, non ?

- Effectivement, Eoloas.

- Et Terry n'est pas ton véritable nom, n'est-ce pas ?

- Qu'est-ce qu'un nom ? Sauf pour Drago, bien sûr. Mais maintenant il va en avoir un de nouveau. Bref, je ne suis pas venu pour cette raison. J'ai un cadeau pour vous.

L'enseignant se tourna vers le Maître des Dimensions.

- Un cadeau ?

Harry sourit.

- Ne me regardez pas ainsi. Il n'y a pas de piège.

Pourtant, l'ancien Apprenti conserva un air réservé. Le scepticisme était une plaie, songea le Survivant. Car il avait bien un cadeau pour l'enseignant. Un cadeau mérité…

Se concentrant sur la Magie, le brun posa sa main droite sur son Bracelet. Il sentit au loin le rituel d'adoption se poursuivre mais l'ignora pour se concentrer sur son but. L'instant d'après, un Bracelet se matérialisa entre ses doigts. Le bijou brillait doucement comme pour montrer son contentement. Harry savait qu'il attendait depuis longtemps de trouver un porteur. Peut-être même était-ce lui qui avait Appelé… Mais là n'était pas la question.

Harry se tourna vers le professeur de défense contre les forces du mal. Celui-ci le regardait, les yeux quasiment exorbités et la bouche béante. Le Survivant rit doucement puis s'approcha pour poser le bijou sur l'avant-bras gauche de l'enseignant. L'instant d'après, le Bracelet était autour du poignet de Williams.

- Bienvenu dans l'Ordre des Maîtres des Dimensions, Eoloas Williams, fit le brun dans un sourire.

ooOoo

Eoloas peinait à réaliser ce qui venait de lui arriver. Un Maître des Dimensions. Il y a vingt-cinq ans, il rêvait de ce titre. Il s'entraînait avec acharnement pour l'avoir. Puis sa vie s'était retrouvée sans dessus dessous. L'École des Mondes était tombée. Ses amis, sa fiancée étaient tous morts pendant l'attaque. Il était rentré dans son propre monde, piteusement. Il avait mis du temps à s'en remettre. Enfin, il avait été prêt : il était devenu professeur à Poudlard. Là, à sa grande surprise, il avait découvert deux Maîtres – qu'il avait d'abord pris pour des criminels, pour ces êtres qui avaient attaqué l'Ecole et détruit l'Ordre des Dimensions. Mais Terry et Sylciu étaient d'authentiques Maîtres, malgré leur peu de formation. Ils avaient accomplis leur mission et étaient partis. Eoloas avait alors pensé qu'ils s'en étaient allé bâtir un nouvel Ordre des Dimensions. Car, l'enseignant en était persuadé, l'Ordre qui renaîtrait avec ces deux garçons serait fondamentalement différent de celui qui avait existé. Il n'était pas certain d'où il tenait cette certitude : de la Magie Elle-même, peut-être…

Par les Mondes ! Il allait devenir une partie de ce nouvel Ordre. Lui, Apprenti de l'École des Mondes, était désormais du Maître de Nouvel Ordre des Dimensions. Difficile à croire.

- Eoloas, pourquoi, nom d'une chouette, avez-vous le même Bracelet que Terry et Sylcui ? s'exclama Albus.

Cet homme était d'une curiosité qui frisait la pathologie. Terry eut un sourire en coin, mais ne fit aucun commentaire. Il se contenta de laisser son ancien professeur de Défense face à un Dumbledore particulièrement intéressé.

- C'est vrai, releva James – le Ministre, Eoloas ne parvenait pas à s'y faire – en s'avançant. Est-ce le nouveau bijou à la mode ?

Il affichait un être ouvertement moqueur qui laissait présager des répliques mordantes : ce n'était pas un ancien Maraudeur pour rien. Il s'était un peu calmé depuis qu'il avait été élu : du temps où il était chef des aurors, ces réparties étaient autant craintes qu'attendues. Le tout était de ne pas en être la cible. Eoloas comprenait soudainement de quoi il retournait.

Terry sembla comprendre ce qui risquait d'arriver : il afficha un air goguenard ouvertement moqueur. Le traître. Fort heureusement, l'arrivée de Sylciu – nouvellement renommé Drago Black, si Eoloas ne se trompait pas sur les signaux qu'envoyaient la Magie – permit de distraire un moment le Ministre et le Directeur de Poudlard. Un débat sur le point de savoir comment appeler le blond s'engagea jusqu'à ce qu'agacé, le voyageur dimensionnel ne recoure à des menaces particulièrement circonstanciées pour y mettre fin. Alors que Lily et Narcissa s'interrogeaient sur les connaissances du jeune homme en matière de torture – Veena ne paraissait pas particulièrement choquée, elle avait dû entendre pire en tant que magistrate – James et Albus, rejoints par Sirius, Regulus et Remus, se souvinrent manifestement qu'une autre personne était sous une fausse apparence : les regards se braquèrent sur Terry.

- Ne me regardez pas comme ça, répliqua le brun. Je ne vous dirais rien. Peut-être aurez-vous un indice si vous découvrez pourquoi Eoloas porte désormais un Bracelet qui fait de lui une fashion-victim.

Le FOURBE ! songea l'enseignant, outré, alors que cinq paires d'yeux se tournaient lui. Le Ministre eut un sourire railleur.

- Est-ce pour montrer que tu es un fan de Terry ? tenta-t-il.

L'interrogé ne se faisait pas d'illusions : le pire restait à venir. Décidant – il avait une formation d'auror, après tout – que la meilleure défense restait l'attaque, et que les traîtres ne méritaient aucune considération, il opta pour une solution drastique. Concentrant toute sa concentration dans les nouveaux pouvoirs que lui conférait le Bracelet objet de toutes les attentions, il projeta une vague d'énergie vers le bijou de Terry. Il ne dut la réussite de son action qu'à l'effet de surprise qui en résulta : le jeune homme s'attendait à tout, sauf à un assaut de magie des dimensions spécialement concentrée sur son Bracelet – lequel maintenait en place sa fausse apparence. L'objet magique tenta d'assimiler ce soudain afflux, ce qu'il parvint à faire – Eoloas songerait plus tard à ce que cela signifiait sur la puissance de son porteur – mais non sans conséquences. Il se mit à crépiter furieusement et l'instant d'après Terry avait laissé sa place à un Harry Potter particulièrement agacé.

- Je crois que je vais récupérer ce Bracelet, annonça-t-il d'une voix grinçante.

Eoloas n'était pas certain qu'il plaisante. Un Sylciu particulièrement amusé s'avança.

- Sort intéressant. Comment fonctionne-t-il ? s'enquit-il avec curiosité.

- Il ne fonctionnera plus, répliqua Terry. Je ne me ferais pas avoir deux fois aussi bêtement. Entre Hermione et Eoloas, je trouve que ce soi-disant nouvel Ordre des Dimensions commence très mal.

- Hermione ? releva Eoloas, songeant à Hermione Granger, une étudiante qu'il avait eue. Il ne l'imaginait pas avoir de rapport avec l'Ordre : elle était trop plongée dans ses livres.

- C'est une Compagne des Dimensions, répondit simplement Terry. Bon, ce Bracelet va-t-il fonctionner ? Je vous préviens, Eoloas : si vous l'avez cassé, vous me le paierez cher !

- Tu n'avais qu'à pas me livrer à la curiosité de ces cinq-là, fit l'intéressé en montrant de la main Albus, James, Sirius, Regulus et Remus.

Le brun les regarda un instant avant de ricaner.

- Tu devrais fermer la bouche, James, tu vas attraper des joncheruines.

- Tu devrais passer moins de temps avec Lovegood, grinça Sylciu.

- Luna ? Pourquoi ? Elle est vraiment sympa.

- Elle est folle !

Terry se tourna vers son compagnon avec un air circonspect.

- Et alors ? s'enquit-il avec intérêt.

L'autre soupira avec un air désespéré.

- Évidemment, entre fous vous vous reconnaissez… La preuve : Hélios est ton phénix.

Une note joyeuse lui répondit. Apparemment, à la grande surprise d'Eoloas, l'oiseau de feu semblait d'accord. Peut-être que Sylciu avait raison, finalement. Pendant cette étrange conversation, toutefois, James semblait s'être remis de ses émotions. Le professeur de Défense contre les Forces du Mal comprenait que cela ait été un choc pour lui de découvrir que Terry Star était en réalité un Harry Potter. D'autant que l'enseignant n'était pas certain que l'ancien chef des aurors comprenne très bien la différence entre les mondes. Lorsqu'on y était confronté sans une solide formation, cela pouvait être extrêmement perturbant.

- Je ne comprends pas. Tu es Harry ? Mais comment ? fit le Ministre.

Terry eut un air ouvertement agacé.

- Tu n'as pas écouté ce que je disais : je ne suis pas Harry. Je suis un Harry Potter, d'un autre univers, très différent de celui-ci. Je n'ai pas grand-chose de commun avec ton fils, James.

Malheureusement pour le Maître des Dimensions, avant qu'il n'ait pu rétablir sa fausse apparence – Eoloas était surpris lui-même par la longévité de son sort – Lily et le Harry de cet univers le repérèrent et s'immiscèrent dans la conversation. L'espace d'un instant, à la vue de l'expression faciale du voyage dimensionnel, l'ancien Apprenti ne put s'empêcher de songer qu'il paierait certainement cher sa petite blague. Mais c'était tellement drôle de voir celui qui était certainement le plus puissant des Maîtres ne pas réussir à échapper à l'avalanche de questions qui pleuvait sur lui.

ooOoo

Il fallut un bon moment à Harry pour échapper à l'attention de la famille Potter. Même s'il compatissait, Drago ne pouvait pas s'empêcher de ressentir un certain amusement… d'accord, soyons honnête, un amusement total. Et une pointe de satisfaction très égoïste : pourquoi aurait-il dû être le seul à être démasqué ?

Évidemment, la difficulté fut d'expliquer que non, il n'était pas Harry. Du moins, qu'il était très différent du Harry de cet univers. Mais surtout, cet embarras se coupla avec le fait que le Survivant voulait en dire le moins sur leur monde. Quel intérêt d'apprendre aux personnes présentes qu'elles étaient toutes – sauf Remus – mortes ? Aucun, assurément. Heureusement, le passage de l'Élu chez Serpentard avait laissé ses traces et il parvint à échapper aux questions et détourner les conversations avec une habileté digne d'un politicien – il n'aima d'ailleurs pas la comparaison, bien que Drago la trouve parfaitement appropriée. Harry était définitivement plus fuyant qu'une anguille.

Finalement – au plaisir des deux jeunes Maîtres des Dimensions – la plupart des personnes présentes furent rappelées par leur obligation alors que la réception prenait fin. Les invités commençaient peu à peu à quitter les lieux et les voyageurs entendaient bien en faire de même.

- Nous ne pouvons pas rester, annonça Drago alors que Lily insistait pour qu'ils ne quittent pas l'école. Terry a une conférence de presse.

Harry – qui avait retrouvé sa fausse apparence depuis un moment – s'étrangla et manqua recracher son café. Ce type était accro.

- C'est ma fête, aujourd'hui, ou quoi ? s'exclama-t-il.

Drago se tourna vers James qui était revenu vers eux.

- Il n'aime pas les conférences de presse, annonça-t-il sur le ton de la confidence.

- Je ne sais pas pourquoi, je m'en serais douté.

- Quelle intelligence ! admira le blond. On comprend pourquoi tu as été élu Ministre de la Magie.

- N'est-ce pas ? Mais sérieusement, Sylciu et Terry – ou Drago et Harry, peu importe – promettez nous une chose.

Les deux jeunes hommes jetèrent un regard interrogatif au Chevalier de Poudlard.

- N'attendez pas vingt ans pour revenir, fit-il, aussi sérieux qu'un pape.

Ils sourirent franchement. Certainement un des premiers véritables sourires, songea Drago. Revenir dans ce monde avait été difficile. Parce qu'il représentait un espoir. Parce qu'il représentait aussi ce à quoi ils n'auraient pas droit. Sa mère était morte, les parents de Harry aussi. Leur Poudlard avait été ravagé et la société sorcière mettrait un moment à se remettre de la seconde guerre contre Voldemort. Cet univers ne connaissait pas cela. S'il était heureux pour eux – et satisfait d'avoir participé à cela – Drago n'avait pas pu s'empêcher de ressentir une certaine envie. Peut-être même de la jalousie. Sans parler d'un certain sentiment d'injustice : pourquoi des Maîtres n'avaient-ils pas été appelé pour sauver leur univers ?

Pourtant, alors que James les fixait avec un regard grave, il sentit ses sentiments s'apaiser. Ils avaient bien agit dans ce monde. Il l'avait aidé. Peut-être pourraient-ils en faire de même ailleurs. Pour qu'aucun enfant n'ait à faire les choix que Harry ou lui avaient dû faire. Ils étaient des Maîtres des Dimensions : ils en avaient le pouvoir. Et cela représentait un espoir non seulement pour les autres univers, mais aussi – et surtout – pour eux.

- C'est promis, fit Harry.

Et c'était une promesse qu'ils tiendraient. Alors que les barrières entre les dimensions s'ouvraient pour leur permettre de rentrer dans leur monde, Drago en avait la certitude.

FIN

Pour ceux que cela intéresse, j'ai publié une courte fic – 4 parties – qui peut s'insérer entre le chapitre 43 et l'épilogue. Elle s'intitule Le garçon de l'autre monde. Elle est centrée sur Harry. Elle permettra d'expliquer quelques allusions de cet épilogue. Pour ceux que cela inquiéterait : elle est totalement publiée, donc pas d'attente ;).

Quoiqu'il en soit, j'avais envisagé plusieurs fanfics dans la continuation de celle-ci (pas des suites, mais l'utilisation des Maîtres des Dimensions dans d'autres histoires) ou alors des OS pour décrire les pérégrinations de nos amis dans la recréation de l'Ordre des Maîtres des Dimensions. Je verrais si je parviens à les écrire. Je compte bien ne pas retomber dans les travers qu'à connu cette fic avec un chapitre tous les six mois (au mieux) ces derniers temps.

J'espère que cette fin vous satisfait. Elle a été difficile à écrire pour moi (je pense que cela se voit sur la fin). Et puis, cela fait un petit pincement au cœur de finir… Mais c'est également satisfaisant. Bref, encore une fois, merci à tous les lecteurs. Encore plus à ceux qui ont reviewer et évidemment à ceux qui ont mis cette histoire dans leurs favoris.

Eterna