Titre : Sunrises

Auteur : Juilatheyounger, lien dans mon profil.

Paring : Slash Harry Potter/Severus Snape

Rating: M

Traductrice : Falyla

Résumé : Harry a 18 ans, il a battu Voldemort et sauvé le monde et maintenant il revient à Poudlard, cette fois en tant qu'assistant au cours de DCFM.

Note de la traductrice : bon, on y est. C'est la dernière partie de cette fic. Je sais qu'elle était plus qu'attendue, donc la voilà.

Dans quelques jours, je posterai la suite de cette fic qui s'appelle « Heureux à jamais ».

Bonne lecture.

Etat de la fic : Terminée.

Partie 11/11

Severus s'effondra sur sa chaise, les jambes tremblantes, dès que Harry quitta la pièce. Il y avait bien longtemps qu'il n'avait permis à quiconque de faire une telle chose. Ça l'avait laissé ouvert et vulnérable et il ne savait vraiment pas quoi faire. Ça avait été touchant, la manière nerveuse et gauche avec laquelle Harry l'avait pris. Le plaisir manifeste de Potter avait été dû en grande part à celui de Severus, plus qu'autre chose. Mais la rudesse et la maladresse avaient son charme aussi et Potter était pressé d'apprendre et de trouver cet endroit qui faisait vibrer de plaisir Severus.

Potter était parti immédiatement après, visiblement douloureusement embarrassé. Severus sentit une bile amère et acide remonter dans sa gorge. Un rapide baiser puis une retraite précipitée. Non, il avait été ridicule, tout comme il l'avait été la dernière fois – c'était toujours absurdement emprunté après. Severus se sentit tout à coup vraiment perdu. Il s'était placé lui-même entre les mains de Potter et il n'avait d'autre choix que d'accepter ce que le destin allait lui apporter.

C'était presque l'heure du dîner. Severus lança un sort sur son bureau, nettoyant ainsi toutes les preuves de sa transgression. Il finit de couper les ingrédients de sa potion sur laquelle il travaillait, puis il les mit à mijoter dans le chaudron pour une heure avant de se mettre en route pour la Grande Salle afin de prendre son repas du soir.

Cachant son tumulte intérieur derrière un lourd regard furieux, il marcha à grands pas sur l'estrade, là ou les professeurs prenaient place. Le seul siège vacant était à deux places de Potter, entre Hagrid et Flitwick. Potter était assis à côté de Conventius et ils étaient en train de chuchoter. Severus ignora le sentiment de malaise qui envahit son estomac. Potter avait le droit d'avoir un ami. Il n'était pas jaloux, il n'avait pas de raison de l'être. Il était impossible que Potter voie encore Conventius – Severus passait toutes ses journées avec lui, il n'en avait pas le temps. Conventius murmura quelque chose à Harry qui rit sur un ton très masculin, un ton chargé de testostérone, très familier à Severus. Ce rire-là était toujours inévitablement aux dépends de quelqu'un. Il jeta une œillade noire en direction de Potter juste au moment où Harry regardait vers lui avec un sourire narquois avant de se retourner pour dire quelque chose à Conventius. Ils rirent tous les deux d'une même rire rauque et laid.

Severus se figea. Il n'était qu'un vieil imbécile. Voilà ce qu'il était. Un imbécile qui croyait que quelqu'un de vingt ans son cadet apprécierait vraiment quelqu'un comme lui, pourrait vraiment le comprendre. C'était clair maintenant. Il n'était rien d'autre qu'une plaisanterie entre Conventius et Potter. Il était évident que Potter régalait Conventius de son tout dernier exploit. Avaient-ils trouvé amusant de l'avoir, lui, Severus Snape, penché sur son bureau tandis qu'il suppliait pour avoir la queue de son ancien étudiant dans le cul ? Combien d'autres savaient ?

Le monde flotta devant les yeux de Severus et menaçait de se fondre en noir total. Severus entendit vaguement la chaise tomber derrière lui tandis qu'il tournait les talons, enregistrant à peine un murmure de protestation de la part d'Albus et des autres puis il s'échappa de la salle du dîner, de Potter et de la nausée qui menaçait de le submerger.

OOO

Harry se rendit confusément compte qu'Eddie lui parlait. Il entendit à peine le murmure de surprise qui émana des autres enseignants tandis qu'il se levait rapidement et sortait de la Grande Salle derrière Severus. Quelque chose était arrivé, quelque chose n'allait pas.

Snape était déjà loin le temps que Harry emprunte le couloir en dehors de la salle du dîner. Il courut jusqu'aux donjons et attrapa Snape juste avant qu'il n'entre dans son bureau.

- Professeur – attendez, fit-il en lui prenant le coude.

Snape pivota et Harry faillit le relâcher. L'expression de Snape était de la haine pure.

- Ne me touche pas, siffla-t-il.

- Severus ? appela Harry, stupéfait par la mine qu'affichait Snape.

- J'ai dit : ne me touche pas !

Snape libéra son bras d'une secousse et se rua dans son bureau.

- Qu'est-ce qui ne va pas ? exigea de savoir Harry en le suivant.

Snape ouvrit la porte secrète de ses appartements privés et se tourna, une répugnance sur le visage telle que Harry n'en avait pas vue depuis sa 5ème année.

- Je ne suis pas un jouet destiné à ton amusement, Potter.

- Amusement ? Mais de quoi tu parles ? demanda Harry.

Snape plissa ses yeux en fentes étroites.

- N'essaie pas de me mener en bateau, Potter. Je sais exactement ce que Conventius et toi étiez en train de faire. Ça t'a amusé de cocufier ton vieux et laid Maître de Potions ?

- Cocufier ?

Harry n'était même pas certain de ce que ça signifiait mais ça n'avait pas l'air bien.

- De quoi tu parles ? Qu'est-ce qu'Eddie vient faire là-dedans?

Snape lui jeta un regard meurtrier.

- Ne me prends pas pour un idiot, Potter.

Et il lui claqua la porte au nez.

Et voilà. Harry n'avait pas la moindre idée de ce que Snape avait mal compris. Harry sortit sa baguette et fit exploser la porte secrète, puis celle de la chambre de Snape. Lorsque les éclats et la poussière retombèrent, il vit que Snape le fusillait du regard, blanc de fureur.

- Dehors ! DEHORS !

- NON ! Pas avant que tu expliques ce qui se passe, MERDE ! Une minute, on a du sexe fantastique et la suivante, tu ne veux plus rien à voir avec moi…

- M'EXPLIQUER ? Qu'est-ce que tu veux que je t'explique exactement, Potter ? Comment tu as joué avec moi pour que je me ridiculise pendant cette dernière quinzaine, pour servir une hilarante blague convenue entre Conventius et toi ? Dis-moi, Potter, tu es allé vers lui avant ou après qu'on a baisé ?

Harry était abasourdi puis tout se mit en place. Snape pensait qu'il avait couché à gauche, à droite derrière son dos ? Harry se sentit écoeuré et incroyablement en colère.

- Ne sois pas stupide ! Je n'ai jamais couché avec Eddie, imbécile !

Il ne pouvait même plus regarder Snape tant il était furieux.

- C'est ce que tu crois ? Tu crois – après tout ce qu'on a fait – que je pourrais faire ça ? Tu ne me connais pas ?

Harry tremblait.

- T'es un vrai connard. Je ne l'ai jamais fait avec un autre que toi. Ça n'a jamais été qu'avec toi. Comment…

Mais Harry ne put trouver les mots et il se précipita hors du bureau, vers sa propre chambre et il ferma violemment la porte.

Il se tint debout à fixer la porte fermée de sa chambre à coucher, encore stupéfait. Harry se sentait paralysé. Snape pensait qu'il pouvait le tromper ? Est-ce que Snape croyait qu'il était si superficiel que tout ce qu'ils avaient fait ne signifiait rien pour lui ? Harry se mit à faire les cent pas, incroyablement choqué. Il regarda ses mains et réalisa qu'elles tremblaient.

On frappa à la porte. Le cœur de Harry sauta dans sa gorge et son estomac se retourna. Il ouvrit la porte. Snape se tenait là, pâle, et ne voulait pas rencontrer ses yeux.

- J'ai été ton premier ? demanda-t-il.

Harry déglutit et dut s'éclaircir la gorge avant de pouvoir parler. Il hocha la tête.

- Excepté quelques pipes et des baisers.

Snape grogna. Il entra dans la chambre et s'assit sur le lit. Il se plongea le visage dans les mains.

- Tu veux dire que tu ne l'avais jamais fait avant ? s'enquit finalement Snape.

Sa voix ne sonnait pas juste.

- Pas… ça.

- Tu n'avais jamais…

La voix de Snape était étouffée par ses mains.

- Mon Dieu, j'ai été si… et tu ne l'avais jamais fait ? Pourquoi tu ne me l'as pas dit ? Que j'étais ton premier ?

La détresse de Snape déconcertait Harry.

- Je ne pensais pas que ça importait, répondit-il en déglutissant. Je le voulais – et tu semblais te ficher que je ne l'avais…

Snape n'allait pas remettre son inexpérience sur le tapis, quand même ?

- Que faisais-tu avec Con… avec les autres, alors ? questionna Snape, en levant les yeux.

Sa voix semblait creuse. Son expression choqua Harry. Il semblait agoniser. Ses mains étaient mollement posées sur ses genoux. Harry avala difficilement.

- Comme je l'ai dit, juste des baisers… et quelques pipes.

Snape émit un son douloureux. Harry se mordit la lèvre. Snape secoua la tête.

- Je croyais que tu avais… Conventius et toi… Je pensais que…

Snape replongea sa tête dans ses mains. Il paraissait si vulnérable, Harry sentit le besoin de réconforter. Il s'assit à côté de lui.

- C'est important ? J'ai de l'expérience maintenant…

Snape le dévisagea alors et Harry se figea en voyant son expression hantée.

- Bien sûr que c'est important, imbécile. Si j'avais su, jamais je n'aurais…

La colère de Harry s'accrut. Il n'était plus un enfant. D'accord, peut-être qu'il n'était pas un coup aussi fantastique que les autres partenaires que Snape avait eus mais, manifestement, il n'avait pas été si mauvais puisque Snape ne s'était pas rendu compte qu'il ne l'avait jamais fait avant.

- Alors, je suis content que tu ne l'ais pas su ! Je le voulais et je te désirais. Je suis content qu'on l'ait fait et je suis content que tu ne l'ais pas su si c'était la seule façon d'en arriver là.

Snape cligna des yeux plusieurs fois puis un rire étranglé s'échappa de sa gorge.

- J'allais dire que je n'aurais jamais été si… brutal. Je ne crois pas que j'aurais été capable de m'interrompre complètement.

Il dévisagea Harry avec surprise.

- C'est ce que tu crois ? Que je n'aurais pas voulu de toi si j'avais su que tu étais puceau ?

- C'est ce que tu avais dit, rétorqua Harry en essayant de ne pas avoir l'air boudeur.

Le souvenir du rejet de Snape après leur premier baiser était encore cuisant.

- J'ai dit ça ?

Les yeux Snape s'écarquillèrent quand il comprit.

- Idiot, j'étais… Est-ce que tu réalises à quel point tu es agaçant ? Je pensais que je m'étais expliqué dans ma lettre.

Il soupira.

- Je ne pensais pas les choses que j'ai dites, Harry. J'étais… Tu m'avais énervé, comme d'habitude.

Il regarda Harry d'un œil aiguisé.

- C'est pour ça que tu ne me l'as pas dit, n'est-ce pas ?

Harry secoua la tête.

- Non. Je croyais que tu le savais.

Snape soupira.

- Harry, si j'avais su que tu étais puceau, j'aurais – j'aurais dû faire les choses différemment.

Il détourna les yeux. Il semblait si coupable que Harry se sentit affreux. Il posa sa main sur le dos de Snape.

- Ne fais pas ça. Ça a été, j'ai aimé. Si je n'avais pas aimé, tu crois que je t'aurais laissé recommencer ?

Snape secoua la tête.

- Ta première fois n'aurait pas dû se passer comme ça.

Harry y réfléchit puis il jugea l'homme qui se tenait à côté de lui. Il tourna le visage de Snape vers lui et l'embrassa. Les lèvres de Snape s'entrouvrirent à contrecoeur puis il répondit lentement, le baiser s'approfondit en quelque chose de lent et de tendre, quelque chose qui était mutuel et nécessaire, quelque chose que Harry n'avait jamais ressenti auparavant. Le désir commença à le brûler de l'intérieur et il frissonna lorsqu'il entendit Severus grogner. Il se recula pendant un instant, haletant. Il déglutit et dévisagea Severus, les yeux étincelants.

- Alors montre-moi comment ça aurait dû être. Prétends que c'est ma première fois.

Snape le fixa, sceptique et effleura la lèvre inférieure de Harry avec son pouce.

- Ça ne changera rien au fait que ce que j'ai fait est impardonnable…

Harry grogna et pinça le pouce de Severus.

- Je pense que je peux te pardonner cette furieuse et géniale séance de sexe.

Severus retira son pouce et le remplaça avec sa bouche, goûtant les lèvres de Harry.

- Furieuse séance de sexe ? murmura-t-il.

Harry échappa aux lèvres de Severus pour mordiller son cou. Il se redressa un instant pour se plonger dans ses yeux noirs.

- Nous étions en train de nous disputer, si tu te rappelles.

- Je n'ai rien oublié de cette nuit.

Le regard de Severus était brûlant. Harry sentit une flaque de désir dans son ventre.

- Et on n'était pas vraiment dans ce genre de situation où on a le temps de parler de notre historique sexuel, fit-il remarquer avec logique tandis que sa main commençait à explorer le dessous de la robe de Severus.

- C'est juste.

La main de Severus se posa sur les fesses de Harry.

- Et puis je m'attendais plus ou moins à ce que ça fasse mal alors je n'ai pas été surpris, continua d'expliquer Harry. Mais ça ne fait pas mal quand tu… tu sais… utilises tes doigts au début. C'est ce que tu voulais dire ?

Snape acquiesça et ses mains retombèrent brusquement, son air était à nouveau peiné.

- Oui, c'est ce que je voulais dire. C'est ce que j'aurais dû faire la première fois. Et la seconde fois et la troisième fois…

Harry afficha un sourire narquois et secoua la tête.

- J'aime nos petits coups rapides sur ton bureau.

Il eut la satisfaction de voir Severus rougir et son expression devint plus passionnée encore.

- Vraiment ?

Harry opina du chef. Severus toussa légèrement et se déplaça.

- Tu as envies que je te montre ce que j'aurais fait si j'avais su que tu étais puceau ?

Harry sourit largement.

- Oui.

OOO

Le monde qui entourait Severus était ferme, fait de membres forts et d'une peau légèrement tannée. De douces incurvations et d'angles plats. Centimètres après centimètres, il était caressé, embrassé et goûté. Severus faisait tout ce qu'il aurait dû faire s'il avait pris la virginité de Harry – comme s'il voulait effacer cette première nuit. Chaque centimètre du corps de Harry fut exploré jusqu'à ce qu'il gémisse et frissonne de plaisir. Severus caressa et goûta sa magnifique érection qui jaillissait de son nid de boucles noires avant de se déplacer plus bas. Il prit son temps pour ouvrir Harry, pour le préparer avec tout le soin et l'attention qu'il mettait normalement pour une potion compliquée.

Sa langue, ses doigts et du baume furent utilisés jusqu'à ce que Harry jouisse une première fois et soit dur à nouveau en se tortillant de plaisir et de besoin. Alors, seulement à ce moment-là, Severus le prit en s'enfonçant dans son corps étroit. Pendant un long moment, il se contenta de le tenir, le visage rougi de Harry prit en coupe dans ses mains, fixant ses yeux verts assombris de désir. Il goûta avidement ses lèvres rougies puis recula pour observer sa figure lorsqu'il se mit à bouger. En longues et profondes poussées délibérément lentes.

Exactement comme la première nuit, il fallut à Severus tout sa maîtrise de soi pour ne pas se laisser aller et s'enfoncer durement et rapidement dans ce corps serré qui appelait le péché mais il se retint pour des raisons très différentes. Cette nuit était la nuit de Harry cette nuit, Severus serait le doux amant qu'il méritait, celui dont il avait besoin, celui qu'il aurait dû avoir.

Harry se cambrait à chaque coup, ses yeux étincelaient, il se poussait contre le sexe de Severus, le faisant entrer plus profondément encore. Severus sentit les mains de Harry se crisper sur ses avant-bras mais il n'ôta pas ses yeux de ce vert scintillant. Il changea d'angle alors, très légèrement, jusqu'à ce qu'il frappe l'endroit qui fit crier Harry. Le son qu'il émit alors se répercuta droit sur l'entrejambes de Severus. Severus écarta les cheveux humides du beau visage devant lui mais ne ralentit pas.

- Harry, chuchota-t-il, parce que c'était le seul mot qu'il pouvait dire sans risque. Harry, répéta-t-il encore. Harry.

Puis il enregistra les mots, une prière, encore et encore, comme une centaine de charmes de guérison circulant à travers ses veines tandis Harry oscillait contre lui, s'empalait sur son membre tendu alors qu'il bougeait en lui, dansant l'un contre l'autre, se tenant mutuellement puis tombant ensemble.

- Severus… Severus… Severus… Severus… Severus… Severus…

Severus lâcha un halètement qui était presque un sanglot et il jouit – parce qu'il réalisait ce que Harry était en train de dire, parce qu'il se le disait en lui-même.

- Harry, murmura-t-il, fixant les yeux trop verts et en fut totalement brisé, complètement perdu.

OOO

Harry sentit son monde exploser en mille morceaux puis lentement se réunir à nouveau en la forme d'un grand corps mince envelopper autour du sien.

- Non… Chut, dit une voix merveilleuse.

Il sentit une main douce effleurer ses joues et il réalisa que son visage était humide. Ce dernier se fendit d'un sourire. Il leva les yeux vers la figure légèrement floue qui appartenait à la merveilleuse voix et au beau corps chaud.

- C'était… waouh, dit-il et il détesta ne pas avoir les mots qui expliqueraient correctement ce qu'il ressentait. Désolé, je suis juste – c'était stupéfiant. Tu étais stupéfiant.

Snape, non, Severus était stupéfiant et maintenant, il était dans ses bras et…

- Ça aurait dû être comme ça depuis le début, déclara-t-il de sa voix profonde et merveilleuse – même si elle était bourrue maintenant.

Harry secoua la tête et sourit.

- Et comment j'aurais su à quel point c'était génial ?

Il se mit sur le côté pour mieux observer Severus. Le visage de Severus se détendit d'un léger sourire.

- La ferme, Potter.

Harry leva les yeux et plongea dans les siens, noirs et insondables, puis se posa sur son visage, il affichait une expression qu'il n'avait jamais vue avant. Ça le fit se sentir chaud à l'intérieur.

- Tu étais stupéfiant, répéta Harry.

Severus essaya difficilement de ne pas avoir l'air impressionné mais il resserra son étreinte autour de lui.

- Ce qui est stupéfiant, Harry, c'est que tu ne sembles pas te rendre compte que j'ai presque quarante ans et que je suis absolument inapte à ce genre de liaison.

Harry leva les yeux au ciel.

- C'est vrai, parce que quarante ans c'est tellement vieux si on compare à… disons Dumbledore. Il a quoi ? Quelque chose comme trois cents ans, non ?

Severus haussa les sourcils.

- Pas tant que ça, je pense mais très bien, tu marques un point. Tais-toi maintenant.

Harry sourit et reçut un autre sourire en retour. Les longs doigts de Severus caressèrent le front de Harry.

- Tu es tellement beau, fit Severus distraitement puis il rougit légèrement comme il se rendit compte qu'il l'avait dit à voix haute.

- Toi aussi, répondit Harry qui réalisa que c'était vrai.

Il se tourna sur le côté et écarta les cheveux de Severus de ses yeux. Severus le regarda.

- Ne sois pas absurde. Aucune définition de ce mot ne peut qualifier ce nez de beau.

Non, en effet, il ne l'était pas. Le nez de Severus n'était pas beau, pas plus que ses cheveux gras ni sa peau qui-n'avait-jamais-connu-le-soleil mais, d'une manière ou d'une autre, Severus, l'homme que Harry dévisageait maintenant, bien que sans ses lunettes, était beau.

- Si on prend tout ensemble, tu l'es, expliqua Harry en déposant un baiser sur ledit nez.

- Hum, alors tu deviens encore plus absurde.

- Non. Tu es stupéfiant et beau. Pour quelle autre raison est-ce que je baiserais avec toi ?

- Déficience mentale ? suggéra Snape mais il semblait satisfait du compliment.

Harry passa un bras autour de Severus et se cala confortablement contre lui.

- Je suis content que tu sois mon premier, dit-il.

- Exceptés pour les pipes et les baisers, souligna sèchement Snape.

- Non, tu as été mon premier baiser aussi – baisers entre mecs, je veux dire, corrigea-t-il.

- J'ai été ton premier baiser homosexuel ?

Harry hocha la tête. Snape ferma les yeux et grogna.

- Potter, pourquoi tu me dis toutes ces choses ? Si j'avais su à l'avance que nous explorions les moments clés de ton adolescence, j'aurais pu me retenir et empêcher de te causer des dommages émotionnels.

Harry sourit largement.

- Tu veux dire que tu aurais pu ne pas te comporter comme un con ?

- Oui, précisément. Imbécile.

Severus sourit d'un air auto désapprobateur et Harry décida qu'il aimait de plus en plus ce Snape privé.

Harry se souvint de quelque chose et, avant qu'il n'y réfléchisse, il laissa échapper par inadvertance :

- Pourquoi tu croyais que je t'avais trompé ? Je pensais que les choses allaient bien entre nous.

Snape baissa les yeux pendant un instant.

- J'ai fait une erreur de jugement.

Son regard se posa sur Harry.

- Mets-toi à ma place, Potter. J'ai vingt ans de plus que toi, juste avant la première nuit que nous avons passée ensemble, tu embrassais un autre homme, un homme qui est plus proche de ton âge et qui est beaucoup plus séduisant que je ne le serai jamais, malgré tes pauvres tentatives de flatterie.

Il fit une pause, comme pour choisir ses mots avec soin.

- Ce que nous avons fait aujourd'hui était… Ce n'est pas une chose aisée pour moi émotionnellement, j'ai des souvenirs difficiles associés à ça et, quand je t'ai vu, toi et Conventius, rire ensemble juste après…

Harry se sentit tout à coup malade. Il fixa Snape avec horreur.

- Que s'est-il passé ? Tu n'étais pas… as été… Je veux dire que tu…

Snape secoua la tête.

- Je n'ai pas été violé, Potter. Je… J'étais stupide et jeune et j'ai couché avec quelqu'un pour qu'il m'aime alors que manifestement ce n'était pas le cas. Lui et son amant ont trouvé ça, moi et tout le reste, terriblement amusant.

Harry sentit son estomac se tordre puis il comprit.

- Mais on ne se moquait pas de toi !

Il ne se rappelait même pas à propos de quoi ils riaient. Eddie était en train de parler de… bon, d'accord, de sexe. Il lui avait dit que Harry avait l'air d'avoir tirer le gros lot et Harry avait souri et rougi puis Eddie avait fait semblant d'être écoeuré. Il se rappela qu'il avait levé les yeux, vu Severus et sourit d'un air affecté alors qu'il pensait au sexe, à ce qu'ils avaient fait et à ce qu'ils pourraient faire plus tard.

- Eddie était juste en train de me taquiner parce qu'il savait que je venais de coucher avec toi. On ne riait pas de toi.

Snape se remit à étudier l'intéressant motif du couvre-lit.

- Comme je l'ai dit, j'ai manqué de jugement. Mais ce que j'ai déclaré est toujours vrai, je suis trop vieux pour toi, si tu préfères Conventius…

Harry grogna de frustration.

- Espèce d'idiot ! Tu étais où il y a cinq secondes quand j'ai dit que tu étais stupéfiant ? Tu ne comprends pas ? Je ne veux pas Eddie. Je te veux, toi.

Snape le dévisagea avec une expression bizarre.

- Tu ne penses pas ce que tu dis.

Harry émit une exclamation exaspérée.

- J'ai seulement fait des trucs avec Eddie pour essayer de t'oublier, expliqua-t-il.

Severus haussa un sourcil.

- Tu as utilisé ce pauvre Conventius ?

Harry sentit le besoin de revenir au confortable flirt qu'ils avaient avant qu'il n'ouvre sa grande gueule.

- Il s'en fiche, fit-il en haussant les épaules.

- J'en suis sûr, confirma Severus d'une voix sèche mais quelque chose n'allait pas dans son expression.

Harry l'étudia attentivement.

- Tu ne me crois pas.

- Je te crois.

- Alors…

Harry s'interrompit. Il tendit son bras et prit le visage de Snape entre ses mains et le regarda droit dans les yeux. Il savait qu'il devait le faire.

- Utilise la Legilimencie, je veux que tu voies.

Les yeux de Snape s'écarquillèrent.

- Ne sois pas ridicule.

- Je ne le suis pas. Utilise-la. Je te montrerai ce qui s'est passé.

Harry était devenu très bon en Occlumencie à la fin de sa 6ème année mais il ne l'avait pas pratiquée avec Snape depuis longtemps. Il regarda Snape avec surprise.

- Tu ne l'as pas utilisée, n'est-ce pas ? Je sais que tu l'utilises tout le temps mais tu ne l'as pas…

Snape repoussa Harry et se remit sur pied. Il attrapa ses vêtements.

- Où est-ce que tu vas ?

- Ne… Ne fais jamais…

Snape fixait Harry avec des yeux fous.

- Tu n'as rien appris, Potter ? N'accorde jamais à un autre sorcier un libre accès à ton esprit. Réfléchis, mon garçon, tu veux vraiment me laisser voir ses souvenirs intimes, tes émotions, tes pensées ?

Harry dévisagea Snape. Bien sûr qu'il le voulait, il ne l'aurait pas suggéré autrement.

- Oui, je pense ce que j'ai dit, tu as vu les mauvais trucs, je veux que tu saches tout. Je veux…

Puis ça le frappa. Il voulait tout partager avec Severus. Il voulait quelqu'un qui saurait et comprendrait tout.

- Je veux que tu sache – j'ai besoin que tu comprennes, termina-t-il maladroitement.

Severus regarda Harry un long moment.

- Je suppose que nous ne nous connaissons pas encore vraiment bien. Il y a eu quelques… malentendus…

Harry acquiesça d'un air hébété. Snape lâcha les habits qu'il avait dans les mains et revint vers le lit. Il s'assit à côté de Harry.

- Pourquoi on ne commencerait pas par les bases, Potter, comme les gens normaux ? Tu me poses une question et je te réponds, ensuite, c'est moi qui te poserai une question, hum ?

Harry lui adressa un sourire triste.

- Et bien, je suppose qu'on peut faire ça.

Severus afficha un air narquois.

- Bien que l'idée de sonder ton esprit sombre et dépravé commence à me séduire.

Harry répondit par un sourire affecté et, quelque peu timidement, il tourna le visage de Severus vers lui et l'embrassa.

- D'accord, je commence, fit Harry après un moment. Alors, tu as couché avec combien de personnes ?

- Ne te gêne surtout pas, Potter, rétorqua Severus l'air hautain.

- Désolé, tu n'as pas à répondre à ça.

Severus resta silencieux un moment.

- Quatre.

Harry en fut surpris.

- Quatre ?

- Non, cinq, corrigea Severus.

- Oh, fit Harry. Avec moi ?

- Oui ! confirma Severus d'une voix brusque.

- Oh. C'étaient de longues relations ?

- Non, bien sûr que non.

- Oh.

- Quoi ?

- Rien.

- Allez, Potter, dis-le.

- Rien. Je croyais juste que tu avais eu plein d'amants, c'est tout.

Severus rit, c'était un son merveilleux.

- Mon dieu, mon garçon, mais sur quelle planète est-ce que tu vis ? D'abord, je suis beau et maintenant je suis une sorte de Lothario (1). Tu m'as bien regardé dernièrement ?

- Mais tu as dis tous ces trucs sur l'expérience…

- Je t'ai menti, Potter.

- Et puis, il y a toutes ces rumeurs sur les Mangemorts. Et tu as presque quarante ans !

- Oui, merci, Potter. Je pense que je me sens encore moins bien maintenant.

- Désolé.

- En fait, c'est plutôt dangereux de devenir intime avec quelqu'un lorsqu'on est un espion, tu sais, répliqua Severus avec un reniflement.

Harry grogna de rire en se rappelant les quelques James Bond qu'il avait vus.

- Bien, tu en as trois de plus que moi, de toute façon. Tu sais que si nous ne rompons jamais, tu auras toujours plus d'expérience sexuelle que moi et…

- Harry… l'interrompit prudemment Severus. Je ne te retiendrai pas…

- Non, le coupa rapidement Harry.

Il ne voulait pas entendre Snape lui dire que ça ne durerait pas, que ce n'était pas une bonne idée. Ils étaient au-delà de ça maintenant.

- Harry… Je suis…

Severus ne finit pas sa phrase. Il y eut un instant de silence maladroit puis il parla :

- Il y a toi, bien sûr, le cinquième puis les deux premiers, tu devrais être impressionné, Potter, ma première fois était une partie à trois. Les deux suivants, c'était en service pour Dumbledore, c'est fou ce qu'on peut récolter d'informations avec le cul. Alors, voilà ma plutôt insignifiante histoire sexuelle.

Harry reposa sa main à plat sur la poitrine de Severus.

- Tu n'aurais pas dû me laisser faire ça aujourd'hui si tu n'aimais pas ça.

Severus l'attira plus près.

- En fait, c'était assez plaisant. J'ai aimé ça, si je peux t'emprunter cette phrase.

- Nous ne le referons plus. C'était super mais ce soir, c'était mieux. Tu peux me le faire tout le temps si tu préfères.

Une part de Harry espérait que Severus ne retiendrait pas son offre. Ça ne le dérangeait pas… mais il avait aussi aimé être celui qui prenait les commandes et croyait plutôt qu'il aimerait recommencer de temps en temps. Snape gloussa, un son que Harry voulait entendre de plus en plus.

- Je suis sûr que je vais bientôt me réveiller et découvrir que j'ai rêvé que tu m'offrais un accès total à ton cul.

Harry pouffa de rire.

- Ça, tu l'avais déjà, je n'ai pas besoin de te l'offrir.

La main de Severus descendit et caressa l'arrondi dudit cul. Il se pencha vers son oreille.

- Ma question est… commença-t-il avec ce timbre qui transformait les intestins de Harry en masse molle. …Combien de fois que peux te faire jouir ce soir ?

OOO

Severus se réveilla au son d'un coup frappé à la porte. Il ouvrit un œil et réalisa qu'il dormait dans le lit trop petit de Harry Potter. A vrai dire, ça signifiait que les fesses nues de Harry se pressaient fermement contre son érection matinale mais il pouvait déjà sentir son dos se raidir.

Le coup à la porte retentit encore. Bien, qu'il aille se faire foutre, qui que ce fut. Severus était trop bien, merci pour lui. Puis une horrible pensée le traversa à part Albus, qui pouvait faire sauter la porte de Potter au milieu de la nuit si personne ne répondait. Cette idée amena une soudaine panique quand Severus se rappela que la porte était explosée et, par conséquent, c'était probablement Albus qui se demandait si Harry était mort ou pas.

- Potter, la porte, fit Severus en se dénouant d'un Harry chaud, endormi et parfaitement désirable et il se glissa hors du lit.

Il trouva ses vêtements et fila dans la salle de bain. Severus entendit Harry ouvrir la porte pendant qu'il enfilait ses pantalons et sa chemise.

- Oh, Harry, merci, Seigneur, tu es conscient.

Severus leva les yeux au ciel en entendant la voix trop familière. Foutu Albus et sa manie de se mêler de tout.

- J'ai bien peur qu'il ne soit arrivé quelque chose à Severus

Severus entendit Harry commencer à s'étrangler.

- Pourquoi ? demanda Harry d'une étrange voix étouffée.

- Les portes de sa chambre sont complètement détruites.

Putain de merde. Severus savait que Harry n'aurait jamais la présence d'esprit de trouver quelque chose de valable. Et probablement qu'Albus savait déjà tout ou ça n'allait pas tarder. Il était impossible de garder un secret avec lui. Avec un grognement de frustration, Severus sortit de la salle de bain.

- Je suis là, Monsieur le Directeur, dit Severus. Il y a un problème ?

C'est à ce moment-là qu'il vit que Harry n'était vêtu que d'un jean et qu'il avait l'air excitant d'une façon délicieusement inappropriée et que lui était en dessous de son état d'habillement habituel, vêtu seulement d'un pantalon et d'une chemise. Il serra les dents et attendit l'inévitable.

Dumbledore regarda Severus, puis Harry, puis Severus à nouveau, puis le lit défait. Ses yeux pétillèrent.

- Non, pas du tout, Severus. Je suis content de voir que vous êtes en un seul morceau. Je l'ai seulement mentionné parce qu'il est dix heures et que vos élèves s'inquiétaient que vous ne soyez pas dans votre classe.

Severus sentit son sang se glacer.

- Dix heures ?

Merde, on était vendredi, n'est-ce pas ?

-Bien sûr, après dix-sept ans d'enseignement ponctuel, Severus, je suis certain que vous méritez de rester au lit de temps en temps. Puis-je espérer que vous serez disponible pour la troisième période ?

Severus déglutit difficilement et acquiesça, il pouvait sentir ses joues le brûler alors que son sang migrait résolument vers ses orteils.

- Et toi, Harry ?

La rougeur de Harry se diffusa de manière inconvenante de son front à un endroit au dessus du sternum et il eut le mauvais goût de sourire d'un air affecté. Severus sentit ses joues s'enflammer un peu plus.

- Oui, Monsieur le Directeur.

- Magnifique. Bien, je ferais mieux de vous laisser vous préparer pour vos cours. Peut-être que je pourrais vous dire un mot cet après-midi ? Harry à dix-sept heures, Severus à dix-sept heures trente ?

Severus savait où tout ça allait le conduire. Une conversation utile, où Albus tournerait autour du pot jusqu'à ce que Severus saisisse l'allusion, malgré les clins d'œil du vieil homme. Comportement inapproprié – il profitait de Harry – cessez ça ou vous serez viré – prenez un bonbon au citron.

Génial.

- Bien sûr, Albus, dit-il avec raideur.

Puis Albus s'en alla, emmenant son foutu clin d'œil avec lui.

Severus jeta un regard noir à Harry qu'il trouvait bien trop amusé pour quelqu'un qui avait provoqué son humiliation devant l'homme que Severus respectait et craignait le plus au monde.

- Habille-toi, Potter, lui indiqua Severus d'une voix lourde.

Il rassembla sa fierté du mieux qu'il pouvait, repêcha le reste de ses vêtements et se rua dans la salle de bain de Harry.

Dix minutes plus tard, Severus s'engouffra dans sa classe de Potions, le regard pesant, surprenant le professeur Flitwick qui surveillait son cours.

- Merci, Professeur, je prends la relève à partir de maintenant, fit Severus.

Flitwick hocha la tête et quitta la pièce. Severus lança un regard furieux à tous les étudiants qui avaient le culot de paraître déçus par son arrivée. Puis Potter choisit cet instant pour entrer en trompe dans la salle de classe, encore en train de glisser sa chemise dans son pantalon, un morceau de toast dans la bouche. Il y eut quelques ricanements réprimés émanant de plusieurs endroits dans la classe.

Severus ignora Harry et fit don aux élèves d'une autre œillade meurtrière. Il restait une demi-heure de cours alors il se mit à leurs aboyer des instructions pour préparer la potion du jour.

Passée cette troisième période, ce fut une journée parfaitement normale, mis à part le fait qu'il y avait ce maudit rendez-vous avec Albus qui l'attendait à la fin de celle-ci.

Et, bien sûr, il y avait Harry. Qu'il faisait de son mieux pour ignorer. A qui il avait fait l'amour toute la nuit et qu'il aurait, en toute franchise, préféré peloter ou baiser à l'instant même, plutôt que d'inscrire les ingrédients de la prochaine leçon de potions au tableau.

Harry lui avait offert un libre accès à son esprit, à son âme. C'était une pensée proprement terrifiante. Severus n'avait pas consciemment utilisé la Legilimencie sur Harry depuis longtemps, probablement depuis qu'il avait honnêtement gagné son respect et qu'il avait appris à lui faire confiance. Maintenant, Severus n'osait plus. C'était trop. Trop intime. Trop risqué avec tout ce qu'il pourrait apprendre, en bien et en mal.

Severus sentit son ventre s'embraser au souvenir de la nuit précédente. Des heures à faire l'amour sensuellement. Il n'avait jamais imaginé que ça puisse être comme ça, si mutuel, si sécurisant, si amoureux. Plusieurs fois dans la nuit, ses pensées avaient navigué en eaux troubles tandis qu'il grognait le nom de son amant et goûtait ses baisers, rêvant à des choses qui n'étaient pas sûres. Severus avait peur de s'être laissé aller à trop de proximité, il craignait maintenant d'être incapable de revenir en arrière même s'il le voulait.

Harry lui avait dit qu'il le voulait. Et il avait, avec beaucoup de véhémence, exigé que Severus le croie. Severus pouvait mettre les compliments et le désir sur le compte d'une exubérante jeunesse mais les fières déclarations de Harry clamant qu'il voulait lui, Severus, rien que lui ? Ça, malgré les mots doux susurrés durant la passion qui l'amenaient si dangereusement près de la frontière, malgré les exquises caresses, malgré la stupide demande de Potter afin qu'il regarde en lui, ça, Severus ne voulait pas, ne pouvait pas… ne devait pas… le croire.

Bon, de toute façon, ce n'était pas un point discutable. Après la petite rencontre avec Albus en fin d'après-midi, Harry ne voudra plus poursuivre leur liaison. Peut-être que le directeur lui ferait entendre raison là où Severus avait échoué. Toutes les raisons qui faisaient que leur relation naissante était immorale et peu judicieuse revinrent brusquement à Severus. Pourtant, l'idée même de ne plus jamais toucher, embrasser ou tout simplement être avec ce gamin imbécile, immature et téméraire rendait Severus physiquement malade. La nuit dernière, il avait… il avait ressenti quelque chose qu'il n'osait pas nommer, quelque chose qu'il n'osait pas penser que Potter ressentait aussi. Il s'était permis d'y croire.

La nuit dernière avait été une révélation pour plus d'une raison. Savoir que ses préjugés sur Potter avaient été entièrement infondés l'avait fait réfléchir. Severus sentit un autre élancement de culpabilité en réalisant que la première fois de Harry avait dû être aussi agréable que la sienne. Une fois de plus, Severus était scotché par l'incroyable pensée qu'il avait été le premier de Potter, pas le plus beau, le plus plaisant, le plus… et bien… tout, Conventius. Et Potter n'avait été avec aucun autre depuis.

Ce ne sera que toi, à jamais.

L'objet des pensées de Severus était en train de parler avec deux étudiants qui s'étaient attardés pendant qu'il lançait un sort sur le sol pour le nettoyer. Comme s'il avait senti le regard de Severus sur lui, il leva les yeux et lui adressa un sourire timide qui fit bander Severus autant qu'il l'irritait. De quel droit Severus pouvait être avec quelqu'un qui avait l'air si innocent et timide et qui l'était vraiment ? Severus avait une frousse terrible de ce qu'il ressentait pour Harry Potter, de ce qu'il avait ressenti la nuit précédente. Cependant, ce qui terrifiait le plus Severus était l'idée que ça pourrait se terminer, et ce dans quelques heures à peine.

- Professeur ? appela Harry quand le dernier étudiant fut renseigné.

- Oui, Potter ? répondit Severus, surpris par le pincement qu'il percevait lorsque Harry s'adressait à lui si formellement.

Ainsi ça commençait.

- Désolé… Pour ce matin. J'ai oublié de mettre le réveil hier soir…

- Ne t'inquiète pas, Potter.

Il vit Harry jeter un rapide coup d'œil vers la porte close de la classe.

- Severus, fit Harry et Severus ignora le fourmillement de délice qu'il ressentit à l'usage de son prénom. J'ai vraiment pris beaucoup de plaisir hier soir. Ne… Ne commence pas à le regretter, simplement parce que Dumbledore nous a découvert.

Severus sentit son cœur bondir de manière inconvenante.

- Je ne le regrette pas, affirma-t-il mais le tressaillement intérieur de sa voix se perçut trop vivement. Je ne le regrette pas, Harry, essaya-t-il sur un autre ton. Mais… attends ce soir que nous ayons parlé avec Albus avant de discuter de ceci plus avant.

- Pourquoi ? Rien de ce qu'il dira ne changera les choses.

- Ça pourrait, rétorqua lourdement Severus.

Le sourcil de Harry se plissa en froncement têtu que Severus connaissait si bien.

- Je ne vais pas changer d'avis, juste parce que Dumbledore désapprouve. Ce ne sont pas ses affaires de toute façon.

- Les relations entre son personnel le regardent, Potter, particulièrement celles où on pourrait croire que l'une des parties a pris avantage de sa position de pouvoir pour provoquer cette relation ou manipuler l'autre partie.

Oui, et c'était exactement ça. Comment réagiraient les élèves, et leurs parents ? Severus savait que ce serait un concert de voix indignées proclamant qu'il n'avait aucun droit de ne serait-ce que regarder leur magnifique Harry.

- Alors, ça sera le professeur et son jeune assistant ou le célèbre Harry Potter et son plus grand fan ? Peut-être que tu as couché avec moi pour atteindre le sommet ? suggéra Harry.

Severus ricana.

- Ton plus grand fan ? répéta-t-il pesamment.

- Ça pourrait être perçu comme ça et c'est ce qui nous inquiète, non ? Ce que pensent les gens ?

Harry marquait un point mais d'une manière ou d'une autre, Severus savait que Le-Garçon-Qui-A-Survécu-Et-Tué-Voldemort-Et-Qui-Ne-Peut-Faire-Aucun-Faux-Pas ne serait pas perçu comme la partie coupable de toute cette affaire.

- Nous en discuterons après avoir parlé à Albus.

- Au lit, ce soir.

- Après avoir parlé avec Albus, répéta Severus, refusant de permettre à ses pensées d'aller où Harry était en train de les mener.

- Bien. Et toi ? Dumbledore te fera changer d'avis ?

Severus remarqua les bras croisés de Harry.

- Il ne dira rien auquel je n'ai pas déjà pensé ou que je n'ai pas déjà dit, Harry. Et tu sais ce que j'ai décidé à propos de notre association.

- Non, pas vraiment – tu ne l'as jamais vraiment dit. Excepté que tu ne veux pas que ça se termine et que tu continues à baiser avec moi.

Severus n'avait pas fait ça, si ? Il avait juste présumé que Harry savait. Harry lui avait dit qu'il le voulait, qu'il le voulait malgré Conventius, qu'il le voulait lui depuis le début. Il lui avait offert de tout lui révéler. Et Severus n'avait rien dit. Severus ne pouvait rien dire – sans craindre d'en dire trop et de faire fuir Harry. Severus ne pourrait pas supporter le dédain, l'expression consternée et embarrassée qu'il obtiendrait s'il révélait à Harry ce qu'il ressentait exactement. Lui dire à quel point – c'était aller au-delà du désir. Pourtant… Il n'avait rien dit.

- Harry, je…

La porte s'ouvrit et deux filles de 3ème année entrèrent. Severus regarda Harry, frustré.

- Nous en discuterons après le cours.

OOO

Il s'avéra que Harry n'eut aucune occasion de se trouver seul avec Severus avant d'aller voir Albus. Premièrement, Madame Bibine vint droit vers lui après le cours suivant et désigna Harry comme volontaire pour l'aider à arbitrer les matches de Quidditch à venir. Ensuite il dut parler après la classe à quelques 1ère année qui avaient des difficultés avec leurs charmes de défense. Puis Severus dut partir pour la Maison Serpentard afin de régler quelques problèmes. Et enfin Harry rendit visite à Edward Murgletop.

Après un bref hiatus sur le fait que Swenney et sa clique avaient fait preuve de prudence autour de l'étudiant qui les avait transformés en singes, un ton de plaisanterie se réinstaura entre eux. Edward voulait savoir s'il avait la permission d'utiliser le charme « se fondre dans le décor » de Snape mais il était trop effrayé pour le demander. Harry lui accorda sa permission à la condition qu'il quitte la pièce si les autres garçons se remettaient à l'embêter à nouveau. Ça ennuyait Harry qu'Edward n'ait aucun ami – avoir des amis était ce qui avait presque rendu supportable la torture de Malfoy, l'effort de combattre Voldemort et le stress d'être le Célèbre Harry Potter. Ce fut donc pour toutes ces raisons que Harry ne put même pas revoir Severus, une fois qu'il eut terminé ses cours de la journée.

A la place, Harry se rendit à la Tour de Gryffondor et trouva Ginny. C'était étrange de marcher dans la salle de commune de Gryffondor. Pendant un instant, Harry oublia qu'il n'était plus un étudiant et que ce n'était plus sa salle commune non plus. Puis il vit quelques subtils changements, les 6ème année étaient désormais les 7ème année et les 1ère année semblaient si jeunes le pire de tout, le bourdonnement de conversation qu'il avait toujours associé à la salle commune se tut tandis que les élèves réalisaient qu'il était là. Oh, putain, c'était un enseignant.

- Harry, s'exclama Ginny quand elle le vit puis elle rougit. Désolée, Professeur Potter.

Elle se dirigea vers lui et il sourit.

- Comment ça va ?

- Super ! Je crois que je vais passer tous mes ASPICs.

- Nous savons que tu es bonne en Défense, dit Harry. Tu as des nouvelles de Ron ?

- Seulement qu'il sort enfin avec 'Mione, répondit Ginny. Et qu'il est trop occupé pour envoyer un hibou à maman.

Harry rit et il fut soulagé de se rendre compte que le rappel que Ron et Hermione étaient maintenant un couple ne l'ennuyait plus.

- Oui, ils sont un peu reliés par la hanche.

Il devait vraiment envoyer un hibou à Ron et à Hermione. Sans mentionner Remus et les Weasley. Il jeta un bref coup d'œil vers un des coins de la salle commune.

- Je peux te parler un moment ? demanda-t-il.

- Bien sûr.

Elle suivit Harry dehors, dans le couloir et il lui parla d'Edward qui semblait sans ami. Ginny fronça les sourcils puis admit que quand elle y réfléchissait, elle ne pensait pas à Edward non plus. Harry soupira.

- Je sais que c'est probablement beaucoup demandé…

Ginny sourit et secoua la tête.

- Non, c'est bon. Je lui parlerai, j'essaierai de l'intégrer aux choses que nous faisons pour l'équipe de Quidditch, oh, et pour le Bal de Halloween !

Harry eut soudain un flash de l'écrasant maternage de Molly Weasley.

Se sentant un peu mieux, Harry discuta avec Ginny un peu plus longuement puis il se dirigea vers les donjons, espérant y surprendre Severus avant qu'ils n'aillent parler à Dumbledore. Malheureusement, le bureau et les appartements de Snape étaient vides. Harry se rendit dans sa chambre et prit une douche. Ce matin, il n'avait eu que le temps de se lancer un sort de nettoyage et il ne se sentait pas très frais. Tandis qu'il se savonnait, il retourna les arguments imaginaires qu'il avait eus en tête toute la journée avec le Directeur. Il venait juste d'obtenir de Severus qu'il arrête de lui dire qu'ils ne devaient pas faire ça alors il n'avait pas besoin que Dumbledore fasse de même.

Lorsqu'il sortit de la salle de bain, en frottant ses cheveux humides avec une serviette, il stoppa et regarda son lit maintenant fraîchement refait grâce aux elfes de maison. Il sentit une vague de désir en se rappelant la nuit précédente avec Severus. Harry ferma les yeux tandis qu'un autre souvenir, plus fort celui-ci, traversait son esprit. Severus le regardait dans les yeux alors qu'il bougeait en lui, l'attirant plus près – une expression proche de l'émerveillement sur son visage. Il était absolument magnifique et Harry sentit sa poitrine devenir douloureuse et sa respiration se bloquer dans sa gorge.

Il n'y avait rien que Dumbledore puisse dire qui le ferait laisser tomber.

Pendant qu'il s'habillait, il se prépara au pire. Le temps qu'il dise le mot de passe et entre dans le bureau de Dumbledore, il était prêt à argumenter.

- Harry, assieds-toi, fit Dumbledore.

Il lui offrit du thé mais Harry secoua la tête. Il se sentait soudainement à nouveau comme en 5ème année lorsque Dumbledore refusait avec entêtement de lui dire quoi que se soit pour son propre bien. De l'irritation mêlée de colère bouillaient en Harry. Il avait dix-huit ans maintenant. C'était un adulte. Il avait battu tous les mages noirs, comme on le lui avait demandé, alors il avait gagné le droit qu'on lui dise la vérité, le droit de faire ses propres erreurs et celui de ne pas être protégé. Un sentiment de détermination monta en lui.

- Je suis heureux de voir que Severus et toi avez résolu vos différences, Harry, commença Dumbledore. J'avais l'impression que tu étais capable d'effacer ce qui te séparait de notre Maître de Potions après tout, vous avez très bien travaillé ensemble, l'été dernier.

Les pupilles d'Albus pétillèrent derrière ses lunettes.

- J'admets que je n'avais pas réalisé que votre relation avait pris un tel chemin.

- Je n'y mettrai pas fin, explosa Harry. Je sais ce que vous allez dire mais vous pouvez économiser votre salive. Il ne m'a pas forcé, je veux tout ça et je n'y mettrai pas fin.

Albus sembla surpris.

- Mais personne ne te demande d'y mettre fin, Harry, et je ne pense assurément pas que quiconque, encore moins Severus, pourrait te forcer à faire quelque chose que tu ne veux pas faire. Je veux juste m'assurer que vous êtes heureux tous les deux.

Harry réprima le rouge qu'il sentait monter sur son visage.

- Nous sommes bien.

Albus le jaugea un instant.

- J'espère que tu sais que tu peux venir vers moi si tu as besoin de conseil, Harry.

- Oui, Monsieur, mentit Harry.

L'idée même de demander conseil à Dumbledore sur sa vie sexuelle était incroyablement embarrassante.

- Albus, s'il te plait, Harry.

- Oui, Albus.

- Harry… Ni toi, ni Severus n'avez eu une vie facile. Je détesterais voir que l'un ou l'autre soit blessé.

Le fait était que, la nuit d'avant, Harry s'était rendu compte qu'il avait le pouvoir de blesser Severus. Maintenant venait la réalisation qu'il se jetterait lui-même un mauvais sort plutôt que de faire ça.

- Je ne lui ferai aucun mal.

- Je suis certain que tu n'en as pas l'intention. Je sais que tu le penses vraiment, Harry. Cependant, je suis sûr que tu réalises, depuis le temps, que Severus n'accepte que difficilement des gens dans sa vie. J'espère que tu es absolument certain de ce que tu veux de lui. Je n'aimerais pas le voir égaré.

Albus fit une pause et regarda Harry par-dessus ses lunettes.

- Et tu devras aussi envisager ce que les autres pourraient dire. Il s'est fait de nombreux ennemis parce qu'il était proche de Voldemort, des personnes qui seraient heureuses de saisir cette opportunité pour le dénigrer ou lui faire perdre sa position à Poudlard. Severus n'a pas les mêmes options que toi, j'en ai peur.

Harry sentit son estomac se contracter. Il déglutit difficilement.

- Vous pensez que nous ne devrions pas être ensemble ?

- Non, Harry, je pense que tu dois écouter ton cœur et faire ce que tu as toujours fait, à savoir, faire ce que tu crois être le mieux. J'attire seulement ton attention sur ce point, c'est tout.

Harry fixa Dumbledore, un sentiment de poids mort dans sa poitrine. Faire ce qu'il croyait être le mieux. Severus avait raison. Severus avait toujours eu raison. Ils n'auraient pas dû faire ça. Il n'avait pas réfléchi. Il s'était montré égoïste. Snape avait bien plus à perdre que lui dans cette histoire. Il entendit à peine Dumbledore continuer à parler.

- Harry… Severus et toi méritez tout le bonheur que vous pourrez trouver. J'espère qu'avec le temps, vous serez capables de reconstruire vos vies maintenant que Voldemort est mort.

Albus fit une autre pause avant de poursuivre.

- Je suis sûr que, quoique tu décides, tu seras discret. Il n'y a aucune règle contre le fait que les membres du personnel de Poudlard nouent des relations entre eux. Cependant, ce ne doit pas devenir un sujet de commérages pour les étudiants et je suis navré de dire qu'il y a encore de nombreux préjugés, que ce soit dans le monde moldu ou sorcier, contre l'homosexualité. Il y a aussi des gens qui penseront que Severus ne mérite pas… heu… ton affection. J'espère qu'il a une raison de surmonter cette tempête. Je suis sûr que tu apprécieras aussi que Severus préserve ta vie privée.

Harry acquiesça d'un air hébété. Il avait compris. Il était conscient qu'il se tenait là, à dire au revoir à Dumbledore mais il se rendit à peine compte que la porte s'ouvrait et qu'il sortait. D'une manière ou d'une autre, il retourna dans sa chambre. Après une terrible minute à fixer le mur, Harry empoigna son balai et quitta le château.

OOO

Severus refusa de s'asseoir à la place, il se tint devant la fenêtre d'Albus, à regarder les montagnes et le ciel lourd de nuages.

- Severus, mon garçon, je vous en prie, asseyez-vous.

Severus secoua la tête.

- Je préfère être debout, si ça ne vous dérange pas, Albus.

- Si c'est ce que vous voulez. J'espère que ça ne vous dérange pas si je bois un peu de thé ?

- Non.

- Severus… vous n'avez aucun ennui. Asseyez-vous et prenez une tasse de thé.

Severus lui jeta un bref coup d'œil et s'assit.

- Merci, fit Albus.

Severus soupira. Il devait à Albus bien plus que ceci mais cet homme était incapable de s'occuper de ses propres affaires. Et Severus n'était pas sûr de vouloir que quiconque intervienne dans cet aspect de sa vie. Et il était certain qu'il ne voulait pas qu'une autre personne lui dise tout ce qu'il s'était déjà dit un bon millier de fois.

- Vous l'aimez, Severus ?

Severus lui lança un regard aigu et fut vaguement conscient que son cœur battait la chamade.

- Je ne suis pas un imbécile, Albus. Je sais très bien que c'est une relation malavisée, au mieux.

Albus soupira.

- Ce n'était pas ce que je voulais dire, Severus. Harry est un jeune homme très bien et vous, malgré votre insistance entêtée à prétendre le contraire, vous méritez l'amour. Parfois, il est mieux de laisser notre cœur penser pour nous.

- Alors, quelle est la raison de ce petit entretien, Albus, si notre liaison a votre entière approbation ?

Albus sembla amusé.

- Ce n'est pas ce que je voulais dire non plus, Severus.

- N'enveloppez pas ça de sucre, Albus. Vous n'approuvez pas.

- Uniquement pour les raisons les plus évidentes. Je détesterais vous voir blessé, Severus et je suis certain que vous mesurez les risques encourus.

- Je vois.

- Severus, il est très jeune, vous ne pouvez pas vous attendre à ce qu'il connaisse pleinement son cœur à son âge.

- Je sais.

- Je veux seulement que vous n'en attendiez pas trop.

- Je n'en attends rien.

Albus soupira.

- Severus, je vous souhaite tout le bonheur du monde. Je n'aimerais pas que vous soyez blessé par tout ceci. Harry semble sincère mais j'ai bien peur que vous en ressortiez meurtri, en dépit de ses meilleures intentions.

Severus dévisagea Albus avec stupéfaction. Il était en train de lui parler d'être blessé maintenant ? Maintenant ? Après les innombrables fois où il l'avait envoyé se faire torturer, prendre des mauvais sorts et risquer sa vie en prétendant qu'il était un bon petit Mangemort… ?

- Cependant… si vous êtes amoureux de Harry et que Harry vous aime, alors tous ces risques valent la peine d'être pris.

Severus entendit le sang affluer à ses oreilles. L'amour ? La question de tout ceci n'était pas de savoir si Harry était amoureux de lui. Severus ne pensait pas à l'amour. Severus ne se permettrait pas de penser à l'amour. Pourquoi est-ce qu'Albus faisait ça ? Si Harry l'aimait – alors il se devait d'exiger tout ou rien, était-ce ce que voulait dire Albus ? Alors que lui – Severus en avait tellement l'habitude – avait été conditionné pour n'accepter que ce qui lui était offert. Exiger quelque chose, ne rien recevoir et mourir seul et sans amour, fier de savoir qu'il n'avait pas laissé Potter le blesser. Severus ricana amèrement. Bien sûr que Potter allait le blesser mais pourquoi le rejetterait-il à l'avance quand… quand il pouvait l'avoir dans son lit pour une autre longue nuit et peut-être une autre encore.

- Albus, je crois que je suis capable de déterminer quels risques je veux prendre dans ma vie et à quel moment. Si vous n'avez, personnellement et professionnellement, aucune objection à mon association avec Mr Potter, alors je vous serais reconnaissant de garder votre inquiétude pour vous.

- Severus, fit Albus avec un soupir. Je vous demande seulement d'être prudent.

- Je suis toujours prudent.

- Oh, Severus.

Severus leva les yeux vers Albus, son seul ami, son seul vrai allié. Il lâcha un long soupir frémissant.

- Je suppose que vous pensez que tout ceci est foutument amusant, non ?

Les yeux d'Albus pétillèrent.

- Un peu, oui. Je dois admettre que j'ai été surpris.

Il lui sourit.

- Mon cher garçon, vous êtes parfois la plus difficile des personnes. Je suppose que c'est une bonne chose que Harry soit si têtu.

Harry. Un horrible sentiment de pincement se forma dans le creux des intestins de Severus.

- Albus, dit-il d'une voix mortellement calme. Qu'avez-vous dit à Harry ?

Albus le regarda par-dessus ses lunettes. Ce fut toute la réponse dont eut besoin Severus.

- Je vois. Si vous voulez bien m'excuser, Albus.

- Oui, bien sûr, Severus. Je vous verrai au dîner.

OOO

Harry vola. Il vola sur des kilomètres, jusqu'à ce que le vent cesse d'affluer à ses oreilles et que l'écoeurant sentiment de torsion en lui se mue en un rongement sourd. Il descendit sur l'autre versant du lac où l'herbe de l'été dernier était verte et courte et s'assit un moment pour regarder l'eau sombre, réfléchissant à Severus et au fait qu'il ne voulait pas rompre avec lui. Les paroles de Dumbledore faisaient écho dans son esprit, se mélangeant avec les pensées de ces dernières semaines avec Snape, la nuit précédente avec Snape. Il se rappela ce que Dumbledore avait dit à propos de ne pas tromper Snape. Harry ne pensait pas que Snape s'attendait à une éternelle dévotion ni à une déclaration d'amour immortelle et il ne pensait pas qu'il allait le tromper. En fait, il n'était même pas sûr que Snape veuille quelque chose de plus, à part que Harry cesse de l'ennuyer. Harry n'était pas sûr de ce qu'il voulait. Snape était déroutant, agaçant et difficile mais Harry le voulait, il ne le savait que trop. Il avait envie que ce sentiment dure toujours mais peut-être que ce ne serait pas le cas et peut-être que demain Snape le jetterait hors de son lit et lui dirait de ne jamais revenir. Sa poitrine était douloureuse. Le ciel lourd s'était assombri avant que Harry ne remarque qu'il était tard.

Après un moment, il y eut un léger bruit de pas derrière lui. Harry sursauta et raffermit son emprise sur sa baguette mais ne se retourna pas.

- Si nous étions l'an dernier, Potter, j'aurais retiré cinquante points à ta maison pour t'être retrouvé dehors après la nuit, fit une voix qui était simultanément le son le plus accueillant et le plus terrifiant que Harry avait entendu depuis longtemps.

- Je vais bien, répondit Harry.

Et c'était le cas, du moins à cet égard. Pas de Voldemort. Sa plus grande inquiétude était qu'un ancien Mangemort mécontent se retrouve sournoisement derrière lui… Oh, attendez une minute. Si Harry ne se sentait pas si mal, il aurait ri à cette pensée. A la place, il prit une profonde inspiration, ses pensées fusaient dans sa tête, sa poitrine se resserrait tandis qu'il essayait de trouver les mots qu'il pourrait dire. Severus parla le premier.

- Albus semble penser que je suis d'une constitution délicate qui a besoin de protection.

Il avança jusqu'à lui et se plaça à côté de Harry en fixant la tranquillité sombre du lac. Harry leva les yeux vers lui, surpris puis reporta promptement son regard à nouveau sur le lac, plein d'espoir, de questions, terrifié par ce que Severus allait dire ensuite.

- Je pense qu'il aurait peut-être dû envisager qu'avant, il m'avait envoyé espionner le Seigneur des Ténèbres.

Harry ricana avec un brusque amusement sombre. Cependant, il ne rétorqua rien, il ne savait pas que dire, il ne savait pas ce qu'il devait dire. Il pouvait sentir Severus à ses côtés mais il n'arrivait pas le regarder à nouveau.

Après un moment, Severus s'assit sur l'herbe à côté de Harry.

- Je n'ai jamais refusé de faire quelque chose simplement parce que je prenais des risques en le faisant. Je ne vois pas pourquoi je commencerais maintenant, dit-il.

Harry avala sa salive puis, finalement, trouva sa voix.

- Je ne veux pas te faire de mal. Dumbledore a raison, tu avais raison, nous n'aurions pas dû faire ça.

Alors pourquoi se sentait-il encore pire maintenant qu'il l'avait dit ? Harry n'osait pas regarder vers Severus, il craignait l'expression qu'il pourrait y voir. Instantanément, il voulut reprendre ses paroles, il se figea, attendant que Severus se lève et parte. Mais Severus parla à nouveau.

- Alors maintenant nous sommes tous deux conscients que continuer tout ça est totalement irrationnel, reprit Severus.

Il fit une pause un instant.

- Cependant, j'ai décidé que je voulais prendre le risque, si tu veux bien le prendre aussi.

Harry sentit un espoir égoïste bondir en lui. Il ne pouvait pas regarder vers lui. Il réalisa que ses mains tremblaient. Il voulait demander à Severus s'il pensait ce qu'il disait et il voulait y croire.

-Comment tu m'as trouvé ? demanda-t-il soudainement, plus pour éviter de donner une mauvaise réponse qu'autre chose.

- Je suis un sorcier, Harry. Tu crois vraiment que ton père et ses copains étaient les seuls qui arrivaient à ensorceler une carte ?

- Oh.

- Je pensais qu'il était important que nous parlions, toi et moi, fit Severus. D'après ce qu'Albus m'a dit, il t'a probablement mis dans la tête que j'avais besoin d'être enveloppé dans de la ouate.

Il haussa un sourcil.

- Ce n'est pas le cas, quoi qu'il en soit.

Oh. Harry sentit ses joues rougir et il fut ravi du manque de lumière.

- Je n'avais pas vraiment pensé à quel point ça pourrait t'affecter. Je ne veux pas que tu perdes ton boulot ou que tu reçoives des Beuglantes à cause de moi.

Severus ne répliqua pas tout de suite.

- Je pense pour ma part, que l'idée de ne pas être avec toi est actuellement moins acceptable que n'importe quel futur… problème… qui pourrait survenir.

Harry déglutit et son cœur fit de petits sauts inconvenants. Il se rappela le conseil incroyablement inutile de Dumbledore lui disant d'écouter son cœur. Le cœur de Harry ne disait qu'une seule et unique chose : Severus. L'espoir égoïste éclata. Il se souvint également de l'avertissement de Dumbledore : ne pas tromper Severus.

- Je ne peux… Je ne peux pas promettre…

Harry s'interrompit, il se sentit bête, il savait que Severus hausserait un sourcil et dirait qu'il ne voulait certainement pas que Harry lui promette quoi que ce soit.

- Dumbledore semble vouloir que nous nous déclarions un amour éternel et la promesse que nous vivrons heureux pour toujours, termina-t-il sombrement.

Il entendit un ricanement amusé venant de derrière lui.

- Albus n'est qu'un vieil imbécile romantique qui se mêle de tout mais heureusement pour lui, il lui arrive d'être l'un des plus puissants sorciers au monde et, pour cette raison, il ne sera pas châtié pour son indiscrétion.

Harry sourit et essaya d'ignorer l'étrange sentiment de déception qu'il ressentait soudain.

- Alors, qu'est-ce que toi, tu veux ? questionna Harry.

Severus resta silencieux si longtemps que Harry crut qu'il ne répondrait pas. Lorsqu'il parla, ce fut sur un ton étonnamment bas et hésitant.

- Je veux t'avoir dans mon lit toutes les nuits. Je veux t'avoir assis dans mon fauteuil à dire des âneries. Je veux savoir… J'aimerais mieux te connaître.

Harry lui jeta un rapide coup d'œil, son cœur battait la chamade.

- D'accord.

- Et toi ? s'enquit Severus en fixant résolument le lac.

Les mains de Harry étaient moites. Il réprima un millier de paroles stupides et dangereuses et prit une inspiration.

- J'aime coucher avec toi, dit-il finalement. J'aime passer du temps avec toi. Et je ne veux pas que cela cesse.

- Très bien.

Maintenant qu'il avait eu ce qu'il voulait, Harry sentit une vague de culpabilité.

- Mais seulement si tu es sûr… commença-t-il.

Severus lâcha un brusque soupir.

- Non, Potter, je n'en suis pas sûr du tout, merde. Bon Dieu, je n'ai jamais fait ça avant.

- Oh.

Harry se mordit la lèvre, son espoir évanoui.

- Moi non plus.

Dans l'obscurité, Harry sentit une main se refermer sur la sienne. Il se tourna et vit Severus qui le regardait, son visage à peine esquissé dans la nuit tombante. Harry tendit sa main libre vers lui et traça le contour de sa mâchoire, il la sentit se tendre sous ses doigts, une légère barbe égratigna le bout de ses doigts. Il sentit Severus se pencher sous l'attouchement, se redresser puis poser sa main sur Harry. Harry s'avança et trouva sa bouche.

Elle s'entrouvrit sous la sienne, chaude, intime, accueillante. Harry répondit désespérément et, bientôt, le baiser s'approfondit, lèvres et mains se cherchant mutuellement, la respiration brûlante et laborieuse. Harry se rapprocha encore plus, amenant son corps vers Severus, le pressant contre le sien. Il avait besoin de lui. Il avait besoin de s'assurer que Severus était là et de lui montrer qu'il était là aussi. Une main se faufila dans les cheveux de Harry, le bras de Severus l'entoura fermement. Harry crocheta une jambe en travers des genoux de Severus pour se presser tout contre lui et entrer en contact avec ses hanches.

Ils tombèrent sur le sol et Harry fut tiré au même niveau contre le corps de Severus. Il se frotta contre lui, prenant plaisir à la friction contre son érection, la sentant délicieusement grandir. Il se recula pour échapper à la bouche de Severus un instant, reposant son front contre le sien afin de recouvrer son souffle. Il entendit Severus rire tout bas, c'était un son agréable.

- Du sexe en public, Mr Potter ?

Harry sourit.

- Et bien, il fait sombre. Tu ne crois pas que c'est ce qu'Albus voulait dire en nous demandant d'être discrets ?

Il sentit Severus secoué d'une rire silencieux contre lui puis il l'attira à nouveau dans un autre baiser farouche. Harry changea de place, il se déplaça un tout petit peu afin que son érection frotte le long du membre dur situé dans le pantalon de Severus. Il fit glisser sa bouche sur sa gorge, de son cou à son oreille. De courts brins d'herbe chatouillèrent la joue de Harry pendant un instant et la fraîche senteur de cette soirée d'été, réchauffée par l'arôme musqué de leur désir, emplit ses narines. Severus laissa échapper un grognement et ses mains s'agitèrent sur le dos de Harry. Ils se frottèrent l'un contre l'autre, le plaisir grandissant rapidement, leurs pouls s'accélérant à l'unisson. Harry enfouit son nez dans le creux de son cou, inhalant la senteur même de Snape, il mordilla la douce peau du creux de son épaule tandis que son corps bougeait sans relâche, exigeant plus de friction.

- Harry, mon dieu, Harry, souffla Severus en s'agrippant plus fermement, ses hanches se mouvant rudement contre les siennes.

Les frictions, le désir et l'endroit travaillèrent pour Harry, il raffermit sa prise sur Severus pour se reprendre, respirant lourdement tandis qu'il se parvenait à se mettre en eux pour se retrouver en face du pantalon de Severus. Severus le repoussa, lutta pour se remettre en position assise, s'étira pour atteindre le pantalon de Harry d'un côté et l'embrasser de l'autre.

Le cerveau de Harry se déconnecta après ça. Il ferma les yeux de plaisir tandis que la main de Severus se refermait sur son sexe et qu'une bouche chaude réclamait la sienne. Ils étaient pratiquement assis sur les genoux de l'autre, Harry posa un de ses bras sur la nuque de Severus, plus pour se tenir droit qu'autre chose. Il se libéra du baiser, haletant à la recherche de son souffle. Harry reposa sa tête sur celle de Severus et, finalement, il libéra le pénis de Severus. Il sentit un souffle chaud contre sa joue et il fut reconnaissant de son bras autour de sa taille, le maintenant en place même si toutes ses sensations étaient centrées sur cette main qui le caressait. Harry fit un rapide mouvement de va-et-vient sur l'érection de Snape. L'action en miroir sur son propre sexe lui donna l'impression un instant qu'il se touchait lui-même. Mais en mieux.

- Severus, souffla-t-il. Oh, putain, Severus.

- Potter, Harry, je vais… mon dieu…

Harry pressa sa bouche, ouverte et haletante contre la joue de Snape, se tenant à lui trop fermement. Il allait jouir, il ne voulait pas jouir, pas encore, il voulait que ça dure toujours…

- … jouir… Snape… Severus… je vais…

Il sentit des lèvres contre sa gorge, sentit les mots, un délicieux ronronnement à ses oreilles.

- Oui, Harry, oui… jouis…

Et Harry haleta, éjaculant contre Snape tandis que son bras autour de sa taille se resserrait et qu'un liquide chaud se répandait dans sa propre main.

Ils restèrent assis là un bon moment, se tenant l'un à l'autre. Lentement, la conscience revint à Harry et la tranquillité de la nuit s'immisça dans son esprit. Il frissonna. En fait, il faisait froid.

- Nous devrions rentrer, fit Severus après un moment alors qu'ils n'avaient encore pas bougé.

Harry acquiesça et ils se remirent tous deux sur pied avec raideur.

- Tu as volé jusqu'ici ? demanda-t-il.

- Oui, répondit Severus en ajustant ses vêtements.

Il murmura un charme de nettoyage d'une chiquenaude de sa baguette et Harry, se sentant un peu collant sur le devant de sa robe, fit de même puis il remonta son pantalon.

- Tu aimes voler ?

Ses yeux s'étaient un peu ajustés à l'obscurité et il put examiner son balai. D'une manière ou d'un autre, la lumière aurait semblé inadéquate. L'obscurité semblait leur convenir à tous les deux et leur relation n'en était que meilleure. Severus haussa les épaules.

- Aimer est un terme très subjectif, Potter. Je trouve que le transplanage et le réseau de Cheminette nous font perdre moins de temps.

Harry prit son balai et examina Severus.

- Peut-être qu'on pourrait voler ensemble, tu sais, faire quelque chose ?

Harry pouvait voir Snape sourire d'un air narquois même dans la nuit.

- Potter, tu me proposes un rendez-vous ?

- Oui, Professeur Snape, en effet. Alors, ça te dit ? Demain ?

Ah, ouais, c'était samedi demain. Harry ressentit un petit saut de bonheur en y pensant, ce qui était plutôt difficile à remarquer parmi tous les autres bonheurs qu'il ressentait. Peut-être que Severus et lui pourraient dormir demain et passer la matinée au lit. Severus soupira lourdement.

- S'il le faut, dit-il, en ayant vraiment l'air peu emballé.

- Et bien, non, tu n'y es pas obligé, c'était juste une idée…

Harry se trouva attiré dans une étreinte.

- C'est une bonne idée, fit Severus.

Une main forte prit le visage de Harry en coupe dans le noir et des lèvres se pressèrent contre les siennes brièvement.

- Nous devrions y aller, répéta Severus.

Harry frissonna lorsque l'étreinte de Snape se relâcha et il hocha la tête.

- Oh, Potter, une condition. Nous ne dormirons plus jamais dans ce foutu lit qui est le tien.

Le visage de Harry se fendit d'un sourire.

- Ça veut dire que je peux prendre mes affaires et m'installer dans ta chambre alors ? demanda-t-il.

Il prit plaisir à voir Snape se figer alors qu'il montait sur son balai.

- Panique pas, je plaisantais.

- Une brosse à dent, Potter et c'est tout.

- Et un pyjama ?

Il put juste entrapercevoir le sourire moqueur sur la figure de Snape.

- Tu n'en auras pas besoin.

FIN

NdT :

(1) Lothario est un personnage de la pièce de théâtre de Nicholas Rowe « la Pénitente juste » (the Fair Penitent). Lothario est resté dans les mémoires comme l'incarnation archétypale de l'homme dissolu.

.org/wiki/La_P%C3%A9nitente_juste

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Falyla