Titre : Tread Softly.

Auteur : Dius Corvus.

Traductrice : Eliane.

Disclaimer: Rien à moi, ni les personnages, ni l'histoire. A peine la traduction.

Avertissement : Cette histoire traite de relations homosexuelles, donc pour ceux que ça dérange… De plus, le rating est amplement mérité, et les situations sont parfois très dures.

Note : Cette fic est sûrement l'une des plus belles que j'ai jamais lues, si ce n'est la plus belle et j'avais simplement envie de la faire partager au plus de monde possible. (Et puis il faut bien que j'occupe mes vacances, parce que quatre mois c'est long, très très long.)

La fic est déjà finie et comporte 21 chapitres dont le prologue et l'épilogue donc inutile de s'inquiéter, vous aurez la fin de l'histoire. :-)

L'histoire se base sur les cinq premiers tomes d'Harry Potter.

Il ne reste plus qu'à espérer qu'elle vous touchera autant qu'elle m'a touchée, et que j'ai pu lui rendre justice avec mes maigres moyens.


Had I the heavens' embroidered cloths,
Enwrought with golden and silver light,
The blue and the dim and the dark cloths
Of night and light and the half-light,
I would spread the cloths under your feet:
But I, being poor, have only my dreams;
I have spread my dreams under your feet;
Tread softly, because you tread on my dreams.


--William Butler Yeats; "He wishes for the Cloths of Heaven" (1)

Prologue

Le vent rugissait contre les pierres souillées, rendues humides par l'âge et les années d'eau impure. Le long des murs, les hommes revêtus de capes se tenaient debout, leurs visages couverts par des masques blancs. Un sorcier aux yeux rouges se tenait au milieu de l'immense pièce et un homme, tassé, était allongé devant lui. Le vent chuintait autour d'eux.

« Crucio ! » siffla le sorcier aux yeux rouges, et l'homme tressauta à l'instar une marionnette aux mains d'un enfant négligeant. Ses cris s'accrochèrent aux murs, cherchant une sortie. Des cordes épineuses enserraient ses bras et son corps était couvert de bleus et de sang. Il y avait une cicatrice en forme d'éclair au centre de son front.

« Ainsi nous nous retrouvons M. Potter » chuchota le sorcier aux yeux rouges, un sourire glacé sur ses lèvres. « Mais, contrairement à ce qu'il s'est passé trois ans au paravent, il n'y aura pas de traître pour te sauver cette fois. Crucio ! »

L'homme cria à nouveau, bien que cette fois sa voix était rauque et que des gouttes de sang tachetaient le sol.

« Etes-vous prêt à mourir, désormais, M. Potter ? »

Une lumière rouge crépitait autour de l'homme comme des épines de vignes et il sursauta sur le sol souillé de rouge. La douleur avait rendu ses yeux vitreux et éteints.

«Vous devriez me remercier M. Potter » dit le sorcier aux yeux rouges en souriant. C'était un horrible sourire, qui montrait de petites dents jaunes et pointues. « Tu reverras tous ces imbéciles mêle-tout que j'ai tués comme tes parents et ce chien tenant lieu de parrain, dont Bellatrix a eu la gentillesse de s'occuper. Et je t'en enverrais d'autres très bientôt, cet idiot amoureux des moldus, Dumbledore, et cette famille de rouquins. Les Weasley. »

La lourde respiration de l'homme sonnait comme l'air hivernal lorsqu'il s'engouffre entre les pierres déchiquetées et les rochers escarpés. Il leva la tête et fixa le sorcier – un soupçon de défi bondissant hors des profondeurs brumeuses de la douleur. « Alors tue-moi, Tom. » grogna-t-il, « Tu as essayé, tant de fois, mais tu as échoué à chaque fois, même lorsque je n'étais qu'un… bébé. Réduit à une apparition par le sort d'une enfant de Moldus, essaye seulement, monstre au sang-mêlé – »

« Crucio. »

L'homme se tordit une nouvelle fois. Il y avait une fureur difficilement contrôlée dans la voix du sorcier aux yeux rouges, alors que la lumière rouge palpitait.

« Tu mourras Potter – tu mourras aujourd'hui, mais je te marquerai d'abord et montrerai au monde ce qu'est devenu leur sauveur. » La lumière rouge s'arrêta. « Inuro Morsmorde » Une lumière noire surgit, vacillant à la manière de fades chauves-souris, traversant la pièce à toute vitesse et grouillant à travers la poitrine ensanglantée de l'homme. Son cri de douleur fut enterré sous le grésillement de la chair et le craquement des ténèbres.

Le sorcier aux yeux rouges sourit et leva sa main. L'homme, portant désormais la marque d'un crâne et d'un serpent, gravée au fer rouge sur sa poitrine, flottait mollement dans l'air. « Je pendrai ton corps aux grilles de Poudlard, mais j'aimerais conserver ta tête. En guise de souvenir, si ça ne te dérange pas. Inuro Morsmorde. » La chair de l'homme crépita et des lignes noires se tracèrent elles-mêmes sur le front, les joues, le nez. La bouche de l'homme s'ouvrit en un cri silencieux. « Adieu Harry Potter (2) » siffla l'homme aux yeux rouges. « Je ne te reverrai pas. » Il pointa sa baguette d'if sur la cicatrice en forme d'éclair, et ne remarqua pas le sourire sur le visage de l'homme battu, si léger qu'il en était invisible pour ceux qui ne le cherchaient pas.

« Avada Kedavra » murmura le sorcier et alors qu'une lumière verte explosait pour envahir la pièce, atteignant même les coins les plus éloignés, illuminant tout – le sombre vide des masques, les plis des robes noires tâchées de sang – il y eut un coup de tonnerre assourdissant bien que nul son ne fut entendu. La lumière verte changea de contenu et de texture et il y eut un cri, si haut et si perçant que le tonnerre de la lumière verte se brisa devant lui. Puis l'homme à la cicatrice en éclair s'effondra sur le sol, à côté d'une pile de robes et de cendres d'où dépassait au paravent un sorcier aux yeux rouges.

Quelqu'un cria que les barrières étaient tombées, que leur Maître était mort, et sur le sol tâché de sang les yeux de l'homme se figèrent et ses lèvres s'agrandirent en un sourire de soulagement hésitant. Il s'effaça, pourtant, quand une traînée argentée se forma en scintillant au-dessus de la pile de chiffons et de cendres.

L'homme leva les yeux, stupéfait. L'homme et la brume semblaient avoir été capturés dans l'ambre du temps, suspendus à cet instant, considérant l'un l'autre avec un air de surprise. Puis, avec un soupir, presque à contrecœur, la traînée s'enfonça en chuchotant à travers le corps de l'homme et il ouvrit la bouche, criant silencieusement.

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Remus Lupin sentit les barrières tomber, et avec un sursaut de choc qui transforma ses minces lueurs d'espoir en un feu de joie rugissant, sentit le Portoloin l'emporter avec la multitude d'aurors- certains surpris, d'autres choqués, d'autres rayonnant de victoire – jusque dans la chambre sombre où Voldemort gisait.

Il repoussa le sentiment brumeux de surprise et des sortilèges et malédictions sortirent en glissant de sa baguette, se dirigeant vers les Mangemorts stupéfaits, à l'instar de faux mortelles, avec une vigueur et une force qu'il n'avait plus ressenti depuis près de quatre ans – depuis que Voldemort avait accompli ce rituel et était devenu plus puissant qu'Harry et Dumbledore combinés. Il esquiva avec un instinct du à une pleine lune imminente, lança un autre sort et regarda autour de lui désespérément. Où était Harry ?

Les sorts faisaient grésiller l'air et il dut rouler de façon peu gracieuse sur le sol afin d'éviter éviter un torrent de magie furieux, alors qu'il faisait une pause, cherchant à renifler le filleul de son meilleur ami ; où était le garçon ?

« Harry ! » cria-t-il, bien que sa voix fut noyée dans un rugissement d'incantations et de cris. « Harry ! »

Il se jeta à côté d'un adversaire, et à travers l'espace entre les corps, il pensa voir – il pouvait voir – dans les ténèbres, enveloppé par les ombres qui scintillaient de couleurs –

« HARRY ? »

Au milieu de la pièce, à côté d'une pile de chiffons flasques, il y avait le corps nu de son filleul. Il était secoué d'avant en arrière, comme s'il était aux affres d'une agonie insupportable, et, bien que cela ait pu être une illusion due à la lumière qui venait de la multitude de sorts et de maléfices, une mystérieuse lueur argentée semblait crépiter autour de lui, rendant noir le sang rouge et faisant briller les yeux verts emplis de douleur.

Il est blessé, gravement blessé, pensa Remus avec un jaillissement d'anxiété. Il ne se rappelait pas avoir jamais vu Harry si écorché, si ouvert et vulnérable ; durant les six mois où Harry avait cessé de se cacher, il avait été un calme pilier d'espoir et de force dans un monde qui s'effritait. Mais le loup-garou se souvenait de la vision qu'il avait eue du filleul de son meilleur ami lorsque Snape l'avait sauvé des griffes de Voldemort, trois ans plus tôt. Le garçon lui avait évoqué, de façon écoeurante, l'une des victimes de ce génocide Moldu, l'Holocauste, sauf que c'était pire encore parce qu'il y avait tellement de sang et que le garçon puait le désespoir et l'absence de vie ; et même quand le Garçon-Qui-A-Survécu souriait et apaisait doucement un souci, Remus soupçonnait qu'une ombre de cette puanteur restait toujours là.

« Harry, tiens bon ! » cria-t-il, la peur aiguillait ses actions au point qu'il se retrouve à griffer et gronder comme un loup. Il ne comprenait pas ce qu'était la lumière argentée, ou quel sort idiot Voldemort avait probablement du invoquer, mais il savait qu'il devait rejoindre son filleul. Il était miraculeux que Harry n'ait pas encore succombé sous le sort d'un Mangemort, mais l'ondulante lueur argentée semblait créer autour de lui une clairière vacillante qui le tenait éloigné du sombre chaos –

Il vit une petite ombre noire arriver à toute allure dans le cercle et s'étirer en une silhouette courte et décharnée qui tenait plus du rat que de l'homme –

NON ! cria Remus dans son esprit, et il redoubla ses assauts, mais cela revenait à se battre contre la marée de l'océan – Il trébucha, sentit quelque chose heurter violemment sa bouche, lança un nouveau sort, essuya le sang de sa bouche et leva ses yeux voilés par la transpiration. –

Pettigrew pointait sa baguette sur le cou de Harry et Harry, tremblant, ne semblait pas l'avoir remarqué ; les lèvres du Mangemort bougeaient, mais elles ralentirent, comme si le temps lui-même s'était arrêté. Harry se raidit, son visage en un rictus de douleur, et avec une brillante impulsion de lumière, il disparut.

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Lorsque les protections s'effondrèrent, Hermione plongea dans la mêlée avec une aisance due à des années et des années d'entraînement. Elle fit tomber trois Mangemorts rapidement et efficacement avant d'avoir à jeter un bouclier de défense. Elle sentit indistinctement sa détermination fusionner en une lame, emplie et aiguisée par un espoir qu'elle n'osait presque pas ressentir : les barrières étaient tombées, ils avaient entendu ce dernier cri, Voldemort était mort.

Alors qu'Hermione abattait encore un autre Mangemort, elle aperçut Remus Lupin, taillant un passage à travers la foule en griffant à la façon d'un fou. Ses yeux semblaient presque ambrés dans la lumière, et il y avait un air de désespoir perturbant sur son visage. Un cri fut arraché de sa gorge :

« HARRY ? »

Hermione tournoya et manqua de tomber lorsqu'un sortilège de Brise-Os déchira son bouclier. Elle en renvoya un, furieusement, avant de se dégager et de se ruer dans la foule à la suite du loup-garou.

« Harry ? » hurla-t-elle, mais sa voix se perdit, à peine sortie de sa gorge. La pièce était une fournaise de cris, hurlements, flashs de lumière, de faux de magie, de lourdes exhortations et de corps confus – le tout ponctué par l'occasionnel éclat d'une écoeurante lumière verte, rayonnant à travers les ténèbres comme la foudre.

« Ha - » commença Hermione, mais elle dut contrer un Stupéfix qui se précipitait dans sa direction. Elle jeta un rapide coup d'œil vers l'endroit où Harry gisait – elle ne pouvait presque rien voir, le monde était un enfer bouillonnant de tueries et de combats –

Une brillante vibration de lumière blanche emplie la pièce, différente des couleurs brûlantes des sorts et des maléfices.

Puis Hermione sentit une force s'abattre sur elle, la poussant au loin avec l'insistance d'un torrent déferlant. Elle s'accroupit, essayant de ne pas perdre pied, mais la force était trop puissante. Elle la soulevait comme des vagues emportant un banc d'algues flasques, et elle pouvait presque entendre des voix sauvages dans la magie, alors qu'elle la repoussait en arrière.

La lumière finit par s'évanouir. Hermione lutta pour se réorienter, réalisant que la pièce entière semblait anormalement silencieuse. Ses yeux étaient encore en train de s'ajuster à la brusque obscurité. La seule source de lumière venait des trous déchiquetés dans les murs et au plafond, qui laissaient entrer un soupçon de lune.

C'est alors qu'une nouvelle lueur apparut, mais celle-ci était familière. Dumbledore se tenait debout, sa baguette levée en l'air, et son corps entier semblait scintiller.

« Voldemort est mort » dit-il avec une voix qui sembla résonner dans la pièce. Il fit glisser son regard sur la foule et Hermione frissonna. Il était facile d'oublier, avec ses cheveux blancs, ses rides et ses sourires, que Dumbledore était probablement l'un des plus puissants sorciers actuellement vivants. « Une nouvelle phalange d'aurors approche. Je vous en conjure – abaissez vos baguettes ! Il sera plus facile de gagner une amnistie si vous venez en paix. »

Il y eut un silence. Hermione retint son souffle. Dumbledore prenait un risque énorme et elle doutait énormément qu'une nouvelle phalange d'aurors soit en train d'arriver. Elle pouvait entendre le bruit des lourdes respirations, murmurant en chœur, suffisamment douces pourtant, pour laisser entendre le bruit de l'eau gouttant d'une infiltration…

Soudainement, il y eu un son de pieds bataillant et une lueur de vert. « Avada Kedavra ! »

Hermione sentit son sang se glacer. Elle avait du hurler, parce que sa gorge était rauque lorsqu'elle pointa sa baguette et lança un sortilège en criant. Avant même qu'elle ne sente sa propre magie se matérialiser, une douzaine de voix explosèrent dans la pièce, et les murs fissurés brillèrent à la lueur d'une douzaine de sortilèges. Hermione se releva en trébuchant, marchant sur quelqu'un ou quelque chose dans le processus, mais avant qu'elle n'ait pu faire autre chose, elle vit un torrent de lumière rouge se précipiter vers elle et elle tomba.

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Ginny Weasley ouvrit les yeux sur la toile blanche du baldaquin. Sa main chercha automatiquement sa baguette, mais elle s'arrêta lorsqu'elle se rendit compte qu'elle se trouvait à l'infirmerie. Les draps blancs et propres, le flot réconfortant de lumière, l'odeur quelque peu médicale…

Elle ferma les yeux un moment. Elle pouvait se rappeler des protections s'effondrant, de l'énorme incrédulité à l'idée de savoir que Voldemort était mort, la folie du combat ayant suivi – et ensuite cette étrange pulsation de lumière, mettant fin à tous les combats pour un incroyable instant. Elle se rappelait du pari dangereux de Dumbledore, du vert écoeurant du Sort Mortel –

La panique monta à nouveau en elle. Elle avait entendu Remus crier le nom de Harry, entendu Hermione faire de même, et après un ahurissant éclat de magie avait vu le monde se teindre de vert. Dumbledore était-il - ?

« … Remus est en bonne voie pour la guérison, et je crois que Miss Granger s'est enfuie il y a quelques minutes. »

Alors au moins Remus et Hermione allaient bien, pensa Ginny avec soulagement. Elle pouvait entendre Mme Pomfrey se mouvoir entre deux rangées de lits d'hôpital avec son habituelle et vive efficacité.

« Bien, bien. » dit Dumbledore. « Auriez-vous eu l'occasion de voir Severus, Poppy ? Il n'était pas dans ses quartiers ni dans le Grand Hall. »

Ginny sentit la tension quitter son corps. Merlin soit loué, Dumbledore était encore en vie. Comment, elle n'en avait aucune idée, elle avait distinctement vu la lumière verte de l'Avada Kedavra, mais elle décidé quelques années au paravent de simplement accepter toute étrangeté impliquant Dumbledore ou Harry en guise de politique.

« Je l'ai envoyé me faire un lot de potions, » dit Pomfrey. « Il est probablement dans la pièce d'à côté, mais il devrait bientôt être ici… »

« Ah Severus » dit Dumbledore d'une vois joyeuse. « Votre timing est impeccable. Je vois que vous avez terminé le dernier lot de potions que Poppy vous a demandé. »

Ginny jeta un regard vers l'entrée de l'infirmerie. Il était difficile d'y voir à travers le rideau du lit, mais elle pouvait deviner Snape se tenant dans l'encadrement de la porte, un plateau lévitant devant lui.

« Bonjour Albus » dit Snape alors que Mme Pomfrey quittait la pièce avec le plateau de potions dans ses bras. « Vous étiez en train de me chercher ? »

« Oui je l'étais, » dit Dumbledore. Il s'arrêta. « Il y a quelque chose dont je voudrais discuter avec vous, en privé de préférence. »

Les mots avaient été prononcés amicalement, mais Ginny pouvait distinguer la gravité sous-jacente.

« En ce moment mes propres quartiers abritent les blessés, » dit Snape. « Et tout mon matériel et mes ingrédients sont ici… »

« Je suis sûre que cela ne dérangera pas Poppy de nous prêter son bureau. » dit Dumbledore.

Ginny ferma les yeux et régula sa respiration en un rythme paisible alors que les deux sorciers passaient devant son lit.

« Je présume que cela a à voir avec Potter » dit Snape. « Avons nous eu de ses nouvelles depuis sa disparition ? »

Les yeux de Ginny s'ouvrirent brusquement sous le choc. Harry – disparu ?

« Oui et non » dit Dumbledore. Ginny entendit le bruit d'une porte que l'on ouvre. « Nous n'avons aucune nouvelle des acticités d'Harry, mais cela le concerne, et peut-être pas que d'une seule manière. »

La porte se ferma, et le silence tomba une nouvelle fois sur l'infirmerie. Ginny sentit la peur s'infiltrer à travers son corps. Elle se souvenait de la dernière fois qu'Harry avait été enlevé par Voldemort. Cela avait eu lieu durant le siège du Ministère, et alors qu'ils détruisaient le Département des Mystères pour empêcher Voldemort d'acquérir ses secrets, Harry et Ron avaient tous deux été faits prisonniers. Ginny déglutit alors qu'un nœud se formait dans sa gorge. Ron n'était pas le seul membre de sa famille à être mort, mais il avait été le premier, et ces longues semaines d'attente avaient été un cauchemar.

Severus avait finalement sauvé Harry (mais pas le corps de Ron). Mais l'homme qui était revenu n'était pas le garçon qui avait disparu. Avant l'enlèvement, Harry avait toujours été… eh bien Harry. Il avait été surchargé par la guerre et la responsabilité de devoir être le héro contre Voldemort, mais il avait été capable d'agir, pendant une heure ou deux, comme un adolescent normal. Après l'enlèvement, cependant, il semblait hanté. Il souriait beaucoup moins, ne riait jamais, s'asseyait souvent pendant de longs moments, son esprit apparemment ailleurs.

Et maintenant, Harry avait de nouveau disparu.

Soudainement, Ginny entendit un bref cri étouffé dans la direction du bureau de Pomfrey. Elle tendit l'oreille. Elle pensa que cela ressemblait à Snape criant « non » mais peut-être ne s'agissait-il que de son imagination – ?

« …pas possible ! C'est – »

Ca, songea Ginny, c'était clairement Snape. Il avait l'air très en colère. Il y eut un autre silence. Ginny se demanda ce que Snape pensait être tellement impossible. La pensée se matérialisa avant qu'elle ne puisse la bloquer. Il ne peut pas s'agir de Harry – mort ?

La porte s'ouvrit et Ginny ferma à nouveau les yeux et calma sa respiration.

« Je suis désolé Severus, » dit Dumbledore d'une voix solennelle et fatiguée. Ginny se sentit déroutée. Voldemort était mort, pourquoi semblait-il encore si fatigué ?

« S'il vous plaît – ne le soyez pas. » dit Severus d'une voix écorchée, et Ginny avala sa salive difficilement. Snape gardait habituellement son sang-froid, même s'il le perdait de façon suffisamment fréquente durant ses crises de colère pour que le voir perdre contenance ne soit pas perturbant. Mais ce tremblement différait complètement de la colère ou de la rage. C'était une émotion que Ginny n'avait jamais associée au professeur de Potions.

Snape s'arrêta. Il se tenait juste à côté du lit de Ginny, et Ginny oublia presque de continuer à respirer comme si elle était endormie. « Est-ce que… vous saviez depuis tout ce temps ? »

« Non, non, » dit Dumbledore un peu rapidement. « Je n'ai deviné qu'après la disparition de Harry… »

Snape se raidit à la mention du nom d'Harry, et ensuite continua fermement à marcher à travers l'infirmerie.

« Peut-être, Severus, » dit Dumbledore avec hésitation, « pourrions-nous aller dans mon bureau ? »

« Laissez-moi seul » gronda Snape, en marchant hautainement vers la porte – mais il vacilla, se rattrapa à l'embrasure de la porte, trébucha en sortant, puis il n'était plus là.

Qu'est-ce que… ? pensa Ginny, levant sa tête et jetant un regard à Dumbledore, par habitude.

Dumbledore soupira. Ses traits étaient obscurcis par les rideaux du lit, mais à travers la toile translucide, Ginny songea qu'il avait l'air voûté et flétri.

« Réunion de l'Ordre ce soir, Miss Weasley » dit-il, et sortit lentement de l'infirmerie.


1 : Je voulais mettre une traduction du poème mais je n'ai pas trouvé de traduction qui lui rendait justice, donc je continue à chercher et dès que j'en aurais trouvé une satisfaisante je vous la mettrai. Juste les trois derniers vers, parce que là je ne m'avance pas trop, qui signifient :

« Mais je suis pauvre et mes rêves sont mes seuls biens,

J'ai déroulé mes rêves sous tes pas,

Marche doucement parce que tu marches sur mes rêves. »

2 : Jeu de mot intraduisible : « Fare you well » en anglais signifie bien adieu, mais renvoie également à « porte toi bien » que je ne peux pas traduire en français. Sachant que Voldemort est sur le point de tuer Harry, lui dire « Fare you well » est une façon très ironique de l'envoyer à la mort. Voilà. :-)