- LES SURVIVANTS -

Cette histoire se base sur les sept volumes du cycle de Harry Potter écrits par la talentueuse Joanne K. Rowling et le chat du 30 juillet 2007 au cours duquel elle a révélé ce qu'elle imaginait pour ses personnages.

Relecture : Fenice, Andromeda, Monsieur Alixe, Steamboat Willie

Chronologie :
2 mai 1998 : Bataille de Poudlard
1er septembre 1998 — 30 juin 1999 : Harry est en septième année
6 septembre 1999 : Harry devient aspirant Auror
2 mai 2000 : Naissance de Victoire
31 décembre 2001 : mariage de Ron et Hermione
Période couverte par le chapitre : 26 aout au 22 septembre 2002


XXXIII : La Harpie et le Survivant

Une semaine après la victoire des Harpies à la Coupe de la ligue, Ginny reçut la confirmation qu'elle était pressentie pour faire partie de l'équipe nationale, ainsi que treize autres joueurs, deux par postes. Gwenog Jones l'était aussi, mais elle représenterait le pays de Galles. Ces nominations étaient indicatives et ne seraient ratifiées que quelques semaines avant le début du Championnat du monde. Harry ne croisa pas une seule fois son amie durant les quinze jours qui suivirent, tant elle fut monopolisée par un tourbillon d'obligations sportives et de conférences de presse.

Ironie du sort, Harry en fut réduit durant cette période à suivre la vie de Ginny par l'intermédiaire des journaux. Un matin, il réalisa avec horreur que la situation risquait de se poursuivre encore un bon moment. Pendant de nombreux mois, elle ferait partie des personnalités les plus médiatisées d'Angleterre et ils devraient faire doublement attention de ne pas être vus ensemble. À moins que…

Après tout, Ginny avait atteint les objectifs qu'elle s'était fixés trois ans auparavant : être connue du grand public en tant que joueuse de Quidditch. Trois ans, justement le délai qu'elle avait prévu. Harry ne se donna pas le temps de réfléchir. Il envoya immédiatement un message à sa dulcinée, lui demandant s'il pouvait venir la chercher pour dîner avec elle.

Il passa la journée à attendre sa réponse, exécutant ses tâches professionnelles de façon machinale. Alors qu'il était l'heure de quitter son bureau, son hibou avait enfin rejoint la volière du ministère et on lui fit parvenir la missive de Ginny. Elle lui faisait savoir qu'elle serait à dix-neuf heures devant le portail du parc de la propriété des Harpies à Holyhead.

Harry sourit avec satisfaction. Sans même saluer ses collègues, il courut plus qu'il ne marcha vers les cheminées de l'atrium. Il se rendit jusqu'à chez lui et se saisit du panier que lui avait préparé Kreattur selon ses instructions matinales. Ensuite, il retourna au ministère, se précipita vers l'aire de transplanage — on ne pouvait toujours pas transplaner du Square Grimmaurd — et réapparut sur la pelouse du Terrier. Sans passer saluer personne, il alla dans la cabane de jardin récupérer sa moto, celle de Sirius qu'il avait reçue en cadeau de Noël lors de sa dernière année d'école.

Il désillusionna son véhicule et lui-même, avant de faire décoller l'engin. Il aperçut Molly sortir la tête de la fenêtre de la cuisine, alertée par le bruit, mais elle ne put évidemment pas le voir. Une fois qu'il fut à une altitude suffisante, il mit plein gaz jusqu'à Holyhead. Bien qu'il eût une dizaine de minutes de retard, il n'y avait personne devant les grilles du parc. Il craignit un instant que Ginny se soit lassée de l'attendre, puis il songea qu'elle avait sans doute opté elle-même pour la discrétion. Il vérifia qu'il n'y avait aucun passant à proximité et fit vrombir la moto, sachant que son amie en reconnaîtrait le rugissement du moteur.

Effectivement, une silhouette sortit du couvert des arbres et s'élança vers lui. Il la guida de la voix, et elle parvint à s'installer à tâtons sur le siège arrière. Il la désillusionna à son tour et ils décollèrent. Harry survola un moment la forêt qui se trouvait à proximité du stade d'entraînement, puis atterrit dans une clairière qu'il avait repérée en venant.

Il leur fallut un bon quart d'heure pour se dire bonjour, heureux de se retrouver après ces semaines de séparation. Finalement, Harry se souvint de la raison de son invitation et la repoussa doucement. Désireux de s'en tenir aux différents points de son programme, il sortit des sacoches de la moto le pique-nique préparé par son elfe.

Tandis qu'ils mangeaient, le soleil commença à sombrer, bordant les nuages de rose. Harry alluma un feu avec sa baguette et regarda le profil pur de son amie qui admirait le ciel. Enfin, il se rapprocha d'elle et lui prit la main :

— Ginny, est-ce que tu veux bien m'épouser, maintenant ?

Elle tourna brusquement la tête vers lui. La lumière faiblissait, mais il constata à quel point elle ne s'attendait pas à cette question à ce moment précis. Voyant ses joues se colorer, il craignit qu'elle ne refuse. Ce ne fut qu'au bout de longues secondes de supplice, qu'elle répondit gravement :

— J'en serais très honorée, Monsieur Harry Potter.

Avant qu'il ait pu s'étonner de cette réserve qui cadrait si peu avec son caractère, elle éclata d'un rire heureux et elle lui sauta au cou, les faisant basculer dans l'herbe. Sous les baisers passionnés de sa belle, Harry songea que les fiançailles étaient une invention merveilleuse. Soudain, Ginny se redressa :

— Où est la bague ?

— Quelle bague ? demanda Harry, en réajustant ses lunettes sur son nez.

— La bague de fiançailles, bien sûr ! s'exclama-t-elle comme si c'était la chose la plus évidente du monde.

— Il n'y en a pas, indiqua Harry l'attirant à lui pour l'embrasser dans le cou.

— Comment ça, pas de bague ! s'insurgea-t-elle en le repoussant.

— Si j'avais su, je n'aurais rien demandé, protesta-t-il frustré.

Elle le considéra quelques secondes puis en prit son parti :

— Tant pis, je la choisirai moi-même, décréta-t-elle, en se penchant vers lui.

Le lendemain au QG, Harry consulta la liste détaillée des commerçants à laquelle les Aurors avaient accès pour faciliter les enquêtes. Owen, qui faisait également une recherche, s'étonna :

— Tu dois aller chez un bijoutier ?

— Mmh…

— Y'a du mariage dans l'air ! devina Owen. Félicitations, mon vieux.

— Merci. Mais il paraît qu'il fallait une bague ! soupira Harry.

— Tu veux dire que tu lui as demandé avant d'acheter la bague ?

— Tu ne vas pas t'y mettre aussi !

— Et elle a quand même dit oui ? s'étonna Owen.

— Évidemment, confirma Harry avec satisfaction.

— Je me demande ce qui a bien pu la décider, dit Owen d'une voix qui se voulait incrédule.

— Très drôle. Bon, il y en a six. Lequel choisirais-tu ?

— Sûrement pas le même que le tien.

— Et pourquoi pas ?

— Question de moyens.

La remarque avait été faite sans amertume. La famille d'Owen était bien plus aisée que les Weasley, mais ne pouvait sans doute pas se comparer au coffre dont Harry avait hérité.

— Donc, où suis-je supposé aller ? s'enquit-il.

— Là, montra Owen.

Harry nota le nom et l'adresse.

— Il n'y a plus qu'à trouver un moment où elle sera libre, soupira Harry.

— Oh mon pauvre ! s'apitoya Owen.

— Pourquoi ?

— Tu vas souvent faire des courses avec elle ?

— Non, admit Harry.

— Il faut que tu te prépares, alors. Elle va te montrer différents modèles et te demander celui que tu préfères ou, pire, celui qui lui va le mieux.

— C'est celui qu'elle aura choisi que je veux acheter, remarqua Harry.

— Ce n'est pas comme ça que ça marche. Elle insistera jusqu'à ce que tu répondes. Mais si ce n'est pas ce qu'elle espérait, elle va te dire : « Oh non, pas celle-là, elle me grossit ! ».

— Une bague ? demanda Harry incrédule.

— La dernière fois que ça m'est arrivé, c'était un chapeau. Enfin bref, elle s'arrangera pour te faire comprendre que tu as fait le mauvais choix. Et ça dure jusqu'à ce que tu désignes le modèle qu'elle veut.

— C'est une perte de temps, jugea Harry.

— Tu prêches un convaincu, soupira Owen.

— Tant qu'on ressort avec la bague qu'elle aura choisie…, fit Harry philosophe.

— Malheureux ! Tu crois que c'est si simple ? Une fois que tu as enfin déterminé celle qui lui a tapé dans l'œil, elle va revenir sur la première et dire : « Tu es sûr ? On peut prendre celle-là, si c'est vraiment celle que tu préfères ! ». Ça peut durer des heures ! Pourquoi crois-tu qu'on achète la bague avant ?

Harry comprit enfin le bien-fondé de cette coutume.

— Le mieux est d'avoir un bijou récupéré par héritage, indiqua Owen. Là, pas de discussions, c'est ton arrière-arrière-grand-père qui s'est dévoué pour éviter ce calvaire à tous ses descendants. C'est ce qu'on appelle avoir l'esprit de famille, conclut-il en repartant avec la référence qu'il était venu chercher.

Convaincu de la justesse du conseil d'Owen, Harry envoya un hibou à Bill. Le briseur de sorts lui répondit qu'il l'attendait à son bureau en fin de journée. Harry s'y rendit dès que Pritchard le libéra. Il eut encore à subir l'hostilité des gobelins avant de parvenir dans le cagibi où l'aîné des Weasley travaillait.

— Tu as besoin de quelque chose, Harry ? s'enquit Bill après les salutations d'usage.

— Un inventaire a-t-il été fait du contenu de mon coffre ?

— Oui, je l'ai fait faire quand tu as demandé qu'on fasse celui des Black pour le donner à Teddy. Tu souhaites effectuer un achat important ou investir une partie de ton argent ?

— Pas vraiment. Je veux seulement savoir si j'ai des bijoux dedans.

— Un cadeau en vue ?

— Peut-être, répondit Harry.

— Quelqu'un que je connais ? insista Bill.

— Pas du tout. Je viens juste de la rencontrer, prétendit Harry.

— Tu es un homme mort, assura Bill. Mais si tu me la présentes, je te tue avant que Ginny s'en charge pour que tu souffres moins.

— Merci, Bill, tu es un frère, remercia gravement Harry avant qu'ils n'éclatent tous deux de rire.

— Tu vas lui demander quand ? s'enquit Bill une fois calmé.

— C'est déjà fait. Oui, normalement, il faut prévoir la bague avant, reconnut précipitamment Harry quand il vit Bill ouvrir la bouche. Bon, je ne savais pas, ce n'est pas la fin du monde, quand même !

— Non, mais c'est le genre de trucs qui ressortent après dix ans de mariage, le prévint charitablement Bill.

Sur ces bonnes paroles, il partit chercher les documents. Harry se demanda d'où lui venait cette connaissance des prescriptions conjugales, étant donné que cela ne faisait que cinq ans qu'il était marié. Quand Bill revint avec une liasse de parchemins, ils se partagèrent le paquet et entreprirent tous les deux de rechercher une mention de l'objet désiré par Harry.

— C'est quoi un hanap ? demanda-t-il à Bill.

— Une sorte de cruche, répondit celui-ci sans lever les yeux de sa lecture.

— Et une ménagère ?

— Un ensemble de couverts. J'ai comme l'impression que tu as hérité d'un service de table.

— En vermeil, déchiffra Harry. Qu'est-ce que c'est ?

— De l'argent recouvert d'or. Je suppose que tout ceci représente pas mal de gallions.

— Ah ! s'exclama Harry avec satisfaction. Bague or blanc, émeraude sertie de diamants. Ça devrait aller, non ?

— Faut voir. On n'est jamais à l'abri des goûts bizarres d'un ancêtre, le mit en garde Bill.

Il se faisait tard, et Harry ne se voyait pas fouiller tout son coffre le soir même à la recherche d'un objet aussi petit.

— Je pourrais revenir samedi matin ? Si, par le plus grand des hasards, Ginny arrivait à se libérer, je lui dirai que je suis de garde. Ça t'ennuie de venir avec moi ? Je crois qu'on ne sera pas trop de deux.

— Si ça peut te rendre service, sourit son futur beau-frère.

Ce ne fut pas une mince affaire. Outre les milliers de gallions que s'égaillaient dans tous les coins, il y avait de nombreux coffres et des objets pendus au mur. En contemplant les épées, poignards et boucliers, Harry se dit que le passé de la famille Potter avait été plus guerrier qu'il ne l'avait jusque-là soupçonné. Lui et Bill durent utiliser leur baguette pour se frayer un chemin parmi les pièces d'or.

Les premiers coffres qu'ils atteignirent contenaient la fameuse vaisselle en vermeil. Harry trouva les plats, couverts et aiguières plutôt jolis, mais un peu ostentatoires.

— Non, mais tu t'imagines manger là dedans ? demanda-t-il à Bill.

— C'est pour les grandes occasions, lui expliqua celui-ci. Les mariages, par exemple.

— Ça peut servir, effectivement, convint Harry.

Harry venait d'ouvrir une malle pleine de livres et envisageait de les confier à Hermione pour qu'elle en fasse l'inventaire, quand Bill le héla :

— Je pense que tu devrais venir voir ça, Harry.

Surpris par le ton employé, le jeune homme obtempéra. Il mit quelque temps à identifier les divers objets que Bill lui présentait : des lettres, des livres de compte, des albums de photos. C'étaient les archives de sa famille.

— Par Merlin, murmura-t-il en contemplant les dénommés Fleamont et Euphemia Potter le saluer de leur cliché jauni.

Il ferma les yeux pour endiguer la vague d'émotion qui le submergeait. Sa famille. Il pourrait désormais mettre un visage, des mots, une histoire sur ceux qui étaient venus avant lui. Il eut une pensée pour les Gaunt pour qui l'origine de leur lignée primait sur tout le reste. Harry était trop ancré dans le présent et l'avenir pour partager leur obsession pour le passé, mais il comprenait mieux qu'à seize ans l'importance qu'ils attachaient à leurs ancêtres.

Il referma le coffre, désirant prendre son temps pour découvrir ces trésors.

— Je pense que j'ai trouvé ce qu'on cherchait, indiqua Bill qui s'était discrètement éloigné.

Ainsi qu'ils l'avaient déjà constaté sur l'inventaire, les Potter avaient acquis un certain nombre de bijoux. Ils étaient soigneusement rangés dans une cassette aux multiples compartiments amovibles. Harry en fit coulisser plusieurs avant de tomber sur la bague dont il avait lu la description. Sur l'anneau, les pierres étaient disposées de façon à former une fleur, l'émeraude se trouvant au cœur de ses pétales de diamant.

— Elle n'est pas mal, remarqua Harry en l'élevant pour mieux la contempler.

— Pas mal ? s'exclama Bill, les yeux rivés sur le bijou. C'est une pièce inestimable ! Ginny va s'évanouir de joie en la voyant.

Harry songea que, tout compte fait, il avait bien fait de ne pas prévoir de bague le soir de sa demande. Une Ginny en pleine possession de ses moyens lui avait paru bien préférable à une Ginny pâmée d'admiration.

Le lendemain, avant qu'ils se rendent au déjeuner dominical du Terrier, Harry demanda à Ginny qui s'était libérée pour l'occasion :

— Tu préfères le dire toi-même ou que ce soit moi qui m'en charge ?

— Fais-le, ce sera mieux, décréta-t-elle après quelques moments de réflexion.

— Tu crois que je dois demander ta main à ton père ? s'inquiéta soudain Harry.

— Non, je ne pense pas que cela se fasse encore, le rassura-t-elle.

Harry laissa passer quelques instants avant de s'enquérir :

— Et après ?

Ginny le regarda et eut un petit sourire pour lui faire comprendre qu'elle voyait parfaitement où il voulait en venir :

— Je suppose qu'il faudra qu'on fasse une sortie publique, admit-elle.

— Pas de regrets ? s'assura-t-il.

— Je savais ce que cela impliquait quand j'ai accepté, Harry. Si j'avais pensé ne jamais pouvoir le supporter, je te l'aurais expliqué avant. Ça aurait été malhonnête, sinon.

Le ton de Ginny était serein et Harry se dit que cela avait valu le coup d'être patient. Elle s'engageait en connaissance de cause et se sentait prête à en assumer les conséquences. Machinalement, il tapota la poche dans laquelle il gardait la bague qu'il lui destinait. Il ne la lui avait pas encore montrée, car Bill avait su le convaincre d'attendre le repas de famille pour la lui donner.

— Tu gagneras le titre de gendre préféré auprès de mes parents si tu fais comme ça, avait-il assuré.

Harry avait décidé de suivre ce conseil, son inexpérience en la matière n'étant plus à démontrer. Bill lui avait soigneusement expliqué à quel doigt de Ginny il devrait la passer et l'avait obligé à répéter la scène, prenant le rôle de sa sœur. Harry espérait que son futur beau-frère emporterait dans la tombe le secret de cet épisode. Si le ridicule ne tue pas, il est des cas où c'est bien regrettable.

Ce jour-là, la famille était au complet quand Harry et Ginny arrivèrent chez Arthur et Molly. Chacun ne venant que dans la mesure où son emploi du temps le permettait, il n'était pas rare qu'un ou deux Weasley manquent à l'appel. Même Charlie qui ne brillait pas habituellement par son assiduité était présent, ainsi que Percy qui limitait souvent sa participation à une apparition après le déjeuner. Harry soupçonna Bill d'avoir battu le rappel.

Ni lui ni Ginny ne purent placer un mot avant la fin du repas. Entre l'installation autour de la grande table, le service qui n'était pas simple pour treize adultes et deux bambins et les interventions de chacun, il était impossible de lancer une conversation importante. Ce ne fut que lorsque les enfants furent envoyés jouer dans le salon — Victoire, du haut de ses deux ans, refusait de faire la sieste quand elle était avec Teddy — et que chacun savourait son café en commençant sa digestion que Harry parvint à interrompre Charlie et Percy qui discutaient d'un règlement sur l'importation des peaux de dragon. Il se leva et demanda le silence d'une voix forte :

— S'il vous plaît… (il attendit quelques secondes que le bruit des conversations retombe). Ginny et moi avons décidé de nous marier, annonça-t-il.

— Enfin ! fut le cri du cœur de Molly, déclenchant un fou-rire général.

Pendant que tout le monde s'esclaffait et que Molly confuse s'excusait du regard auprès de sa fille, Harry sortit de sa poche la bourse où il avait mis la bague. Bill, qui suivait ses gestes d'un air complice, tapota son verre avec son couteau pour inciter l'assistance à reporter son attention sur Harry. Ce dernier prit la main gauche de Ginny et indiqua :

— J'ai retrouvé les bijoux qui me viennent de ma famille. Cette bague est pour toi, Ginny.

Il lui glissa le brillant à l'annulaire. Sa fiancée lui adressa un sourire ravi puis, après avoir regardé de plus près son présent, ses yeux s'écarquillèrent et elle s'exclama :

— Oh, Harry, elle est trop belle, je ne peux pas la porter !

Pour prendre sa famille à témoin, elle tendit la main dans leur direction. Alors que tous se penchaient pour s'en rendre compte par eux-mêmes, Harry se dit qu'il avait vraiment bien fait de dissocier sa demande et la formalité de la bague. Puis il se sentit mal à l'aise du fait de l'atmosphère spéciale qui régnait dans la pièce. Il lui fallut deux secondes pour analyser ce qui n'allait pas.

Le silence. Fait extraordinaire, plus personne ne parlait. C'était très rare chez les Weasley. Tous contemplaient avec émerveillement les pierres qui brillaient sur peau hâlée de Ginny. Finalement, Arthur qui faisait face à sa fille prit la main de celle-ci dans la sienne et tendit l'autre en direction de Harry. Instinctivement, le jeune homme la saisit. Lié aux deux fiancés, le père de famille dit avec un grand sourire :

— Permettez-moi d'être le premier à vous souhaiter beaucoup de bonheur.

Cela mit fin à la réserve de chacun. Harry passa les minutes suivantes à recevoir les compliments de l'assistance. Dans la mêlée, il reconnut l'embrassement maternel et larmoyant de Molly, le baiser parfumé de Fleur, l'accolade complice de Bill, le sourire ravi d'Angelina, la tape dans le dos bourrue de Ron, l'étreinte fraternelle d'Hermione, les félicitations compassées, mais sincères, de Percy, l'approbation discrète d'Andromeda, la gaieté mesurée de George, les plaisanteries du célibataire endurci qu'était Charlie. Puis, attirés par le charivari, les sauts d'excitation de Victoire et de Teddy.

Enfin, il put se rapprocher de sa fiancée et la serrer contre lui. Ginny leva sa main baguée et répéta :

— Elle est magnifique, Harry. Je ne vais jamais oser la porter.

— Ce n'est pas moi qui l'ai choisie, commença-t-il par se défendre.

Il ajouta après réflexion :

— Moi, je trouve qu'elle semble avoir été faite pour toi.

Arthur sortit un vieil hydromel et tous burent à la santé des futurs époux.

— À quand le mariage ? demanda Ron.

— Il faut peut-être penser à une cérémonie de fiançailles, remarqua Molly.

— Toute ma famille est ici et j'ai donné la bague, opposa Harry. Que faire de plus ?

Il eut une pensée pour Dudley mais, malgré leur récent rapprochement, il ne jugeait pas que sa place était parmi eux.

— Et comment allez-vous l'annoncer publiquement ? demanda Hermione.

— Je suppose que nous promener main dans la main dans un lieu public suffira, exposa Ginny. Et avec ça, continua-t-elle en levant sa main, personne n'aura de doute sur la nature de notre relation. Harry, on devrait y aller tout de suite.

— Quoi, maintenant ?

— Je ne sais pas quand je pourrai de nouveau avoir une journée de libre, indiqua-t-elle.

— Ah ! répondit Harry qui avait oublié l'agenda chargé de Ginny dans l'euphorie des fiançailles.

— Pré-au-Lard me semble parfait, proposa-t-elle. Il y a beaucoup de personnes qui se promènent en famille le dimanche après-midi.

— On peut venir ? demanda George.

— Non, vaut mieux qu'on ne soit que tous les deux, décida Ginny. Vous lirez le compte rendu dans la presse demain matin ! grimaça-t-elle.

Elle se dirigea vers la cheminée suivie de son fiancé. Son geste pour jeter la poudre de cheminette était assuré, mais quand il la retrouva devant l'âtre de la poste de Pré-au-Lard il la trouva très pâle.

— Le trac ? s'enquit-il.

— Ça va ! bluffa-t-elle avant d'admettre : non, j'ai la trouille.

— C'est normal, la rassura-t-il. Après, on s'habitue.

Elle eut une moue incrédule puis respira un grand coup.

— Alors, demanda-t-il. Les Trois Balais ?

— Piedodu, contra-t-elle. Ça conviendra mieux à la bague.

Ginny lui prit la main et ils s'avancèrent dans la grand-rue. L'effet fut immédiat. Leurs deux visages étant connus de tous dans le monde des sorciers, on les remarqua dès qu'ils eurent mis le pied dehors. Leur association fut aussitôt commentée avec plus ou moins de discrétion. D'un pas tranquille, feignant de ne pas se rendre compte l'agitation qu'ils créaient, ils continuèrent leur chemin.

— Un jour, alors que tout le monde me regardait, j'ai glissé sur une crotte de bique et je me suis étalé de tout mon long, confia Harry.

— C'est vrai ? s'étonna Ginny.

— Je ne te dis pas le travail que ça a donné aux Oubliators !

Ginny éclata de rire.

— Tu me fais marcher !

— Tu te sens mieux, maintenant ? sourit Harry.

— Oui, merci, mon chéri, le remercia-t-elle les yeux pétillants.

Parmi les personnes qu'ils croisaient, ils reconnurent Lee Jordan. Le journaliste les remarqua, mais par discrétion ne les salua que de loin. Harry lui fit un signe de la main et obliqua dans sa direction.

— Salut Lee ! Tu vas bien ?

— Parfaitement, et vous ?

— Nous aussi.

Lee les examina :

— Alors, c'est officiel ?

— Ça le sera d'ici ce soir, confirma Harry. Tu pourras en parler dans ton émission.

— Je ne suis pas supposé travailler cet après-midi, tempéra Lee.

— Franchement, je préfère que ce soit toi qui aies le scoop plutôt que Skeeter !

— Ah celle-là ! Ça me plairait bien de lui brûler la politesse pour une fois, admit Lee. Tu sais qu'elle m'assassine régulièrement dans ses critiques d'émission ? Je crois qu'elle ne m'a jamais pardonné l'interview que tu m'as accordée, il y a quatre ans.

— Désolé !

— Pas moi, assura Lee. Ça a lancé ma carrière. J'espère que cela t'a donné ce que tu voulais, ajouta-t-il après réflexion.

Cela n'avait pas vraiment redoré le blason de Rogue qui restait un grand oublié parmi les héros de guerre, mais cela avait permis à Harry de refuser tout autre entretien avec des journalistes. Le jeune homme avait prétendu à chaque sollicitation n'avoir rien à ajouter à ce qu'il avait révélé lors de l'entrevue avec Lee.

— Ta nouvelle émission du matin marche bien ? demanda Harry, se souvenant de ce que George leur avait appris à ce sujet quelques semaines auparavant.

— Tu l'écoutes ? s'étonna Lee, manifestement flatté par l'intérêt de son interlocuteur.

— Désolé, je pars trop tôt le matin. Mais Molly l'adore, se rattrapa-t-il.

— Tant mieux, avec tout le monde qu'elle connaît, cela va me faire de la publicité, positiva le reporter.

— Et tu as un sujet tout trouvé pour demain, fit remarquer Ginny en levant sa main jointe à celle de son fiancé.

— Je peux vous poser une ou deux questions ? en profita Lee.

— Si tu veux, sourit Harry, amusé par la situation.

— Comment vous êtes-vous rencontrés ?

— Version officielle ou officieuse ? plaisanta Harry.

— Celle qui augmentera l'audience, répliqua Lee avec un grand sourire.

— Je suis fan des Harpies, exposa Harry.

— C'est vrai que ta présence à tous leurs matchs a été remarquée, souligna Lee. Était-ce l'amour du sport ou celle de la poursuiveuse vedette de l'équipe qui t'y attire le plus ?

— Les deux, soutint Harry. Le bonheur parfait, quoi !

— Les langues vont forcément se délier à propos de votre idylle à Poudlard, les prévint Lee avec réalisme.

— Tu veux dire la fois où il s'est jeté sur moi dans la salle commune après qu'on ait gagné la Coupe ? demanda Ginny.

— Quoi ? Mais c'est toi qui t'es précipitée dans mes bras, la contredit Harry.

— Pas du tout ! Tu as foncé sur moi et tu m'as embrassée devant tout le monde.

Ils se tournèrent vers Lee pour le prendre à témoin. Leur ami riait de bon cœur.

— Je résume, fit le journaliste. Coup de foudre à Poudlard après une victoire commune au Quidditch, passion pour ce sport qui continue à vous réunir.

— Ginny est venue à Poudlard aussi, rappela Harry d'une voix plus sérieuse qui rendait inutile de préciser à quel évènement particulier il pensait.

— J'en parlerai, leur assura Lee devenu grave par cette allusion. Une dernière question : Ginny, vas-tu continuer à jouer pour les Harpies et préparer le Championnat du monde ?

— Évidemment, répondirent en même temps Harry et Ginny.

— Je ne vous retiens pas plus longtemps, dit Lee. Félicitations et bonne chance à vous deux.

— Merci Lee.

Harry et Ginny prirent congé et poursuivirent leur route. Ils parvinrent sans encombre à leur destination. Ils y firent une entrée remarquée et passèrent leur commande.

— C'est mignon, ici, non ? dit Ginny.

— Il paraît, admit Harry. Je ne suis pas un spécialiste en salon de thé pour amoureux.

Autour d'eux les couples parlaient bas en leur jetant des regards en coin.

— La première fois que je suis venu ici, se souvint Harry, je trouvais très embarrassant de voir les gens en train de s'embrasser dans un lieu public.

— Harry, tu n'es pas supposé me raconter ce que tu as fait avec les autres filles, lui signala Ginny.

— Ce que je voulais dire, c'est que j'ai totalement changé d'état d'esprit. Là, j'ai très envie de t'embrasser.

— Tu vas oser ? demanda Ginny avec curiosité.

— Peut-être pas pour notre première sortie, admit-il. Mais je peux faire ça.

Il avança son bras à travers la table pour lui prendre la main et la porter à ses lèvres. En se remémorant ses manœuvres infructueuses pour poser sa main sur celle de Cho, il se dit qu'il était bien plus agréable d'être amoureux à vingt-deux ans qu'à quinze.

Ce fut Madame Piedodu en personne qui leur apporta leur commande. Elle leur adressa ses félicitations, les yeux rivés vers la bague de Ginny qui étincelait de mille feux sous le soleil qui entrait par les larges baies. Ensuite elle refusa catégoriquement que Harry règle leurs consommations.

— C'est un honneur pour moi de recevoir le Survivant et sa fiancée, assura-t-elle.

Harry la remercia sans insister. Cette situation lui était familière et l'expérience lui avait appris qu'il valait mieux accepter ces cadeaux s'il ne voulait pas blesser ses interlocuteurs. Pour éviter d'abuser de la générosité de ses concitoyens, il se sentait obligé d'effectuer la plupart de ses achats par correspondance sous le nom de Ron Weasley ou de se métamorphoser avant de faire ses courses.

— Rassure-moi, lui chuchota Ginny quand leur hôtesse s'éloigna, tu ne t'es pas fait offrir la bague par le bijoutier, hein ?

— Bien sûr que non, je l'ai trouvée dans mon coffre ! répondit Harry un peu vexé.

Ginny lui adressa un clin d'œil pour signaler qu'elle plaisantait puis demanda d'un air rêveur :

— Tu crois que ta mère l'a portée ?

— Je ne sais pas. Mais j'ai retrouvé toutes les archives de ma famille aussi. J'y trouverai peut-être la réponse.

Ginny lui lança un regard empli de compassion, regrettant visiblement d'avoir posé la question.

— Harry, oublie les autres et embrasse-moi, suggéra-t-elle.

Harry se pencha et obéit.

– FIN DE LA PARTIE I –


Ne partez pas, j'ai plein de choses à vous dire !

La suite s'appellera Les Bâtisseurs et paraîtra au début du mois de janvier.

Je sais que certains d'entre vous seront déçus de ne pas avoir la réaction du public à l'annonce des fiançailles de Harry et Ginny dans cette partie-ci, mais il y a trop à dire sur le sujet pour que je le traite rapidement. Ce sera donc l'objet du début de la partie II.

J'ai déjà commencé à travailler sur la suite. J'en ai écrit l'équivalent de plusieurs chapitres, n'hésitez pas à venir m'encourager.

Je ne peux pas vous dire quand elle paraîtra. Je veux avoir de l'avance et l'écrire sans contraintes. Je veux avoir le recul nécessaire sur les sujets que j'aborde sans me sentir piégée par le calendrier (ne vous faites pas d'illusions, toutes mes lacunes ne s'expliquent pas par les impératifs de délais).

Je vous souhaite donc une bonne fin d'été et vous retrouverai sans doute au cours de l'automne. J'indique l'avancement de mon écriture sur mon live Journal (voir l'adresse sur mon profil). Pas besoin d'être inscrit pour lire mes billets ni pour me laisser de messages, profitez-en.

Pour ceux qui s'ennuient, j'ai aussi mis des liens vers des sites ou des histoires intéressantes, sur mon profil.

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... merci de tout cœur pour vos commentaires. Bien entendu, j'ai particulièrement apprécié ceux qui se sont donné la peine de laisser de longues missives ou qui ont fait l'effort de laisser un mot à chaque chapitre, même bref.

Et puis quand même un petit coucou à tous ceux qui sont venus lire en silence (les trois-quart d'entre vous selon mes statistiques), c'est aussi pour vous que j'écris.

Sur ce, portez-vous bien et à la prochaine !