Cible Verrouillée !

Source : Gundam Wing AC.

Auteur(e) : Lysanea

Genre : yaoi, romance, UA.

Disclamer : aucun des personnages ne m'appartient pas plus que la chanson d'Hoobastank que j'ai un peu modifiée.

Pairing : 1x2, 3x4

Personnages : Heero Yuy, Duo Maxwell, Trowa Barton, Quatre Raberba Winner, Sally Po.

Résumé : l'ultime chapitre qui répond normalement aux dernières questions.

Notes : Bonjour à tous. Je vous remercie tous pour vos messages et reviews sur mon précédent chapitreet je m'excuse pour le cafouillage ! J'espère que cette épilogue répondra au questions que beaucoup se sont et m'ont posé XD et sera à la hauteur de l'enthousiasme que vous avez manifesté pour la fic en général.

Réponse aux Rewiews anonymes :

Fanny : voilà le chapitre tant attendu ! merci beaucoup pour ta review et toutes tes reviews tout au long de ma fic ! j'espère que cet épilogue sera à la hauteur de tes attentes !

Remerciements :

Pour vos reviews, vos messages privés et vos mails, un grand merci à vous, (par ordre alphabétique) Bernie Calling, Calamithy, Candyce, Caro06, Coquillette, Darlian, Fanny, Flo ShadowSpirit, Fredjs, Gayana, Hakkai nii-san, Kitcats, Laku-san, Lil'Boow, Marnie02, Nass, Neant, Quator, RedLylie, Samossa-hime, Sephiria, x-Shinigami-x, SNT59, Solveig Eleaz, Sscomplexe, Taraba-chan, , Valou 2332, Wilaham, Zophael.

Merci à celles et ceux qui m'ont lu et "listé", également !

Bonne lecture de ce dernier chapitre !


oOo

Epilogue : La fin de partie du Chasseur

-

-
Le lendemain matin,
Palais Résidentiel des Raberba Winner.
Appartement de l'aile Nord.

-

Ca y est, enfin.

La lumière vers laquelle il se dirige depuis un temps indéfinissable est à portée et il s'en rapproche vraiment.

Elle est vive, mais ne l'aveugle pas, ne l'agresse pas.

Au contraire, elle semble l'envelopper alors qu'il l'atteint, confiant.

Sa chaleur est familière, souvenir fugace d'une présence qui ne l'a pas quitté, depuis qu'il est là, même s'il ne peut situer ce "depuis".

Mais quel que soit le temps que ça a pris, il a fini par l'atteindre.

Ca y est, enfin, il peut sortir.

-

Heero ouvre les yeux une fois, deux fois, et parvient à les garder ouvert à la troisième tentative.

Immédiatement, instinctivement, il cherche cette source de chaleur qui l'a guidé, et qu'il sent encore.

Il relève très lentement et très légèrement sa tête pour pouvoir trouver la source, qu'il sait et sent proche et tombe sur deux mains entrelacées.

La sienne dans celle de Duo.

Un Duo endormi, la joue posée sur le lit, des mèches s'échappant de sa natte adorablement défaite.

Heero ne bouge pas, laissant son corps encore engourdi se réveiller complètement, continuant de regarder Duo, qui l'a ramené jusqu'à lui.

Puis il lève sa deuxième main et très doucement, il la pose sur la tête de Duo, pliant et dépliant ses doigts dans ses cheveux, veillant à ce que ça ne le réveille pas, cependant.

Il balaie la pièce du regard, alors que les souvenirs reviennent, lui permettant de comprendre pourquoi il est dans cette chambre et pourquoi il est perfusé.

Et qui explique également la présence de Duo et le rôle qu'il a apparemment joué.

Un coup d'oeil à l'appareil mesurant ses constantes lui indique qu'il va bien, elles sont régulières.

Un autre par la fenêtre le renseigne sur l'heure ; vue le ciel qui rosît, il doit être tôt, le soleil vient certainement de se lever ; il est donc entre 6h et 7h.

Oui, mais de quel jour ?

Impossible de savoir : sa montre lui a été retirée, celle de Duo n'est pas visible, et rien dans la pièce ne l'indique..

Peu importe.

Il se sent extrêmement fatigué.

Cela fait bien longtemps qu'il n'a pas été gagné par une telle fatigue.

Alors il repose sa tête et ferme les yeux, ses paupières sont lourdes.

Duo se réveille justement au même moment.

Il a senti la main d'Heero dans la sienne moins brûlante.

Mais surtout, quelque chose est posée sur sa tête, et lorsqu'il réalise que c'est l'autre main d'Heero, il se redresse complètement.

- Heero ? l'appelle-t-il doucement, en vérifiant d'un regard ses constantes, et d'une main sur son front sa température, qu'il a senti différente.

Le mercenaire ouvre péniblement les yeux et les plonge dans ceux de Duo, qu'il voit briller comme deux étoiles au coeur de la nuit.

- Hey, bon retour parmi les vivants ! Comment tu te sens, tu as mal quelque part ? Attends, l'arrête-t-il alors qu'il ouvre la bouche, n'essaie pas de parler, tu vas t'étouffer, et ce serait dommage, après avoir autant lutté pour revenir !

Il lâche sa main et se lève pour aller chercher un verre d'eau, en vitesse, puis le redresse pour l'aider à boire.

Heero le laisse faire, même s'il déteste être dépendant de quelqu'un, il n'a pas vraiment le choix, vue qu'il n'a vraiment plus beaucoup de force.

- Il va falloir que tu dormes beaucoup pour récupérer, lui dit Duo, comme s'il lisait dans ses pensées. Maintenant, tu peux me dire si tu as mal...

- Je... vais bien, répond-il un peu difficilement; car sa gorge est encore gonflée.

- Apparemment, mais j'attendrais de l'entendre de la bouche de Sally, avant d'y croire.

- Depuis quand... où est-ce que... je suis ?

- Au Palais, chez Quatre. Tu te souviens être tombé dans mes bras, devant les portes, hier matin ?

- Hier... matin ?

- Oui.

- Je suis pas... tombé dans... tes bras. T'étais là... c'est tout...

- Bah heureusement que j'étais là, aussi, t'aurais bien pu te fracasser le crâne sur les pierres inégales de la route. Y en a qui sont morts aussi bêtement, tu sais.

- M'en faut plus... Je t'avais dit... que je m'en... sortirais.

- Bah voyooooons... réplique Duo en passant le gant sur son front en sueur, malgré ses faibles protestations, qu'il devine être juste pour la forme. Ouais, tiens, j'aurais dû te laisser essayer, pour voir, ça t'aurait fait une cicatrice de plus, si tu t'en étais vraiment sorti.

- Tu... aimes mes... cicatrices, Duo. Et... je m'en sors... toujours.

- Et il continue, en plus... soupire-t-il en levant les yeux au plafond, avant de reposer la bassine d'eau maintenue froide par l'ajout de glace régulière, toutes les deux heures. T'es vraiment incroyable, tu sais.

- T'es pas mal non plus... dans ton genre.

Duo sourit, puis tend sa main pour dégager quelques-unes des mèches indisciplinées qui barrent le front rafraîchi d'Heero.

Il le laisse faire un moment, puis s'écarte de cette main tentatrice qu'il a soudain eu envie d'embrasser.

Duo n'insiste pas ; il éloigne sa main et prend, de l'autre, un objet sur la table de chevet.

- Tu veux bien me laisser prendre ta température ?.

- Uniquement... dans l'oreille.

- T'inquiète pas, ricane Duo, ça a beau être plus précis dans le rectum, je suis pas suicidaire pour aller m'aventurer sous tes draps. Même si t'es carrément inoffensif, je...

La main de Heero se referme brusquement sur son poignet.

- Tu veux redire ça ?

Le sourire de Duo, qui s'était effacé sous la surprise, revient étirer ses lèvres.

- Commence pas Heero, tu sais parfaitement de quoi je suis capable, et t'es vraiment pas en état, tu gardes à peine les yeux ouverts. Tu pourras sûrement m'atteindre une fois, mais une seule, avant de t'écrouler, trahi par ton propre corps.

- Il ne m'en faut pas plus... pour te mettre à terre... plus définitivement que moi.

Duo sourit plus largement, mais sans moquerie ni condescendance, mais avec douceur.

Et c'est avec cette même douceur qu'il desserre un à un les doigts d'Heero, enroulés fermement autour de son poignet, avec la force du désespoir.

- Je sais ce que tu traverses, lui dit Duo, qui n'ignore rien de ses efforts pour lui cacher sa réelle faiblesse. Oublie pas que je suis passé par là, même si je n'ai pas ta constitution. Mais surtout, Heero, arrêtes de me voir comme un danger, je ne suis pas ton ennemi, tu sais. Je ne serais pas là à te veiller, si ça avait été le cas.

Heero se laisse retomber sur le lit et réprime un violent tremblement.

- Je ne t'ai... rien... demandé, répond-il en gardant les yeux fermés.

- Eh bien moi, je te demande de me laisser prendre ta température. Et si c'est ce que tu souhaites, ensuite, je partirais. Trowa a été te récupérer des affaires, chez vous, il ne devrait plus tarder.

Heero ouvre les yeux pour le regarder, mais ne répond rien ; il dégage seulement ses cheveux tombant sur son oreille.

Duo y glisse le thermomètre électrique qui bip presque de suite.

- 38,3°. Encore un peu fiévreux, mais comparé au 40° que tu frôlais encore, y a pas deux heures, on peut te considérer sorti de la fournaise. Je vais appeler Trowa pour voir s'il est encore au Cirque. Si c'est le cas, je lui dirais de demander à Sally de venir.

- Non.

- Quoi, non ?

- Ca... Ca peut attendre, Duo, répond-il, les yeux de nouveau clos. Je... J'ai besoin... de dormir. Elle... me verra... plus tard.

- Elle nous a bien dit de l'appeler dès ton réveil.

- Alors oublie... que je me suis réveillé... Je suis déjà... en train de me... rendormir. Le repos est... prioritaire. C'est ce que... mon corps demande. Il faut que je... récupère... l'ensemble de mes capacités... au plus vite. Je dois redevenir... opérationnel...

- Bordel, t'es pas une machine, Heero !

- Il faudra bien... que t'ouvres les yeux... Duo... Même si... ça n'a plus d'importance... maintenant...

- Comment ça, ça n'a plus d'importance ? Heero, répond-moi avant de t'endormir, sinon je m'occupe de te faire partir définitivement le sommeil !

Heero, le sachant bien capable de mettre sa menace à exécution, et ne sachant absolument pas la forme qu'il pourrait lui donner, fait un dernier effort pour parler, alors que sa bouche est de plus en plus pâteuse, ses paupières de plus en plus lourdes et son esprit, de plus en plus fuyant.

- Nos routes... se séparent... bientôt... et tu n'y... changera rien... Duo... Maxwell...

Duo sert les poings, puis soupire.

Il se lève et remonte le draps sur le torse dénudé d'Heero, à présent complètement endormi, puis va s'asseoir sur le rebords de la fenêtre, pour y attendre Trowa, ou Quatre, parti régler quelques affaires avant même que le soleil ne soit levé.

En fait, il souhaite voir entrer n'importe qui pouvant veiller sur Heero, le temps pour lui d'aller prendre une douche.

Si seulement il pouvait se débarrasser de cet espoir qui le ronge, qui s'accroche à son coeur, malgré le nombre de fois où Heero a soufflé sur sa flamme fragile, après l'avoir parfois lui-même allumé par un geste, un regard, un mot...

Il a compris et accepté le fait d'être tombé amoureux de lui.

Et par amour pour lui, maintenant que Quatre est entre de bonnes mains... enfin, mieux employer une autre expression, s'il veut réussi à pardonner à Trowa un jour...

Bref, maintenant que Quatre est heureux auprès de Trowa, qui a été accepté par Rashid, après une très longue conversation, Duo pourrait choisir de partir, et de suivre Heero.

Oui, il pourrait accepter ses sentiments pour un assassin repenti.

Mais si Heero refuse de quitter les mercenaires, s'il refuse de se considérer comme un humain et non une machine à tuer, quel que soit l'amour qu'il ressent pour lui, Duo se sait incapable de partager ce genre de vie.

Et effectivement, dans ce cas-là, leurs routes se sépareront.

Et si c'est la seule issue qu'Heero semble voir, pour l'instant, Duo, lui, ne veut pas encore devoir renoncer.

-

-
Même jour, début d'après-midi.
Palais Résidentiel des Raberba Winner.
Appartement de l'aile Nord.

-

Toc toc toc...

-
Sally va ouvrir la porte et sourit.

- Vous arrivez juste à temps, je viens de finir.

- Tu es sûre ? Nous pouvons repasser...

- Non, Quatre, crois-moi, c'est bon. Entrez, ajoute-t-elle en s'écartant pour laisser passer Quatre, Trowa et Duo.

- Comment ça se présente ? demande Trowa en regardant Heero, qui s'est assis dans son lit.

- Plutôt bien, répond Sally. Ca ira définitivement mieux si tu es raisonnable, Heero, et que tu acceptes de prendre le traitement encore 12 heures. Et crois-moi, j'y veillerai. Ensuite, il n'y aura définitivement plus aucune trace de poison dans ton organisme. Mais tu dois prendre tes cachets, sinon la fièvre risque de revenir.

- Hn.

- Je ne connais vraiment qu'une seule autre personne qui ait survécu à la morsure de ce type de serpent, c'est Duo, fait remarquer Quatre. Je n'ai fait qu'entendre parler des autres. Mais on a quand même été dans le doute pendant quatre jours...

- Heero n'est définitivement pas comme les autres, explique Sally en refermant sa trousse de médecin.

- Pas besoin de le préciser, intervient Duo, appuyé contre le mur, les bras croisés.

- Ton cher ami ne vient-il pas de préciser que tu étais la seule autre personne à avoir survécu, Duo ? Tu te sens normal ?

- Oui, la seule autre personne qu'il connaît. Quant à moi, je me sens humain, Heero, c'est toute la différence entre toi et moi.

- Tu n'avais rien d'humain, à ce moment-là.

Les deux hommes se défient du regard.

- S'il vous plaît, intervient Quatre, calmez-vous.

- J'ai l'impression de me revoir avec Wufei, au tout début de notre relation ! Entre moi, qui sauvait des vies et lui, qui en prenait...

- Sauf que je n'ai aucune relation avec cet individu, réplique Duo.

Il ne voulait pas vraiment dire ça, mais déjà qu'il se sent nerveux, l'attitude provocatrice d'Heero ne l'arrange pas, pas plus que sa froideur envers lui, qu'il manifeste déjà, alors qu'il vient à peine d'entrer.

Heero, lui, à la réflexion de Duo, laisse échapper un petit rire sans joie, blessant, qui résonne cruellement aux oreilles de Duo.

- Une relation sexuelle n'a évidemment rien d'une relation entre deux individus, ce sont juste deux corps qui cèdent à une pulsion primitive et animale, effectivement. Ceci dit, Duo, on pourrait avoir une excellente relation professionnelle, tu sais.

- Tu te fous de moi ?

- A toi de décider. Tu pourrais rejoindre les mercenaires, et remplacer Trowa. Notre entente est aussi parfaite au lit que sur le terrain.

- Beau prétexte. Mais si l'idée qu'on va bientôt se dire adieu te fait si mal, Heero, pourquoi tu ne te rachèterais pas une conduite, en entrant au service de Quatre, pour assurer sa protection, avec Trowa ?

- Y a assez de colonnes dans ce palais et d'arbres dans le jardin. J'ai besoin d'action.

- Si c'est que ça, je m'occuperais de cette partie-là, sourit Duo.

- Avec plaisir, mais es-tu sûr de pouvoir tenir la distance ?

- Ca veut dire quoi, ça ?

- On avait à peine terminé le premier round que t'étais déjà dans les vapes...

- Hey ! pourquoi tu remets ça sur le tapis, je t'ai expliqué cent fois que c'était à cause du lien que j'ai avec Quatre, qui n'allait pas bien ! T'as pas eu assez de preuves, ensuite, que ça n'avait rien à voir avec toi ?

- C'est vrai qu'après notre mission, t'en redemandais encore... Ca me paraît de plus en plus intéressant que tu remplaces Trowa.

De nouveau, leurs regards s'accrochent, savant mélange de désir et de provocation, cachant la réalité de leurs sentiments, même si Duo laisse filtrer volontairement un peu des siens... qu'Heero s'obstine à ignorer.

- Ce n'est pas que vos joutes oratoires n'ont aucun intérêt, mais j'ai du boulot, intervient Sally. Veillez à ce que cette tête de mule prenne bien son traitement, et appelez-moi, s'il y avait le moindre souci. Sinon, on se revoit en fin d'après-midi, pour le départ. Quatre, merci encore pour avoir gardé Heero ici, hier et cette nuit, ainsi que pour tout le matériel médical. Ca a grandement favorisé son rétablissement, de ne pas le déplacer.

- C'est normal. Merci d'avoir fait le déplacement. Bonne continuation et à bientôt.

Sally fait face à Duo.

- Je viendrai vous dire au revoir tout à l'heure, directement, lui dit le jeune homme en lui faisant une bise. Merci pour tout.

- C'est nous qui devrions te remercier d'avoir pris soin d'Heero. A tout à l'heure.

Une fois la femme médecin sortie, Quatre s'assoit sur le bras du fauteuil où Trowa s'est assis, posant sa main sur son épaule pour l'empêcher de se lever.

- Je vais te mettre au courant des dernières nouvelles, Heero. Ma soeur Hamfsa était bien derrière ce contrat posé sur ma tête, signé par son mari, El-Nasri. Soit il réussissait à me faire tuer et elle touchait une belle somme, venant de mon héritage redistribué entre mes soeurs, en cas de décès, soit c'est son époux qui se faisait abattre, après avoir été découvert, comme ça a été le cas.

- C'est pourquoi il y avait certaines failles dans la sécurité du palais, devine Heero. Ton héritage est-il conséquent ? demande-t-il ensuite à Quatre.

- Oui. Je suis l'hériter et l'unique fils. La totalité des biens de mon père est divisé par deux. Une moitié me revient, l'autre est partagée entre mes 29 soeurs. Si je décède en premier, avant mon père, c'est la totalité de ses biens qui est partagée en 29.

- Tu n'es pas à l'abri d'une nouvelle tentative, remarque Trowa avec inquiétude.

Quatre hausse les épaules, puis glisse sa main autour se la nuque de son amant pour la caresser, doucement, et le rassurer.

- Vue ce qui s'est passé cette fois-ci, je doute qu'aucune d'elles ne s'amuse à recommencer. Ce sont des étrangères, pour moi, je les vois peu et uniquement quand mon père est là. Mais la colère de mon père est terrible, ça étouffe dans l'oeuf tous les projets visant à me nuire. Il faut juste quelques piqûres de rappel, parce que mon père est souvent absent.

- Cela concerne également cette Hamfsa ?

- Oui, Heero. Elle sera bientôt à la tête de la fortune et de l'empire financier de son époux. Mon père a été rapidement mis au courant, et a étouffé l'affaire, en faisant des arrangements avec toutes les personnes concernées, de près ou de loin. Il n'y a plus aucun risque que l'affaire s'ébruite, et vue le mal qu'il s'est donné, mes soeurs ont vraiment intérêt à se faire oublier.

- Et Raberba Senior a fait ça avec un pied toujours dans son jet privé...

- Duo...

- Désolé, angel...

- Donc voilà, vos noms ont été effacés, les contrats détruits et grâce au piratage du système auquel a procédé Trowa, il ne reste plus aucune trace.

- As-tu prévenu le Docteur J. ? demande Heero à Trowa.

- Je n'ai pas fait de rapport au Docteur J. concernant ta mission, Heero. J'ai simplement fait le mien, expliquant l'avortement de la mission par le décès soudain du commanditaire. J'ai prétendu avoir pris contact avec sa veuve et héritière, malgré le contexte, justifiant mon empressement par le départ précipité du Cirque, conséquent aux funérailles. Hamfsa Mawdana s'est montrée particulièrement horrifiée en apprenant qu'un contrat avait été posé sur son propre frère et l'a donc fait annuler. J. a accepté les explications, avant de détruire mon rapport et toutes traces de cette affaire, s'alignant sur la démarche de la famille Raberba. Cela dit, lorsque tu iras mieux, ce serait bien que tu fasses une dernière vérification. Personne ne va aussi loin que toi dans les entrailles informatiques des bases de données, et tu sais que je n'ai pas confiance en J.

- Aucun problème. Tu m'as ramené mon ordinateur ?

- Non. Tu as besoin de repos, je savais que ce serait une erreur de le ramener.

- Je peux très bien décider d'aller le chercher, seul, Trowa.

- Ce n'est pas absolument nécessaire, Heero, ça peut attendre une heure ou deux.

- Hn. Tout est donc fini ?

- T'es content, tu vas pouvoir te barrer sans te retourner ! remarque Duo, s'attirant un drôle de regard de la part d'Heero.

- Dis-moi plutôt si tu as eu des réponses, concernant l'attitude du Professeur G.

- Parce que ça t'intéresse ?

- Si tu ne veux pas me donner les réponses à mes questions, je les trouverais seul.

- C'est bon, ça m'a juste étonné...

- Tu t'attendais pas à ce que je te demande, alors tu ne sais rien, c'est ça ? Tu t'en es pas encore occupé ?

- Heero, ne sois pas si dur, il aurait fallu qu'il ait le temps de s'en occuper.

- Quatre...

- Il faut que tu saches que Duo est tombé peu après toi, hier matin, continue-t-il, sans se soucier de l'interruption de Duo.

- Angel... tente-il à nouveau.

- Laisse-moi finir, Duo, je le laisserai pas te parler comme ça, alors qu'il ne sait rien de ce qui s'est passé, depuis hier. Une fois assuré que tu étais pris en charge, Heero, Duo s'est enfin laissé aller, mais il a lutté longtemps contre la fièvre et l'affaiblissement qui le gagnaient. Il est resté fiévreux deux heures, nous vous avons même installé côte à côte pour pouvoir vous veiller.

- Quatre, c'est vraiment pas utile de parler de ça...

- Vous avez pris des photos, au moins ? le raille Heero, cachant ses réels sentiments, comme toujours.

- Non, mais peut-être aurions-nous dû, afin que l'évidence que tu te refuses à voir te sautes si fort aux yeux que tu ne puisses plus nier ce que...

- Quatre ! le coupe Duo vivement, cette fois, pas plus prêt qu'Heero à entendre ce genre de vérité, lâchée comme une bombe. Please, my Little Angel...

Quatre le regarde longuement, puis soupire, alors que la main de Trowa glisse dans la sienne.

- D'accord. Mais Heero, sache tout de même que Duo t'a veillé depuis son réveil. Le temps total qu'il a pris pour lui, pour se doucher, se changer, manger, dormir, ne dépasse pas l'heure et demie. Alors les réponses qu'il a quand même réussi à avoir, accorde leur au moins la valeur du mérite avec laquelle elles ont été obtenues.

- Il faudrait déjà qu'il me les donne.

- C'est bon, je vais te le dire... Comme te l'a expliqué Quatre, j'ai pas eu beaucoup de temps pour parler au Prof, et uniquement par téléphone, bien que via une ligne ultra sécurisée. Et comme je l'avais soupçonné, il a fait celui qui n'était pas au courant. Mais j'ai pu apprendre d'autres choses, par d'autres sources. Apparemment, c'est votre Docteur J. qui informe le Professeur G. des contrats posés sur la tête de Quatre, lorsque les commanditaires font appel aux mercenaires, plutôt qu'à leurs propres hommes de mains. Jusqu'à présent, les rares personnes qui en ont voulu à la vie de Quatre et qui ont choisi la voie du mercenaire, ont toutes fait appel à une section différente de la vôtre.

- A cause de la couverture du Cirque, notre section est la plus mobile, explique Trowa. Nous sommes dans la région depuis à peine huit mois.

- Ceci explique cela, reprend Duo. Il y a eu un conflit d'intérêt, le Dr J. ne pouvait pas tenir le Pr G. au courant d'une mission qu'on avait confié à l'un de ses mercenaires, ça aurait été la faire échouer. Mais je ne comprends pas, il aurait pu refuser cette mission... Tu m'as bien dit, Heero, que chaque proposition était soumis à son approbation, non ?

- Hn.

- Alors pourquoi...

- Cela représentait une très grosse somme d'argent, Duo, précise Trowa. J. ne pouvait pas imaginer laisser cette somme gonfler la trésorerie d'une autre section.

- Une part de l'argent que Raberba Senior verse au Pr. J. lui sert à payer ses renseignements, donc certainement le Docteur J. Mais ça n'est sûrement pas comparable à ce qu'ont dû leur proposer Hamfsa et El-Nasri, je veux bien le croire. Tout ça pour de l'argent... Ils m'écoeurent !

- Alors je t'écoeure, moi aussi, remarque Heero, toujours provocateur.

Duo tourne son regard vers lui.

- Bien sûr que tu m'écoeures, à vouloir rester sur tes positions ! Mais je ne sais pas qui sont les pires... Ceux qui ont fait de toi un assassin, ou alors toi, qui refuse de comprendre que tu es autre chose, pour pouvoir changer !

- Ou peut-être les pires sont-ils les gens qui, comme toi, essayent de faire exactement ce qu'ils reprochent aux autres de faire, sous prétexte d'être du bon côté.

- C'est mal de vouloir faire sortir l'être humain qui est en toi ?

- Tu veux me façonner telle l'image bien précise que tu as dans la tête et que tu crois refléter ce qui est en moi. Mais tu ne sais rien de ce que je suis, au fond

- J'ai eu un aperçu, mais tu refuses de me laisser voir plus loin, à cause de ta fierté mal placée et tout un tas de trucs qui n'ont pas lieu d'être !

- Effectivement, tu en as assez vu.

- Bordel, tu me fais chier, Heero !

- Plus pour longtemps, t'en fais pas. Apparemment, nous sommes sur le départ, si j'ai bien compris Sally ?

- Le Cirque repart cet après-midi, oui, répond Quatre. Les six jours de funérailles décrétées en l'honneur d'El-Nasri ont coupé court à toute forme de distraction.

- C'est logique. T'es content, Duo, de savoir que bientôt, je ne pourrais plus te "faire chier" ?

- C'est toi qui n'attend que ce prétexte pour pouvoir fuir !

- Tu me gonfles, Duo, avec tes airs de tout savoir !

- Stop ! intervient Quatre. Duo, ne répond pas. J'ai encore des choses importantes à vous dire, alors vous continuerez ces scènes de ménages dignes de séries télés après, si vous ne voyez pas trop d'inconvénients à mettre vos pseudos colères de côté, cinq minutes. D'accord ?

Duo croise ses bras sur sa poitrine et détourne le regard, Heero se laisse aller contre les coussins, sans un mot.

- Je pense que tu devrais en profiter, mon ange, on ne sait jamais combien de temps peut durer l'accalmie, sourit Trowa, s'attirant deux regards noirs, et un complice, sur lequel il préfère s'attarder et se concentrer.

- Tu as raison. En fait, ce que j'ai de plus important à vous dire concerne le Cirque Mobile Suits : je l'ai acheté.

- Quoi ? demandent trois voix surprises.

- J'ai acheté le Cirque. Cela ne représente aucune modification de l'organisation, à l'exception d'une condition que j'ai imposé : celle que le Cirque reste six mois de l'année dans notre ville. Le Directeur, après avoir consulté les artistes, sauf toi, mon chéri, et Heero, convalescent, a accepté. Trowa, ajoute-t-il en se tournant vers son amant, tu as choisi de quitter le Cirque pour rester avec moi, mais ce sacrifice est un peu trop grand, pour moi. Ils sont un peu ta famille, je peux comprendre que ce soit difficile de les quitter. Alors quand la troupe du Mobile Suits sera en ville, tu pourras la rejoindre.

Trowa prend sa main et la porte à ses lèvres.

- Merci, mon ange, t'es un amour. Heero, nous n'en avons pas vraiment parlé... Tu ne m'en veux pas trop ? demande-t-il en regardant son ami.

- Je suis heureux pour toi, répond, avec un sourire des plus sincère, le cavalier dont tous les autres sentiments et les autres préoccupations ont été balayés par cette heureuse nouvelle. Tu n'as pas eu le temps de m'expliquer, à mon réveil, comment vous aviez pu vous arranger avec le chef de la sécurité.

Trowa et Quatre échangent un sourire.

- Je te laisse lui expliquer, mon ange.

- Et bien nous avons dû longuement parlé avec Rashid, commence Quatre, et tout lui raconter des évènements de l'autre nuit. Trowa a été complètement honnête, concernant sa vie et son amour pour moi, il lui a parlé avec des mots simples qui ont su le toucher. Il ne lui fait pas encore confiance directement, il a surtout confiance en moi, ainsi qu'en Duo, avec qui il a aussi longuement parlé.

- Au nom de cette confiance, il a accepté de me donner une chance, en m'affectant à la garde rapprochée de Quatre.

- Ca ne risque pas d'être frustrant, pour l'un comme pour l'autre, de te tenir près de son amant sans pouvoir le toucher ?

- Rashid nous demande d'être discrets, et nous comptons bien l'être. Mais dans l'espace privé de mes appartements, où nous pouvons passer le temps qu'on veut de jour comme de nuit, nous serons libre d'avoir toutes les attentions voulues, l'un envers l'autre. Quant à mon père, il refuse de croire que c'est sérieux, pour l'instant. Il m'a pratiquement raccroché au nez, en me disant que c'était un caprice et qu'il était prêt à l'accepter, si ça me permettait d'allait mieux, du moment que je ne m'exhibais pas en public. Alors pour l'instant, on a pas à s'inquiéter de complications, de ce côté là. Tout est réuni pour que ça se passe au mieux.

- Bien, dans ce cas, je suis sincèrement heureux pour vous.

- Pour que tu le dises une seconde fois, ce ne peut qu'être vrai, sourit Trowa. Merci, Heero.

- Hn.

- Je suis aussi content pour vous, même si vous le savez déjà, sourit Duo en s'avançant jusqu'à Quatre, pour lui faire une énorme bise. Mais même si j'ai plaidé ta cause auprès de Rashid, je ne suis toujours pas sûr que tu mérites les efforts que Quatre fait pour toi, Trowa...

- Duo ! Il est prêt à tout abandonner, pour rester avec moi.

- Ca lui permet aussi et surtout de ne pas poursuivre cette vie de mercenaire, c'est une chance.

- Il n'a pas tort, mon ange. Tu m'offres une forme de rédemption qui est inestimable.

- Je ne suis pas le seul à pouvoir le faire, répond Quatre en se tournant vers Heero. Tu sais que tu peux rester en ville, toi aussi, si tu le souhaites.

- Je crois t'avoir déjà répondu, non ?

- Oui, mais tu peux envisager autre chose que de faire partie de mon "système" de sécurité, insiste-t-il, emballé par l'idée de pouvoir garder Heero près de Duo. Il y a plein de choses que tu pourrais faire.

- Ca ne lavera pas le sang sur mes mains.

- Mais ça éviterait que tu en aies davantage, réplique Trowa, dans le même but que son amant. C'est déjà un premier pas.

- Ce serait vraiment une bonne chose, ajoute Duo en s'asseyant sur le lit, ignorant volontairement le regard noir d'Heero.

Finis la provocation, les jeux, les colères inutiles, qui montent parce qu'on a pas le cran de se dire les choses en face, et que la peur paralyse et met les nerfs à fleur de peau.

Heero ne répond rien et détourne le regard quelques secondes, avant de le fixer de nouveau dans celui de Duo.

Lorsqu'il a évoqué la possibilité que Duo et lui restent ensemble, lorsqu'il a répondu comme s'il pouvait vraiment envisager de rester et d'avoir une vie normale, ce n'était que par provocation et jeu, même s'il y avait sûrement une part de vrai et d'espoir au fond.

Ils savent que Quatre, autant que Trowa, ont choisi délibérément de faire comme si c'était du sérieux, en ignorant tout ce qu'ils ont mis par-dessus pour le cacher.

Et maintenant, le regard trop intense de Duo, qui a ravalé sa fierté et accepter de faire le premier pas, le trahit : Heero peut lire que c'est réellement un espoir, pour lui, qu'il puisse vraiment accepter la possibilité de rester et de changer, de laisser l'assassin derrière lui...

Mais est-ce seulement possible ?.

Pendant quelques instants, il laisse tomber le masque, lui aussi et soutient son regard, le défi toujours visible et sensible, mais sans plus aucune trace de provocation.

- C'est ce que je suis, Duo. Si tu veux me changer, autant trouver quelqu'un qui correspondra plus à ce que tu attends d'un homme.

Duo s'avance sur le lit et le force à garder son visage tourné vers lui, en l'encadrant de ses deux mains, fermement.

Ses yeux lancent des éclairs et Heero ne peut s'empêcher de le trouver dangereusement beau, à cet instant, alors qu'il ne doit pas faiblir et ne rien laisser passer.

- Tu n'es pas qu'un assassin, Heero Yuy, je refuse de le croire. Je sais que sous cet épais conditionnement, il y a un homme de valeur, qu'on a enchaîné, très tôt, mais qui a tout de même grandi, et qui aspire à être libre. Qui l'est parfois, même si tu crois jouer un rôle, par exemple celui du cavalier voltigeur. Le cirque est peut-être une couverture, mais tu es réellement passionné par les chevaux, et ce n'est qu'un exemple parmi tant d'autres.

- Duo a raison, intervient encore Trowa, impressionné par la clairvoyance de Duo qui a su si bien lire en Heero.

Lui aussi voit l'occasion de sauver son meilleur ami, celui qu'il considère comme son frère.

Il est bien trop borné, mais surtout conditionné, pour accepter que Duo soit son salut, comme Quatre l'a été pour lui.

Heero avait raison, ses circuits ne lâcheront pas aussi facilement que ses propres fils de marionnette.

- Et alors ? réplique Heero en repoussant Duo.

- Alors, pour continuer avec cet exemple, je peux t'engager dans nos écuries, Heero, lui répond Quatre. Nous avons des chevaux parmi les meilleurs au monde, tu apprécieras vraiment de travailler avec eux. Et il y a du travail pour les bonnes volontés, tu ne risques pas de t'ennuyer. Ce que j'ai pu voir me fait aussi dire que tu as beaucoup à nous apprendre.

- Et si t'es d'accord, tu pourrais même donner des cours d'équitation aux enfants de l'orphelinat. Tu as été tellement adorable avec eux, lorsqu'ils sont venus voir le spectacle, et tu ne t'es pas forcé, je l'ai bien senti. On ne peut pas tromper les enfants. Qu'en penses-tu, Quatre, je ne crois pas que l'actuel professeur y verrait un inconvénient ?

- Non, confirme Quatre. Il dit qu'il se fait vieux, alors j'avais pensé déjà le remplacer, et proposer à l'orphelinat de prendre des cours auprès d'autres écuries, en attendant, ce qui...

- Arrêtez ça ! les coupe durement Heero. Arrêtez de planifier les choses de cette façon, vous n'êtes en rien différents de ceux qui ont fait de moi ce que je suis, en agissant de la sorte ! Je refuse qu'on décide encore pour moi, ça suffit. Vous ne changerez pas ce que je suis, même si c'est ce qu'on a fait de moi et non celui que j'aurais pu être, sans cela. Cet homme enchaîné n'est qu'une chose à laquelle tu aimeras croire, Duo, il n'existe pas !

Duo se lève en serrant les poings, et marche en silence jusqu'à la fenêtre.

Quatre a un serrement au coeur en sentant la déception, la colère et la douleur qui noient son coeur.

- J'ai conscience que ce doit être difficile, Heero, d'envisager une toute autre vie. Je sais que tu n'as connu que très peu de choses en dehors de la guerre, du sang, de la violence et des meurtres.

- Tu ne sais rien.

- Tu as raison, je ne sais pas, mais je sens. On a essayé et on a réussi, dans une certaine mesure, à t'apprendre à ne pas avoir de sentiments, à les brider, mais on ne t'a jamais appris à empêcher que quelqu'un d'autre puisse les lire et les ressentir directement en toi.

- C'était inutile, puisque je n'avais jamais échoué en ressentant des choses aussi fortes. Je n'ai jamais échoué.

- Mais tu ne t'es jamais retrouvé face à un empathe. Et la liberté n'est pas un échec, Heero. Je veux bien croire qu'avant, tu ne pouvais réfléchir et te libérer de ce conditionnement, tu étais bien trop jeune. Aujourd'hui, tu as vu assez de choses, tu sais penser par toi-même, tu sais ce qui est bon et ce qui l'est moins, ce qui ne l'est pas du tout. Tu peux choisir ta vie. Et tu ne sera pas seul dans ce combat, si tu décides de le mener. Ne sous-estime pas Duo, ajoute-t-il en se levant pour rejoindre son meilleur ami, toujours près de la fenêtre, contre lequel il se blottit, le regardant droit dans les yeux. Il m'a tiré plus d'une fois d'un enfer sans nom. Même si pour toi, mon enfer ressemble au paradis, Heero, il restait mon enfer et je ne voyais plus la lumière et l'espoir. Duo est venu me chercher, encore et encore, et m'a ramené. Si tu ne veux pas te donner une chance, donne-là lui de te rendre l'humanité que tu crois avoir perdu. Donne-lui une chance de te rendre heureux. S'il y a bien une personne au monde à avoir ce pouvoir, c'est bien l'homme que je tiens dans mes bras, à cet instant, et je ne suis pas le seul à le penser.

- Merci, angel, lui dit Duo en déposant un baiser appuyé sur son front, vraiment ému, en le serrant fort quelques secondes.

Heero ne dit absolument rien, ce contentant de les regarder d'un oeil mauvais.

De toute façon, personne ne s'attendait à ce qu'il fasse une remarque quelconque, surtout après ce genre de discours.

- Bien, reprend Quatre en se détachant de Duo, mais lui souriant toujours, je pense qu'il vaut mieux qu'on vous laisse, maintenant.

Duo lui rend son sourire, puis Quatre se tourne vers Heero, alors que Trowa se lève à son tour.

Ces dernières minutes l'ont aussi beaucoup touché, et s'il n'en montre rien, Quatre le sent et est heureux de ne déceler aucune jalousie, dans le coeur de son amant.

Il aurait pu être jaloux et ça aurait été totalement compréhensible, car le lien qui l'unit à Duo va au-delà de tout ce que deux être peuvent expérimenter, ça dépasse l'entendement, c'est tout simplement indescriptible.

Mais ce qui l'unit à Trowa l'est tout autant, mais dans un autre registre, d'où cette compréhension totale et cette absence de jalousie qui aurait été une insulte à ce type de lien qu'ils partagent.

- Heero, je suis persuadé que tu ne m'as pas uniquement sauvé parce que je t'avais donné cette mission, ni seulement au nom de ce qui t'unit à Trowa. Tu l'as aussi fait pour Duo.

- C'était le prix convenu pour la mission que tu m'as confié, Quatre.

- Tu ne trompes personne, Heero, c'est inutile.

Le mercenaire lance un regard noir au prince, qu'il soutient sans effort, nullement impressionné.

Ce serait plutôt à Heero de l'être dans ce cas précis.

En tout cas, Trowa l'est...

Même s'il a toujours eu une idée de la force intérieure de Quatre, il n'en est pas moins très impressionné d'en voir la démonstration, via ce regard qui en aurait fait plier plus d'un.

Et qui réussit à fissurer le mur d'impassibilité d'Heero.

- Vous n'aviez pas décidé de nous laisser tranquille ? finit par grommeler Heero, justement.

Le "nous" n'échappe à personne, même si aucun d'eux n'en fait la remarque.

- Ne t'en prends pas à lui, 'Ro, il fait ça pour vous, lui dit Trowa en se penchant pour l'embrasser. Sois raisonnable avec ton traitement, je repasse te voir tout à l'heure. A plus tard.

- Une dernière chose, lui dit Quatre, la main sur la poignée de la porte. Ces appartements sont à ton entière disposition, si tu te décides à être raisonnable, tu peux y rester autant que tu le souhaites. Tu peux aussi rejoindre le cirque dans la prochaine ville, sans problème... si tu décides de repartir, bien sûr. Ce serait plus prudent d'agir ainsi, d'ailleurs. Je veux dire, de te reposer encore ici. Mais tu es parfaitement capable de juger seul de la situation, alors je n'insiste pas. Si vous avez besoin de quoi que ce soit, n'hésitez pas, nous ne serons pas loin. A tout à l'heure.

- Merci, angel, à tout à l'heure.

Une fois seuls, Duo observe longuement Heero, qui lui rend son regard sans ciller ; il se détache du rebords de la fenêtre, contre laquelle il avait repris appui, et va lui chercher un verre d'eau, avant de revenir et de le lui tendre, accompagné de ses médicaments.

Heero boit le verre d'eau, prend un des cachets qu'il a reconnu, mais dépose les deux autres, refusant de laisser ses capacités être diminuées par des tranquillisants, bien fichus de l'endormir encore.

- Heero...

- Ton ami m'a assez abruti avec ses belles paroles, je tiens à rester lucide.

- Tu n'aimes vraiment pas entendre la vérité.

- Une vérité qui ne l'est que pour un nombre de personnes n'est pas la vérité, ce n'est qu'une vérité.

- Heero...

- Je suis un assassin, Duo, ça, c'est la vérité, et tu n'y changeras rien. J'ai 24 ans, je tue depuis que j'ai 5 ans. Que cela te plaise ou non, j'ai pris de nombreuses vies, et bien avant de pouvoir décider par moi-même de le faire ou non.

Duo serre les poings, la mâchoire crispée.

Pourquoi faut-il donc qu'il insiste si lourdement sur ce fait ?

- Tu as été conditionné, le véritable toi ne l'aurait jamais fait !

- Va dire ça aux femmes que j'ai rendu veuves et aux enfants que j'ai rendu orphelins.

- C'est... c'est du passé...

- C'est en moi, Duo. Tu parles du véritable moi, mais qu'est-ce que tu connais de cette partie de moi, hein ? Arrête de rêver que tu peux changer la nature d'un homme, qu'on a façonné et modelé jour après jour. Tu as peut-être fait des miracles avec ton ami, mais je suis différent, tu l'as toi-même souligné plus d'une fois.

- Tu vas me dire que c'est trop tard pour toi, c'est ça ? Tu sais que c'est faux ! Regarde autour de toi ! Wufei a quitté les mercenaires pour Sally et elle-même a quitté l'hôpital pour le suivre ! Regarde Trowa, il a déjà commencé à changer pour Quatre !

- Ils s'aiment.

Duo se mord la lèvre.

Il pensait pas que ça pouvait être si douloureux...

Mais il est bien décidé à se battre jusqu'au bout.

- Tu veux m'éloigner de toi pour que je te laisse retourner à ta vie d'avant, où tu as le contrôle, Heero, mais ça ne marche pas comme ça !

Heero laisse échapper un ricanement qui sonne cruellement aux oreilles de Duo, encore une fois.

- Non, tu n'es pas naïf au point de croire que je puisse réellement être tombé amoureux de toi, Duo ?

- Arrête ça...

Le visage d'Heero redevient froid.

- Je suis incapable d'éprouver le moindre sentiment, sinon avec mon corps. Je hais avec mon corps, je tue avec mon corps, j'aime avec mon corps. Mais aucun sentiment n'existe réellement dans mon coeur, lui-même n'est qu'un organe fonctionnel. Si tu n'avais pas été un aussi bon coup, je t'aurais tué, j'en ai eu de si nombreuses fois l'occasion. Je n'ai pas à m'encombrer de...

Lassé de ses mots, Duo attrape le visage d'Heero et écrase sa bouche contre la sienne, à une vitesse quasi surhumaine, qui ne laisse guère le temps à Heero de réagir.

Il le sent rapidement pousser quelque chose à l'intérieur, avec sa langue, et ils luttent un long moment, jusqu'à être au bord de l'asphyxie.

Duo se recule enfin, ayant réussi à faire avaler à Heero les deux médicaments qu'il a précédemment dédaignés.

- Baka... T'as dû ingurgiter une bonne partie des cachets qui se sont dissous ! crache presque Heero, pas fier de s'être laissé avoir.

- Ca calmera peut-être les nerfs que tu me mets en boule, depuis ton réveil, répond Duo en s'essuyant la bouche. Et puis c'est toujours toi qui en a avalé la plus grosse partie. Et vue les modifications qu'a subi ton organisme, je suis même pas sûr des effets, s'il t'en faut une triple dose ou si un dixième te suffit... De toute façon, tu m'as cherché, j'en avais assez de t'entendre raconter n'importe quoi.

- Ca t'arrange de croire que c'est n'importe quoi.

- Ca l'est ! Pourquoi m'as-tu demandé de rejoindre les mercenaires, si tu n'éprouves rien ?

- Uniquement pour te provoquer. Toi qui accorde tant de prix à la vie humaine, ça aurait été très drôle de t'avoir pour partenaire. Et si chacune de nos missions se termine comme la première, ça n'en est que plus intéressant, encore. Si t'as besoin d'une autre raison, je te dirais seulement ce que tu sais déjà : il faudra bien songer à remplacer Trowa.

- Et bien désolé de déjouer tes plans, tu devras trouver quelqu'un d'autre.

- T'en fais pas, je me suis déjà fait une raison, j'pense vraiment pas être capable de te supporter longtemps, quand tu te mets dans cet état; .

Duo serre les poings, encore une fois.

- C'est tout ce que tu as à me dire, Heero, vraiment ?

- Si t'attends une déclaration, tu peux t'installer, t'attendra encore bien après que je sois parti.

- Pourquoi tu refuses de reconnaître ce qui se passe, entre nous ? Pourquoi as-tu aussi peur, de qui ou de quoi as-tu aussi peur ?

Heero l'attrape par le poignet et l'attire d'une traction puissante contre lui, enroulant son deuxième bras autour de sa taille pour bloquer toute fuite ; Duo pose son autre main sur le lit pour se stabiliser, se rapprochant encore involontairement.

Durant un bref instant, ils se contentent de se regarder, leurs yeux hurlant ce que leurs bouches se refusent à dire.

Lassé de cette énième affrontement, décidé à jouer le tout pour le tout, Duo craque le premier et capture les lèvres d'Heero, qui lâche son poignet et remonte sa main jusqu'à sa nuque.

Il l'entoure en une tendre caresse et appuie doucement dessus, pour approfondir ce baiser auquel il a immédiatement répondu, et qu'ils poursuivent durant un très long moment.

Un baiser qui en cache plusieurs, tantôt langoureux, parfois impatients, parfois fougueux, passionnés, tantôt tendres et doux, parfois taquins et provocateurs, d'autres fois désespérés et suppliants.

Mais aussi et surtout toujours vibrants de cet amour qu'ils ne s'autorisent pas à exprimer autrement.

A bout de souffle, Heero s'écarte ensuite légèrement, mais les maintient front contre front, alors qu'il leur laisse le temps de reprendre tous les deux leur respiration, en silence.

Se sentant de nouveau capable de reprendre, Heero détache son front et se recule encore un peu de Duo, avec une difficulté qu'il n'aurait jamais cru si grande. .

- Je ne nie pas ce qui s'est passé Duo, lui dit-il en plongeant ses yeux dans les siens, je ne nie pas non plus ce que tu ressens, ni... ni ce que je ressens...

- Heero, ne fais pas ça...

La main d'Heero glisse de la nuque de Duo, où elle était restée posée, caressante, jusqu'à son torse où elle s'immobilise, à plat ; le mercenaire y prend appui et le repousse alors avec douceur, certes, mais avec surtout une fermeté qui ne tolère aucune résistance.

- Je pourrais le nier, je l'ai fait, il n'y a pas cinq minutes. Mais je ne le ferai plus. Cela ne change rien, pourtant, à notre situation actuelle et tu le sais, Duo ; car il y a un autre fait que je ne peux pas nier, que tu refuses d'accepter, c'est ce que je suis. Je ne te le reproche pas, tu as raison.

- Je ne te demande pas de le nier, et je suis même prêt à l'accepter, si seulement toi tu acceptais mon aide ! Tu me l'as demandé, Heero.

- Tu as rêvé.

- Non, c'était réel ! Lorsque je me suis réveillé à tes côtés, hier, nos mains étaient entrelacées. Quand j'ai voulu me dégager pour me relever, tu as resserré ta prise, alors que tu étais inconscient et encore brûlant de fièvre. Tu voulais que je reste près de toi, tu m'as retenu parce que quand on est dans cet état, on a besoin d'une lumière vers laquelle se diriger. Je l'ai vécu, Heero, ne l'oublie pas. C'est pour ça que tu avais ta main posée sur ma tête, ce matin, c'était ta manière de me remercier...

- Alors c'est ça que tu attends, Duo, que je te dise "merci" de m'avoir ramener ? Très bien ! Merci, Duo, dit-il en inclinant humblement la tête. T'es content ?

- Je...

- T'es au moins conscient que personne ne pourra jamais prouver que c'est bien toi, qui m'a ramené ?

- J'en ai rien à faire, si toi, tu y crois, ça me suffit ! Parce que ça veut dire que tu me crois capable de t'aider...

- J'y crois.

- Alors pourquoi tu...

Le doigt d'Heero en travers de sa bouche l'empêche de poursuivre.

- Je t'ai dit que le moment venu, je te démontrerai que je peux me passer de toi.

- Tu...

- Tu m'as aidé à revenir, je t'ai remercié. Maintenant rentres chez toi, Duo, retournes à ta vie.

- C'est vraiment ce que tu veux ? Je peux pas y croire ! Pas après tout ce qu'on vient de se dire...

- Dans l'état actuel des choses, c'est mieux pour tout le monde, Duo. On a rien à faire ensemble, aujourd'hui. Reconnais-le, accepte le fait qu'il y ait certaines choses auxquelles tu ne puisses rien changer et cesse de faire l'enfant.

Duo se redresse, son regard se durcit.

- Parfait. Puisque je n'ai rien à faire de plus ici, je vais passer au cirque dire au revoir à la troupe.

- Ils seront ravis.

- Tout ça pour en arriver là, finalement... Je me demande si on a vraiment eu le choix, à un quelconque moment !.

- Je t'ai dit que certaines choses ne pouvaient pas...

- La ferme ! J'ai bien compris, te fatigue pas à répéter. Nos routes se séparent, comme prévu, alors adieu, Heero. Je ne peux te souhaiter une bonne continuation, connaissant tes activités, auxquelles tu refuses de renoncer.

Malgré sa douleur, sa fierté, son ego et son coeur en miettes, Duo fait une dernière tentative...

- J'me passerai de ta bénédiction.

... qu'Heero s'empresse d'écraser, comme il l'aurait fait d'un cafard à l'agonie rampant sur le carrelage.

A cet instant il se hait comme jamais.

Mais c'est le seul moyen pour que Duo sorte de cette pièce sans se retourner, sans quoi, il n'arrivera jamais à aller au bout de la résolution qu'il a prise.

Duo a tellement mal, il n'est tellement plus que douleur qu'un peu plus ou un peu moins ne fait plus aucune différence.

Et quelque part, il se sent libéré...

Il a fait tout ce qu'il pouvait, il n'a plus aucun regret à avoir.

L'espoir est définitivement soufflé, les braises et les cendres sont profondément enfouis dans le sable, pour ne plus jamais faire renaître sa flamme.

Il souffre, mais il se sent mieux quand même.

- C'est difficile, mais encore une fois, je te sais capable de changer, Heero, vraiment. J'aurais aimé que tu le fasses pour moi, avec mon aide. Peut-être que je ne le mérite pas, après tout. Quoi qu'il en soit, j'espère que tu y arriveras quand même un jour, peut-être pour toi, ou pour quelqu'un d'autre, même si ça me fait mal d'y penser. Adieu, Heero.

- Au revoir, Duo.

Ils se regardent encore longuement, puis Duo fait demi-tour et quitte la pièce, sans un regard ni un mot supplémentaire.

Heero fixe la porte refermée avec un sourire indéchiffrable, puis lève ses deux mains tâchées d'un sang invisible, mais non moins présent, pour lui, à hauteur de ses yeux...

- J'y arriverai, tu peux en être sûr, Duo.

Il prend le bloc posé sur la table de chevet et son stylo, et commence à écrire.

Je ne suis pas une personne parfaite
Il y a de nombreuses choses que je souhaiterai n'avoir jamais faites
Mais je vais continuer d'apprendre
Alors avant de partir, je dois t'écrire ce que je n'ai pas pu te dire,
Ce que je veux seulement que tu saches :
Je me suis trouvé une raison de changer celui que j'avais l'habitude d'être
Une raison de recommencer à zéro,
Et la raison, c'est toi.
Je suis désolé de t'avoir blessé,
C'est une chose avec laquelle je vais devoir vivre, tous les jours.
Et toute la douleur que je t'ai fait subir, j'espère que je pourrais l'effacer
Et être celui qui sèchera tes larmes.
C'est pour ça que j'ai besoin que tu lises ça.
Je me suis trouvé une raison de montrer une partie de moi que tu ne connaissais pas, en t'écrivant,
Une raison pour tout ce que je vais faire, à partir de maintenant
Et la raison, c'est toi.

Il repose ensuite le bloc et le stylo, satisfait, puis ôte une de ses bagues, celle que Duo avait longuement admiré, cette nuit-là, comparant le bleu du saphir au bleu des yeux d'Heero.

- Pour toi, j'y arriverai, murmure-t-il enfin, en posant le bijou sur la feuille noircie par ses confidences et ses promesses. Alors à dans six mois, Duo Maxwell...

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Owari


Merci d'avoir lu ce dernier chapitre et ma fic en général, merci à celles et ceux qui laisseront des reviews auxquelles je ne pourrais pas répondre, merci pour tous vos messages, vos mails, vos reviews, vos clins d'oeil, vos encouragements, votre soutien, votre bonne humeur, vos coups de gueules, votre enthousiasme, bref...

MERCI pour TOUT !

Comme vous avez pu le constater, c'est une fin qu'on peut qualifier d'ouverte et qu'on peut interpréter de mille façons, enfin, tout le monde peut imaginer la suite qu'il souhaite, plutôt !

Si je ne m'engage pas à vous donner ma version en vous promettant une suite, je ne ferme pas la porte non plus, je m'étais arrêtée là dans cette histoire et je vous l'ai donc livrée telle quelle.

Je ne pense pas que ça frustre ou donne l'impression d'être bâclée (enfin j'espère pas ! ? )...

J'espère vous avoir fait passer un bon moment, jusqu'au bout !

Bonne continuation à tous et plein d'inspiration pour les auteurs !

A bientôt pour celles et ceux qui suivent mes autres fics ou dont je suis moi-même les fics (avec un peu de retard, sorry !)

Bisous à tout le monde !

Lysanea.


Edit du 18 décembre 2008 : la séquelle de cette fic existe enfin : "Chasse gardée", le lien est dans mon profil !

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