Echec et mat, ma Reine

Echec et mat, ma Reine !

1ère Epoque : Epilogue

(ou prologue, c'est vous qui voyez)

Tour de Haute Sorcellerie de Palanthas

Raistlin se réveilla en sursaut et jeta un regard un peu hébété autour de lui. Un rideau de flamme tomba près de son visage et une voix familière s'éleva.

- Ah, tout de même ! Je commençais à m'inquiéter. Tu aurais dût te réveiller depuis une bonne heure. Expliqua Pyra en repoussant ses mèches.

- Quoi ? Demanda l'archimage un peu vaseux.

- Pyra t'as fait dormir le temps que tu te remettes de tes émotions. Commenta une seconde voix.

Raistlin se redressa et focalisa laborieusement sa vision sur l'elfe. La brume qui lui engluait le cerveau s'estompant tout juste.

- Tu m'as fait dormir ? Longtemps ? On est à la Tour n'est ce pas ? Comment va Talion ? Et qu'avez-vous fait de Valoran ? J'ai un petit creux ? On est quel jour ?

- Holà, holà, doucement. S'amusa Pyra. Oui, cinq mois, oui, mort, cloîtré, on t'apporte ça, jeudi.

- Hein ?????

- Quoi, j'ai répondu à tes questions non ?

- Pyra…Gronda l'humain de plus en plus alerte.

- D'accord, d'accord. Oui, nous sommes à la Tour, Dalamar t'a téléporté ici dès que le village a été reconstruit, les golems éliminés et les obsèques de Talion achevés. Il s'est suicidé. Sa famille lui manquait vraiment trop tu sais… Valoran a été placé par Crysania -Gentille fille entre-nous- Dans un cloître du sud de Enstar. Dalamar à voulut le tuer mais nous nous sommes opposés. Expliqua-t-elle.

- Vous l'avez protégé ? Pourquoi ? Gronda Raist avec avidité.

- Il n'était pas vraiment responsable de ses actes. Et il a de toute façon sombré dans la folie la plus complète. Avec Crysa, nous avons bloqués ses pouvoirs. Il ne se rends plus compte de rien. Il passe ses journées à cajoler une poupée de chiffon en chantonnant. Se désola Pyra.

L'archimage se détendit.

- Je vois. Vous avez bien fait…

- Raist ! Après ce qu'il a fait !

Le survivant des Abysses secoua la tête, refusant de remettre les choses en question.

- Ce qui a été fait a été bien fait, mon chéri. Cela suffit.

L'elfe s'empourpra sous le petit nom affectueux et posa un grand plateau chargé d'un grand bol de lait et d'un foie de veau poêlé sur les genoux de son amie

- Beuh… C'est quoi cette horreur ?

- Tout ce qu'il faut à une future maman convalescente.

- Tiens, c'est vrai… Elle pouffa. J'avais complètement oublié.

- Tu m'en veux ?

- Meuh non…. Elle repoussa le plateau, passa sa main sur son ventre et fit la grimace.

- C'est normal qu'il soit aussi imposant à deux mois ? Demanda-t-elle à Pyra.

- Je t'ai fait dormir cinq mois, je te l'ai dit.

- CINQ MOIS ! TU M'AS FAIT DORMIR CINQ MOIS !!!! Releva Raist

- C'était nécessaire…

- NECESSAIRE ? TU TE FOUS DE MOI ?

- Arrête de crier ! Et laisse moi t'expliquer.

- M'EXPLIQUER ? JE ME FICHE DE TES EXPLICATIONS ! POURQUOI L'AS-TU LAISSE FAIRE ?

- Raist…

- RAISTLIN MAJERE, CA SUFFIT ! Tu a faillit perdre ton bébé. Il te fallait du repos, beaucoup de repos et la seule façon de te tenir au lit de force était de te faire dormir. Et nous avons eu beaucoup de mal à sauver ta fille, Dalamar et moi. Alors arrête immédiatement tes bêtises. Il te reste neuf semaines avant l'accouchement. Tu devras resté le plus tranquille possible jusque là. Si tu fais l'andouille, je te préviens que je te rendort aussi sec. Est-ce clair ? Imposa Pyra d'une voix glacée.

L'archimage s'insurgea et fit mine de se lever.

- Tu n'es pas assez forte pour me forcer à faire quoi que ce soit, fillette !

Un bouclier magique s'abattit, sensément prévu pour empêcher la rouquine de bouger.

La jeune robe noire soupira de contrariété et ôta le gant de cuir qui lui recouvrait la main. La pierre s'embrasa et le bouclier disparut.

Raistlin chancela.

Dalamar se précipita vers son maître et jeta un regard noir à la jeune femme.

- Tu es aussi faible qu'un poussin nouveau-né, Raist. Je ne t'impose pas ces contraintes par plaisir, mais pour ta sécurité et celle de ta fille.

L'archimage releva la tête.

- C'est une fille ?

- Ouaip !

- Misère ! S'effondra l'elfe. Tu ne m'avais pas annoncé "ça", Pyra !

La magicienne aux cheveux de neige jeta un regard blessé au père de son enfant.

- Deux…Deux femelles insupportables, désobéissantes, et puissantes de la pointe des orteils jusqu'au bout des ongles. Je tiendrais jamais le coup ! Déclama l'elfe en prenant une pause théâtrale. Les Dieux m'en soient témoins, je devrait peut-être demander l'asile politique aux nains des ravins ? Finit-il avec une grimace.

Les deux jeunes femmes lui balancèrent tous les oreillers et coussins qu'elles avaient à portée de mains.

Pyra s'assit sur le rebord du lit et fit ses ultimes recommandations à ses amis.

- Alors c'est bien compris. Pas de folies, tu te reposes au maximum, et vous n'hésitez pas à m'appeler en cas de problèmes.

- Tu t'en va ?

- J'étouffe ici. Il faut que je prenne un peu la tangente.

- Tu reviendras pour l'accouchement ?

Elle eut un reniflement méprisant.

- Risquer de louper la naissance de ma filleule ? Tu plaisantes ! Evidement que je serais là. Je ne laisserais à personne d'autre le soin de t'assister pour la délivrance !

Raistlana se détendit.

- Alors à dans deux mois…

*************************

Sur la route de Sanxion, deux mois plus tard.

Début de soirée.

Pyra se laissa glisser le long du flanc de sa jument et poussa la porte de l'écurie. Elle s'ébroua pour chasser l'eau qui lui coulait dans les yeux et maudit l'orage qui avait éclaté en milieu d'après-midi. Un jeune lad s'approcha et voulu prendre les rênes. La pouliche pie coucha les oreilles et lança ses grandes dents jaunes en avant avec la ferme intention d'ajouter de la chair fraîche à son dîner. Pyra lui tapa affectueusement sur le nez pendant que le jeune garçon reculait précipitamment.

- Laisse, petit. Je vais m'occuper d'elle. Elle a souvent mauvais caractère.

Le lad s'éloigna et revint bientôt avec une botte de foin et un seau de grain. La magicienne les lui pris des mains et servit sa monture.

- C'est quoi comme cheval ? Je n'ai jamais vu de dame monter un monstre pareil…

Pyra eut un sourire amusé et sortit du box. Elle referma la porte et s'appuya contre le battant inférieur.

- C'est un Cheval de Bataille Solamnique. Vilain comme morceau de granit, mais tout aussi résistant.

L'adolescent ouvrit les yeux d'étonnement.

- Vous êtes une guerrière ? Demanda-t-il en voyant l'épée qui battait le flanc de la jeune femme.

- Non, non…Pas vraiment, et vraiment pas…Tu crois qu'il reste une chambre ?

- L'auberge est presque pleine mais il doit rester de la place.

- Va me réserver une chambre et un dîner s'il te plaît. J'arrive de suite. Commanda Pyra en glissant une pièce de cuivre dans la main du lad.

- Tout de suite, Ma Dame.

Pyra regarda détaler le garçon et s'étira lourdement. Egon de percha sur la croupe de Lance d'Acier et s'envola vers le bas flanc comme la jument le chassait d'un coup de dents dans le vide. Sharn et Ekalaka entrèrent dans l'écurie et les autres chevaux renâclèrent. D'une pensée, la magicienne les calma et prononça deux mots. Une immonde odeur de chien mouillé lui envahit les narines à mesure que la fourrures et les plumes de ses amis séchaient.

Le jeune garçon revint avertir la magicienne que ses réservations étaient faites et s'extasia devant les énormes chiens qui s'ébrouaient dans la pénombre. Il ravala son air lorsqu'il les vit passer devant la lampe. Les familiers se couchèrent devant la porte du box de la jument.

- Je vous ferais apporter de la viande. Promis la magicienne

Pyra rabattit son capuchon sur ses épaules et entra dans l'auberge. Un ramassis hétéroclite de brutes, de brigands et de maraudeurs s'entassaient péniblement dans la petite salle commune. Les lazzis et les quolibets jaillirent de tous côté lorsque la jeune femme s'avança dans la lumière. Elle balaya la salle du regard et chercha une place.

Elle aperçût cinq elfes serrés les uns contre les autres visiblement dégoûtés par le spectacle déplorable de ce ramassis d'humanité. L'un des elfes de la quintette se leva.

- Ma Dame, je suis Famanos, mes amis et moi serions heureux que vous acceptiez de vous joindre à nous. Se présenta l'elfe en commun.

- Je vous suis grée de votre invitation, Guerrier. Répondit Pyra dans un sylvanesti parfait. Mais l'honnêteté et le respect me force à vous informer que je suis Magicienne des Robes Noires.

Le guerrier tiqua et se retourna vers ses frères. Celui qui semblait le chef du petit groupe acquiesça de la tête.

- Votre mise en garde est comprise et acceptée. Notre hospitalité vous est néanmoins acquise.

- Je l'accepte avec reconnaissance. Termina Pyra en suivant le rituel avec un sourire plein de fossettes.

Famanos s'effaça devant elle et lui indiqua sa table.

Une des brutes qui n'avait bien sûr rien compris à l'échange se leva et empoigna la jeune femme par le bras.

- Viens donc par là la donzelle. Si tu veux du mâle, c'est pas avec ses demi-portions que tu en trouveras. Hein les gars. On va bien s'occuper de toi ma mignonne.

Pyra jeta un regard polaire au soudard, bien trop éméché pour s'en émouvoir.

- Aller la belle. Insista-t-il en la tirant vers sa table.

Famanos porta la main à son épée mais s'arrêta nette lorsque la cape entrouverte de Pyra révéla la garde de Koran.

- Ah, misère… Soupira la rouquine. Dis mon gros, puisque le langage diplomatique est, semble-t-il, lettre morte à ton attention, je te donne deux secondes pour virer tes grosses pattes pleines de doigts de mon bras ou je te t'arraches les noix en passant par la bouche et je te pends par les boyaux à la plus proche palissade.

Le soudard accusa le coup et fit mine de se retirer. Les moqueries des autres buveurs s'enflèrent. Ne voulant pas perdre la face, il gonfla le torse et se rapprocha davantage.

- Ok la belle. Dit-il en ôtant sa main du bras. Si c'est ce que tu veux. Continua-t-il en collant sa main sur les fesses de Pyra avec un rire gras.

Pyra réagit avec une calme efficacité. Tirant Koran de son fourreau de la main droite, elle empoigna la main de l'homme de la gauche et le déséquilibra d'un balayage. D'un brusque mouvement du tronc, elle le fit culbuter. Le bras toujours fermement tenu craqua avec un bruit de branche morte et un flot de sang jaillit de la fracture ouverte.

En une fraction de seconde, la brute se retrouva au sol, pissant le sang et la pointe d'une épée de fort beau gabarit sur la gorge.

Pyra renifla de mépris selon sa bonne habitude et entama la joue du type.

- Un petit souvenir. Que tu puisses te rappeler de ne jamais toucher une femme contre sa volonté ! Expliqua-t-elle d'une voix qui aurait congelée de la lave en fusion.

L'homme tremblait en se tenant le bras, dégrisé comme le reste de l'assistance.

Elle observa un instant la blessure et se tourna vers l'elfe. Elle ôta sa cape et l'homme gémit en voyant les runes qui l'identifiait comme magicienne, puis se convulsa en réalisant la couleur de la robe. Un silence mortel planait dans l'auberge.

- Famanos, mon cher, pourriez vous me conserver ma cape ? Si je ne répare pas se crétin, nous allons patauger dans le sang jusqu'aux genoux.

- Heu…bien…bien sûr…

- Merci, mon cher.

Elle se pencha sur l'homme qui tenta de reculer en rampant.

- Oh, suffit ! Cracha-t-elle.

L'homme s'immobilisa.

Elle ôta ensuite son gant et observa un instant la pierre en fronçant les sourcils. Relevant les yeux, elle approcha sa main de la plaie et prononça un mot. La plaie de résorba et disparu. Ne laissant qu'un cicatrice violette. Elle se redressa, récupéra sa cape des mains de l'elfe hébété et glissa deux pièces d'or dans la main de l'aubergiste "pour le dérangement". Elle s'assit à la table des elfes comme le soudard et ses amis quittaient l'auberge. Quelques minutes plus tard, le train-train des conversations avaient repris.

- La plupart de ses gens sont soudain affligés de strabisme. Remarqua en riant Pyra.

- Voir une magicienne des robes noires, portant l'épée et soignant avec autant de facilité n'est pas chose évidente, Ma dame…?

- Pardonnez moi, je manque à tous mes devoirs. On m'appelle Pyra.

- On vous appelle ?

- Mon vrai nom est un peu ostentatoire. Grimaça-t-elle d'un ton refusant la polémique.

Le chef des elfes inclina la tête et présenta son petit groupe.

- Vous connaissez Famanos. Commença-t-il en présentant l'elfe blond qui l'avait abordé. Voici Quéris. Continua-t-il en se tournant vers un petit brun visiblement très jeune. Les jumeaux sont Valenth et Talenth. Poursuivit-il en désignant deux jeunes elfes aux cheveux striés d'or et d'argent. Et je suis Daltra-ha-hanka-shillestalérion, mais on m'appelle Dalérion. Je dirige ce petit commando.

Pyra hoqueta.

- Dalérion ? Le frère aîné de Dalamar ?

L'elfe accusa le coup.

- Je ne connaît aucun elfe de ce nom, Ma Dame. Vous devez faire erreur.

L'humaine haussa un sourcil mais n'insista pas.

La soirée se poursuivit agréablement, Pyra parvenant presque à persuader les cinq elfes que les Robes Noires ne dévoraient pas les bébés pour leur petit déjeuner et ne violaient pas les chèvres les nuits de pleine lune le corps barbouillé de sang de dragon.

**************************

Auberge, milieu de la nuit.

Un cri mental retentit dans la chambre et réveilla Pyra en sursaut. Les elfes, qui lui avaient gentiment proposé de partager leur chambre continuaient à ronfler comme des bienheureux.

- 'PYRA ! Réponds, je t'en prie…'

- 'Dalamar ? Mais que ce passe-t-il ? Tu sais l'heure qu'il est ?' Grogna la jeune femme.

- 'S'il te plaît, viens vite…'

- 'Le bébé ? C'est trop tôt !'

- 'Non, c'est Raistlin qui m'inquiète. Je ne sais plus quoi faire. Je ne l'ai jamais vu dans cet état.'

- 'Allons, calme-toi. J'arrive. Reste en ligne. Je vais me téléporter. Tu va me servir de référence. Sois près à me guider. Je te préviendrait pour le saut. Va à la cuisine et avale un grand vers d'eau glacée. J'en ai pour quelques minutes.'

- 'D'accord.' Acquiesça l'elfe avec un visible soulagement dans ses pensées.

Pyra se leva et enfila ses bottes. Elle ceignit Koran et projeta sa pensée vers l'écurie. Sharn et Eka se réveillèrent de méchante humeur mais acceptèrent de faire seller la jument.

- Vous partez ? Demanda une voix.

- Je suis désolé Dalérion, mais Dalamar viens de m'appeler en catastrophe. Son amie est proche d'accoucher et il y a un problème.

L'elfe se balança d'un pied sur l'autre.

- Il va bien ? Demanda-t-il d'une petit voix.

- Votre frère va très bien. Confirma la magicienne. Il dirige les robes noires, est maître de la Tour de Palanthas par intérim et va bientôt être papa.

- Oh…

- Venez le voir si vous passez par Palanthas. Je suis sûre qu'il sera ravi.

- J'en doute. Grinça l'elfe.

Pyra boucla sa cape et haussa les épaules.

- Bien, si vous voulez m'excuser… Passez le bonjour aux autres de ma part voulez-vous ?

- Je n'y manquerait pas. J'espère que nous nous reverrons.

Le regard de Pyra se fit distant. Elle secoua la tête et ouvrit la porte de la chambre.

- J'en suis certaine Daltra-ha-hanka-shillestalérion. J'en suis certaine… Confirma-t-elle en s'éclipsant.

Pyra se rua dans l'écurie et arracha les rênes de la jument pie des mains du lad endormis. Elle se hissa en selle et pris ses familiers en croupe.

- 'Dalamar ? Je suis prête.'

- 'Bien. A trois'

L'elfe et la jeune femme comptèrent de concert. La translation s'effectua sans dommage et Pyra se retrouva devant la grille de la Tour en plein midi. Elle maudit le décalage horaire et le sort qui empêchait toute téléportation directe à l'intérieur et lança sa jument au galop. La bête frémit en sentant les Gardiens se ruer sur elle, mais l'inquiétude de la magicienne et les ordres de Dalamar les empêchèrent de les stopper.

Devant la porte, elle démonta et jeta les rênes au Gardien le plus proche. Celui-ci n'osa pas désobéir.

Elle gravit les marches quatre à quatre et ouvrit la porte de la chambre de Raistlin à la volée. Elle lança cape et épée sur le premier fauteuil et s'assit près de son amie. Dalamar leva les yeux sur elle. Les cernes noires qui lui décoraient la face criant au monde son inquiétude et sa détresse.

- Qu'est ce qu'il à ? Demanda-t-il

Pyra posa une main sur le front de Raist.

- Raist ? Ma chérie ? Que t'arrive-t-il, Mon chou ?

La femme aux mèches neigeuses tourna un regard morne vers son amie aux cheveux rouges et se renfonça un peu plus sous les couvertures.

- Elle ne veut rien manger, elle ne bouge plus, elle ne m'adresse même plus la parole…

L'elfe se tordait les mains de désespoir.

Pyra soupira et regarda autour d'elle avant de se lever et d'aller jeter un coup d'œil à la fenêtre. Le spectacle la fit frémir.

- Elle déprime.

- Quoi ?

- Elle fait une dépression. Tout simplement. L'ambiance de cette foutue Tour n'invite pas tout à fait à délirer de bonheur, je te signale. Il faut qu'elle aille autre part jusqu'à la naissance. Une idée lui vint en tête. Il a bien un frère n'est-ce pas ?

- Oui, mais…il n'est au courant ni de son retour, ni de son…ses…modifications physique.

- Eh bien c'est le moment idéal pour ce faire. Le bébé protégera Raist de son frère, et toi tu pourra t'occuper d'elle autant qu'il faut. Il est jaloux que tu ne t'occupes pas assez de lui tu sais.

- J'ai eût beaucoup de travail. S'excusa l'elfe, heureux de pouvoir confier à quelqu'un d'autre une situation qui le dépassait et le terrorisait.

- Bien, alors c'est réglé. Fait tes bagages et ceux de Raist, nous partons pour… C'est où au fait ?

- Solace.

- Parfait. Nous partons pour Solace demain matin. Tu y est déjà allé ?

- Oui, une fois ou deux.

- Encore mieux. Je prépare le sort, tu n'auras plus qu'à le lancer. Je vais m'occuper de Raist pour le départ, fait les bagages, elfe.

- Oui, m'dame.

Pyra sourit et retourna vers le lit.

- Raist ? Demain on t'emmène en promenade. Tu vas avoir Dalamar pour toi toute seule pour les semaines à venir. C'est pas une bonne nouvelle ça ?

L'archimage jeta un œil où une infime lueur d'intérêt s'amplifiait.

- Où va-t-on ?

- A Solace. Voir ton frère.

L'archimage se dressa complètement sur son lit.

- QUOI ?!

- Ca va être marrant. Imagine la scène lorsque ton frère…

- Caramon.

- Caramon. Reprit Pyra. Va apprendre que Dalamar t'est passé dessus…

Raistlin ouvrit de grands yeux et un sourire, puis un petit ricanement franchirent ses lèvres pales.

*********************

Solace, le lendemain matin.

Les trois magiciens s'arrêtèrent devant la porte de l'auberge. Raistlin s'appuya lourdement sur le bras de Pyra. La téléportation s'était parfaitement passée mais le peu d'énergie que Raist avait dût y mettre l'avait vidé. Pyra posa sa main dégantée sur son front et lui insuffla un peu de sa propre énergie.

- Merci… Souffla la future maman en s'asseyant sur un banc.

- De rien. Dalamar. Va voir Caramon. Explique lui la situation…

- Hein ? Moi ? Mais qu'est ce que je vais lui dire ?

- Tu va trouver, ne t'inquiètes pas.

L'elfe râla bien un peu pour le principe et entra.

Ses yeux mirent quelques secondes à s'habituer à la pénombre. Une voix féminine s'éleva sur sa droite.

- L'auberge est fermée Monseigneur. Repassez dans une petite heure, je vous prie.

- Tika ? Demanda l'elfe avec hésitation.

- Oui, que puis-je…

- Je suis Dalamar. Je ne sais pas si votre mari vous a parlé de moi ?

- Si, si. Entrez je vous en prie. Que puis je faire pour vous ? Questionna la jeune femme sur la défensive.

- Je voudrais vous parler. A vous et à Caramon. C'est urgent.

Tika lança à l'elfe un long regard scrutateur qui ne cillait pas que Dalamar connaissait bien, même s'il était autrement intimidant entre les prunelles de Pyra.

- CARAMON ! Cria Tika. VIENS ICI TOUT DE SUITE.

L'homme dévala l'escalier qui les séparaient des appartements de la famille Majere l'épée au poing.

- Pose cette arme gros bêta ! Nous avons de la visite.

- Dalamar ? Que se passe-t-il ?

- J'ai besoin de votre aide.

- Notre aide ? Répéta le jumeau de Raistlin un peu ahuri. Assieds toi et explique toi…

Dalamar obéi et s'éclaircit la gorge.

- 'Bon, tu te dépêches ?!' Le tança la voix mentale de Pyra.

- Et bien… Je… heu…Je vais être papa…Sous une quinzaine au plus…et la Tour n'est pas franchement le lieu idéale pour une grossesse et encore moins pour un accouchement et Rai..mon amie c'est mise à déprimer… Alors avec une amie, qui va l'assister, on a pensés qu'il valait mieux qu'elle aille ailleurs et…heu…on a pensé à vous… Voilà, voilà, pour le principal…

Le couple d'humain contemplaient l'elfe absolument égarés.

Tika repris le dessus le plus vite.

- Tu veux rester ici avec ton amie ? Mais ça ne pose aucun problème ? Nous avons une chambre de libre. Tu pourra t'y installer avec elle…

- Nous sommes trois, Tika. Mais Pyra pourra loger dans l'auberge si vous avez de la place. Je paierai la chambre.

La jeune femme haussa les épaules.

- Mais non voyons. Je la logerai gratuitement. La chambre de Raistlin est grande, tu verras. Vous y serrez bien.

Caramon repris un peu de sang froid et s'insurgea.

- Personne d'autres que Raistlin de mettras les pieds dans cette pièce !

L'elfe saisit la perche au vol avant que Tika ait put protester.

- Justement, Caramon. A propos de ton frère… J'ai des nouvelles…Qui vont probablement te laisser K.O. debout…

L'humain pâlit.

- Des nouvelles …?

- Il est sortit des Abysses.

- Quand ?

- Ca va bientôt faire un an.

Caramon se leva et arpenta la pièce.

- Et il n'est pas venu me voir. Gronda-t-il avec colère.

- Il avait peur Caramon. Et pendant plusieurs semaines, il était totalement amnésique, puis il a fait une tentative de suicide, on c'est retrouvés embarqué dans une histoire pas possible… Enfin bref. Cette année a été assez…chargée en émotions dirons-nous.

- Et où est-il ?

- Pas loin. Mais il faut que je te prévienne. Ajouta-t-il en voyant l'homme se redresser comme un cheval sentant arriver le picotin. Il a changé. Enormément, changé. Et pas que psychologiquement… Compléta Dalamar en grimaçant sous l'euphémisme du siècle.

- 'Pyra ? Vous pouvez entrer.' Informa-t-il la jeune femme.

Les deux magiciennes entrèrent.

En contre-jour, Caramon ne vis que deux silhouettes, dont une appuyé sur un bâton. Il hoqueta.

- Raist… Bienvenue à la maison !

- Merci mon frère. Lui répondit une magnifique voix de soprano, très amusée.

Caramon fronça les sourcils et se fit plus hésitant. Tika lança un long regard à l'elfe qui visiblement était dans ses petits souliers.

La plus grande des deux silhouettes entra dans la pièce et vint serrer la main de Caramon et Tika.

- Bonjour tous les deux. Je suis Pyra. Raistlin m'a beaucoup parlé de vous. Elle balaya le pièce du regard et tira une chaise avant de s'adresser à la silhouette restée près de porte.

- Raist, ma chère. Ne reste pas là. Tu va attraper la mort ! Viens t'asseoir. Dalamar, fait ton boulot voyons ! Aide-là !

L'elfe adressa une prière muette à Pyra pour avoir encore une fois prit les choses en main et aida l'archimage à s'asseoir sur la chaise.

Son moment de stupeur passé, Caramon s'approchât.

- Rai…Raist ?? Mais tu es…

- Une femme. Absolument.

- Mais…Comment ?

L'archimage lança un coup d'œil amusé à Dalamar avant de répondre.

- Disons que Dalamar, avec l'aide de Pyra et également la mienne, nous avons comment dire… Un peu merdés. Voilà, c'est le terme. Un peu merdés.

- Et tu ne peux pas…y remédier ?

- Si, mais pas pour l'instant. Dans quelques semaines.

- Quelques semaines ?

Tika s'approcha à son tour et désignât le ventre proéminent de l'archimage.

- Et le ballon là, c'est quoi ?

Raistlin lança un regard canaille à l'elfe qui se dirigeait ostensiblement vers la porte.

- Dalamar viens de vous le dire… La Tour n'est vraiment un endroit sympathique pour accoucher. Même lorsque le rejeton est celui de deux archimages noirs.

Pyra réprima difficilement un fou-rire devant le large sourire en tranche de courge qui éclairait le visage de Raist.

Caramon et Tika avaient les yeux exorbités de stupéfaction. L'humain se refusant à comprendre ce que lui disait son frère.

Tika se tourna la première vers Dalamar.

- Ton gamin ? Tu es le père de ce bébé ?

L'elfe se balança d'un pied sur l'autre, très mal à l'aise.

- Ben… Je ne crois pas que Raist ait couché avec d'autres hommes…

Caramon se redressa à son tour. Trouvant enfin une utilité à l'épée qu'il avait toujours a la main.

- Je vais te massacrer…

L'elfe releva le bas de sa robe, se rua dehors et s'enfuit à longues foulées élastiques, devant un Caramon bavant de rage et lui hurlant toutes les insanités qu'il connaissait.

Dans l'auberge, Raist et Pyra se gondolaient tellement qu'elles en pleuraient. Tika se laissa peu à peu gagner par leur hilarité et se joignit à elle.

Enfin elles se calmèrent.

- Tu préférerais une fille ou un garçon ? S'enquit Tika.

- C'est un fille.

- Tu es sûr ?

Pyra répondit à la place de l'archimage.

- J'ai vérifié plusieurs fois. C'est une fille avec certitude.

- Mais comment…que c'est il produit pour en arriver là ?

- Tika, avec trois enfants, je pensait que tu savais comment ces choses là se passent !

La jeune femme lança une regard noir à l'elfe qui venait de se faufiler par une fenêtre.

- Caramon est toujours dehors ?

- Il cours toujours.

- Laissons-le se fatiguer un peu avant d'aller le chercher. Dites-moi, Tika. Y a-t-il un endroit où Raistlana pourrait s'asseoir plus confortablement ? Sa grossesse n'a pas été spécialement facile et elle s'épuise facilement.

- Raistlana, hein ? Suivez moi.

L'elfe et la magicienne la soutenant de chaque coté, l'archimage parvint à se traîner dans la chambre que Tika mis à sa disposition. Elle s'allongea sur le lit, tournée sur la coté et la tête sur la cuisse de son elfe.

Dalamar se mit à jouer avec les boucles d'argent et remercia Tika d'un sourire lorsqu'elle apporta un verre de lait à la future maman.

Pyra se leva et se dirigea vers la porte.

- Je vais chercher Caramon. L'histoire n'est pas si passionnante qu'il soit agréable de la raconter trente fois…et Tika est curieuse.

La jeune femme rougit et s'assit dans l'un des profonds fauteuils qui garnissaient la pièce.

Pyra eut tôt fait de repérer le jeune homme glapissant et courant partout. Sharn répondit à son agacement et sauta sur les endosses du guerrier et le jeta à terre. La magicienne s'accroupit devant Caramon.

- Bien, maintenant que vous avez piqué votre petite crise, veuillez regagner votre domicile. Nous avons pleins de choses à vous expliquer. Mais si vous préférez que Sharn vous utilise comme carpette jusqu'à ce que vous calmiez et oubliez vos pulsions homicide, c'est très faisable.

- L'elfe…

- Cela ne vous concerne en rien, il me semble. Ce que fait votre frère de ses fesses et avec qui il le fait n'est pas votre problème.

L'humain grommela quelque chose dans sa barbe.

- Ai-je votre parole que vous ne tenterez rien contre Dalamar. Quoique je ne m'inquiète pas vraiment pour sa santé. Raist vous arracherait les yeux avec un couteau à beurre si vous lui faisiez quoique ce soit de définitif.

Caramon râla encore un peu mais la curiosité fut le plus forte et il donna sa parole.

Raistlin releva la tête lorsque son frère entra dans la pièce et lui jeta un regard d'avertissement.

- Ca va, je vais pas lui faire de mal à ton étalon…

- Que veux-tu Caramon, je suis une énigme vivante entourée d'un manteau de paradoxe.

- C'est con, la zibeline te va beaucoup mieux. Ricana Pyra.

La future maman reposa la tête sur la cuisse de Dalamar et se serra un peu plus contre lui.

- Allez, commence Dalamar. C'est toi qui est là depuis le début de l'histoire après tout. Commanda Pyra en s'asseyant elle aussi sur le lit.

*****************

Milieu de l'après-midi

- Et voilà. Vous savez tout. Termina Raistlin.

Caramon et Tika étaient tous deux très pâles. Le guerrier se leva et s'accroupit devant son frère.

- Je n'ai pas tout compris, mais ce n'est pas grave. Tu peux rester ici avec tes amis aussi longtemps que tu voudras.

Tika se leva à son tour.

- Bien, c'est pas tout ça, mais il faut encore préparer le repas du soir.

Pyra l'imita.

- Je vais vous aider. Je cuisine relativement bien. Et nos deux tourtereaux ont besoin de se reposer.

- Vraiment, Pyra ? Repris Dalamar d'une voix suggestive.

L'archimage lui pinça la cuisse.

***************

Douze jours plus tard, nuit du 20 mars

Raistlin se tourna et se retourna dans le lit. Les bras de Dalamar autour de ses épaules, il se renfonça sous la couverture et se serra un peu plus contre son apprenti. Il posa sa tète au creux de son épaule, mais se redressa rapidement lorsque l'impression d'oppression qui lavait étouffé toute la journée revint. Abandonnant, il se leva et jeta sa robe sur son dos. Espérant se fatiguer suffisamment pour pouvoir enfin dormir, il arpenta la pièce de long en large, une sourde inquiétude au cœur.

Après une petite heure. Il se rassit sur le lit et se glissa sous les couvertures lorsqu'une petite douleur lui pinça le ventre. Pensant qu'il avait fait un faux mouvement, il bougea plus lentement et rabattit la couverture sur lui. Dalamar se tourna de l'autre côté en râlant dans son sommeil. Raistlin ferma les yeux et s'endormit.

Une petite brûlure réveilla l'archimage en sursaut. Il regarda par la fenêtre et constata que la lune n'avait pas bougée. Agacé de n'avoir dormi qu'une demi-heure, il se retourna et se colla contre son amant avant de refermer les yeux. Il commençait juste à dériver de nouveaux dans la sommeil qu'une nouvelle douleur retentit, cette fois-ci jusque dans son dos.

Un juron aux lèvres, il se redressa, hésitant à réveiller Dalamar.

Plusieurs minutes passèrent et ils se rallongea encore une fois, bien décidé à profité du reste de la nuit pour reposer son dos.

La douleur revint, si forte cette fois qu'il ne put retenir un petit cri.

Dalamar se réveilla à son tour.

- Raist, ça ne va pas ?

- J'ai mal… Haleta l'archimage plié en deux.

L'elfe lui jeta un regard un peu perdu.

- Je vais chercher Pyra.

- Non ! Ne la dérange pas. Ce n'est probablement rien. Voilà. C'est passé.

Le maître des Robes Noires eut une petite moue dubitative mais se rallongea en serrant la jeune femme contre lui.

Une nouvelle contraction arriva rapidement et l'archimage sentit un liquide chaud couler entre ses cuisses.

Dalamar sursauta et se leva. Il enfila un pantalon et sourd aux protestations de Raistlin alla toquer à la porte de Pyra.

- Pyra ! Réveille-toi !

La jeune femme parut à la porte, échevelée et boudeuse.

- Quoi ?

- Je crois qu'elle accouche.

Aussitôt alerte, elle rentra dans sa chambre et enfila une tunique à la hâte.

- Combien entre chaque contraction ?

- Je..heu…sais pas.

La magicienne haussa les bras au ciel.

- Elle a perdu les eaux ?

- Je crois…

- Tu crois ?

- Ben… J'ai jamais assisté à un accouchement, moi.

Pyra émit un bruit grossier et se dépêcha vers la chambre de Raistlin, un gros sac de cuir sur l'épaule. En passant devant la porte de Tika et Caramon, elle tapa dedans et gueula.

- Tika, au boulot ma grande !

Un bruit course leur parvint de l'intérieur de la chambre et la belle-sœur de l'archimage apparût à son tour.

- J'arrive de suite.

Dalamar sur les talons, La magicienne s'approchât de l'archimage et l'aida à se rallonger.

- Du calme. Tout va bien se passer. La rassura-t-elle en notant avec satisfaction l'auréole humide qui souillait les draps. Dalamar va chercher des draps propres.

Une nouvelle contraction cloua Raist sur place et elle serra si fort le poing que ses jointures blanchirent.

Tika entra à son tour, son mari sur les talons.

- Caramon, va nous faire chauffer de l'eau. Dalamar, tu veux assister à la naissance ou pas ? Tu dois te décider maintenant, nous n'aurons pas le temps de nous occuper de toi plus tard.

L'elfe jeta un coup d'œil à son maître qui lui renvoya un regard suppliant.

- Je reste.

- Bien, alors installe toi derrière Raistlin, qu'elle s'appuie sur toi.

Dalamar obéit et pris la main de son amie dans la sienne et l'embrassa gentiment dans le cou.

- Dalamar ? Demanda à son tour Pyra. Tu es gaucher ou droitier ?

- Droitier pourquoi ?

- Alors donne plutôt la main gauche à Raist, sinon tu ne pourra plus tenir une plume pendant un an. Expliqua l'aînée des deux rouquine avec un sourire canaille.

- Tu as assisté beaucoup de naissances ? Demanda Tika.

- Plusieurs dizaines. Ne t'inquiètes pas. Je suis également médecin. Tout ce passera très bien.

Rassuré, Dalamar et Raistlin se détendit.

Tika tira Pyra par le bras et l'entraîna hors de la pièce.

- Nous t'apportons du thé. S'excusa-t-elle comme une nouvelle contraction arrivait.

Elle se tourna vers Pyra.

- C'est vrai ? Tu as aidé à autant de naissances ?

- Exact. Mais c'était plutôt des juments en général.

Tika ouvrit de grands yeux.

- Mais ce n'est pas la peine de leurs dire n'est-ce pas ? Ils me font confiance et c'est le plus important. Moins ils serons stressé et mieux cela vaudra. S'assombrit la magicienne.

- Quel est le problème ?

- Le bébé. Je ne leur ai pas dit, mais cela fait près de trois mois que j'ai put toucher l'esprit du petit. S'ils paniquent maintenant, le bébé le sentira et paniquera aussi. Cela pourrait tuer la mère et l'enfant.

- Les tuer ?

- Elle a un énorme potentiel magique qui a été réveillé trop tôt. La petite à protégé sa mère de Valoran. Mais les problèmes engendrés…C'est en partie pour ça que je l'ai faite dormir la plus grande part de sa grossesse. Je me suis éloignée lorsque ma proximité a commencée à représenter un risque pour elles.

Tika acquiesça de la tête et finit de passer le thé. Les deux femmes retournèrent dans la pièce et Tika releva sans cérémonie la chemise de nuit de la parturiente.

- Trois doigts de dilatation. Il n'y en a pas pour longtemps. Approuva-t-elle avec chaleur.

Effondrée entre les bras de l'elfe qui n'était pas plus rassuré qu'elle, Raist émis un grognement et se redressa un peu.

Pyra farfouilla quelques instant dans sa sacoche à remède et en sortit une petite fiole verte iridescente.

- Ah, voilà.

Elle versa quatre gouttes du sirupeux produit dans la tasse de thé et ordonna a Raist d'avaler.

L'archimage obéit avec une grimace devant l'odeur répugnante, mais soupira de soulagement lorsque la contraction suivante ne la terrassa pas de douleur.

- Un antalgique puissant. Laisse toi aller, et pousse quand tu sens une contraction arriver. Tout ce passe magnifiquement.

Dalamar lança un regard un peu perdu aux deux rouquines mais ne dit rien.

De longues minutes s'égrenèrent, rythmé par des contractions de plus en plus fréquentes et les venues aux nouvelles de Caramon qui se faisait immanquablement jeté de la pièce.

Un contraction plus violente que les autres arqua le corps épuisé de l'archimage.

- La tête ! Je vois la tête ! Cria Pyra avec ravissement. Aller, un dernier effort. A la prochaine tu pousse de toutes tes forces.

Raist n'eut que la force d'ouvrir les yeux.

La contraction suivante arriva presque aussitôt et le magicien qui avait survécut aux Abysses mis ses dernières forces dans ce combat bien inégale entre lui et la nature.

Avec un cri de triomphe mêlé de douleur, elle expulsa un petit corps recouvert de sang et d'un liquide rappelant du jaune d'œuf.

A peine Pyra avait-elle récupéré le nouveau-né qu'il se mit à crier de toute la force de ses petits poumons et de son esprit.

A mille lieues à la ronde, tous les mages relevèrent la tête, intrigué par le cri de pur mal-être émis par une petite fille en train de naître.

Avec dextérité, Tika trancha le cordon et Pyra posa le nourrisson sur la ventre de sa mère.

Raistlin, totalement épuisée, sourit et caressa son bébé du bout des doigts.

Follement heureuse, elle tourna la tête vers Dalamar.

- Elle est belle, hein ?

- Magnifique…Mais elle est si petite…Et tu as vu ses petits ongles ? S'extasia-t-il avant d'entrer dans l'habituelle frénésie parentale de comptage d'orteils et de doigts.

Indifférente à tout sauf à sa maman, La petite fille rampa comme elle pu vers son déjeuner. Alors qu'elle atteignait les seins gorgés de lait, Tika fit mine de la reprendre ce que n'apprécia pas du tout le bébé et l'exprima avec force voix vigoureuse.

- Laisse la boire, Tika.

- Ce n'est pas sain !

- Oh que si. C'est prévu pour. Laisse un nouveau-né boire de suite, et tu diminues de soixante pour cent les risques de décès dut à des maladies infantiles.

Tika jeta un regard étonné à la magicienne mais obéit.

La fillette recommença son ramping et téta vigoureusement dès qu'elle le put. Les deux parents fondirent devant ce spectacle.

Une contraction de faible intensité fit se tendre Raistlin.

- Quoi ? Demanda-t-il un peu alarmé.

- Ce n'est rien. Il faut juste que tu expulse le placenta.

- Oh ! Accepta-t-il en retournant son attention sur le bébé qui s'était endormit au milieu se son casse-croûte.

Tika souleva l'enfant et le tendit à Pyra qui l'emmitoufla dans un linge et sortit de la pièce avec.

- Dalamar. Si tu allais apprendre la bonne nouvelle à Caramon pendant que je nettoie tout ça ?

L'elfe se leva avec une mauvaise grâce manifeste mais obéit.

Pyra lava la fillette et la langea pendant que Tika faisait la toilette de la mère. Elle posa le petit enfant dans un berceau et rapporta le tout dans la chambre. Dalamar était assis dans un fauteuil près de son maître endormie. Caramon, assit de l'autre coté de la literie de leva à l'entrée de Pyra et s'approcha. Il se pencha sur le berceau et fondit à son tour devant la petite fille.

Deux petites heures plus tard, le nourrisson ce rappela à leurs bon souvenir en réclamant son dîner. Tika allait lui préparer un biberon de lait de chèvre lorsque les cris réveillèrent Raistlin.

- Tu veux me priver de l'allaiter, Tika ?

- Tu dormais…

- Je suis en pleine forme. Passe la moi.

Pyra sortit l'enfant de son berceau et le passa à sa mère. Le sourire le plus tendre que Caramon lui avait jamais vu éclaira son visage encore tiré de fatigue. Elle se redressa et donna le sein à son nouveau-né qui se mit instantanément à téter vigoureusement, les yeux fermés, comme un jeune chiot.

- Comment allez vous l'appeler ? Demanda le nouveau tonton.

L'elfe et l'archimage s'entre-regardèrent avant de se tourner vers Pyra.

- Dit moi Pyra, ton nom complet, c'est quoi ?

La jeune femme leur lança un regard méfiant.

- Dévadoris Shandra Kh'aayia Selianna de Varuna.

Tout le monde en resta comme de rond de flanc.

- C'est simple encore, comme nom. Ca veut dire quoi ? Demanda Caramon

- Dévadoris Shandra fille de Selianna de l'empire de Varune. Expliqua Raistlin avec un sourire avant de changer le bébé de coté.

- Ridicule, je sais. Mais on est pas responsable de son hérédité.

- Tu es l'héritière ?

- La seconde fille.

- Ce qui signifie ? Questionna à son tour Dalamar.

- Que si sa sœur aînée meurt, elle sera l'héritière présomptive du trône de Varune.

- Enfin, je trouve ça très joli. Shandra, c'est ton deuxième prénom ?

- Ouaip, ça veut dire "acier" en Haut Varunoi.

Dalamar se tourna vers Raistlin

- Shandra ?

- Shandra !

Raistlin souleva le bébé qui était si repus qu'il n'aurait put avalé une goutte de plus et plongea son regard dans celui d'ébène pailleté d'or de sa fille.

- Bonjour Shandra. Je suis sûr que ta vie va être intéressante.

Shandra ne parut pas particulièrement impressionnée par la prédiction et après un rot sonore, s'endormit entre les bras de sa mère.

*************

Takhisis arpentait les couloir désert de son palais, au sein des abysses. Depuis la défaite d'Amiel et des golems, son caractère s'était nettement dégradé et aucun serviteur n'avait plus la courage de l'approcher. Elle entra dans sa bibliothèque.

- Sargonnas ! Combien de fois t'ai-je dit de ne pas mettre tes bottes sur la table !. Hulula la Déesse

- Allons, ma chère. Un peu de calme. As-tu lu le dernier bulletin mondain ? Il lui tendit un parchemin.

La Déesse écarquilla les yeux et un sourire pervers naquit sur ses lèvres.

- Bien, très bien. Nous avons du boulot. Tout devra être prêt dans une douzaine d'année…

Sargonnas leva les yeux au ciel et maudit le jour qui avait put voir la naissance de Raistlin.

La suite, Chapitre I, Epoque 2 : Shandra

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