Titre : Collision

Rating : M

Bêta du chapitre : Still-hopee

Je vais tenter de boucler les deux derniers chapitres ce soir pour pouvoir les poster au cours des deux semaines qui viennent. Ce n'est pas une promesse. Mais je vais essayer.

Mercredi (23h) : j'ai bien publié ce chapitre il y a plusieurs heures,

mais le site semble être particulièrement lent aujourd'hui.

RAR :

nologin : Quelle jolie formulation... "des mots crus". Merci pour cette jolie review.

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Mon corps se courbe et s'expose sans gêne. Il n'y a pas de tabou et personne à impressionner. Pas de peur de me montrer tel que je suis : suppliant.

Et c'est à genoux que je me prépare. Pour Harry.

Après d'interminables minutes, je sens une expiration tremblante sur mon dos, une main m'effleurant du bout des doigts... Et un membre lourd se pressant contremoi.

Enfin.

Dehors, la pluie tambourine contre les toits des bâtisses et je la sens battre dans mes oreilles comme s'il s'agissait de mon sang.

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Chapitre 13.

On a passé la journée au lit.

La pluie ne s'est jamais arrêtée.

Enfin, si, mais ça n'a été qu'une longue série d'averses. A chaque coupure, le silence s'imposait et les bruits de la ville reprenaient le dessus dans une atmosphère changée.

- Quand est-ce qu'on part ?

- Quand tu veux.

Harry est allongé au-dessus de moi, nos jambes entremêlées et son menton appuyé contre mon torse. Il dessine des arabesques sur ma peau du bout des doigts.

On a baisé jusqu'à épuisement. On a fini par changer les draps et prendre une douche, mais peine perdu. Nus sous la flotte, on s'est conduit comme des assoiffés. Et dans la chambre, on a fait ça comme des affamés.

Un an. C'est une éternité quand on crève de faim.

- Il va falloir que je revende la boutique.

- Je m'occupe des formalités.

D'un geste las, je passe mon bras autour de ses épaules. Potter se penche au-dessus de moi et place son visage en face du mien.

- Ce que tu disais... Tu veux me redonner envie.

- C'est ce que j'ai dit. Et c'est ce que je fais, j'ajoute avec arrogance.

Le brun me lance un de ses regards septiques et je n'en suis pas vexé. Mais seulement parce que je suis qui je suis.

- Tu boudes ? Ose-t-il dire, amusé.

Je le repousse d'un geste et me redresse.

- Potter, ne gâches pas une si bonne journée.

Le Gryffondor me sourit narquoisement et s'étend confortablement. Je me lève et emprunte un de ses caleçons. Il faudra que je fasse récupérer mes affaires à l'hôtel.

- Je parlais de...

Il hésite et s'éclaircit la gorge. Je me tourne vers lui. J'attends en silence. Au bout d'un moment, il lève les yeux vers moi, comprenant surement que je n'ai pas l'intention de lui faciliter la tâche, quelle qu'elle soit.

- Tu m'as dit que tu me redonnerais l'envie... de tous ces trucs.

Il s'assoit et hausse une épaule.

- Tu sais... d'avoir une maison et...

Il s'arrête, l'air embarrassé. Je patiente, amusé.

- ... des enfants.

Oh.

Oui, j'ai dit ça.

J'acquiesce et je m'assoie au pied du lit.

- Pas tout de suite, j'explique. Mais si tu veux, d'ici deux ou trois ans...

- T'es sérieux ?

D'une façon surprenante, oui.

Je hoche encore la tête. Potter me sourit en réponse :

- Ok.

Et il a l'air bêtement heureux.

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- Tu devrais contacter quelqu'un à Londres. Pourquoi pas Granger ? Puisque Miss-je-sais-tout est déjà au courant pour nous deux.

- Comment tu le sais ?

- Comment tu crois que j'ai eu ton adresse ?

Potter hausse les sourcils avant d'avaler son café.

Il me file des frissons. Je le regarde, et ça me fait tourner la tête. C'est comme si sa simple vue me faisait revivre la journée d'hier en l'espace d'un instant glorieux.

Il baisse soudain le regard, les sourcils froncés.

- Qu'est-ce qu'il y a ?

- Rien.

Il hésite et me lance un coup d'oeil songeur.

- Potter ?

- C'est juste...

Je l'entends soupirer et j'attends patiemment.

- Il vaut mieux... Je crois que je vais attendre de trouver quelqu'un chez qui m'installer.

Il se fout de ma gueule, hein ?

- Tu t'installes chez moi, Potter, qu'est-ce que tu racontes ?

On s'est assis à l'intérieur du bistrot en face de chez lui pour prendre le café du matin. L'air est épais et tout semble éclatant dans le silence qui suit la pluie. La serveuse blonde est de service. Je jubile en voyant sa tronche à la vue de la main de propriétaire que j'ai placé sur la jambe de mon Gryffondor. Et voilà qu'il me fait faux bond ?

Je déplace ma chaise pour me rapprocher de lui et je pose ma main sur le dossier de sa chaise.

- C'est pas comme si on ne l'avait pas déjà fait. On passait toutes nos nuits ensembles. Et tout allait bien.

- Jusqu'à ce que ça n'aille plus...

Le brun soupire et je retire ma main, brusquement. Il aurait aussi bien pu me cracher à la gueule.

- Hé, le prends pas comme ça. J'ai juste besoin... Je ne veux pas qu'on refasse les mêmes conneries que la dernière fois. Je veux qu'on reprenne tout à zéro.

Un Malfoy sait faire preuve de contrôle et de retenue. Les yeux plongés dans sa tasse, il ne me voit pas le fusiller du regard et c'est franchement mieux comme ça.

- Très bien, je réplique froidement. Je peux te faire la cour, si c'est ce dont tu as besoin. Je te trouverais un appart' une fois à Londres.

- Pas la peine, me dit-il.

Et il sourit. De ce sourire éclatant et narquois que lui seul possède - je le sais, j'ai cherché.

J'attends encore. Avec Potter, il faut de la patience. Il met du temps à articuler ses idées quand il pense que ce qu'il dit est important. Je le vois se pincer les lèvres et j'apprécie le spectacle.

- J'ai pas besoin de trouver un appartement, puisque c'est temporaire. Je pensais à deux ou trois semaines, tout au plus, le temps de reprendre... mes marques, et de trouver comment annoncer à tout le monde que je me fais Draco Malfoy.

Et il finit sur un sourire goguenard. Il m'a foutu la trouille, le con. Enfin, pas que je puisse être effrayé par quoi que ce soit.

Je me reprends avec un rictus charmeur. Personne ne peut me résister.

- Bien Potter. Alors tu vas squatter chez les Weasley jusqu'à ce qu'on fasse notre petit coming-out, et après tu me rejoins ?

- Oui.

Harry pose sur moi un regard contemplatif, avant de reprendre :

- Tu crois que ça va marcher ?

Il n'a plus cet air d'agneau blessé que je lui ai trouvé il y a un an de ça. Non, il a cette gueule farouche et déterminée du martyr Gryffondor type. C'est familier et ça me plait.

Je lui lance un rictus dément :

- Tu dois me faire confiance, Potter, n'oublie pas. Et je t'assure, il n'existe rien que je ne puisse faire.

Il renifle, amusé.

- Je n'en doute pas.

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George Weasley arrive aujourd'hui. Potter va s'installer chez lui pour quelques jours et le rouquin a insisté pour venir l'aider à déménager.

Je n'aime pas ça. Déjà que je ne peux pas blairer les Weasley, alors une moitié de jumeaux... Quelle plaie.

Mais c'est pour le mieux. Il est hors de question que l'on refasse les mêmes conneries. Je finirais par me faire trop vieux pour courir après Potter à l'autre bout du monde. Enfin, sans doute que non, mais ce n'est pas une raison.

Assis sur le fauteuil du salon, j'entends le déclic de la serrure à l'entrée.

- ... dilemme suprême ! Et là-dessus Rose se lève pour lui montrer une des bestioles qu'elle avait attrapée. Le temps qu'elle le rejoigne, il avait sauté par-dessus la barrière.

Le jumeau Weasley vient d'arriver. Il agite les doigts d'un air menaçant devant Harry qui lui tient la porte, tout sourire. Le rouquin porte un cabas à l'épaule et un T-shirt d'un rouge flamboyant. Il m'agace déjà et il ne m'a même pas encore vu.

- Alors, où se cache l'heureux- ...

Harry me lance un coup d'oeil à travers le petit appartement et le rouquin se tourne machinalement. Il reste figé un instant, coupé au milieu de sa phrase, avant de lâcher un, ô combien délicat :

- Bordel.

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On se regarde en chien de faïence. Enfin, Weasley fait ça, moi je lis le journal, confortablement installé sur le canapé.

Potter dépose une tasse de thé devant moi et en tend une autre à George tout en lui donnant les nouvelles du coin. Je doute qu'il ignore le manque d'attention du rouquin, mais il ne s'en formalise pas et continue de déblatérer énergiquement.

- Tout va bien, Harry ? Coupe Weasley sans autre forme de procès.

Je hausse un sourcil et jette un coup d'oeil par-dessus mon journal. Potter se tait et vient poser des biscuits sur la table basse, perplexe.

- Oui, très bien. Pourquoi ?

- Draco Malfoy est assis dans ton salon, répond George, le plus sérieusement du monde, sans me lâcher des yeux. Pardonne-moi, mais je crois que tu as fini par perdre la boule.

Potter sourit, l'air franchement amusé, et je me contente de croiser les jambes et de reprendre ma lecture tandis qu'il s'installe à côté de moi.

- C'est une longue histoire.

- Est-ce qu'elle implique la consommation d'une potion hallucinogène ou une perte violente de mémoire, cette histoire ? Parce que sans ça, je vois vraiment pas...

Le rouquin a un ton enjoué, mais je sais qu'il vaut mieux se méfier de l'air sympathique des membres de la tribu Weasley.

Harry boit une gorgée de son thé avant de se saisir d'une main de mon journal avec un "Draco" réprobateur.

Soit. Je décroise les jambes et les étends devant moi dans une attitude décontractée.

- Je ramène Potter à Londres. Qu'est-ce que le pourquoi du comment peut bien te foutre, Weasley ?

Le rouquin se tourne vers Harry, faussement niais :

- Malfoy ? Vraiment ? Insiste-t-il.

Le brun croque joyeusement dans un biscuit, avant de dire, la bouche à moitié pleine :

- Vraiment.

Le silence s'installe avant que le rouquin ne plisse les yeux et n'annonce :

- Je vais avoir besoin de quelque chose d'un peu plus fort que du thé.

- A ce sujet, on est d'accord, je déclare avant de me lever.

Je me saisis d'une bouteille de Scotch, heureux de voir à ses côtés un Cognac à peine entamé - Harry exècre le Cognac, mais il s'agit de mon apéritif favoris. Je le laisse dans le bar de peur de virer sentimental et je rejoins les deux Gryffondors.

Potter est en train d'expliquer la nature exacte de notre relation à Weasley, bien que je doute qu'il l'ignore puisque Harry lui avait apparemment annoncé la présence de son partenaire en date à la maison.

- Alors Malfoy, lance l'ancien batteur en saisissant le verre que je lui ai servi, est-ce que tu as parlé à Harry de tes dernières magouilles ?

- Ca dépend de ce que tu entends par là.

Mais la réponse est oui. Même que j'ai fait tout ça à cause de Harry. Grâce à lui et pour lui.

- Hermione me donne des nouvelles de toute façon. Et je lis le journal de temps en temps, ajoute Potter.

Je sais que cette dernière remarque est fausse, mais j'imagine qu'il a tout de même dû être informé, dans les grandes lignes, de mon ascension sociale et financière. Après tout, il est difficile d'aller où que ce soit dans le monde sorcier sans entendre parler de moi. Et ceux qui affirment que je me berce d'illusions ignorent tout de mon ambition.

- Et ça ne te dérange pas plus que ça ?

Le rouquin n'a pas perdu son mince sourire, mais il a un air dangereux qui me convainc de m'abstenir de finir mon verre d'alcool. Je me contente de le siroter pour la forme et je maintiens le masque inexpressif et dédaigneux que je maîtrise si bien.

Potter a posé sa tasse de thé devant lui. Il se penche en avant, les coudes appuyés sur ses genoux tandis qu'un air terriblement sérieux lui marque les traits derrière ses lunettes. Il est si facile d'oublier que cet homme a mené une guerre et vaincu le plus dangereux des sorciers de notre époque. Il est tellement facile de ne voir que le gamin déglingué qui a grandi trop vite et que ses semblables incommodent. Et puis soudain, il vous regarde dans les yeux avec le calme d'un sage et la force fulgurante du puissant mage qu'il est. Et ça vous écrase.

Harry Potter, ce garçon tellement, tellement improbable. Avec ses lunettes rondes qu'il ne porte presque jamais plus et ses cheveux en bataille qui lui donne l'aspect inoffensif d'un gamin qu'il n'a jamais vraiment été...

George Weasley a soudain perdu son sourire et il fronce les sourcils dans une expression peu familière :

- Il a écrit un livre. Un livre sur la guerre où il se fait passer en héros alors qu'il pissait de trouille à l'abri dans son manoir, à jouer les petits Mangemorts pendant que, nous, on crevait par centaines, traqués comme des bêtes.

La voix du rouquin gronde dans le silence du petit appartement. Dehors, la pluie n'est plus qu'un bruit de fond incessant et je frissonne malgré moi au son de ces accusations. Parce qu'il a raison. Il a raison et il a tort, de tellement de façons. Mais il a surtout raison. Même s'il ne s'était agit que de moi, et pas de mes parents, j'aurais fait le choix de la facilité. Je me serais enfui ou soumis au Lord des Ténèbres, pourvu que ça me laisse la vie sauve et que je prenne le moins de risque possible.

- Tu sais que c'est plus compliqué que ça, intervient Harry, l'air soudain fatigué. On s'est tous retrouvés dans des situations impossibles et beaucoup tenaient une position qu'ils n'avaient pas forcement choisi. C'est pour ça qu'autant de personnes se sont vu amnistier alors qu'ils étaient des milliers à participer à la persécution des Sang-Mêlés et aux attentats contre les Moldus. On a dû faire un choix et on a condamné les auteurs des massacres et les meneurs.

- Ca ne m'empêchera pas de croire que la fouine est un sacré connard.

Je n'avais pas entendu ce surnom depuis des années. C'est étrangement réconfortant. Dans un élan de bravoure qui tient sans doute plus de la fierté blessée, je réponds :

- J'ai fait de mon mieux avec ce que j'avais, Weasley. Et je suis désolé que mon livre t'emmerde autant, mais c'était ça, ou passer ma vie à me plier à la volonté d'une bande d'individus qui n'aurait sans doute pas mieux fait à ma place. C'est facile de désigner des coupables et de leur baver dessus. Et ne va pas me dire que la Gazette des Sorciers n'a pas mérité son sort.

Georges me regarde du coin de l'oeil et je vois un sourire mauvais se former sur ses lèvres.

- Si, j'avoue que ça, ils l'avaient bien cherché.

Harry éclate de rire. Et Merlin protège son bon coeur, parce que je me permets un rictus amusé et l'atmosphère se fait soudain plus légère.

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- Il faut une fête ! Une bonne vieille soirée sponsorisée par Weasley, farces pour sorciers facétieux !

Le rouquin s'emploie à empaqueter la vaisselle d'un coup de baguette tout en projetant une célébration pour que Harry puisse faire ses adieux à ce petit bout du monde. Weasley s'est absenté plus tôt pour rendre une visite de courtoisie aux employés de la boutique qu'il a implanté dans les environs. De son côté, Potter a travaillé à revendre les biens de son magasin de botanique et j'en ai profité pour envoyer quelques hiboux afin de faire les arrangements nécessaires à notre retour à Londres.

J'ai décidé par la suite que jouer les déménageurs était en dessous de ma condition, mais les deux Gryffondors ont insisté pour s'y atteler, plutôt que de contacter une agence qui aurait aussi bien pu s'en charger. Je sirote donc un thé devant le spectacle affligeant des ustensiles de cuisine et autres babioles qui virevoltent dans l'air. C'est désolant.

- Je suppose que c'est plus simple d'inviter tout le monde. Oui... Comme ça je pourrais dire au revoir sans oublier personne.

Weasley me lance un coup d'oeil dans le dos de Potter, à mi-chemin entre le dédain et la franche curiosité. Il a l'air encore indécis à mon sujet et je me ficherais bien de son opinion s'il n'y avait pas Harry. Harry qui adore son troupeau de Weasley, avec leurs effroyables cheveux roux et leurs grandes gueules de Gryffondors. Il faut qu'ils m'acceptent. Il faut qu'ils me supportent. Parce que Harry a été assez rejeté et, franchement, moi aussi.

- Je me procurerais le nécessaire, si tu veux. J'ai déjà mandé quelqu'un pour récupérer tes affaires et les emporter à Londres. Invite qui ça te chante et Weasley n'aura qu'à... apporter ses farces et attrapes.

Je fais cette dernière remarque en réfrénant une grimace. Parce que je sais que je n'échapperais pas aux blagues potaches du rouquin. Ce dernier sourit de toutes ses dents et me fixe, les yeux brillants. Parfait, vraiment parfait.

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Finalement, la fête a été organisée dans le bar d'un des amis de Potter, avec boisson à volonté et une ambiance bonne enfant. La soirée est chaude et humide, comme toujours dans ce coin perdu, mais un sort garde l'établissement au frais et Harry passe de table en table et de groupe en groupe.

Il y a une soixantaine de personnes et je suis surpris qu'ils soient autant. Mais il est vrai que le Gryffondor tenait une boutique dans le quartier. Et puis le temps que Weasley a passé ici a apparemment suffit à l'aimant social qu'il est pour faire de nombreuses connaissances. Le plus surprenant reste l'anonymat. Il y a plusieurs sorciers britanniques ici et, combien même, tout le monde sait qui est Harry Potter - et qui je suis, avec tout ce que mon passé implique. Mais personne ne dis rien, ni ne fait mine de savoir. C'est une sorte de règle tacite dans le coin et je commence à comprendre pourquoi Potter a fini par s'installer ici.

Je sirote un cocktail tout en l'observant zigzaguer joyeusement dans la foule, quand soudain mon champ de vision est obstrué par l'emmerdeur de première qu'est le jumeau Weasley. Il s'assoit en face de moi et me regarde avec un sourire de maniaque.

Jusque-là, j'ai pu échapper aux farces Weasley inc. en ne goutant ni ne buvant rien dont le contenant - plateau ou bouteille - n'est pas déjà était entamé par d'autres. J'ai ainsi échappé à l'accoutrement de plumes jaunes et aux oreilles d'âne qui - soit dit en passant - sont extrêmement réalistes.

- Toi et moi, Malfoy, allons avoir une petite discussion, annonce l'ancien batteur en faisant craquer ses jointures.

Je lui lance un regard exaspéré avant de chercher des yeux Potter pour m'assurer qu'il n'a pas perdu sa bonne humeur. C'est bien la seule raison qui me pousserait à me mêler à cette foule de dégénérés, quoi qu'en pense Harry.

- T'es toujours là ? Je siffle en constant que le rouquin n'a pas bougé d'un pousse.

- Je me demande ce qu'il te trouve.

- J'en sais rien Weasley, je réponds honnêtement.

Il hausse les sourcils, l'air surpris.

Qu'est-ce qu'il m'agace...

- Je suis riche, avec une situation sociale très avantageuse, un physique tout aussi attrayant et du charisme, je commence à expliquer.

Mon interlocuteur ricane :

- Je vois que c'est pas la modestie qui t'étouffe.

- C'est en général pour ça que les gens s'intéressent à moi, je poursuis en ignorant cette interruption. Avec Potter, c'est différent.

- Ah oui ? Comment ça ?

La vérité, c'est que je n'en ai pas la moindre idée.

Je passe mon index sur le bord de mon verre, admirant les cristaux de sucre s'écrasant gracieusement contre mon doigt.

Pourquoi moi ? Parce que, vraiment, Potter pourrait avoir n'importe qui avec sa belle petite gueule de héros. Les courageux, les beaux, les brillants et les inaccessibles... Je ne connais personne qui soit capable de lui résister - même si le Gryffondor n'en a pas la moindre idée ; et ce n'est pas moi qui le lui dirais. Mais ces gens n'aiment qu'une idée, une image ou, dans le meilleur des cas, la façade derrière laquelle il se cache. Parce que Potter est un menteur qui se berce d'illusions et vis comme d'autres jouent les grandes tragédies : avec passion et désespoir. Ils ne le connaissent pas. Non, personne ne sait Harry comme moi je le sais. J'ai chacune de ses expressions gravées en mémoire, chacun de ses mensonges transcrits en un code complexe qui me permet d'y voir clair à chaque fois qu'il se raconte des histoires. J'ai l'image de son corps imprimée derrière les paupières, si bien qu'à chaque fois que je cligne des yeux je le vois. Il est nu devant moi, sans les artifices du mensonge et des faux semblants. C'est comme ça que je l'aime et c'est pour ça qu'il m'adore. Parce que je le connais par coeur.

Assis en face de moi, je sais que Georges Weasley attend toujours ma réponse.

Oui, qu'est-ce qui rend Potter si différent ?

- Il m'aime, je réponds. Il me connaît et il m'aime quand même.

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Review ?