Bonjour Lecteurs de mon cœur.

Cette idée me trotte dans la tête depuis un petit moment. Un Recueil d'OS.

L'idée est simple. Dix OS. Dix personnages. Dix moments de vies.

Sans lien apparent. Mais qui abrite une certaine cohérence.

Que je vous laisse découvrir.

Je me suis réservée le droit de suivre la trame de JKR à certain endroit et de m'en séparer à d'autre…

Et…Georges entre en piste. Je veux écrire sur lui depuis un moment. Alors, je me lance. Et vous laisse juge de mon modeste travail.

Comme le titre l'indique, j'ai été pioché chez les Surréalistes. Chez l'un d'entre eux, en particulier. Quelques références sont cachées dans ce chapitre. A votre bon plaisir, donc.


Disclaimer : Tout est à JKR. Et aux Surréalistes. Le reste n'est que misère.

Titre: Cadavre Exquis.

Chapitre: Familiale

Résumé : Dix OS. Dix tranches de vies. Parce que la guerre laisse des traces...Des failles.


Familiale

OoO

Georges Weasley


1978 - 1998

Un chiffre tout rond. Vingt ans. Si ca fait pas cliché. Mourir à vingt ans. Tu aurais détesté leur donner si facilement du grain à moudre. « Si c'est pas dommage, fauché dans la fleur de l'âge. »

Je relève la tête, scrutant les alentours. Vide. Le cimetière a retrouvé son atmosphère lugubre, presque angoissante sous le léger crachin d'Avril. Il y a moins d'une heure, encore, il grouillait de monde. Parcours obligé d'une cérémonie pompeuse et bien huilée. Les gerbes fraichement déposées dégorgent, inondant le marbre gris.

Des orchidées, des lys blancs et une brassée de roses. Stricts et sévèrement arrangés.

Tu n'aurais pas aimé. Tu aurais voulu de ces grandes fleurs sauvages qui poussent dans le pré, derrière le Terrier, des fougères et un entrelacs de branches et racines.

Pas de leurs fleurs guindées et prétentieuses. Jamais.

Il n'y a qu'une photo. Prise sur le vieil appareil photo moldu de Papa. Tu avais tenté de le faire marcher, et tu t'étais laissé surprendre. Légèrement en retrait, le regard rieur, en train de parler. Tu ne bouges pas. Je crois que je préfère ca.

-Je pensais bien que tu serais là.

Je bouge à peine et Harry vient prendre place à mes cotés. Silencieusement.

- On ne t'as pas vu durant l'honneur aux mémoires. J'ai pensé que tu viendrais plus tard.

Je hausse les épaules et lui jette un regard. Il observe le monument avec tendresse et dans un simple réflexe, sa main épouse les contours lisses du marbre.

-Il parait que l'on t'a proposé de lire un discours.

-Il parait, je ricane. Pour marquer le coup. Le ministre en personne m'a fait joindre. Il m'a servi du « monsieur », du « sacrifice pour la communauté » et de la reconnaissance éternelle ». J'étais très touché.

Son sourire se tord en une grimace.

-Tu manques à Ginny, tu sais.

-Je sais, je n'ai pas eu trop le temps. Le magasin, l'extension, tout ca…

- Georges, cela fait des années que tu ne viens plus. Alors ne me parle pas du magasin, je t'en prie.

Les reproches vrillent à mon oreille. La douleur du membre fantôme, qui vous prend dans la chair pour ne plus vous lâcher. Qui vous lance des nuits entières, à vous empêcher de dormir. Cette douleur invisible qui ronge.

Et comme à chaque fois, j'y porte la main, avant de la laisser retomber, amer.

Harry pousse un soupir à mes cotés. Autrefois, j'avais de la tendresse pour ce type. De l'amitié. Avant…

-Je ne te crois pas le mieux placé, Harry. C'était quand la dernière fois que tu as vu Hermione? Et ta dernière liaison, qui à encore fait les gros titres? Obligeant Ginny à essuyer les pots cassés… Tu crois que ca ne la rend pas malheureuse peut être?

Je sais que le fait qu'il soit devenu un parfait connard n'excuse rien. Mais je me sens mieux. Il siffle de dépit et demeure silencieux.

-Et le magasin? Ça se passe bien il parait.

-Plutôt assez oui. Le chiffre d'affaire est en constante augmentation, et l'on a ouvert le vingt-troisième magasin le mois derniers. Je crois que le truc nous a un peu échappée.

Il acquiesce et plonge ses mains dans les poches.

-Je vais retourner à la réception, Georges. Je pense que tout le monde serait heureux de te voir. Et pour Mione…Pour Ginny…

-Je ne te demande rien, Harry. Plus maintenant, du moins. On a tous eu notre chance, et on l'a tous lamentablement plantée. Pas vrai?

Il pose une main sur mon épaule et fait demi-tour. Sans un bruit.


Je m'écroule sur le canapé. Je parviens a saisir un verre sur la table basse et à attraper la bouteille de Whisky.

Je n'ai même pas eu le courage de passer la porte du musée. Affronter ma famille. Lire leurs regrets. Et puis tous les autres.

Serrer des mains, avaler des petits fours et parler de la guerre, des tremolos dans la voie et le vibrato au creux de la gorge. Pleurer un peu pour faire bonne figure. Et oublier. Jusqu'à l'année suivante.

Jusqu'à ne plus pouvoir le supporter. Jusqu'à avoir en horreur tout ces petits fonctionnaires bien mis et trop empressés.

Ces gens là n'ont pas fait la guerre. Il la parle. La raconte. La sublime. Et dans leurs yeux, il brille l'amour de la cause, la beauté du geste et la gloire du sacrifice.

J'ai dû passer à côté de la gloire. On a du me réserver la barbarie et l'horreur sans nom. Peut être que je n'ai rien compris.

Je ne peux plus faire semblant. Je brûle de leur hurler que la guerre, elle est avec moi. Tous les jours. Qu'elle est là, dans mon reflet dans le miroir. Qu'elle est là aussi, dans son absence. Que jamais aucun discours ne me ramènera mon frère. Qu'il n'y avait aucune gloire dans ses yeux, ce jour là. J'ai envie de leur rappeler que l'on avait à peine vingt ans. Et qu'on nous à tous sacrifiés. Pour la Cause. Pour le Bien.

Pour quelque chose qui dépassait tout les gamins qui ont mis un pied dans cet enfer. Et si j'avais assez de courage, je prierais pour qu'une autre guerre les jette sur les champs de bataille, eux, les petits bourgeois endimanchés. Que leurs petits sourires niais disparaissent à tout jamais.

Et puis, la honte me saute à la gorge. D'être devenue un type si amoral. J'ai toujours été trop lucide. J'avais joué à la tromper, ma lucidité. A la dissoudre dans le tourbillon de la vie. A la perdre dans les rires et la fantaisie.

Maintenant qu'il n'est plus là, je ne sais plus. Peut être aussi que je ne veux plus.

Elle m'a sauté au visage, et elle ne m'a plus lâché. L'alcool, c'est devenu aussi un moyen d'oublier.

On est plus lucide, la mémoire embrouillée et les yeux embués. Plus jamais.

Tu sais Fred. On me prend pour un cynique. Je suis Georges, le blasé. Celui qui trimbale sa carcasse désenchantée à la face du monde entier.

L'humour, les farces, on voulait en faire un art. On voulait l'élever au dessus de tout le reste. J'ai tout bousillé. Si tu savais. C'est devenu une immense machine. Un business à faire du blé. J'ai fait perdre son âme à la chose que j'aimais le plus au monde. Je suis devenue un médiocre. Un médiocre plein aux as. Et tout ces gens qui se félicitent de ma réussite.

Si ils savaient, s'ils comprenaient.

Et dix ans ont passé. Et les temps ont changés.


La vie continue la vie avec le tricot la guerre les affaires
Les affaires la guerre le tricot la guerre
Les affaires les affaires et les affaires
La vie avec le cimetière.


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A votre bon cœur, noble lecteur.