Titre: Tempus Bella Prensareque

Auteurs: Biblou & Na-chan

Couple: Harry/ Lucius

Disclaimer: Bien évidemment, tout ce que vous reconnaissez appartient à JKR, nous ne sommes que de modestes étudiantes ^^

Note: Merci pour toutes vos gentilles reviews, elles nous ont fait très plaisir. Cette histoire n'est pas abandonnée, promis, on a juste eu du mal à goupiller nos emplois du temps. Le lien pour les réponses aux reviews anonymes est, comme d'habitude, dans le profil!

Bonne lecture à tous (ou en tout cas je l'espère)

Tempus Bella Prensareque

Le temps de faire la Guerre et de Courtiser

Chapitre 3

Harry traversa les couloirs du manoir le ventre légèrement noué et, chaque fois qu'il passait devant l'un des nombreux tableaux représentants la sacro-sainte grande et aristocratique famille Malfoy, il se demandait ce que pouvait bien lui vouloir l'actuel chef de famille. Peut être avait-il décidé de le virer de chez lui? Bien sûr il avait protégé Draco au péril de sa vie, mais il restait malgré tout responsable de la mort de Narcissa et sans doute, Lucius devait-il avoir du mal à lui pardonner...

Le brun soupira et remonta une mèche qui pendait devant ses yeux. Cela ne servait à rien de se faire du souci pour cela maintenant. Et après tout, il avait une mission à remplir et rester enfermé ici, malgré le calme et l'apparente paix qui y régnait, ne pouvait – ne devait – pas durer. Il devait sauver le monde.

Avec un sourire désabusé, Harry traversa le hall et respira à grande goulée avant de passer le dernier couloir qui devait le mener à la petite salle à manger d'hiver. Devant la porte il s'arrêta et, après que son cœur se fut légèrement calmé – il n'avait aucune raison d'être aussi anxieux – il leva sa main contre le battant et frappa deux coups légers.

Un elfe en uniforme, l'air abominablement sérieux dans son accoutrement, le gratifia d'un signe de tête et l'invita à le suivre, le laissant passer devant lui après une petite courbette. Et Harry sentit à nouveau cette tension envahir ses membres. Que se passait-il finalement? Son arrivée semblait trop officielle pour qu'il s'agisse là d'un simple petit déjeuner. Il pénétra enfin dans la serre hivernale et aperçut Lucius, bien droit, le fixant doucement.

« Bonjour Harry. » Le salua l'homme en lui offrant un sourire de bienvenue.

Se retenant d'hausser un sourcil et de laisser sa bouche béer d'incompréhension, Harry rendit à Lucius un faible bonjour et approcha à l'invitation de l'homme.

« Assieds-toi, je t'en prie. » Le survivant s'exécuta. « Comment vas-tu aujourd'hui? » demanda le blond ensuite, alors qu'il présentait – lui-même! - à Harry un petit plateau de pâtisseries à l'air plus délicieuses les unes que les autres.

Il se servit d'un minuscule Saint Honoré dont la crème sentait la rose et la framboise et le posa dans une assiette en porcelaine veinée de fleurs blanches. « Tout va bien. Merci. Et vous-même? » Répondit Harry de sa voix la plus polie. Il était totalement halluciné par ce qui était en train de se passer. Même si, objectivement, il n'avait aucune sorte d'idée de ce qui pouvait bien être en train d'arriver.

L'homme plus vieux déposa dans son assiette un petit éclair au café et, emportant l'assiette avec lui pour la poser sur ses genoux croisés, il s'appuya élégamment contre le dossier du large fauteuil vert forêt. « Je vais très bien Harry. » Lui répondit-il d'un ton doux et amusé. « Je souhaitais encore te remercier pour ce que tu as fait pour Draco. Pour moi aussi. C'était... » Lucius ferma un instant les yeux, comme si rien que de penser au fait que Draco aurait pu être enlevé était trop douloureux pour lui. « Je n'ai pas de mots pour qualifier ce que tu as fait. Mais sincèrement je t'en remercie. »

Alors finalement tout ce cinéma était simplement une façon de le remercier. Est-ce que le fait d'avoir sauvé Draco surpassait le fait qu'il ait causé la mort de Narcissa?

« Je ne... » Ses mains soudainement se mirent à trembler et il inspira profondément. « Je ne pense pas mériter vos remerciements Lucius. D'abord, parce que si je n'avais pas été là, votre épouse aurait sans doute pris toutes les dispositions nécessaires pour que Dra... » « Oh Harry je t'en prie. » L'interrompit toujours aussi gentiment le propriétaire des lieux. Et il avait l'air légèrement agacé aussi. Peut-être finalement n'était-ce pas le moment d'en parler? Ce déjeuner était peut être uniquement fait pour les remerciements, comme une sorte de rituel qui servait à officialiser quelque chose?

Une dette...

Brusquement Harry se sentit comme si un poids était tombé dans sa poitrine et poussait encore et encore plus bas, jusqu'à son estomac et son bassin, et il avait le sentiment d'être attiré vers le sol. Son expression dut transmettre son soudain malaise car en un bref instant Lucius fut à ses côtés, une main sur son bras droit, l'autre sur l'un de ses genoux. Et son visage était marqué par une inquiétude sincère.

« Harry, que t'arrive t-il? »

Inspirant encore une fois profondément, le brun secoua la tête et résolut de simplement laisser passer ces instants, laisser Lucius le remercier et lui faire déguster son petit déjeuner et son thé au Lys blanc. Peu importe finalement que tout soit une histoire de dette ou de remerciement ou ... Peu importe. Lucius semblait trop sincère – et c'était ce qui était le plus troublant – pour qu'Harry ne se lève simplement et lui fasse comprendre avec force gestes et frustration et peut-être larmes que Lucius n'avait pas à se sentir redevable envers lui. Qu'il avait juste sauvé un petit bébé adorable et que c'était normal.

« Je vais bien Lucius. Excusez-moi, j'ai eu comme un petit malaise. Ce doit être la fatigue. » Son excuse en rajoutait sûrement une couche sur la 'culpabilité' – était-ce de la culpabilité que Lucius ressentait? - de l'homme mais il n'avait pas d'autre excuse.

Se relevant toujours aussi élégamment, Lucius lança un signe de tête à l'elfe tout près d'eux et toujours parfaitement professionnel, et le petit serviteur disparut quelques instants.

« Harry, acceptes-tu ma proposition de thé au Lys blanc? » Retentit alors la voix de Lucius tout près de son oreille. Et le petit brun n'avait pas saisi le mouvement de l'homme entre l'instant où il était encore debout à converser muettement avec son elfe et celui où il était là, presque sur lui, un genou à terre et une main posée sur son bras.

Retenant une expression ahurie de traverser ces traits, Harry tourna son visage vers celui de Lucius et fixa ses grands yeux verts dans ceux gris que tout être de la famille Malfoy semblait posséder, avant de se forcer à sourire légèrement. Et d'acquiescer.

A son plus grand désarroi, l'ainé poussa un soupir si léger qu'Harry pensa un instant l'avoir imaginé et il se releva, reprenant rapidement sa place. Il claqua des doigts et l'elfe en costume réapparut, portant un lourd plateau sur lequel reposait une théière en porcelaine, avec toujours ces mêmes fleurs – des lys, Harry en était sûr – et deux larges tasses assorties. L'elfe disposa consciencieusement les tasses devant les deux hommes, puis la théière au milieu et enfin, une petite assiette plate qu'Harry n'avait pas aperçue plus tôt, et sur laquelle étaient réservées deux fleurs fermées.

Puis sans un bruit – c'était toujours surprenant le fait que les elfes de la famille Malfoy ne 'popaient' pas – le serviteur disparut.

« Harry. » Le brun qui avait gardé son regard fixé sur le service à thé releva son visage vers Lucius et ne put s'empêcher de sourire à l'homme, ses cheveux inondés par des rayons du soleil qui perçaient les nuages.

Si Draco avait cette beauté fine et tendre, Lucius lui, était un homme pour qui le mot même de beauté avait dû être inventé. Ce n'était pas tant son physique, qui était soit fabuleux, mais qui n'aurait rien été sans sa prestance, son charisme, les expressions de son visage, de son corps, de ses mains. Draco était beau, Lucius était magnifique.

« Harry. » Encore, Harry s'aperçut qu'il se perdait dans ses pensées et se força à se concentrer sur les paroles du blond. « Pardonnez-moi Lucius. » S'excusa t-il en souriant. « Ce n'est rien, je t'en prie. Alors. » Le maître de maison décroisa ses jambes et approcha son buste de la table. Tendant ses longues mains, il se saisit délicatement d'une fleur de lys. « Acceptes-tu cette fleur que je t'offre? »

Vraiment! C'était vraiment un rituel, sans aucun doute. Un truc pour le remercier une bonne fois pour toute ou bien pour la dette et Harry ne pouvait pas refuser.

« Heu...Oui » Il ne put s'empêcher de bégayer, mais le regard réjoui de Lucius le conforta dans son idée qu'il y avait forcément anguille sous roche.

« Et bien, je suis absolument ravi Harry. Et je prends avec plaisir cette fleur. » Susurra Lucius après avoir déposé la première fleur dans la tasse de Harry. Il saisit la deuxième sur ses derniers mots et la laissa flotter dans sa tasse.

Et il semblait réellement ravi.

Avec une certaine appréhension, Harry laissa la fleur infuser et s'ouvrir dans sa tasse, écoutant distraitement Lucius lui vanter les mérites de ce thé particulier, puis finalement, ce fut l'homme plus âgé qui l'invita à boire. – Et étant donné qu'Harry n'avait aucune idée du moment propice à la dégustation, ce n'était pas un mal.

Saisissant la tasse en faisant de gros efforts pour ne pas trembler – boire devait sceller sans doute ce rituel étrange -, le brun la porta à ses lèvres avec précaution, jeta un dernier regard à Lucius qui faisait de même en souriant et il but.

Un silence confortable se forma ensuite entre les deux hommes et Harry était toujours aussi étrangement sûr et effrayé que ce qui était en train d'avoir lieu était bel et bien un rituel, mais n'importe comment, il ne pouvait se résoudre à rompre le silence et poser la question. Après tout, il avait accepté l'invitation, Lucius devait sans doute penser qu'il ne possédait dorénavant plus de dettes envers Harry, ou au contraire, qu'elle était maintenant bien établie ou autre chose de ce genre qui sous-entendait un remerciement inébranlable parce que le brun avait sauvé Draco.

Quoiqu'il en soit, Harry n'y comprenait rien du tout. Il but une nouvelle gorgée de thé et fut encore surpris par le goût. La première fois qu'il avait porté le liquide à ses lèvres, il n'avait pas réellement senti toute la saveur du breuvage, trop occupé à essayer de démêler les agissements de Lucius pour leur donner un sens, mais maintenant qu'il était confortablement installé, résigné à n'y rien comprendre, il pouvait se délecter sans retenue du goût sucré et doux sur la langue de la Fleur de Lys.

Délicieux.

« Vous aimez ? » L'interrogea l'homme blond. Lui-même semblait tout particulièrement aimer ce thé – mais peut-être était-ce pour le symbole qu'il représentait ? –

« C'est délicieux, Lucius. Merci beaucoup. » Le maître de maison hocha la tête avec un sourire et croqua dans son éclair au café.

« Nous n'avons pas beaucoup parlé Harry, n'est-ce pas ? » Commença t-il ensuite, la voix assurée. « Est-ce que quelqu'un sait que tu es là ? Ta famille ? Ton oncle ? »

Habitué à jouer des rôles – la guerre formait pour l'espionnage et l'infiltration d'une simpliste façon – Harry jeta un regard léger sur la serre avant de le reporter sur le père de Draco qui semblait attendre avec une certaine avidité la réponse.

« Mon oncle est décédé il y a près de trois ans. Je n'ai pas d'autres familles, du moins, pas que je sache. Mes parents et mes frères ont été assassinés par Voldemort. » C'était la première fois qu'il parlait de Voldemort devant Lucius. Il s'aperçut trop tard que c'était également sûrement la première fois que quelqu'un prononçait le nom du Lord devant Lucius – mis à part sûrement le professeur Dumbledore. La réaction du blond ne se fit pas attendre, mais pourtant elle fut bien moins vive que ce qu'Harry avait imaginé. L'homme se redressa légèrement en fronçant les sourcils et posa sa tasse vide sur la table. Enfin, il leva les yeux sur Harry et haussa un sourcil. Tout s'était passé si vite que Harry eut un instant un doute sur le fait que l'homme ait une seconde été déstabilisé.

« Peu de gens prononce le nom du Seigneur des Ténèbres. » Murmura Lucius comme si quelqu'un quelque part pouvait l'entendre.

Harry, se frappant mentalement, prit sur lui d'encore une fois ne rien laisser paraître et haussa les épaules. « On m'a appris à ne pas avoir peur d'un nom. »

L'explication sembla – et ce fut incroyable à observer pour Harry – simplement convenir à l'homme qui se laissa gracieusement retomber contre le dossier de son siège.

« Cependant Lucius, pour en revenir à ce que vous m'avez demandé, même si je n'ai pas de famille, j'ai quelques amis que j'aimerais saluer, et rassurer sur mon sort. Peut-être d'ailleurs sauront-ils me renseigner au sujet de ma venue ici ? » Il fit une pause pour observer la réaction de son hôte puis reprit, hésitant. « Puis-je…Enfin, est-ce que j'ai votre autorisation pour sortir du manoir ? Bien sûr je reviendrais, si vous me le permettez mais…J'aimerais sortir un peu d'ici, vous comprenez ? »

En effet, Lucius sembla comprendre bien plus vite encore que ce que Harry aurait cru – mais Lucius ne cessait de l'étonner et il se rendait compte qu'il ne le connaissait sûrement pas. L'homme avait l'air incroyablement étonné, puis quelques instants plus tard, son visage changea d'expression et il rit, d'un rire léger et frais, rapide et bref. Et il prit la parole, quelque chose – une étincelle – dans les yeux qui fascina Harry.

« Bien sûr Harry, que vous pouvez quitter la maison. Vous n'avez même pas besoin de mon autorisation. » Il eut l'air scandalisé un bref instant. « Je suis sincèrement désolé si je vous ai donné l'impression de vous retenir prisonnier ici mon ami, ce n'était en aucun cas mon intention. » Une seconde le visage du Lucius pâlit légèrement et il se leva. « Je ne vous ai pas rendu votre baguette. »

Harry, qui avait voulu mentionner ce léger inconvénient, hocha la tête, gêné.

-&-

Harry transplana à une cinquantaine de mètres de Pré-au-lard et se résolut à marcher jusqu'au village. Après tout, à cette époque, Voldemort était à « son apogée », il n'avait jamais été aussi puissant auparavant et, même si cela n'était pas comparable à l'affreuse situation dans laquelle ils s'étaient trouvés dans le futur où tout espoir de l'emporter définitivement était perdu – ou alors vraiment vraiment infime -, la situation était déjà mauvaise. Aussi les gens se méfiaient-ils des inconnus – comme des gens qu'ils connaissaient d'ailleurs – et soupçonnaient tout le monde d'être des mangemorts.

Transplaner dans le centre du village n'aurait fait qu'attirer l'attention – et la méfiance – sur lui.

Maintenant, il lui fallait se rendre à la Volière pour envoyer un hibou à Albus et demander à le rencontrer. Il préférait éviter d'utiliser un des oiseaux de la famille Malefoy – pas parce qu'il croyait que Lucius refuserait, mais surtout parce qu'ils étaient un peu trop reconnaissables et que, inévitablement, cela engendrerait un certain nombre de préjugés avant même la première rencontre.

Arrivé à la volière – et il ne s'était pas trompé, les gens le suivaient des yeux et évitaient consciencieusement de croiser son regard – il attrapa un bout de parchemin et une plume rechargeable à l'infini.

"Monsieur le Directeur,

Je suis en possession d'informations qui pourraient vous intéresser. Je pense que vous comprenez que j'hésite à vous en faire part par hiboux interposés. Pour vous prouver le sérieux de mes informations, je suis au courant de l'importance du septième mois.

Je passe la journée à Pré-au-Lard, si jamais vous décidez de m'accorder une entrevue.

Cordialement,

Harry."

« Un hibou courte distance s'il vous plaît. » Le vendeur le fixa quelques instants avant de tendre la main pour avoir son parchemin roulé et scellé.

« Destinataire?

- Albus Dumbledore. »

L'homme haussa un sourcil mais, apparemment, le sens du commerce avait plus d'importance pour lui que la méfiance et il envoya sa missive sans tarder.

Bien.

Prochaine destination: la Tête de Sanglier.

-&-

"Qu'est-ce que je peux vous servir?"

Il adorait ce pub. L'aspect décrépi et crasseux avait vite été synonyme pour lui de sécurité, la protection d'Abelforth et l'anonymat de ce dernier lui permettant de dormir tranquillement les peu de fois où il avait pris le risque de se reposer ici – avant qu'ils ne doivent tous se replier au QG, avant que Pré-au-Lard ne tombe totalement aux mains des mangemorts.

Et, même sans cela, il aurait adoré l'ambiance de la Tête du Sanglier. Parce que personne n'avait ne serait-ce que levé la tête à son entrée. Même le barman – Abelforth, et c'était bel et bien Abelforth devant lui, la figure forte qui avait remplacé bien malgré lui celle d'Albus à ses yeux, et par Merlin, comment était-il censé rester impassible et... ça y était, sa gorge se serrait et ses yeux s'humidifiaient – n'avait daigné le regarder que lorsqu'il s'était accoudé au comptoir.

« Un jus de citrouille. »

Dumbledore leva un sourcil avant de lui tourner le dos pour fouiller dans les bouteilles entreposées sur une étagère qui paraissait prête à s'écrouler à tout moment.

« Je n'sais pas quand la bouteille a été entamée, alors si vous buvez et que v's'êtes malade, c'est vot'propre responsabilité. »

« Oui m'sieur, » répondit Harry en attrapant le verre – crasseux – avant de poser quelques pièces devant lui. Il s'était méticuleusement préparé à son voyage dans le passé – Hermione l'avait méticuleusement préparé à son voyage dans le passé – aussi avait-il emporté une petite fortune avec lui.

Il alla s'installer dans un coin du pub pour siroter tranquillement sa boisson – et peut-être également réfléchir à la manière d'aborder Abelforth.

Cela faisait un peu moins d'une demie heure qu'il était là lorsqu'une chouette s'engouffra par l'une des fenêtres et vint se poser sur son épaule.

« Bonjour ma belle, » murmura-t-il en caressant gentiment le rapace avant de détacher le parchemin accroché à sa patte. Le volatile resta fermement perché sur son épaule, aussi en déduisit-il qu'il attendait sa réponse.

Il déplia alors ce qui ne pouvait qu'être la réponse de Dumbledore et ne put s'empêcher de sourire en lisant que le Directeur lui proposait de le rejoindre à Poudlard à 15h30, soit un peu plus d'une heure plus tard. Il rédigea rapidement une réponse affirmative et donna la missive à la chouette qui s'envola aussitôt.

Il finit le reste de son jus de citrouille et se leva pour aller s'accouder au comptoir. Abelforth était de côté par rapport à lui, en train d'essuyer – d'encrasser – quelques verres. Harry savait que le barman allait finir sa tâche – et peut-être même une autre encore – avant de venir lui demander s'il voulait autre chose.

Ce qui lui laissait suffisamment de temps pour apposer un sort de silence autour d'eux... enfin, pas un vrai sort de silence, parce que l'absence de bruits venant de leur direction attirerait aussitôt l'attention des gens présents – des gens qui, pour certains, étaient autant sinon plus paranoïaques que Fol Oeil. Non, il réduisait tout ce qui était paroles à un niveau inaudible, transformant leur voix en murmures tandis que tous les autres sons restaient les mêmes.

« J'peux vous servir autre chose? » marmonna finalement – et définitivement de mauvaise volonté – le barman en s'accoudant au comptoir devant lui.

« Si vous aviez l'occasion de sauver le monde, que feriez-vous? »

Harry s'attendait à moitié à ce que Abelforth ignore totalement sa réponse. Pourtant il ricana simplement avant de secouer la tête. « Le monde peut se sauver lui-même. »

Bien sur. Cela ne le surprenait même pas, il aurait même dû pouvoir le prédire! Et il ne put s'empêcher de sourire à cette réponse.

« Et si vous aviez l'occasion de sauver les personnes qui vous sont chères? »

Nouveau ricanement.

« Les personnes qui me sont proches peuvent se sauver elles-mêmes, pas besoin de mon aide. »

Harry fixa résolument le barman dans les yeux alors qu'il baissait ses barrières d'Occlumancie. Il avait été une époque où le simple fait de dresser ces barrières le laissait pantelant et réussir à les maintenir plus de quelques minutes était alors une tâche impossible. Maintenant, au contraire, cela lui faisait presque mal de baisser ses protections mentales tant elles étaient devenues omniprésentes.

Abelforth soutint son regard de longues minutes avant d'accéder à sa demande muette d'entrer dans son esprit.

Harry sourit à cette petite victoire avant de revivre l'un de ses nombreux souvenirs d'un temps qui n'existait déjà plus.

Le Survivant était étalé par terre, propulsé à cet endroit suite à l'un de ses propres sorts que son adversaire avait retourné contre lui.

« Si tu veux survivre, va falloir faire mieux que ça, gamin! »

Excédé, son corps entier le faisant souffrir, Harry planta un regard défiant dans celui de son mentor avant de lancer avec sarcasme: « Il faut juste que je tue Voldemort, non? Ce n'est pas comme si j'avais besoin de survivre au dernier combat! »

Il était à peine sur ses pieds que Abelforth était devant lui, sa main autour de sa gorge alors qu'il le plaquait sans ménagement contre le mur.

« Ecoute-moi bien Potter, si tu n'as pas l'intention de te battre pour vivre, je préfère te tuer moi-même dès maintenant, d'accord? »

Et, sans attendre de réponses, son professeur du moment tourna les talons.

Dans les instants qui suivirent, un sourire fleurit peu à peu sur les lèvres du jeune homme. Parce que la réaction du sorcier, plus que n'importe quel mot, montrait qu'il tenait à lui parce qu'il était 'Juste Harry'.

Puis ses sourcils se froncèrent. Il allait avoir de sérieuses excuses à présenter.

Abelforth cligna plusieurs fois des paupières alors qu'il reprenait pied avec la réalité, semblant se tirer difficilement des méandres de ce souvenir.

« Je vais avoir besoin de toi Ab'.

- S'il y a une chose dont j'suis sûr, c'est que je ne t'aurais jamais laissé m'appeler comme ça. Gamin. »

Et Harry ne put qu'éclater de rire. Parce que, malgré tous les changements – positifs comme négatifs, mais cela restait des changements énormes –, certaines choses restaient identiques.

« Je vais avoir besoin de plus de détails, répondit finalement le barman à sa question muette – veux-tu bien m'aider? Acceptes-tu de te battre à mes côtés? M'acceptes-tu?

- Les artefacts de Leonhard, répondit-il succinctement. »

De nouveau, quelques clignements de paupières.

« Potter? Tu es le fils de James et Lily?

- Et l'enfant de la Prophétie, précisa-t-il, un peu inutilement – mais cela montrerait sans doute la véracité de ses propos. »

Abelforth soupira.

« Je sais que c'est beaucoup d'informations d'un seul coup. Et j'ai rendez-vous avec ton frère. Dès que tu voudras un peu plus de détails... »

Il laissa sa phrase en suspens alors qu'il glissait vers le barman un miroir qu'il avait enchanté pour qu'il agisse de la même manière que celui que lui avait offert Sirius lorsqu'il était en cinquième année. Bien sûr, un miroir identique se trouvait dans la poche intérieure de sa cape.

« Mon frère...? » « Je vais bien être obligé de rencontrer Albus à un moment ou à un autre, autant que cela soit de la manière que j'ai décidée, répondit Harry en souriant. »

Ce n'était pas exactement la question d'Abelforth, qui visait pus à lui demander s'il avait réellement connaissance de l'identité de son frère, mais il venait de faire d'une pierre deux coups. Parce qu'il était presque sûr qu'il venait d'éveiller la curiosité du barman.

« Tu vas dire la vérité à mon frère également? »

Il était content de voir qu'il parvenait encore à prévoir certaines choses.

« Bien sûr que non! » Deux sourcils blancs se haussèrent, signe de demande de plus amples explications.

« Je pense que Albus fera passer le bien du monde avant toute chose. Et ma vision des choses et la sienne ne sont peut-être pas identiques...

- Et moi dans l'histoire? »

Il hésita un long moment quant à l'explication à donner. Et pourtant, cela tenait plus à de la réluctance à dire tout haut ce qu'il ressentait qu'au besoin de trouver une réponse sincère. « Je te fais confiance pour faire passer mon propre bien avant celui de la communauté sorcière. »

Il tourna les talons et quitta le bar sur ces mots. Direction Poudlard.

-&-

Il était arrivé avec quelques minutes d'avance devant les grandes grilles qui marquaient l'entrée principale de Poudlard. Le champ anti-transplanage s'étendait beaucoup plus loin que ces simples barrières et il avait été obligé de faire le reste du chemin à pieds.

Il ne lui restait plus qu'à espérer que l'histoire qu'il avait concoctée pour Albus serait suffisamment crédible...

Par marque de respect envers le Directeur – et peut-être également pour l'encourager à le considérer comme étant digne de confiance – il attendit devant les grandes grilles qu'on lui donne la permission de pénétrer dans l'école.

Et de là où il était, il pouvait déjà sentir la magie même du château, ancienne et presque consciente, pulser tout autour de lui, ce qui créa aussitôt en lui une énorme vague de nostalgie. Parce que, la dernière fois qu'il s'était introduit dans Poudlard, le château était aux mains des mangemorts, la magie d'habitude tellement vivante et pétillante lui avait paru bridée, presque malade et ce lieu qui avait été sa première maison comportait plus de dangers qu'il n'en avait jamais affrontés réunis en un même endroit.

Il vit de loin Minerva arriver dans sa direction, et sans doute était-elle venue pour le mener jusqu'au Directeur. Alors qu'elle n'était plus qu'à quelques mètres de lui, l'une des portes s'ouvrit magiquement pour le laisser passer. Il frotta ses mains moites contre sa robe de sorcier, avala résolument sa salive, se força à retrouver son calme et rejoignit finalement la directrice-adjointe.

« Je suis Minerva McGonagall, Albus m'a demandé de vous conduire à son bureau.

- Enchanté de faire votre connaissance. Je suis Harry. »

Il lui adressa un sourire charmant – auquel elle resta totalement insensible. Et il n'avait aucun doute sur le fait que l'absence de nom de famille ne jouait définitivement pas en sa faveur.

« Si vous voulez bien me suivre...

- Merci. »

Nouveau sourire, auquel Minerva répondit cette fois, mais ses yeux restaient durs et méfiants – et jamais, jamais, elle ne l'avait auparavant regardé ainsi.

Ils arpentèrent les longs couloirs de Poudlard en silence mais Harry y fit à peine attention. Parce que la magie du château était tout autour de lui et qu'il avait l'impression d'avoir de nouveau onze ans et de redécouvrir l'école dans toute sa splendeur.

Ca, et il re vérifiait et re solidifiait ses barrières mentales.

Une fois arrivée devant la gargouille qui gardait l'entrée du bureau du Directeur, Minerva s'arrêta et murmura le mot de passe de telle sorte qu'il ne puisse l'entendre – et ce n'était pas comme s'il était curieux et voulait absolument le connaître.

« C'est là que je vous laisse. Albus vous attend, son bureau est en haut des escaliers.

- Merci de m'avoir amené jusqu'ici, lança-t-il alors poliment avant d'incliner la tête. »

Puis, il se tourna résolument vers les marches et les grimpa en vitesse avant qu'il ne change d'avis – la dernière fois qu'il avait vu Dumbledore, après tout, ce n'était pas exactement lui mais son cadavre...

Il pénétra finalement dans le bureau professoral et le Directeur se tenait devant lui, assis derrière le même meuble que dans ses souvenirs, les mêmes objets dont il n'avait aucune idée de l'utilité éparpillés autour de lui.

« Harry. » Et il ne pouvait pas ne pas remarquer l'emphase qu'il avait mise sur son simple prénom.

« Monsieur le Directeur, répondit-il précautionneusement.

- Je vous en prie, prenez place en face de moi. »

Il s'exécuta sans un mot tout en essayant de convaincre son estomac de se calmer. Parce que, s'il parvenait à utiliser suffisamment bien son Occlumancie pour ne pas que Dumbledore se rende compte qu'il lui mentait, le fait de vomir juste devant lui ne jouerait définitivement pas en sa faveur.

« Du thé? Café? Je peux également vous proposer quelque chose à manger si vous le désirez. » Il déclina gentiment la proposition. Il ne pensait pas qu'Albus glisserait du veritaserum à son insu dans sa nourriture, mais mieux valait être prudent.

« Dans ce cas, je crains que nous n'en venions directement à discuter de la missive que vous m'avez envoyée. Vous seriez apparemment en possession d'informations qui m'intéresseraient...? »

Et voilà. Le moment de vérité.

« Je suis... Je rêve du futur... Je suis un voyant. »

Albus leva un sourcil, seul signe extérieur de sa perplexité – et il réagissait vraiment très bien, vu que la plupart des gens – lui compris – lui auraient déjà ri au nez.

« Je peux prouver mes dires.

- Je suis tout ouï, répondit d'un ton badin le Directeur en soufflant avec attention sur sa tasse de thé.

- J'ai rêvé de la nuit de la prophétie.

- Pardon? »

Et le ton était identique – léger et plaisant – cependant l'expression d'Albus s'était faite plus sérieuse, plus concentrée.

Cette fois, ce fut Harry qui leva les yeux au ciel avant de réciter cette foutue prophétie qui avait fichu sa vie en l'air et qu'il connaissait – malheureusement – par coeur.

« Celui qui a le pouvoir de vaincre le Seigneur des Ténèbres approche... il naîtra de ceux qui l'ont par trois fois défié, il sera né lorsque mourra le septième mois... et le Seigneur des Ténèbres le marquera comme son égal mais il aura un pouvoir que le Seigneur des Ténèbres ignore... et l'un devra mourir de la main de l'autre car aucun d'eux ne peut vivre tant que l'autre survit... Celui qui détient le pouvoir de vaincre le Seigneur des Ténèbres sera né lorsque mourra le septième mois... »

« Très joli. Cela vient d'où? » demanda avec entrain Albus avant de tremper précautionneusement ses lèvres dans sa tasse pour vérifier que le thé n'était pas trop chaud.

« De Sibylle Trelawney, que vous avez ensuite engagée comme professeur de Divinations si je ne me trompe. Cela s'est passé à la Tête du Sanglier. Vous étiez présent d'ailleurs, comme vous veniez l'interviewer pour un possible poste de professeur. J'ai peur de ne pouvoir vous donner la date exacte par contre. »

Le Directeur reposa finalement sa tasse de thé sur la petite soucoupe à disposition sur son bureau sans jamais le quitter du regard. Puis, finalement, il haussa les épaules.

Harry se retint de hurler de frustration.

« Vu que vous avez l'air de penser que tout ceci ne s'est pas passé, vous n'êtes sûrement pas intéressé par la suite de mes rêves. Vous ne voulez pas savoir qui de Neville ou de Harry sera choisi comme étant l'enfant de la prophétie par Voldemort, je suppose. »

Il lui offrit un sourire un peu crispé, tout à fait conscient qu'il venait de jouer là sa dernière carte.

Et Albus l'observa – longuement, très longuement – alors qu'il sentait la Légilimancie, jusque là latente, se faire plus présente, cherchant le moindre mensonge, le moindre signe qu'il était indigne de confiance.

Puis finalement, le vieux sorcier acquiesça. « Excusez-moi, je vous crois maintenant. Et je suis intéressé par tous les détails que vous pourrez me fournir. »

« Harry, Voldemort va choisir Harry. Quelque chose à voir avec le fait qu'ils soient tous les deux de sang mêlé...

- Que savez-vous exactement de l'identité de Voldemort? »

Et, à cet instant, le Survivant en voulut à son mentor. Il venait de lui révéler ce qui pourrait certainement sauver la vie de ses parents et, pourtant, il semblait plus intéressé par Tom Jedusor. Bien sûr, rationnellement, cette colère n'avait pas grand chose de concret, de logique. Cependant, il dut lutter pour ne pas la laisser transparaître.

« Demandez-moi plutôt ce que je ne sais pas. » Il se retint difficilement de froncer les sourcils lorsque ces mots franchirent ses lèvres – on dirait quelque chose que Trelawney aurait pu sortir.

« Avez-vous rêvé de notre rencontre? demanda Albus en reprenant sa tasse dans les mains avant d'avaler une gorgée du liquide ambré tout en ne le quittant pas – jamais – du regard.

- Non... Mes rêves semblent plus concentrés autour de la personne de monsieur Potter dernièrement. »

« Dernièrement », quelle vaste blague – enfin, pas plus que lui se faisant passer pour un voyant. Et rien que de penser à la tête qu'auraient fait Ron et Hermione s'ils l'avaient su lui noua douloureusement l'estomac – ses amis n'existaient tout simplement plus et ils n'existeraient jamais, pas comme lui s'en souvenait, et encore moins comme il avait besoin qu'ils soient.

« Et jusqu'où, dans son futur, avez-vous rêvé exactement?

- Croyez-vous que si j'avais rêvé que Harry parvenait à tuer Voldemort, je me serais permis d'intervenir? »

Et, d'accord, il allait devoir jouer encore plus serré, parce qu'il était hors de questions de donner à Dumbledore plus de détails qu'il n'en avait besoin pour convaincre les Potter de ne pas utiliser Peter comme Gardien des Secrets.

« Cela veut-il dire...? »

Et, cette fois, il pouvait lire et percevoir du désarroi ainsi que de la tristesse émaner de son ancien mentor à l'idée qu'il ait pu mourir – ou alors, était-ce parce que le seul espoir du monde sorcier venait de disparaître – et, beaucoup plus probablement, c'était un mélange des deux...

« Non, Harry est vivant et à la tête de la Résistance. Mais il n'y a presque plus d'espoir de victoire... pour ne pas dire pas du tout. » Et il ne fit rien pour masquer à quel point ces images, cette certitude, cette connaissance du futur le hantaient – car, malgré les bons moments, malgré ses amis, malgré sa famille, telle était la dure et cruelle vérité: ils ne pouvaient/ pourraient pas gagner.

« Peut-être serait-il plus pertinent que les Potter soient présents lorsque je vous donne les détails dont je me souviens.

- Si vous ne le saviez pas encore – et Albus était une nouvelle fois méfiant et sérieux et puissant devant lui – James et Lily font ce qu'ils peuvent pour ne pas attirer l'attention sur eux, pour se cacher même. »

Après tout, il pourrait très bien travailler pour Voldemort. Il le comprenait. Mais cela n'était pas pour autant que cela ne l'irritait pas à un point...! Plus personne, depuis sa deuxième année, n'avait osé le suspecter d'une telle chose.

« Je vous donnerai ma baguette le temps de l'entrevue si cela peut vous rassurer. »

Le Directeur hésita un long moment, et sa Légilimancie se fit de nouveau plus présente, avant d'acquiescer. « Je fixerai une date avec les Potter. »

Hello...? Il fallait qu'il soit libre é-ga-le-ment!

« Et je vous dirai si mon employeur est d'accord pour me laisser un autre jour de congés?

- Pardon?

- Vous ne croyez pas que je suis payé à rêver, hmm? »

Ce n'était pas exactement la question que lui avait posée Albus, mais c'était la seule réponse qu'il fournirait. Sur ces mots, il se leva finalement, prit poliment congés et sortit du bureau – où l'attendait Minerva pour le raccompagner à l'extérieur de Poudlard.

Alors qu'ils allaient bientôt sortir du château, il sentit le miroir dans sa cape se réchauffer légèrement – signe qu'Abelforth cherchait à le joindre. Bien. Il irait directement à Pré-au-lard une fois la barrière anti-transplanage passée – et tous les regards indiscrets disparus. Cela serait plus rapide ainsi, surtout qu'il ne pouvait décemment pas sortir la glace devant Minerva.

-&-

Severus avait dû libérer sa classe dix minutes plus tôt – un petit imbécile avait fait exploser son chaudron, entraînant une réaction en chaîne qui avait fait se dissiper les autres potions. Et lui avait juste eu le temps de protéger ses élèves.

Sa salle de classe était en piteux état et il n'était définitivement pas assez calme pour la réparer à l'instant.

Non, il allait reporter ce morveux auprès du Directeur et croiser les doigts pour que ce dernier le renvoie – ce qui était hautement improbable, mais cela ne l'empêcherait pas d'essayer.

Il venait à peine d'arriver au rez-de-chaussée, laissant derrière lui l'air un peu plus humide des cachots, lorsqu'il aperçut deux silhouettes familières se diriger vers l'une des portes de sortie de l'édifice. Il y avait Minerva mais ce n'était définitivement pas elle qui l'avait fait s'arrêter net. Non, il voyait Minerva tous les jours – trop souvent même – et il n'y avait rien de nouveau ou de perturbant dans sa présence au sein du château. Ce qui n'était pas le cas – ce qui était très loin d'être le cas – de Harry. Harry, qui gardait normalement Draco et ne quittait pas – à ce qu'il en savait tout du moins – le manoir Malefoy.

Que pouvait bien faire le nouveau baby-sitter – l'homme auprès duquel s'était engagé son meilleur ami en prensare – à Poudlard?

Harry – et il ne voulait même pas imaginer la réaction de Lucius lorsqu'il lui ferait part de ce désastreux événement – stoppa net à quelques pas à peine de la sortie. Et, bien qu'il ne regarda pas dans sa direction, Severus eut l'impression qu'il venait de remarquer sa présence. Ce qui, raisonna-t-il aussitôt avec logique, était presque impossible. Le gamin savait utiliser la magie runique – et à un niveau qui l'époustouflait – mais ce n'était définitivement pas un soldat, pas quelqu'un qui avait eu chacun de ses sens acérés par des années d'un conflit auquel seule manquait la dénomination correcte de guerre.

« Je vous remercie Professeur McGonagall. Et remerciez également le Directeur de ma part s'il vous plaît. Cela me gêne de l'avouer, mais il me manque deux examens pour pouvoir obtenir mon diplôme et je remercie vraiment le Professeur Dumbledore d'avoir accepté de m'aider. »

Harry sourit gentiment, la réaction inverse de Severus qui fronça un peu plus les sourcils.

Minerva et le baby-sitter se remirent à marcher et il ne put entendre le reste de la conversation.

D'accord. Il ne pouvait pas approcher Lucius avec si peu de preuves – il était bien possible que l'histoire de Harry soit vraie après tout – mais... Il y avait un « mais », il le sentait. Il découvrirait ce que c'était. Et il protégerait son meilleur ami et son filleul.

-&-

« Nous allons discuter dans un endroit un peu plus discret, » lui souffla Abelforth dès qu'il eut mis les pieds dans la Tête du Sanglier.

Avec un sourire, il suivit le barman qui s'était dirigé vers de vieux escaliers en bois – qui, si ce n'était pour la magie, ne pourraient sûrement pas supporter le poids d'un homme... et peut-être même pas celui d'un enfant.

Il s'arrêta, stupéfait, lorsqu'un sifflement retentit derrière lui et il se retourna presque inconsciemment. L'homme qui venait de les héler ne le regardait pas, ses yeux étaient fixés sur Dumbledore.

« Je pensais que ce n'était pas ce genre d'établissement ici. »

Harry dut cligner plusieurs fois des paupières – refusant de croire que le sorcier avait pu dire ce qu'il venait de comprendre. Mais non. Il venait bien de l'accuser de monter à l'étage pour coucher avec Abelforth. Et sa surprise laissa aussitôt place à un amusement sans fin alors qu'il éclatait de rire. Le barman, qui avait déjà détourné le regard et oublié l'inopportun, se retourna vers lui et Harry se rendit compte que son hilarité était communicative lorsqu'il le vit sourire.

Mais déjà il recommençait à grimper et le Survivant ne put que le suivre, son rire mourant dans sa gorge devant le sérieux de la situation. Un silence de plomb, pesant, gênant, plana entre eux jusqu'à ce qu'ils furent tous deux installés dans un petit salon privé, meublé dans le même style ancien et un peu délabré que le reste du pub, mais beaucoup plus propre.

« Je comprends que j'étais quelqu'un d'important pour toi Harry, et que tu étais également important pour moi…

- Mais tu ne partages pas ces souvenirs aussi te suis-je indifférent ? finit le Survivant, le ton las et défait. »

Dumbledore – Albus – allait être encore plus difficile que ce qu'il pensait à manipuler, il n'était même pas sûr qu'une rencontre avec les Potter serait organisée – et, sans cela, Peter serait très certainement gardien des secrets, et ses parents seraient tués, et l'histoire se répèterait alors que son propre monde avait été détruit dans son entièreté pour, justement, éviter un tel destin.

Il avala difficilement sa salive, tentant de faire disparaître la boule d'angoisse qui s'était formée au fond de sa gorge. Il n'avait pas pleuré, pas une seule fois, depuis que ses amis, sa famille, étaient morts – avaient disparu – et il allait très certainement finir par craquer. Revoir Albus et Abelforth, peut-être était-ce ce qui allait briser son faible équilibre émotionnel…

Il voulait simplement retourner chez lui, retourner au manoir Malefoy et jouer avec Draco tout en sachant que, quelques pièces à peine plus loin, Lucius travaillait tranquillement et qu'il se joindrait à eux dans la soirée, même si c'était muni d'une plume et d'un rouleau de parchemin.

Il prit une profonde inspiration. Non. Il n'allait pas pleurer devant son ancien mentor. Il refusait.

« Ce n'est pas ce que j'allais dire Harry. »

La voix était moqueuse et tendre à la fois et il ne pouvait que fixer son propriétaire avec perplexité, l'air sûrement un peu idiot.

« Je voulais seulement te dire que j'allais être différent de tes souvenirs, parce que, moi, je ne te connais pas encore. »

Il ne savait pas si Abelforth avait changé d'avis devant la scène un peu pitoyable qu'il avait dépeinte ou si cela avait été plus simplement ce qu'il souhaitait lui dire dès le début – et qu'il n'avait dès lors que réagi excessivement et stupidement en l'interrompant – mais un sourire un peu tremblant étira ses lèvres, sans qu'il ne puisse rien faire pour le réprimer – c'était ça, ou se mettre à pleurer.

Un silence confortable plana entre eux alors que le cadet des deux frères Dumbledore lui laissait quelques instants pour remettre un peu d'ordre dans ses émotions bouillonnantes et prêtes à exploser. Puis, d'une voix calme et décidée, il reprit la parole. « Je ne vois pas très bien, par contre, ce que je peux faire que l'Ordre du Phoenix n'est pas en mesure de faire. »

Et il était alors temps de partager le début de plan qui s'était formé dans son esprit.

« Est-ce que tu sais ce qu'est un Horcruxe ? »

-&-

A suivre.

Comme d'habitude, si vous avez aimé ce chapitre et / ou si vous avez une remarque, ce serait gentil de nous laisser une review pour nous le faire savoir :)