Voici enfin la suite, désolée du petit retard, j'avais prévu de le poster vendredi à la base, mais bon, nouveau boulot, complot extraterrestre, tout ça...

Bref, bonne lecture !


La chasse est ouverte !

Dix-neuf mois, dix-sept jours, six heures... Au bout de ce temps-là, il avait quand même fini par oublier le compte des minutes.

Dix-neuf mois, dix-sept jours, six heures, c'était le temps écoulé depuis le moment où il avait appris que Bellatrix était toujours en vie.

Il l'avait appris incidemment, peu de temps avant qu'elle soit déclarée innocente... INNOCENTE ! Non mais quelle blague ! Il rirait bien d'ailleurs, si ce rire ne risquait pas de lui laisser un arrière-goût par trop amer en bouche.

Lui qui pensait qu'elle était morte lors de la Bataille Finale, on ne peut dire à quel point le choc avait été grand quand il avait appris la vérité. Ce jour-là, il s'était rendu au Ministère afin de discuter un peu avec Hagrid. Ce dernier avait été nommé consultant auprès du Ministère des Relations avec les Créatures Magiques et passait désormais moins de temps qu'il ne le souhaitait avec ses chères bestioles. Neville Londubat s'était donc naturellement proposé pour le seconder dans son élevage de Scroutts à Pétard.

Les adorables petites bêtes avaient été infernales ce matin-là et il arborait de nombreux pansements, résultats de multiples brûlures. Il espérait bien trouver un peu d'aide et de réconfort auprès de son ancien professeur et associé.

En se rendant au bureau du demi-géant, il avait croisé Hermione dans l'ascenseur, et c'est tout naturellement qu'il l'avait questionnée sur l'affaire qui l'occupait. La jeune avocate, mal à l'aise, avait bien tenté de noyer la sirène, mais rien n'y fit. Elle dut bien avouer qu'elle allait défendre les dossiers d'anciens Mangemorts qui seraient potentiellement innocents. Dont Bellatrix Lestrange. Black, comme elle se plaisait à se faire appeler à présent.

Après cette annonce, Hermione s'était rapidement échappée de l'ascenseur, laissant Neville seul avec un bloc de glace à la place des tripes.

La tortionnaire de ses parents pouvait être innocentée ? Et en plus, Hermione Granger, qu'il avait si longtemps admirée pour son courage et sa probité, allait défendre elle-même ce dossier ?

Le monde était tombé sur la tête. Pire encore, il apprit par après que la vile sorcière avait effectivement été lavée de tous les soupçons qui pesaient sur elle. Il n'y avait même eu aucune sanction, la Cour jugeant qu'elle avait subi suffisamment de sévices au service du Mage Noir pour racheter ses crimes.

La justice est aveugle, tel est l'adage et il se vérifiait amplement. Mais Neville Londubat, lui qui avait été élevé par sa grand-mère car ses parents n'en étaient pas capable, lui n'était pas aveugle et il n'oubliait pas. Il ne pardonnerait jamais à cette femme tout le mal qu'elle avait fait. Et à toutes ses victimes. Elle paierait pour chacun de ses crimes, il y veillerait.

Prenant une grande inspiration, le jeune homme remit un semblant d'ordre dans ses cheveux et posa sa précieuse mallette sur la petite table de sa chambre. C'était une mallette d'aspect banal, en cuir brun défraîchi, qui aurait bien besoin d'un petit entretien, assez rigide au demeurant. A l'intérieur, bien plus spacieux qu'on n'imaginerait, se trouvaient des dizaines de flacons bien rangés. La plupart étaient minuscules et ne pouvaient contenir que quelques gouttes. Les produits contenus dans ces petites fioles portaient des noms doucement euphémistiques comme « Chagrin d'amour », « Fantaisie d'Eternité » ,« Adieu mon Ange », « Combat en Songe », ... Au final, chaque goutte avait des effets mortels et, dans la plupart des cas, foudroyants.

Ces poisons pouvaient être inoculés par ingestion mais également par simple contact cutané ou encore par inhalation. Il y avait dans cette malette pour une petite fortune de Gallions bien (mal) dépensés. Il avait bien essayé de confectionner lui-même les potions dont il avait besoin, mais outre le fait que les recettes étaient dures à trouver, il se révélait incapable de brasser une potion correctement, même sans le nez crochu de Rogue pour l'épier par-dessus son épaule.

Lui aussi, il lui en avait voulu et trouvait totalement injuste qu'il ait été innocenté. Ses bonnes actions ne pouvaient racheter, à ses yeux, tout le sang que son ancien professeur avait sur les mains. Mais heureusement, lui était bel et bien mort. Un tracas de moins à se faire.

Il referma soigneusement la malette après avoir compté tous les flacons. Sa pharmacopée devenait réellement impressionnante. Il ne lui restait plus qu'à coincer l'infâme Bellatrix.

Jusqu'à présent, il n'avait pas eu de chance. Il avait pourtant trouvé son adresse, et tout indiquait qu'elle y vivait effectivement. Cependant, et malgré toutes les heures qu'il avait passées à la guetter, jamais il ne l'avait vue.

Il allait lui falloir de l'aide... dans une certaine mesure. Il fallait établir des tours de garde afin de ne pas rater le moment où elle rentrerait chez elle. Il ne pouvait tout faire tout seul, il fallait bien qu'il dorme de temps en temps.

Il y avait bien une potion qui permettait d'échapper au sommeil pendant un certain temps... mais une semaine, c'était encore trop peu, et c'était vraiment trop cher aussi. Il avait déjà revendu quelques oeufs de créatures dangereuses au marché noir, mais il avait bien failli se faire prendre la dernière fois. C'était trop risqué.

Le ministère le surveillait de loin, il le savait bien. Tous ceux qui avaient été impliqués dans la Bataille Finale étaient surveillés, pour le cas où ils fondraient un fusible et décideraient d'exterminer proprement les ennemis d'hier.

Même Hermione, qui avait pourtant trahi la cause en défendant Bellatrix et les Malefoys, était surveillée.

Afin d'éviter que l'étau ministériel se resserre, il se devait d'être discret. Il prenait toujours un luxe de précaution pendant ses enquêtes et ses emplettes. Il avait plusieurs déguisements, plusieurs faux noms. Personne ne devrait être en mesure de le démasquer.

Rasséréné par cette pensée, il transplana devant le Terrier où il entendait trouver un peu d'aide. Une aide limitée et dont il faudrait probablement se débarrasser avant de passer à l'action, mais une aide bienvenue.

Il frappa à la porte et fut accueilli par une Molly Weasley un poil irritée. Rien ne se passait correctement ce jour-là. Les pommes de terre étaient trop cuites, la vaisselle refusait de se faire seule, le chat était parti avec la réserve de céréale et on avait oublié de racheter de la poudre de Cheminette...

- Neville, je ne t'attendais pas... Entre, est-ce que tu venais pour voir Ginny ?

- Pas spécialement, Molly. J'aurais voulu voir un petit peu toute la famille aujourd'hui.

Molly fronça les sourcils mais le mena quand même jusqu'à la cuisine où elle lui servit des cookies de la veille – quand les ustensiles ménagers acceptaient de faire leur travail –.

- Je vais prévenir ceux qui sont là, attends-moi ici.

- Merci, Molly.

Une telle attitude pouvait sembler étrange de la part de la si maternelle Molly Weasley. Il fallait dire qu'elle ne voyait pas d'un bon oeil la liaison tumultueuse entre Neville et sa fille Ginny. Depuis qu'ils s'étaient mis ensemble, quelques dix-huit mois plus tôt, ils n'avaient pas cessé de se chamailler. Rien de grave au début, mais ces derniers mois n'étaient qu'une longue litanie de ruptures et de raccommodages. Dans l'esprit de Mme Weasley, une franche rupture était la meilleure chose qui pourrait arriver à ces deux-là.

Elle revint cinq minutes plus tard avec la moitié de la fratrie, soit Percy, Charlie, George et Ginny. Deux cookies avaient trépassé et les pommes de terres étaient désormais carbonisées. Avec un juron, elle fit disparaître lesdites patates.

Après les salutations, Neville leur exposa son projet et sollicita l'aide de toute la famille.

- Je ne sais pas trop, Nev, commença George. C'est sûr que ça m'amuserait beaucoup de faire une farce ou deux à tous ces anciens Mangemorts, comme à la quasi totalité de la population britannique d'ailleurs, mais ça risque de créer un incident diplomatique. Tu sais bien que nous sommes tous surveillés et que les anciens Mangemorts sont protégés, n'est-ce pas ?

- Je le sais très bien, mais comprends-moi, George ! Tu sais très bien ce qu'elle a fait à mes parents et je ne serai pas satisfait à moins qu'une farce qui la fasse mourir de peur. Le Ministère a été trop laxiste avec elle.

- Le ministère a jugé qu'ils ne représentaient plus une menace pour personne, sinon ils ne les auraient pas relâchés. Je comprends très bien ton désir de vengeance, Neville, mais il vaudrait mieux attendre que l'affaire se soit tassée.

Tandis qu'il le sermonnait, Percy regardait gravement Neville par-dessus ses lunettes. Lui faisait entièrement confiance au jugement rendu par le Magenmagot.

Neville, quant à lui, le trouvait affreusement naïf. Endormi une première fois par Fudge, il se laissait à nouveau bercer par Scrimgeour. Il tâcha néanmoins de masquer le peu d'estime qu'il avait pour le frère de sa petite amie.

Laquelle l'avait à peine salué et ne lui avait quasiment pas adressé la parole depuis qu'elle était descendue. Pourtant, ils n'étaient pas vraiment en froid pour le moment. Leur dernière réconciliation remontait à près de deux semaines.

Neville continua son argumentation un long moment, malgré l'opposition qu'il recevait de la part de George, Percy et Molly. Ginny quant à elle se taisait, et Charlie paraissait réfléchir.

Enfin, il prit la parole :

- Tu sais, Neville, je ne pense pas qu'il soit pertinent de « faire une farce » à Bellatrix Black. Tu sais où elle habite, et ce n'est pas vraiment difficile de le savoir d'ailleurs. Malgré la protection du ministère, cette adresse n'est pas très bien cachée, d'autant plus qu'elle sort très souvent à ce que l'on dit. Si c'est juste une farce que tu souhaites lui faire, tu en auras toujours l'occasion dans quelques années. Par contre, si tu souhaites mettre tes talents de détective à profit, tu pourrais nous aider à retrouver Harry. On a un peu laissé tomber ces temps-ci, faute de pistes, mais on pourrait peut-être y arriver avec ton aide.

Ce petit discours sembla valoir au musculeux éleveur de dragons l'approbation de toute la famille, ainsi qu'un regard plein d'espoir de la part de Ginny. Elle n'avait donc toujours pas renoncé à cette amourette de collégienne ?

Tout cela commençait vraiment à l'énerver. Harry les avait abandonnés, et bien bon débarras ! Comme si ce n'était pas déjà assez dur d'entendre Ginny, qui était censée l'aimer lui, en parler trop régulièrement... Non, il ne voulait pas aller chasser le Harry sauvage, surtout si ses alliés ne voulaient pas l'aider en retour.

Il tenta bien de se calmer, mais son énervement dut transparaître d'une façon ou d'une autre. Charlie se fit désapprobateur. Il avait bien compris que le but n'était pas de faire une simple farce et il tentait tant bien que mal de détourner le jeune homme de cette vengeance qu'il pressentait sanglante.

Mais aucun argument ne parvenait à le faire fléchir, l'énervement montait et même Ginny ne parvenait pas à le calmer.

Au final, Neville repartit bredouille de chez les Weasleys, et bien déçu. Il avait pensé un moment qu'il parviendrait à joindre George à sa cause, mais l'influence de Charlie était trop grande.

Il allait lui falloir de l'aide par ailleurs, ou cette fichue potion pour éviter de dormir.

Au Terrier, l'ambiance était plombée. Ginny paraissait être au bord des larmes, et Molly au bord de la crise de nerfs.

- Tu peux me rappeler pourquoi tu restes avec lui, Ginny ? Je ne t'ai jamais vue aussi abattue avant. Il faut que cela cesse.

- Peut-être Maman, mais je l'aime quand même. Même si tu ne me crois pas. Même si tout le monde pense le contraire. Et je crois qu'il a besoin de moi.

Tout en parlant, elle avait recouvré un peu de cet air entêté qui la caractérisait. Sa mère soupira, haussa les épaules et retourna aux fourneaux afin de préparer quelque chose qui fût mangeable. Quant à ses frères, ils retournèrent l'un après l'autre dans leur chambre, avec un petit mot de réconfort au passage.

- Tu sais petite soeur, glissa Charlie quand il passa à son tour, je crois qu'on devrait se remettre à la recherche d'Harry, ça nous ferait du bien à tous de le retrouver.

Sans doute, pensa la jeune fille. Mais même Ron et Hermione n'avaient aucun indice. Et où pourraient-ils bien chercher un Survivant en cavale ? Il faut avouer qu'il était doué le bougre, même le Ministère n'avait aucune piste jusqu'à présent.

Il faudrait voir ça avec Ron, Hermione, peut-être Luna qui avait parfois des éclairs de génie et... en fait, avec tous ceux de l'Ordre.

Là, ils devraient arriver à le coincer, non ?


Voilà, j'espère que ça vous a plu