Me revoilà quelques mois plus tard avec une nouvelle histoire… =)

Je ne promets rien quant aux délais de publication : je pense que ce sera difficile toutes les semaines, donc il se peut que je poste un nouveau chapitre plutôt toutes les deux semaines. Bref, ça risque de ne pas être très régulier quoi ! ^^

En vous remerciant d'avance de me lire…

Enjoy ! =)

( on ne perd pas les bonnes habitudes ;-) : à écouter avec Frou Frou – Breathe in )

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« Insuffisance rénale, défaillance cardiaque. C'est peut être un syndrome de Lyell, déclara Taub posément.

- On a détecté ni fièvre ni dysphagie, répondit Treize en jetant un coup d'œil à son dossier.

- Le patient présente des troubles nerveux et psychiques. C'est peut être une Porphyrie, renchérit le chirurgien plastique.

- Les tests urinaires sont bons. Pas de porphyrines dans l'urine, répondit Kutner à son tour. »

House allait et venait dans la pièce en mâchouillant distraitement son crayon. Brusquement, il arrêta d'arpenter la salle et dit tout en regardant dehors :

« Là où vous dîtes simples pathologies dermatologiques moi je dis… pathologies dermatologiques ET cancer.

- Cancer ? On a éliminé le mélanome ! s'exclama Cameron qui ce jour là, participait au diagnostic avec l'équipe

- Il n'y a pas que le mélanome qui soit cancéreux, vous savez !

- Et vous pensez à quoi ? demanda Forman, soucieux.

- Un carcinome baso-cellulaire nodulaire.

- On lui a déjà prescris de l'IMIQUIMOD et pourtant… tenta la jeune immunologiste.

- Je sais. Faîtes une exérèse.

- Mais c'est de la folie ! s'emporta Cameron, rien ne vous prouve que ce soit cancéreux ! Il se peut que ce soit un œdème de Quick… il suffirait de le mettre sous C1-INH.

- Si c'est un cancer, il risque d'y rester, répondit Kutner.

- On peut faire autre chose avant de faire subir à ce patient une intervention douloureuse et qui plus est délicate, continua l'immunologiste, debout, les deux mains crispées sur le dossier de sa chaise.

- Vous avez une autre idée ? demanda House en la regardant dans les yeux. »

Un silence demeura de longues secondes. La jeune femme crispa un peu plus ses mains sur les barreaux de la chaise, les yeux fermés essayant en vain de trouver une réponse à cette question qu'il lui avait si souvent posée… avant.

« Je…

- Préparé le patient pour la chirurgie, ordonna le néphrologue.

- Non, attendez ! Vous n'allez pas faire ce qu'il dit alors que vous n'avez aucune preuve ! Appelez Wilson et…

- Il faut réaliser l'opération au plus vite Cameron, il ne lui reste plus beaucoup de temps, l'interrompit Treize.

- Alors vous l'écoutez aveuglement seulement parce que c'est House ?

- C'est pourtant ce que vous faisiez avant votre démission non ? demanda-t-il en se tournant vers elle, plantant son regard bleu glaçant dans le sien.

- Absolument pas, dit-elle après un silence, plus d'une fois j'ai...

- Plus d'une fois vous m'avez suivi alors que vous saviez que le patient pouvait mourir.

- Ce n'est pas un cancer, reprit-elle. Il risque de mourir… et je ne vous soutiens pas.

- C'est un cancer. Seulement vous voulez vous affranchir de mes diagnostics et de moi.

- Tout ne tourne pas autour de vous House. Mon diagnostic vaut ce qu'il vaut mais il n'est en rien établi juste pour être à contrario du votre.

- Vous auriez été d'accord avec le cancer, à une époque.

- C'est faux. Ma vision du « vrai » n'a pas changé subitement parce que j'ai quitté votre équipe.

- Pas votre vision du vrai, mais vos rapports aux autres. »

Cameron soupira bruyamment en se dirigeant vers la porte :

« Ce qui ne change pas par contre, c'est votre obstination, dit-elle doucement.

- Ce qui ne change pas, c'est le fait que vous fuyez dès que vous vous sentez piégée. »

Elle se retourna lentement vers lui et constata qu'ils étaient seuls dans la pièce. Elle n'avait même pas remarqué le départ de ses collègues.

Comme toujours, il menait cette discussion avec désinvolture, une tasse de café à la main et un sourire ironique au coin des lèvres. L'énervement et les mains moites étaient obligatoirement pour elle, jamais pour lui. Elle déglutit en silence, les dents serrées :

« Si vous me cherchez, je suis aux urgences.

- Ne vous en faîtes pas, je crois qu'on pourra largement se dispenser de vos services. »

Elle claqua la porte d'un coup sec et partit d'un petit pas rapide sans se retourner. Il la regarda s'éloigner à travers le vitrage transparent, ses yeux glissant sur ses courbes avec gourmandise. Il se servit une nouvelle tasse de café, un sourire aux coins des lèvres.

***

A 21h, House saisit sa veste estimant qu'il avait assez travaillé pour la journée. Il quitta l'hôpital et s'engouffra dans l'enceinte sombre et moite du parking souterrain. Il enfourcha sa moto et roula en direction de son appartement.

Arrêté depuis plus d'une dizaine de secondes, House trouvait ce feu rouge abusivement long. Tout du moins trop long pour lui et sa patiente limitée. Pour passer le temps, il regarda distraitement à gauche puis à droite ; ses yeux s'arrêtèrent sur une jeune femme à la chevelure blonde et ondoyante, plongée dans un livre, seule à la table d'un bar. Dans un sourire, il changea de direction pour se garer dans la rue d'en face et pénétra dans l'enceinte enfumée du bistrot.

Il se fraya un chemin parmi la foule pour atteindre la table où se trouvait son ancienne

immunologiste. Alors qu'il s'apprêtait à dire quelque chose – quelque chose comme justifier sa présence ici, ce fut sa voix à elle, rauque et fatiguée, qui s'éleva alors qu'elle demeurait tête baissée :

« Bonsoir House.

- Comment vous savez…

- Disons que votre démarche ne passe pas inaperçue, même dans un bar, dit-elle calmement en levant la tête vers lui.

- Vous sembliez absorbée par votre roman.

- Les apparences sont parfois trompeuses, ajouta-t-elle dans un sourire énigmatique en refermant son livre. »

Un serveur passa près de House qui demeurait debout, en s'écriant :

« Qu'est ce je vous sers ? »

Il allait répondre simplement « rien » lorsqu'elle décida pour lui :

« Deux bières s'il vous plait. »

House grimaça légèrement, pas certain de vouloir rester ici avec son ancienne collègue à siroter tranquillement une bière jusqu'à pas d'heure – en supposant bien sûr qu'elle soit le genre de fille à boire jusqu'au petit matin. Mais après tout, s'il était entré ici, c'était pour une raison qui excluait de façon certaine une discussion ne dépassant par cinq secondes. Dans un soupir mêlé d'un rictus de douleur, il s'assit en face d'elle avant d'enlever son manteau.

« Alors, qu'est ce vous faîtes là ? dit-elle en replaçant distraitement une mèche de cheveu derrière son oreille.

- Je venais vous dire que vous aviez tord.

- A propos de quoi ?

- Du patient. Vous savez ces petits bonhommes en chemise immonde qu'on essaye désespérément de garder en vie en contre partie d'un peu d'argent.

- Il avait un carcinome basocellulaire ? demanda-t-elle sans réagir à sa blague.

- Non, dit-il en regardant distraitement un couple à une table voisine. Il avait un carcinome spinocellulaire, mais avouer que j'étais pas loin : c'était cancéreux, ça terminait pareil… Aux chiffres et des lettres j'aurais fait un malheur.

- Mais vous aviez tord, dit-elle un sourire ironique au coin des lèvres.

- Vous aussi.

- La seule différence c'est que je ne m'appelle pas House.

- Arrêtez, vous allez me faire rougir, dit-il en buvant une gorgée de sa bière fraichement déposée.

- Ce n'est pas un compliment, bien au contraire. Moi j'ai le droit à l'erreur. Pas vous

- Vous n'avez pas le droit à l'erreur dans ce métier, dit-il à voix basse en la regardant droit dans les yeux.

- L'erreur fait grandir, dit-elle en lui rendant son regard.

- L'erreur tue. Si je n'avais pas été là tout à l'heure, cet homme n'aurait jamais été traité pour un cancer et il serait mort à l'heure qu'il est.

- Je sais.

- C'est pourtant bien ce que vous déploriez tout à l'heure non ?

- Oui mais…

- L'erreur est bonne quand ça vous arrange en fait.

- Non, l'erreur est bonne à long terme, car elle fait réfléchir. Dans l'absolu elle est à bannir, j'en conviens.

- Si elle n'existe pas à court terme, à fortiori elle n'existe pas à long terme. On entre dans un paradoxe là.

- Tout est paradoxe : vous, moi, la médecine.

- Vous éludez.

- Absolument pas.

- Intéressant, dit-il songeur.

- Je ne vois pas en quoi.

- C'est révélateur de votre personnalité. Même si je n'ai pas eu besoin de ça pour vous cerner.

- Ah oui ?

- Vous êtes prévisible. »

Cameron se renversa lentement sur sa chaise en buvant une gorgée de sa bière. Presque gêné par le regard insistant que posait la jeune fille sur lui, House reprit :

« Quoi ? Vous faîtes la tête ? Juste parce que je suis honnête, parce que je suis peut être une des seules personnes que vous connaissez qui… Qu'est ce qui vous fait rire comme ça ?

- Hum rien, dit-elle dans un léger éclat de rire, c'est juste que vous ne pouvez pas vous empêcher de tout expliquer vous-même, toujours, tout le temps… C'est fou.

- Vous étiez vexée.

- Plus rien ne me vexe venant de vous. Et puis quand bien même si c'était le cas, pourquoi toujours chercher une raison à tout ?

- Parce qu'il y a une raison à tout.

- Il n'y a parfois pas de raison à donner aux sentiments. »

Leurs regards se croisèrent un instant avec intensité avant qu'elle ne détourne la tête et regarde autour d'elle. Ellepassa une main nerveuse dans ses cheveux pendant qu'elle scrutait une bande de jeunes à la table voisine.

Désarmé devant le silence persistant, il plongea ses lèvres dans sa bière. Mais la bière avait toujours eu moins de saveur que le harcèlement aux yeux de House :

« Pourquoi vous êtes toute seule ?

- Je n'ai pas le droit d'être toute seule ?

- Pourquoi vous répondez toujours à mes questions par des questions ?

- Pourquoi vous répondez toujours aux questions par des questions ?

- Hum. Je pense que je ne pourrais pas tenir longtemps comme ça, vous savez... Ce serait plus simple si vous répondiez simplement. Alors ?

- Et bien je ne sais pas… j'aime bien être seule.

- Vous mentez.

- Il y a une différence entre mentir et ne pas avoir envie d'en parler.

- Vous n'avez pas envie de parler de quoi ?

- Du fait que je ne suis plus avec Chase.

- Hum… intéressant.

- Arrêtez House, vous le saviez.

- Non, je vous assure que non.

- Peu importe, dit-elle en levant les yeux au ciel, dans tous les cas, je ne vois pas ce qu'il y a d'intéressant.

- Ce serait intéressant de savoir ce qui n'a pas marché… Je ne sais pas, tout semblait bien aller entre vous : après tout, vous avez quitté un poste que vous adoriez juste pour le soutenir.

- Pour commencer, si j'ai quitté votre équipe ce n'est pas uniquement pour cette raison. Ensuite, ce qu'il y a de bien avec les apparences… c'est qu'elles sont seulement des apparences.

- Qu'est ce qui n'a pas collé ?

- Des choses, un ensemble de choses… Je ne vois pas pourquoi je parle de ça avec vous en fait, vous êtes la dernière personne à qui j'aimerais me confier. Vous avez toujours une idée derrière la tête, vous n'écoutez pas par gentillesse ou par compassion, vous écoutez parce que ça vous rend malade de ne pas savoir. »

House fixa la jeune fille dans les yeux, un sourire insondable sur les lèvres. Elle lui rendit un sourire timide avant de poursuivre :

« Pourquoi moi je ne sais rien de vous ?

- Parce que je n'ai pas envie de me confier à vous… d'ailleurs je n'ai envie de me confier à personne.

- Je n'avais pas envie de me confier non plus

- Bien sûr que si, sinon vous ne le feriez pas. Je ne vous ai pas forcé. »

Elle baissa la tête et sourit, sachant qu'il avait raison. Elle se leva alors de sa chaise en saisissant sa veste :

« Il se fait tard, je crois que je devrais rentrer, dit-elle doucement.

- Tiens, quel dommage, moi qui avait parié que vous étiez une fêtarde : du genre totalement déchirée avec deux bières, prête à monter sur le bar pour faire un strip-tease.

- Et bien, la prochaine fois, payez moi ma deuxième bière, et vous verrez bien. »

Un dernier sourire et la jeune fille blonde partit en direction de la sortie. Il resta un moment, songeur, à regarder le fond de son verre avant de se retourner pour la suivre des yeux : la regarder franchir la porte du bar, passer devant les vitres embuées et la voir s'éloigner dans la nuit frileuse jusqu'à devenir une silhouette, une ombre, un point… avant de disparaître.