Le lendemain matin, Naruto goûta au bonheur à l'état pur. Premièrement, la soleil baignait la pièce de son halo doré. Les oiseaux gazouillaient dans l'arbre à côté de la fenêtre. Fenêtre qui avait été ouverte car il faisait très chaud, tellement chaud que Naruto repoussa les couvertures à ses pieds, laissant la chaleur naturelle du soleil l'envelopper.

Il entrouvrit les paupières et scanna la chambre du regard. Gaara était assis à sa place habituelle, en tailleur sur son lit. Mais, oh surprise, il souriait. Et c'était là le deuxième point positif.

Naruto se sentit envahit d'un amour fou pour l'humanité.

Cette plénitude ne dura pas longtemps car il remarqua deux éléments perturbateurs. Le premier, il n'était pas logique qu'il fasse aussi chaud fin octobre. Même le réchauffement climatique n'était pas capable de faire ça. De deux, Gaara souriait, mais en mangeant des cookies. Gaara ne pouvait pas manger des cookies. Ça allait à l'encontre de sa nature démoniaque.

Naruto tenta de le rattraper avec moult gesticulations, mais le rêve lui glissa entre les doigts.

Il se réveilla, pour de bon cette fois, grelottant et avec la couverture tombée au bas du lit. La fenêtre était effectivement ouverte, sûrement l'œuvre de Gaara, dans une incroyable poussée de sadisme matinal.

Le ciel était gris et une formation de nuages noirs semblait avoir élue domicile juste au dessus du château. Comme pour prouver à Naruto qu'il ne s'agissait pas de menaces en l'air, les nuages entreprirent de se déverser joyeusement en une violente et subite averse.

Le blond fut forcer de se lever d'un bond pour aller fermer la fenêtre s'il ne tenait pas à ce que son lit se change en lac. Parce que bien sûr, il fallait que la pluie tombe en diagonale, où aurait été l'intérêt sinon, n'est-ce pas ?

Le seul point positif, si on pouvait appeler ça un point positif, c'est que Gai n'était pas venu le réveiller. L'horloge en forme de boîte de ramen instantanés ( Naruto : Je ne veux Rien Entendre) lui indiquait qu'il était dix heures passées. Ça voulait dire quelque chose de très plaisant : pas de cours de sport le dimanche.

Cependant, Naruto appris aussi que ça voulait dire pas de petit déjeuner, parce que le seul service avait lieu à huit heures. Damnation. Et dire qu'il avait réussi à trouver la salle commune cette fois-ci. Gaara aurait pu le réveiller. Il n'avait aucune pitié... Ouais, enfin pas tellement surprenant après tout.

Il chercha ses nouvelles connaissances et finit par découvrir Shikamaru, affalé dans un fauteuil de la bibliothèque et lisant un vieux bouquin poussiéreux. Bibliothèque privée, mon œil. De toute façon aucune règle n'était respectée dans cet internat, pourquoi se gêner hein ?

En apercevant Naruto il lui adressa un salut bref de la tête.

« Tu lis…? » demanda Naruto en essayant de regarder par-dessus l'épaule de Shikamaru.

« Contes et Légendes du Château de Fronteney », répondit-il.

Il ferma le livre un instant, gardant la page avec son doigt, et se tourna vers la fenêtre. L'averse ne s'était nullement calmé. Il soupira.

« Cette pluie bouscule tous mes plans. Galère.

- Tes plans ?

- Oui. J'avais prévu de profiter de cette journée de liberté pour m'allonger dans l'herbe et regarder les nuages », expliqua-t-il, se replongeant dans son livre.

Naruto leva les yeux au ciel face a l'étrange notion que Shikamaru avait de « faire des plans pour une journée ». Mater les nuages, c'était plutôt ne pas en faire.

« Qu'est-ce que ça dit ?, fit-il en pointant l'ouvrage du doigt.

- Toutes sortes de choses. Je penses que tu n'as pas envie de savoir. »

Cela ne fit que renforcer sa curiosité, aussi pressa-t-il Shikamaru de lui en dire plus. Il le regretta à l'instant.

« Par exemple il y a une légende concernant la dernière chambre du couloir du haut, celle où tu dors. On dit qu'une des comtesses de Fronteney y avait donné naissance à des jumeaux mais que l'un était mort-né. Par la suite la chambre était devenue celle du bébé survivant.

Les yeux de Shikamaru s'étrécirent dans ce qui se voulait une expression mystique.

« Pourtant une nuit, alors que le bébé pleurait, la nourrice est allée le chercher afin qu'il ne réveille pas le Conte et sa femme et l'a emmené avec elle au rez de chaussé pour lui donner la tétée.

Alors qu'elle était occupé à sa tâche, la Comtesse est arrivé, plutôt furieuse, et a commencé à la réprimander, tempêtant qu'elle ne s'occupait pas du bébé comme cela lui avait été demandé.

La servante, confuse, lui répondit qu'elle était justement en train de nourrir le bébé, ce dernier accroché à son sein.

La Comtesse, blanchit et monta les marches en quatrième vitesse, deux servantes aux talons. A l'autre bout du couloir venant de la chambre du bébé, s'échappait des cris et des sanglots d'enfant. Pourtant l'enfant se trouvait toujours en bas, aux bon soins de la nourrice.

La Comtesse s'avança d'un pas tremblant vers la porte, les cris s'intensifiant au fur et à mesure qu'elle s'en rapprochait. Elle posa lentement la main sur la poignée, l'abaissa en retenant son souffle et poussa la porte. Elle porta la main à la bouche et…

- STOP ! »

Naruto le regardait avec horreur.

« Shikamaru !, glapit-il, tu racontes un peu trop bien les histoires d'horreur à mon goût !

- C'est une légende.

- C'est pareil, renchérit-il en pointant un doigt accusateur vers la garçon stoïque.

Se recroquevillant dans un coin il gémit en se balançant d'avant en arrière : « Je ne pourrais jamais plus remettre un pied dans cette chambre, jamais ! »

- …Et elle hurla en voyant le bébé mort-né qui reposait dans le berceau, la fixant avec des yeux d'un rouge démoniaque.

- NAAAAAAAAAAAAAAAN !!!! »

En un bond Naruto avait gagné la porte et s'enfuit loin de Shikamaru et ses histoires sordides. Il n'alla cependant pas trouver refuge dans sa chambre, de toute évidence.

Le reste de la matinée s'était écoulé dans une paisible monotonie et Naruto avait finalement enfin pris son premier déjeuner à la pension (étant donné que sa rencontre d'hier avec Sasuke l'en avait privé). Le cuisiner, ayant eut vent de son adoration pour les ramens, lui en avait tout spécialement préparé. Un repas fabuleux et parfait. Bon, Naruto ce serait peut-être passé du bol d'Ino dans la figure. Cette dernière avait décrété que les ramens faisaient partie de la catégorie « Nourriture Dangereuse pour toute Jeune Fille qui tient à sa ligne » et s'en était radicalement débarrassé. Et visiblement, la seule façon pour elle de s'en débarrasser définitivement était de les balancer sur Naruto. Charmante jeune fille en effet.

Le repas achevé il avait donc du aller prendre une douche. Pour ce faire, il avait du retourner dans sa chambre. Oh, cruelle épreuve. Jamais la perspective d'une douche n'avait été aussi terrifiante auparavant. Il avait néanmoins réussi à pénétrer dans la pièce en gardant un œil vigilant sur la porte, afin de pouvoir s'y précipiter en cas de présence maléfique.

Il se trouvait à présent dans la cour du château, vêtu de son jean rapiécé et d'un sweater orange, à la recherche du cabanon à vélo dont Kiba lui avait appris l'existence. La pluie avait cessé mais un petit vent glacial se glissait insidieusement dans ses vêtements. Ses cheveux encore mouillés dégoulinaient sur sa nuque, lui arrachant des frissons. Il commençait à regretter de ne pas avoir pris le temps de chercher sa veste. Mais pas question de passer plus de temps que nescessaire dans cette pièce maudite.

Il finit par trouver le dit cabanon et entrepris d'en sortir un vieux vélo rouge poussiéreux. Visiblement les élèves n'étaient pas des mordus de cyclisme. Bien entendu, les pneus étaient à plats et il du fouiller activement pendant bien un quart d'heure à la recherche d'une pompe. Un quart d'heure de plus lui fut nescessaire pour parvenir à gonfler les pneus et il fut enfin prêt à partir. Enfourchant son velo, il donna une poussée du pied sur le sol gravillé et se laissa glisser dans la pente vers l'église. Il dû encore s'arrêter pour ouvrir la grande porte arrière de la cour puis se mit à pédaler férocement vers sa liberté.

Il apprécia le contact du vent sur son visage alors qu'il dévalait la pente abrupte, sans même avoir besoin de pédaler. Les arbres défilaient rapidement autour de lui et il arriva vite à l'entrée du village, sans pour autant ralentir son allure. Pas qu'il y avait vraiment de voitures à craindre dans les parages. Il n'avait pourtant pas prédit l'arrivée d'un tracteur alors qu'il tournait une intersection et du faire une violente embardée pour l'éviter. Le chauffeur lui cria des inscanité et il s'enfuit comme un lâche.

Arrivé à un nouveau croisement, il repéra une large fontaine ou une vieille dame faisait tremper son linge. Il ralentit et sauta de son vélo, le posant contre le rebord de pierre. Il salua la vieille dame avec un sourire radieux et mit ses mains en coupelle pour récupérer l'eau qui coulait d'un vieux robinet rouillé. Il but et grimaça quand l'eau glacée lui réfrigéra les dents.

« Vous venez de la pension, jeune homme ? »

Tout en nettoyant son linge, la vieille dame lui adressait un regard curieux. Naruto asquieca puis demanda : « Est-ce que vous pourriez me dire ou se trouve le manoir Uchiha ? »

Elle eut l'air étonné mais répondit, en plongeant un chemisier blanc dans l'eau savonneuse :

« Vous descendez la pente là, tout droit, et arrivé en bas vous prenez à droite. Attention, c'est un chemin de terre, mais vous ne pouvez pas le manquer. Vous continuez tout droit puis vous prendrez un autre chemin à droite, ne vous étonnez pas, il part dans les champs. Ensuite vous suivez le même chemin, il passe par la forêt, et au bout, le manoir. »

Naruto la remercia et enfourcha sa bicyclette, fonçant de plus belle. Dans la descente, il leva les mains du guidon et manqua de finir dans le fossé, coupé net dans son élan de joie.

L'incident ayant calmé ses ardeurs, il continua à pédaler avec prudence jusqu'à la première intersection que la vieille dame lui avait indiqué. Il tourna et ralentit, afin de ne pas manquer le chemin qui coupait par les champs, sûrement donc assez discret. Il le repéra et l'emprunta, remarquant que la boue l'empêchait de continuer plus longtemps à velo. Il descendit donc, s'embourbant jusqu'aux chevilles et jurant allègrement.

La terre devint plus sèche alors que le chemin s'enfonçait dans les bois, le couvert des arbres l'ayant protégée de la pluie. Comme lui avait dit la vieille dame, il ne pouvait pas se tromper, aucune intersection ne pouvant le dévier de sa route. De même, il ne pouvait pas manquer le manoir.

Ce dernier se dressait fièrement au bout du chemin, imposant et un peu inquiétant, dans le genre « demeure hanté où votre bande de potes vous défit de passer la nuit ». La chemin débouchait sur la façade gauche de l'édifice, et Naruto y plaça son vélo. Une route moins boueuse et mieux tracé partaît de l'entrée principale vers un village en contrebas. Sûrement un petit bourg avoisinant de Fronteney.

S'avançant, Naruto constata que la grande porte d'entrée, non sans rappeler celle de la pension, était grande ouverte. Elle donnait sur une cour intérieure pavée, à la façon des monastères. Naruto marcha distraitement dans le couloir qui faisait le tour de la cour, l'observant à travers les colonnes de pierre. Sur sa gauche, diverses portes, toutes closes, défilaient. Finalement, il s'avança dans la cour vers une fontaine qui occupait son centre. Il se hissa sur le rebord et, balançant les jambes dans le vide, attendit. Son attente fut finalement récompensée par un aboiement menaçant. Pas tellement sympathique comme accueil, en soit.

L'aboiement provenait d'une boule de poil informe de dix centimètres que Naruto considéra avec dédain. Dédain qui se changea en plaisir sadique lorsqu'il constata que la chose ne pouvait que vainement tenter de l'atteindre en s'évertuant contre la paroi de la fontaine. « C'est ça la dure vie des microbes », songea-t-il avec satisfaction.

Il se demanda bêtement si, en lui balançant de l'eau dessus, la créature se démultiplierait (Comme les Gremlins. Oui, références de plus en plus brillantes, n'est-ce pas ?). Et que la cour serait remplis de créatures poilues du même genre. Et qu'il étoufferait dans les poils. Il se demanda si Sasuke aurait la bonté de le sauver. Pas sûr.

En attendant, ignorant le degrée d'agressivité que la chose à poils pouvait développer, il était coincé sur cette fontaine et la pierre froide commençait sérieusement à lui engourdir le postérieur. Il entrepris de changer de position, et n'ayant pas considéré les propriétés glissantes d'un rebord de fontaine, termina ses acrobaties dans le bassin. Bassin étant bien entendu remplis d'eau plus ou moins putride. Et glaciale.

En bas, la bête hurlait toujours avec acharnement.

« Qu'est-ce que tu fais ? »

Naruto releva la tête de son agréable « bain » pour rencontrer l'expression déconcerté de Sasuke, qui l'observait, adossé à une colonne.

« Je profite de cette belle après-midi ensoleillé d'octobre, pourquoi ? », répondit-il sarcastiquement, son pied n'ayant qu'une envie, aller se loger avec violence dans le tête du sale cabot hurleur. Ce dernier s'était pourtant arrêté et sautillait joyeusement dans la direction de son maître. Sasuke lui administra une caresse entre les oreilles. Il aurait juré que l'animal lui avait adressé un sourire moqueur.

Il se hissa hors de la fontaine et se réceptionna agilement sur le sol, gardant un œil attentif sur le chien pernicieux.

Sasuke ricanait. Naruto n'était pas d'humeur à plaisanter, son jean lui collant désagréablement à la peau et le froid lui faisant claquer des dents. En soit il avait l'air d'un chien trempé. Avec l'odeur de croupie en complément. Conserver une allure digne était impensable.

Sasuke dû finir par remarquer son malaise car il cessa de glousser, se bornant à un sourire narquois, et lui fit signe de le suivre à l'intérieur. Ils débouchèrent sur un hall d'entrée étroit, presque entièrement occupé par un massif escalier de pierre. Le carrelage à damiers se transformait en mare tandis que l'eau dégoulinait à ses pieds et Naruto coupa son observation pour suivre Sasuke, qui montait à l'étage. Le cabot à ses pieds, bien entendu, remuant frénétiquement de la queue. Les chiens sont idiots.

Un couloir sans fin lui apparut lorsqu'il eut finit son ascension. Sasuke s'arrêta devant une porte et lui fit signe d'entrer dans une chambre royale. Oui, royale, lit à baldaquin, rideaux en velours, cheminée en marbre, fauteuils en soie et moulures au plafond. En soit, le contraire exas de toute chambre d'adolescent du 21ème siècle se respectant. Un poster de Motley Crue aurait fait tache à côté des ornements muraux, certes.

Sasuke disparut dans un pière adjacente et revint quelques secondes plus tard, une serviette de bain en coton à la main. Il la tendit à Naruto et alla s'asseoir sur le grand lit, l'observant tandis qu'il se séchait vigoureusement les cheveux, avant de s'ébrouer énergiquement, envoyant gicler des gouttes d'eau tout autour de lui. Sasuke paraissait étrangement fasciné par ce rituel, aussi s'arrêta-t-il, levant un sourcil interrogateur. Sasuke détourna le regard.

« Tu peux prendre une douche si tu veux. Je peux te passer des vêtements de rechange. Vas dans la salle de bain je te les amène »

Naruto acquiesa et le suivit jusqu'à la dite salle de bain. Sasuke s'éclipsa et il entreprit de s'offrir une douche bien mérité. La salle d'eau était bien entendu somptueuse et il s'y sentait quelque peu mal à l'aise. Le bonheur de se débarrasser de la charmante odeur de croupie qui l'enveloppait gagna néanmoins sur l'inconfort.

En sortant de la douche, il constata que Sasuke avait laissé sur le lavabo (aux proportions gargantuesques) le change qu'il lui avait promis. Un T-shirt noir et jean noir. Pas tellement étonnant, il ne pouvait guère imaginer l'adolescent solitaire sortir de son placard un costume de yakuza orange (cela existait-il seulement ?)

Lorsqu'il regagna la chambre il y trouva Sasuke étalé sur le lit, son fidèle cabot lové paresseusement sur son ventre. Il questionna Sasuke lorsque ce dernier releva la tête :

« C'est quoi, ça ? »

Il montrait du doigt la chose informe qui ronronnait quasiment de plaisir. Apparament ce chien ne savait pas que les cabots ne ronronnent pas.

« Pakkun.

- Ton chien ?

- Celui de Kakashi », expliqua-t-il avec un soupir.

Etrangement cela n'étonna pas tellement Naruto. Tel maître tel chien. Insupportables.

Au bout de quelques minutes d'inconfortable silence, il entreprit d'entamer une conversation :

« Alors, euh, tout ça c'est à toi ? Je veux dire, le manoir. La pension aussi, d'ailleurs. Kakashi à dit…

A ces mots, Sasuke l'interrompit : « Tu connais Kakashi ? », puis levant les yeux au ciel, ajouta avant que Naruto ait pu répondre :

« N'écoute pas trop ce qu'il dit. La plupart du temps ce sont des inepties. »

Naruto fronça les sourcils. Pourquoi utiliser des mots si compliqués, tss…

Sasuke ne lui laissa pas le temps de rajouter quoique ce soit.

- La pension n'appartient plus à la famille Uchiha mais à Sarutobi, l'actuel directeur. Ca faisait trop à prendre en charge. Le manoir…Il n'a plus grande valeur.

Naruto roula des yeux. Plus grande valeur ? Voilà qui était bien ironique rien qu'à voir la magnificance de la chambre dans laquelle il se trouvait. Il se tût, déduisant qu'aux yeux d'un gosse de riche, cette chambre devait avoir l'air miséreuse.

Il fut coupé dans ses vagabondages d'esprit par le brusque bond de Sasuke qui, arrivant presque simultanément à ses côtés et après une seconde ou deux d'hésitation, dit : « Viens », avant de l'entraîner hors de la chambre et de lui faire dévaler l'escalier. Naruto avait très envie de lui demander de ralentir, parce qu'il avait eut son quota de chutes pour la journée, mais voyant ce qui semblait être un simulacre d'enthousiasme chez Sasuke, ne se vit pas le cœur de calmer ses ardeurs. Il lui semblait que c'était chose rare chez le garçon.

Il débouchèrent à nouveau sur la cour et Naruto constata avec satisfaction que le soleil avait réussi à percer à travers l'opaque rideau de nuages. Sasuke avait ralentit, et laché sa main, mais marchait toujours au pas de course. A l'autre bout de la cour, en face de l'entrée principale, il y avait une autre sortie, en forme d'arche de pierre, sans porte, qui menait sur un verger. Il y suivit Sasuke, observant attentivement les allées de pommiers aux branches nues qui semblaient s'étendrent à l'infini. Pas de valeurs le manoir, mon œil.

Sasuke délaissa le verger pour tourner sur la droite vers un petit cabanon en bois. Il en ouvrit la porte poussiéreuse avec quelques difficultées et disparût dans la noirceur de l'habitacle. Au bout d'une minute ou deux, il en ressortait avec un vieux vélo bleu Peugeot, du genre qu'on faisait à foison, mais dans les années cinquantes.

C'était néanmoins un beau vélo, et qui aurait sûrement eu de la valeur aux yeux d'un collectionneur.

Sasuke lui lança un sourire maladroit. Pas à dire, Naruto commençait à apprécier cette facette de la personnalité de son nouvel ami.

« J'ai remarqué que tu avait un vélo, s'expliqua-t-il en en gesticulant vers la gauche du manoir, où Naruto avait laissé son vélo. J'ai pensé qu'on pourrait faire une ballade. Je suis sûr que tu n'as encore rien vu de Fronteney »

Naruto enjamba donc son vélo, priant intérieurement pour ne pas à nouveau finir dans un fossé ou, pour changer, un ruisseau quelconque. Sasuke s'était installé sur son vélo en amazone et dévala l'allée principale du manoir sans demander son reste. Naruto quand à lui considéra un instant le sol de gravier, et concluant que c'était là une surface assez glissante, s'élança à sa suite avec un peu plus de retenue.

« Dépèche-toi, idiot ! » lui lança Sasuke de l'autre bout de l'allée avec un rictus satisfait. Naruto l'insulta en retour et pédala rageusement, bien décidé à lui faire ravaler son arrogance. En jetant un coup d'œil derrière lui, Naruto remarqua que Pakkun courait comme un dératé pour les rattraper, ce qui l'encouragea à accélérer. Il tira la langue à l'animal, et ce dernier se campa sur ses quatres pattes pour hurler à la mort.

Oh, la satisfaction.

Ils pédalèrent longtemps, un peu trop longtemps pour les courbatures douloureuses de Naruto qui fut plutôt soulagé lorsqu'ils arrivèrent enfin à destination.

Ils se trouvaient à présent devant une imposante cascade et encore plus au milieu de nulle part que ne l'était la pension, si c'était possible. Sasuke laissa tomber son vélo à terre à s'avança vers la cascade, faisant signe à Naruto de le suivre. La dite cascade était bordée d'une genre d'étang (logique pour une cascade) et Sasuke entrepris de le traverser en sautant d'une pierre à l'autre.

« Euh on fait quoi là au juste ? » demanda Naruto, à qui la perspective d'un bain ne plaisait guère. Un seul pour la journée lui paraissait amplement suffisant.

Sasuke lui adressa un nouveau rictus, encore plus large que le précédent.

« Quoi, on a peur d'un peu d'eau ? »

Naruto grommela, incapable de résister à un défi, et posa prudemment le pied sur la première pierre pour tester sa stabilitée. Satisfait, il continua son avancée. Sasuke l'attendait au pied de la cascade, les poings sur les hanches. Le spectacle avait l'air de bien le divertir, songea Naruto en lui lançant un regard noir. Il reporta vite son attention sur sa tâche lorsqu'il trébucha, plongeant le pied dans l'eau glacé. Super, basket et chaussette complètement détrempées, PARFAIT.

Il ne releva même pas la tête lorsqu'il entendit le ricanement de Sasuke.

Lorsqu'il arriva enfin à destination, ce fut pour voir Sasuke disparaître derrière la cascade. Autrement dit, se faire allégrement tremper.

« Je n'irai pas. » fit-il en croisant les bras et en fixant la chute d'eau avec intensité. Allez savoir, sous la force de son regard, peut-être se séparerait-elle en deux telle la mer rouge face à Moise.

Il faut croire que la cascade n'était pas aussi conciliante que la mer rouge car elle continua de couler abondemment, imperturbable. Naruto restait campé sur ses positions et entrepris d'énumérer à la cascade les raisons pour lesquelles il ne la traverserait pas.

« Je me suis pris un bol de ramen sur la tête, j'ai du prendre une douche. Puis je suis à moitié tombé dans un fossé. Ai-je précisé qu'il était boueux ? Ensuite je suis tombé dans une fontaine croupie. J'ai du reprendre une douche. Mon pied vient d'avoir un aperçu de ton eau glacé et…C'EST BON, CA VA, J'Y VAIS ! »

Face à l'indifférence complète de la fontaine et vue que Sasuke n'avait de toute évidence pas l'intention de faire demi-tour, la énième douche semblait inévitable. Il traversa le rideau d'eau sans même se presser, de toute façon, avec un peu de chance, il allait bientôt tomber dans un lac. Autant être trempé une fois pour toute.

Il déboucha sur une caverne où il faisait particulièrement sombre et humide. Sasuke l'attendait, assis sur un rocher, la tête dans les mains. Naruto n'avait pas besoin d'y voir clair pour savoir que ce dernier le fixait d'un air moqueur.

Il confirma ses soupçons en lui disant : « On dit que parler tout seul est l'un des premier symptôme du célibat »

- Je n'suis pas célibataire ! beugla Naruto en se dirigeant d'un pas lourd vers sa Némésis.

Après un instant d'hésitation et un ricanement de Sasuke, il ajouta :

« Enfin si. Mais les filles sont à mes pieds !

- Je n'en doute pas, » fit Sasuke d'un ton ironique.

Naruto grinça des dents et décida de ne pas relever, afin de garder une once de sa santé mentale intacte.

Sasuke s'était levé et s'enfonça dans les ténèbres de la grotte. Naruto lui emboita le pas d'une démarche mal assurée. Sasuke ne semblaît même pas remarquer la noirceur des lieux, il avançait d'une démarche nonchalante, sans même jeter un regard derrière lui pour vérifier que Naruto suivait toujours. Peut-être que Sasuke avait une vision nocturne. Comme Gaara. Ce qui faisait de lui un psychopathe. Comme Gaara. Un psychopathe doublé d'un individu à la santé mentale déficiante. La preuve, il avait adopté Pakuun. A moins que Kakashi ne lui ait refilé.

Pour combler le silence pesant qui s'était installé, il demanda :

« On arrive bientôt ?

- Non.

- On va où ?

- Tu verras.

- Pourquoi on y va ?

- Tu verras.

Pendant deux minutes, le silence retomba, seulement ponctué par le bruit de leurs chaussures sur le sol de pierre de la grotte. Pendant deux minutes.

« On y est ?

- Non.

- On y sera bientôt ?

- Non.

- Ah…

- Ah.

Naruto remarqua que des pierres en forme de stalactiques pendaient au plafond. Il imagina la première de couverture du journal Jurassien : « Jeune du pensionnat embroché par un stalactique lors de sa (joyeuse) expédition sous-terre. Sasuke Uchiha suspecté d'homicide volontaire réfute toutes les accusations ».

- On arr…

- NON.

- Non ?

- …

- Sale meurtrier, va.

-…

Sasuke ne l'avait pas contredis, remarqua-t-il avec appréhension. Il n'était peut-être pas aussi innocent qu'il en avait l'air. Pas qu'il ait particulièrement l'air innocent à l'origine.

« Super, deux fois plus de chances de finir assassiné. Tant qu'à choisir je préfère Gaara. Ses frères et sœurs accepteront peut-être de me faire une sépulture »

- Gaara ? demanda Sasuke sur le ton de la conversation.

- Mon colocataire, répondit Naruto en shootant dans une pierre. C'est un meurtier. Mais personne ne me croira tant qu'on aura pas retrouvé mon corps désarticulé dans les bois. Où en morceaux. Dans une valise. Une valise rouge. Tachée de sang.

Sasuke soupira bruyemment.

« Tu parles toujours autant ? », demanda-t-il en bifurquant à droite dans le dédale des « couloirs » de la grotte.

Il lui semblait qu'avoir une bonne réthorique (parler beaucoup et avoir une bonne réthorique n'est pas la même chose, certes) était un compliment, mais venant de Sasuke, ça sonnait plutôt comme un de ses charmants sarcasmes.

« Oui. Je suis une personne sociable, MOI. Tu remarqueras que je suis le seul à faire la conversation. »

Sasuke haussa les épaules et répondit : « Tu ferais mieux de te taire si tu veux pas réveiller les chauve-souris »

Naruto fut pris d'une sueur froide : « Les…chauves-souris ?

- Oui. Il y en a à foison.

-…A…foison ?

- Surtout à cette époque de l'année. Elle dorment le jour, mais on sait jamais.

-…On sait…jamais ?

- Tu joue à quoi, au perroquet ?

- Ta gueule ! Tu m'as trainé dans un repaire de chauve-souris !

Il pouvait sentir l'aura de satisfation qui entourait Sasuke se raffermir. Le traître. L'assassin. Le sale petit…

Son train de pensée fut coupé par un bruit suspect qu'il indentifia immédiatement : Un battemement d'aîle de chauve-souris.

« AAAAAAAAHH ! », brailla-t-il, tournant les talons et se précipitant vers la sortie comme si sa vie en dépendait. Il continua à battre des jambes dans le vide pendant encore quelques instants avant de se rendre compte que Sasuke l'avait aggripé par la manche et le maintenait sur place.

« Lâche-moi ! Elle vont m'attaquer, elles vont sucer mon sang, elle vont me bouffer vivant! VIVANT! »

- Ce sont des chauve-souris, pas des vampires, fit remarquer Sasuke d'un ton blasé.

- Dans Jumanji, elles sucent le sang ! pointa Naruto en se dégagant de la poigne qui l'immobilisait.

Sasuke l'avait abandonné pour continuer sa progression vers le centre de la terre ( tout du moins vers le fond de la grotte, que Naruto considérait être le centre de la terre).

Une voix lui répondit dans les ténèbres : « Je doute que ce soient des chauve-souris du Jura dans Jumanji »

Le bruit de pas se fit de plus en plus indistinct pour finalement s'éteindre.

« Sa…Sasuke ? », hasarda Naruto en fixant le plafond avec appréhension. Ce cône, là, était-ce un satalactique ou une chauve-souris endormie ? Sur le point de se réveiller. Sur le point d'ouvrir son œil brillant et sanguinolant.

Un lumière scintilla dans l'obscurité.

Naruto poussa un hurlement d'horreur et s'élança comme un fou dans le noir, gesticulant vainement pour chasser les inexistantes chauve-souris qu'il était persuadé de sentir voleter pernicieusement autour de lui.

C'est tel un boulet de canon qu'il, c'est peu de le dire, déboula dans une cavité aménagé et s'écrasa violemment contre le mur. Il se massa la tête en étouffant un grognement de douleur et observa son nouvel environnement avec stupeur.

Il était entouré d'étoiles. D'étoiles faîte de peinture fluorescente, précisons-le. Pas que Naruto ait eu assez de jugeote pour s'en rendre compte.

« Il fait déjà nuit ? » demanda-t-il en fixant stupidement Sasuke.

Ce dernier ne se donna pas la peine de répondre et se contenta de lever les yeux au ciel. Enfin, au plafond. Les étoiles fluorescente brillaient très faiblement, sans doute parce qu'il n'y avait aucune lumière susceptible d'alimenter la peinture.

Naruto se mit à rire bêtement.

« C'est meugnon, Sasu-chou à une petite base secrète ! »

Il se reçu un violent coup de poing dans la tête, en plein sur la bosse qu'il venait de se faire. Il ne retint pas ses cris d'indignation :

« T'es pas obligé de me frapper ! La communication, tu connais la communication ? »

- Oui. Et je maudis celui qui t'en as donné le don.

- Blasphème !

-…Tss »

Sasuke se mit à farfouiller dans un coin et bientôt une pâle lueur orangée illumina la pièce. Il tenait à la main une vieille lampe torche poussiéreuse dont il fit errer le faisceau sur les murs. La pièce comportait en tout et pour tout une petite table en bois et un vieux sofa en lambeaux. Naruto s'y laissa tomber, en faisant attention de ne pas s'embrocher sur les ressorts qui en sortait, et embrassa la pièce du regard avec un air songeur.

« J'aurais pas pensé qu'un gars qui possède un manoir aimerait ce genre d'endroit » fit-il remarquer.

En voyant que Sasuke haussait les épaules tout en se hissant sur la table, il ajouta :

« Mais je trouve ça cool ! »

Sasuke posa la lampe sur la table, faisceau vers le plafond et cala son menton entre ses mains, battant des jambes dans le vide. Un silence confortable s'installa pendant quelque minutes, puis Naruto ouvrit sa sacoche et en sortit son carnet de croquis et un crayon de papier. Il s'absorba dans son dessin sous l'œil intrigué de Sasuke, observant chaque détails du repaire pour les reproduire sur son carnet. Quelques minutes plus tard, il le referma soigneusement et le re-glissa dans sa sacoche, prenant soin de ne pas en froisser les pages. Il adressa un sourire satisfait à Sasuke.

« Maintenant j'ai une esquisse ! Je pourrais le finir quand j'aurai plus de lumière »

- Je ne pensais pas qu'un idiot comme toi savait dessiner. »

Naruto s'apprêtait à réagir au quart de tour à l'insulte quand Sasuke ajouta, en ramenant ses jambes contre sa poitrine :

« Mais je suppose que je trouve ça cool aussi. »

La lumière était faible, mais Naruto put voir un sourire distrait se dessiner sur les lèvres de son vis-à-vis, ainsi qu'un éclat d'autre chose qui flasha momentanément dans ses yeux noir.

« De la nostalgie… », songea Naruto en le considérant pensivement.

Avant qu'il n'ait pu répondre, Sasuke reprit :

« C'est mon frère qui a peint les étoiles sur les murs. Il dessine lui aussi »

Naruto ne savait pas trop quoi dire, aussi regarda-t-il distraitement autour de lui pour chercher une distraction. Son regard tomba sur son poignet, et plus précisément sur sa montre et il se dressa d'un bond.

« Je suis en retard pour le couvre-feu ! Je dois y aller, à plus Sas ! »

Sasuke tiqua au surnom mais n'eut pas le temps de rétorquer que Naruto avait filé hors de la pièce. Quelques secondes plus tard il y surgissait à nouveau et demanda :

« On se voit demain soir ? Je finis les cours à dix-huit heures. »

Sasuke hocha la tête et Naruto disparut à nouveau.

Il était tellement pressé que ce ne fut qu'une fois à la sortie qu'il réalisa qu'il n'avait pas pensé une seule fois à la présence des chauve-souris. Il frissonna en jetant un regard derrière lui et s'élança à l'extérieur…Non sans se faire tremper au préalable.

« Saleté de cascade de mes deux » bougonna-t-il en claudiquant vers son vélo.

Ne se sentant pas d'humeur à faire des acrobaties, il marcha directement dans l'eau au lieu de sautiller d'une pierre à l'autre. Il repris la route vers la pension, galérant joyeusement car la pente était très abrupte et maudissant le petit vent frais qui, en plus de la douche froide qu'il venait de subir pour la douzième fois de la journée, achevait de le transformer en glaçon.

Ce ne fut qu'à mis chemin qu'un détail lui sauta aux yeux. Il s'immobilisa brusquement, campant les pieds au sol pour éviter de dévaler la pente avec son vélo.

La famille Uchiha toute entière avait périt dans l'incendie, hormis Sasuke. C'était tout du moins ce que Kakashi lui avait dit, et ce dernier ne semblait pas plaisanter.

Alors pourquoi Sasuke lui avait-il dit: « Mon frère dessine » ?

OoO

Voici donc le chapitre deux, enfin, et j'espère, pas trop truffé de fautes ! Encore merci pour vos encouragements, baumes de ma misérable existence :D

Certains d'entre vous me posait des questions, et normalement (si j'ai bien ménagé le suspense !) ce chapitre devrait en soulever aussi. Je suis tout à fait prête à...NE PAS Y REPONDRE (*gniark gniark*)

Je m'excuse d'avance, mais je ne pourrais sûrement pas poster le chapitre trois avant un petit bout de temps parce que je déménage et je n'aurais, dans un premier temps, pas de connexion internet ( je vais mouriiir T_T) Au moins ça me laissera le temps de l'écrire ;)

Ciao !