Auteur : MarcyJ

Traductrice : Moi

Spoilers : ---

Rating : T

Genre(s) : Humor/General

Disclaimers : Tout l'univers des Cullen appartient à Stephenie Meyer. L'histoire que vous allez lire appartient à MarcyJ. Quand à moi, je ne suis qu'une humble traductrice.

Notes : Pour ceux que ça intéresse de lire cette histoire en version originale, le lien se trouve dans mon profil.


- Chapitre 6 : Bella, les caddies et les flammes de l'enfer -

On réussit à arriver jusqu'à la Volvo et à s'engager sur la route avant que je ne sois prise d'un fou rire incontrôlable. Les lèvres d'Edward se figèrent en un demi-sourire pendant un moment avant qu'il ne se mette à rire lui-aussi. On était à mi-chemin de notre destination lorsqu'on fut à nouveau capable de respirer (enfin, quand je fus capable de respirer à nouveau - l'oxygène étant aussi nécessaire à Edward que du chocolat le serait à un poisson rouge). Je glissai ma ceinture sous mon bras et me tournai pour lui faire face.

"Remets bien ta ceinture. C'est dangereux. Et illégal," me réprimanda-t-il doucement.

"Je doute que la police n'arrête la fille du Chef. Ca devrait aller. Tu es un bon conducteur...quand tu te rappelles que tu ne courre pas un grand prix," contrai-je, en haussant un sourcil avec amusement.

"Va dire ça à Charlie. Il était furieux quand j'ai écrasé la pédale de frein et qu'on a pilé. Je suis un idiot, Bella. Je suis si désolé d'avoir perdu le contrôle et t'avoir mis en danger." Toute trace d'humour avait disparu de son magnifique visage. "Et cette scène avec Charlie était entièrement de ma faute."

J'ignorai sa culpabilité quand au fait qu'il m'ait soit-disant mise en danger, et remis ma ceinture en place dans une tentative de le distraire et de l'apaiser. "Relaxe. C'était inévitable de toute façon. Alice m'avait prévenu depuis des semaines."

"Une pluie de contraceptifs dans ton allée était inévitable ?" Il me regarda avec incrédulité.

Je me sentis rougir, et secouai rapidement la tête. Mais Edward ne prêtait plus aucune attention, il était trop occupé à marmonner rapidement dans sa barbe.

"Alice a vu ça venir et elle ne m'a pas prévenu ? Je n'ai rien lu dans ses pensées qui...non, elle n'aurait pas voulu l'humilier comme ça, moi peut-être, mais pas Bella. Si elle n'était pas déjà morte, je la tuerais. Je n'arrive pas à croire que..."

"Edward !" l'interrompis-je. "Je ne pense pas qu'elle savait pour les -" oh merde, pourquoi prononcer ce mot me met autant mal à l'aise, -"préservatifs. Je parlais de cette situation avec Charlie. 'La Conversation' planait à l'horizon depuis quelques temps, je pense." Je me tournai vers lui pour obtenir une confirmation. Ses capacités de télépathe étaient souvent utiles pour faire face à mon père.

"Oui, en effet." Il me fit un sourire moqueur et tourna à gauche pour entrer dans le parking du Thriftway, le même magasin où j'avais été faire mes courses après mon tout premier jour d'école - le jour où j'avais rencontré Edward. Tout le monde à Forks venait faire ses courses ici parce que c'était, ben, le seul endroit où les faire. Je remarquai rapidement que le parking était presque plein, ce qui me surprit. Même si c'était le seul magasin de ce genre en ville, ce n'était jamais si peuplé.

"Pourquoi y-a-t'il une provisionpalooza ?" me demandai-je à voix haute.

Edward tourna la tête vers moi et haussa un sourcil. "Une quoi ?", demanda-t-il en souriant moqueusement."

"Tout ce monde. Ca me fait penser à Phoenix. Il ne neige jamais là-bas, pas vraiment, mais une fois ou deux par ans la température baisse, et les routes se couvrent de verglas. A chaque fois que la météo l'annonce, tout le monde se précipitent dans les magasins pour vider les étagères d'eau minérale et des lampes de poches comme si c'était la fin du monde. Ca me fait penser à ça."

Ses sourcils se froncèrent sous l'effet de la concentration. J'aurais pu jurer qu'une expression alarmée traversa son visage, mais elle avait disparue si rapidement que je n'en étais pas certaine. "Ils ne pensent à rien de particulièrement apocalyptique," dit-il. "Il semblerait que ce soit l'excitation du week-end à venir qui les ai tous fait sortir ce soir."

Il se glissa agilement dans une place de parking et coupa le contact.

Je poussai alors un gros soupir et me laissai lourdement retomber contre mon siège en cuir.

"Qu'est-ce qui ne va pas ?" me demanda-t-il, fou d'inquiétude.

"Je pensais encore à Phoenix. Il y avait des choses bien plus excitantes à faire le vendredi soir que d'aller faire des courses, mais faire quoi que ce soit avec toi, même aller acheter de la nourriture que tu ne mangeras même pas, est plus excitant que tout ce que j'ai pu faire à Phoenix." Phoenix, songeai-je. Je réalisai, soudainement, qu'à un moment - je ne pourrais pas être plus précise - j'avais arrêté de considérer Phoenix comme la maison, et que j'avais commencer à la considérer comme Phoenix. Edward était ma maison maintenant.

"Réjouis-toi. On a quelque chose de plus excitant à faire ce soir, nous aussi. On a un double rendez-vous avec le Chef de la Police et la charmante Mademoiselle Agnes."

Je grognai. "Je n'arrive pas à croire que cette vieille perverse draguait Charlie. Elle a le double de son âge. A quoi pensait-elle ?"

Edward ouvrit la bouche pour répondre mais je l'en empêchai rapidement.

"Non, non ! C'était juste une façon de parler, Edward, je ne veux pas vraiment savoir."

"Non. Tu ne veux vraiment pas," m'assura-t-il. "Et réalises-tu que cette 'vieille perverse' est plus jeune que moi ?" J'étudiai sa beauté jeune et inhumaine et levai les yeux au ciel. "C'est la vérité," insista-t-il. "Tu le sais. Tu désires un homme qui vit depuis plus de cent ans. Et tu n'as pas la moitié de mon âge, Bella. Tu as moins d'un cinquième de mon âge." Il eut un autre sourire amusé. "Emmett."

"Hein ?" réussis-je à dire avant que ma porte ne s'ouvre rapidement et que j'aperçoive l'énorme sourire qui illuminait le visage de l'immense frère d'Edward.

"C'est vrai, Bella. Tu craques carrément sur un vieux. T'es, genre, une...gérontophile. Non, attends ! Il est techniquement mort, donc tu es une nécrophile et une gérontophile. T'es bizarre."

Je sentis le rouge me monter aux joues mais gloussai malgré moi. Seul Emmett pouvait s'en sortir en me taquinant comme ça. "Merci pour la leçon de vocabulaire. Mais qu'est-ce que ça fait de toi, Emmett ? Rosalie n'est guère plus jeune qu'Edward. Et elle est morte, aussi."

"Un nécrophile, peut-être," renifla-t-il, "mais pas un gérontophile. Rose et moi sommes nés la même année. Ca fait donc de moi un jeune garçon impressionable qui a été corrompu et defloré par une femme sublime."

"Ha !" J'entendis la voix chantante d'Alice Cullen avant que je ne la vois. L'immense corps d'Emmett me bloquait la vue. "Tu as été défloré bien avant de rencontrer Rosalie."

Emmett haussa les épaules avec nonchalance. "Ouais. Ben, on a pas tous la retenue d'Edward."

Alice et Emmett rigolèrent. Contrairement à Edward et moi.

"Ils ne sont pas là," dit Edward, en s'adressant à Emmett, me surprenant et me perturbant à la fois. J'avais l'habitude de ses nombreuses conversations silencieuses avec les membres de sa famille, mais elles m'irritaient tout de même.

"Où sont-ils ?"

"Qui n'est pas là ?" demandai-je au même moment.

"Ils sont cachés sous les fougères chez Bella," répondit Alice, qui avait finalement réussi à pousser Emmett sur le côté pour se rendre visible.

"Si tu le savais déjà," râla Emmett, "alors pourquoi on est là ?"

"Je le savais." Elle me fit un clin d'oeil. "Mais ce soir, il y aura des choses plus drôles ici que la bataille de préservatifs remplis d'eau que tu as prévu avec Jasper."

"Qu'est-ce qui pourrait être plus drôle que ça ?" rigola Emmett en mettant un coup de coude dans les côtes d'Alice, un geste qui aurait broyé un humain normal comme une canette d'aluminium.

"Mike Newton fait des courses ici. Avec sa grand-mère."

Le visage d'Emmett s'éclaira comme un sapin de Noël, et le visage d'Edward s'assombrit d'irritation.

"Vous pouvez pas laisser ce pauvre garçon tranquille ?" grognai-je.

"Non," répondirent Emmett et Alice à l'unisson avant de se sourire.

"Bon, est-ce qu'on peut au moins aller dans le magasin ? On doit acheter de la nourriture et retourner chez Charlie avant que je n'ai encore plus de problèmes."

Je poussai de toutes mes forces le corps froids et dur d'Emmett. Je n'aurais pas pû le faire bouger s'il n'en avait pas eu envie, pas plus que je n'aurais déplacer une montagne de mon chemin, mais il comprit que j'essayai de le repousser et il se déplaça. Edward sortit gracieusement de la voiture et prit rapidement la place d'Emmett. Il m'aida à sortir de la voiture - stupide plâtre - et il se tourna ensuite pour observer Alice avec attention.

"En parlant des problèmes qu'a Bella..." il haussa un sourcil. "Tu n'aurais pas eu une vision de la débâcle qui s'est déroulée dans l'allée de Charlie Swan cette après-midi, non ?"

"En fait, si," nous dit-elle en rayonnant.

"Alice !" criai-je. "Comment as tu pu m'humilier comme ça ?" J'étais blessée qu'elle m'ait intentionnellement laissé vivre ça.

"Oh, calme toi. Je l'ai vu juste avant que ça n'arrive, au moment où t'as décidé de séduire Edward, lui faisant ainsi perdre le contrôle du véhicule."

"Gérontophile," me taquina Emmett.

"Nécrophile," répliquai-je.

Un vieil homme conduisant une camionette fatiguée s'arrêta derrière nous. "Vous arrivez ou vous partez ?" cria-t-il pour couvrir le bruit de son moteur.

"Désolée. On vient juste d'arriver," répondit Alice, aussi polimment qu'elle le pouvait en criant.

Je fus soudainement frappée par le fait que cet homme utilisait sa main pour protéger ses yeux...du soleil. Nous étions entrain de flâner sur un parking ensoleillé. Pas la meilleure chose à faire lorsqu'on étincelle comme un diamant dans la lumière du soleil. Je protégeai mes propres yeux de ma main et inspectai les trois 'frères et soeurs' de plus près. Je n'avais pas remarqué qu'ils étaient constamment restés dans l'ombre de la laverie et de la Maison du Bingo qui étaient situés juste à côté du Thriftway. Je me demande si j'aurai ce genre de réflexe si la première vision d'Alice à mon sujet devient réelle...je veux dire...quand la première vision d'Alice à mon sujet deviendra réelle, me corrigeai-je mentalement. Ou alors je serais une vampire maladroite qui restera au beau milieu d'un parking bondé et ensoleillé, brillant et scintillant comme une imbécile ?

La voix de stentor d'Emmett me sortit de ma rêverie. "Allons à l'intérieur avant qu'un autre vieux arrive et que Bella décide qu'elle préférerait le séduire lui plutôt que ce bon vieux Sex Edward."

Aucun de nous ne releva sa plaisanterie, mais on se dirigea tous vers les porte en verre. Edward réussit à m'empêcher de trébucher sur deux dos-d'âne - stupide plâtre - mais il réussit aussi à éviter de scintiller en se faufilant dans les ombres.

Le magasin n'était pas aussi bondé que ce que j'avais crû en voyant les voitures rassemblées sur le parking. "Où sont les gens ?" demandai-je, sans m'addresser à personne en particulier.

"Le vendredi, c'est la soirée du Bingo," répondit simplement Edward en faisant un signe vers l'immeuble d'à côté.

"Hey ! Des vieux ! C'est ton terrain, Bella ! T'es sûre que tu ne veux pas y aller ?"

"La ferme, Emmett." Je le poussai à nouveau, me faisant ainsi perdre l'équilibre - stupide plâtre - et je fus sauvée de la chute par Edward. Une fois de plus.

Edward fit rouler un caddie jusqu'à moi, ce qui me permit de marcher plus rapidement. Ca me donna l'impression d'être une vieille femme utilisant un déambulateur, mais je n'exprimai pas cette impression à voix haute. Je ne voulais qu'Emmett me traite de vieille, en plus.

On fit à peine un pas à l'intérieur avant qu'Alice ne prenne une fausse expression sérieuse et parle doucement d'une voix qui ne lui ressemblait pas. "Maman Piaf appelle Bébé Piaf. Répondez Bébé Piaf."

"Ici Bébé Piaf," dit Emmett, tout aussi doucement.

"Cible en vue à 3 heures et en approche. Reçu ?"

"Bien sûr qu'ils reçoivent," répliquai-je en pointant une pancarte du doigts. "Vingt-quatre heures sur vingt-quatre, sept jours sur sept."

Emmett leva les yeux au ciel avant de se glisser à nouveau dans la peau de Bond, James Bond. "Cible à portée."

Je regardai sur ma droite pour voir un Mike Newton dont les joues étaient d'un rouge vif arriver. "Euh, hey Bella," me dit-il.

"Salut, Mike." N'est-ce pas gênant ? Il n'achète probablement aucun truc après ce qui s'est passé aujourd'hui. "Alors toi aussi tu te retrouves à faire des courses un vendredi soir ?" Bien sûr, après une telle démonstration aujourd'hui, sa vie sociale est au plus bas.

"Ouais, je reste avec ma famille ce soir. Jess est trop occupée à se préparer pour demain pour faire quoi que ce soit."

"Demain ?" demandai-je.

Mike me lança un regard incrédule. "Ouais, demain, tu sais, le..."

CRASH

Le son énorme de centaines de boîtes d'aluminium tombant au sol empêcha Mike de continuer à parler. Je fis demi-tour, et manquai de trébucher - stupide plâtre - sur plusieurs boîtes, qui après inspections, s'avérèrent être de la nourriture pour chien.

"Qu'est-ce que..." commençai-je à demander avant de m'apercevoir qu'Alice tenait plusieurs boîtes dans ses bras et qu'elle était sur le point de les déposer dans notre caddie.

"Oooh," couina-t-elle. "Je suis si embarassée ! J'attrapais juste des boîtes pour Fido, et je les ai toutes faites tombé. Quelle maladroite !"

Mike se pencha en avant pour aider à nettoyer les débris, et je lançai un regard abasourdi à Alice. Elle haussa les épaules nonchalamment. J'étais plus que confuse. Si Alice Cullen était maladroite alors moi j'étais un sumo. Et Fido ? Les Cullen n'avaient pas de chien. En dernier recours, ils pourraient manger un chien, mais il n'en garderait jamais un comme animal de compagnie. Quelque chose se préparait.

"C'est ma soeur," dit Edward en secouant la tête pour feindre une désapprobation moqueuse. Je lui lançai le même regard abasourdi que j'avais lancé à Alice, et reçut le même haussement d'épaule nonchalant en réponse. Quelque chose se préparait définitivement.

"Hey, Em, est-ce que tu peux aider Alice à nettoyer ça ? Bella et moi devons finir nos courses, on est déjà en retard."

"Sûr." Emmett était déjà entrain de rassembler les boîtes tombées et les réempiler.

"A plus tard, Newton," dit froidement Edward.

"A plus," répliqua-t-il alors qu'on s'éloignait. Je lui fis un petit signe de la main, convaincue que j'avais probablement l'air tout aussi confuse que lui.

"On va aller chercher un autre caddie et en finir," me dit joyeusement Edward.

"Okay. Crache le morceau," dis-je lorsqu'on fut suffisamment loin pour que Mike ne nous entende pas.

"De quoi tu parles ?"

"Oh, je ne sais pas. Peut-être de ta soeur si maladroite qui a fait tombé une montagne de boîte de nourriture pour chien qu'elle voulait pour son Fido bien-aimé," dis-je en fronçant les sourcils.

"T'es mignonne quand t'es irritée," chuchota-t-il en m'attirant contre son corps pour m'aider à marcher jusqu'aux rangées de caddies.

"Pas moyen, Edward Cullen. Je ne serais pas distraite si facilement." J'arrêtai de marcher. "Je ne ferais pas un pas de plus tant que tu ne m'auras pas dit ce qui se passe."

Il se tourna pour me faire face, et il appuya son front contre le mien, utilisant tout le pouvoir de son regard topaze. "Quoi ? Je ne t'éblouis plus ?" me demanda-t-il d'un ton taquin.

Maudit soit-il. "Tu sais bien que si," admis-je. "Mais là n'est pas la question."

"Quelle est la question alors ?" Ses lèvres étaient dangereusement proche de mon oreille, maintenant, et il fit courir ses doigts le long de ma mâchoire. Je ne pus empêcher un frisson de remonter le long de ma colonne vertébrale. D'une certaine manière, c'était encore plus excitant parce qu'on était dans un lieu public. Je dois me reprendre. Si quelqu'un appelle Charlie pour lui dire qu'on se donne en spectacle au beau milieu du Thriftway, il ne me laissera plus jamais sortir. Je m'éloignai légèrement d'Edward, mais pas avant que ses lèvres n'aient effleuré la peau de mon cou. Il rigola en entendant mon rythme cardiaque accélérer brutalement. "La question ?" me rappella-t-il.

Quelle était la question ? Oh, ouais. Le comportement d'Alice.

"Pourquoi Alice a-t-elle renversé toutes ces boîtes de nourriture pour chien ?"

Mon envie fut douloureusement palpable lorsqu'il éloigna son corps du mien et qu'il poussa un nouveau caddie devant moi. "Bella, pour qui me prends-tu, un télépathe ?"

On fut au beau milieu de l'allée avant que je ne puisse ignorer suffisamment mon irritation pour continuer à le questionner. "Dis-le moi."

"Tu connais Emmett. Il veut faire une blague à Newton. Et Alice l'aide."

Okay. Ca ne répond pas vraiment à ma question. "Très bien, Edward. Ne me dis rien." Je lui lançai un regard sévère et poussai le caddie. Il roula mais mes pieds restèrent collés au sol. Je tombai. Encore une fois. Stupide plâtre ! Ils auraient dû laisser James me manger ! De toute façon, je vais me briser la nuque à cause de ce stupide plâtre. Ca n'aura servi à rien.

Ce ne fut pas Edward qui me sauva cette fois, mais Emmett. Il apparut de nulle part juste à temps pour m'attraper. "Tu t'amuses bien, Bella ?"

"La ferme, Emmett." Il me reposa doucement derrière le caddie.

En réaction à quelque chose que je ne pus ni entendre, ni voir, Alice et Emmett plongèrent tous les deux derrières différents rayons. Je n'étais pas irritée au point de ne pas éclater de rire en voyant Emmett se cacher derrière des boîtes de serviettes hygiénique. Je ne pense pas qu'une telle irritation puisse être humainement possible.

"Qu'est-ce qu'ils font ?" demandai-je à Edward.

"Ils se cachent."

"Oh, merci pour cette brillante remarque, Edward. Je n'aurais jamais compris ça sans tes capacités de déduction inhumaine."

Emmett ricana, toujours partiellement dissimulé derrière les boîtes de serviettes hygiéniques.

Une voix qui était à la fois aigue et rauque perça le silence. "Quelle est la signification de tout cela, Mike Newton ?"

Oh, non. J'étais sûre que cette voix bizarre était celle de la grand-mère de Mike.

Une vieille femme au visage rouge vif entra dans l'allée à côté de laquelle on était, suivie par un Mike qui avait le visage encore plus rouge qu'elle. Le caddie qu'il poussait était rempli de boîtes de serviettes hygiéniques de la même marque que celles qu'Emmett utilisait comme bouclier. "A quoi donc pensais-tu, jeune homme ?"

"Je...Je...Je ne les ai pas mis dans le caddie ?" dit-il, d'une voix qui exprimait autant le déni que l'interrogation. "Peut-être que j'ai pris le mauvais caddie ?"

"Non. Il y a mon sac dans ce caddie. Et les menteurs brûlent en Enfer, Mike. Est-ce que tu veux aller en Enfer ?"

"Non. Mais je ne mens pas, Grand-mère ! J'ai vraiment rien fait."

"Pour l'éternité, Mike. Ils brûlent pour l'éternité..."

"Oui, Grand-mère," répondit-il avec déprime.

"Maintenant va les remettre là où tu les as trouvé."

"Mais je n'ai pas..."

"Maintenant, Mike. Fais le maintenant !"

"Oui, Grand-mère." Il tourna son caddie remplit de serviette hygiéniques pour se diriger vers l'allée dans laquelle Emmett et Alice s'étaient dissimulés après leur méfait. Je relevai la tête pour m'apercevoir qu'ils avaient tous les deux disparus. J'espérai, (sans trop de conviction) que c'était fini, que leur blague s'arrêterait là, qu'ils laisseraient le pauvre Mike tranquille.

Il tourna dans l'allée dans laquelle on était et se figea.

"Achats intéressants, Newton," dit nonchalamment Edward.

Je lui lançai un rapide regard noir et me tournai ensuite vers Mike qui était complétement humilié. "On a entendu ta grand-mère," lui dis-je. Sa mâchoire se contracta. "Elle fait ça souvent ?"

Une expression confuse apparut sur son visage. "Me dire que je vais aller en enfer ?"

"Non. Mettre des trucs bizarre dans votre caddie avant de t'accuser. J'avais un copain à Phoenix dont le grand-père avait Alzheimer et il lui arrivait tout le temps ce genre de truc."

"Alzheimer ?" demanda-t-il alors que ses yeux bleus devenaient vitreux. Il réalisa soudainement que j'avais peut-être raison. "Oh, ouais. Je suppose..."

"Tiens, prends ça." Je poussai notre caddie vide vers lui.

"Merci, Bella." La chaleur dans sa voix était bien audible, et innocente. Je sentis Edward se raidir à côté de moi.

"Pas de problème. N'oublie pas son sac." Il me fit un sourire maladroit et poussa son nouveau caddie -sans tampon- pour rejoindre sa grand-mère.

"Tu réalises qu'il est mort de peur, maintenant ? Il croyait que c'était une blague, mais quand t'as mentionné Alzheimer, son état nerveux a empiré. Il va rendre la vieille femme complètement folle en cherchant des symptômes."

"Elle n'est pas...je veux dire, elle n'a pas...Si ?"

Edward s'immobilisa et devint silencieux pendant un moment, il était à l'écoute, je suppose. "Non. Mentalement, elle va bien. Et elle restera comme ça pendant un bon bout de temps, à dire à Mike qu'il va allait en enfer." Il me fit un clin d'oeil, puis, après avoir jeté un rapide coup d'oeil autour de nous pour s'assurer que personne ne regardait, il vida le contenu du caddie de Mike, et remit les boîtes de serviettes à leur place à vitesse inhumaine, avant de repousser le caddie devant moi.

Je jetai un coup d'oeil à ma montre. Ca faisait déjà plus d'une demi-heure qu'on était là. "On ferait de trouver ce qu'on est venu chercher, et retourner chez Charlie. Je ne veux pas le mettre encore plus en colère."

"Je suis d'accord. Qu'est-ce que tu veux acheter ?"

"J'ai pensé à du pudding, mais pas à la banane."

"Au chocolat ?" me demanda-t-il.

"Je ne sais pas. Je hais le pudding en sachet et ça prendrait trop de temps de le faire à partir de rien. Peut-être autre chose."

On tourna dans une autre allée, celle où on trouvait les préparations à gâteau. "Tu veux préparer un gâteau ?"

"Je ne pense pas qu'on aura..."

"MIKE NEWTON !" cria à nouveau la voix rauque. "Je vais en parler à ton père. Qu'est-ce qui te prends ?"

"Je n'ai..."

"Stop, Mike. Tu sais ce qui arrive aux menteurs."

"Grand-mère, tu es sûre que c'est pas toi qui les as mit là ?"

"Péché ! Quelle honte ! Comment peux-tu même suggérer que je puisse toucher ces...ces choses ? Je n'aurai jamais dû laisser tes parents emménager dans cet Etat oublié de Dieu. Trop nuageux. Tu as besoin de soleil, c'est tout. Du soleil et de la discipline."

J'avais peur de tourner dans l'allée et de les voir. "Qu'est-ce qu'ils ont fait cette fois ?" grognai-je à l'intention d'Edward.

"Des préservatifs. Beaucoup de préservatifs." La voix d'Emmett me fit sursauter. "Et quelques douzaines de tubes de lubrifiant," ajouta-t-il avec un large sourire.

"C'est vraiment pas sympa les gars. Vous pensez pas qu'il a assez souffert ?"

"Nan," répondit Emmett. Alice se contenta d'hausser les épaules, une lueur vague dans ses yeux me fit comprendre qu'elle n'était pas avec moi, mais perdue dans un futur qui pourrait exister, ou pas.

Mike tourna dans l'allée où on se tenait tous les quatre avec son caddie de la honte à la vue de tous.

"Hey, mec," dit Emmett, faussement sympathique. "J'ai entendu pour ta grand-mère. Ca craint. Mais y'a des traitements qui peuvent l'aider...tu devrais lui trouver un bon médecin. Peut-être que Carlisle pourrait te donner quelques noms."

L'embarras disparut du visage de Mike, cédant la place à la panique. "Oh, merci. Je...vais me renseinger." Je poussai mon caddie vide vers lui. "T'es sûre ?" me demanda-t-il sans hésiter à y transférer le sac. "Tu me sauves la vie." Sa voix était distante, et il partit sans même attendre ma réponse.

"Okay, Emmett. C'était cruel." Mon irritation s'était transformée en colère.

"Les préservatifs ? Ou le lubrifiant ?" me demanda-t-il sérieusement.

"Pas ça, ça, c'était juste vulgaire. Le truc du traitement et tout ça. Edward dit qu'il est vraiment inquiet pour elle maintenant."

"Oh, je suis désolé. Je ne voulais pas t'énerver, Bella, juste faire souffrir Newt un peu plus."

"Fais moi juste une faveur, okay ?" soupirai-je.

"Quoi ?" me demanda-t-il. Je notai qu'il n'avait pas accepté mais qu'il m'avait simplement demander de lui dire ce que je voulais.

"Si tu veux faire encore des blagues à ce pauvre garçon, fais en sorte qu'il s'aperçoive que ça n'a rien à voir avec sa grand-mère."

Un sourire machiavélique apparut sur son visage rond, et Alice gloussa doucement. Elle devait avoir vu les résultats de sa décision. "Je pense que je peux faire ça."

"Bien. Maintenant, revenons-on à notre dessert." Je me tournai pour faire face à Edward. "Je ne pense pas que j'aurais le temps de préparer un gâteau et préparer le dîner pour nos invitées."

"On pourrait en acheter un à la pâtisserie," suggéra-t-il.

"Bonne idée. Mais je pense qu'il vaudrait mieux qu'on se sépare. Autrement on sera en retard, et je serais punie. Tu vas chercher le gâteau, et je m'occupe des pâtes et des ingrédients pour la sauce."

"Je m'occupe du gâteau," offrit Emmett. Je n'arrivai pas à décider si c'était pour apaiser ma colère, ou si ça symbolisait une nouvelle Escapade d'Emmett. Ca ne comptait pas vraiment cependant. Je n'avais pas le temps d'argumenter.

Je lui lançai un regard méfiant. "Okay, Emmett. On se rejoint à la caisse ?"

"Ca marche," sourit-il, et je répondis automatiquement à son sourire. Il était impossible de rester en colère après lui. "Gérontophile." Bon, okay, peut-être que c'est pas si dur que ça de rester en colère.

Un autre caddie vide apparut devant moi. J'avais perdu le compte du nombre de caddies que j'avais poussé depuis qu'on était entrés dans ce magasin, mais avec un peu de chance, on pourrait finir nos courses rapidement et sortir de là avant qu'un autre échange de caddie ne soit nécessaire.

Edward et moi, on fut capable de trouver ce qu'il nous manquait assez rapidement. On prit des pâtes, de la sauce tomate - qui fit froncer le nez à Edward - et de la viande. Satisfaits, on se dirigea vers les caisses. Ce fut difficile de manoeuvrer dans le magasin soudainement bondé. Le Bingo venait de se terminer, et un grand nombre de personnes âgées avaient envahi le Thriftway. Peut-être qu'ils s'ennuyaient, ou peut-être qu'ils avaient besoin d'eau après leur excitante soirée.

Lorsqu'on arriva aux files d'attente, Alice était déjà là, à nous attendre. Elle tenait une boîte brune dans ses mains. J'étais sur le point de lui demander quel gâteau elle avait choisi lorsque j'entendis les alarmes anti-vol se mettre en route. Probablement des gamins. En règle générale, la police de Forks n'était occupée qu'à mettre des amendes pour non-respect du code de la route, où à s'occuper des collégiens qui décidaient de combattre leur ennui par la cleptomanie. Ma vue de la scène était bloquée par toutes les vieilles personnes qui s'étaient regroupées autour du coupable, donc je me tournai vers Edward pour confirmer mes soupçons.

"Collégiens ?"

"Pas vraiment." Il s'autorisa à avoir rapidement un petit sourire en coin avant de se retirer à nouveau derrière le masque d'indifférence qu'il affichait si souvent en publique. "Newton."

"Emmett," sifflai-je.

"Oui, Bella ?" Il était apparu si silencieusement derrière moi que je ne m'en étais pas aperçue...ce qui était impressionnant pour quelqu'un de sa carrure...vampire ou non.

"On avait un marché."

"On a un marché. Y'a pas moyen qu'il mette ça sur le dos de la vieille. Il ne pensera pas qu'elle devient folle." Il me fit un clin d'oeil.

L'agent de sécurité escorta un Mike abasourdi vers un petit comptoir. Il me fit penser à Hester Prynne (1) alors qu'elle avait dû 'parader' devant sa communauté. Les joueuses de Bingo entouraient Mike et sa grand-mère qui semblait vraiment désespérée. Il me regarda droit dans les yeux, mais je ne pense qu'il réalisait qui j'étais. Pauvre Mike. L'agent de sécurité chauve lui vida les poches, cherchant l'objet volé qui avait déclenché l'alarme. Il sortit au moins une douzaine de préservatifs et deux tubes de lubrifiant de sa poche gauche. Emmett et Alice rigolèrent doucement en échangeant des sourires satisfaits.

"C'est pas cool, les gars. Il va avoir beaucoup de problèmes pour ça. Des vrais problèmes," râlai-je à voix basse.

"Nan. Ca ira," m'assura Alice. Je savais que c'était futile de discuter du futur avec Alice, donc je fermai la bouche et observai la scène.

Le garde fouilla dans son autre poche et il en sortit - oh merde - une banane, un Playboy, et une feuille de papier.

Alice se pencha pour me chuchoter à l'oreille. "C'est la facture de tout ce qu'il avait dans les poches. Donc il n'aura pas de problèmes."

L'agent inspecta la facture, avant de se tourner vers la foule. "Il n'y a rien à voir ici. C'est juste un pervers, pas un voleur."

J'entendis de nombreux marmonnements provenant du groupe de vieux qui sonnaient comme des 'pervers', 'maudits gamins', 'bravo, mon gars !' Tout comme la pauvre Hester, Mike avait été humilié en publique, mais au lieu d'une Lettre Ecarlate (1), il portait la honte sur son visage.

Sa grand-mère lui agrippa le bras et l'entraîna vers la sortie. "Les pervers brûlent eux-aussi en enfer, Mike. Ils brûlent plus que les menteurs." Il se laissa entraîner sans dire un mot.

La caissière, qui s'appellait 'Linda', détourna finalement les yeux du spectacle pour s'occuper de nos achats. Je lui donnai la somme exacte - refusant les tentatives d'Edward et d'Alice pour payer - et on quitta enfin le Thriftway. Notre virée shopping avait duré si longtemps que le soleil était déjà entrain de se coucher à l'horizon.

"A plus tard, Bella," me dit Emmett lorsqu'on sortit.

"En fait," chantonna Alice, "je viens te chercher demain matin ! Edward a des choses à faire...des trucs de vampires," me taquina-t-elle. "Et une journée entre filles est pile ce qu'il nous faut !"

"Tu ne vas pas m'habiller et me tater encore une fois, n'est-ce pas ?" La dernière fois qu'Edward était partit chasser, elle m'avait fait essayer des douzaines de chemises très chic et probablement très chères. Il y aurait eu des pantalons et des robes aussi, si je n'avais pas déjà porté mon plâtre. Il ne faisait aucun doute que quand j'irais mieux, elle me ferait essayer des garde-robes entières.

"Oh, chut. Ce sera marrant !"

J'en doutais vraiment mais ne dis rien. "Je te verrais demain, alors," répondis-je, me résignant à mon destin.

Edward m'aida à monter dans la Volvo avec un bras alors qu'il tenait nos achats dans l'autre. Je mourrais d'envie de lui poser des questions sur la blague d'Emmett, mais n'osai pas parce qu'on était encore en publique. Une fois que nos achats furent placé dans le coffre et qu'on eut prit la route, j'appuyai ma tête contre son épaule.

"Comment a fait Emmett pour mettre tous ces trucs dans les poches de Mike sans qu'il s'en aperçoive ?"

Ses yeux topazes croisèrent les miens - ce qui signifiait qu'il ne regardait plus la route - mais je commençai à avoir l'habitude. "Ce n'était pas lui, Bella. Même si il ne fait aucun doute qu'il aurait pu si il l'avait voulu. Ca aurait été un challenge de mettre le magazine dans la poche de Mike sans qu'il s'en aperçoive, mais Emmett aurait pu le faire et avoir disparut avant même que Mike n'ait eu le temps de cligner les yeux. Mais il n'a pas eu à le faire. Mike a tout acheté lui-même à la station essence."

"Mais alors...pourquoi...l'alarme ?" balbutiai-je.

"Ah, ça c'était l'oeuvre d'Emmett. Il a attaché un anti-vol dans le dos de Mike."

"Oh." Ben, ouah. Je suppose qu'Emmett n'était pas si coupable que ça, et je suppose que Mike n'était pas vraiment innocent.

Edward tourna dans l'allée de Charlie bien plus doucement qu'au cours de l'après-midi. Il y avait plusieurs autres grosses voitures garée là - des voitures qui disaient 'Je suis une vieille dame, et je conduirais du côté de la route qui me plaît, merci beaucoup.' Je n'ai jamais cuisiné pour autant de monde auparavant. Ce qui me fait penser...

"Hey, Edward. Quel genre de gâteau ont-ils prit ?"

Le sourire en coin que j'aimais tant apparut sur ses lèvres avant qu'il ne me réponde. "Ils n'ont pas prit un gâteau."

"Hein ?"

"Ils ont prit une tarte. Une tarte à la Crème de Banane."

FIN


(1) Hester Prynne est l'héroïne du roman 'La Lettre écarlate', de Nathaniel Hawthorne. C'est une jeune femme qui vivait dans une communauté puritaine de Boston dans les années 1640. Ayant eu un enfant alors que son mari était partit vivre dans une tribu indienne, elle fut accusée - à raison - d'adultère par toute sa communauté. Elle fut condamnée à coudre sur chacun de ses vêtements un grand A écarlate, pour que tous sachent ce qu'elle avait fait.


Voilà, c'est malheureusement le dernier chapitre de cette histoire ! Laissez moi une review si vous avez aimé !