Résumé complet : Préquelle de « Alors c'en est un ou pas ? ». Pâques 1997. Harry tue Lord Voldemort et est récupéré blessé par Severus Rogue. Mais le sang énerve Severus qui lèche les blessures du jeune homme pour les cicatriser. Harry comprend que son professeur est un vampire. Gravement blessé par l'Oncle Vernon dès son retour à Privet Drive, Harry est sauvé par Severus. Attiré par les phéromones du vampire, Harry le poursuit de ses assiduités malgré les réticences de Severus à prendre un calice. Mais quand les poches de sang viennent à manquer, Harry doit convaincre le vampire de le laisser l'aider à son tour.

WARNING : SNARRY avec SLASH. Vampire!Severus, Calice!Harry. Si vous n'aimez pas, ne lisez pas !

Disclaimer habituel : Je ne suis pas JKR. Je pense que c'est très clair. Sinon Severus serait en vie et Harry surtout pas avec Ginny.

Bêta : Forêt Interdite

Note de l'auteur : Ceci est la version censurée de la fic. Les scènes MA ont été retirées conformément à la réglementation du site.


La nuit était tombée depuis plusieurs heures et le champ de bataille résonnait à présent des cris des blessés et des râles des agonisants. L'herbe verte des prairies de Poudlard était rouge du sang des combattants. Partout, des corps étendus attendaient les Médicomages qui circulaient avec des brancards, leurs robes vertes aux armes de Sainte-Mangouste, tachées de boue et de sang.

Les combats avaient été âpres et avaient duré des heures. Les vagues des assaillants semblants ne jamais se tarir, avaient effondré les défenses hâtivement dressées par les Aurors et l'Ordre du Phénix. Et puis, il était apparu dans toute sa splendeur, avec ses presque dix-sept ans, la peur et la détermination dans les yeux, et le courage insensé des Gryffondors. Harry Potter avait affronté le Seigneur des Ténèbres, lui, l'élève que Severus Rogue qualifiait de médiocre, avec son mépris habituel. Harry avait tremblé, pâlit, il avait été terrifié par cet homme qui n'en était plus vraiment un, avec son visage de serpent et ses yeux rouge sang. Il avait essuyé les moqueries des Mangemorts et de leur maître, il avait crié lorsque le Doloris l'avait atteint et fait se tordre dans la poussière. Mais alors que les silhouettes encapuchonnées et masquées riaient encore de sa douleur, de sa faiblesse et de ses cris, il s'était relevé et n'avait pas attendu que Lord Voldemort, qui à cet instant se pavanait sûr de sa victoire, se reprenne et lui envoie un maléfice mortel. Harry l'avait pris de court et c'était lui qui le premier, avait envoyé l'Avada Kedavra fatal au monstre qui terrorisait le Monde Magique. Voldemort n'avait rien vu venir et rien compris. Il était mort avant même de toucher le sol, dès que le rayon vert échappé de la baguette en bois de houx d'Harry l'avait atteint.

Bellatrix Lestrange avait poussé un cri et avait envoyé, sûrement sans réfléchir, un maléfice que le jeune Gryffondor ne connaissait pas et qui l'avait laissé baignant dans son sang, le corps déchiré, tout près du Mage Noir. Un Auror avait envoyé l'impardonnable létal à la Mangemort et Harry avait eu juste le temps de voir une silhouette noire se jeter sur lui, avant de sombrer dans l'inconscience.


Severus Rogue avait vu le Seigneur des Ténèbres tomber au moment où l'éclair vert l'avait atteint il avait presque poussé un cri de joie qui s'était pourtant étranglé dans sa gorge, en voyant Bellatrix jeter un sort à Harry. Comme au ralenti, il avait vu le garçon tressaillir sous l'impact, le sang gicler des blessures et le corps frêle du Sauveur tomber en arrière comme disloqué. Baguette au poing, il s'était élancé vers lui en courant, sautant même par-dessus les corps inertes entassés sur le sol. Rogue s'était laissé tomber à terre, devant le corps sanglant. Il avait machinalement ramassé les lunettes brisées, avait saisi dans ses bras le corps mou comme une poupée de chiffon et l'avait emporté avec lui, loin de la bataille, au bord du Lac Noir. Dans l'affolement général, personne n'avait songé à l'en empêcher.

C'était son instinct qui l'avait guidé, il avait senti qu'il devait l'éloigner, que personne ne devait le toucher à part lui.

L'odeur l'enivrait, l'odeur du sang…

Le sang d'Harry Potter.

Exclusivement.

Celui qui jonchait le champ de bataille l'énervait, le rendait fou de rage et faisait ressortir ses pires instincts de tueur, mais celui d'Harry était du pur nectar.

Le vampire à l'intérieur de Severus Rogue se calmait à présent, il avait ce qu'il voulait. Il avait le sang d'Harry Potter. Le Maître des Potions, d'instinct, s'était mis à lécher les plaies du jeune homme pour les cicatriser. Il en profitait pour laper le sang qui coulait sur la peau pâle du corps mal nourri. Un habile Devestio avait laissé le champ libre au vampire et il voyait à la lueur de la pleine lune que sa salive agissait et que les plaies se refermaient en quelques secondes.

Cela ne faisait que trois semaines que Severus était un vampire, le dernier cadeau du Seigneur des Ténèbres lorsqu'il avait appris la véritable allégeance de son espion Mangemort, quelques mois auparavant. Le ténébreux professeur s'était retrouvé enfermé dans l'un des cachots du Manoir Malefoy avec un vampire en proie à une soif de sang, une vengeance de Voldemort bien mijotée. Il avait cru sa dernière heure venue, mais le vampire n'était pas un tueur et ne souhaitait que boire de tout son soûl. Lorsque repus, il s'était rendu compte de ce qu'il avait fait, il s'était empressé de transformer sa victime en vampire afin de lui sauver la vie.

Curieuse idée en vérité, que de transformer quelqu'un en mort-vivant afin de lui sauver la vie. Le Seigneur des Ténèbres ne s'était pas attendu à cette surprise, il avait cru que Severus aurait plutôt été vidé de son sang que transformé. Il n'avait pas mis plus de quelques secondes pour comprendre quels avantages il pourrait tirer de la situation. Lord Voldemort avait alors renvoyé Severus à Poudlard, un renard dans un poulailler, comme il s'était amusé à dire, espérant que le nouveau vampire tue son mentor, des professeurs ou pire… des élèves et surtout Harry Potter.

Mais Severus n'avait rien caché à Albus Dumbledore. Il s'était effondré en pleurs dans le bureau directorial pour la première fois de sa vie, et il avait tout raconté, devant une Minerva épouvantée, expliquant qu'il était devenu le monstre que les élèves pensaient qu'il était depuis plus de vingt ans, à cause d'un méchant ragot de Sirius Black. Albus Dumbledore l'avait consolé et soigné, comme toujours. Et puis avec l'aide d'un cousin du mari moldu de Mrs Figg qui par chance travaillait à la Banque du Sang de Grande Bretagne, le Directeur avait fourni à Severus des poches de sang normalement destinées aux transfusions. Poppy Pomfresh avait été très intriguée par ces curieuses poches souples, elle n'en avait jamais vu, les sorciers ne pratiquant pas de transfusions sanguines.

Severus Rogue se nourrissait donc de ces fameuses poches. Il avait bien essayé le sang d'animaux acheté dans un abattoir, mais il l'avait vomi aussitôt après avoir eu du mal à l'avaler, tant le goût lui avait semblé atroce. C'est là que le passage au sang humain avait été envisagé, mais le nouveau vampire, rejetant sa condition, s'était expressément refusé à chasser. Albus Dumbledore n'avait eu que la solution du sang pour transfusion.

Ces poches apaisaient la soif de sang de Severus, bien que leur goût, variant selon les donneurs, ne fût pas toujours fameux. Il ne buvait que le strict nécessaire afin de faire durer les poches le plus longtemps possible car il était difficile de s'en procurer. Son caractère s'en ressentait, et le Maître des cachots était devenu encore plus irritable qu'auparavant.

Il avait, bien entendu, réalisé une potion qui lui permettait de pouvoir aller au soleil, la lumière du jour ne le gênant pas lorsqu'elle n'était pas trop forte. Le cauchemar des Gryffondors ne l'utilisait quasiment pas, préférant comme auparavant, se cloîtrer dans la pénombre de ses cachots.

Severus avait lu et relu tous les livres sur les vampires qu'il avait pu trouver à la bibliothèque de Poudlard y compris dans la Réserve. Personne ne lui ayant expliqué ses nouveaux pouvoirs, il en était réduit à les chercher et les essayer tout seul, ce qui était extrêmement frustrant. Il savait qu'il mettrait des années très certainement, avant de tout comprendre et de tout maîtriser.

La plus grosse surprise que le professeur de potions avait eue, c'était lorsqu'il s'était approché un jour un peu trop près d'Harry Potter afin de vérifier le contenu de son chaudron. Il avait tout perçu comme au ralenti, il avait senti l'odeur du sang frais, vu la palpitation de la veine tentatrice sur le cou du jeune homme qui n'avait pas bien fermé sa chemise et dont la cravate pendait mollement. Le vampire, effrayé de sa réaction, s'était empressé de retourner derrière son bureau, et n'avait plus ouvert la bouche, de peur qu'un élève ne remarque ses canines qu'il n'arrivait pas encore bien à rétracter à volonté.

Harry Potter était le seul être vivant dans toute l'école qui provoquait un tel émoi chez le nouveau vampire. Le livre « Frères de sang : ma vie chez les vampires d'Eldred Worpel » qu'Albus avait offert au Maître des Potions, disait très clairement que cette attraction était due au fait que le sang de ce sorcier était absolument l'idéal pour le vampire. Cette harmonie était très recherchée par les vampires qui s'empressaient en général de prendre le sorcier en question pour calice, utilisant leur pouvoir de séduction vampirique pour convaincre les plus récalcitrants.

Severus Rogue n'avait aucune idée de ce que pouvait être ce fameux pouvoir de séduction vampirique. Il était fermement persuadé que n'ayant jamais eu une once de séduction en lui de son vivant, ce n'était pas en étant mort qu'il allait en avoir. Ce chapitre, qui l'expliquait en détail, avait donc été purement sauté, dans la lecture de l'ouvrage.


La Chauve-souris des cachots se trouvait donc là, au bord du Lac Noir, un endroit qu'il avait toujours aimé dans sa jeunesse, le corps nu d'Harry Potter était contre lui et il était en train de s'éclater bêtement à lécher le sang qui coulait de ses blessures comme s'il s'agissait d'une sucette au sang de chez Honeydukes. Ses canines étaient sorties et pourtant il n'avait aucune intention de mordre Harry. Il ne savait d'ailleurs même pas comment le faire vraiment. S'il avait été en proie à une soif de sang, peut-être que l'instinct du vampire aurait pris le pas sur l'éducation du sorcier et qu'il aurait déchiré la jugulaire de sa proie, voire même toute sa gorge, sans faire de détail.

Severus reprit suffisamment ses esprits pour fouiller dans la poche de sa robe et en sortir une potion de régénération sanguine. Il l'ouvrit et fit glisser le contenu de la petite fiole de cristal, dans la bouche entrouverte du Vainqueur du Mage Noir. Harry, à demi-conscient, l'avala machinalement et se laissa retomber dans l'herbe, soutenu par les bras puissants du vampire. La créature magique reprit sa dégustation et continua de lécher les blessures d'Harry.

Les effets conjugués de la potion de régénération sanguine et de la salive de Severus firent des miracles sur le jeune Gryffondor et il reprit tout doucement conscience. Il n'ouvrit pas les yeux tout de suite, il essaya de se souvenir des derniers événements, de comprendre où il se trouvait et pourquoi il ne sentait plus de vêtements sur lui, et surtout pourquoi une langue douce caressait son corps, retirant au passage toute la douleur qu'il ressentait à cet endroit précis. Dans sa torpeur, il sentait des mains froides le toucher, des cheveux longs caresser sa peau et cette langue terrible qui apaisait ses blessures. Il poussa un soupir de béatitude qu'entendit le vampire qui remonta pour examiner le visage du jeune homme aux cheveux ébouriffés et collés sur son front par la sueur.

Harry ouvrit lentement les yeux, conscient que quelqu'un le tenait dans ses bras et c'était une sensation très agréable. Il eut un sursaut en voyant le visage de son professeur de potions qui le regardait étrangement.

— Pro… Professeur Rogue, fit-il d'une voix rauque, que faites-vous ? Qu'est-ce qu'il s'est passé ?

Le Maître des cachots ne répondit pas, se contentant de regarder le visage du garçon, les narines palpitantes, comme s'il sentait une odeur précise. Malgré l'absence de ses lunettes, Harry vit rapidement des yeux complètement noirs comme les yeux des extra-terrestres dans les bandes dessinées de son cousin Dudley, car le visage du professeur était vraiment très près du sien. Harry baissa les yeux et vit alors les deux canines pointues qui dépassaient de la bouche entr'ouverte du monstre des cachots.

— Un… vampire ? paniqua-t-il, vous êtes un vampire ? Par Merlin… non…

Harry se raidit alors dans les bras qui le soutenaient, complètement paniqué à la pensée de se faire mordre et vider de son sang. Le vampire ne répondait toujours pas aux questions du Gryffondor. Il se contenta d'approcher encore son visage et donna un coup de langue sur la mâchoire d'Harry, qui approcha sa main sanglante pour essayer de le repousser. Aussitôt, à la vitesse de l'éclair, ses doigts furent saisis par une main froide qui les approcha de sa bouche et commença à les lécher soigneusement un par un.

Intrigué, Harry le laissa faire. Severus Rogue ne répondait pas à ses questions et ne semblait pas menaçant pour autant. Harry tenta de se souvenir des cours que Remus Lupin leur avait donné sur les vampires, quatre ans auparavant, mais impossible d'aligner correctement deux pensées à suivre.

— Mon sang… je saigne… c'est ça qui vous a attiré… Vous m'entendez, Professeur ? Vous me comprenez ou bien il n'y a plus que le vampire, là ?

Harry savait que la créature prenait le pas sur le sorcier. C'était ainsi que Lunard fonctionnait, prenant le pas sur Remus Lupin à chaque pleine lune. Remus restait à la surface et pouvait contrôler Lunard seulement lorsqu'il avait pris sa potion Tue-loup. Une petite brise se leva et Harry frissonna. Il se rendit compte alors qu'il était complètement nu, ce qu'il avait occulté précédemment. Il sursauta et rougit, essayant d'échapper aux bras du vampire qui le tenait.

— Je suis… TOUT NU ? Pourquoi vous m'avez déshabillé ? gronda-t-il en colère.

Les yeux du vampire se fermèrent et lorsqu'il les ouvrit deux secondes plus tard, ils étaient de nouveau normaux, des yeux noirs sur les globes oculaires blancs de l'humain standard. Les canines se rétractèrent aussi.

— Po… Potter ? fit Severus Rogue, surpris. Mais…

— Ah ! Ça y est ? Vous avez repris vos esprits ? Je peux savoir ce qui se passe ? Pourquoi je suis à poil, par exemple ?

— Vous êtes… ?

Severus reposa Harry qu'il tenait toujours, dans l'herbe fraîche. Il jeta un coup d'œil horrifié sur le corps nu.

— Je… Je vous ai fait quelque chose ? paniqua-t-il. Je vous ai mordu ?

— Non, répondit Harry agressivement, vous m'avez juste foutu à poil et léché de haut en bas ! Original, pour un vampire !

— Je vous ai…

Le Maître des cachots, atterré, cacha son visage dans ses mains et sembla sangloter. Harry surpris, se redressa et regarda son professeur de potions.

— Heuuu… Professeur Rogue, si vous m'expliquiez ce qui se passe ? Et je voudrais bien mes vêtements et ma baguette.

Severus Rogue, livide, les lèvres pincées et les yeux noyés de larmes qui ne coulaient pas, hocha juste la tête et d'un coup de baguette rendit à Harry ses vêtements. Le jeune fit la grimace en voyant leur état, ils étaient froids, déchirés et remplis de sang. D'une main tremblante, le vampire lui tendit ses lunettes qu'un Oculus Reparo venait de remettre à peu près à neuf. Une fois ses lunettes sur son nez, Harry vit que sa baguette n'était qu'à quelques mètres, elle avait du voler lorsque le Devestio avait retiré ses vêtements.

— Vous avez vaincu le Seigneur des Ténèbres, Monsieur Potter.

— Vrai ? J'ai réussi ? Merlin ! Je me souviens de le voir s'écrouler et puis… plus rien. Si… une grande douleur, partout. Mais je ne comprends pas, je n'ai plus mal… fit Harry en se tâtant par-dessus ses vêtements ruinés. C'est pour ça que vous m'avez déshabillé ? Pour me soigner ?

— Je ne sais pas, Monsieur Potter. Je ne me souviens pas de tout. Je ne contrôle pas du tout ma partie vampire.

— Comment est-ce possible ? s'étonna Harry en tentant de se lever.

Plus rapide, Severus se leva souplement et tendit la main au Gryffondor pour l'aider à se lever. Après une seconde d'étonnement, Harry prit la main tendue et se leva. Il marcha jusqu'à sa baguette, se pencha pour la prendre et se retourna.

— Je ne suis un vampire que depuis trois semaines, avoua la terreur des cachots dans un murmure. C'est une punition du Seigneur des Ténèbres pour ma trahison. Je devais mourir, pas être transformé. J'ai été relâché à l'entrée de Poudlard aussitôt, ce qui fait que je ne connais rien aux vampires. Enfin, rien de leur comportement, ni de leurs pouvoirs. Je ne sais même pas mordre une personne. Normalement, un vampire qui engendre un autre vampire l'éduque pour qu'il puisse se débrouiller seul. Je n'ai pas reçu cette facilité.

— Par Merlin, quelle horreur, fit Harry, figé. Comment faites-vous, Professeur ?

— Je bois des poches de sang qu'Albus arrive à avoir à la Banque du Sang moldue, mais pas beaucoup…

— Alors vous n'êtes jamais rassasié, soupira Harry. C'est peut-être pour ça que vous ne contrôlez pas le vampire en vous. Vous avez déjà fait du mal à quelqu'un ?

— Je ne crois pas, dit Severus les épaules basses en se dirigeant vers le château. Pour éviter les problèmes, je ne sors plus des cachots.

Harry se mit à suivre machinalement Severus, il réfléchissait à ce qu'il avait vu au moment où il avait repris conscience.

— Quand je me suis réveillé, j'ai senti qu'on me léchait, comme… comme un petit chien qui lèche la main qu'on lui tend, vous voyez ? Mais, c'était partout sur le corps, là où j'avais mal. Et ça me faisait du bien, je n'avais plus mal aussitôt. Je crois que vous étiez en train de guérir mes blessures, Professeur.

— J'ai le souvenir de vous voir tomber et de voir du sang gicler partout de votre corps. Le vampire en moi a dû sentir le sang et il a pris le contrôle.

— Vous avez léché le sang sur mes doigts et mes mains, comme une sucette. Vous sembliez fasciné et pas du tout agressif. J'avoue que je ne comprends pas.

Severus soupira, il repensait au livre qu'Albus lui avait offert, et à ce passage sur cette catégorie de sang si délectable pour certains vampires.

— Je crois que j'en ai une petite idée. Le sang en général, comme sur le champ de bataille ce soir, me rend fou. Je sens le vampire en moi qui devient agressif, je l'ai nettement senti tout à l'heure. Mais votre sang agit différemment sur moi. Je l'apprécie plus que les autres. Dans la classe, il m'a tenté plus d'une fois, vous êtes le seul de toute l'école dont le sang me fasse cet effet…

— Apaisant ?

— Je crois qu'on peut dire ça.

— Qui connaît votre condition ?

— Albus, Minerva et Poppy. Et vous maintenant.

— Je ne dirai rien. Vous m'avez sauvé la vie, le vampire en vous, m'a sauvé.

— Monsieur Potter… Je suis dangereux. Je suis une Créature des Ténèbres. Je n'ai même plus le droit d'être ici, théoriquement.

— Remus a bien enseigné ici, pourquoi pas vous ?

— Potter ! Lupin avait la potion Tue-loup ! Et vous vous souvenez du jour où il l'a oubliée ? Nous avons failli nous faire dévorer.

— C'est vrai. Vous n'avez pas une potion dans le même style ?

— Non. Il n'y a rien. Juste une potion pour supporter le soleil, c'est tout. Et il faudrait des années de recherche pour en créer une. Il semblerait que personne n'ait encore réussi.

Les deux hommes entrèrent dans le château désert dont les portes étaient grandes ouvertes. On était au début des vacances de Pâques et les élèves étaient tous rentrés chez eux. Harry était le seul à être resté dans le château, ce que savait Voldemort. Pettigrow, le sale rat, s'était encore introduit dans l'école pour fouiner et découvrir ce petit détail qu'il avait transmis à son maître.

— Je crois que je vais monter à la tour de Gryffondor, prendre une bonne douche et dormir.

Harry se retourna vers le pâle professeur de potions qui semblait triste et perturbé.

— Vous allez dans vos cachots ?

— Oui.

— Si vous vous ennuyez tout seul, venez boire une bièraubeurre avec moi. Vous buvez encore des trucs comme ça au moins ? Sinon, si vous avez besoin de sang, je peux vous en donner un peu. Je vous dois bien ça.

— Merci, Monsieur Potter, mais vous ne me devez rien.

— Pas à vous, en effet, sauf pour la potion que vous m'avez fait boire, je me souviens que vous m'avez donné un truc à avaler. Je pensais à votre autre moitié, le vampire. Comment il s'appelle ?

— Comment ça ?

— Vous ne lui avez pas donné un nom ? Lunard c'est le loup en Remus, vous devriez lui donner une identité, une façon comme une autre d'accepter ce nouveau côté.

— Je n'en veux pas. J'aurais dû mourir ce jour-là.

— Et vous n'auriez pas pu me sauver. Vous m'avez sauvé tellement de fois. Mais vous êtes libre maintenant, la Marque des Ténèbres ne vous brûlera plus jamais.

— Non, Monsieur Potter, je ne serai jamais libre. J'ai une autre malédiction maintenant.

Harry pinça les lèvres et ne répondit pas. Il resta dans le Grand Hall à regarder Severus Rogue s'éloigner dans son habituelle envolée de cape qui le faisait ressembler à une chauve-souris. L'homme se dirigea vers les cachots et disparut derrière un pan de mur.

Comme promis, Harry ne révéla rien de la nouvelle condition du Maître des cachots. Lorsque Dumbledore essaya d'en parler avec lui, il fit comprendre au vieux Directeur qu'il était au courant, que Severus lui avait raconté et que ce n'était pas la peine d'avoir cette conversation. Mais le vieil homme lui donna d'autres détails, il lui expliqua les difficultés que rencontrait Severus, son dégoût de devoir boire du sang et son rejet de sa condition.

— Tu comprends, Harry, le Professeur Rogue va s'affaiblir à la longue et je crains qu'il ne survive pas plus de quelques mois, ou que pris d'une rage de sang, il commette un acte terrible et soit abattu par la commission des créatures dangereuses. J'ai bien peur de ne pas pouvoir le garder à Poudlard l'an prochain, s'il ne fait pas un effort.

— Je crois qu'il est malheureux et qu'il ne veut plus vivre, Professeur Dumbledore, avait simplement dit Harry, au vieil homme inquiet, juste avant de quitter la pièce.

Une fois les inévitables remerciements, obsèques et autres cérémonies officielles du Ministère de la Magie terminés, Harry essaya de profiter des tous derniers jours de vacances avant le troisième trimestre. Il fit quelques parties d'échecs avec la terreur des cachots et vida avec lui quelques bouteilles de bièraubeurre. En quittant les quartiers de Severus Rogue, il proposait systématiquement plus ou moins la même chose au sombre et triste professeur :

— N'oubliez pas, si vous avez besoin de sang, je suis là. Je vous en donnerai. Ne jeûnez pas ! Je sais que c'est douloureux pour un vampire.

Et comme à chaque fois, l'occupant des cachots hochait la tête en disant qu'il n'avait besoin de rien.

Les cours reprirent, et les jours s'écoulèrent lentement. Harry passait autant de temps qu'Hermione à la bibliothèque mais il le faisait caché sous sa cape d'invisibilité, la nuit, lorsque tout le monde dormait dans le château. Il lut tous les livres qu'il trouva sur les vampires y compris comme Severus, ceux de la Réserve. Il s'en fit expédier du Square Grimmaurd par Remus, prétextant un exposé à faire en Défense Contre les Forces du Mal. Un des ouvrages donnés par Remus, recommandait un livre d'un auteur anonyme, dont le titre était « Le calice ou je vis avec un vampire ». Harry se précipita à la volière pour commander le livre par hibou chez Fleury et Bott. Il le reçut deux jours plus tard, et réussit à n'ouvrir son colis qu'une fois seul, malgré les regards inquisiteurs de Ron et d'Hermione qui voulaient à tout prix savoir ce qu'il avait commandé. Harry passa presque tout le week-end dans son lit, la couverture de son livre métamorphosée en livre moldu bien barbant pour un sorcier : « Windows 95 pour les nuls » qu'il avait aperçu sur le bureau de Dudley l'an dernier, en faisant le ménage dans sa chambre.

Harry apprit ainsi tout ce qu'il y avait à savoir sur les calices. D'après l'auteur, très discret puisqu'il n'avait laissé aucun indice sur son identité, le calice idéal était très difficile à trouver pour un vampire. Il avait un sang particulier qui l'attirait, le calmait et s'il s'abreuvait, le nourrissait plus que tous les autres sangs qu'on pourrait lui proposer. En outre, un vampire qui avait goûté une fois de ce sang ou même l'avait juste senti pour certains, ne pouvait plus en supporter un autre. Le vampire s'acharnait donc à séduire son calice potentiel, le plus souvent grâce à son pouvoir de séduction vampirique, histoire de préserver sa survie, d'avoir le garde-manger idéal et le partenaire sexuel le plus adéquat.

Sans le savoir, Harry venait d'accéder aux même informations que Severus avait lui trouvées, dans le livre qu'Albus lui avait offert.

Cette histoire de partenaire sexuel était très intrigante et Harry avait voulu en savoir plus, il avait donc cherché le chapitre en question et ce qu'il avait découvert l'avait fait rougir jusqu'à la racine des cheveux et avait envoyé une bonne partie de son sang irriguer une certaine région de son anatomie.

D'après le livre, les vampires étaient des créatures extrêmement sensuelles et même carrément des obsédés sexuels, et les morsures étaient systématiquement suivies, précédées ou même accompagnées de relations sexuelles ou de jeux érotiques poussés.

° Par la barbe de Merlin, moi qui ai proposé à Rogue de boire, s'il avait besoin ! C'est sûrement pour ça qu'il ne veut pas ! °

Les morsures n'étaient évidemment pas douloureuses pour le calice y compris pour les donneurs volontaires ponctuels, le vampire pouvant injecter en mordant, une petite quantité d'un anesthésiant local qu'il secrétait. Harry apprit également que la quantité astronomique de phéromones que dégageait un vampire lorsqu'il mordait était le plus souvent suffisante pour expédier son partenaire au 7ème ciel. Bien évidemment, cette production de phéromones pouvait être volontairement coupée par le vampire dans les cas où la mort douloureuse de la proie était recherchée.

Harry frissonna à cette lecture.

° Bordel, si ça se trouve c'est dans cette condition qu'il a été mordu et vidé de son sang. L'autre type, s'il avait soif, il n'a pas dû prendre de gants. Je comprends que tout ça lui fasse peur, par Merlin, le pauvre. Ça a dû être terrible. °

Le Gryffondor serra les poings en repensant au monstre à la face de serpent qu'il avait envoyé ad patres et se dit que s'il n'avait pas été mort depuis un mois déjà, il l'aurait volontiers fait souffrir avant de l'avada kedavratiser.

En descendant ce midi-là, déjeuner dans la Grande Salle, Harry croisa justement Severus Rogue qui venait de ses cachots. Sa robe noire flottait sur lui car il avait maigri, son teint n'était même plus cireux mais carrément livide, avec un pli amer qui partait de chaque côté de sa bouche. Ses cheveux gras pendouillaient sur son grand nez alors qu'il baissait la tête, et lorsque sa partie vampire sentit l'odeur d'Harry dans le Grand Hall et qu'il releva les yeux, Harry vit un regard d'une tristesse et d'une douleur extrême qui lui firent mal au ventre. Severus Rogue baissa le nez et poursuivit son chemin sans rien dire, vers l'antichambre menant à la Grande Salle.

°Il est dans un état déplorable ! Et je suis apparemment le donneur de sang idéal pour lui. Comment faire ? Je ne peux pas le laisser dans cet état ! Merde ! Il m'a sauvé la vie des tas de fois !°

Harry resta planté un moment dans le hall, il regarda la silhouette noire et à présent voûtée qui refermait la porte de l'antichambre derrière elle. Il venait de prendre sa décision. Il allait sauver Severus Rogue, malgré lui s'il le fallait. Il ne le laisserait pas mourir, pas encore une autre victime de Voldemort.

À la table des Gryffondors, certains des élèves avaient remarqué la dégradation de l'état de santé de Severus Rogue qui d'ailleurs ne mangeait quasiment plus rien. Harry entendit deux élèves de 7ème année, Katie Bell et Cormac McLaggen pouffer de rire et déclarer que Vous-Savez-Qui devait lui manquer. Le Sauveur leva les yeux vers le plafond magique qui arborait un beau ciel bleu, et comme Ron, Hermione et les autres 6ème année s'y mettait aussi, il les coupa dans leur élan :

— Vous n'avez jamais pensé qu'il pouvait avoir reçu un très mauvais sort pendant la Bataille et être gravement malade ou blessé ?

— Harry ? fit la petite voix d'Hermione. Tu sais quelque chose ? Qu'est-ce qu'il a le Professeur Rogue ?

— Oui, je le sais. Il va très mal. Voldemort lui a fait quelque chose avant la Bataille.

— C'est grave, mec ? demanda Ron entre deux bouchées.

— Oui, très grave. Et je vais être clair. Ce mec est un héros, il m'a sauvé pendant la Bataille, alors je vous interdis de dire une seule chose à son sujet. Il est comme il est en cours, c'est un salaud, on le sait tous et rien ne changera ça. Mais ce type est la loyauté et le courage incarnés. C'est compris ?

Les nez baissèrent dans les assiettes et les sujets de discussion changèrent. Personne n'osa plus parler en mal de Severus Rogue à la table des Gryffondors.

Trois autres jours passèrent, Hermione révisait encore pour les examens de fin d'année, qui n'étaient même pas importants, juste des contrôles de niveau. Harry soupira en pensant à ce que ça allait donner l'année suivante avec les ASPIC, si elle était déjà hystérique un an avant. Il marchait tranquillement dans le couloir du premier étage et se dirigeait vers la gargouille ailée. Le Professeur Dumbledore voulait lui parler de ses arrangements pour les prochaines vacances d'été et donc il lui avait demandé de venir prendre le thé avec lui et Minerva McGonagall. Le Gryffondor, perdu dans ses pensées, donna distraitement le mot de passe à la statue. Cette fois-ci, c'était « gnomes au poivre » et il se laissa emporter par l'escalier à vis. Arrivé devant la porte, il entendit des cris étouffés et des bruits de chaises renversées. Il sortit sa baguette de sa poche aussitôt et la pointa sur la porte.

ALOHOMORA !

La porte s'ouvrit dans une sorte de fracas. Harry n'avait même pas fait attention qu'il avait donné un coup de pied dedans au moment où elle se déverrouillait, histoire qu'elle s'ouvre encore plus vite. Le jeune homme vit Albus Dumbledore, la baguette à la main qui menaçait Severus Rogue tandis que Minerva McGonagall se relevait lentement, près d'un fauteuil renversé.

— HARRY ! cria le Directeur. Ne reste pas là, Severus a perdu le contrôle. Il est en soif de sang !

Au lieu de fuir, Harry approcha rapidement et vit les yeux rouges et les canines du vampire qui semblait lutter contre quelque chose en lui, et respirait fort.

— Professeur Dumbledore, fit Harry d'une voix volontairement basse et tranquille. Vous allez quitter cette pièce avec le Professeur McGonagall. Allez dans vos quartiers et verrouillez la porte avec un sort sérieux. Et laissez-moi faire.

— Monsieur Potter ! protesta la Directrice des Gryffondors. Severus est dangereux, ce n'est plus celui que nous avons connu, malheureusement. Il va vous tuer, vous saigner à blanc si vous restez. Le Directeur a raison, nous allons devoir prendre des mesures, il ne peut plus rester ici.

— Le Professeur Rogue ne me fera aucun mal. SORTEZ ! Et laissez-moi faire !

Voyant que le Directeur reculait tout doucement vers le fond de la pièce avec la professeure de Métamorphose. Harry commença à retirer sa cravate avec des gestes lents, puis il déboutonna sa chemise blanche et la fit glisser à terre. Interloqués, les deux professeurs le regardaient et ne bougeaient plus.

— Je croyais vous avoir demandé de sortir.

— Harry, tu ne peux pas… tenta Dumbledore. Il va te tuer.

— Oh si, je peux, et non, il ne me fera aucun mal. Je serais vous je sortirais. Ne me dites pas que vous voulez assister à ça

— Que voulez-vous dire, Monsieur Potter ?

— Le Professeur Dumbledore vous l'expliquera. DEHORS ! gronda Harry.

Le Sauveur choisit de les ignorer à présent. Tant pis pour eux, il les avait prévenus. Il focalisa son attention sur Severus, qui le regardait fixement de ses yeux rouges, de la salive coulant de sa bouche avec des crocs bien visibles. Sans le quitter des yeux, Harry transforma la plume qui traînait sur le bureau du Directeur, en couteau effilé et reposa sa baguette sur la table. Le couteau en main, il s'entailla la poitrine sur une dizaine de centimètres et retint difficilement un gémissement de douleur. Puis il le laissa tomber à terre.

Le vampire approcha aussitôt en une fraction de seconde, utilisant la vitesse vampirique si impressionnante pour les humains.

Lentement, Harry approcha sa main de la nuque du vampire et lui murmura à l'oreille de boire, tandis que celui-ci collait son visage dans le cou du jeune et humait son odeur à la façon d'un animal. Le vampire dut reconnaître l'odeur du sang ou de la peau d'Harry car il poussa un petit cri étouffé et l'attrapa par la taille pour lécher l'entaille et le sang qui perlait. Harry tourna lentement la tête vers les professeurs pétrifiés et lança d'une voix glacée et dure.

— Au nom de Merlin, vous êtes dingues ? Je vous ai demandé de sortir, vous voulez qu'il vous tue tous les deux ? En quelle langue je dois vous le dire ? PUTAIN ! Je sais comment le contrôler, mais dégagez ! Vous êtes une menace pour lui ! DEHORS !

Le regard mauvais d'Harry et son assurance, ainsi que ses paroles vénéneuses, convainquirent les deux professeurs de reculer encore et de se diriger vers la porte située tout au fond et qui menait aux appartements d'Albus. Harry poussa un soupir d'appréhension lorsqu'il sentit Severus lécher son cou pour le mordre. Instinctivement, le vampire resserra sa prise autour du corps d'Harry et d'un sortilège informulé et sans baguette balança tous leurs vêtements dans la pièce. Harry entendit Minerva pousser un cri.

— Ne venez pas vous plaindre… je vous aurais prévenu, murmura-t-il d'une voix lasse en penchant la tête sur le côté, pour offrir son cou au vampire.

Harry ferma les yeux et sentit les crocs de Severus entrer doucement dans sa chair. Il ne ressentit pas plus de douleur que lors d'une simple prise de sang moldue. Aussitôt qu'il sentit le vampire aspirer son sang, une impression de plénitude l'envahit, et une étrange excitation commença à monter. Ses bras se refermèrent sur les épaules nues du vampire et il glissa sa main dans les cheveux gras. Harry se rendit vite compte, du petit nuage rose où il se trouvait à présent, qu'il était en érection et que le vampire nu qui se frottait à lui, ne valait pas mieux. Seul repère avec la réalité, la bordure de bois du bureau qui lui meurtrissait les reins.

Voyant ce qui se tramait et qu'il n'avait pas vraiment voulu croire malgré les mises en garde d'Harry, Albus ouvrit la porte de son appartement et y entraîna Minerva McGonagall muette de stupeur. Le Gryffondor entendit la porte se refermer et soulagé, se laissa aller aux sensations sublimes qui l'envahissaient. Il se mit à gémir doucement sans s'en rendre compte et s'accrocha aux épaules du vampire. Il ne sentait que les mains qui le caressaient, le sexe monumental qui se frottait sur le sien, et le plaisir qu'il sentait monter comme une vague et qu'il savait être en partie dû à la morsure. Lorsque le vampire retira ses crocs doucement et qu'il lécha les deux trous, le contact de la langue de Severus le fit atteindre l'extase. Il poussa un long gémissement rauque, sa tête se mit à tourner et ses jambes à flageoler alors qu'au même moment il éjaculait contre le ventre du vampire.

Il ouvrit les yeux une dizaine de secondes plus tard, tentant toujours de reprendre son souffle, serré entre les bras du vampire qui ne le lâchait pas. Les yeux n'étaient plus rouges et les crocs étaient rétractés.

— Potter… fit une voix défaite. Qu'avez-vous encore…

— Taisez-vous… le coupa Harry. Par pitié, taisez-vous…

Et sans plus attendre, Harry s'avança vers le visage du vampire à présent repus et posa sa bouche sur les lèvres encore sanguinolentes. La réaction fut immédiate, Severus ouvrit la bouche et lui rendit son baiser sans se poser de question, donnant à l'Élu le goût métallique de son propre sang. Harry aurait bien aimé savoir lequel des deux tenait les rênes à ce moment précis : le sorcier ou le vampire ?


Dans l'appartement d'Albus Dumbledore, Minerva McGonagall, choquée se remettait de ses émotions, assise dans un hideux cabriolet de chintz fleuri, un petit verre de jus d'œillet à la main.

— Albus… Vous pouvez m'expliquer ce que Monsieur Potter essaie de faire ? Severus est dangereux, comment ne le voit-il pas ? Et… cette tenue ! Il l'a déshabillé ! Rendez-vous compte, Severus a déshabillé un élève ! Et il va le mordre ! Et… Potter nous a chassés de votre bureau en nous parlant comme à des chiens, je vais lui enlever cinquante points et il aura une semaine de retenue pour lui apprendre le respect !

— Non, Minerva ! trancha le Directeur qui faisait les cent pas devant la porte qui menait à son bureau. Harry a fait ce qu'il pensait être le mieux. Et je crois qu'il sait ce qu'il fait. Il sait comment calmer Severus. Je pense qu'il doit être en train de se faire mordre, on dirait que c'est ce qu'il voulait l'inciter à faire quand il a retiré sa chemise. Mais pourquoi s'est-il entaillé la poitrine ?

— Vous avez vu Severus ? Aussitôt il est allé lécher la blessure !

— Pour la cicatriser ! Par Merlin, comment ai-je pu être aussi aveugle ?

— Si vous m'expliquiez, Albus ? fit Minerva les sourcils froncés et l'air visiblement inquiet.

— Severus n'arrive pas à boire le sang des poches. Et jusqu'à présent, je ne comprenais pas pourquoi. Un vampire qui n'aime pas le sang, c'est assez étrange quand même. Mais ce n'est pas ça, ce n'est pas que Severus n'aime pas le sang, il n'aime pas le sang des poches, celui des donneurs. Il veut un autre sang !

— Ne me dites pas qu'il veut le sang de Potter ?

— Si. Le sang d'Harry doit contenir quelque chose qui attire Severus. J'ai déjà lu des choses de ce style dans quelques ouvrages. Severus a accepté les poches jusqu'à la Bataille, ensuite il n'en a plus voulu. Et s'il n'en a plus voulu, c'est qu'il avait goûté à mieux, le sang idéal. Je crois que Severus a goûté déjà au sang d'Harry et qu'il n'en veut plus un autre, Minerva. Le connaissant, il refuse d'accepter ce fait et préfère se laisser mourir de soif plutôt que de recommencer.

— Alors c'est pour ça que Monsieur Potter disait pouvoir le calmer et le contrôler, il le sait.

— Je crains que nous n'ayons pas été mis au courant de tout ce qu'il pouvait y avoir entre eux depuis la Bataille. Je sais qu'ils se sont vus pendant les vacances de Pâques et qu'ils se parlent civilement mais…

Le vieil homme fit une pause, semblant réfléchir, tout en lissant sa longue barbe blanche entre ses doigts bagués d'argent.

— Je pense que Severus voit Harry comme un calice potentiel, et que son instinct le pousse à le guérir lorsqu'il se blesse, c'est la première étape du lien vampire/calice. Le vampire doit protection à son calice, il ressent toutes ses émotions et sait lorsqu'il est en danger. Harry en se blessant, a obligé Severus à se focaliser sur lui et ainsi à nous oublier pour que nous puissions sortir du bureau sans risque.

— Pourquoi sont-il nus, Albus ? insista Minerva que ce fait choquait.

— Vous ne connaissez rien aux vampires, n'est-ce pas ?

Minerva McGonagall secoua lentement la tête en signe de dénégation. Albus Dumbledore soupira et la regarda brièvement par-dessus ses lunettes en demi-lune, se demandant soudain comment elle allait digérer la nouvelle.

— Minerva, les vampires sont des êtres, comment dire… très… sexuels. Les morsures faites aux calices ou aux donneurs volontaires sont toujours accompagnées d'actes sexuels, ou au minimum d'actes érotiques. Ceci explique pourquoi Severus a déshabillé Harry et s'est déshabillé, et c'est aussi pour ça qu'Harry nous a demandé de partir. Il ne voulait pas qu'on assiste à ça comme il l'a dit. En outre, je crois me souvenir que les vampires sont particulièrement jaloux et que Severus aurait pu en effet prendre notre présence pour une menace.

— Quelle menace ? Nous ne sommes pas des vampires ! fit Minerva outrée de se qui se passait certainement à côté.

— Nous aurions pu essayer de lui retirer son objet sexuel avant qu'il ait joué avec… soupira Albus.

— Par Merlin ! Taisez-vous, Albus ! Tout ceci me donne envie de vomir ! Severus, un vampire ! Qui est en train de mordre Harry Potter, de lui boire son sang et qui ensuite va le violer ? Je ne peux pas laisser faire ça ! Il faut l'en empêcher, Albus !

— Non.

— Comment ça, non ?

— Je vais faire confiance à Harry. J'ai souvent eu tort par le passé de ne pas le faire plus souvent. Je l'ai traité comme un enfant, je ne l'ai pas écouté, et à chaque fois cela n'a fait qu'aggraver les choses. Je suis certain qu'Harry sait ce qu'il fait. Il était au courant de tout ce qui allait se passer et n'a pas hésité une seule minute. Severus ne lui a pas fait de mal et je suis certain qu'avec quelqu'un d'autre, il aurait été violent.

— Et le viol ?

— Je ne pense pas que Severus violera Harry. Il ne fera rien qu'Harry ne souhaitera pas.

— Comment pouvez-vous savoir tout ça ? Vieux fou ! gronda Minerva, folle d'inquiétude. On ne peut pas voir ce qu'ils font ? Faites donc votre petit tour de passe-passe, là ! Celui avec lequel vous espionnez tout le château ! Pour une fois, qu'il soit utile !

— Calmez-vous, Minerva.

Le vieil homme la tranquillisa par sa voix paisible et tandis qu'elle le regardait suspicieuse, la bouche sévère et son verre vide à la main, Albus agita sa baguette et une fenêtre magique apparut, flottant dans les airs. On y voyait le bureau directorial, le fauteuil renversé par Severus et Harry Potter nu, assis sur le bureau, les jambes autour de la taille du vampire, les bras autour de son cou en train de l'embrasser goulûment, une trace de morsure était nettement visible sur le Gryffondor.

— Par la barbe de Merlin ! pesta Minerva, les yeux écarquillés. Ne me dites pas qu'ils font ça ?

— Apparemment, ils ne font rien de bien dramatique. Laissons-les. Je suppose qu'Harry nous appellera lorsqu'ils auront terminé leur petit jeu.

Minerva le fusilla du regard alors qu'Albus refermait la fenêtre magique. Il alla s'installer dans l'autre fauteuil et claqua des doigts pour appeler un Elfe de maison et avoir du thé et de la tarte au citron. Lorsque l'Elfe quitta la pièce, le Directeur se tourna vers sa sous-directrice.

— Un p'tit sorbet citron, Minerva ?


Albus Dumbledore avait raison, Severus ne fit rien de plus à Harry que de le tenir dans ses bras et de l'embrasser voracement pendant quelques minutes. Lorsque les deux hommes se séparèrent, Harry le regarda attentivement.

— Ça va mieux ? Vous vous sentez comment ?

— Bien. Très bien, étant donné les circonstances, et vous ?

— Honnêtement, complètement lessivé, je dors debout et je me sens faible.

— Je vous ai pris beaucoup de sang certainement, pesta le vampire. Vous n'auriez pas du me provoquer pour que je vous morde, j'aurais pu vous saigner à mort.

— Non, je ne crois pas, répondit Harry, d'une voix lasse. Vous… vous pourriez nous rhabiller, s'il vous plaît ? Je voudrais aller m'allonger, pour récupérer un peu, ou du moins m'asseoir pour le moment.

Tergeo, Vestio Harry Potter murmura Severus, baguette à la main. Je vais vous donner une potion de régénération sanguine, j'en ai toujours sur moi, au cas où…

— Au cas où vous feriez une bêtise ?

— Oui.

Le Professeur Rogue se rhabilla d'un geste de baguette et sortit une fiole de la poche de sa robe. Il l'ouvrit et la fit boire à Harry qui était un peu trop pâle à son goût.

— Mon sang semble vous nourrir plus que le sang normal, constata Harry, vous ne m'auriez pas vidé, si c'est ce qui vous fait peur. C'est juste que je ne suis pas un calice alors nourrir un vampire, c'est… épuisant.

— Je suis désolé.

— Ne le soyez pas, Professeur Rogue, vous ne m'avez fait aucun mal, c'était même plutôt agréable.

— J'ai cru comprendre ça, fit-il rougissant. Je… je n'ai rien fait… d'extrême ?

— Non, à part quelques baisers et caresses, rien. Et c'est très bien, je ne me voyais pas avoir ma première relation sexuelle sur le bureau du Professeur Dumbledore.

— Première… ? s'horrifia la terreur des cachots, les yeux écarquillés. Merlin ! J'aurais pu vous faire du mal !

— Ne vous en faites pas, vous n'avez rien fait et je suis gay de toute façon, alors ça m'arrivera bien un jour. Vous allez devoir avoir une sérieuse discussion avec le Professeur Dumbledore, vous êtes allé jusqu'à la soif de sang, vous avez perdu le contrôle du vampire, c'est pas bon du tout. Il ne veut plus vous garder ici, vous êtes un danger potentiel.

— Je sais, je le lui dis depuis le début, de toute façon je ne comptais pas rester.

— Vous voulez partir ?

Harry vit Severus relever le fauteuil des visiteurs qui avait volé dans la pièce. Le Maître des Potions le remit à sa place et Harry alla s'asseoir dedans en soupirant de soulagement.

— Oui, je vais partir. Je pensais vendre des potions par hibou pour avoir de quoi vivre et ne plus voir personne. Ainsi, je ne serais plus un danger.

— Et le sang ?

— J'aurai toujours les poches. Je vais bien m'y habituer, à la longue.

— Je n'en suis pas sûr. Vous aimez mon sang, reprendre une poche ne va pas être facile après avoir bu un véritable repas ce soir.

— Je sais, soupira le vampire tristement.

— Professeur Rogue, si vous avez besoin, je pourrai vous en donner mais pas tout le temps, je ne tiendrai pas le coup, vous le savez. La solution serait…

— NON ! le coupa Severus, subitement énervé. Je refuse ! Je ne ferai pas de vous mon calice, je ne veux pas de calice ! Comment pourrais-je aliéner quelqu'un ? Vous enchaîner à moi toute votre vie ? Vous avez un avenir, et moi…

— Oui, vous… je sais ce que vous allez dire et je refuse de l'entendre, je suis trop fatigué. Voudriez-vous demander au Professeur Dumbledore de revenir, s'il vous plaît ? Je ne suis pas sûr que je tiendrai debout.

Harry avait ses deux mains accrochées aux accoudoirs. Il se sentait faible et nauséeux, la tête lui tournait, il avait faim, envie de dormir. C'était très désagréable. Severus la bouche pincée, vit son malaise.

— Et vous voulez m'en donner encore ?

— Je ne vous laisserai pas souffrir, j'ai vu dans quel état vous étiez cette semaine et ce n'était pas joli-joli.

— Vous ne me devez rien, Potter ! Stupide Gryffondor, toujours à vouloir sauver la Terre entière !

— Demain… une autre fois… soupira Harry, j'ai pas assez de force pour me disputer avec vous…

Le Maître des Potions se dirigea vers la porte au fond du bureau et frappa sur le bois noirci deux coups secs comme à son habitude. De l'autre côté, Albus l'entendit et reconnut cette façon de frapper.

— Severus a repris ses esprits, venez, Minerva !

— Si jamais Potter est blessé, je le tue moi-même !

Les deux professeurs se précipitèrent dans le bureau directorial. Severus baissa les yeux, honteux, en voyant le regard glacé d'Albus Dumbledore dans lequel ne brillait pas la petite lueur malicieuse habituelle. Minerva McGonagall se précipita vers Harry Potter après avoir toisé Severus avec mépris.

— Vous aurez ma lettre de démission demain matin sur votre bureau, Monsieur le Directeur, fit le professeur de potions.

— Je crains que nous n'ayons pas le choix, Professeur Rogue, dit Albus Dumbledore, nous ne pouvons pas risquer que cet incident se reproduise.

Severus hocha la tête et regarda Minerva qui s'affairait autour d'Harry qui n'était pas en très bon état.

— Ce n'est rien, rien du tout, tempéra le jeune homme. Un peu de fatigue, et le Professeur Rogue m'a donné une potion de régénération sanguine, ça va aller. Professeur Dumbledore ? Vous vouliez me parler des arrangements pour les vacances, non ? Alors annoncez la couleur tout de suite, je voudrais aller me coucher, si vous n'y voyez pas d'inconvénient.

— Nous en reparlerons demain, Harry.

— Non, je suis là, alors dites-le moi maintenant. Je sais de toute façon ce que vous allez me dire, fit Harry d'une voix faible. Vous allez me dire que je dois retourner chez les Dursley jusqu'à mes dix-sept ans à cause de la protection du sang de ma mère, parce que tous les Mangemorts n'ont pas été pris. N'est-ce pas ?

— Et bien… commença le vieil homme.

— Ok, j'ai compris. Vous me faites le coup depuis des années, pourquoi ça changerait ? Mais ne venez pas vous plaindre s'ils me tuent, Professeur.

— Monsieur Potter ! s'horrifia la Directrice des Gryffondors, pourquoi voudriez-vous qu'ils vous tuent ?

— Parce que c'est ce qu'ils essaient de faire depuis le jour où vous m'avez déposé à leur porte. Ils ont juste peur de la protection du sang, le jour où elle cessera, je serai mort. Ils m'ont déjà prévenu.

— COMMENT ? hurla pratiquement Minerva. Et vous le dites maintenant ?

— Comme si vous l'ignoriez… ils me maltraitent, m'affament et me torturent depuis des années, ils vont se gêner, maintenant ! Vous devriez un peu plus écouter les rapports des Weasley sur moi, et aussi ceux de Remus ou de Fol Œil et même Tonks. Je suis même sûr que Mondingus et Mrs Figg ont des choses à dire.

Harry tenta de se lever, excédé de la situation. Il leur avait balancé en vrac toutes ses vérités, dans le but de les choquer et de les faire se sentir coupable, si c'était seulement possible. Il était dégoûté, il avait vaincu Voldemort et on le renvoyait en enfer sans même une arrière-pensée ou un scrupule. Il fit deux pas vers la porte et s'écroula dans les bras de Severus qui avait senti sa faiblesse et avait utilisé sa vitesse vampirique pour le retenir. Le cauchemar des Gryffondors le souleva dans ses bras comme un fétu de paille, son repas lui ayant redonné toutes les forces qu'il devait normalement posséder. Minerva remarqua même que son teint était déjà meilleur et qu'il se tenait beaucoup plus droit, comme autrefois lorsqu'il était humain.

— Vous l'avez presque vidé de son sang ! gronda-t-elle, écœurée.

— Non, répondit Harry qui était toujours conscient. C'est rien, je suis juste fatigué.

— Portez-le à l'infirmerie, Severus, ordonna le Directeur, sèchement. Réparez au moins vos bêtises !

— Pas l'infirmerie, murmura Harry à Severus, pas l'infirmerie, s'il vous plaît.

Sans un mot le Maître des cachots sortit du bureau directorial avec Harry dans ses bras et prit la direction des cachots. Il était presque l'heure du couvre-feu et il ne croisa personne. Harry avait fermé les yeux et s'était endormi dans les bras du vampire. La toile de Salazar Serpentard ouvrit le passage vers l'appartement des cachots sans faire un seul commentaire. L'occupant des lieux se dirigea vers sa chambre et déposa Harry endormi sur son lit. Il le regarda, songeur, quelques minutes, un peu indécis. Son côté vampire, qu'il percevait mieux à présent qu'il s'était nourri correctement, l'influençait discrètement. Le sorcier, pas stupide, savait très bien que son vampire voulait Harry comme calice, mais lui, ne voulait surtout pas détruire la vie du Sauveur du Monde Magique en se liant avec lui, le Garçon-Qui-Avait-Survécu-Juste-Pour-Lui-Pourrir-La-Vie, le fils de l'odieux James Potter auquel il ressemblait tellement. Il avait supporté le père pendant sept ans, supporté le fils déjà six, et c'était bien assez ! Le vampire essayait de le faire discrètement changer d'avis en lui envoyant de voluptueuses pensées lubriques où Harry Potter avait bien entendu le premier rôle. Severus devait bien avouer que de tenir le garçon nu dans ses bras, de l'embrasser et de le mordre était une pensée bien agréable et tentante. D'ailleurs, le Gryffondor avait apprécié, il était gay selon son aveu, et était partant pour recommencer.

Merlin… la nuit allait être longue, très longue.

Severus déshabilla Harry d'un geste de baguette et lui enfila un de ses bas de pyjama qui était un peu trop grand pour le garçon. Il fit la moue en voyant le résultat et un nouveau sort mit le pyjama à la bonne taille, puis il tira les couvertures sur l'Élu, éteignit la lumière et quitta la pièce.

Il avait bu tout son soûl, se sentait en pleine forme, comme avant quand il était vivant, et n'avait pas envie de dormir. Il entra dans son labo de potions, quelques potions de régénération sanguine ne seraient pas du luxe, ainsi qu'un chaudron de potion de nutrition, Harry était vraiment maigre.

Tout en préparant ses ingrédients, il se remémora les « vérités » balancées à Albus et Minerva par le jeune homme et commença à se dire qu'il avait vraiment tout compris de travers sur Harry depuis son premier jour à l'école. Une question le chagrinait pourtant, si Harry avait dit la vérité, pourquoi le Directeur de Poudlard le renvoyait systématiquement dans sa famille tous les étés ?

À trois heures du matin, fatigué et ses potions terminées, Severus, après un dernier coup d'œil au labo propre et bien rangé, alla retrouver Harry qui dormait toujours. Il enfila un pyjama et se coucha près de lui, puisqu'il n'avait pas d'autre chambre. Il éteignit les torches magiques et rangea sa baguette sous l'oreiller qu'il venait de conjurer. Il s'endormit comme une souche et ne se réveilla même pas lorsqu'Harry sentant un corps tiède contre lui, se glissa dans ses bras.

A six heures du matin, Harry ayant dormi près de neuf heures se réveilla dans les bras du vampire. Un instant, il se demanda ce qu'il faisait là et où il se trouvait, puis il reconnut l'odeur d'ambre et d'épices du Maître des Potions. Le vampire qui somnolait contrairement à son côté sorcier, s'aperçut de la présence du calice potentiel, et ravi, envoya une vague de phéromones qui réveilla les sens du Gryffondor. Le souffle court, Harry se demanda ce qui pouvait bien lui arriver pour être aussi excité par la présence du corps endormi contre lui. Cédant à la tentation, il glissa son visage dans le cou de l'homme, et sa main fine sous la veste du pyjama. Stratégiquement réveillé par son côté vampire, Severus se laissa caresser le ventre et les pectoraux, puis d'un simple mouvement bascula le Sauveur sur le dos et se coucha sur lui. Harry poussa un petit cri de surprise qu'une bouche vorace étouffa aussitôt par un baiser torride.


Scène MA censurée


— Génial… murmura le Vainqueur du Mage Noir avant de fermer de nouveau les yeux et de s'endormir, anéanti par le plaisir.

Severus se coucha complètement sur lui et bascula juste un peu sur le côté pour ne pas lui faire supporter tout son poids. Il remonta la couverture sur eux d'une main. Le côté vampire, béat et comblé exprima sa satisfaction en envoyant des endorphines dans le corps de Severus qui pourtant en contenait déjà pas mal. Aussitôt, le sorcier s'endormit, plus heureux et comblé qu'il ne l'avait été pratiquement de toute sa vie.


À la tour de Gryffondor, Ron en se réveillant, eut la surprise de voir que le lit de son ami n'était pas défait et qu'il n'y avait pas dormi. Il interrogea Seamus et Neville qui revenaient de la douche, les cheveux encore mouillés et cherchaient des vêtements dans leurs malles.

— Nan, pas vu, fit Seamus en haussant les épaules. Il est p't'êt avec une fille ?

— Harry ne sort avec personne, répondit Ron. C'est bizarre.

— Je me suis couché le dernier, dit alors Neville Londubat, et il n'était pas là. C'est clair, il n'a pas dormi ici.

— Faudrait peut-être aller voir McGo ?

— On la verra au petit déj', après tout on est dimanche, il a dû aller traîner on se sait où avec sa fichue cape.

— Attends, Seamus, je regarde si elle est là, déclara Ron en repoussant les couvertures.

Le rouquin se leva et alla soulever l'oreiller d'Harry. La cape pliée et la carte du maraudeur étaient bien là.

— Merde ! Il est où ce con ?

— Il est que 8h20, il est peut-être à la Grande Salle à se goinfrer.

— Seamus… quand est-ce que tu as vu Harry se goinfrer une fois dans sa vie, toi ?

— C'est clair qu'il bouffe pas beaucoup, comparé à toi.

Quelques minutes plus tard, Ron, en robe de chambre et pantoufles quitta le dortoir des « 6ème année, garçons » pour aller à la salle de bain, il croisa Hermione et Ginny qui sortaient de celles des filles.

— T'as vu Harry, Mione ?

— Non, pourquoi ?

— Il n'a pas dormi dans son lit.

— Bizarre, il est où tu crois ? Hier soir il m'a dit qu'il allait voir le Professeur Dumbledore, il est peut-être parti avec lui quelque part, un truc au Ministère, qui sait !

— Mouais… j'avais pas pensé à ça. On verra bien s'il est en bas.

Mais lorsqu'ils descendirent à la Grande Salle, Harry n'y était pas et personne ne l'avait vu. Hermione inquiète, arrêta sa Directrice de Maison.

— Professeur McGonagall, sauriez-vous où se trouve Harry ? Ron et Seamus disent qu'il n'a pas dormi dans son lit.

— Oh, oui. Miss Granger, j'aurais du vous prévenir. Monsieur Potter est à l'infirmerie, il a fait un petit malaise chez le Professeur Dumbledore hier soir, rassurez-vous rien de grave. Il faudrait juste qu'il mange un peu plus, si vous voulez mon avis.

— Je suis d'accord avec vous, Professeur, mais Harry a toujours été un petit mangeur, fit Hermione, rassurée.

— Il va venir vous rejoindre sans tarder, ne vous en faites pas.

Minerva McGonagall quitta la Grande Salle par la porte de l'antichambre, elle monta jusqu'au premier étage et longea le couloir pour rejoindre l'infirmerie. Lorsqu'elle entra, elle vit que tous les lits étaient vides, la tête de Poppy Pomfresh apparut derrière la cloison vitrée qui séparait son bureau de l'infirmerie.

— Minerva ? De si bon matin ? Que puis-je pour vous, ma chère ?

— Je viens prendre des nouvelles de Monsieur Potter, vous l'avez déjà relâché ?

— Harry Potter ? Mais je n'ai pas vu Harry Potter depuis plusieurs semaines. Je ne l'ai même pas eu ici après la Bataille, c'est vous dire !

— Pardon ? Mais Severus devait vous l'amener hier soir, il était évanoui. Par Merlin ! Severus Rogue ! Qu'est-ce que ce maudit Serpentard a encore inventé ? gronda la professeure de Métamorphose, en colère.

— Il s'est passé quelque chose ? s'inquiéta l'infirmière.

— Oh oui ! pesta Minerva. Severus est entré en soif de sang hier soir, j'ai bien cru qu'il allait nous mordre Albus et moi ! À la place il a mordu Harry Potter !

— QUOI ? Ne me dites pas…

— Non, non, il ne l'a pas saigné à blanc, et chose curieuse, Monsieur Potter semblait consentant, plus que consentant si vous voulez mon avis, et il avait l'air de savoir comment gérer l'affaire. Severus est calme avec lui, Albus pense…

— … que Severus le veut pour calice, la coupa Poppy. C'est la seule chose qui puisse faire un vampire en soif de sang ne pas vider sa victime. Harry doit être dans les cachots avec lui, Minerva. Si vraiment Severus veut Harry comme calice, il ne lui fera pas de mal. Il ne peut pas, c'est contre leur nature. C'est encore plus vrai lorsque le vampire a mordu plusieurs fois le donneur en question et qu'ils ont eu des relations sexuelles. Le lien est presque établi.

— Poppy, d'après ce que j'ai vu hier soir, leur lien est presque établi ! Je suis persuadée qu'ils en sont déjà là ! Même si Severus refuse d'en faire son calice comme Albus le dit.

— Ce n'est plus qu'une question de temps. Severus cédera, il va avoir du mal à se nourrir de poches de sang s'il a trouvé son calice, mais qu'il ne l'a pas encore transformé.

— Il manque quoi ? Comment va-t-il le transformer ?

— Il boira son sang d'abord, et ensuite il lui donnera du sien à boire. C'est tout. Normalement le vampire et le calice ont ensuite une relation sexuelle, ce qui est habituel avec une morsure. Soit avant, pendant ou après.

— Je commence à comprendre pourquoi Harry Potter n'est pas ici ! râla Minerva. Albus a demandé la démission de Severus. Il est trop dangereux, je ne suis même pas sûre qu'on puisse lui faire terminer les trois semaines qu'il reste de l'année scolaire.

— Avec un calice, il sera inoffensif. S'il refuse, le problème se reproduira bientôt.

— C'est bien ce que je pense. Je file, Poppy, je vais prévenir Albus.


Dans les cachots, Severus était réveillé et appuyé sur son coude, la tête posée sur sa main, il regardait Harry dormir contre lui.

— Harry… réveille-toi, il est huit heures et demi passé, tes amis vont se demander où tu es.

Harry s'étira comme un chat sans ouvrir les yeux. D'un Accio sans baguette, Severus fit venir jusqu'à lui, les lunettes rondes du Gryffondor qui étaient pliée sur la table de nuit. Il les lui posa sur le nez. Harry se mit à sourire et ouvrit lentement les yeux.

— Tu avais peur que je te rate ?

— Non. Tu ne peux pas rester trop longtemps. J'ai assez d'ennuis comme ça, soupira le vampire. J'ai une lettre de démission à écrire ce matin.

— Tu… tu vas partir ? Maintenant ? Tu ne vas pas finir l'année ? Reste ! Je te donnerai encore du sang quand tu ne pourras plus supporter les poches.

Severus soupira et pinça l'arête de son nez entre le pouce et l'index, les yeux fermés.

— Je ne suis pas certain qu'après ma petite démonstration d'hier soir, on me laisse vraiment le choix, vois-tu…

— Merde…

— Langage, Monsieur Potter !

Harry s'attendit à ce que le ténébreux professeur lui retire des points mais un grondement peu discret venant de son estomac fit lever un sourcil sarcastique au vampire.

— Faim… murmura Harry.

— C'est bien ce que j'ai cru comprendre. Viens, lève-toi, va prendre une douche pendant que je commande un petit déjeuner pour toi aux Elfes.

— Pour moi ? Et toi ?

— Café, ça suffira. Je n'ai pas faim.

— Tu veux dire de nourriture, mais de sang ?

— Non plus. Ton sang va me durer plus longtemps que celui des poches. C'est ce que les grimoires disent en tout cas. Non, ne rajoute rien, je sais ce que tu vas me dire, je lis en toi comme dans un livre ouvert, je ne veux pas faire de toi mon calice, Harry. Tu as le droit d'espérer autre chose de ta vie que d'être collé à ton vieux professeur de potions que tu détestes avec passion depuis plus de six ans.

— Je n'ai jamais dit que je te détestais. C'est toi qui me déteste ! fit Harry boudeur en rejetant les couvertures pour se lever.

— Je ne te déteste plus. Mon côté vampire t'apprécie de trop, il joue de son influence, grimaça Severus.

— J'aime bien ton vampire, Severus. Il a beaucoup de goût.

— File ! ronchonna Severus en jetant son oreiller sur le jeune homme qui disparut dans la salle de bain et referma la porte derrière lui.

Le Maître des Potions se leva et enfila sa robe de chambre, il entra dans son salon et claqua des doigts pour faire venir un Elfe de maison. Il commanda un copieux petit déjeuner pour deux, et alla prendre une potion de nutrition dans son labo pour Harry.

Severus avait déjà avalé sa première tasse de café et une plume à la main réfléchissait à sa fameuse lettre de démission lorsqu'Harry entra dans la pièce, douché, séché et habillé.

— La place est libre, si tu veux.

— J'y vais. Sers-toi et mange !

Severus posa sa plume et alla prendre la place d'Harry dans la salle de bain, il prit une douche rapide, se lava les cheveux, les dents et se rasa avec sa baguette. Il sortit une tenue complète propre de l'armoire de sa chambre et s'habilla d'un geste de baguette. Vu le nombre imposant de boutons sur sa robe, il n'allait quand même pas perdre un temps infini à le faire façon Moldu.

Lorsqu'il rejoignit Harry, il constata avec satisfaction que le pot de chocolat chaud avait diminué des ¾ et que le plateau de toasts et de viennoiserie avait subit des dégâts importants.

— Tu veux le porridge, Severus ?

— Non, mange, je prendrai juste un petit toast, éventuellement.

— Tu as reçu le Sorcier du Dimanche, il est sur le canapé.

— Merci… je vais le prendre, tu veux bien me servir un autre café ?

— Bien sûr.

Harry servit une tasse de café au Maître des Potions pendant que celui-ci se levait pour aller chercher le journal encore lié en rouleau, qui traînait sur le canapé. Il retira négligemment le lien de raphia qui avait accroché le journal à la patte du hibou et le fit disparaître d'un Evanesco. Severus retourna se rasseoir et ouvrit son journal, sa tasse de café noir à la main.

— Pour une fois, j'échappe à la corvée de hiboux, tu as vu le nombre de lettres que je reçois tous les matins ? Par Merlin ! Les gens n'ont que ça à faire ? Franchement !

— J'ai remarqué. C'est quoi toutes ces lettres ? fit Severus distraitement, alors qu'il lisait le compte-rendu du procès de Lucius Malefoy qui venait d'être condamné au Baiser du Détraqueur.

— Des demandes en mariage, principalement. Au début, ça me faisait rire, on les lisait dans la salle commune, chacun une à voix haute. On trouvait ça drôle. Ensuite, je me suis senti rapidement mal à l'aise pour tout ces gens. Maintenant ça me dégoûte, je les jette sans les ouvrir. Je déteste cette célébrité, Severus, je voudrais pouvoir passer inaperçu, me déguiser tout le temps pour ne pas qu'on me reconnaisse.

— Tu n'aimes pas ça ? demanda le vampire, surpris.

— Je hais tout ça, soupira Harry. Les gens ne voient que le Sauveur, personne n'essaie de voir ce qu'il y a derrière cette étiquette. Ça me rend dingue ! Et de l'autre côté ma seule famille ne souhaite que ma mort. J'ai vraiment une vie géniale ! Je voudrais m'enfuir parfois, tu sais.

Étonné, Severus regarda Harry un moment sans rien dire. Cette histoire de famille qui voulait sa mort l'inquiétait, du moins il sentait que le vampire en lui, s'en inquiétait énormément. Il savait qu'il devrait tirer ça au clair rapidement.

Il en était là de sa réflexion lorsque la cheminette s'activa et que des flammes vertes s'élevèrent dans l'âtre. Le Directeur sortit de la cheminée et s'épousseta. Des petites taches de suie apparurent sur les pavés du sol.

— Je me doutais que tu étais là, Harry, lorsque Minerva m'a dit que tu n'étais pas à l'infirmerie.

— Je ne voulais pas y aller, Professeur Dumbledore. J'ai demandé au Professeur Rogue de ne pas m'y conduire.

— Comment vas-tu ?

— Très bien, on ne peut mieux !

Albus Dumbledore vit le flacon vide de potion de nutrition sur la table et hocha la tête avec satisfaction. Au moins, Severus avait bien pris soin du jeune Gryffondor. Il s'inquiétait bien un peu de savoir jusqu'où ses bons soins étaient allés, mais savait qu'il n'était pas question qu'il essaie même de le demander, le vampire risquait de prendre ça pour une offense.

— Je vous apporterai ma lettre de démission tout à l'heure, Albus.

— Nous ne sommes pas à la minute, Severus.

— Je suis un danger pour les élèves, vous le savez.

— Mais pas avec mon sang ! Si je te donne du sang… tenta Harry, tu pourras rester.

— NON ! Tu sais bien ce que je t'ai dit un million de fois ! pesta Severus en se levant brusquement.

— Mais ça changerait quoi ? Et tu pourrais boire comme tu as besoin !

— Je commence à me demander si tu ne veux pas faire ça pour échapper aux Dursley !

Harry ouvrit la bouche de stupeur et baissa la tête.

— Je n'ai pas une seule minute pensé à ça. Mais si tu veux t'en aller, alors va-t-en ! s'énerva Harry en se levant et en se dirigeant vers la porte. Vas-y, abandonne-moi, toi aussi, comme mes parents, comme Sirius…

Sa voix s'étrangla alors qu'il entrait dans le petit couloir qui menait au portrait de Salazar Serpentard. Le vampire perçut sa détresse et se précipita à sa suite. Albus Dumbledore, un éclat malicieux dans les yeux, prit le pot de marmelade de citron non entamé et commença à en tartiner un toast.

Harry sentit les bras du vampire se refermer sur lui et le serrer.

— Calme-toi, Harry, ou mon côté vampire va s'énerver, murmura-t-il à son oreille. Je ne t'abandonne pas, pas après cette nuit. Je te promets. Juste, je ne peux pas accepter ça. Je dois apprendre à me débrouiller tout seul, mais on se verra, je te le jure.

— Et si tu as besoin de sang ?

— Alors je t'en prendrai un peu.

— Tu vas aller où ?

— J'ai une petite maison, je ne serai pas à la rue.

— Severus, si tu pars je ne te reverrai plus. Je le sens.

— Pourquoi dis-tu ça ? Bien sûr que si !

— Non. Ils vont me détruire. Je le sais, je l'ai toujours su, ils n'attendent que ça, tu n'as aucune idée de ce qu'est la vie là-bas. Ils sont pires que Voldemort, si on considère qu'ils n'ont pas de pouvoirs magiques.

— Tu en rajoutes.

— Oh non, mais quand tu me croiras, ce sera trop tard.

— Écoute, reviens ce soir avec ta cape après le couvre-feu.

— Je pourrai dormir avec toi ?

— Oui, c'est de la folie, mais comme on ne se verra pas pendant un moment… ça calmera mon côté vampire.

La belle excuse, songea Harry un pâle sourire sur son visage aux yeux noyés de larmes. Il se laissa embrasser voluptueusement par la terreur des cachots et quitta l'appartement sans se retourner. Severus pinça les lèvres et prit une profonde inspiration. Il retourna dans son salon où Albus avait très nettement attaqué la marmelade de citron, il reprit sa place sur sa chaise et se tourna vers son Directeur.

— Albus, si vous me racontiez un peu, qu'est-ce que c'est que cette histoire avec la sœur de Lily et son gros porc de mari ? Pourquoi Harry est terrorisé quand il doit y retourner ?