Point de Rupture

Titre : Point de Rupture

Personnages principaux : Spencer Reid sera mis en avant, mais toute l'équipe finira par souffrir, aussi bien physiquement que mentalement…

Résumé : Une mission sous couverture tourne à la catastrophe pour Reid… L'équipe remue ciel et terre pour le sauver… Les tortures physiques et mentales s'enchaînent, l'équipe se déchire… Les membres de la BAU arriveront-ils à temps ?

Rated : T

Pourquoi cette Fanfiction : Parce que je me complais à décrire la souffrance d'autrui.

Disclaimer : Les personnages ne m'appartiennent pas, il ne s'agit que d'un emprunt. J'écris pour le plaisir et non pour l'argent.

NB : Les premiers chapitres seront assez légers. La suite et la fin risquent d'être un peu plus… sanglantes.

Chapitre 1

Les battants s'ouvrirent brusquement devant lui. Un murmure indistinct, esquisse de conversations, de personnes continuellement en mouvement et de sonneries de téléphone, vint à sa rencontre. Une petite brune, téléphone en main, le bouscula et sortit de l'ascenseur d'un pas rapide. D'autres personnes la suivirent et il se laissa entraîner par ses quelques collègues.

Il marcha lentement, hésitant. Ses longs doigts pianotèrent sur son sac à bandoulière. Il lança un regard inquiet au hall d'entrée.

La personne à éviter n'était pas ici.

Il fit quelques pas supplémentaires et scruta la panoplie de bureaux qui occupaient le cœur de l'étage. De nombreux agents voyageaient et vaquaient à leurs occupations. Il fronça les sourcils et vit que son bureau était inoccupé.

La chance était peut-être avec lui.

Il fit taire la petite voix qui lui proposait d'aller gentiment se planquer dans les toilettes, dans l'espoir qu'une affaire arrive et le sauve définitivement de cette personne et poussa la porte vitrée marquée du sceau du FBI. Le murmure s'intensifia pour devenir un brouhaha dérangeant. Il avança jusqu'à son propre bureau et posa son sac à terre, s'ébouriffant au passage. Il s'assit et passa nerveusement une main habile et maniérée dans ses cheveux plus courts pour les remettre en place. Il regarda la petite pile de dossiers qui trônait sur le pan de travail avec une certaine lassitude.

Il avait beau adorer son travail, la paperasserie était une véritable poisse… et il soupçonnait ses collègues de lui en rajouter. Cependant, il était bien trop gentil pour se plaindre ou en faire la remarque.

Oui, il était le gentil de la bande.

Il fronça les sourcils en voyant sa petite plaque « Spencer Reid » de travers. Du bout des doigts, il la plaça à la parallèle du bord. Il pencha la tête, satisfait et renifla une petite fois.

Soudain, deux mains noires et robustes se posèrent sur la plaque, rendant totalement vain son soucis du détail.

-Salut, Don Juan ! Alors ?

Spencer se mordit la lèvre. Ses yeux glissèrent sur les bras musclés de Morgan, pour finalement atteindre son visage goguenard et avide.

La chance n'était jamais avec lui…

Il grimaça et tenta d'esquiver.

-Euh… Tu as passé un bon week-end ?

Morgan balaya sa tentative désespérée d'un geste de la main, avant de la reposer sur sa plaque.

-Ca va… Et toi ? Raconte !

Sans même se voir, il sut aux picotements désagréables et à la chaleur qui irradiait de son visage, que ses joues avaient viré au rouge. Il baissa les yeux, toussota légèrement et joua nerveusement avec le coin d'un dossier qu'il plia légèrement avant de répondre.

-C'est… c'était plutôt bien.

Morgan serra ses doigts robustes autour de la pauvre plaque… Parfaite représentation allégorique d'un vautour qui referme ses serres sur sa proie. « Spencer Reid », en l'occurrence.

-Tu as… ?

Reid lui lança un regard vide. La question pouvait admettre un grand nombre de CDV ou de participes passés…

-J'ai quoi ?

Derek lui lança un sourire amusé, lâcha la plaque et fit un moulinet dans l'air avec ses mains.

-Enfin… Tu vois ?

Spencer haussa un sourcil, exaspéré par cette ribambelle de gestes insignifiants. Une partie de lui se doutait légèrement de quoi il voulait parler, mais il préférait éluder et surtout, faire semblant de ne pas voir.

-Je vois deux mains qui brassent l'air, oui.

Derek sourit encore, visiblement, cette mascarade lui plaisait énormément. Il jeta un regard circulaire et fit un geste obscène que Reid ne se voyait pas reproduire dans le futur.

-Arrête… !

Le génie se retourna brusquement pour vérifier que personne n'avait vu ce jeu de mains répugnant. Il ne s'imaginait pas expliquer aux autres pourquoi Derek s'était senti obligé de jouer le mime. La voix calme et grave de Morgan, légèrement plus aigüe à cause de l'excitation reprit.

-As-tu « conclu » ?

Reid poussa un profond soupir. Non, il n'évitait pas réellement Morgan. Non, il n'évitait pas ce sujet. Il évitait cette question depuis qu'il avait passé une soirée au restaurant avec une « amie » de Derek. Il contempla le coin plié et joua encore avec, portant une attention toute particulière à ce bout de carton brun clair qui faisait un joli angle droit avec le bureau.

-Je… euh… non.

Il était étonné de ne pas voir les bouts de ses doigts virer au cramoisi. Parler de sexe, en général, ne le dérangeait pas. Mais parler de sexe, en particulier, le rendait très mal à l'aise. Derek semblait atterré.

-Merde ! Mais elle était parfaite, non ? Amusante, intelligente, bavarde, socia… Oh non ! Reid !

Son exclamation teintée de reproches lui fit lever la tête. Spencer lui lança un regard plein de suspicion.

-« Oh non ! Reid ! », quoi ?

Son ami soupira et secoua lentement la tête.

-Tu n'as pas recommencé ?

Agacé, Spencer se trémoussa sur son siège en se mordillant la lèvre. Là, il aurait presque aimé avoir droit au langage des signes pour comprendre, même s'il devait encore avoir droit à des obscénités… Il préférait presque ça à l'incompréhension. Rien ne l'agaçait plus que ce moment précis où tout le monde riait d'une blague débile que lui seul ne comprenait pas. Pourtant, ce n'était pas par manque de connaissances ou d'intelligence…

-Arrête de tourner tes phrases en questions puisque sans autres éléments, sans autres précisions, je ne peux pas y répondre !

Derek sourit avec indulgence et plongea ses yeux moqueurs dans les siens.

-Statistiques !

Spencer fit la moue et retourna à son coin plié. Un silence entrecoupé par les sonneries de téléphone s'installa. Reid ne leva pas les yeux devant son collègue qu'il imaginait hilare. C'était amusant, pour lui, d'étaler et d'analyser les débâcles de sa vie sentimentale ! Sortir des statistiques était presqu'une seconde nature chez lui, il ne pouvait pas continuellement taire toutes les pensées qui lui venaient à l'esprit lorsqu'il dînait avec une jeune femme. Non, il en était incapable… Et étrangement, entendre des données sur le cannibalisme durant un repas ne plaisait pas à tout le monde. Soudain, une voix fluette et chantante couvrit le constant brouhaha et le sortit de ses pensées maussades.

-Salut mes deux Choux… Mon Chevalier Blanc et son Intelligent Ecuyer !

Le jeune agent leva les yeux vers la frimousse réjouie de Garcia qui embrassa goulument deux de ses doigts avant de les poser tendrement sur son front. Il ne put réprimer l'esquisse d'un sourire. Elle le connaissait tellement bien… Elle savait pertinemment qu'il n'appréciait pas les embrassades, l'étalage de sentiments, les accolades et les contacts physiques. Ce dernier point finit de lui descendre le moral dans les chaussettes : comment avoir une petite-amie s'il refusait déjà de serrer la main des inspecteurs qu'ils rencontraient sur les enquêtes ?

En même temps, il avait de bonnes raisons de ne pas le faire… Les mains véhiculent beaucoup de bactéries et contrairement à ce que certains pourraient croire, les femmes ont les mains plus « sales » que les hommes… Pour le sexe masculin, la moyenne varie de 5000 à 28000 bactéries sur les mains tandis que, pour le sexe féminin, la moyenne se situe entre 9000 et 37000… Cette différence est sans doute due au pH de la peau qui…

-Quoi ? Elle était lesbienne ou quoi ?

Reid sursauta et laissa de côté ce monologue mental. Pendant qu'il réfléchissait, Garcia et Derek avaient entamé une discussion animée. Il ne lui fallut pas longtemps pour rattraper le train et comprendre que Morgan venait de lui raconter son « échec ». Une bouffée de chaleur monta dans son visage. Son visage devait ressembler à un feu de signalisation en mode « stop ».

Avant qu'il n'ait pu ajouter quoi que ce soit, Morgan secoua tristement la tête.

-Non… Je la connais : c'est moi qui l'ai présentée à Reid. C'est une vieille amie parfaitement hétéro. Le véritable problème, ce sont les statistiques ! Reid en lâche à tour de bras et ce n'est la meilleure méthode pour draguer une femme.

Spencer grimaça. Il avait l'impression qu'ils avaient oublié sa présence. Et ça ne l'aurait pas gêné… s'il n'avait pas débattu de sa vie sentimentale et de ses « techniques de drague ».

-Ton amie n'a aucun goût ! Comment rejeter ce mignon petit génie solitaire ?

Elle lança un sourire bienveillant au pauvre jeune homme à qui elle venait d'attribuer cet affectueux sobriquet. Surpris qu'elle ne l'ait pas oublié, il lui rendit un sourire crispé. Il détestait la tournure de cette conversation. Il regrettait presque de ne pas s'être caché dans les toilettes pour homme, comme le lui avait dicté sa première intuition.

Morgan rit de bon cœur… Mais Spencer le scruta quand même pour détecter les micro-expressions de son visage. Mmh. Non, il n'avait pas l'air de se moquer de lui : il rigolait sans arrière pensée.

-Tout dépend quelles statistiques, il lui a servi !

Il se sentait totalement seul, malgré l'agitation ambiante… Totalement délaissé et mal à l'aise. Derek se tourna enfin vers lui, tandis qu'il ouvrait le dossier martyrisé pour remplir de la paperasse.

-Tu lui as sorti quoi, au fait ? Qu'il y avait 15% de femmes tueurs en série et que tu espérais qu'elle n'en était pas une ?

Sans avoir besoin de lever les yeux, il décela le ton railleur et serra les dents. Cette fois, c'était clairement moqueur.

-En fait, le pourcentage exact de femmes tueurs en série est de 8 %, Morgan. Tu confonds sans doute avec le pourcentage de crimes violents attribués aux femmes qui est de 15 %... Et non, je ne lui ai pas dit ça !

Coupant court à une possible réplique de Morgan, Emily passa la porte et se dirigea vers eux.

-Bonjour tout le monde !

Elle les observa tous.

-Que se passe-t-il ?

Spencer fusilla du regard Derek dont la bouche s'ouvrit légèrement, avant de se refermer brusquement devant la férocité du jeune agent. Ce dernier sourit enfin à Emily.

-Je te raconterai plus tard…

Emily avait les yeux pétillants de curiosité… Spectatrice de la colère évidente du benjamin de l'équipe et du mystérieux sourire de Derek, elle était visiblement impatiente d'en savoir plus. Pour calmer cette avidité, elle décida d'entamer un sujet de conversation sans danger.

-Comment s'est passé votre week-end ?

Reid grinça des dents tandis que Derek et Garcia éclataient de rire à l'unisson. Emily resta perplexe et levait la main pour avoir quelques précisions lorsque JJ les interrompit en passant comme une flèche devant eux.

-Hé ! Salle de réunion, tout de suite ! Nous avons une affaire. Garcia, viens également avec, on aura besoin de toi !

Ce bref moment de rigolade si incongru s'éteignit aussitôt. Le brouhaha habituel, bourdonnement uniforme, régna une fois de plus sur le bureau. La joie ne pouvait pas résister face aux horreurs qui allaient bientôt s'abattre sur eux. C'est une attitude décente qu'ils adoptaient à chaque fois qu'ils entraient dans la salle de réunion. Bien sûr, ils s'autorisaient parfois une petite blague ou un sourire… Il était primordial de ne pas se laisser écraser par la lourdeur des affaires… Mais ils s'abstenaient tout de même de partir dans de grands éclats de rire.

Lentement, cafés en main pour certains, ils s'éloignèrent pour prendre l'escalier et retrouver la table ronde. Reid les laissa prendre un peu d'avance. Avec une moue ennuyée, il remit sa plaque en place, puis, satisfait, prit son sac et courut maladroitement à leur suite.

Il venait d'être sauvé par un tueur en série !


Son regard sombre survolait des photos et quelques lignes rédigées à la hâte. Soudain, un bruit de pas le fit lever les yeux. JJ, entrée en coup de vent, disposa d'autres copies du dossier qu'il avait sous les yeux, sur la table, pour les autres membres de l'équipe qui ne tardèrent pas à arriver.

Morgan entra le premier, suivi d'Emily, de Garcia, de Reid et enfin de Dave. Tous s'assirent et ouvrirent le dossier. JJ attendit que tous soient bien installés et alluma l'écran qui lui faisait dos.

-La police de Boise dans l'Idaho vient juste de faire une macabre découverte à l'orée de la forêt nationale de la ville.

Elle fit une pause et une photo apparut sur l'écran. Hotch observa les cinq cadavres empilés dans un petit fossé. Entièrement nus, leurs corps présentaient de nombreuses traces de torture. Penelope poussa une plainte horrifiée avant de se cacher les yeux.

-Un promeneur est tombé, il y a une demi-heure, sur ce qui semble être les victimes d'un tueur en série. Ces jeunes hommes ont pu facilement être identifiés, car le tueur a pris la peine de laisser sur leurs corps leurs cartes d'identité. Il s'agit de Matt Gray, Thomas Monte, Edward Moore, Joe Gibson et Nicholas Bernero. Tous étaient âgés entre 25 et 30 ans.

Chaque nom était ponctué d'une photo. Cinq jeunes hommes leur souriaient désormais. Il était étrange de voir à quel point les visages de ces morts étaient banals… Messieurs tout le monde. Vous et moi. Hotch ne put s'empêcher de frissonner.

-Le premier avait disparu il y a huit mois, le second, il y quinze jours, le troisième, il y a sept jours, le quatrième, il y a quatre jours et le dernier n'avait plus donné signe de vie depuis hier.

Morgan siffla légèrement.

-Wow. Notre homme évolue rapidement… Le temps entre les meurtres varie à la baisse.

Rossi demanda, pensivement.

-Quelle est la cause de la mort ?

JJ jeta un regard inutile au dossier –elle connaissait déjà la réponse- et répondit.

- Selon les premières constations du légiste, ils ont été éventrés, après avoir été torturés, brûlés au niveau du cou et violés… Mais nous en saurons plus une fois les autopsies effectuées…

La voix posée de Reid retentit à la gauche d'Hotch.

-Les victimes étaient-elles homosexuelles ?

La question devait être posée. Hotch leva les yeux vers les visages… Ces hommes étaient loin d'être des figures masculines, certes, mais cela ne voulait pas nécessairement dire qu'ils étaient gays. Ils semblaient plus jeunes que leur âge, plus fragiles et tellement… innocents. Inconsciemment, Aaron lança en regard à Reid. Impossible d'éviter la comparaison avec son jeune agent.

Jennifer secoua la tête.

-Non. Du moins, pas selon leurs proches.

Emily se mordilla la lèvre, tout en triturant son stylo à bille.

-Nous avons apparemment affaire à un tueur sadique… Sans doute les viole-t-il pour le pouvoir. Au fait, sait-on où et comment le tueur a trouvé ses victimes ?

Hotch prit la parole avant que JJ n'ait eu le temps de prononcer un mot.

-Justement, nous allions y arriver. Les cinq victimes ont disparu après s'être rendues dans des bars situés sur la Warm Springs Avenue… Les deux premières ont disparu dans le même bar : le « Dreaming Coffee » et les trois autres, dans des différents. En tout, onze bars longent l'artère principale de Boise… Cependant, nous ne savons pas encore comment il attire ces jeunes hommes.

Il s'humecta les lèvres et reprit.

-Le meurtrier a abandonné la dernière victime ce matin. Ce qui signifie que notre homme est en chasse. C'est pourquoi la police de Boise a décidé de mettre en place des agents « appâts » sous couverture dans les cafés à partir de ce soir. La découverte des corps n'a pas été ébruitée auprès des médias. Le tueur se sent donc toujours en sécurité et risque effectivement de chercher une nouvelle proie dans les lieux mis sous surveillance. Nous arriverons peut-être à le prendre sur le fait.

Il fit une pause et détailla les membres de son équipe qui l'observaient.

-Nous allons partir dans une grosse demi-heure pour pouvoir les aider à couvrir quelques bars.

Il se tourna vers Garcia qui était restée silencieuse jusqu'ici.

-Tu viendras avec nous, pour t'occuper du poste de surveillance. Tu prêteras main forte à leurs techniciens. Ils ont déjà installé des caméras supplémentaires dans tous les bars afin que nous puissions veiller sur chaque « appât »…

Penelope haussa un sourcil.

-Il n'y en avait pas assez avant ? Et même… N'avons-nous pas déjà des images de notre homme ?

Hotch soupira.

-Pas vraiment, elles ne couvraient en général qu'un angle du bar ou ne servaient que de trompe l'œil. Il serait étonnant que notre homme ait été filmé par les quelques caméras : il est bien trop intelligent pour ça… Cependant, des techniciens sont quand même en train de visionner les bandes, mais nous n'avons pas le temps d'attendre des résultats de leur part. Notre homme va partir en chasse dans quelques heures…

Garcia acquiesça lentement.

-D'accord, monsieur !

Hotch lança un regard circulaire à l'équipe. Le prochain commentaire était un peu plus délicat.

-Dernier point important… Comme je viens de vous le dire, nous allons couvrir quelques bars car la police de Boise manque d'effectif… Par ailleurs, il lui manque également un « appât » correspondant au type de victimes. J'ai donc promis à l'inspecteur qui s'occupe de l'affaire qu'un de vous participerait à cette mission sous couverture.

Il baissa un instant les yeux et se tourna vers la gauche. Le visage innocent de Reid le dévisageait sans comprendre.

Soudain, la surprise modifia son expression.

-Moi… ?

A suivre…


Ceci est un avant goût très léger de ce qui va suivre... Malheureusement, le chapitre deux n'arrivera pas immédiatement car je serai absente d'ici peu.