Titre : TOGAV

Auteur : FayVerte

Genre : Sensoriel, vision

Rating : M à venir, vous serez prévenu quand il le faudra.

Discalmer : Si KHR m'appartenait, ce serait visible. Déjà, l'apprentissage entre Dino et Hibari aurait été sensiblement différent. Ou plutôt, certaines scènes auraient été ajoutées. Puis on saurait exactement ce qu'il s'est passé pendant que Mukuro le « battait » si vous voyez ce que je veux dire... je n'en doute pas.

Avertissement : Cette histoire traite d'une relation entre deux hommes. Il s'agit d'homosexualité. Merci de ne pas lire si ce genre vous répugne, vous déplait, ne vous intéresse pas. Ou alors d'essayer de faire une review sur autre chose que « Bah! Deux mecs qui s'embrassent! ». Je suis très ouverte sur le reste de ce que vous pourriez avoir à dire.

Note de début d'auteur : Ma chère Tyu-chan, je te souhaite à nouveau un joyeux anniversaire en retard. J'espère que cette fanfiction cadeau te plaira. Profites bien sans penser aux corrections pour une fois. Merci pour tout et à bientôt.

Chapitre 1

Ferme les yeux

Mukuro ferme les yeux. Ou tout du moins, il essaye.

Il flotte dans un caisson. Le liquide autour de lui, composé de drogues et de conservateurs brille d'une étrange lueur bleutée. Le reste de la cellule est plongé dans la pénombre et seule l'installation est éclairée. Il ne peut que deviner les contours du reste du matériel présent dans la pièce, il ne peut que dessiner en imagination les individus qui le visitent, se nourrissant du moindre changement apparaissant dans ce décor froid. Sa visibilité est réduite, son œil à la fois malédiction et don recouvert. Il peut cependant percevoir certains éléments. Les fils qui s'échappent de son corps sont reliés à des machines et le cliquettement de certaines d'entre elles est ce qui brise la monotonie de son habitacle. Ses cheveux, voile arachnéen, passent parfois devant son regard et il ne peut que constater combien ils poussent. Il se doute qu'il a grandit depuis la dernière fois qu'il a pu regarder autour de lui. Il s'en doute et ne peut en rien le confirmer. Il ne connaît pas le corps adulte dans lequel il se trouve, qu'il n'a jamais pu habiter. Mukuro veut fermer les yeux sur ce qui l'entoure, abandonner un instant cet endroit auquel il n'aurait pas dû appartenir. Il se calme, se laisse bercer par le liquide qui évolue devant lui, qui se déplace, constamment. Il guette le son de l'eau qui revient. Et la vague le touche. Elle frappe le rivage où ses pieds s'enfoncent dans le sable. L'écume frôle jusqu'à ses mollets avant de se retirer, et lui reste. La seule chose qui importe est d'être le dernier debout.

Mukuro ouvre les yeux, doucement, se réhabituant à la lumière du jour. Le soleil tape fort et il est là depuis si longtemps déjà! Mais il n'abandonne pas. A ses côtés, Hibari chancèle avant de se redresser rapidement. Hibari ne bascule pas, jamais. Sauf son corps sous le sien, son corps sur le sien, mais il s'agit alors d'un autre affrontement. Sinon, il peut tout recevoir de lui sans jamais flancher. Peu importe que Mukuro le pousse à bout, qu'il le surprenne, Hibari demeure impassible à ses côtés, résistant à tout ce qu'il ne peut que rêver de lui infliger, de tout ce qu'il lui fait endurer quand c'est possible. C'est ce qu'il aime chez le japonais, sa capacité à tenir sans rien lâcher.

Mukuro tourne un peu sa main pour frôler celle de Hibari, au rythme des vagues qui viennent s'échouer derrière eux. Hibari saisit fermement celle de Mukuro, qui laisse le léger sourire qui flottait sur ses lèvres s'agrandir. Il profite de cette acceptation, enlaçant leurs doigts. Son pouce dessine le signe de l'infini dans la paume de main de son aîné et ce dernier se contente de resserrer sa prise, ses ongles se plantant dans la peau fragile de l'italien. Hibari possède plusieurs façons de lui assurer sa présence sans se trahir.

« Encore ce rêve ? »

« Non, tu portais des oreilles de chat cette fois. »

Son rire éclate comme des bulles sur la plage inhabitée, comme l'écume qui frappe le sable. C'est dur, caressant, salé et hypnotisant.

« Ne me frappes pas, tu risquerais de me faire tomber et de gagner en trichant. »

Mukuro chantonne en évitant le coup porté par la main qu'il ne tient pas.

« Peur que je te vole ton seul et unique don ? »

« Oh mais je n'attends que ça, que tu me montres l'agilité de tes doigts. »

« Pervers. »

« Pucelle. »

« Prétentieux. »

« Psychopathe. »

« Tu l'es aussi. »

« Oh mais j'espère bien. Et au cas où tu ne l'aurais pas encore remarqué, nous correspondons tous les deux à tous ces mots doux. »

« Abrutis. »

« Fou amoureux je préfère. »

Mukuro sourit toujours, partagé dans cette scène surjouée où il a la possibilité de dire ce qu'ils taisent tous deux. C'est un pacte secret qu'ils maintiennent non pas par honte mais intérêt. A moins que ce ne soit le désir de garder cette histoire juste entre eux. Ou l'envie, le besoin même, de pouvoir se faire chanter l'un l'autre à loisir. Mukuro retient une expression de surprise en se sentant basculer dans le sable. Sa main se referme sur celle de Hibari, par réflexe, ou son désir de le faire tomber avec lui est trop fort, même dans cette situation. Cependant, Hibari qui l'a poussé reste debout. Il s'est plié pour ne pas se laisser entraîner mais a tenu bon. Ce n'est qu'après l'avoir dévisagé qu'il a sorti ses pieds du sable. Ses mains se sont croisées derrière la nuque de Mukuro et il s'est laissé aller à se fondre contre le corps plus grand. L'italien laisse s'échapper un profond soupir, réalisant à cet instant qu'il retenait sa respiration tout ce temps. Du temps. Il lui en aura fallu pour que Hibari l'accepte plus qu'une nuit se répétant à l'infini. Pour que Mukuro souhaite rester. Il en aura fallu pour s'accorder et malgré tous les « mais », fêter leur première véritable semaine. Puis un mois. Et ces deux ans qui passent avant qu'ils apprennent à ne plus se dire, vaine provocation, c'est la dernière fois. Le ciel est voilé par une nappe de nuages et la mer s'est retirée, laissant deux hommes à la peau saline et couverte de sable abandonnés sur la plage. Il n'y a rien qu'eux deux ici. Et Hibari a les yeux fermés. Il doit écouter le battement régulier de son cœur, pareil aux vagues. Il devine un sourire esquissé tout contre son torse, les mèches de cheveux chatouillant son menton. Il souffle un peu dessus pour les déplacer et Hibari ne bouge pas, tranquille. Alors, Mukuro sourit. Doucement. Pour cet instant fragile qui va se briser. Pour ces secondes éphémères qui s'envolent déjà si loin.

La voix s'élève à nouveau, charmeuse, beaucoup trop.

« Ferme les yeux. »

C'est un ordre, Hibari a gagné. Et il devrait mériter quelqu'un qui ne craint pas de fermer, juste un peu, les yeux. Il mérite quelqu'un qui ne scille pas quand il est enfermé quelque part. Et pourtant, l'autre homme est là. Et il attend. Mukuro frisonne, il ne tremble pas. Et lentement, il ferme les yeux. De l'autre côté, il trouve ce qu'il imaginait. Le bruit de la mer devient le clapotement régulier de l'eau sur les parois de son caisson. Les nuages laissent place à une plaque en argent au dessus de sa tête. Et ces doigts qui effleurent son cou sont autant d'électrodes qui témoignent des chaînes qui le retiennent. Emprisonné. Sa respiration s'accélère et il cherche à la calmer. Il va simplement rouvrir les yeux, les refermer, et il sera à nouveau là-bas.

Note de fin d'auteur : Cette fanfiction a été écrite avant que Inception sorte au cinéma. Conservée précieusement pour célébrer l'anniversaire de Tyu-chan et non postée pour avoir eu une vie chargée, juste l'espace de deux mois. Sur les cinq chapitres, il m'en reste un à écrire, ou deux. La publication devrait donc être rapide. N'hésitez cependant pas à laisser une review à l'auteur qui change de registre, une nouvelle fois, et se demande ce que ça donne.

Je tiens à remercier lasurvolte qui a publié avant moi sur les sens et Mukuro et Hibari de ne pas prendre ombrage face à ces deux similitudes. Vraiment, merci.