Auteur : Fire Serendipity

Bêta-lecture : Lyly u

Genre : Romance, threesome, humour

Disclaimer : Rien à moi, tout à Square Enix. Mon seul profit là-dessus réside dans vos reviews, plus que bienvenues.

Pairing : RAR (Moi aussi, je me serai laissée avoir !)

Remerciements à GAIL LLD, qui m'a donné envie d'écrire une fic avec Reno et de m'essayer au genre humoristique, dans lequel j'ai jusqu'ici fait preuve d'un remarquable manque de compétence. Cette histoire lui est dédicacée. Je remercie aussi Lyly u, bêta-lectrice de mon cœur et soleil de mes relectures, sans qui mes fics vous arriveraient nettement moins bonnes.

Note : Ce chapitre contient des références aux morceaux de Grand Corps Malade « L'appartement de célibataire » et de Renaud Séchan « Dans mon HLM ». Je vous conseille de les écouter.


" Sans toi le monde

vacille, succombe

Il gèle... à cœur fendre

J'ai froid

Sans toi "

(Alizée)


Chapitre 1 : L'appartement de célibataires

… Tiens, vous êtes là, vous ? Merde, je m'attendais pas à ce qu'il y ait du monde. Vous êtes sûrs que vous ne vous êtes pas trompés ? Vous êtes là pour l'histoire ? Bon, ben comme vous voulez. Installez-vous. Prenez un verre… Oui, vous pouvez fumer. Je sais qu'on est à l'intérieur mais on s'en tape. J'suis pas d'la police, j'vais pas vous engueuler… Mettez-vous à l'aise.

Bon okay, alors… D'abord, le décor, les personnages…

L'histoire commence et se passe en grande partie dans un appartement. Troisième étage sans ascenseur, une concierge portugaise, une demi douzaine de voisins en tout genres parmi lesquels on retrouve pêle-mêle un jeune cadre dynamique costard-cravate, une espèce de barbouze, un vétéran de la Légion qui pousse des gueulantes à faire fuir une meute de loups affamés trois ou quatre fois par jour et une vieille dame charmante qui partage son appart' avec une dizaine de chats. Bref, un immeuble de banlieue classique.

Il faut aussi que je vous parle du héros de cette histoire. Il… Enfin vu que c'est moi je vais dire je, je vais pas parler de moi-même à la troisième personne, je m'appelle pas Alain Delon… Donc, moi. Axel, vingt-trois ans et un mètre quatre-vingt-trois, cheveux rouge écarlate - et OUI, c'est ma couleur naturelle, vous voulez voir le bas pour confirmer ? C'est bien ce que je pensais. Donc, mes cheveux sont rouges, j'ai les yeux verts, deux tatouages sur les joues… enfin je vois pas trop pourquoi je me fatigue à vous décrire ma gueule puisque vous l'avez sous les yeux en ce moment-même… Vous êtes pas aveugles, je suppose. Vous dites, madame ? Oh, désolé… Attendez, partez p… Bon, tant pis. C'est ce qui s'appelle commettre un impair, je suppose… Enfin soit. L'histoire.

Donc me voila : Axel Lee, vingt-trois ans. Le reste, vous le voyez – en tout cas j'espère.

Je vais vous faire visiter l'appartement. Faites pas trop attention au désordre, c'est un appartement de célibataires… Vous connaissez Grand Corps Malade ? Ben pareil. Sauf que là y a pas de petite amie qui arrive à la fin pour encombrer le bord du lavabo avoir ses crèmes de nuit à la con et se mêler de ranger nos affaires… On garde nos cartons vides de chez Twilight Pizza jusqu'au moment où les miettes au fond sont tellement rassies qu'on pourrait s'en servir pour poncer des trucs.

Donc le vestibule… Un peu exigu, avec les chaussures qui traînent par terre et le porte-manteau accroché au mur. On n'est que deux dans l'appart' mais y a au moins quinze manteaux accrochés là… On se demande si ça tient pas par l'opération du Saint-Esprit, d'ailleurs. On dirait qu'à tout moment ça va se vautrer. Faudrait qu'on trie.

Ouais, faudrait. La chose importante dans cette phrase c'est le conditionnel, bien sûr.

Donc, après avoir passé la masse de vestes en suspension miraculeuse et les cadavres de groles toutes en pleine procédure de divorce, on quitte le vestibule et on arrive dans le couloir.

Le couloir, c'est un peu le désert, y a pas grand-chose à dire dessus. Y a des murs avec des posters et des cadres mais c'est pas super recherché – en même temps les trucs qu'on a vraiment envie de voir c'est pas là qu'on les met. Deux portes sur chaque mur et encore une au fond. On continue la visite avec la première porte à droite : la cuisine !

… Ça vous la coupe hein ? Vous vous attendiez à des piles d'assiettes sales et à des essaims de mouches, avouez. C'est pas parce qu'on est des mecs qu'on est des porcs. On est des gens civilisés. Oui Madame !

On a un lave-vaisselle.

Malheureusement, on n'a pas de cuisinier personnel. Donc on se débrouille avec ce qu'on a… D'où les cartons de pizza susmentionnés… Enfin soit, c'est pas le sujet. La cuisine est surtout l'endroit où se trouve la sacro-sainte Machine-A-Café. Il y a des placards pleins de vaisselle dépareillée – un stock constitué de casseroles récupérées chez mes parents, d'assiettes en plastique dur ou en faïence en provenance de la famille de mon colocataire, de couverts et d'ustensiles de cuisine d'origine plus ou moins inconnue. Bref, la diversité culturelle version batterie de cuisine. On est jeunes, on a des trucs plus intéressants à faire de notre argent que de l'investir dans un assortiment 365+ de chez IKEA.

Dans la cuisine, il y a aussi une fenêtre devant le double évier, et une table moche en formica qui a vu des trucs qui je pense peuvent être traumatisants pour certains – nos voisins d'en face par exemple. Il nous a fallu un certain temps avant de nous rendre compte qu'il y avait un vis-à-vis exagéré entre notre cuisine et la leur. J'vous dis pas comment ils sont embarrassés quand on les croise dans la rue, les pauvres… Pourquoi ? J'vous expliquerai plus tard. En tout cas, maintenant, y a des stores vénitiens devant les vitres.

Donc ça, c'était la cuisine, dont les choses importantes à retenir sont : la Machine A Café et la table. On continue la visite ? Retour au couloir alors.

Tout au bout c'est la salle de bain, WC compris dedans. C'est pas terrible quand on vit à deux… C'est toujours quand tu prends un bon bain bien chaud – celui que t'as attendu toute la journée pour pouvoir le prendre, que t'as la ferme intention d'en profiter au minimum une heure – que l'autre doit impérativement aller aux chiottes, et en règle générale pas pour pisser. Je me pose pas en victime en l'occurrence, parce que c'est le cas pour moi aussi : le fait de le savoir dans son bain à sur moi un effet laxatif. C'est ce qu'on appelle la Loi de la Vexation Universelle – ou de L'Emmerdement Maximal, qui je trouve convient mieux ici.

Dans la salle de bain y a donc la grande baignoire qui a dû être blanche à une époque où j'étais probablement même pas né, le lavabo sur lequel il n'y a donc pas de produits de beauté mais de la mousse à raser, des brosses à dents dans un gobelet – cinq, oui, je sais qu'on est que deux mais c'est comme pour les vestes… – un tube de dentifrice presque vide et une brosse pleine de cheveux roux. Le miroir est constellé de traces de calcaire dues aux éclaboussures d'eau qui arrivent à passer par-dessus le rideau de douche bleu marine à motif étoiles de mer (récup' familiale de chez moi), mais ni lui ni moi n'allons le laver tant qu'il nous est encore possible d'y voir ce qu'on fait quand on se rase. Je suis réaliste. Aucune femme n'a jamais essayé de s'occuper du ménage de cet appartement, en dehors de nos chères mères qui ont rapidement renoncé devant l'ampleur de la tâche et se sont enfuies. Elles ne viennent plus jamais, c'est nous qui allons les voir – souvent ensemble.

Contre le mur libre de la pièce – celui qui n'est occupé ni par la baignoire, ni par la porte ou le lavabo et les chiottes, il y a une pauvre chose martyrisée et au bout du rouleau : le panier à linge – récup' familiale de chez lui. Il est en osier, avec un couvercle qui n'est à peu près jamais fermé tant il est toujours plein à craquer. On a une machine à laver mais on déteste faire la lessive, on déteste pendre le linge et on déteste repasser. Enclencher le processus nous demande donc un gros effort de volonté à tous les deux, qu'en général on fournit quand on n'a vraiment plus le choix et que même en se piquant mutuellement nos fringues et nos sous-vêtements, on a plus rien à se mettre. Donc le panier en osier est bourré à craquer et déborde, et le couvercle lui-même est encore enseveli sous un tas de linge « posé » dessus. On fait ce qu'on peut… Pour l'instant, ça n'a pas encore atteint la cote d'alerte.

On repart vers le couloir – faites gaffe au carrelage mouillé, ça glisse…

En ressortant de la salle de bain, la cuisine est donc la deuxième porte à gauche – si vous avez du mal à visualiser vous pouvez toujours dessiner un plan… A droite il y a les deux chambres, mais j'en parlerai plus tard. D'abord, la première à gauche… Le salon.

C'est la meilleure pièce. Y a l'écran plat avec le home cinéma, le canapé clic-clac qui ne sert qu'en cas de visite ou quand la quantité de linge en retard a atteint le degré d'alerte rouge et qu'on n'a plus de draps pour faire nos lits, les proverbiales boîtes de pizza vides sur la table basse et parfois une ou deux par terre et un certain nombre d'autres trucs.

- Yo, Axel, tu me files le câble de la manette Xbox ? Elle est presque à plat.

Je ramasse le fil en question et je le tends au mec assis en tailleur sur le divan.

- Merci, mec, il me dit en clipsant la tête grise du câble dans la manette.

Voici mon colocataire. Reno Lace, vingt-quatre ans, un mètre quatre-vingt, yeux gris-bleu et cheveux noués en catogan, du même rouge que les miens. Oui, c'est aussi sa couleur naturelle. Ce que j'en sais ? J'vous expliquerai plus tard. Reno est commercial, il bosse pour une boîte qui vend des assurances. Je l'ai déjà vu à l'œuvre une fois, il a un vrai don pour convaincre les gens qu'ils sont pas en sécurité tant qu'ils ont pas ce qu'il a décidé de leur vendre. Reno aime son boulot, les cigarettes mentholées et s'envoyer en l'air, il a des tatouages comme des coupures fraîches sur les pommettes, porte en permanence des lunettes de soleil relevées sur le haut de son crâne, dit « yo » à tout bout de champ, il est beau comme c'est pas permis et gay.

Je pense que c'est le moment de faire une pause. Allez vous dégourdir les jambes, je reprendrai tout à l'heure. A tout de suite.