Disclamer : Bien évidemment, tout appartient à la génialissime JK Rowling, que je loue chaque jour (ou presque) d'avoir créé ce monde si fabuleux.

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Eh, bien voilà…Depuis le temps que j'en parle, je poste enfin ce (long) OS Teddy/Victoire. Un petit couple que j'adore ! Et aussi la première fois que j'écris sur cette nouvelle génération, aussi riche et fascinante que les précédentes. Je me suis régalée à l'écrire. C'est mignon, doux, et romantique. Comme j'imagine ce couple.

Tout est du point de vue de Teddy.

Bonne Lecture !


« Seule la victoire est belle. »

Peggy Bouchet

2 mai 2000

Les yeux écarquillés de stupeur, Teddy Lupin refermait spasmodiquement ses petits doigts potelés sur les cheveux désordonnés de son parrain. Fixant d'un regard stupéfait les allées et venues bouillonnantes de Ginny. Soudain, elle laissa échapper un petit cri. Il sursauta et agrippa sèchement une mèche de cheveux d'Harry. Ce dernier tressaillit à ce contact et ses bras se resserrèrent autour du petit corps contre lui. Teddy croisa son regard émeraude, tout en gardant à l'œil la tornade rousse qui sévissait à quelques petits mètres de lui. Le torse d'Harry se mit à vibrer doucement contre lui, alors qu'il riait.

« Gin', calme toi un peu. Tu fais peur à Teddy. », lança-t-il entre deux hoquets de rire.

L'intéressée se figea aussitôt, cessant ses mouvements désordonnés et fébriles. Teddy laissa échapper un long soupir de soulagement, qui fit redoubler les rires d'Harry. Ginny s'approcha d'eux et tira doucement Teddy des bras de son parrain. Il se blottit aussitôt contre elle et grogna de contentement.

Les bras de Ginny étaient doux et confortables, créant pour lui un nid presque aussi douillet que ceux de Mamie Molly. Et puis, elle sentait si bon la lavande, Ginny. Il adorait çà. Il prit une profonde inspiration, et le parfum l'envahit tout entier. Délicieux.

« Oh, Teddy chéri ! », s'exclama-t-elle, son index venant câliner son petit menton, le faisant roucouler de plaisir. « Tu viens d'avoir une petite cousine ! Ma première nièce ! La toute première ! N'est-ce pas fan-tas-ti-que ? »

Teddy ne comprit absolument pas de quoi il était question. Mais il trouva le sourire de Ginny si beau, qu'il sourit à son tour, dévoilant ses dents de lait clairsemées. Ginny éclata de rire et le serra un peu plus contre elle.

Ravi, il parvint à attraper une mèche de cheveux flamboyante, échappée de sa queue de cheval. Les cheveux de Ginny, c'étaient ses préférés. Il fit bien attention de ne pas trop tirer dessus, sans quoi, elle les lui aurait confisqués. Il s'amusa à les enrouler autour de sa petite main, puis à les dérouler précautionneusement. Puis, il observa la lumière qui filtrait à travers, s'émerveillant de la multitude de reflets ainsi créés. Du rouge à l'orange. En mille nuances.

« Harry ! La Poudre de Cheminette ! », lança Ginny.

Les variations suraiguës de sa voix tirèrent brusquement Teddy de sa contemplation, lui arrachant une grimace. D'autant plus qu'il voyait la cheminée se rapprocher dangereusement de lui. Il geint et se mit à gigoter en tout sens, espérant se soustraire à l'étreinte de Ginny. Peine perdue. Les bras de cette dernière se resserrèrent encore plus fermement autour de lui.

Il jeta un coup d'œil désespéré à son parrain, tentant de le gagner à sa cause. Mais ce dernier ne lui adressa même pas un regard, et jeta la poudre noirâtre dans la cheminée, qui s'orna presque aussitôt de flammes vives et vertes. Sombres.

Harry passa le premier et disparut rapidement après avoir clairement annoncé sa destination. Teddy regarda l'âtre vide, terrifié, et se débattit de plus belle contre Ginny. Celle-ci ne sembla même pas remarquer ses gémissements et pénétra à son tour dans les flammes émeraude.

Teddy plissa le nez sous l'odeur âcre qui l'assaillit. Il s'agrippa au cou de Ginny, nouant ses deux petites mains derrière sa nuque alors qu'elle articulait distinctement :

« La maison aux coquillages, chez Bill Weasley ! »

Teddy eut la désagréable impression d'être avalé par les flammes immenses. Sensation familière qu'il détestait. Il ferma fortement les yeux et agrippa Ginny de plus belle. Enfin, le tournoiement cessa et le rire clair de Ginny le ramena à la réalité.

Comme elle s'extirpait précautionneusement de la petite cheminée, il éternua trois fois de suite, la faisant rire à nouveau. Il cligna des yeux en regardant autour de lui et reconnut le petit salon de chez Oncle Bill. Petit salon qu'il n'avait jamais vu aussi plein. Un brouhaha feutré envahissait la pièce, teinté d'éclats de rire et d'une excitation tangible. Presque palpable.

Teddy parcourut la salle du regard. Il reconnut Ron, en train d'engloutir un beignet au chocolat, un verre de jus de citrouille à la main, sous le regard amusé d'Harry, et celui, agacé, de Mione. Il y avait Percy et son regard sévère. Teddy enfouit son nez dans le cou de Ginny, intimidé, lorsque celui-ci se posa sur lui. Oncle George se tenait dans un coin de la pièce, les yeux brillants de malice, scrutant la pièce sous la surveillance rapprochée de la douce Angie.

Avant qu'il n'ait pu faire le tour de la pièce à la recherche d'autres visages familiers, une nouvelle tornade rousse s'abattit sur lui et il se retrouva dans les bras accueillants de Mamie Molly. Il lui adressa un sourire charmeur tandis qu'elle lui faisait mille cajoleries et se blottit dans son giron, apaisé.

« Viens voir, Teddy. », murmura-t-elle à son oreille. « Il y a quelqu'un à qui j'aimerais te présenter. »

Il ne comprit pas mais elle l'emporta vers le fond de la pièce, zigzagant entre les visiteurs. Il regarda avec regret les cheveux de Ginny, hors de portée à présent il grimaça en passant devant la chevelure emmêlée d'Hermione, avant de tendre sa petite menotte, plein d'espoir, vers celle de Bill Weasley. Les épaisses mèches flamboyantes s'échappant du catogan lui échappèrent de peu et il trouva que son oncle avait un air bête sur le visage.

Mamie Molly poussa une petite porte et remonta un petit couloir sombre. Enfin, elle pénétra dans une pièce claire, tapissée de bleu. Au centre de la pièce, un immense lit. Dans ce lit, Teddy reconnut Tante Fleur, paisiblement endormie. Les rayons du soleil entrant par une grande fenêtre faisaient naître mille reflets d'or dans les cheveux de Fleur, étalés en douces vagues autour d'elle. Teddy les fixa avec envie. De tous les cheveux à sa portée, ceux de Fleur étaient les plus envoûtants. C'étaient aussi ceux qui lui étaient le plus catégoriquement interdits. Inaccessibles. Il grimaça de dépit.

Mamie Molly mit un doigt sur sa bouche, lui faisant signe d'être silencieux, avant de le poser à terre. Il imita ce geste, posant son index sur ses lèvres humides, avant de le fourrer dans sa petite bouche, le mordillant entre ses gencives. Il se dirigea vers la chose que lui indiquait Mamie Molly. Ca ressemblait à un panier. Il en agrippa fermement le bord, hissant sa tête par-dessus, pour découvrir ce qu'il y avait de si intéressant à voir à l'intérieur.

Un petit visage tout en rondeurs, dont la peau rougissait par endroits, surgissait d'un amoncellement de couvertures multicolores. Il le détailla quelques instants avant de faire la moue : cette chose n'avait même pas de cheveux.

Alors qu'il se détournait, la petite chose se mit à gigoter doucement, avant d'ouvrir les yeux. Teddy se figea, sidéré par ce grand regard qui le fixait, interrogatif. Il se dit que, de toute sa courte vie, il n'avait jamais rien vu de plus beau.

Un bleu profond. Azuréen. Pailleté d'or, d'ambre et d'émeraude.

Plus beau que les cheveux d'or pur de Fleur, plus beau que le sourire fabuleux de Ginny, plus beaux que les peintures pastels de Mamie Andromeda, plus beaux que toutes les lumières du sapin de Noël du Terrier, plus beau même que toutes les couleurs à travers le kaléidoscope offert par Hermione.

Son regard.

21 février 2004

Teddy regardait distraitement par la fenêtre du salon. Le jardin du Terrier était immaculé. Le paysage qu'il connaissait par cœur était transformé par l'épais manteau blanc qui le recouvrait. La neige était tombée pendant la nuit. Tout d'un coup. A présent, seuls quelques petits flocons solitaires voletaient gracieusement dans les airs. Il suivait du regard chacun d'eux, attentif à leur forme gracile. Du moment où il les apercevait dans le ciel gris jusqu'à ce qu'ils s'écrasent au sol, se fondant aux milliers d'autres qui recouvraient déjà ce dernier.

Teddy Lupin était observateur. Il paraît qu'il tenait cela de son père. Il aimait regarder certaines choses durant d'interminables moments, à la recherche de détails que personne d'autre ne verrait jamais. Les courbes imaginaires que traçaient les flocons de neige dégringolant du ciel. Les formes originales de chacun d'entre eux. Le scintillement de la glace lorsqu'un faible rayon de soleil parvenait à briser la barrière épaisse des nuages.

Se détournant du spectacle offert par les flocons de neige se faisant de plus en plus rares, il approcha doucement son visage de la vitre limpide, frissonnant lorsque son petit nez rencontra le verre glacé. Il s'amusa de la buée ainsi formée par sa respiration sur la fenêtre, avant de tracer des lignes incertaines sur celle-ci du bout de son index, créant des dessins aussi étranges qu'éphémères sur la vitre froide.

C'était les vacances d'hiver. Il n'allait pas à l'école moldue comme beaucoup de jeunes sorciers de son âge. C'était sa grand-mère Andromeda qui lui apprenait à lire, écrire et compter. Cependant, sa grand-mère mettait un point d'honneur à ce qu'il bénéficie des mêmes vacances scolaires que les autres enfants. Aussi se retrouvait-il au Terrier pour la semaine.

Il aimait le Terrier. Son ambiance chaleureuse. Ses allées et venues incessantes. Les objets moldus hilarants de Papy Arthur. Les gnomes farceurs du jardin. La pendule magique. Les tartes à la citrouille de Mamie Molly. Et même la goule terrifiante du grenier.

Il soupira de contentement en finissant son bol de chocolat chaud. Assis sur le long banc de la table de la cuisine, il balançait distraitement ses jambes, ne touchant pas le sol. Ses yeux se portèrent sur Mamie Molly, occupée aux fourneaux. Sa silhouette ronde était sécurisante. Vêtue d'une robe violette qui jurait atrocement avec ses cheveux roux, elle versait avec des gestes précis et sûrs des ingrédients de toute sorte dans une grosse marmite bouillonnante, lui adressant régulièrement des coups d'œil chaleureux. Il aimait les regards de Mamie Molly. Doux et chauds. Comme le chocolat dont ils avaient la couleur.

Teddy reporta son attention sur le paysage extérieur. Soudain, une petite silhouette apparut dans la neige, semblant mesurer chacun de ses pas. Il reconnut Victoire. Victoire aussi était en vacances chez Mamie Molly. Mais il croyait qu'elle dormait encore. Ce qui n'était visiblement pas le cas.

Il bondit aussitôt sur ses pieds, courant presque vers la sortie. Immédiatement rattrapé par Mamie Molly qui le força à enfiler un deuxième pull, son manteau, une écharpe, des gants, un bonnet et ses bottes fourrées. Elle lui lança un sort de réchauffement et ensorcela ses habits contre l'humidité. Il se laissa faire en grommelant avant de pousser la lourde porte d'entrée du Terrier. Il bondit au dehors, sautant fermement dans la neige fraîche, s'y enfonçant jusqu'aux genoux. Il marcha aussi vite qu'il le put jusqu'à l'endroit où il avait aperçu Victoire quelques minutes plus tôt, s'amusant de l'épaisse buée qui s'échappait de sa bouche à chacune de ses respirations.

Il trouva Victoire occupée à édifier de pleines poignées de neige en un amoncellement bancal. Comme lui, elle portait un bonnet qui cachait même ses sourcils, accentuant encore la taille de ses grands yeux bleus, et des gants imperméabilisés par les bons soins de sa grand-mère. Elle chantonnait tranquillement, concentrée sur sa tâche.

Avec un petit sourire digne de son oncle George, Teddy s'agenouilla et ramassa une poignée de neige qu'il tassa entre ses petits doigts jusqu'à former une boule compacte et glacée. Prenant son élan et visant avec soin, il la lança sur Victoire. Cette dernière cria sous le choc, avant de glisser au sol, tombant sur ses fesses. Elle devint toute rouge et Teddy crut qu'elle allait pleurer. Au lieu de quoi, le reconnaissant, elle lui jeta un regard furieux avant de lui lancer à son tour une boule de neige qu'il reçut dans la joue.

Il grimaça au contact froid de la glace contre sa peau et entendit Victoire glousser de plaisir. Dans un éclat de rire, il courut vers elle, alors qu'elle prenait la fuite. S'en suivie une course-poursuite haletante, parsemée de jets de boules glacées, de cris de surprise et de triomphe.

Finalement, il la rattrapa tandis qu'elle tentait de se dissimuler derrière un arbre. Il bondit sur elle. Elle hurla de surprise, son cri bientôt entrecoupé de hoquets de rire alors qu'ils roulaient tout deux au sol.

Alors qu'il était si près d'elle, Teddy remarqua les minuscules tâches qui ornaient le visage de Victoire. Il aurait pu s'amuser à les compter durant des heures, tant ce spectacle lui apparut fascinant. Sur la peau pâle, fine et immaculée du visage de la petite fille, se dessinaient une multitude de tâches dorées, presque invisibles, créant milles dessins farfelus et extraordinaires.

Ses tâches de rousseur.

Noël 2005

Teddy Lupin adorait Noël. Pas pour la multitude de cadeaux qui s'amoncelaient immanquablement sous l'arbre chaque année. Mais pour l'ambiance particulière qui régnait alors au Terrier. Chaleureuse. Réconfortante. Festive.

De toutes les réunions de famille, c'était celle qu'il préférait. La plus belle. La plus apaisante. La plus enchanteresse. La plus magique.

Perché sur l'immense banc du salon, il regarda les visages réjouis qui l'entouraient. Il se trouvait entre Mamie Andromeda, vêtue de sa plus belle robe (verte et scintillante, sa préférée), et de Harry, qui concourait visiblement avec Ron à celui qui réussirait à ingurgiter le plus de nourriture au cours de la soirée. Teddy les regarda quelques minutes, ébahi de la vitesse avec laquelle ils engloutissaient tout les aliments présents dans leurs assiettes respectives.

Son regard dévia sur Gin' et Mione, ne se préoccupant pas le moins du monde de leurs goulus de maris, pépiant joyeusement, chacune ayant une main sereine posée sur son ventre arrondi.

A leurs côtés, son oncle Georges tenait le petit James sur ses genoux, lui montrant comment faire des boulettes de mie de pain avant de les jeter au hasard à travers la table, sous les rires du bébé. Angelina avait renoncé à le réprimander, de même que ses deux enfants, Fred et Roxanne, qui chahutaient autour de la table. Elle était en grande discussion avec Percy et Audrey.

Charlie et Bill discutaient visiblement Quidditch, ayant pris salière, poivrière, carafe d'eau et morceaux de pain pour illustrer leurs tactiques respectives. Papy Arthur présidait la tablée, Victoire sur ses genoux, impassible alors que cette dernière gigotait en tout sens. Mamie Molly s'affairait en cuisine, aidée de Fleur. Teddy observa ses longs cheveux blonds libérés dans son dos, scintillants à la lueur des bougies. Magnifiques.

Le sapin de Noël, lumineux, étincelant de milles lumières enchantées, vacilla dangereusement sous les assauts répétés de Fred et Roxanne, aussitôt redressé d'un coup de baguette par Mamie Molly, vigilante à tout.

La table grouillait de vie. Pleine de rires, d'exclamations, de chamailleries. Créant un brouhaha où on n'avait peine à s'entendre mais auquel personne n'aurait songé à mettre un terme.

Teddy soupira de contentement en vidant son verre de jus de citrouille. Avec un grand sourire, Gin' lui servit une généreuse part de pain d'épices, lui embrassa tendrement le sommet du crâne.

« Tiens, Teddy chéri, je sais que tu adores çà ! », dit-elle doucement.

Il fixa la friandise d'un œil gourmand, une nouvelle vague de bonheur l'envahissant tout entier. Il sentit alors ses cheveux s'étirer désagréablement, dans un petit claquement. Un silence pesant tomba alors dans la pièce, tous les regards convergeant aussitôt vers lui. Il se mordit les lèvres, se tortillant nerveusement sur son siège, persuadé d'avoir commis une quelconque bêtise.

C'est alors que le plus beau son qu'il ait pu entendre s'éleva dans le silence, le brisant sublimement. Clair. Lumineux. Cristallin. Résonnant à ses oreilles comme la plus belle composition, la plus belle mélodie qu'il n'entendrait jamais.

Son rire.

2 mai 2007

Il savait que tout le monde serait réuni au Terrier. Comme toutes les familles du monde sorcier. Pour fêter une victoire dont lui-même ne connaissait rien.

Il poussa la porte de la maison familiale, précédant sa grand-mère maternelle. Il se retourna une dernière fois vers elle avant d'entrer pour de bon. Elle lui souriait. Elle lui souriait toujours. Pourtant, il aurait pensé qu'elle serait une des rares à le comprendre. Mais ses yeux sombres, profonds, lui souriaient, accentuant les rides du coin de ses yeux.

Il serra les dents et entra. Aussitôt, le vacarme ambiant, ce même vacarme que lors de chaque réunion familiale, pour Noël, ou chaque anniversaire, l'assaillit. Ce vacarme plein de rires, de joie, de vie. Ce même vacarme qu'il appréciait tant par ailleurs. Ce vacarme lui parut insupportable.

C'était l'anniversaire de Victoire aujourd'hui. C'était un autre anniversaire aussi.

Il serra les poings et s'avança dans le salon, naviguant entre les autres enfants. La famille ne cessait de s'agrandir. Dominique, Louis, Lucy, Molly, Rose et Albus étaient venus renforcer les rangs du clan Weasley-Potter. Il n'adressa un regard à aucun d'eux, disant bonjour du bout des lèvres à Harry et Ginny, sentant sa colère monter, grandir, gronder. Menaçante comme un ouragan trop longtemps contenu.

Avant même le début du repas, il sentit ses cheveux changer trois fois de couleur. Comme toujours quand ses émotions étaient trop fortes, ou trop contenues, son talent inné de métamorphisme s'exprimait abruptement.

Le repas fut semblable à chaque repas familial au Terrier. Victoire présidait la table, scrutant la pièce de son regard clair. Teddy ne la regarda pas, parcourant la table des yeux, glissant sur les visages familiers, ornés de sourires qui lui parurent tous fades et faux. Incongrus. Déplacés.

Lorsqu'ils trinquèrent tous « A Victoire ! A la victoire ! », il se leva brusquement, et les mots trop longtemps retenus s'échappèrent de sa bouche en une vague amère.

« Comment pouvez-vous fêter ce jour ainsi ? Comment cela peut-être aussi joyeux pour vous tous ? »

Le silence tomba, lourd et pesant. Tous le regardaient, ébahis.

« C'est l'anniversaire de Victoire… », murmura Molly, une once de reproches dans la voix.

« Ce n'est pas çà que vous fêtez et vous le savez très bien ! », s'écria Teddy, sentant les larmes venir lui picoter les paupières.

Larmes de rage. De chagrin. De manque.

« Il y a 9 ans, nous avons remporté une grande victoire pour sauver ce monde, Teddy. », déclara doucement Hermione. « C'est normal de fêter ce jour-là. »

Il se tourna vers elle, rencontrant son regard chocolat et les larmes s'échappèrent librement de ses yeux lorsqu'il hurla :

« Mes parents sont morts ce jour-là ! Il n'y a rien à fêter là-dedans ! »

Il enjamba le banc et quitta la pièce, s'enfuyant. Il claqua la porte de toutes ses forces et sa colère parut s'envoler avec ce geste. Restait la tristesse. Et le vide. Le vide laissé par ces parents tant regrettés. A peine connus. Pas assez pour qu'il s'en souvienne, en tout cas.

Il s'assit sur l'herbe grasse lorsqu'il eut atteint le fond du jardin, frissonnant malgré le soleil chaud et étincelant.

Il ne lui restait rien de ses parents. Quelques anecdotes. Des photos. Même pas de souvenirs propres.

Des souvenirs de ce père aimé de tous. Dont il connaissait les histoires désormais populaires avec les Maraudeurs. Le fait qu'il soit loup-garou. L'amour incommensurable qu'il portait à sa mère. Et les yeux de miel dont il avait hérité.

Des souvenirs de cette mère adorée par tous. Dont il connaissait la maladresse. L'excentricité. L'amour incommensurable qu'elle portait à son père. Et les talents de métamorphisme dont il avait hérité.

C'était peu. Si peu. Trop peu.

Il ravala un sanglot en entendant des petits pas venir dans sa direction. Victoire s'assit à ses côtés, plongeant son magnifique regard dans le sien. Attristée. Sa petite main chercha la sienne dans l'herbe verte et elle y enlaça ses doigts.

« Je ne savais pas que ce jour te rendait si triste. », dit-elle doucement, sa tête se penchant sur le côté, sans le quitter des yeux.

Teddy choisit de ne pas répondre et détourna les yeux, fuyant son regard peiné. La main de Victoire serra un peu plus la sienne.

« J'aime pas quand tu es triste, Teddy. », continua-t-elle. « Alors, je te promets que je ne fêterai plus jamais mon anniversaire. »

Il retint un sourire.

« C'est ridicule, Vic'. Tout le monde fête son anniversaire ! »

« Dans ce cas, on aura qu'à le fêter le 3 ! », rétorqua-t-elle dans un grand sourire avant de renouveler sa proposition, d'un ton solennel :

« Je te promets que je ne fêterai plus jamais mon anniversaire le 2 ! »

Il lui rendit son sourire, resserrant à son tour sa main sur celle de Victoire. Sans se douter qu'elle tiendrait toujours parole, année après année, ne défaillant jamais à son serment.

A sa promesse.

24 juillet 2009

Le soleil inondait le jardin du Terrier, éblouissant, éclatant. Au loin, Teddy pouvait entendre ses cousins et cousines, au bord de l'étang dans le petit bois longeant le jardin de la maison familiale. Les cris, les rires et les bruits d'éclaboussures résonnaient depuis le lointain.

Teddy esquissa un sourire et se dirigea vers le terrain de Quidditch au fond du jardin. Victoire était là. Il songea un instant qu'elle l'attendait peut-être, puis remarqua qu'elle tenait un livre entre ses doigts fins. En s'approchant, il remarqua son petit air concentré. Les sourcils froncés, les yeux légèrement plissés, la bouche entrouverte. Un large chapeau de paille emprisonnait ses cheveux, la protégeant du soleil brûlant de ce mois de juillet. Elle releva à peine la tête lorsqu'il s'assit près d'elle.

« Toujours rien ? », demanda-t-elle distraitement.

Il ne répondit pas, mais se crispa légèrement à cette question, retenant une grimace. Il savait de quoi elle parlait. Ce qu'il attendait avec tant d'impatience et qui n'arrivait jamais. Jamais.

Sa lettre d'admission à Poudlard.

Tout le monde avait beau le rassurer à ce sujet, le fait était que cette fichue lettre n'arrivait pas. Alors, il ne pouvait empêcher une terreur sourde de grandir en lui, de jour en jour. Emplie de « Si » terrifiants…S'il n'était pas admis ? S'il était un Cracmol ? S'ils n'acceptaient pas les fils de loup-garou ?

Il se mordilla la lèvre. Impossible.

Il voulait aller à Poudlard. Il devait y aller. Découvrir cet immense château dont il avait été bercé d'anecdotes depuis sa naissance. Découvrir ses innombrables passages secrets. Ses fantômes farceurs. Ses escaliers ensorcelés. Sa Grande Salle.

Il devait prendre le Poudlard Express. Se coiffer du Choixpeau Magique. Assister au premier cours de vol. Se faire soigner par Madame Pomfresh. Aller à Pré-au-Lard. Boire le thé infâme d'Hagrid dans la cabane de ce dernier.

Il soupira longuement et s'aperçut que Victoire ne l'avait pas quitté des yeux. Il lui sourit. Il ne voulait pas qu'elle se doute de ses craintes. Il crispa un peu son visage et sentit son nez et son menton s'étirer aussitôt. La réaction de Victoire ne se fit pas attendre. Elle éclata de son rire clair, l'ensorcelant par sa mélodie. Il rit lui aussi. Il savait qu'elle adorait çà.

Après de multiples autres contorsions faciales, sous ses éclats de rire intarissables, son visage reprit sa forme initiale. Il se concentra alors sur ses cheveux, les faisant virer au violet puis au rose. Les rires de Victoire redoublèrent, l'entourant de leur résonnance unique et sublime. Il s'interrompit soudain, se penchant vers elle, approchant son visage tout près du sien. Si près que son chapeau lui fit de l'ombre à lui aussi. Elle cessa de rire mais le sourire ne la quitta pas.

Il l'observa une longue minute, sans qu'elle ne bouge d'un pouce, s'amusant à compter les constellations de tâches de rousseur sur sa peau pâle à peine halée par le soleil d'été. Ses longs cils s'étaient eux éclaircis avec le soleil, devenant presque transparents. Et enfin, ses yeux. Ses yeux fascinants dans lesquels les rayons de soleil dessinaient mille reflets de couleurs féériques.

Turquoise. Dorée. Topaze. Miel. Emeraude.

Il aurait pu en dresser une liste infinie tant il décelait des myriades de couleurs dans ses prunelles.

« Vic' ? »

« Hummmm ? »

« Tu préfères quelle couleur ? »

Son sourire s'élargit. Elle parut réfléchir un instant, son petit nez se plissant doucement.

« Bleu ! », finit-elle par affirmer.

Il s'écarta légèrement d'elle et fit prendre à ses cheveux la teinte demandée. Victoire éclata aussitôt de rire et battit des mains, ravie.

« Teddyyyyyy ! », appela au loin la voix de Mamie Molly.

Ils sursautèrent tout deux, comme souvent lorsque leurs apartés étaient interrompus. Comme s'ils sortaient d'une bulle créée par leurs soins. Comme s'ils avaient été coupés du monde extérieur quelques minutes.

Ils se retournèrent d'un même mouvement, pour voir Molly arriver vers eux rapidement, brandissant un bout de papier qu'elle agitait frénétiquement. Teddy vit les yeux de Victoire s'écarquiller avant qu'elle ne se tourne vers lui, éberluée.

Il lui sourit et laissa échapper un long soupir de soulagement. La lettre était enfin arrivée. Il irait à Poudlard.

Victoire laissa éclater son rire clair qui s'éleva dans les airs avant de lui sauter au cou, ses petits bras s'enroulant autour de sa nuque. Son chapeau glissa en arrière, voletant au sol, libérant une cascade de cheveux qui sembla vouloir entourer Teddy d'or pur.

Il éclata de rire à son tour, un de ses bras se refermant sur Victoire, tandis que l'autre se portait mécaniquement à ses cheveux. Timidement, presque hésitant, il en saisit une mèche épaisse, et observa ses reflets sous les rayons du soleil. Et il songea que les cheveux de Fleur étaient presque fades à côté de ceux de Victoire. Il enroula la mèche dorée autour de ses doigts, émerveillé. On aurait dit qu'une rivière d'or et d'argent liquide lui coulait entre les doigts. Et tandis que Victoire était toujours contre lui, son corps agité de hoquets de rire, et que les cris joyeux de Mamie Molly emplissaient l'air comme elle arrivait près d'eux, Teddy se dit que c'était une des plus belles choses qu'il avait jamais vu.

Ses cheveux.

2 septembre 2010

Teddy trépignait d'impatience sur le quai 9 ¾ où sa grand-mère venait de le déposer. Pour la centième fois, il regarda sa montre. Ils étaient en retard.

Il regarda la locomotive rouge et brillante du Poudlard Express, et s'apprêtait à monter dans ce dernier, lorsqu'il aperçut dans la foule une chevelure rousse accompagnée d'une femme longiligne sur laquelle tout les hommes présents sur le quai se retournaient, et tenant par la main une petite silhouette qu'il aurait reconnu entre mille. Il fit aussitôt de grands signes dans leur direction.

Victoire lui sourit dès qu'elle le vit. Sourire crispé. Tendu. Stressé. Qui ressemblait plus à une grimace. Il lui sourit et lui embrassa la joue, avant de saluer Bill et Fleur qui leur firent mille recommandations à l'un et à l'autre.

Finalement, Teddy parvint à entraîner Victoire dans le train alors que la locomotive klaxonnait dangereusement, annonçant le départ imminent. Il hissa presque Victoire à bord, tandis qu'elle croulait sous le poids de son énorme valise. Il l'entraîna à sa suite à travers les wagons jusqu'à ce qu'ils trouvent un compartiment libre. Ils firent tout deux de grands signes à Charlie et Fleur à travers l'immense vitre, jusqu'à ce que ces derniers disparaissent totalement de leur champ de vision.

Victoire lui jeta un regard embué, et il serra les poings. Par réflexe. Il avait horreur de la voir pleurer. De voir ses narines se dilater tandis que ses lèvres se pinçaient jusqu'à en devenir blanches. De la voir passer rapidement ses cheveux derrière son oreille droite dans un geste nerveux. De voir les myriades de couleurs de ses iris disparaître à sa vue, cachées par les larmes.

« Eh Vic' ! », lança-t-il, faussement joyeux. « Viens, on va chercher des chocogrenouilles ! »

Ils partirent donc à la recherche de la dame qui vendait les sucreries, pour revenir à leur wagon, chargés de friandises de toutes sortes. Qu'ils partagèrent avec leurs compagnons de voyage, s'étant installés dans le wagon durant leur absence. Teddy connaissait deux d'entre eux, des Serdaigles de son année. Les trois autres étaient des premières années. Victoire s'émerveilla devant la chouette immaculée de l'une d'elles.

Ils se gavèrent tous de bonbons, poussant des exclamations de délice ou de dégoût, selon les parfums déroutants des dragées de Bertie Crochue. Après quoi, ils se racontèrent mille anecdotes vécues ou entendues sur le mythique Poudlard. Puis les conversations se tarirent au fur et à mesure que le paysage changeait. Teddy sentit la tête de Victoire s'affaisser sur son épaule et il se rendit compte qu'elle s'était endormie.

L'obscurité tomba doucement au dehors, recouvrant de son manteau sombre la lande déserte qu'ils traversaient. Et puis des lumières, des coups de freins, des exclamations, une vague d'excitation. Victoire se réveilla en sursaut, fixant Teddy sans comprendre, encore toute ensommeillée. Il lui montra la fenêtre du menton, et vit sa bouche s'entrouvrir d'ébahissement.

Ils descendirent rapidement, guidés par le flot d'élèves surexcités qui piaillaient joyeusement. Un préfet aida Victoire à s'extirper du wagon, et Teddy la perdit de vue au milieu de la foule grouillante, qu'il parcourut aussitôt du regard. Il entendit alors, par-dessus le brouhaha régnant sur le quai, un éclat de rire dont il connaissait chaque nuance ensorcelante. Il se retourna pour voir Victoire, soulevée dans les airs par Hagrid, faisant tournoyer sa chevelure, scintillante même dans l'obscurité.

« Les premières années, par ici ! », s'écria plusieurs fois le géant de sa grosse voix, couvrant le tumulte.

Teddy adressa un petit signe de la main à Victoire, avant de se diriger vers les calèches tirées par les Sombrals invisibles, entraîné par ses amis. Il grimpa dans l'une d'elles, et observa la silhouette massive du château. Ce lieu de magie où tout semblait réalisable. Où tout n'était qu'un émerveillement constant.

Il regarda le groupe des premières années prendre place dans les immenses barques, s'apprêtant à traverser le lac sombre, tandis que le rire tonitruant d'Hagrid retentissait à intervalles réguliers.

Et puis tout défila à une vitesse folle. L'arrivée au château. L'entrée dans la Grande Salle, dont la vive luminosité lui fit cligner les yeux. Le discours sévère et préventif de la Directrice. Les pas timides des premières années dans les allées, lorsque résonnait la voix sévère du professeur McGonagall, prononçant leurs noms.

La plupart du temps, ces noms passaient inaperçus. Mais quelques fois, un nom faisait lever les têtes, tous les regards se braquant sur son propriétaire, une vague d'excitation passagère parcourant la salle dans un bruissement de chuchotis. Il y eut Lisa Crabbe. Serpentard. Il y eut Mildred Habbott. Serdaigle. Il y eut Lilah Londubat, que Teddy connaissait bien, et qui était déjà en grande discussion avec Victoire. Gryffondor. Veronica Nott. Serpentard. Et puis Victoire Weasley.

Teddy la regarda s'avancer vers le minuscule tabouret où était placé le Choixpeau, qu'elle posa délicatement sur sa tête blonde. Le Choixpeau recouvrit son visage jusqu'à son petit nez retroussé. Avant qu'il ne le fasse, Teddy put voir ses yeux se fermer avec force et son visage se crisper tout entier. Après seulement quelques secondes d'un silence pesant, le Choixpeau s'écria de sa voix sonore :

« Gryffondor ! »

Teddy sourit. Parce que tout les Weasley allaient à Gryffondor, n'est-ce pas ? Il se leva en même temps que toute la table des Rouge et Or pour accueillir la nouvelle venue. Cette dernière arriva, le visage cramoisi, prenant place aux côtés de Lilah Londubat, à quelques petits mètres de Teddy.

Lorsque les plats surgirent de nulle part sur l'immense table, Victoire poussa un petit cri de surprise, et son visage se teinta d'une expression délicieuse, regardant partout autour d'elle, les yeux brillants. Et Teddy Lupin se dit qu'il n'avait jamais vu une expression aussi belle. Sur aucun visage.

Son émerveillement.

17 novembre 2014

Teddy sortit du cours de Défense contre les Forces du Mal tout excité, l'adrénaline pulsant encore dans ses veines après les exercices pratiques auquel il venait de s'adonner. Il adorait çà. Vraiment. Harry prétendait qu'il finirait à coup sûr Auror, comme sa mère. Une possibilité qui le tentait bien. Même s'il y avait aussi le Quidditch…

Il sourit en pensant au premier match du Tournoi de Poudlard qui aurait lieu la semaine suivante. Contre Serpentard. En tant que capitaine de l'équipe de Gryffondor, autant dire que ses journées étaient plutôt occupées. Cependant, il sentait son équipe prête et envisageait la rencontre sereinement. Ce qui n'était pas le cas des Serpentards, qui se faisaient de plus en plus exécrables au fur et à mesure que la rencontre approchait, multipliant les mauvais coups à leur encontre. On ne comptait d'ailleurs plus les accrochages plus ou moins virulents ayant eu lieu entre les deux maisons ces derniers jours. Et le nombre de points retirés de part et d'autre, plaçant Serdaigle largement en tête dans la course à la Coupe des Quatre Maisons.

Teddy grimaça en se dirigeant vers la Grande Cour, à la vue de la pluie qui tombait à torrent depuis deux jours. Une pluie froide qui avait recouvert le château d'une humidité glaciale. Et qui ne semblait jamais vouloir s'arrêter. Il soupira de dépit, et s'adossa au mur passant une main distraite dans ses cheveux. Noirs. Ces derniers temps, ils s'accordaient à l'humeur du temps sans qu'il puisse vraiment les contrôler.

Il se mêla avec entrain à la conversation de ses amis Tomas et Fabian, revivant encore et encore cet Expelliarmus qu'il avait réussit du premier coup. Il sourit fièrement à ce souvenir, riant avec ses compagnons de la mine déconfite de Julius Flint lorsqu'il s'était trouvé désarmé sans avoir eut le temps de prononcer un mot.

« Voilà comment régler proprement ses comptes avec un Serpentard ! », s'exclama-t-il entre deux crises du fou rire qui les avait tous pris.

Il se calma à peine en voyant arriver Susie. Il plongea un instant dans ses grands yeux verts avant de déposer un baiser délicat sur ses lèvres. Elle lui sourit et s'enquit du sujet de leurs rires, ce qui eut pour effet de les redoubler aussitôt. Alors, sans plus demander d'explications, elle se joignit à eux, ajoutant son rire bas et doux aux leurs, plus bruyants.

Teddy aimait bien Susie. Ses grands yeux. Ses lèvres pleines et invitantes. Ses formes parfaites. Sa peau hâlée et ses longs cheveux châtain clair. Sa spontanéité. Sa gentillesse. Il aurait pu dresser une liste infinie de ses qualités. Pourtant, il avait l'impression qu'il lui manquait quelque chose. Sans doute parce qu'il ne sortait avec elle que depuis deux petites semaines…

Du coin de l'œil, il aperçut un reflet doré qui accrocha son regard, comme toujours.

« Eh, Vic' ! », héla-t-il aussitôt.

Mais elle ne se retourna même pas, le dépassant en courant, enfonçant son bonnet de laine rouge sur sa tête. Elle paraissait furieuse et son teint était cramoisi. Ahuri, il la vit se diriger vers la Cour, sans se soucier de la pluie battante.

C'est alors qu'il remarqua la petite altercation qui y avait lieu et à laquelle il n'avait pas prêté attention jusqu'alors. Il lâcha la taille de Susie et s'approcha à son tour, comme beaucoup d'élèves. Il reconnut alors Louis Weasley aux prises avec un Serpentard deux fois plus haut et large que lui. Oubliant leurs baguettes, ils en étaient venus aux mains, le Serpentard cognant sans retenue sur le jeune garçon alors que ce dernier se débattait comme un beau diable, s'épuisant vite. Teddy s'apprêtait à intervenir, lorsqu'une voix suraiguë le cloua sur place.

« Frédéric Goyle ! », hurla Victoire à l'encontre du Serpentard, tout en arrivant vers lui à toute vitesse.

Instinctivement, Teddy se recroquevilla imperceptiblement sur lui-même. Victoire était littéralement terrifiante lorsqu'elle était en colère. Ses yeux s'obscurcissaient, devenant glaciaux. Menaçants. Ses cheveux d'or semblaient flotter autour d'elle. Et si on y regardait de près, la peau pâle du coin de ses yeux se découpait en petites écailles. C'était peut-être dans ses moments-là que son ascendance vélane s'exprimait le plus.

Ebahi, Teddy la vit s'interposer entre les deux garçons, rouge de colère, éloignant son frère de son adversaire d'un coup d'épaule.

« On ne touche pas à mon frère ! », s'écria-t-elle en fixant dangereusement Goyle et en détachant chaque syllabe de sa phrase.

Ce dernier, plus par réflexe que par réelle intention, balança son bras vers elle, heurtant son menton, alors qu'elle tombait au sol, dans une giclée de boue. Cette fois, Teddy s'élança. Mais avant qu'il ne la rejoigne, elle était déjà debout, abattant violemment sa main sur la joue du colosse tandis qu'elle lui lançait de son autre main un sortilège de Chauve-Furie digne de sa tante Ginny.

Il l'atteignit alors qu'elle vacillait dangereusement sur ses jambes, et la retint contre lui. Il croisa le regard apeuré de Louis tandis que les élèves de Gryffondor ayant assisté à la scène acclamaient bruyamment Victoire et que les cris de la Directrice résonnaient déjà dans le couloir.

Il regarda le menton de Victoire qui commençait à virer dangereusement au violet, alors qu'elle s'agrippait à lui. Il la revit assener cette gifle monumentale à Frédéric Goyle. Impressionné.

Par son courage.

13 mai 2015

Teddy se sentait plus nerveux que jamais. Il avait l'impression que c'était le jour le plus important de toute sa vie.

Le grondement depuis les tribunes s'amplifia, le faisant frissonner. Pour la dixième fois, il resserra les protections de cuir autour de ses poignées et de ses tibias, se balançant impatiemment d'un pied sur l'autre.

Il jeta un coup d'œil à ses joueurs. Anshu et Asim, les deux jumeaux, faisaient des gestes désordonnés avec leurs battes, s'échauffant consciencieusement. Vicky, leur attrapeuse, était sagement assise sur le banc du vestiaire, le visage enfouie dans ses mains, concentrée. Oriana et Julian, les deux autres poursuiveurs riaient ensemble, parfaitement détendus, comme toujours. Ces deux-là ne connaissaient pas le stress, songea Teddy, envieux. Tandis que lui était une boule de nerfs.

Gryffondor avait remporté ses deux matchs précédents, Serdaigle, un seul, mais avec un plus grand écart de points. La Coupe se jouait aujourd'hui.

Cette Coupe dont il rêvait depuis cinq ans. Il eut un frisson d'excitation à l'idée de la tenir enfin entre ses mains. De la ramener dans la salle commune des Gryffondors. De voir son nom gravé dessus, à jamais.

Il sauta plusieurs fois sur place, tentant de garder ses muscles chauds, prêt à rentrer sur le terrain. Il se figea lorsqu'il aperçut la silhouette athlétique de leur professeur et arbitre du jour au bout du couloir. Il héla aussitôt ses coéquipiers. Il leur avait déjà servi son sermon d'avant-match, pas besoin d'en rajouter une couche. Chacun savait ce qu'il avait à faire.

Sans un mot de plus, il se dirigea vers le terrain, la clameur provenant des tribunes se faisant plus écrasante à chaque pas. Il serrait compulsivement le manche de son balai, avançant d'un pas lourd. Il avait la sensation que la pression l'écrasait, allant même jusqu'à lui vouter les épaules.

Et puis il sortit, aspirant une grande goulée d'air frais, avant de s'envoler dans les airs. Et la pression disparut. Le match commença et il ne pensa plus à rien d'autre. Il suivait le Souaffle des yeux, adressant des passes millimétrées à ses deux coéquipiers. Visant précisément les immenses buts dorés. Attentif à chaque coup de sifflet de l'arbitre. Vigilant aux Cognards lancés dans sa direction. Et veillant aux mouvements de Vicky.

Sentant une décharge d'adrénaline hallucinante se déverser dans ses veines lorsqu'il vit cette dernière s'élancer vers le sol à toute vitesse, suivie par l'attrapeur de Serdaigle. Il sentit ses mains se crisper sur le manche de son balai, ses pieds fouetter nerveusement l'air autour de lui, sa respiration se bloquer…jusqu'à ce que Vicky remonte doucement dans les airs, tenant la petite balle dorée fermement enserrée dans son poing.

Et ce fut le bonheur, le bonheur absolu.

Il redescendit lentement, décrivant un cercle parfait autour des tribunes, pour finir par celle des rouges et ors. Il vit le visage radieux de Susie. Mais son regard glissa dessus en apercevant derrière elle les mèches blondes de Victoire.

Victoire qui le regardait. Qui ne regardait que lui. Et qui lui souriait. Comme jamais elle ne l'avait fait.

Plus magnifiquement que jamais elle ne l'avait fait.

Et Teddy se dit que ça valait bien toutes les Coupes de l'univers.

Son sourire.

2 mai 2016

Teddy quitta discrètement la salle commune, refermant le tableau de la Grosse Dame sur les cris et les rires. Il soupira dans le couloir sombre et savoura le silence qui y régnait.

Il détestait cette date. Mais en grandissant, il avait fini par comprendre qu'il ne pouvait pas empêcher la totalité du monde sorcier de faire la fête ce jour-là. Alors c'est lui qui fuyait la fête.

Il traversa les couloirs déserts et frais. Passant devant la Grande Salle. Ne pouvant pas s'empêcher de penser que ses parents y avaient reposé 17 ans auparavant. Morts. Assassinés.

Il frissonna et poursuivit son chemin. Il monta les marches de la Tour d'Astronomie, trébuchant plusieurs fois sur les pierres froides. Lorsqu'il parvint enfin au sommet, à bout de souffle, il s'approcha prudemment du bord de la fenêtre béante, appréciant la vue qui s'offrait à lui : les immenses remparts du château, sombres et presque effrayants la Grande Cour d'entrée au loin, la Forêt Interdite, où la lueur argentée de la lune créait des ombres fantasques le lac paisible, scintillant.

Teddy soupira et s'assit sur le rebord de la fenêtre, laissant pendre ses pieds dans le vide vertigineux. Tâchant de vider son esprit. Il entendit la porte grincer et quelqu'un s'approcher. Il ne broncha pas. Il avait reconnu son pas depuis les escaliers.

Victoire vint s'asseoir à ses côtés. Elle lui sourit, avant de passer sa main fine dans ses cheveux. Il retint un frisson à ce contact.

« Orange ? », fit-elle, moqueuse.

Il haussa les épaules. Ses cheveux avaient tendance à prendre des couleurs vraiment incongrues ces derniers temps. Sa grand-mère lui affirmait qu'il en avait été de même avec sa mère à son âge, et qu'elle était restée un mois avec une teinte de cheveux oscillant entre vert caca d'oie et moutarde.

Sa mère.

Il soupira et Victoire retira sa main.

« Je ne suis pas d'humeur à les changer de couleur. », râla-t-il.

« Je sais. »

« Pourquoi es-tu venue, Vic' ? », souffla-t-il.

« Je viens toujours, Teddy. », rétorqua-t-elle sur le ton de l'évidence, tout en se serrant contre lui.

Il la regarda et fut aspiré par son regard clair. Comme souvent.

« Teddy ? », chuchota-t-elle, sans détacher son regard du sien.

« Hummm ? »

« Pourquoi tu ne changes jamais la couleur de tes yeux ? »

« Parce que ce sont ceux de mon père. », répondit-il sans hésiter.

Elle s'approcha encore et il sentit sa respiration légère sur son visage. Douce comme une caresse. Et il se sentit mieux.

Elle posa sa main sur la sienne et entrelaça leurs doigts fermement. Et il se sentit mieux.

Elle inclina son front jusqu'à ce qu'il touche le sien. Et il se sentit mieux.

« Vic' ? »

Il prononça son nom et il se sentit mieux.

« Oui ? »

« Bon anniversaire ! »

Elle sourit et il se sentit mieux.

Et il songea qu'il n'y avait qu'elle qui avait ce pouvoir là. Le réconforter d'une simple caresse. D'un simple contact. D'un simple sourire.

De sa simple présence.

3 novembre 2016

Teddy sortit du Centre de Formation des Aurors d'un pas lent. Il jeta un coup d'œil au ciel gris et resserra les pans de son manteau sur lui, assailli par l'air frais de cette fin d'après-midi. C'était la période de l'année où Londres lui paraissait le plus morose. Partout où il regardait, il n'y avait que du gris. Gris du ciel. Gris des immeubles. Gris des rues.

Il soupira et transplana Chemin de Traverse dans un craquement. Il s'arrêta prendre un café crémeux chez Florian Fortarome qui, comme toujours, refusa qu'il le paye, avant de remonter la rue en direction du magasin Weasley. Il s'arrêta devant la boutique de Farces et Attrapes, fasciné un instant par les vitrines vives et colorées.

Il pénétra à l'intérieur, faisant tinter la cloche de l'entrée, et il eut l'impression de revenir des années en arrière. Pour lui, dont le tempérament tenait apparemment plus de celui de sa mère que de son père, cette boutique avait constitué un lieu de trésors inestimables tout au long de son enfance.

Il se revit tenter de surprendre les conversations des adultes grâce aux fameuses Oreilles à Rallonges. Il se revit en train d'élaborer un Philtre d'Amour ultra puissant et à effet immédiat dans les souterrains de Poudlard avec Tomas et Fabian. Avant que ce dernier ne leur éclate à la figure, colorant leurs visages de rose fuchsia pour une semaine entière. Il se souvint des hurlements de terreur de la petite Rose lorsqu'il l'avait poursuivi à travers tout le Terrier, coiffé d'un Chapeau-sans-tête. L'effet des crèmes Canaris sur les Serpentards et le fou rire interminable qui avait suivi à la table des Gryffondors.

Les inventions facétieuses tirées des cerveaux malicieux des frères Weasley l'avaient toujours émerveillé. Et avaient illuminé son enfance. Il ne comptait même plus le nombre de jouets qu'il avait testé pour George durant les mois de vacances. Avec Victoire. Il faillit éclater de rire en repensant à ces tests plein d'appréhension auxquels ils s'étaient adonnés dans le jardin ou le grenier du Terrier.

Teddy zigzagua quelques secondes parmi les étalages, se gavant de la magie toute enfantine, des couleurs vives, des formes étranges, des senteurs sucrées. Jusqu'à ce que George ne surgisse de l'arrière boutique, un immense sourire se formant sur son visage lorsqu'il le reconnut. Il s'enquit de ses nouvelles et Teddy ne put s'empêcher de grimacer en parlant de sa formation d'Auror. George éclata de rire.

« Ah, mon pauvre Teddy, t'a-t-on déjà dit quelle malchance tu avais de ressembler autant à ta mère ? »

A nouveau, il grimaça.

« Si mon père avait pu me léguer un peu plus que ses yeux, çà m'aurait arrangé… », rétorqua-t-il, amer.

George eut un sourire qui lui parut triste avant de lui tapoter l'épaule.

« Crois-moi, il t'a laissé bien plus que çà… », murmura George avant de retourner à ses affaires comme une ribambelle d'enfants poussaient la porte de la boutique.

Teddy soupira et transplana chez lui. La grande maison de sa défunte grand-mère lui parut vide et froide. Il s'affala sur le divan moelleux et dut se rendre à l'évidence : Poudlard lui manquait.

Les passages secrets. Le Saule Cogneur. La salle commune chaleureuse. Les matchs de Quidditch. Les cours de botanique de Neville. Même les hurlements de McGonagall. Même les mauvaises blagues de Peeves et les monologues interminables de Nick Quasi-sans-tête. Même les lamentations de Mimi Geignarde. Même les plus atroces des Serpentards.

Son « clan » Potter-Weasley. Dominique la rebelle. Louis le coincé. Lucy la rabat-joie. Molly la volubile. Fred le facétieux. Roxanne la timide. James l'arrogant.

Et puis elle. Son sourire. Son regard. Ses cheveux. Ses colères. Son rire. Sa présence.

Oui, plus que tout. Elle lui manquait.

Victoire.

Et ce manque recouvrait tout. Ce manque qui teintait ses cheveux de noir ou de marron terne. Qui rendait sa peau pâle et cireuse. Qui semblait rendre le ciel de Londres plus gris encore. Les cours de l'école des Aurors plus ennuyeux. Les gens qu'il croisait dans la rue plus fades. La maison de sa grand-mère Andromeda plus vide.

Son manque.

31 décembre 2016

Le Terrier accueillait toute la famille, une nouvelle fois, pour fêter la Nouvelle Année. Après des mois de calme, la maison familiale résonnait à nouveau de rires, de cris et de courses enfantines. Le Terrier avait retrouvé son essence. Son âme.

Sortant de table après une conversation animée avec Charlie et Ron, Teddy longea le long couloir illuminé de guirlandes multicolores en direction de la sortie de la maison.

Il croisa son reflet dans le minuscule miroir suspendu au mur, près des patères croulant sous les manteaux. Ses cheveux avaient pris une couleur bleue vive et éclatante. Turquoise. Comme à chaque fois qu'elle était près de lui. Son teint était éclatant et ses joues légèrement rougies pas la chaleur presque étouffante qui régnait dans la maison. Ses yeux, eux, n'avaient guère changé de couleur. Ils ne l'avaient jamais fait, même contre sa volonté. Ces yeux aux reflets de miel, doux et ambrés. Exacte réplique de ceux de son père.

Teddy évita de justesse Hugo et Al, lancés dans une course poursuite folle, interrompue de rires essoufflés et de cris ravis. Il allait ouvrir la porte lorsque celle-ci s'ouvrit à la volée, laissant entrer un courant d'air glacé. Rose et Lily, les inséparables, passèrent le seuil. Il sourit et s'écarta légèrement pour les laisser passer. Rose lui adressa un sourire qui creusa deux petites fossettes dans ses joues rondes constellées de taches de rousseur foncées. Quant à Lily, elle leva vers lui ses grands yeux verts, ceux de cette grand-mère dont elle portait le nom, et il ne put s'empêcher de la soulever dans ses bras.

« Dis, Teddy, quand est-ce que j'irais à Poudlard, moi ? »

Il sourit. Lily nourrissait une véritable obsession pour l'école de magie depuis que son frère James y était entré, avant d'en revenir, se pavanant avec un air supérieur.

« Eh bien, comme tout le monde, lorsque tu auras onze ans ! », affirma-t-il le plus sérieusement du monde.

Elle hocha la tête, visiblement consternée.

« Mais deux ans, c'est in-ter-mi-na-ble ! », s'exclama-t-elle dramatiquement.

Il éclata de rire à son ton théâtral et la fit tournoyer dans les airs, mêlant ainsi son rire enfantin au sien. Après quoi, il la reposa au sol, la regardant s'éloigner en sautillant. Il tira la poignée de la porte et sortit. L'air froid de la nuit l'assaillit et le fit aussitôt frissonner, mais il n'y prêta guère attention.

Elle était là.

Il observa une minute son corps gracile recroquevillé sur les marches du perron. Dans le jardin, la neige tombait doucement, tournoyant sans bruit. Il sourit en voyant la branche de gui que quelqu'un avait accroché à une poutre du toit et qui oscillait doucement au-dessus de sa tête.

Teddy s'assit près de Victoire et tourna la tête vers elle. Son visage, faiblement éclairé par les quelques chandelles vacillantes du porche lui apparut féerique. Sa peau pâle reflétait doucement les lueurs vacillantes des flammes, qui formaient de farandoles lumineuses sur ses joues veloutées.

Elle ne bougea pas lorsqu'il se rapprocha d'elle, jusqu'à la toucher, se contentant de sourire légèrement avant d'enfouir son nez dans son épaisse écharpe rouge et or.

« J'adore la neige… », souffla-t-elle.

Teddy sourit à son tour.

« Je sais. »

Le silence dura quelques instants, les enveloppant confortablement, formant une bulle protectrice autour d'eux.

« Alors, Poudlard ? », lança-t-il finalement, sur le ton de la conversation.

Elle tourna alors son visage parfait vers lui et il eut le souffle coupé par son regard profond. Il avait presque oublié les nuances éblouissantes de ce dernier. Elle sourit et il la trouva plus belle que jamais.

« C'est…différent. », dit-elle, sa voix résonnant comme un enchantement.

Teddy ne releva pas, de peur de comprendre ce qu'elle voulait dire par là. Il se contenta de la regarder, encore et encore. Hypnotisé par ses yeux bleus, sa peau pâle tachetée d'infimes tâches de rousseur. Ses cheveux dorés qui voletaient faiblement autour de son visage, en harmonisaient l'ovale parfait.

Sans même s'en rendre compte, il leva vers elle une main tremblante. Il effleura sa joue du bout de ses doigts glacés et frissonna immédiatement. Elle ne cilla pas, gardant son regard planté dans le sien. Alors, il posa sa main sur sa joue douce. Ce contact, ce simple contact l'électrisa tout entier. Comme une décharge électrique. Comme une myriade de petites aiguilles lui transperçant la main, puis le bras. Elle sourit doucement avant de poser sa main fine sur la sienne, la recouvrant.

« Tu m'as manqué. », chuchota-t-elle.

Son cœur s'emballa à ses mots, caracolant follement dans sa poitrine. Il voulut lui dire qu'elle aussi, elle lui avait manqué. Terriblement. Atrocement.

Soudain, des cris et des rires retentirent à l'intérieur de la maison, les faisant sursauter. Sans se quitter des yeux. Mais Victoire retira sa main.

« Bonne année, mon Teddy. », dit-elle de sa voix claire, en se penchant vers lui.

Elle l'étreignit à peine, avant de se relever, rompant la magie de l'instant. Il ne réagit pas, même lorsque la lourde porte d'entrée claqua derrière elle. Il resta là, les yeux dans le vague, la main encore levée. Puis, sa main retomba à ses côtés et il ferma les yeux. Sur ses paupières closes, il revit l'image de son visage enchanteur. Anesthésié. Tétanisé. Ensorcelé.

Par son charme.

26 août 2017

Teddy embrassa Dominique avant qu'elle ne se sauve. De tous les descendants Weasley, elle était la plus sauvage, détestant les effusions. Surtout la concernant.

« Bon anniversaire, Domi. », fit-il, joyeux, et un brin goguenard en employant le surnom qu'elle détestait.

Un sourire moqueur naquit sur ses lèvres à cette pensée.

« Merci, Ted'. », rétorqua-t-elle, mordante.

Son sourire s'effaça aussitôt, à l'entente de ce surnom honni. C'était de bonne guerre. Dominique lui lança un sourire triomphant, lui rappelant qu'il ne fallait pas la chercher. Il la regarda s'éloigner, ses cheveux dorés coupés courts voletant sur sa nuque fine. Lui rappelant immanquablement sa sœur.

Il engloutit un muffin à la framboise que Molly sortait tout juste du four, sous les cris faussement courroucés de cette dernière, avant de s'esquiver. Lorsqu'il sortit de la maison, il fut aussitôt écrasé par la chaleur étouffante de cette fin août.

Il entendit des cris joyeux provenant de l'arrière de la maison. Depuis le terrain de Quidditch. Il sourit et partit dans la direction opposée. Il savait exactement où la trouver. Il traversa l'immense champ desséché qui longeait le Terrier avant de parvenir avec un soupir de soulagement dans la fraîcheur du sous-bois. Il dirigea alors ses pas au travers des vieux arbres et des gros buissons, suivant un chemin qu'il connaissant par cœur. Il aurait pu parvenir à cette clairière les yeux fermés.

Et bien sur, elle était là.

Victoire était étendue sur l'herbe verte, les pieds plongés dans le petit ruisselet qui traversait la clairière. Ses orteils tapotant régulièrement la surface de l'eau claire. Sa jupe froissée dévoilait ses jambes fines. Interminables. Son tee-shirt était légèrement remonté sur son ventre et Teddy fixa un moment ce dernier, plat et immaculé, avant de déglutir péniblement. Les sensations que la jeune fille faisait naître en lui ces derniers temps le terrifiaient. Par leur nouveauté. Leur force. Leur puissance.

Exacerbé par les longs mois qu'elle avait passé à Poudlard, loin de lui, le désir qu'elle lui inspirait était obsédant. Il n'avait jamais ressenti çà. Pour aucune de ses petites amies. Peut-être cela venait-il de l'ascendance vélane de Victoire.

Mais peut-être pas.

Il s'avança vers elle, détaillant son visage. Les yeux clos, il voyait ses paupières tressaillir régulièrement, signe qu'elle n'était pas endormie. Ses lèvres pleines s'étiraient en un léger sourire, éclairant son visage d'un bien-être perceptible. Ses cheveux blonds s'étalaient autour d'elle en un large éventail doré, scintillant sous les quelques rayons de soleil qui parvenaient à franchir la voûte des arbres.

Tendu, il s'allongea près d'elle. Aussitôt, elle se tourna vers lui, d'un bloc, en lui souriant. Le souffle court et sans même se rendre compte de ce qu'il faisait, Teddy posa sa main sur la hanche nue de la jeune fille. Elle frissonna aussitôt à ce contact et sa main se crispa sur la peau fine. Elle ne dit rien, se contentant de le fixer de ses yeux clairs, attendant simplement de voir ce qu'il allait faire maintenant.

Il prit une profonde inspiration et remonta sa main, suivant la courbe de sa hanche, le creux de sa taille, les petites bosses de ses côtes. Se délectant des frissons qui la secouaient doucement. Enhardi, étouffant presque de désir, il glissa sa main dans le dos mince et la rapprocha de lui. Brusquement. Collant sa poitrine à la sienne. Sentant son souffle erratique contre son cou.

Victoire emmêla ses jambes aux siennes, et il se figea en sentant ses mains tirer sur son tee-shirt pour se glisser dessous. Il retint un gémissement lorsque ses petites mains vinrent caresser son ventre puis son torse. Il la détailla un instant. Les cheveux emmêlés. Les yeux mi-clos. La bouche entrouverte. Les joues rougies. Magnifique.

Sans plus attendre, il glissa une main dans ses cheveux blonds, appréciant leur douceur et, se penchant un peu plus vers elle, respira profondément l'odeur de lavande de ses mèches dorées. Enivrante. Il posa ses lèvres sur la peau fine du cou de Victoire, sentant palpiter son pouls désordonné contre sa bouche. Il aspira sa peau, la mordillant légèrement. Victoire se tendit contre lui, heurtant son bassin contre le sien, douloureux. Ils eurent tout les deux le souffle coupés une seconde.

Il remonta vers le lobe de son oreille, traçant un chemin de baisers fiévreux, sentant les ongles de la jeune fille s'enfoncer dans la peau de son dos. Sa main s'égara plus haut, vers la poitrine parfaite sur laquelle il fantasmait depuis des mois. Il la glissa sous le soutien-gorge, prenant son sein en coupe. Lorsqu'il en effleura le mamelon tendu, Victoire laissa échapper un gémissement.

Teddy se tendit à ce son, et reprit conscience. Brutalement. Qu'était-il en train de faire ? Ses mains quittèrent le corps parfait et tant désiré tandis qu'il s'éloignait brusquement de la jeune fille. Il évita son regard en se relevant précipitamment. Il rebroussa chemin jusqu'à la maison, l'esprit agité. Fiévreux. Obnubilé. Enivré.

Par ses caresses.

1er septembre 2017

Teddy scrutait la foule sur le quai 9 ¾ d'un regard anxieux. Il était finalement venu. Après avoir mille fois pesé le pour et le contre. Après avoir tourné en rond des heures durant dans son immense maison. Comme s'il avait réellement eut besoin de tergiverser.

L'évidence était là. Sous ses yeux. Depuis des années. Depuis toujours.

Il y avait eut Susie. Ashley. Dilta. Romilda. Et il avait toujours rompu parce qu'il lui manquait quelque chose. Parce qu'il leur manquait quelque chose.

Parce qu'elles n'étaient pas elle.

Son cœur s'emballa en apercevant enfin la chevelure blonde au milieu de la multitude d'élèves qui bondaient le quai. Il soupira et se dirigea vers elle. Lorsqu'il ne fut plus qu'à quelques mètres, il l'appela. Elle se retourna, et aussitôt, son regard s'assombrit. Elle le toisa quelques instants. Glaciale. Teddy frissonna, serrant les poings. Il l'avait cherché.

« Vic', s'il te plaît. », quémanda-t-il.

« Qu'est-ce que tu veux ? », demanda-t-elle sèchement.

« Pour l'autre jour…Je suis désolé… », fit-il.

Les yeux bleus de Victoire s'agrandirent et elle pinça les lèvres. Il l'entendit prendre une profonde inspiration avant qu'elle ne l'interrompe.

« Ecoute, Teddy. C'était les vacances. On…On s'est laissés aller…N'en parlons plus. »

Son regard était fuyant et il nota les intonations aiguës dans sa voix d'ordinaire si douce.

« Je suis désolé d'être parti. », finit-il.

Victoire se figea. Il fit un pas vers elle, le cœur battant. Tambourinant dans sa poitrine. Résonnant à ses oreilles.

Doucement, il leva la main, effleurant la sienne du bout des doigts. Elle dut lever la tête pour le regarder.

« Qu'est-ce que çà veut dire ? », chuchota-t-elle, la voix tremblante.

« Ca veut dire que je ne partirais plus, Victoire. », affirma-t-il en se penchant vers ses lèvres.

Il ne fit que les frôler tout d'abord, croyant que son cœur allait exploser. Et puis il l'embrassa. Doucement. Tendrement. Et elle répondit à son baiser, ses lèvres bougeant harmonieusement contre les siennes. Les bras de Victoire vinrent s'enrouler autour de son cou et il frissonna violemment, avant de saisir sa taille pour l'amener plus près de lui.

« Teddy ? Mais qu'est-ce que tu fais ? »

La voix nasillarde de James Potter résonna à ses oreilles. Ne lui ayant jamais paru aussi désagréable. Victoire retira ses mains et s'éloigna immédiatement de lui. Il la retint fermement par la taille.

« Je dis au revoir à Victoire ! », dit-il calmement, fusillant James du regard.

« Mais…Victoire ? Tu… », bredouilla le jeune garçon, ahuri.

« Dégage Potter ! », aboya Teddy, frustré.

Ce dernier déguerpit, alerté par le ton menaçant de Teddy. Celui-ci reporta aussitôt son attention vers Victoire.

Elle lui souriait, les yeux brillants. Magnifique. Magnifiquement belle. Elle glissa une main dans ses cheveux, riant doucement, et il vit que ces derniers n'avaient jamais étaient aussi bleus. Il sourit avant de l'embrasser à nouveau. Se disant qu'il n'avait jamais rien goûté de meilleur. De si parfait.

Que ses baisers.


Voilà. J'espère que çà vous a plu !

J'hésite encore à faire un OS dans le même style, mais POV Victoire…Je verrais bien, au fil de mon inspiration.

Laissez-moi vos impressions, toutes tellement appréciées (et attendues !) )

Biz & à bientôt.

Temperance.