Bonsoir à tous!

Voici donc la deuxième partie de ce finalement two-shot Teddy/Victoire. J'ai longtemps hésité avant de l'écrire, puis peiné à le terminer. Victoire se sera révélée être un personnage difficile, et récalcitrant!

Merci à tous pour vos reviews sur la première partie, notamment ceux que je n'ai pu remercier directement : Amlie, Marie, Elena Grape, et Margot. Merci à tous. Enormément. Vos reviews m'ont immensément motivée pour l'écriture de ce POV Victoire.

J'espère que vous apprécierez…

Bonne lecture !

Partie II

Teddy Bear & Other Fairytales

Noël 2002

Depuis le canapé moelleux où elle était assise, balançant dans le vide ses petits pieds uniquement recouverts de chaussettes roses, Victoire Weasley regardait partout autour d'elle. Attentivement. Minutieusement. Du peu de souvenirs qu'elle possédait, elle ne se rappelait pas avoir vu le Terrier ainsi. Bien qu'il le fût chaque année. Baignant dans une telle ébullition. Une ambiance si chaleureuse. Un tel déploiement de couleurs.

Victoire s'enfonça un peu plus dans le vieux sofa violet qui courba légèrement sous son poids. Elle promena ses grands yeux clairs autour d'elle. Par la grande fenêtre à sa droite, elle observa la neige tomber doucement au dehors. Recouvrant d'une pellicule immaculée le jardin et ses gnomes farceurs. Légers et aériens, les petits flocons de glace virevoltaient dans les airs, soumis aux caprices de la bise hivernale. Elle frissonna et reporta son attention sur l'intérieur animé et surchauffé.

Eclairé par des dizaines de bougies flottantes, et les hautes flammes de la cheminée, le salon dégageait une impression de chaleur confortable et appréciable. Victoire soupira d'aise. Au centre de la pièce s'élevait l'Arbre de Noël. Immense. Féérique. Scintillant de vert, de bleu, de rouge, de jaune. Illuminé de mille lumières que Mamie Molly s'était évertuée à ensorceler, une à une, tout au long de l'après-midi. Victoire regarda avec envie la grande étoile qui trônait à la cime du sapin, brillante et dorée. Magnifique. Au pied du sapin s'étalaient une multitude de cadeaux, aux emballages vifs et irisés. Elle y jeta un coup d'œil plein de convoitise. Intriguée et impatiente.

Son oncle George entra dans son champ de vision, et, comme toujours, elle nota la défaillance de son sourire. Comme tordu. Incomplet. Ses yeux, pourtant, pétillaient de malice. Rieurs. Brillants. Exaltés. Son nez constellé de taches de rousseur enfantines se plissa légèrement, comme à chaque fois qu'il s'apprêtait à jouer un mauvais tour à quelqu'un. Victoire était certaine de cela. Elle observait beaucoup les membres de sa famille. Si différents et intrigants. Mais parmi eux, son oncle George était des intéressants. Mélange de gaieté et de tristesse. Dégageant une nostalgie empreinte d'un manque jamais comblé. Mais si drôle et inventif.

Elle plissa les yeux et tendit le cou, afin de ne pas manquer une miette du spectacle qui allait suivre. Immanquablement. Une vague d'excitation l'envahit, faisant naître un sourire sur son visage enfantin. Elle suivit son oncle des yeux, ne ratant aucun de ses mouvements. Ce dernier s'approcha silencieusement de Charlie, assoupi dans le grand fauteuil près du sapin. Sans doute bercé par le doux crépitement des flammes près de lui. Mettant ses mains en porte-voix, George se pencha vers lui, un sourire facétieux étirant ses lèvres fines. Soudain, il entonna un « Vive le vent » tonitruant. Victoire sursauta en même temps que Charlie. Brusquement. Avant d'éclater de rire devant la mine de Charlie. Hébété. Hagard. Furieux. Tandis que George entamait une danse frénétique autour de son frère, beuglant l'air de Noël dans des intonations suraiguës. Victoire battit des mains, ravie. George lui adressa un clin d'œil complice et s'approcha d'elle sous les grognements enroués de Charlie.

Il vint lui cajoler le menton, lui arrachant un gloussement. Elle secoua vivement la tête, faisant voleter ses courtes boucles blondes autour de sa figure ronde. George rigola doucement avant de lui tendre une friandise, étroitement emballée dans un papier rouge et or. Elle s'en saisit, le faisant tourner entre ses petits doigts potelés. Puis, elle en déchira l'emballage scintillant, appréciant le son de grésillement ainsi provoqué. Elle eut un sourire gourmand en apercevant le chocolat noir. Elle en huma les effluves de cacao avant de le fourrer dans sa bouche. Avant que sa mère n'ait la mauvaise idée de le lui confisquer. Fleur détestait les friandises. Les joues déformées par le chocolat trop gros pour sa petite bouche, elle se délecta de le sentir fondre contre son palais. Délicieux. Elle plongea son regard dans les yeux azuréens de George tandis que le cacao se diffusait contre ses joues. Il sourit et lui ébouriffa les cheveux avant de s'éloigner, à la recherche d'une nouvelle pitrerie.

Victoire tourna la tête et intercepta le regard de Teddy sur elle. Elle sourit. Parce qu'elle aimait bien Teddy. Et si son oncle George était pour elle le plus intrigant à observer, Teddy Lupin était sans aucun doute le plus fascinant. Elle le détailla longuement.

Son visage aux rondeurs enfantines. Ses cheveux fins et soyeux. La manière dont il plissait le nez en humant les arômes en provenance de la cuisine où s'affairaient Ginny, Molly et Fleur. La façon dont il tortillait ses mains l'une contre l'autre en observant les cadeaux brillants au pied du sapin. Comme pour s'empêcher d'aller les ouvrir. La manière dont ses yeux s'agrandissaient légèrement lorsqu'il les posait sur elle.

Et comme le chocolat offert par oncle George finissait de fondre dans sa bouche, diffusant ses derniers effluves sucrés, Victoire plongea ses yeux dans ceux de Teddy. Si magnifiques. Si doux. Si spéciaux. Aux reflets de miel et d'ambre.

Elle se renfonça dans le canapé sans quitter le jeune garçon des yeux. Parce que c'était une de ses activités favorites. Elle aurait pu rester ainsi longtemps. Très longtemps. Sans s'ennuyer une minute. Fascinée par ses mimiques, ses gestes, son regard. Elle adorait ça.

L'observer.

21 mars 2006

Victoire sortit de la douche, un écran de buée l'entourant tandis qu'elle saisissait hâtivement sa serviette de bain. Elle s'enroula prestement dedans, tentant d'échapper à la morsure du froid sur sa peau nue, malgré les nombreux sorts de réchauffement lancés dans la pièce par sa mère. Elle se sécha rapidement, et enfila le jean et l'épais pull vert frappé d'un « V » orange. Cadeau de Mamie Molly à Noël dernier. Les couleurs étaient atroces et juraient affreusement avec sa peau pâle et ses cheveux. Mais il était délicieusement confortable. Et chaud. La protégeant immanquablement du froid polaire de cet hiver interminable.

Elle se brossa consciencieusement les dents et démêla ses cheveux blonds avant d'observer son reflet dans l'immense miroir. Comme chaque matin depuis quelques semaines, elle fronça les sourcils et plissa le nez. Rien. Elle ouvrit la bouche, tordit les lèvres. Rien. Elle accentua sa grimace, contorsionnant son visage en tout sens. Rien. Rien. Rien.

Et comme tous les autres matins depuis quelques semaines, elle soupira de dépit et gémit de déception. Elle se détourna du miroir, agacée. Pourquoi n'y arrivait-elle pas ? Elle avait beau se concentrer au maximum. Elle avait beau rassembler toutes ses forces, toute sa volonté dans ce but, tous ses efforts s'avéraient vains. Pourquoi ? Alors que Teddy y arrivait si facilement ? Elle aurait tellement voulu pouvoir changer à loisir la couleur de ses yeux ou de ses cheveux. Comme lui.

Elle serra les dents et sortit de la salle de bains en grommelant. Elle dévala les escaliers, s'attardant devant la petite fenêtre ronde qui les éclairait de la lumière pâle du jour. Au dehors, la plage s'étalait à perte de vue, les vagues de la mer grise venant s'y échouer à l'infini. Le sable clair et fin était soulevé par les bourrasques marines, s'élevant dans les airs en tourbillons graciles. Au loin, sur la dune parsemée de joncs, s'élevait une petite stèle. Victoire grimaça légèrement. Elle n'aimait pas cet endroit. La tombe de Dobby. Bien sûr, comme tous les enfants du monde sorcier, elle connaissait l'histoire de ce petit elfe de maison. Cet elfe libre. Et son rôle dans le dénouement de la guerre. Mais cette tombe, au sommet de cette dune déserte battue par les vents. Cette tombe était si triste et solitaire. Non. Elle n'aimait pas cet endroit.

Victoire descendit les quelques marches qui la séparaient encore du salon. Ses parents, son frère et sa sœur l'y attendaient déjà. Fleur souleva Louis dans ses bras, lui arrachant un gémissement, et saisit la main de Dominique. Ensemble, ils s'engouffrèrent dans la cheminée, et la voix claire de sa mère résonna dans l'âtre confinée, parmi les hautes flammes vertes.

« Le Terrier. Chez Arthur et Molly Weasley ! »

Victoire se tendit sous la sensation de vertige familière et agrippa la main de son père. Celle-ci se referma aussitôt sur ses petits doigts. Chaude et rassurante. Elle regarda défiler à toute vitesse les âtres reliés au réseau de Cheminette dans un tourbillon vertigineux, avant que sa vision ne se stabilise enfin. Elle cligna des yeux et pénétra précipitamment dans le salon accueillant de ses grands-parents. Elle s'attendit à ce que sa grand-mère se précipite sur elle pour l'étreindre à l'en étouffer. Mais rien ne se produisit. Rien de ce qui se passait d'ordinaire, en tout cas. Victoire entendit le rire de sa grand-mère résonner depuis la cuisine. Doux et musical. Elle se dirigea immédiatement vers le son, notant les exclamations ravies de son grand-père Arthur. Elle s'arrêta sur le seuil, embrassant la scène devant elle, et sentit un sentiment inconnu l'envahir. Puissant. Dangereux.

Teddy était assis à la longue table en bois de la cuisine, dégustant un chocolat chaud. Il contorsionnait son visage, le modelant à volonté, dans une série de légers craquements. Son nez s'allongeait, son menton s'étirait, ses sourcils s'épaississaient. Ses cheveux passèrent du noir au bleu, du jaune au vert. En un battement de cil. Sous les éclats de rire de Molly et les applaudissements d'Arthur. Il était le centre de l'attention. De leur attention.

Victoire pinça les lèvres et serra les poings. Elle essaya d'identifier le sentiment qui grondait en elle. Elle ne détestait pas Teddy. Non, c'était autre chose. A nouveau, le rire de Molly résonna dans la pièce tandis que les cheveux de Teddy viraient à l'orange. Et tout fut clair. Ce n'était pas le détester.

C'était l'envier.

2 août 2007

Allongée dans l'herbe sèche du terrain de Quidditch improvisé derrière le Terrier, Victoire était plongée dans la lecture des contes de l'Ancien Temps. Ses doigts jouaient distraitement sur les pages fines et craquelées du vieux livre offert par sa tante Hermione. Le soleil encore doux de ce début de matinée caressait son corps alangui. Elle profitait du calme de la campagne environnante, contrastant avec le tumulte constant de la mer auquel elle était habituée. Au loin, seuls quelques oiseaux venaient troubler le silence de leurs pépiements. Le vent estival jouait dans les branches des vieux chênes, les faisant bruisser doucement. Le murmure du petit ruisseau longeant la maison était à peine audible. Rien de plus.

Elle soupira d'aise, totalement absorbée par sa lecture. Salazard, le fourbe. Godric, le brave. Rowena, la savante. Olga, la bienveillante. Tous ces personnages la fascinaient. Leurs aventures rocambolesques encore plus.

Un cri la fit sursauter, la tirant de ses rêveries.

« Vic' ! »

Elle reconnut la voix de Teddy et tourna la tête vers lui. Il lui adressait de grands signes, l'incitant à le rejoindre. Immédiatement, elle referma son livre dans un bruit sec et se releva. Elle trottina jusqu'à lui, intriguée. En s'approchant, elle nota le sourire malicieux qui étirait ses lèvres et sourit à son tour. Elle adorait ce sourire. Promesse de mille aventures extraordinaires.

Puis, elle remarqua le petit paquet que Teddy tenait sous son bras et son sourire s'élargit. Teddy suivit son regard.

« Une nouvelle potion pour George… », déclara-t-il.

Victoire fronça les sourcils. La dernière fois qu'ils avaient testé une potion pour George et son magasin de Farces & Attrapes, ils avaient fini alités une longue semaine, les sourcils cramés et des pustules sur tout le corps. Victoire grimaça à ce souvenir. Cependant, elle se souvint également que cette semaine n'avait pas été si mauvaise, finalement. Rien n'était jamais mauvais avec Teddy. Elle se rappela leurs prédictions farfelues dans les feuilles du thé servi par Mamie Molly. De leurs interminables parties d'échecs. De leurs fous rires. De leurs rêves concernant Poudlard. Elle sourit. Non, rien n'était jamais mauvais avec Teddy. Même une semaine cloîtrée en chambre, couverte de furoncles.

Et elle saisit la main qu'il lui tendait. Comme à chaque fois. Aussitôt, il l'entraîna à sa suite vers la maison familiale. Ensemble, ils en poussèrent la lourde porte d'entrée, et se précipitèrent vers les escaliers. Mamie Molly les regarda traverser la pièce main dans la main en fronçant les sourcils. Elle les connaissait. Et dans ces moments-là, ils lui rappelaient ses jumeaux facétieux. Cependant, elle ne dit rien, trop occupée à veiller sur le petit déjeuner des petits derniers : Dominique, Louis, James, Fred, Molly et Roxanne.

Victoire monta les escaliers quatre à quatre. Ils passèrent en trombe devant toutes les chambres de l'étage, avant d'emprunter les petites marches qui menaient au grenier. Teddy souleva la petite trappe qui en condamnait l'accès, et elle se faufila la première dans la petite pièce poussiéreuse. Il la rejoignit aussitôt. La Goule s'agita dans un grondement sourd. Ils se dirigèrent vers la petite fenêtre par laquelle filtrait les rayons chauds du soleil, faisant danser dans les airs les particules de poussières. Ils se dissimulèrent derrière un rideau fleuri et coloré, que Victoire avait ramené de France l'été dernier. La Goule s'apaisa rapidement.

Victoire s'assit en tailleur sur le vieux plancher du grenier, s'adossant au mur derrière elle. Elle regarda Teddy et ses lèvres s'étirèrent aussitôt en un sourire. Mi moqueur, mi attendri. Dans la lumière tamisée qui les entourait, ses cheveux verts prenaient des reflets atroces.

« Qu'est-ce que c'est, cette potion ? », demanda-t-elle, intriguée, tandis qu'il versait le contenu de la fiole dans leur vieux chaudron.

« Potion canari, nouvelle version… George m'a dit qu'il fallait d'abord la faire chauffer. », affirma-t-il tout en craquant une allumette.

Victoire risqua un œil à l'intérieur du chaudron. Anxieuse. Inquiète. Impatiente.

La potion, d'un jaune pâle, bouillonna rapidement, puis vira au jaune vif, avant de dégager une épaisse fumée orangée. Elle regarda Teddy. Il affichait un air dépité qui la fit exploser de rire.

Leurs expériences dans ce grenier se terminaient quasiment à tous les coups de la même manière. Par un fiasco. Mamie Molly disait toujours qu'ils finiraient par se tuer avec leurs expériences ridicules. C'était peut-être vrai. Pourtant, Victoire n'y aurait pas renoncé. Pour rien au monde. Parce que Teddy était là, qu'elle adorait son expression en cet instant, à travers la fumée qui les séparait et les ferait bientôt tousser et fuir le grenier à toute vitesse. Le cœur battant. Les membres tremblants. Mais le sourire aux lèvres.

Parce qu'elle adorait ça.

Le suivre dans ses folies.

1er Septembre 2008

Le menton entre les mains, l'esprit encore dans le vague, Victoire regardait son jeune frère engloutir sa bouillie matinale, écœurée. Dominique, à sa droite, pianotait nerveusement sur la table en bois, entre deux bâillements sonores et agaçants. Sous l'injonction de sa mère, Victoire termina en grimaçant son bol de lait devenu tiède. Elle le reposa ensuite sur la table, en un claquement mat, tandis qu'elle jetait un énième coup d'œil à la pendule face à elle.

Dominique et Louis faisaient leur rentrée à l'école moldue aujourd'hui, pour une nouvelle année. Interminable et rébarbative. Mais leur mère était intransigeante à ce sujet. Plus âgée, Victoire ne reprendrait l'école que le lendemain. Non. Si elle s'était levée si tôt aujourd'hui, pour son dernier jour de vacances, c'était pour une toute autre raison.

Son père pénétra enfin dans la pièce et elle fut debout d'un bond. Bill Weasley caressa les boucles auburn de Louis et déposa un baiser sur la joue rebondie de Dominique, avant de se pencher vers elle pour effleurer son front pâle.

« Déjà levée ? », s'enquit-il en fronçant les sourcils.

Victoire leva les yeux au ciel, agacée mais soudain inquiète. Il ne pouvait pas sérieusement avoir oublié ! Elle l'avait harcelé à ce sujet toute la semaine passée. Elle s'apprêtait à rétorquer vertement lorsqu'elle surprit le regard de son père. Inutile. Il serait aux abonnés absents pour quelques minutes, les yeux rivés sur la silhouette parfaite de leur mère. Brillants. Rêveurs. Amoureux.

Victoire, malgré son habitude, ne put s'empêcher d'admirer un instant ce regard. Elle adorait la façon dont son père regardait sa mère. Du plus loin qu'elle se souvienne, il avait eu ce même regard. Toujours.

Bill s'approcha doucement de Fleur et posa sa large main sur sa taille. Elle se retourna immédiatement et lui sourit. Magnifique. Il effleura ses lèvres et Victoire détourna le regard. Presque gênée. Se sentant intrusive dans leur bulle de perfection et de sérénité.

« Alors, les enfants, prêts pour la rentrée ? », lança-t-il finalement, d'une voix enjouée.

Dominique grogna un son indistinct et Louis acquiesça avec enthousiaste. Il était bien le seul à aimer l'école moldue… Victoire sauta sur l'occasion :

« Papa, tu n'as pas oublié ? », lança-t-elle avec espoir.

Bill fronça les sourcils, ne comprenant visiblement pas de quoi elle voulait parler. Victoire soupira, dépitée. Il lui avait pourtant promis.

« Le quai 9 ¾ ! Tu m'avais promis ! », s'exclama-t-elle, ne parvenant même pas à dissimuler l'agacement de sa voix.

Les yeux bleus de son père s'agrandirent légèrement et elle soupira de soulagement.

« Le quai 9 ¾ ! », s'écria-t-il. « Bien sûr ! »

« Bien sûr ! », souffla ironiquement Victoire.

Un froncement de sourcils de sa mère à son encontre lui fit aussitôt baisser les yeux. Elle sentit son père s'asseoir près d'elle.

« Laisse-moi juste le temps de boire un café, tu veux… », fit-il en se servant un morceau de pudding.

Elle acquiesça sagement en levant les yeux vers lui. Comme toujours, elle admira les reflets de ses cheveux flamboyants, pareils à ceux de sa tante Ginny. Bill reposa sa tasse vide au bout de quelques minutes. Au claquement sec du verre contre le bois de la table, Victoire se leva d'un bond, l'excitation du moment reprenant ses droits lorsque son père s'approcha d'elle. Elle eut juste le temps de faire signe à sa mère avant que la pièce ne se mette à tournoyer sous ses yeux. Ils atterrirent en douceur sur le quai bondé de monde en ce jour de rentrée scolaire.

« Je te récupère ici dans une heure… », lança Bill en se penchant vers elle pour déposer un baiser sur sa joue. « Tes oncles et tantes ne vont pas tarder. », ajouta-t-il avant de disparaître dans un craquement sonore.

Victoire arpenta aussitôt le quai bruyant, se frayant un passage entre les étudiants, leurs bagages et leurs familles. Elle aperçut rapidement la chevelure flamboyante de sa tante, aux côtés de celle, sombre et désordonnée, de son oncle Harry. Près d'eux, des mèches de cheveux aux vifs reflets violets la firent sourire. Elle courut vers eux en appelant son prénom.

« Teddy ! »

Il fit brusquement volte-face et elle croisa son regard de miel. Dès qu'il la vit, ses cheveux virèrent au bleu turquoise. Vif. Lumineux. Le sourire de Victoire s'agrandit. C'était sa couleur préférée. Sans aucun doute.

Elle parvint enfin à sa hauteur, se laissant cajoler quelques minutes par sa tante visiblement surexcitée.

« Tu es venue… », souffla Teddy.

Elle acquiesça.

« J'avais promis. », rappela-t-elle. « C'est le grand jour, hein ? », lança-t-elle, enthousiaste

Les yeux de Teddy pétillèrent un instant avant qu'il ne détourne la tête. Elle remarqua alors ses lèvres pincées et le léger froncement de ses sourcils. Elle lui prit la main et la serra dans la sienne. Il lui sourit, crispé. Soudain, le klaxon strident de la locomotive retentit, les faisant tous les deux sursauter. Les extirpant de leur bulle.

Ginny pressa Teddy vers le Poudlard Express, et Victoire les suivit, tenant toujours la main de Teddy dans la sienne. Fermement. Entrelaçant ses doigts aux siens et la serrant à intervalles réguliers. Arrivé devant le wagon, Teddy se retourna pour étreindre Harry et Ginny. Puis elle. Elle lâcha alors sa main et le serra contre elle. De toutes ses forces. Il allait lui manquer. Terriblement. Leurs rires. Leurs jeux. Leurs expériences dans le grenier du Terrier. Leur complicité. Leurs parties de Quiddicth sur la plage. Victoire sentit sa lèvre inférieure trembler dangereusement et la mordit aussitôt. Violemment.

« Ca passera vite, Vic' ! Et nous serons bientôt tous les deux à Poudlard ! », murmura Teddy contre son oreille. Sur un ton empli de promesses. De mille promesses. Elle eut un pauvre sourire.

« Tu vas me manquer… », fit-elle d'une voix tremblante.

Teddy sourit et il lui sembla que ses cheveux prenaient une teinte encore plus vive.

« Tu me manqueras aussi ! », affirma-t-il en plongeant ses yeux dans les siens.

Elle se délecta comme toujours de son regard de miel et d'ambre. Pailleté d'or. Doux. Magnifique.

Et puis, il monta dans le train. Mais elle ne put détacher son regard de lui. Penché à la fenêtre, il faisait de grands signes à Harry et Ginny. La tête haute, le regard fier, le sourire aux lèvres et les cheveux étincelants. Victoire l'avait rarement trouvé aussi beau qu'en cet instant. En cet instant où il s'en allait vers Poudlard pour la première fois.

Elle resta longtemps sur le quai, sans le quitter des yeux. Jusqu'à ce que le train disparaisse dans le lointain et la brume londonienne.

Elle s'imprégna de ses yeux pétillants, de son sourire malicieux et de la couleur exacte de ses cheveux. Gravant cette image dans sa mémoire.

Et elle ne put s'empêcher de l'admirer.

2 mai 2012

La salle commune des rouge et or résonnait de rires et d'éclats de voix joyeux. Victoire parcourut la salle confortable et chaleureuse du regard. La soirée était déjà bien avancée. Elle saisit un verre de jus de citrouille sur l'une des tables débordant de victuailles et y trempa les lèvres, s'imprégnant de la gaité ambiante. Cette ambiance lui rappelait les réunions familiales du Terrier. Animées. Joyeuses. Bruyantes.

Du coin de l'œil, elle aperçut Lilah Londubat adresser quelques mots à Sean Finnigan, rougissant à vue d'œil. Aussi timide et maladroite que ses deux parents réunis. Un léger sourire vint étirer les lèvres de Victoire. Lilah en pinçait pour Sean Finnigan depuis leur entrée à Poudlard, presque deux ans auparavant. Elle lui fit un petit signe discret et encourageant, auquel son amie répondit d'un sourire crispé, avant que ses yeux ne se remettent à parcourir la pièce. Machinalement. A sa recherche. Pour constater qu'il n'était pas là.

Victoire soupira. Teddy détestait cette journée et les festivités qui l'accompagnaient. Cependant, quoi de plus normal ? C'était aussi le jour de la mort de ses parents. Il n'y avait rien à fêter là-dedans. Il l'avait dit lui-même. C'était aussi le jour de son anniversaire. Et elle le regrettait. Souvent.

Elle se fraya un chemin au travers des Gryffondors surexcités, et sortit de la salle commune. Le tableau de la Grosse Dame pivota sur lui-même, lui ouvrant le passage, avant de se refermer aussitôt qu'elle fut sortie, la plongeant soudainement dans un silence inattendu. Les bruits de la fête ne lui parvenaient plus que feutrés, étouffés. Elle frissonna dans le couloir frais et humide, malgré la température printanière de la soirée. Puis, elle dévala les escaliers devant elle, suivant les corridors sombres. Elle passa devant la Grande Salle et longea les cachots lugubres avant de parvenir aux escaliers étroits de la Tour d'Astronomie. Elle était certaine de la trouver là. Elle gravit les marches en colimaçon, et arriva essoufflée au sommet. Près de la fenêtre se tenait une silhouette familière.

« Teddy ! », souffla-t-elle.

Il se retourna et elle put croiser son regard. Peiné. Blessé. Douloureux. Elle serra les poings et alla s'asseoir près de lui. Elle lui prit la main et la serra doucement dans la sienne.

« Tu pouvais rester à la fête, Vic'… », dit-il d'une voix basse. Où perçait presque une once de reproches.

« Je suis mieux ici ! », assura-t-elle.

Et c'était vrai. Elle était mieux ici. Près de lui.

Elle leva les yeux vers le ciel étoilé de printemps. Magnifique.

Elle ignorait combien de temps elle resta là, frissonnant légèrement sous l'air frais de la nuit, blottie contre Teddy, sa main dans la sienne. Jusqu'à ce qu'il se lève et l'entraîne derrière lui, regagnant leurs dortoirs. Mais lorsqu'ils passèrent devant la Grande Salle, les yeux félins de Miss Teigne les toisèrent avec intérêt. Ils se figèrent aussitôt, comme pétrifiés par son regard torve, et Victoire laissa échapper un léger gémissement lorsque la chatte se mit à miauler bruyamment.

Teddy tenta bien de l'entraîner à sa suite, dans une tentative de fuite désespérée mais déjà les pas du vieux concierge résonnaient dans le couloir. Il braqua sa lampe à huile sur leurs visages, les faisant violemment cligner des yeux sous le contraste de luminosité.

« Eh bien, eh bien, eh bien… », jubila Rusard de sa voix grinçante. « On s'octroie une petite escapade nocturne, mes mignons ? »

Victoire se rapprocha imperceptiblement de Teddy, grimaçant sous l'haleine putride du Cracmol et cillant sous son regard perçant.

« Voilà qui va vous valoir une heure de retenue chacun ! », poursuivit le concierge avec un sourire édenté.

Aucun d'entre eux ne protesta. Victoire leva les yeux vers Teddy et le même léger sourire vint jouer sur leurs lèvres. Une heure de retenue avec Teddy n'en était pas vraiment une… Sa main chercha la sienne à tâtons, la trouva et la serra, complice. La tristesse avait presque déserté ses yeux dorés.

Et Victoire se dit que ce n'était pas bien difficile. Elle l'aurait fait des centaines de fois s'il l'avait fallu. Pour retrouver son regard pétillant et espiègle. Intact.

Le réconforter.

17 novembre 2014

Le poing de Fréderic Goyle atteignit son menton de plein fouet, la faisant dangereusement vaciller. Elle tomba lourdement sur le sol, dans une gerbe de boue, s'égratignant les mains sur les gravillons de la Grande Cour. Hébétée. Etourdie. Elle croisa le regard bête et inexpressif de Goyle qui la toisait de toute sa hauteur. Ses joues rebondies, son perpétuel air hagard. Sa lourdeur imposante. Une brute. Une brute épaisse.

Sa mâchoire, d'abord engourdie, commençait à se faire douloureuse, fourmillant de mille petites aiguilles. Un sifflement de rage lui échappa et elle se releva d'un bond. La tête lui tourna un instant, mais elle resserra fermement ses poings, abattant tout d'abord, sa main gauche sur la joue de Goyle, échappatoire à sa colère, avant de raffermir sa prise sur sa baguette, lui lança un sortilège de Chauve-Furie si puissant que sa tante Ginny aurait à coup sûr applaudi, ravie, si elle avait été présente.

Après avoir observé quelques secondes le Serpentard se démener en gémissant contre son sort, elle effleura sa mâchoire douloureuse du bout des doigts avant de chanceler. Elle entendit des pas précipités sur le gravier et deux bras se refermèrent autour d'elle avant qu'elle n'atteigne une nouvelle fois le sol humide. Deux bras forts. Solides. Chauds et réconfortants. Une étreinte dans laquelle elle s'était blottie des dizaines de fois. Et qu'elle aurait reconnu entre mille. Teddy.

Elle rencontra le regard d'ambre liquide qui la couvait, inquiet, et soupira, se laissant envahir par sa douce chaleur. Teddy lui sourit, visiblement amusé.

« Joli sortilège… », lança-t-il.

Elle voulut sourire à la pointe d'admiration qui perçait dans sa voix, mais la douleur l'en empêcha. Elle grogna et grimaça tandis qu'il la serrait un peu plus contre lui.

« J'ai toujours dit que tu étais trop impulsive, Vic'… », ajouta Teddy, moqueur.

Elle lui jeta un regard noir mais se figea immédiatement lorsque ses doigts vinrent effleurer son menton. Doux. Presque analgésiques. Au loin, elle distingua vaguement les cris du professeur McGonnagall, visiblement furieuse, et lutta pour garder les yeux ouverts. En vain.

Teddy la serra contre lui avant de la soulever de terre. Elle agrippa un instant son pull rouge et or avant de sombrer dans une inconscience confortable. Bienfaitrice.

Lorsqu'elle reprit conscience, ce fut la douleur qui l'assaillit en premier. Sa mâchoire irradiait d'une douleur incandescente. Lancinante. Insupportable. Cet abruti de Goyle…Elle aurait sa peau !

Une odeur aseptisée vint ensuite lui chatouiller les narines. Elle ouvrit les yeux. Trop brusquement. La lumière vint frapper ses pupilles trop sensibles et elle referma brusquement les paupières, aveuglée.

Elle poussa un gémissement de dépit. Elle détestait l'infirmerie. L'odeur des plantes fraîchement cueillies. Les lits aux draps immaculés parfaitement alignés. L'empressement insupportable de Mrs. Pomfresh et son regard bienveillant. Elle crispa les poings, en proie à une vague d'angoisse. Elle détestait vraiment cet endroit.

Et puis, à quelques mètres de son lit, lui sembla-t-il, elle entendit les intonations d'une voix familière. Chaude. Réconfortante. Une voix qu'elle aurait reconnu entre toutes. Et elle soupira de soulagement, se concentrant sur la voix calme de Teddy. Qui effaça presque aussitôt la sensation des draps rêches sous ses doigts. L'odeur âcre des mandragores flottant dans l'air. Et même la douleur lancinante de sa mâchoire. Elle n'avait besoin que de cela pour se sentir mieux.

L'entendre.

03 mars 2015

Excitée, Victoire pénétra dans le stade, le cœur battant et les mains moites dans ses gants rouge et or. Comme la grande majorité des sorciers, elle adorait le Quidditch. Vraiment. Au-delà du sport en lui-même, exceptionnel, c'étaient les souvenirs qu'il lui rappelait qu'elle affectionnait.

Elle se souvenait des matchs des Canons aux côtés de son oncle Ron. Le teint de ce dernier virant immanquablement au cramoisi au fur et à mesure du match. Ses invectives hilarantes à l'encontre des joueurs adverses. L'odeur âcre mais délicieuse de la bière flottant dans les travées étroites du stade.

Elle se souvenait des matchs de la Ligue Européenne vus en France. Du regard triomphant de sa mère envers son père lors de la victoire de ses compatriotes. De l'éclat éblouissant du soleil méditerranéen dans ses cheveux d'or.

Elle se souvenait des matchs des Harpies de sa tante Ginny, de sa flamboyance sur le terrain. Des encouragements assourdissants de son oncle George. Des gémissements de Mamie Molly lorsqu'un Cognard la frôlait de trop près. Du soupçon de fierté dans les yeux de Papy Arthur. Et de l'éclat incomparable du regard émeraude d'Harry.

Elle se souvenait encore de la dernière Coupe du Monde, deux ans auparavant. De la ferveur populaire. Des chants étourdissants. Des grondements du stade. Et des reflets rouges dans les cheveux de Teddy, arborant les couleurs de leur pays. Tous ces souvenirs peuplaient et rythmaient son enfance. Etourdissants. Lumineux. Eblouissants.

Encadrée de Jessica et Lyra, Victoire s'assit au milieu de la tribune réservée aux Gryffondors, resserrant son écharpe écarlate autour de son cou et ajustant ses cheveux sous son bonnet, les y emprisonnant fermement en surprenant le regard de Jared Williams sur elle. Elle bondit sur ses pieds dès que les joueurs des deux équipes pénétrèrent sur le terrain. Tremblante d'excitation. Vibrante d'anticipation. Ressentant malgré elle une pointe d'envie. Malheureusement, elle n'avait guère hérité des facultés familiales dans ce domaine. Pas assez pour jouer à ce niveau, en tout cas.

Julian lui fit un petit signe de la main, auquel elle répondit en souriant. Admirant ses boucles brunes et sa carrure massive. Un délicieux petit ami. Peut-être le meilleur. Pourtant, lorsque le match commença, elle le quitta immédiatement des yeux, son regard se portant sur son capitaine. Elle sourit en remarquant les reflets rouge et or de ses cheveux. Teddy avait toujours eu le souci du détail. Et, comme toujours, elle ne parvint plus à le quitter des yeux. Parce qu'il jouait divinement bien.

Elle se levait à chacun de ses buts, tremblait à chaque passage des Cognards trop près de lui, retenait son souffle à chacune de ses descentes en piqué, applaudissait chacune de ses passes millimétrées. Un instant, elle croisa son regard. Et elle réalisa qu'elle n'était en réalité là que pour une chose. Au-delà du match et de ses enjeux. Au-delà de sa passion pour le Quidditch. Au-delà de l'ambiance électrique et chaleureuse du stade.

Elle n'était réellement dans cette tribune que dans un seul but.

L'encourager.

04 octobre 2016

Pour la énième fois de l'après-midi, Victoire soupira. Lasse. Elle entrouvrit mollement les paupières, rencontrant un morceau de ciel bleu. Le temps était étonnement clément en ce début d'automne. Comme pour la narguer. Elle se redressa lentement, ne faisant même pas semblant de prêter attention aux bavardages de ses amies. Futiles. Inutiles. Inintéressants.

Devant elle s'étendait le lac de Poudlard, aux eaux toujours si sombres. Paisible. Scintillant sous les faibles rayons du soleil. Elle referma les yeux, inspirant profondément l'air doux, embaumant un parfum d'herbe que Rusard venait juste de couper en ce samedi après-midi clément. Elle aurait aimé pouvoir vider son esprit. Retrouver un peu d'allant. De motivation. D'entrain. Elle se concentra un moment sur le clapotis des petites vagues à la surface du lac. Régulier. Apaisant. Pourtant, comme toujours depuis le début de cette année scolaire, le même sentiment s'empara d'elle.

Les conversations de ses amies. La couleur du ciel. Les rayons du soleil illuminant sa peau pâle. Le clapotis du lac près d'elle. Tout ça. Tout ce dont elle avait toujours eu l'habitude et qu'elle appréciait. Tout ça lui apparaissait inintéressant. Fade. Incomplet.

Elle aurait voulu des conversations animées et chaleureuses, ressemblant à celles des réunions familiales. Elle aurait voulu voir un ciel plus bleu s'étendre au dessus de sa tête. Pareil à celui qu'elle admirait souvent les jours d'été au Terrier. Elle aurait voulu un soleil brûlant, éclatant, tel celui de ses dernières vacances en France. Des vagues immenses, au bruit lancinant, recouvrant tout, comme celles de l'océan bordant la maison où elle avait grandi.

Mais qu'est-ce qui clochait à la fin ? Elle ne s'était jamais ennuyée à Poudlard, s'y était toujours sentie chez elle. Sa famille ne lui avait jamais trop manqué, et même lorsque cela avait été le cas, les seules présences de Louis, Dominique, James, Molly ou Albus avaient toujours suffi à l'apaiser. Alors, d'où provenait ce manque, cette insatisfaction permanente ?

Elle soupira longuement, secouant la tête. Espérant une nouvelle fois libérer son esprit de toutes ces interrogations.

« Victoire… », fit la voix de Lyra près d'elle, sonnant comme un avertissement.

Elle suivit le regard de son amie et aperçut un groupe de garçons à quelques mètres d'elles. Les yeux braqués sur elle. Avides. Fascinés. Ensorcelés. Sans doute par le mouvement de ses cheveux quelques instants plus tôt. Elle émit un sifflement agacé et les foudroya du regard. En vain. L'ascendance qui coulait dans ses veines était malheureusement bien indépendante de sa volonté. L'un d'eux osa même un pas dans sa direction. Elle saisit brusquement le bonnet qu'elle gardait toujours dans son sac et, entortillant rapidement ses cheveux sur le haut de son crâne, les y dissimula, rompant le charme.

Puis, récupérant son sac, elle se leva et prit la direction du château, passant devant le groupe perturbateur la tête haute. Glaciale. L'idée d'imiter sa jeune sœur et de couper ses cheveux le plus court possible lui traversa une nouvelle fois l'esprit. Mais, comme toujours, elle repoussa la solution radicale adoptée par Dominique.

Le contraste de lumière et de température lorsqu'elle pénétra dans le château humide la fit plusieurs fois cligner des yeux et frissonner, avant qu'elle n'accélère le pas en entendant non loin d'elle le caquètement moqueur de Peeves, qui lui provoqua sans raison un nouvel accès de nostalgie. Elle erra un moment au hasard dans le château, laissant aller ses pas, pour finalement se retrouver devant les marches interminables de la Tour d'Astronomie. Elle hésita un instant avant de les gravir.

Parvenue dans la Tour déserte, elle s'assit sur le rebord de la fenêtre et observa distraitement le Parc bondé d'élèves rieurs et oisifs. Les enviant. Elle songea que c'était sans doute la première fois qu'elle venait ici sans Teddy.

Et se figea aussitôt à cette pensée.

Et soudain, tout devint clair. Evident. Cette sensation qui l'envahissait depuis le début de cette année à Poudlard, ce manque. Ce n'était pas le manque de quelque chose. C'était le manque de quelqu'un. Le manque de lui.

Elle aurait souhaité des conversations animées comme celles du Terrier à Noël, lorsqu'elle plongeait son regard dans la douceur du sien. Elle aurait voulu un ciel aussi bleu que celui qu'elle apercevait depuis le grenier poussiéreux du Terrier alors qu'il était à ses côtés. Un soleil aussi éclatant que celui leurs dernières vacances ensemble. Des vagues aussi démontées que celles de la plage où ils avaient l'habitude de jouer au Quidditch ensemble. Elle aurait voulu entendre l'imitation parfaite des gloussements de Peeves sortant de sa bouche et éclater de rire à ce son.

C'était lui. C'était lui qui lui manquait.

Et de toute sa paisible et confortable existence, c'était de loin l'expérience la plus difficile qu'elle ait eu à vivre.

Le languir.

10 février 2017

Un crissement de pas vint troubler le silence matinal du Terrier et lui fit lever la tête de son devoir de Métamorphose. Adossée contre le vieux mur de bois, elle tira le rideau aux couleurs fanées la séparant de la petite fenêtre afin de regarder à travers la poussière et la buée de cette dernière. Tout d'abord, elle ne vit que l'étendue immaculée du jardin, se confondant avec le ciel bas et gris. A l'aide de la manche de son pull, elle essuya la buée de la fenêtre et plissa les yeux afin d'apercevoir le visiteur matinal. Son cœur rata un battement avant de repartir en folles embardées. Et elle s'accroupit brusquement de peur qu'il ne l'aperçoive.

Elle hésita longuement, se mordillant la lèvre inférieure jusqu'à ce qu'un léger goût de sang n'envahisse sa bouche. Bien sûr, elle mourrait d'envie de dévaler les escaliers et de se jeter dans ses bras mais… Le souci résidait dans ce mais. Car, justement, depuis quelques mois, il y avait ce mais. Alors qu'il n'avait jamais existé auparavant. Pas avec Teddy. Elle secoua brusquement la tête. Exaspérée. Elle devenait aussi idiote qu'Iris Finnigan ! A cette pensée, elle bondit sur ses pieds et descendit quatre à quatre les marches la séparant du rez-de-chaussée.

Mais lorsqu'elle parvint à la cuisine surchauffée, sa grand-mère s'y trouvait seule.

« Teddy ? », lança-t-elle, essoufflée.

Mamie Molly lui lança un regard étonné avant de répondre.

« Tu viens de le rater, Victoire… Il passait juste prendre le petit-déjeuner avant de se rendre à son école. Sa gourmandise le perdra ! »

Elle avait à peine entendu la fin de la phrase qu'elle se précipitait à l'extérieur. Le froid lui piqua la peau, et la fit frissonner. Elle entendit sa grand-mère lui crier de mettre un manteau mais la porte claqua dans son dos alors qu'elle s'élançait dans la neige fraîche, suivant les empreintes de pas laissées quelques secondes plus tôt par Teddy. Elle le rattrapa au coin de l'allée. Soulagée. Elle avait vraiment failli être aussi bête qu'Iris Finnigan. Elle admira sa haute taille et sa carrure qui s'élargissait un peu plus à chaque fois qu'elle le revoyait. Elle grimaça en remarquant ses cheveux aux teintes fades et ternes.

Un sourire malicieux vint bientôt jouer sur ses lèvres tremblantes et elle se baissa pour ramasser une poignée de neige qu'elle tassa entre ses doigts. Avant de la jeter de toutes ses forces droit devant elle. Et d'éclater de rire avant même que la boule de neige n'atteigne son but. Teddy se retourna, hagard, sa baguette levée, et son rire se tarit aussitôt. Le souffle court, elle redécouvrit ses lèvres pleines, son nez légèrement retroussé, son air concentré. Et croisa à nouveau son regard, le cœur battant. Plus beau, plus étincelant que jamais. Semblant la transpercer de sa douceur. Elle pinça les lèvres et respira profondément, l'estomac inexplicablement noué. Jusqu'à ce qu'il fasse un pas vers elle. Rapide. Prédateur. Elle sourit à nouveau et détala dans le jardin recouvert de neige, Teddy sur ses talons.

Elle esquiva une première boule de neige, puis une deuxième, avant de glisser sur une plaque de verglas et d'atterrir la tête la première dans un amoncellement de neige fraîche. Teddy appela son prénom et son esprit se délecta du son de sa voix, tandis que ses mains la retournaient sur le dos, extirpant son visage de la poudreuse. Tandis que s'étouffant de rire, elle recrachait des flocons de neige.

« T'es vraiment une grande malade, Vic' », lâcha Teddy, un sourire dans la voix. « Mais je suis content de te revoir. »

Le sourire de Victoire fut si éclatant à ces mots qu'elle en eut mal aux joues. Pourtant, il s'élargit encore lorsqu'elle remarqua que les cheveux de Teddy avaient viré au bleu turquoise. Vifs. Etincelants.

Tremblante, elle leva sa main aux doigts rougis par le froid et la glissa dans les mèches chatoyantes. Teddy se figea à ce contact et leurs visages se rapprochèrent imperceptiblement. Leurs souffles se mêlèrent, créant une buée dense entre leurs deux bouches. Les yeux perdus dans ceux de Teddy, Victoire était tétanisée. Comme paralysée par leurs éclats d'or pur. Et puis, sans même qu'elle l'ait vraiment voulu, elle approcha encore un peu plus son visage. Instinctivement. Irrésistiblement. Et ses yeux s'élargirent lorsqu'elle constata que Teddy l'imitait. Ils étaient si proches. Si proches. Plus qu'ils ne l'avaient jamais été. Ou alors différemment. Son nez frôla celui de Teddy et elle se mordit la lèvre.

« Victoire ! Ton manteau et ton bonnet ! », hurla Mamie Molly depuis le perron, les faisant sursauter. Brisant le charme.

Elle inspira profondément et sourit à nouveau. Avant de serrer Teddy contre elle.

« Moi aussi, je suis contente de te revoir. », murmura-t-elle à son oreille. Si doucement qu'elle ne fut même pas sûre qu'il l'ait entendu.

Puis, elle se redressa et regagna la maison en courant, couvée par le regard furieux de sa grand-mère. Arrivée sur le perron, elle fit volte-face, et observa un instant la silhouette de Teddy qui s'éloignait à nouveau dans l'allée. Son cœur se serra à cette vision. Parce que finalement, il y avait bien plus difficile que de le languir :

Le retrouver.

26 aout 2017

Allongée dans l'herbe grasse et moelleuse du sous-bois, Victoire savourait le silence l'entourant. Elle aimait le calme. Et avait finalement réussi à fuir l'agitation du Terrier, bourdonnant des préparatifs pour l'anniversaire de Dominique et grouillant de monde. L'anniversaire de sa sœur était chaque année l'occasion pour les Weasley de se réunir une dernière fois au grand complet avant la rentrée à Poudlard pour la plupart des enfants de la famille. Mais si elle appréciait la soirée et le long repas animé et joyeux, Victoire n'aimait pas se mêler aux préparatifs. Le stress de sa grand-mère. La rigueur de sa mère. L'excitation de son grand-père. Les cris de ses cousins les plus jeunes. Tout ça la mettait en boule.

Elle soupira de bien-être lorsqu'un rayon de soleil vint caresser son visage et se tortilla légèrement afin que ses pieds atteignent le petit ruisselet d'eau fraîche qui traversait la clairière. Soudain, elle se tendit au son de pas se rapprochant de la clairière. Sa main se referma sur sa baguette posée à ses côtés et elle allait se redresser lorsqu'elle reconnut les pas légers et réguliers. Ses doigts relâchèrent le bout de bois et elle sourit légèrement.

Il ne tarda pas à arriver près d'elle et, les yeux à peine entrouverts, elle observa sa silhouette à contre-jour à travers ses cils. Elle le sentit hésiter un moment et n'osa pas bouger. De peur de le dissuader d'approcher. Enfin, il fit un pas en avant et s'étendit près d'elle.

Son sourire s'élargit et elle se tourna vers lui, ouvrant les yeux pour rencontrer les siens. Se perdant dans les reflets qu'elle adorait. Teintant les moindre de ses souvenirs. De ses plus beaux souvenirs.

Soudain, elle sentit sa main se poser sur sa hanche dévoilée par son tee-shirt froissé et se figea. Frissonnant de ce contact. Ce simple contact. Le premier de ce genre. Le souffle court, elle ne le quittait pas des yeux. Craintive. Mais impatiente. Le cœur battant. Tambourinant.

Teddy remonta sa main le long de sa hanche, passant sur le creux de sa taille. Repoussant son tee-shirt pour suivre ses côtes. Déclenchant une série de frissons qu'elle aurait voulu pouvoir contrôler. Alors qu'elle sentait pulser plus que jamais son ascendance vélane dans ses veines. La main de Teddy glissa dans son dos et la rapprocha brusquement de lui, lui coupant le souffle un instant. Avant qu'il ne reprenne, désordonné, face aux sensations qui l'envahissaient au contact de son corps si proche du sien. Si proche.

Elle bougea légèrement et ses mamelons durcis et soudain trop sensibles frottèrent délicieusement contre le tissu rêche de son tee-shirt, écrasés contre le torse de Teddy. Elle retint un gémissement et son sang sembla bouillonner tandis qu'elle perdait le contrôle. Totalement.

Elle entremêla ses jambes à celles du jeune homme, le rapprochant d'elle plus encore. Une mèche de ses cheveux dorés vint jouer devant ses yeux et elle remarqua qu'ils semblaient scintiller sous le soleil. De même que la peau blanche de ses bras. Comme lorsque sa mère s'approchait parfois trop près de son père ou l'embrassait trop longtemps.

Elle ferma les yeux et ses mains tirèrent sur son tee-shirt, le remontant légèrement afin de pouvoir se glisser dessous. Avides. Enfin, elle entra en contact avec sa peau douce. Dorée. Effleurant du bout des doigts son nombril avant de suivre les contours de ses abdominaux, redessinés par sa formation d'Auror. Remontant vers son torse. Se délectant de sa fermeté.

Il glissa une main dans ses cheveux et elle étouffa un nouveau gémissement. Elle renversa la tête en arrière s'enivrant de son odeur tandis qu'il posait ses lèvres dans son cou. Cette odeur si familière. Si entêtante. Si grisante. Elle s'agrippa à son dos musclé. Haletante. Faisant courir ses mains sur les muscles de ses épaules.

C'était absolument délicieux. Bien plus que tout ce qu'elle avait pu imaginer.

Le toucher.

27 août 2017

Furieuse, Victoire se leva dès les premières lueurs de l'aube, n'ayant pas fermé l'œil de la nuit. Ressassant la scène de la veille. Encore et Encore. Inlassablement.

Le souvenir des caresses de Teddy lui brûlait encore la peau. Lui arrachant des frissons incontrôlables qui la mettaient encore plus hors d'elle. Et puis, elle le revoyait se figer et partir.

Fuir.

Au plus profond d'elle-même, elle était blessée. Terriblement. Etait-elle si dégoutante ? Ses origines vélanes étaient-elles si détestables ? Pourtant, Teddy n'avait jamais paru s'en plaindre au fil des années. Peut-être parce qu'il n'avait jamais imaginé se retrouver dans une telle situation auprès d'elle…

Elle se mordit la lèvre, saisit un tee-shirt et une jupe au hasard et se dirigea vers la salle de bains. Elle jeta un sort d'insonorisation à la pièce, ne souhaitant réveiller personne à une heure aussi matinale. Elle prit une longue douche, tentant de se détendre sous l'eau tiède. Mais inlassablement, et dès qu'elle fermait les yeux, elle revoyait le dos de Teddy et ses cheveux turquoise s'éloigner d'elle à toute vitesse dans le décor verdoyant du sous-bois.

Comme apeuré. Comme s'il avait vu un monstre.

Elle se mordit la langue pour ne pas hurler et le goût du sang vint heurter son palais. Désagréable. Comment avait-il pu ? Comment avait-il osé ?

Elle sortit de la petite cabine de douche et s'habilla rapidement avant de jeter un coup d'œil à son reflet dans le miroir. Elle se mordit aussitôt la lèvre. Ses yeux étaient d'un bleu surnaturel. Effrayant. Semblant dévorer son visage, tandis que ses mèches blondes, comme argentées, voletaient, désordonnées, autour de son visage crispé. Au coin de ses paupières, sur la peau fine et diaphane se dessinaient des sortes d'écailles, révélatrices de son ascendance.

Elle poussa un cri de rage à ce reflet, et les écailles se firent plus prononcées encore. A nouveau, elle sentait la colère bouillonner en elle. Dangereuse. Destructrice. Mais aussi salvatrice.

Car soudain apparut dans son esprit un sentiment nouveau. Inédit. Un sentiment qu'elle n'aurait jamais cru pouvoir ressentir. Pas à son encontre. Non, elle n'aurait jamais cru être capable de ça.

Le détester.

1er septembre 2017

Victoire errait nonchalamment sur le trottoir, dégustant une glace. Caramel. Chocolat. Les arômes sucrés lui chatouillaient le palais, et ravissaient ses papilles. Elle se rapprochait de la Gare de King's Cross et de son agitation à reculons. Comme toujours, elle aurait préféré parvenir à Poudlard sans avoir à passer par le quai bondé et bruyant. Angoissant.

Elle renversa légèrement la tête en arrière, profitant des rayons de soleil matinaux. Regrettant ceux de France, où elle avait passé les trois derniers jours. Sa mère avait accepté qu'elle aille chez sa grand-mère sans poser de questions. Elle n'avait même pas sourcillé en constatant son aspect « écaillé ».

Victoire soupira. La colère était retombée. Mais restait là. Tapie dans le creux de son esprit. Toujours aussi dangereuse. Et la blessure, elle, était toujours béante. Douloureuse.

Elle observa les vitrines des magasins à sa droite. Les moldus avaient décidément de drôles d'idées. A l'approche de la gare, elle s'amusa de tous les souvenirs s'étalant dans les vitrines. Cartes postales. Boules de neige. Pin's. Miniatures. Elle reconnut le Tower Bridge, Big Ben, La Tour de Londres, Buckingham Palace, et même un de ses grands autobus rouges que leur tante Hermione leur avait fait prendre une fois. Elle adorait le Londres sorcier. Mais elle appréciait le Londres moldu. Agréable. Comme venu d'un autre temps.

Elle parvint enfin à la gare et emprunta l'ascenseur menant aux quais, n'ayant pas la moindre envie de traîner sa valise, bien qu'allégée par les sorts de sa mère, dans les interminables escaliers de la gare. Le regard pervers d'un jeune moldu dans l'ascenseur la força à tirer son bonnet de son sac. Aussitôt que ses cheveux y furent dissimulés, il détourna le regard. Victoire soupira. Au-delà de son ascendance, elle se demandait souvent si elle était réellement désirable. L'idée de se couper les cheveux revint à son esprit, plus tentante que jamais.

Elle marcha rapidement jusqu'au quai 9, et jetant un coup d'œil autour d'elle afin de s'assurer que personne ne la regardait, elle s'élança vers le mur de briques rouges entre les quais 9 et 10. Un instant plus tard, elle se trouvait sur le fameux quai 9 ¾. Grouillant de monde et empli d'une excitation toute particulière. Un léger sourire étira les lèvres de Victoire. Elle adorait ce passage secret. Bien sûr, elle aurait pu transplaner, elle venait d'avoir son permis. Mais elle ne se lassait pas de ce mur magique. Nostalgique, sans doute.

Elle s'avança sur le quai, se frayant un passage à travers la foule. S'approchant du train, elle chercha des yeux un visage familier dans la foule d'élèves. Elle avait déjà fait ses adieux à sa famille quelques heures plus tôt. Quand soudain, une voix l'interpella. La dernière qu'elle aurait voulu entendre à cet instant. Elle tourna à peine la tête et lança un regard glacial à Teddy.

« Vic', s'il te plaît. », insista-t-il, suppliant.

Elle aurait voulu le frapper. Elle serra les poings et inspira profondément, s'exhortant au calme.

« Qu'est-ce que tu veux ? », demanda-t-elle sèchement.

« Pour l'autre jour…Je suis désolé… », fit-il.

Elle inspira à nouveau avant de l'interrompre, d'une voix plus aiguë et moins assurée qu'elle ne l'aurait voulu :

« Ecoute, Teddy. C'était les vacances. On…On s'est laissés aller…N'en parlons plus. »

Elle détourna les yeux en prononçant ces mots. Faux. Douloureux.

« Je suis désolé d'être parti. », finit-il.

Elle se figea. Il en profita pour s'approcher d'un pas, et son odeur vint chatouiller ses narines. Tentatrice. Doucement, il approcha sa main, effleurant la sienne du bout des doigts. Elle réprima un frisson, et leva la tête, plongeant dans son regard.

« Qu'est-ce que ça veut dire ? », chuchota-t-elle, la voix tremblante.

« Ca veut dire que je ne partirais plus, Victoire. », affirma-t-il en se penchant vers ses lèvres.

Et elle le laissa faire. Et à la minute où il effleura ses lèvres, la colère disparut. Totalement. Elle crut que son cœur allait traverser sa poitrine tant il pulsait fort à ses oreilles. Et elle répondit à son baiser. Goutant ses lèvres pleines. Assurées. Exigeantes. Machinalement, ses bras s'élevèrent pour l'enlacer et les mains fermes de Teddy agrippèrent sa taille, la rapprochant de lui. C'était délicieux. Absolument. Sensuel. Passionné.

Haletante, elle songea qu'à présent qu'elle avait gouté à ses baisers, elle ne pourrait plus s'en passer. Jamais.

Car c'était de loin la chose la plus agréable qu'elle ait faite.

L'embrasser.

20 décembre 2017

Anxieuse, Victoire arpenta une nouvelle fois le wagon. Sous le regard moqueur de Lyra et celui, agacé, de Jessica. Le paysage se faisait de plus en plus urbain par les grandes vitres du Poudlard Express. Londres approchait rapidement. Trop rapidement.

Elle se laissa retomber sur la banquette moelleuse et, pour la énième fois depuis le début du voyage, passa la main dans ses cheveux. Fraîchement coupés en un carré court. Trop court. Merlin ! Pourquoi avait-elle été si impulsive ?

« Et s'il n'aimait pas ? », répéta-t-elle une nouvelle fois.

« Eh bien c'est qu'il était seulement ensorcelé par ton sang de monstre ! », s'exclama sèchement Jessica, à bout de nerfs.

« Jess ! », la coupa Lyra. « Tout ira bien, Vic' ! Tu es magnifique. », assura-t-elle, rassurante.

Elle acquiesça et se mordilla la lèvre en jouant avec une mèche courte, l'enroulant autour de son index. Nerveuse. Elle imaginait parfaitement la réaction de chacun des membres de sa famille face à sa nouvelle coupe de cheveux. Sa mère se mettrait instantanément à hurler. Son père en rigolerait. Son grand-père sourirait doucement. Sa grand-mère la rassurerait en lui disant que ça lui donnait un style rétro délicieux. Hermione pincerait les lèvres. Et Ginny applaudirait. Oui, elle pouvait prévoir chacune de leurs réactions à tous. Sauf la sienne.

Elle sursauta lorsque le train ralentit puis entra en gare. Lyra et Jessica se levèrent et elle fut bien obligée de les imiter, récupérant sa valise. Elle jeta un coup d'œil à sa montre. Le train avait un peu d'avance. Elle devrait donc sûrement patienter sur le quai. Elle descendit du train à contrecœur, et faillit y remonter aussitôt en croisant son regard ambré.

Elle s'avança pourtant vers lui. Incertaine. Ne sachant pas comment se comporter. Après tout, malgré la multitude de lettres qu'ils avaient échangées depuis, elle ne l'avait pas revu depuis ce fameux premier jour de septembre. Tout naturellement, il posa ses lèvres contre les siennes, l'apaisant aussitôt.

« Tu m'as manqué… », murmura-t-il.

Elle sourit.

« Tu m'as manqué aussi… »

Il leva la main, et un sourire en coin illumina son visage tandis qu'il saisissait une mèche de ses cheveux. Amusé. Elle se mordilla la lèvre, le regard fuyant.

« Ca change…Mais j'aime bien ! », lança-t-il.

Elle soupira aussitôt de soulagement. Il plissa les yeux et son sourire s'élargit.

« Vic', tu n'as pas été te mettre en tête que je t'aimais parce que j'étais ensorcelé par ton sang de vélane ? », argua-t-il, moqueur.

A nouveau, elle détourna le regard. Pourtant, son cœur battait la chamade. Teddy venait de dire qu'il l'aimait. Oh, il le lui avait déjà dit par le passé. Mais pas de cette manière. Pas sur ce ton, ni avec ce regard. Elle lui offrit un sourire éclatant.

« Non. Bien sûr que non ! », mentit-elle. Effrontément.

Il haussa un sourcil, pas dupe et elle éclata de rire. Sans raison. Juste parce qu'elle était heureuse. Elle glissa sa main dans les cheveux turquoise de Teddy et l'attira à elle, l'embrassant passionnément.

C'était facile. Naturel. Evident. Depuis toujours.

Et elle avait la vie devant elle.

Pour l'aimer.