Terroriste

Résumé : Je suis Akasuna no Sasori, et je vais vous raconter l'histoire d'un terroriste, de mon terroriste.

Disclaimer : Sasori-sama, Dei-chan et tous les autres appartiennent à Kishimoto. En plus, ils sont morts alors... Non, je ne dois pas pleurer... T_T ITACHI TU ME MAAANQUES HAAAN ! (oui c'est du SasoDei mais j'avais besoin de parler d'Itachi. Je n'ai toujours pas fait mon deuil voyez-vous)

Avertissement : Gay, normal ^^ Mais attention, je pense que ça sera très soft si je veux respecter la particularité du corps de Sasori, c'est-à-dire qu'il est insensible donc bon... Pour le cul, c'est pas très pratique tout ça En plus Deidara est mineur donc il n'oserait pas lui sauter dessus comme ça, sérieux... Donc voilà, je crois que je n'écrirai jamais de truc hot, c'est désespérant ;)

SasoDei, quand tu nous tiens :')

Je reste dans l'originalité en commençant par leur première rencontre (Y)

Fic sensiblement plus longue que ma première. Allez, j'suis une dingue, j'me lance '

Awi, j'allais oublier. POV Sasori. J'avais envie, ça ne m'arrive pas souvent d'écrire à la première personne. Innovons.


Je ne comptais maintenant plus les années depuis que j'étais entré dans l'Akatsuki. On pouvait dire que j'avais réussi à me construire une réputation. Entre autres, j'étais le célèbre créateur de marionnettes originaire du village de Suna, le plus grand artiste dans ce domaine et les plus connaisseurs s'arrachaient mes œuvres. J'étais également un criminel de rang S, inscrit dans le Bingo Book et dont les techniques étaient considérées comme allant contre l'éthique et les bonnes mœurs. J'avais tout de même eu raison du troisième Kazekage, cela forçait obligatoirement le respect. Même mes confrères criminels avaient fini par m'estimer, sinon me craindre. Apparemment, l'âge et les faits d'armes m'avaient donné un certain statut au sein de l'Organisation.

Cependant, nous fonctionnions par binômes et le mien, de binôme, avait décidé de se faire la malle pour voler de ses propres ailes (quoique le seul de nous deux qui eût des ailes fut moi-même). Depuis la désertion d'Orochimaru donc, j'étais seul, et le Chef, Pain, avait tendance à me confier de moins en moins de missions, considérant que ma solitude pouvait représenter une faiblesse. Et, après tout, si je mettais mon égo de côté, je reconnaissais qu'être seul pouvait se révéler fort problématique, voire handicapant. J'avais donc, au cours des dernières réunions, mentionné à plusieurs reprises mon souhait de trouver un remplaçant à ce damné Orochimaru.

Un beau jour, Pain entendit mon caprice et m'informa qu'il m'avait trouvé le partenaire idéal. Néanmoins, il me conseilla d'attendre quelques jours avant de le rencontrer, le temps qu'Itachi Uchiwa, un autre membre de l'Akatsuki, le « dresse ». Je fus un peu surpris par ce terme qu'il employa alors, mais après tout, ce n'était pas mon problème. J'allais pouvoir repartir à la chasse aux Jinchuuriki et c'était tout ce qui importait. Après, que cet Uchiwa fasse des misères à mon futur coéquipier, cela ne me faisait ni chaud ni froid. En fait, il serait utile de préciser que rien ne me faisait ni chaud ni froid, j'étais quelqu'un de somme toute assez stoïque. On me connaissait pour mon inexpressivité et mon cruel manque de compassion. On ne s'étonnera donc pas de mon indifférence à l'égard de la douleur d'autrui.

Quelques jours plus tard, trois pour être exact, Itachi vint lui-même jusque mon atelier pour me présenter mon nouveau collaborateur. J'étais relativement curieux de découvrir quel genre de personne c'était et j'espérais au fond de moi avoir affaire à quelqu'un qui connaissait son boulot. Lorsque j'ouvris la porte, je me trouvai nez à nez avec l'Uchiwa et son éternelle mine de déterré, accompagné par une petite personne aux longs cheveux blonds, le regard vide et les bras ballants.

- Bonjour Sasori-sama, me salua le brun en s'inclinant légèrement.

- Uchiwa… Qu'est-ce que c'est que ça ? demandai-je en désignant l'autre d'un signe de tête.

- Votre coéquipier, naturellement.

Je me penchai en avant, un peu gêné par la carrure d'Hiruko :

- C'est normal qu'il soit catatonique ?

Itachi prit un air ennuyé :

- Il a été plus résistant que prévu, j'ai été contraint d'y aller un peu fort.

Je passai une main devant son regard vide. Aucune réaction.

- T'es cinglé ou quoi ? m'énervai-je, oubliant la politesse. Tu es sérieux quand tu m'amènes une dépouille pareille ? Tu me l'as complètement cassé !

Sans s'étonner du terme assez matériel et puéril que j'avais employé, Itachi rétorqua avec humeur :

- Vous avez un faible pour les pantins, non ? Eh bien celui-là sera malléable à souhait maintenant que j'en ai terminé avec lui.

- C'est un garçon ?

- Bien sûr, pourquoi je dirais « il » depuis tout à l'heure, sinon ?

Tout à coup, le gamin eut l'air d'avoir un malaise. Il chancela puis tomba en avant, comme au ralenti. Puisque le glaçon d'Uchiwa ne fit pas un geste pour le rattraper, je me chargeai moi-même d'interrompre sa chute en le prenant dans mes bras (ceux d'Hiruko en l'occurrence). Je plissai les yeux de colère :

- Dis donc Uchiwa, ton petit frère ne doit pas être beaucoup plus jeune que ce gosse, n'est-ce pas ?

Mon interlocuteur se raidit à l'évocation de son jeune frère. Son point sensible, et je le savais parfaitement.

- Oui, pourquoi ?

- Tu n'aurais pas reporté toute ta frustration et ta haine sur lui éventuellement ? Non parce que ça ressemble plus à de l'acharnement qu'autre chose à ce point-là ! sifflai-je d'un ton méprisant.

Il serra les poings et je sentis qu'il faisait un effort monumental pour se contrôler. Il me tendit une pochette en lançant :

- Il aura besoin de ça.

Puis il s'inclina rapidement et disparut aussitôt. Je l'avais mis en colère, bien fait pour lui. Les types capricieux comme lui, il fallait bien que des gens s'occupent de les remettre à leur place. Et croyez moi, peu de gens pouvaient se vanter de pouvoir remettre un Uchiwa à sa place, surtout celui-là.

Bon, avec tout ça je me retrouvais avec un adolescent sur les bras, au sens propre d'ailleurs. Je rentrai dans mon humble demeure qui se résumait à mon atelier, une salle de bain et une chambre/cuisine que je n'utilisais jamais. Lorsque j'opérais avec Orochimaru, nous habitions chacun dans des lieux différents et nous nous retrouvions uniquement pour nos missions. Je ne savais pas si cet enfant avait une maison, mais pour le moment il n'était pas vraiment en état de me le dire. Je le déposai donc sur mon lit. N'ayant pas besoin de dormir, j'avais un lit uniquement pour des raisons de confort. J'aimais m'allonger parfois pour réfléchir à mon Art et un lit était assez commode dans ce cas là.

Le temps que mon invité récupère, je retournai dans mon atelier pour travailler sur une nouvelle création. C'était une salle assez vaste, plutôt sombre, et dont tous les murs étaient creusés de casiers où je rangeai avec le plus grand soin mes marionnettes. J'utilisais le système de la morgue, avec des caissons coulissants. Ma collection comptait presque 300 marionnettes, toutes plus puissantes les unes que les autres. J'en étais réellement fier. Je passais un temps fou à les entretenir mais, après tout, avec mes nuits blanches, du temps j'en avais à revendre.

D'ailleurs je ne le vis pas passer, le temps, et le bruit de la porte qui s'ouvrait me tira de mon ouvrage. Je me redressai et me retournai vers l'origine du bruit. Le gamin s'était levé et il restait planté à l'entrée de mon atelier, la main sur la poignée, bouche bée.

- Bien dormi ? grognai-je maladroitement.

- Hn…

J'ai pensé qu'il avait du mal à s'exprimer à cause de ce que lui avait fait subir Itachi. Mais un peu plus tard je m'apercevrais que c'était surtout un tic de langage. Soudain, je me rendis compte que je ne connaissais même pas son nom :

- Je suis Akasuna no Sasori. On t'a parlé de moi ?

Le garçon acquiesça faiblement.

- Et toi, comment tu t'appelles ? tentai-je d'un ton que j'espérais avenant.

- D… Dei…dara.

- Deidara ?

Il hocha la tête à nouveau. Ma parole, il était vraiment mal. Maudissant l'Uchiwa, je me levai pour m'approcher de lui. Il eut un mouvement de recul. Je pouvais en effet comprendre que Hiruko puisse sembler un tantinet impressionnant de part sa forme un peu… inhumaine. Bah, il devrait bien s'y habituer de toute façon, autant commencer tout de suite.

- Tu viens d'où, dis-moi ?

Il sembla réfléchir puis, l'air perdu, il secoua la tête, comme s'il avait oublié. Pauvre gamin. Un gargouillement sonore s'éleva depuis son estomac. Merde, j'avais oublié que les gens normaux mangeaient… Cela allait être assez problématique étant donné que, à cause de ma misanthropie aiguë, j'avais élu domicile dans un endroit du pays du vent éloigné de toute civilisation.

- Tu peux marcher ?

Il me regarda de ses grands yeux bleus avant de hocher positivement la tête.

- Bon. On va aller manger à l'extérieur, indiquai-je d'un ton bourru.

Si on m'avait dit que je ferais du baby-sitting !

A cause de son état, il ne marchait pas bien rapidement donc nous mîmes un certain temps à atteindre le premier village. Je faisais mon maximum pour ravaler mon impatience et maîtriser mon agacement, pour ne pas le brusquer encore plus. J'étais peut-être inhumain, mais il me restait un semblant de cœur, et je n'aimais pas la méchanceté gratuite. Surtout envers un gamin. Itachi était vraiment un sale type*.

Nous nous arrêtâmes chez un spécialiste des ramens. Tous les enfants aimaient les ramens, c'était bien connu. Je commandai un grand bol pour lui et rien pour moi, évidemment. J'avais déjà essayé de manger sous ma forme de marionnette, eh bien laissez-moi vous dire que le fait de passer un temps fou à me nettoyer les entrailles à la main m'avait dissuadé de recommencer.

Deidara s'empiffra tout son soûl, engloutissant bol sur bol. Il ne l'avait pas nourri l'Uchiwa ? Remarquez, cela ne m'étonnerait pas plus que ça… Lorsqu'il sembla rassasié, il se laissa aller contre le dossier de la banquette où il était assis et promena son regard dans toute la salle en m'évitant soigneusement.

- Ça va mieux ?

- Relativement, marmonna-t-il.

- Ravi de voir que tu as retrouvé la parole.

Il me lança un regard furieux qui me fit réaliser que j'avais peut-être été un peu dur vu la situation.

- Excuse-moi, m'étranglai-je. Je n'ai plus vraiment l'habitude de parler à du monde…

- Votre pote non plus apparemment, répliqua-t-il d'un ton amer.

- De qui parles-tu ?

- Du Sharingan, Uchiwa.

- Oh. Ce n'est pas tout à fait mon « pote » vrai dire…

- Peu importe. C'est un bel enculé. Putain, j'lui en foutrai moi des illusions de mes deux ! Un jour je le ferai exploser, hn.

Accusant son langage coloré, je le repris :

- Exploser ?

Il me défia du regard et me présenta ses mains, bras tendus, paumes ouvertes. A ma grande surprise, elles étaient occupées par deux grandes bouches qui se léchaient les lèvres avec indécence.

- C'est quoi ça ? demandai-je, interloqué.

- C'est mon Art, hn ! s'écria-t-il avec fierté.

Voyant mon incompréhension, il fouilla dans ses poches. Une expression horrifiée se peignit sur son visage :

- Mon argile ? Où est-elle ? Sérieux, qu'est-ce que vous en avez fait bande de connards ?

- Calme-toi, le tempérai-je en posant la pochette que m'avait donnée Itachi sur la table. C'est ça que tu cherches ?

Ses yeux s'agrandirent de reconnaissance et il l'attrapa prestement. Il ouvrit la fermeture éclair et plongea une main dedans. J'entendis un bruit de mastication assez écœurant puis il ouvrit à nouveau sa main, où se trouvait un petit oiseau d'argile blanche. Trop mignon.

- C'est… Bizarre, commentai-je.

- Attendez, vous n'avez encore rien vu, hn !

Le petit volatile s'envola en battant frénétiquement des ailes, puis il alla se poser sur le comptoir à l'autre bout de la salle. J'entendis le gamin murmurer avec fébrilité :

- Trois, deux, un… BOUM !

Une déflagration souffla complètement le comptoir et une partie de la salle. Les gens se levèrent comme un seul homme et coururent dans tous les sens en hurlant, pris de panique. Une femme couvrit le vacarme par ses cris perçants :

- UN TERRORISTE ! C'EST UNE ATTAQUE A LA BOMBE !

Interdit, je fixai Deidara qui semblait en pleine extase. Je déposai quelques ryos sur la table et l'entraînai au dehors pour ne pas nous faire remarquer. Une fois à l'abri, je lançai :

- Tu es complètement détraqué, ou quoi ? Tu te rends compte que tu as sans aucun doute tué des gens ?

- Bah quoi, ne me dites-pas que vous n'avez jamais tué personne, avec votre dégaine je ne vous croirais pas.

- Parle-moi sur un autre ton, grognai-je avec irritation. Maintenant tu vas m'expliquer pourquoi tu as fait ça.

- Pour l'Art, voyons ! C'est magnifique vous ne trouvez pas ?

- Non, pas vraiment…

- L'Art… Est une explosion ! hulula-t-il d'un air béat.

- Comment tu peux dire ça ? rétorquai-je avec mépris. L'Art doit perdurer dans le temps, s'imprimer dans les années, l'Art est éternité ! Regarde les sculptures, gravées à jamais dans la roche, ne sont-elles pas les témoins de la beauté de l'Art éternel ?

Je m'étais un peu laissé emporter. Mais je ne pouvais pas laisser ce mioche sortir de pareilles abominations !

- Sauf votre respect, hn… Sasori, c'est ça ?

-Pour toi ça sera Sasori no Danna.

- Hein ?

Mon regard terrifiant et ma queue de scorpion qui se balançait derrière moi avec une nonchalance menaçante avaient dû le convaincre que c'était franchement une bonne idée puisqu'il adopta définitivement ce nom :

- Eh bien, Sasori no Danna, je pense que votre vision de l'Art est erronée.

- Voyez-vous ça ?

- Hn, hn, acquiesça-t-il avec arrogance. Après tout, mon Art est aussi une arme. N'est-ce pas la preuve de sa supériorité ? Les statues ne tuent personnes, elles.

Je souris. Il ne le vit pas, évidemment, mais n'empêche. Vérifiant que personne ne traînait aux alentours, je sortis un rouleau d'invocation et appelai une de mes marionnettes. Un hitokugutsu truffé d'armes toutes plus mortelles les unes que les autres et dont j'étais particulièrement fier.

- UUUH ! C'est moche ! C'est quoi ce truc ? s'écria Deidara avec une expression de dégoût prononcé.

- C'est mon Art. Je suis maître marionnettiste. Et tu auras remarqué que, par la même occasion, c'est aussi une arme ultra sophistiquée.

- De l'art, ça ? Mais c'est une poupée !

- Comment oses-tu… ?

Mes doigts bougèrent tous seuls et une pointe suintante de poison vint se placer sous le menton du sale gosse. Pas fait exprès…

- Hé ! s'indigna-t-il. Virez ça de sous mon nez ça me donne la gerbe !

Renonçant à empoisonner ce qui devait me servir de coéquipier, je me contentai de ranger ma marionnette adorée et de lui asséner un coup bien senti derrière la tête, à l'ancienne, avec les petits poings de Hiruko. Enfin, petits, façon de parler.

- On ne va pas s'entendre si tu me contredis sans cesse comme cela.

- Je suis navré, rétorqua-t-il, presque avec condescendance, mais je ne peux pas vous laisser insulter l'Art, aussi puissant que vous soyez. Ces marionnettes sont ridicules.

Je me retins de lui envoyer l'autre poing de Hiruko, en pleine figure cette fois, et me consolai en l'insultant mentalement de tous les noms d'oiseaux qui constituaient mon répertoire. Une fois que je l'eut bien maudit une bonne dizaine de fois, je déclarai plus calmement :

- Eh bien, mon cher Deidara, nous allons devoir faire avec car nous allons passer le plus clair de notre temps ensemble. Itachi t'a expliqué ?

- Itachi ? L'Uchiwa vous voulez dire ?

- Oui.

- Non, c'est Pain, l'espèce de punk, qui m'a tout expliqué. Il me fiche la frousse, hn.

- Si tu tiens à la vie, ne l'appelle pas comme ça en sa présence, me contentai-je de dire. Bon, si tu es au courant c'est parfait. Tu as une maison ?

Il baissa les yeux (enfin, le seul œil qui n'était pas caché derrière ses cheveux) :

- Pas vraiment, hn…

- Et tes parents ?

- Morts…

- Ah…

Un silence gêné s'installa entre nous. J'avais eu comme qui dirait du mal à accepter la mort de mes parents alors ce n'était pas un sujet que j'affectionnais particulièrement. Lui non plus apparemment. Je posai maladroitement une main sur son épaule en grognant :

- Allez, on rentre. Tu n'auras qu'à rester chez moi. Mais avant, on ferait mieux d'aller faire des réserves de nourriture. Je ne cuisine pas, je ne mange pas.

- Vous ne paraissez pas anorexique, remarqua Deidara en toisant Hiruko.

Voyant que je ne répondais pas, il s'empressa d'ajouter :

- Ne le prenez pas mal, ce n'est pas un défaut d'être obè… Hn, un peu enveloppé.

- C'est ça. En tout cas, je ne mange pas, et j'ai mes raisons.

- Vous savez, ce n'est pas très bon comme régime le jeûne… Après on reprend deux fois plus !

- Mais tu vas te taire oui ? Ça ne te regarde pas !

- Bon, bon… Sujet sensible, j'ai compris, hn ! fit-il en levant les mains et esquissant un grand sourire.

Il me faisait rire. Façon de parler, je ne riais jamais. Mais il avait l'air sympathique, malgré ses goûts douteux et ses problèmes mentaux concernant les trucs explosifs.

Le chemin du retour fut nettement plus bruyant qu'à l'aller. Je compris alors pourquoi le pauvre Itachi lui avait cloué le bec une bonne fois pour toutes. Ce n'était pas l'envie qui m'en manquait. Mais quelle pipelette ! Il me raconta toute sa vie, comment il était devenu terroriste, me détaillant chacun de ses gros coups en s'attardant longuement sur les passages explosifs. Puis il me raconta comment Pain l'avait enrôlé de force puis confié à Itachi. Et là ce fut le pire. Il me gratifia d'une longue tirade plaintive sur la brutalité avec laquelle il avait été traité pour ensuite virer sur une description fort imagée de la manière dont il raccourcirait considérablement la durée de vie de notre cher Uchiwa national.

- Le jour où tu réussiras ne serait-ce qu'à effleurer Itachi avec tes petits zozios tu m'appelles, hein ? marmonnai-je.

- Je m'entraînerai, hn ! s'exclama-t-il vaillamment. Et là, couic !

Il fit semblant de se trancher la gorge pour illustrer ses propos, puis il éclata de rire. Personnellement, je ne trouvais pas la perspective de le voir se faire écraser comme un vulgaire insecte par Itachi follement amusante, mais c'était juste une question de point de vue.

Quand nous fûmes enfin chez moi, je partis m'enfermer dans mon atelier tandis qu'il rangeait l'immense quantité de nourriture qu'il avait achetée. Enfin au calme… Je contemplai quelques instants mes marionnettes. Elles n'étaient pas si laides que ça, si ? Enfin, c'était sûr, elles n'avaient pas son visage d'ange ou ses cheveux tous fins mais… Qu'est-ce que je racontais ? Ce gosse me sortait par les trous de nez. Que pouvais-je y faire s'il ne comprenait rien à l'Art, moi ?

Tout à coup, il débarqua comme une tornade :

- Dannaaaa ! Vous faites quoi ?

- Rien. Et dorénavant je t'interdis d'entrer ici sans frapper.

Grâce au ciel, je n'avais pas quitté Hiruko. Je n'avais pas franchement envie qu'il ne découvre mon secret, Orochimaru lui-même l'ignorait.

- Oh, dit-il, déçu, si je vous gêne dites-le directement, hn.

- Puisque tu en parles…

- Méchant !

- Ça va ouais. Et encore t'as rien vu. Aller, va-t-en avant que je ne m'énerve pour de bon.

Il obéit et quitta la salle. Si on ne pouvait plus avoir un minimum d'intimité, alors tout partait à vau l'eau* dans ce pays ! C'est à ce moment que l'hologramme de Pain apparut :

- Sasori.

- Maître.

- Itachi t'a amené ton coéquipier ?

- Oui et à propos, il me l'avait bien amoché. Mentalement je veux dire.

- Tu le connais, soupira le chef. Bref, qu'en penses-tu ?

- Il a fait exploser le restaurant où je l'avais amené, indiquai-je en guise de réponse.

- Impressionnant n'est-ce pas ?

Il n'y avait donc que moi qui trouvais ça bizarre de faire exploser au restaurant bourré de monde ?

- Sa technique est intéressante. C'est héréditaire ?

- 'Sais pas, il n'a rien voulu nous dire.

- Cela ne m'étonne pas…

- Je suis sûr que tu sauras maîtriser son caractère un peu…

- Dérangé ? suggérai-je.

- Excessif, corrigea Pain. Il a des capacités énormes et il est assez vif d'esprit.

- On ne dirait pas comme ça…

- Tu verras.

- Et au fait, il va habiter où ? Parce qu'il m'a expliqué bien tranquillement qu'il avait fait exploser son village alors j'imagine qu'il n'a plus nulle part où aller…

- Ce n'est pas assez grand chez toi ? Il me semblait que tu avais une chambre et une cuisine qui ne te servaient à rien dans ton espèce de maison, fit-il en regardant autour de lui.

- Attendez, tiquai-je, vous voulez dire qu'il reste chez moi ?

- Oui.

- Je ne suis pas d'accord !

- Tant pis pour toi, c'est moi qui décide je te rappelle. J'ai un profond respect pour toi, Akasuna no Sasori, mais fais tout de même attention à ne pas dépasser les limites de ma tolérance.

L'hologramme disparut. Splendide.

Je retournai dans la pièce à vivre qui faisait office de salon et de cuisine et lançai à Deidara :

- Installe-toi confortablement parce que tu risques de rester ici longtemps…

- Hein ? Mais c'est morne ! Il n'y a pas de couleurs, pas de lumière. Je ne survivrai pas, hn !

- Fais ce que tu veux de la chambre, je n'y vais jamais.

- Vraiment ? Yeah !

Il fila se mettre au travail sur le champ. Quelques secondes plus tard, une explosion secoua toute la maison. Inquiet, je pénétrai dans la chambre. Il avait fait un grand trou dans le mur.

- Fenêtre, lâcha-t-il simplement pour répondre à mon interrogation silencieuse.

- Espèce de taré, marmonnai-je en quittant la pièce avant de me prendre la prochaine bombe.

Cette nuit, après m'être assuré que Deidara s'était endormi comme un bébé, je m'étais enfermé dans l'atelier pour travailler sur un poison que j'avais découvert dernièrement. Pour être plus à l'aise, j'avais quitté Hiruko. Je n'aimais pas que les gens me voient sous ma vraie forme. Déjà, ils avaient tendance à me prendre pour un morveux mais en plus je me sentais vulnérable. Enfin, relativement parce que j'avais quand même pris soin de truffer mon corps de lance-flammes, pointes et poisons en tous genres. Mais la carapace de Hiruko me protégeait de manière nettement plus efficace. Dans ma forme actuelle, mon reliquaire était presque exposé aux quatre vents, seulement dissimulé par mes vêtements. Cela me mettait mal à l'aise.

Alors que j'ajoutais une dernière minuscule goutte d'essence à ma nouvelle préparation, un cri me fit déraper et lâcher ma précieuse fiole :

- QUI ETES-VOUS ET QU'AVEZ-VOUS FAIT A MON DANNA !

Son Danna ? Il m'avait vite adopté le petit… C'était presque un peu gênant. Content d'avoir évité la crise cardiaque (pas de cœur, pas de crise cardiaque, c'est l'avantage ^^.), je me retournai lentement. Il tenait deux petites araignées d'argile dans ses mains.

- WOH Calme-toi ! C'est moi crétin !

Il reconnaissait ma voix, mais il ne comprenait toujours pas. Comme ça, la tête légèrement penchée sur le côté et les sourcils froncés, il faisait pitié.

- Danna ?

- Oui.

- Si vous êtes vraiment Sasori alors… Alors dites moi quelque chose que lui seul sait !

- Tu aimerais jouer aux billes avec les yeux d'Itachi.

Cela faisait, entre autres, partie des horreurs qu'il m'avait sorties tout le long du voyage.

- Hn. Bon, ça va. Mais c'est quoi ce bordel ? s'écria-t-il en faisant disparaître ses bombes et se rapprochant de moi.

- Arrête d'hurler je t'en prie. Tu me les brises.

Il commença à m'observer sous toutes les coutures puis, au bout d'un moment, les yeux plissés et pinçant son menton entre son pouce et son index il s'enquit :

- Vous avez quel âge en fait ?

- 33 ans.

- Aah... Vous faites jeunes dites donc, hn !

Il se plaça bien en face de moi et très sérieusement il me mesura avec sa main.

- VOUS ETES PLUS PETIT QUE MOI ! hurla-t-il avec un geste triomphant.

Paf. C'était parti tout seul vraiment. Mais bon sang ce que ça faisait du bien.

- Aïeuh ! Arrêtez de me frapper en plus vous faites super mal ! Attendez...

Il me prit la main

- Ça va on ne se gêne pas, protestai-je d'un ton blasé.

Il la détailla avec concentration puis la secoua dans tout les sens. Exaspéré, je la ramenai vers moi :

- Bon, il y a des limites !

- Vous n'êtes pas normal.

- Et c'est un type avec des bouches dans les mains qui me dit ça, je rêve !

Il toqua sur mon torse avec son poing. Horrifié par le bruit que cela fit, il se hérissa comme un chat en colère :

- ÇA SONNE CREUX !

- Tu as fini de me tripoter ?

- Ce n'est pas ce que vous croyez, hn, répliqua-t-il en croisant les bras. Si vous n'étiez pas aussi bizarre, rien de tout cela ne serait arrivé. Et comment vous faites pour vous transformer ?

Je désignai en silence Hiruko, suspendu près de la porte d'entrée.

- Oh. Je comprends, vous êtes assez petit pour vous glisser là-dedans.

Avant que je ne puisse le frapper encore une fois pour lui faire passer l'envie de se moquer de ma taille, il était partit inspecter Hiruko. La tête à l'intérieur, je l'entendis lancer bêtement :

- Ouhou ! Echo ! Ouah c'est grand mine de rien.

Il revint vers moi, tout fier de lui visiblement, puis il me demanda gravement :

- C'est quoi votre truc pour sonner creux comme ça ? Vous avez un squelette spécial ? Je connaissais un mec comme ça. Il faisait pousser ses os comme il voulait. Kimi… Kiri… Bref.

- Si je ne te le dis pas tu vas me tanner jusqu'à ce que je crache le morceau, pas vrai ?

- Carrément, hn !

Je n'étais pas le genre de personne à faire durer le suspens. Trop impatient… Je me lançai donc, non sans une légère pointe d'appréhension.

- Je suis moi-même une marionnette.

Il éclata de rire. Quel abruti.

- Tu te moques de moi, là ? sifflai-je d'un ton menaçant.

- Non ! Non ! fit-il en se tenant les côtes. Mais vous êtes drôle. Une marionnette. Et ils sont où les fils ?

- Baka, je n'en ai pas besoin.

- Excusez-moi mais j'ai du mal à y croire. Comment pourrait-on vouloir devenir une de ces… choses ? Et puis, quand bien même quelqu'un serait assez fou pour le vouloir, c'est juste impossible, hn !

Je retirai lentement ma chemise, dévoilant mon corps morcelé. Il resta bouche bée quelques secondes, puis il montra l'articulation de mon épaule :

- Je peux toucher ? demanda-t-il timidement.

- Non.

Il accepta mon refus. Mais il n'en resta pas là. Pointant mon reliquaire, il demanda alors :

- Qu'est-ce que c'est ?

- Ce qui me permet de m'incarner dans les marionnettes. C'est en quelque sorte ce qui contient mon âme si tu veux. C'est… C'est mon seul point vulnérable…

Peut-être n'aurais-je pas dû le lui dire. Après tout, je ne le connaissais presque pas, malgré le fait qu'il m'ait raconté toute sa vie. Mais d'un autre côté, il me semblait absolument inoffensif, en tout cas pour moi son coéquipier, et je ne voulais pas trahir la confiance qu'il avait en moi en lui mentant. En fait, peut-être que je le trouvais simplement attachant. Comme un chaton. Depuis quand j'aimais les chatons ?

- Alors vous êtes vraiment… Une poupée… Vivante…

Il était choqué le jeunot. J'étais plutôt content de mon effet.

- On peut dire ça. Même si le mot poupée n'est pas très approprié.

- Waah. Les bras m'en tombent, hn.

J'eus la soudaine envie de lui répondre « ça serait gênant quand même » mais je me souvins juste à temps que je ne faisais pas d'ironie. Je me rhabillai en déclarant :

- Bon, le spectacle est fini. Retourne au lit.

Il me lança un regard implorant :

- Je n'ai pas très envie…

- Comment ça ?

- J'ai fait un cauchemar…

Putain. Dix ans d'âge mental… Passablement irrité, je crachai :

- Qu'est-ce que j'en ai à foutre ? Tu veux que je te chante une berceuse ?

Il tritura une mèche blonde, les yeux rivés au sol :

- Je ne faisais jamais de cauchemars avant. C'est à cause d'Uchiwa… C'est comme si ses illusions me poursuivaient dans mon sommeil…

Je décidai d'être un peu plus compréhensif. J'avais vu des ninjas très puissants devenir aussi vifs que des légumes après être passés par le sharingan d'Itachi. Je savais donc par expérience que ses cauchemars ne devaient pas être jolis jolis. Ne sachant pas trop ce qu'il convenait de faire dans ce genre de situation, je proposai maladroitement :

- Si tu veux rester ici… Enfin, pas pour me regarder juste pour… Je ne sais pas mais… C'est comme tu veux.

Il m'adressa un sourire complice et s'assit en tailleur sur une extrémité de mon grand établi.

- Je peux ?

J'acquiesçai en faisant bien attention à ne pas croiser son regard déroutant. Ensuite je tentai plusieurs fois de me replonger dans mes recherches mais sa présence ne me permettait pas de me concentrer pleinement. Il commençait peu à peu à piquer du nez et il finit appuyé contre le mur, ronflant presque. Je m'interrompis pour l'observer un peu plus. Il avait fait fort. J'étais à l'Akatsuki depuis un sacré paquet d'années et aucun de mes collègues ne connaissait mon secret. Ce gamin débarquait et me démasquait dès le premier jour. Il bougea dans son sommeil et faillit tomber sur mon assortiment d'aiguilles. Je le rattrapai de justesse et jugeai qu'il valait mieux aller le coucher dans la chambre. Dans sa chambre en fait. Je parcourus la distance qui séparait mon atelier de la pièce en le portant un peu comme un sac à patates. Il était assez léger. Enfin, mon corps avait une force décuplée donc c'était logique en soi.

En le déposant sur le lit, je songeais qu'il ferait une marionnette très intéressante. Rangeant cette idée dans un coin de ma tête, je défis son bandeau et détachai ses cheveux pour qu'il soit plus à l'aise. Il dormait à poings fermés. A cet instant précis, il aurait été tellement facile pour moi de l'empoisonner dans son sommeil. Il n'aurait rien senti. Mais j'étais curieux de découvrir ses techniques de combat, avant d'en faire une marionnette. Il ne fallait surtout pas gâcher un corps pareil, si harmonieux. Je me demandais si ses cheveux resteraient aussi brillants après sa mort. Il faudrait que j'en prenne bien soin. J'y laissais distraitement glisser mes doigts, comme je l'aurais fait pour un de mes pantins, presque avec affection. Non, avec admiration.

Un sursaut de sa part me ramena brusquement sur terre, me rappelant qu'il n'était pas encore totalement à ma merci. Il était bien vivant et caresser ses cheveux comme ça n'était pas convenable. Je me relevai et quittai silencieusement la pièce en fermant doucement la porte. Quand il dormait, il était juste parfait. Mais, dès qu'il s'animait de son propre chef, le charme disparaissait. Il redevenait ce stupide gamin horripilant.


*Itachi, paix à ton âme. Je t'aiiiiiiiime ! Et ne m'attribue surtout pas les propos que je mets dans la bouche de Sasori, il ne sait pas qui tu es au fond de toi. Tu es le plus mignon de tous les grands frères et Sasuke est un gros naze de ne pas l'avoir vu. Muuu ! Je vais pleurer T_T C'est tellement tragique T_T

*J'vous assure que ça s'écrit comme ça ^^

Voilà, « To be continued » comme on dit là-bas. Comment vous trouvez le début ?