Vi, je sais, j'en ai déjà une en cours :)
Mais j'avais vraiment envie de poster cette nouvelle idée, qui m'est venue le jour de la St valentin (Oui oui, ça fait un bail xD)

Voilà donc j'espère que ça vous plaira :)


"Monsieur Holmes, un certain Oscar Wilde souhaiterait vous rencontrer."

Le détective se redressa dans son fauteuil à l'écoute du nom de son visiteur. Wilde... Voyant que son ami se tordait l'esprit, Watson intervint.

"Un écrivain Irlandais, il vit à Londres et il a le même âge que vous, à quelques mois près."

Il se rapprocha, tout en parlant, d'une des étagères sur lesquelles des dizaines de livres avaient été négligemment entassés. Il y prit un ouvrage et le tendit à Holmes, qui y jeta un œil distrait. Le portrait de Dorian Gray.

"Faites le rentrer, s'il vous plait,madame Hudson."

Un grand homme passa la porte. Il dépassait Sherlock de plus d'une tête et sa silhouette était nettement moins svelte. Brun, le visage à la fois rond et allongé, les yeux tombants, soulignés d'épaisses cernes, il semblait ne pas avoir dormit depuis plusieurs nuit. Holmes le scruta de haut en bas. Il n'avait pas pris le temps de s'habiller correctement, et personne n'avait pris la peine de le lui faire remarquer qu'il avait décalé les boutons de sa chemise. Son pantalon trop court et ses chaussures quelque-peu boueuses laissaient penser qu'il n'avait plus l'argent nécessaire pour renouveler sa garde-robe, ni pour employer une domestique convenable.

"Depuis combien de temps votre femme vous a-t-elle quitté ?" demanda Holmes le plus naturellement du monde.

L'écrivain fut tout d'abord surpris, puis repris contenance, se rappelant que c'était exactement pour ces qualités qu'il était venu trouver ce détective et non la police.

"Depuis ma condamnation, monsieur. Elle fut influencée par les femmes de son rang qui lui répétaient que je ne pourrai plus être un bon mari, ni un bon père lorsque j'aurai purgé ma peine. Me voilà maintenant sortit et seul depuis six mois. Mais là n'est pas le problème."

"En effet il semblerait que quelque-chose d'autre vous tracasse. Puis-je vous demander le motif de votre emprisonnement, ainsi que celui de votre visite ?"

Prêt à écouter, Sherlock s'enfonça à nouveau dans son fauteuil et joignit ses dix doigts sous son menton.

"Je fut condamné le 25 mai 1895, à la peine maximale de deux ans de travaux forcés, en vertu de la loi contre..." l'homme marqua une courte pause, respira profondément et reprit. "...contre l'homosexualité."

Pendant que Wilde continuait de conter sa mésaventure, Watson attrapa une vieille pile de journaux qu'il conservait et trouva finalement l'article qu'il cherchait. Le scandale de Queensberry. Il survola l'article qui mentionnait l'écrivain, puis le tendit silencieusement à Holmes, qui, n'y prêtant pas grande attention pour le moment, le posa sur ses genoux, joignant ses doigts à nouveau.

"Je sortis donc il y a six mois, le 25 mai de cette année. J'avais tout perdu. Ma femme, mon logement, ma fortune, mes amis..."

"Votre amant." le coupa Watson se remémorant l'article.

"En effet," répondit Wilde en toute sérénité. "Bosie s'est exilé en France, à Paris, quelques semaines après mon arrestation. Constance mon ancienne femme, et moi continuons de nous voir de temps en temps lorsque je viens rendre visite à mes fils Cyril et Vyvyan. Bosie et moi, malgré l'éloignement, échangeons quelques lettres plusieurs fois par mois." il soupira et ses mains se mirent à trembler. "La raison pour laquelle je viens vous voir, monsieur Holmes, est la disparition de mon fils, Cyril, le plus grand. Il y a deux jours, lors de ma visite au logement de Constance, celle-ci m'appris que sa disparition datait du matin-même. Sur le lit de mon fils se trouvait une photographie de Bosie, ainsi que ce mot." il tendit un petit bout de papier au détective lorsqu'il eut achevé sa phrase.

Sherlock Holmes scruta le papier méticuleusement avant de le lire : "Oubliez-moi."

"Holmes, son soit-disant ami Bosie est le coupable, c'est évident !" s'indigna le médecin devant un Sherlock qui semblait réfléchir plus qu'il ne le fallait.

"Watson je vous en pris, ne vous rabaissez pas au niveau de ce cher inspecteur Lestrade, il ne vous arrive certainement pas à la cheville."

Le blond le fixa un instant son ami, surpris de ce compliment lâché si spontanément, mais ne s'en formalisa pas plus.

"Monsieur Wilde, avez-vous reçu quelque lettre de ce Bosie depuis la disparition ?"

"Non"

"Qui est Queensberry ?"

"Le père de Bosie, il..."

"Voudriez-vous, s'il vous plait," le coupa Sherlock "revenir me voir demain, avec une des lettres de votre ami Bosie ?"

"Bien. Pensez-vous pouvoir retrouver mon fils rapidement ?" demanda l'écrivain d'une voix tremblante.

"Plus que vous ne pouvez l'imaginer." répondit Holmes se voulant rassurant

"Watson, s'il vous plait, raccompagnez notre ami."

Le plus jeune soupira, il n'était plus médecin, mais le valet de Sherlock Holmes. Ne s'étant pas assis lors de l'entrevue, il se dirigea vers la porte et l'ouvrit, jetant un œil à leur visiteur. Ce dernier se leva non sans peine, serra fébrilement la main du détective, puis passa la porte, suivit de Watson. Ils descendirent côté à côte les escaliers, sans échanger un mot, jusqu'à ce que le médecin se décide à briser le silence.

"Ne vous en faites pas, je suis certain que Sherlock Holmes a déjà une idée du coupable, et qu'il ne lui manque que quelques détails, je le connais."

"Je ne veux pas savoir Bosie coupable de cet acte."

Les deux hommes passèrent la porte d'entrée et restèrent immobiles et silencieux sur le palier, pendant quelques dizaines de secondes.

"Sherlock Holmes a de la chance de vous avoir." confia finalement le brun en posant une main sur l'épaule du plus jeune.

Trop troublé par cette soudaine proximité, Watson ne répondit pas, et se contenta d'acquiescer d'un hochement de tête.

"A demain, docteur Watson."

L'écrivain retira sa main à regret. Il sourit tristement au médecin, puis lui tourna le dos avant de s'en aller et de monter dans un fiacre. Perturbé, Watson regarda le véhicule s'éloigner dans Baker Street, puis tourner et disparaître entièrement de son champ de vision. Il se retourna, passa la porte à nouveau et remonta les escaliers. La maison était à nouveau vide de sens. Holmes était toujours dans le salon, il avait posé le mot et l'article sur le secrétaire et était retourné lambiner dans son fauteuil.

"Je me demande si j'aurais vraiment dû accepter cette enquête. Elle me paraît des plus simples à résoudre. Il est pourtant vrai que la police aurait pensé, tout comme vous mon cher docteur, que le coupable n'est autre que l'ancien amant de monsieur Wilde. Et la vie d'un enfant est mise en jeu. Cependant cet écrivain me semble tout à fait étrange, Watson. Qu'en pensez vous ?"

"Qu'entendez-vous par étrange, Holmes ?" demanda le plus jeune, les joues légèrement rosées.

"Ne faites pas l'enfant Watson, vous savez de quoi je parle. Il a été condamné et s'obstine irrémédiablement à réitérer son crime."

"Ce n'est pas ce que l'on peut appeler un crime, Holmes !"

"Une déviance. Appelez cela comme vous le voudrez, mon ami. Demain, une fois le coupable démasqué, grâce à la lettre qu'il nous aura ramené, nous enverrons monsieur Wilde dénoncer le coupable à la police. Cela devrait être du ressors de notre cher Lestrade d'arrêter cet homme, quoi qu'il serait capable de se tromper de numéro de maison." ricana le détective.

"Holmes ! Je ne vous pensais pas si intolérant !" s'indigna Watson.

"Je tolère, je dirai seulement que j'ai du mal à comprendre. Si vous voulez bien m'excuser, je dois aller écrire à Mycroft."

Le docteur Watson regarda son ami passer la porte de sa chambre et la refermer derrière lui. Quand à lui, il s'installa pour lire dans un des fauteuils, mais la fatigue l'emporta bien vite, et il s'endormit à la faible lumière d'un feu qui s'éteignait dans la cheminée.

"Watson !"

La légère sensation d'un souffle chaud sur sa peau et le très incertain, mais pourtant bien distinct murmure de son prénom, que pouvait-il bien se passer ? Les épaules doucement secouée, le blond, trop satisfait dans son inertie, hésita à ouvrir les yeux. Qui sait pourquoi, ce qui lui semblait être Sherlock Holmes, tentait de le réveiller ? Peut-être avait-il encore fait exploser la moitié de la maison, mais ça Watson ne voulait pas le savoir. Il se retourna violemment sur son fauteuil en grognant et replia ses jambes contre lui, feignant de dormir encore. Le livre qu'il avait eu l'intention de commencer la veille, et qui jusque là était resté sur ses genoux, tomba aux pieds du fauteuil. Le détective ne dit pas un mot mais le secoua un peu plus brutalement. John le repoussa d'un coup de pied et grogna une nouvelle fois.

"Watson, ne m'obligez pas à vous chatouiller les pieds, vous savez que j'en suis capable, et moi je suis parfaitement conscient du fait que vous ne dormez pas."

L'intéressé ouvrit un œil, puis le second, et soupira.

"Je suis épuisé Holmes, laissez moi."

"Je ne suis pas sûr que ça soit ce que vous vouliez."

"Pardon ? Si si, je vous le confirme, j'aimerais dormir d'avantage."

"Mon ami, je suis sûr que lorsque vous verrez monsieur Wilde entrer vous vous maudirez de ne pas vous être levé plus tôt."

Le médecin fit un bon hors du fauteuil tandis que Holmes se redressait, totalement satisfait. Agité, le plus jeune couru jusqu'à sa chambre, chercher des vêtements propres et en ressortit un instant plus tard, pour aller s'enfermer dans la salle de bain.

"Pressez-vous Watson, il est au bout de la rue." fit Holmes, amusé, en regardant par la fenêtre.

Le dit Watson ne répondit pas. Il commença par se déshabiller mais s'arrêta en pleine action. Pourquoi se mettait-il dans cette état ? Il fixa en instant son reflet dans le miroir. Ses yeux étaient cernés, et écarquillés par la confusion. Il n'avait strictement aucune raison de se hâter pour cet homme qu'il ne connaissait que depuis la veille. Dans un mouvement ralentit, il finit de retirer ses vêtements. Il enfila ensuite de manière plutôt fébrile son costume propre. Tant pis pour le bain.

"Bonjour monsieur, oui monsieur Holmes est là." fit la voix de madame Hudson au rez-de-chaussé.

Watson sortit précipitamment de la salle de bain et pénétra dans le petit salon. Holmes toujours à la fenêtre, n'avait pas changé de position. Il scrutait Londres d'une manière sereine, mais lui restait collé aux lèvres ce petit sourire narquois que Watson détestait tant et adorait à la fois. Le logicien se retourna vivement et lança un regard qu'il voulait apaisant à Watson. On frappa à la porte et cette dernière s'ouvrit brusquement avant qu'une quelque réponse fut prononcée. Le même grand homme que la veille apparut. Oscar Wilde posa sur le médecin des yeux rayonnants. Ce dernier se laissa tomber dans un des fauteuils en soupirant. Sherlock Holmes resta appuyé dos contre la fenêtre et demanda sans plus de cérémonie :

"Vous avez la lettre ?"

L'écrivain hocha la tête et s'approcha de Holmes en lui tendant la lettre. Celui-ci la lui pris des mains et la scruta un instant.

"C'est bien celle de..."

"Bosie, oui."

Le détective s'excusa et se retira dans sa chambre pour examiner la lettre. Watson lui lança un regard suppliant mais le brun ne le remarqua pas. Il était désespérément coincé dans cette pièce, seul avec un homme qui le troublait affreusement. Un silence gênant s'installa une nouvelle fois entre les deux hommes tandis que des bruits de ferraille résonnaient dans la pièce à côté.

Le plus vieux s'approcha du siège dans lequel Watson était assis et s'installa sur un bras du fauteuil. Comme la veille le visage du blond prit une teinte rosée qui amusa l'autre homme.

"Votre ami semble être au bout de son raisonnement. Ce sont les dernières minutes que nous passerons ensembles alors ?" demanda l'écrivain dont le visage s' assombrissait.

Watson ne comprenait pas tout à fait ce qui se déroulait. Une étrange chaleur prenait place dans ses joues. Il savait, il était certain de ne ressentir aucun désir pour cet homme qu'il ne connaissait que depuis la veille. Pourtant cette permanente envie de savoir, de comprendre, de découvrir ce penchant qu'il ne connaissait pas, le poussait à ne pas fuir cette présence. Il hocha la tête, regarda un instant ses propres mains avant de laisser son regard se perdre à travers la fenêtre. Il sursauta légèrement en entendant un bruit de plissements de vêtements, qui lui indiquait que l'homme à ses côtés se rapprochait de lui. Il sentit, immédiatement après un souffle chaud se promener dans son cou. Il ne quittait pas la fenêtre des yeux tandis que les lèvres de Wilde effleuraient la peau douce de son cou. Il remonta jusqu'à la mâchoire, puis ses joues brulantes, avant de redescendre jusqu'au coin de ses lèvres. Il se recula un instant, plongeant ses yeux dans ceux du médecin. Puis comme si ils étaient seuls, comme si le risque qu'Holmes sorte de sa chambre était inexistant, le brun déposa un baiser chaste sur les lèvres du plus jeune. L'ancien militaire n'opposa aucune résistance. A vrai dire il ne bougea pas, ne réagit pas. C'est à peine si il se rendait compte de ce qu'il vivait, et de ce que cela finirait par engendrer. Ils étaient comme seuls au monde et n'entendirent pas les bruits de pas plutôt rapides de Holmes qui se dirigeait enfin vers la porte qui menait au salon. Ce ne fut que lorsqu'ils entendirent le grincement d'une poignée qui s'abaisse que l'écrivain recula précipitamment, laissant le médecin le visage maintenant rouge et brulant seul sur son fauteuil.

"J'ai..." le logicien fit une courte pause dans sa phrase, remarquant immédiatement que quelque-chose s'était produit pendant son absence. "… trouvé le coupable." finit-il par dire en s'approchant du fauteuil de Watson et d'appuyer son coude contre le dossier. "Bien monsieur Wilde, veuillez apporter ces documents à la police, vous devriez pouvoir retrouver votre fils dans la journée. Merci bien." lança-t-il lui faisant signe de s'en aller.

Il quitta le fauteuil contre lequel il était appuyé et se rapprocha de l'écrivain qui avait visiblement décidé de rester plus longtemps. Avec toute la délicatesse dont il était capable, il le poussa vers la porte qu'il ouvrit.

"Tenez-nous au courant si l'enquête venait à prendre un autre tournant, monsieur." Le détective passa la porte avant son client et se pencha au dessus des escaliers. "Madame Hudson ! Monsieur Wilde s'en va ! Pourriez-vous le raccompagner et lui appeler un fiacre ? Merci !"

"Ne la dérangez pas, le docteur Watson peut m'accompagner."

Le dit docteur hésita un instant avant de se lever. Il se dirigea vers les escaliers, les joues toujours rougies, ce qui ne manqua pas d'alarmer son colocataire qui lui barra la route d'un bras.

"Vous êtes fiévreux, mon vieux. Notre logeuse devait de toute manière sortir, cela ne la dérangera pas." assura-t-il au poète en lui tendant une main qu'il hésita à serrer, avant de les quitter définitivement.

Watson s'écroula dans le fauteuil qu'il venait tout juste de quitter. Les ennuis étaient terminés pour lui. Du moins c'est ce qu'il croyait avant que la voix de son ami ne le rappelle à l'ordre.

"C'est exactement pour cette raison que j'aurais préféré que cet homme ne revienne pas."

"Pardonnez-moi ?" demanda le blond, incrédule.

"Vous n'avez absolument aucune volonté, mon ami."

Watson tenta de répondre mais Sherlock Holmes, après avoir refermé la porte, reprit la parole en se dirigeant vers la fenêtre.

"Il n'attendait qu'une chose : que je m'éclipse un instant, pour sauter sur sa proie : vous !"

"Je ne vois pas de quoi vous voulez parler."

Le médecin tourna violemment la tête en s'apercevant que Holmes le dévisageait.

"Bien sûr que vous voyez. Ce qui me déçoit, mon cher Watson, c'est de savoir que vous ne pouvez résister à personne qui tente de vous charmer. Et si cela venait à se savoir, vous feriez une proie facile lors de nos enquêtes. Une monnaie d'échange contre la liberté des criminels."

Watson se leva d'un bon et s'emporta contre son interlocuteur.

"Je ne suis pas un objet, Holmes, et encore moins une monnaie d'échange. Je ne me laisse pas séduire, et je ne suis pas naïf !"

Le médecin décida finalement de mettre fin à leur conversation, et de se retirer dans sa chambre. Enfin c'est ce qu'il aurait fait si une poigne forte ne l'avait pas attrapé par le poignet avant même qu'il eut posé la main sur la poignée de la porte. Holmes le retourna et le plaqua durement contre la pore, avant de déposer ses lèvres sur celles de son ami. Troublé, celui-ci ne fit pas un geste. Serait-ce la jalousie qui avait poussé Holmes à se débarrasser de l'écrivain ? C'est ce que Watson commençait à croire. Puis sans préavis, Holmes recula d'un pas et toisa le médecin maintenant rouge pivoine de haut en bas, en lui adressant un sourire narquois.

"Vous voyez, tout le monde peut y parvenir."


A suivre...