Auteur : Manzy ( u/2692844/Manzy )
Titre : The Virus from the Valley
Genre : Mystère/Romance
Résumé : Nos héros peuvent-ils faire face à une Irène Adler moderne quand ils arrivent à peine à comprendre leurs propres sentiments?
Pairing : Sherlock/John
Rating : T
Disclaimer : L'univers appartient à ACD et aux créateurs de la série, et l'histoire à Manzy.
Avertissements : Traduction & fic slash (traitant de relations amoureuses entre garçons).
Voilà, c'est la fin. Je remercie toutes celles (ceux?) qui ont lu cette trad, qui l'ont ajoutée à leurs favoris/alertes/communautés, et surtout reviewée (plus de reviews que la vo? oO). Un merci particulier à anksenamoon qui m'a bien soutenue tout au long de la publication. J'ai pris beaucoup de plaisir à traduire cette fic, et je pourrais bien en traduire d'autres sur le même thème (j'y prends goût haha), surtout parce que je vois qu'il y a des gens que ça intéresse. Sur ce, bonne lecture!
Chapitre 13 : Le matin
Le problème avec les déclarations d'amour faites tard dans la nuit après avoir frôlé la mort et tout de suite suivies par une séance de pelotage et une nuit de câlins, c'est que vous finissez par vous réveiller. Et que ce soit l'effet d'un repos bien mérité ou qu'il s'agisse d'une longueur d'onde indétectable et propre à la lumière matinale, il y a toujours le moment où vous réalisez ce qui est arrivé la soirée précédente – une soirée ridicule, extraordinaire, incroyable, qui-n'a-pas-pu-se-dérouler-comme-je-le-crois – et vous commencez à vous demander si tout a vraiment été comme il y paraît.
Alors quand John se réveilla sur le canapé avec une jambe blessée, le goût de Sherlock sur ses lèvres et la vague du Ah oui le submergeant, cela ne l'aida pas de se réveiller seul.
John ouvrit les yeux. Son bras était toujours tendu dans la position qu'il avait eue toute la nuit, berçant Sherlock (berçant Sherlock, répéta son cerveau dans un écho insistant), et ses genoux étaient repliés, John le savait, pour s'adapter aux jambes plus longues de l'autre homme, mais Sherlock était introuvable.
John se redressa, réprimant la panique qui menaçait de s'abattre sur lui comme de sombres et orageux nuages colorant un ciel paisible et dégagé. Hésitant, il appela, « Sherlock ? »
Pas de réponse.
La tête qui tourne, John se leva, les plis des vêtements de la veille frottant sa peau et sa jambe blessée, et tituba jusqu'à la cuisine. En tendant la main vers la bouilloire (fais juste du thé, fais du thé, tout aura plus de sens avec du thé), un mot écrit à la main et posé contre la bouilloire attira son regard.
John, disait-il, avec l'écriture serrée et anguleuse de Sherlock.
John Watson se considérait comme un type plutôt solide, mais il lui fallut rester debout cinq minutes contre le comptoir, se retenant avec ses mains, la tête penchée et les genoux menaçant de lâcher, avant de pouvoir rassembler le courage nécessaire pour ouvrir le mot. Il ne ferait pas – il ne pourrait pas – pas même Sherlock – nous étions tellement – c'est impossible –
Par chance, John était, dans l'âme, un type solide, alors il réussit à se reprendre et lut le mot.
John –
Mes plus sincères excuses. J'ai compris, à travers mes études, qu'il n'est pas considéré comme affectueux ou poli de s'éclipser après une soirée telle que celle nous avons passée. Cependant, je dois m'occuper de quelques affaires urgentes liées à l'affaire Adler, et je préfère les prendre en main tôt et réserver le reste de la journée à la prise en main de toutes les affaires qui te concernent.
Ou du moins, des affaires que tu me permets de prendre en main. Au vu de la situation. Je crois que les double sens, John, vont dans la catégorie des "bonnes choses".
Vais acheter le déjeuner sur le chemin du retour. Sûrement des plats à emporter de chez Angelo. Envoie-moi un message si tu préfères autre chose.
TSH
John put réellement sentir ses poumons recommencer à fonctionner en finissant de lire le mot. Tout irait bien. Il devait admettre que Sherlock ne se comportait pas exactement comme un super petit ami (Petit ami ? Ça ne sonnait pas bien. Partenaire ? Mieux, mais pas génial…) en se défilant, mais John savait qu'il apprendrait sans doute beaucoup de choses à Sherlock sur ce en quoi consistait une relation, et c'était une transgression relativement mineure, surtout si Sherlock se mettait à lui laisser des mots manuscrits – pas un SMS, pas un email, remarqua John avec une certaine satisfaction.
Et qu'est-ce que c'était que cette signature ? TSH ? SH il connaissait, mais T…
Ça fit tilt, et John sourit comme un idiot. Ton Sherlock Holmes.
Ayant maintenant la tête qui tourne pour des raisons totalement différentes, John recommença à préparer son thé matinal, pensant tout le long à certaines des choses qu'il aurait besoin d'apprendre à Sherlock sur les relations amoureuses, y compris certaines choses qui étaient des territoires vierges pour tous les deux (John se retrouva à rougir à ce mot) mais qu'il était plus qu'impatient d'explorer.
ooo
Au moment où la bouilloire de John commençait à fumer agréablement, Sherlock, toujours rapide et efficace, avait déjà complété trois des ses quatre tâches du matin.
D'abord, il avait appelé William Ormstein à son hôtel. L'américain venait juste d'entamer la version de son hôtel d'un petit déjeuner anglais complet (qui, remarqua Sherlock avec un certain mépris, ne contenait même pas de baked beans (1) ) quand le détective avait fondu sur lui, expliqué l'effacement du virus du portable d'Adler, l'avait assuré qu'il était absolument certain de la destruction du virus et que son entreprise et sa réputation étaient sauves, avait volé une tranche de toast, et avait attendu l'autre moitié de son paiement.
Ensuite, il avait mis cette dernière à profit au bureau de change de Paddington, changeant les dollars d'Ormstein en livres. Qu'Ormstein ait été totalement extasié par le résultat de l'affaire ou pas (et avec Adler toujours en fuite, il ne l'était certainement pas) était sans importance maintenant qu'il avait ses billets de banque entre les mains.
Enfin, il avait appelé Lestrade et fait sa déclaration à propos des évènements de la veille, ce qui en réalité signifiait qu'il avait admonesté le DI et son équipe pour ne pas avoir attrapé Adler, pour ne pas être arrivés sur place assez vite, pour ne pas avoir amené assez de renforts et surtout pour ne pas s'être mieux occupés de John. Sherlock raccrocha sur les protestations du DI – ce n'était pas la conversation qui l'intéressait.
Alors finalement, il se retrouva dans un café de seconde zone, avec une tasse de thé se situant bien en dessous de ce qui était potable non touchée devant lui, attendant l'individu qui lui l'intéressait. Et en entendant le tap, tap d'un grand parapluie frappant les carreaux du sol à l'entrée du café, Sherlock sut que cet individu était arrivé.
« Mycroft, » dit-il en guise de salutation alors que son frère s'asseyait en face de lui.
« Bonjour, Sherlock. J'ai été très intrigué par l'urgence qui transparaissait dans ton message. Que puis-je faire pour toi ? » Mycroft agita un doigt en direction de la serveuse, se commanda un Earl Grey, et regarda Sherlock par-dessus la table.
Sherlock le fusillait du regard.
« Annule-la, Mycroft. »
Mycroft cligna des yeux. « Je te demande pardon ? »
« Annule-la. Je n'en veux plus, j'en ai assez. Annule-la. »
Mycroft laissa échapper un long soupir. « J'ai peur que ce ne soit pas aussi simple, Sherlock. »
Sherlock frappa du poing sur la table, faisant vibrer sa tasse et choquant quelques clients proches qui tombèrent dans un silence passager. « Je sais fichtrement (2) bien qu'il suffit que tu tousses pour déclencher des guerres dans des pays étrangers dont la plupart des gens n'arrivent même pas à prononcer le nom. Et tu me dis que tu ne peux pas annuler la surveillance d'un seul homme ? »
« Sherlock, si tu pouvais m'écouter… »
« C'est fichtrement inutile de toute façon. Où étaient tes hommes la nuit dernière quand l'homme que tu as juré de protéger était menacé par une arme ? »
« Sherlock… »
« Quel est l'intérêt d'avoir des services secrets s'ils sont aussi incompétents ? Je retire ce que j'ai dit, Mycroft, je ne te dois aucune faveur après le mauvais travail que tu as – »
« Sherlock ! » Mycroft fit résonner le nom de Sherlock dans le café davantage qu'il ne cria. Le plus jeune, enfin, interrompit sa tirade.
Mycroft prit une inspiration. « C'est ce que j'essaie de te dire, Sherlock. Mes hommes ne pouvaient pas être là dans la ruelle la nuit dernière parce qu'ils protégeaient bel et bien John. Ils vous protégeaient toi et John, en fait. De la dizaine d'assaillants qui ont commencé à se déplacer vers votre position quand le téléphone d'Irène Adler s'est éteint. »
Ce fut au tour de Sherlock de prendre une inspiration. « Des assaillants ? »
Mycroft acquiesça. « C'est aussi comme ça qu'Adler a réussi à s'échapper. Un plan absolument sans faille. Nous avons à peine réussi à les dépasser Sherlock, ils sont bons. »
Sherlock fixa son thé qui ne cessait de s'assombrir. « Je ne comprends pas. Nous avons fait tellement attention, guettant le moindre signe… »
Mycroft grimaça alors que la serveuse posait son thé devant lui. « Il est exceptionnel, Sherlock. Il pourrait même être meilleur que toi. Et nous savons tous les deux que tu n'es pas au meilleur de ta forme en ce moment. »
Sherlock ferma étroitement les yeux. Bien qu'il ne veuille pas entendre ce que Mycroft était en train de dire, c'était probablement vrai. Moriarty l'avait complètement surpassé, et il avait été tellement distrait qu'il n'avait rien vu. C'était simplement trop – une nouvelle affaire, de nouveaux sentiments, garder des secrets, être sur ses gardes vis-à-vis de son ennemi juré – même pour Sherlock Holmes, ça avait simplement été trop de choses à la fois.
Comme s'il lisait dans ses pensées, Mycroft poursuivit. « C'est simplement trop pour une seule personne, Sherlock, même si cette personne est toi. » Il sirota son thé. « Laisse-nous prendre l'affaire Adler, et Moriarty aussi, pour un moment. Je suggèrerais que vous passiez un certain temps loin de Londres, toi et John. »
« Du temps loin de Londres… ? »
« Bien trop de gens à Londres veulent votre mort même sans l'influence de Moriarty. Maintenant qu'il ressurgit, je ne suis pas sûr que le Yard, le gouvernement ou qui que ce soit puisse vous surveiller complètement dans Londres. »
« Je te l'ai dit, Mycroft, je ne veux pas que qui que ce soit nous observe, je ne veux plus – »
« Mon cher frère, ne vois-tu pas qu'il est trop tard pour ça ? »
Mycroft regarda les traits de Sherlock s'affaisser alors qu'il assimilait la réalité. « Après ce qui est arrivé hier soir, je ne pourrais pas annuler la surveillance même si je le voulais. John serait mort dans l'heure. »
Tout à fait involontairement, Sherlock haleta de douleur comme s'il avait été poignardé et il posa la main sur son cœur.
« Et tu serais sûrement mort en cinq, » termina Mycroft, sirotant son thé et se réinstallant dans sa chaise.
Sherlock laissa sa tête tomber entre ses mains et agrippa ses cheveux avec ses doigts. « Mycroft, les choses ont changé. Je ne sais pas comment c'est arrivé mais les choses ont changé. John – John et moi – » Il leva les yeux, voulant que l'autre homme comprenne sans mots.
Mycroft, comme à son habitude, comprit. Ses yeux s'élargirent légèrement. « Oh, je vois. » Il se permit un petit sourire. « Ça n'a pas été long. Ce serait vraiment mesquin et fraternel de dire que je te l'avais dit, mais – »
Sherlock n'écoutait pas; il était submergé à la fois par la chaleur délicieuse de John et par l'horreur glaçante de la situation à laquelle il était confronté. Il secoua la tête, tentant de l'éclaircir. « Il a confiance en moi, Mycroft. Il a confiance en moi. Et j'ai – je suis – » Sherlock secoua lentement la tête.
« Si tu lui disais la vérité, tu ne serais plus en train de lui mentir, » suggéra Mycroft.
Sherlock grimaça. « Non, non, non, je ne peux pas. Il ne me pardonnera jamais. Et nous venons juste – » Sherlock s'interrompit et fit passer un doigt sur ses lèvres d'un air absent.
« Alors je suis désolé, Sherlock. C'est un puzzle pour lequel je ne peux pas t'aider. Je t'assure que la surveillance va rester à la fois approfondie et tout à fait discrète. Mais elle devra rester, il n'y a pas d'autre option. » Il termina son thé et se leva. « Quitte Londres pour un moment, Sherlock, » dit-il, posant une main sur l'épaule de son frère. « Éloigne un peu John. Vide-toi la tête. Ce serait mieux pour tout le monde. »
Sherlock prit une profonde inspiration puis leva la tête pour dire quelque chose, mais Mycroft était déjà parti.
ooo
John était juste en train de mettre les dernières touches à sa lettre de démission à la clinique (qu'il posterait; il était certain qu'il ne pourrait plus jamais regarder Sarah en face) quand il entendit des bruits de pas dans les escaliers.
Il se tourna et trouva Sherlock debout sur le seuil de la porte. Il avait l'air tendu, quelque peu hésitant. Ils se regardèrent pendant un moment.
« Salut, Sherlock, » dit John.
« Bonjour, John. »
« Comment c'était chez Angelo ? »
Sherlock cligna des yeux. « J'ai oublié le repas, » dit-il en réalisant lui-même son erreur.
John sourit. « Ouais, je pensais que ça pourrait t'arriver. » Il se leva et désigna la table de la cuisine.
Sherlock se tourna. Deux boîtes de plats à emporter y étaient posées face à face, l'une remplie de spaghettis et de boules de viande (ce que John préférait), l'autre de piccata de veau et de riz au citron (ce que Sherlock préférait, quand Sherlock mangeait). Une bouteille d'eau pétillante était posée entre elles et une bougie (où John avait-il pu trouver une bougie utilisable dans l'appartement ?) projetait une lumière chaleureuse sur toute la scène.
John regarda Sherlock puis la table puis Sherlock. « Il fallait que j'essaye la bougie. On m'a dit que c'est plus romantique. » Alors que Sherlock fixait le repas étalé devant lui, John continua, bafouillant un peu, nerveux. « Alors, comment s'est passée ta matinée ? Tu as fait tout ce que tu voulais faire ? Je vais être honnête, j'ai été un peu surpris que tu ne sois pas là, mais merci d'avoir laissé un mot, ça m'a vraiment aidé à – »
Et en un mouvement impossible à distinguer, Sherlock fut sur lui, il était enveloppé par les bras de Sherlock et Sherlock l'embrassait si profondément, si sincèrement, et tellement tellement TELLEMENT, chuchotant Je t'aime et Je suis désolé et Je t'aime et Je suis désolé et John, John, John. John ne se souvenait pas avoir déjà été embrassé comme ça, comme si l'autre personne se fondrait avec bonheur en vous si ça lui permettait d'être pour toujours plus près de vous. Sherlock n'avait pas beaucoup d'expérience, comme John l'apprenait, mais ça ne voulait pas dire qu'il ne pouvait pas être passionné, et tandis que Sherlock l'embrassait à nouveau et soufflait un autre Je suis désolé, John tomba sur sa chaise, totalement incapable de rester debout.
Sherlock s'agenouilla devant lui alors qu'il essayait de former des mots. « Sherlock – wow, hum, wow – Sherlock, pourquoi es-tu aussi désolé ? Pour ce matin ? Je te l'ai dit, c'est bon. » Il posa une main sur les cheveux de Sherlock alors que l'autre homme levait les yeux vers lui. « Tout va bien entre nous, Sherlock, je te jure. Fais-moi confiance. »
Quelque chose sembla s'adoucir chez le détective à ces mots, mais Sherlock se contenta de prendre une inspiration et se haussa pour embrasser John à nouveau, plus doucement cette fois. C'était plus un flottement tendre, chaleureux et palpitant qu'une noyade désespérée et fusionnelle. John trouva qu'il aimait autant l'un que l'autre. En fait, il les aimait tellement et trouvait que Sherlock étudiait tous les types de baisers tellement rapidement que c'est seulement le grouillement de son estomac qui le força finalement à les séparer, lentement.
« Le veau n'est pas bon froid, Sherlock, » dit-il, souriant aux yeux gris.
« Excellente observation, John, » répondit Sherlock, le regardant dans ses yeux marron.
« Nous y allons, alors ? »
« Après toi. »
John se leva et marcha vers la table. Sherlock le regarda de derrière et fut soudain pris d'un immense et écrasant sentiment de chaleur, de protection, de confort, de sécurité, d'espoir, de clarté et d'émerveillement. Et, bien que la conversation avec Mycroft soit toujours très vive dans son esprit, à cet instant tout ce qui comptait était John et la maison. C'était un sentiment. Et c'était tellement, tellement bon.
« John ? »
John se tourna.
« Sherlock ? »
Sherlock voulait dire quelque chose mais ne put trouver les mots. Finalement, l'homme plus grand y réussit. « Je t'aime, John Watson. »
John sursauta un peu, et sourit. « Oui, comme tu le disais. »
Sherlock continua, un air perplexe sur le visage. « Oui, je sais. Je viens juste de réaliser… que je ne crois pas que je l'avais vraiment compris avant. » Il cligna des yeux. « Et tu m'aimes aussi ? » C'était à moitié une affirmation, à moitié une question. Toi, toi miraculeux John Watson, tu ressens pour moi ce que je ressens à cet instant ?
John sourit. « Je t'aime aussi, Sherlock Holmes. » Il prit la main de Sherlock. Et aucun des deux ne lâcha pour le reste du repas, ni le reste de l'après-midi, et aucun ne lâcherait, si Sherlock avait son mot à dire, pour le reste de leurs vies.
(1) haricots blancs à la sauce tomate.
(2) Une petite chose intraduisible à savoir : John a ici déteint sur Sherlock, car il utilise souvent le mot "bloody", mot typiquement britannique que j'ai traduit la plupart du temps par "fichu" ou "foutu" (ex. lorsque John s'énerve intérieurement par rapport au baiser dans le chapitre 8). Or ici ce n'était pas possible, mais sachez que c'est le même mot, qui correspond à un langage assez familier voire vulgaire que Sherlock n'utilise pas normalement.