« C'est tout bonnement impossible, s'époumonait le professeur Flitwick de sa voix stridente.

- Qui a pu mettre une telle pagaille ? s'interrogeait McGonagall.

- Je ne vois qu'une explication : c'est encore un coup de Potter ! Il ne peut s'empêcher de faire parler de lui, dit Rogue d'un ton glacial.

- C'est un Serpentard qui ose affirmer cela ! rétorqua McGonagall. Les Serpentard sont connus pour leurs blagues de mauvais goût.

- Comme si j'inculquais à mes élèves l'art de la triche ! s'exclama Rogue. Plus qu'aucune autre maison, nous voulons gagner, mais à la régulière.

- Pour l'amour de Merlin, reprenez vos esprits ! S'accuser les uns les autres n'est pas digne de professeurs, et ce n'est pas constructif ! Ensemble, nous avons fait face à des situations bien plus délicates que celle-ci. Mais je dois avouer que c'est une première…Jamais dans l'histoire de Poudlard, les 4 maisons ne se sont retrouvées à égalité.

- Qu'allons-nous faire ? Comment démasquer le ou les coupables ? Nous n'avons pas le droit de recourir à la magie. Les élèves…

- Peut-être qu'il ne s'agit pas d'un élève, susurra Trelawney, en fixant Rogue de ses yeux globuleux.

- Vous insinuez que j'y serais pour quelque chose ? Retournez à vos tasses de café et à vos boules de cristal au lieu de vous mêler des affaires des grandes personnes. »

Dumbledore était sidéré. Il avait convoqué tous les professeurs afin qu'ensemble ils trouvent une solution. Mais il avait eu tort d'espérer une conversation intelligible et des arguments transcendants. Il n'avait devant lui que des gamins refusant de s'entendre. Quel gâchis ! Bien trop occupé à défendre leur maison des diverses accusions, ils n'étaient pas décidés à l'aider. Ne supportant plus leurs chamailleries, il les invita à se retirer :

« Merci pour votre précieux soutien, mais je pense que je me passerai de vos lumières ! Vous ne m'avez pas l'air disposés à parler sérieusement. Passez une bonne nuit et revenez avec les idées plus claires. N'éveillez pas les soupçons des élèves ! »

Durant sa longue carrière de directeur, il avait vu bien des situations, plus rocambolesques les unes que les autres, et toujours, il les avait résolues avec intelligence et malice. Mais là, si le problème ne se résolvait pas de lui-même d'ici deux jours, c'était le désastre. Comment annoncer aux élèves qu'aucune maison n'avait remporté la coupe ? Mieux valait les mettre au courant dès maintenant... « Oh, tu te fais vieux, Albus, pensa-t-il ». Prévenir les élèves serait le meilleur moyen de faire naître des tensions alors qu'il ne restait que deux jours avant les vacances. Garder les couleurs de Gryffondor dans la grande salle provoquerait des mouvements de protestation, tout-à-fait justifiés. Lui-même ayant été élève de cette maison, on l'accuserait de favoritisme. S'il désignait vainqueur n'importe laquelle des maisons, on le blâmerait et on crierait à l'injustice. C'était une impasse !

Il avait fait le total des points il y avait 5 jours, soit une semaine avant l'annonce des résultats. Il regrettait de ne pas l'avoir fait plus tôt. Cela lui aurait laissé plus de temps pour venir à bout du problème. A travers ses petites lunettes en demi-cercles, il vit le choixpeau l'air renfrogné. Le choixpeau avait toujours eu un caractère bien particulier. Il n'était de bonne humeur qu'un jour par an, justement le jour de la répartition dans les différentes maisons. Dumbledore le savait très bien, mais il voyait que quelque chose clochait et il ne put s'empêcher de demander :

« Je vois bien que tu es contrarié ! Peut-être pourrais-tu m'en parler ?

- J'ai suivi votre conversation…si l'on peut appeler ça une conversation. Et j'ai peur de devoir partir à la retraite prématurément.

- Je ne comprends pas…pourquoi dis-tu cela ?

- Vous cherchez à savoir qui est le coupable, mais vous ne vous êtes pas posé la bonne question…

- A savoir ?

"Pourquoi !" fit-il exaspéré. Pourquoi le ou les coupables ont-ils agi ?

- Oui, mais si l'on trouve le coupable, on sera pourquoi…

- Oh, vous les humains, vous êtes désespérément désespérants ! La réponse est si simple, elle tombe sous le sens. »

Dumbledore essaya d'en savoir plus, mais il ne tira plus un mot du choixpeau. Pour une fois, c'était lui qui restait sur sa faim, perplexe…et, qui plus est…après avoir écouté le charabia d'un chapeau ! Il se demandait si après leurs conversations Harry était confus comme il l'était à cet instant. Si c'était le cas, il essaierait dorénavant de faire plus simple, sans ennuyer Harry avec des énigmes à dormir debout. Dormir, il se tracassait bien trop pour cela ! Il ne parviendrait certainement pas à s'endormir. Il avait donc toute la nuit devant lui pour trouver un plan. Mais ses plans furent contrecarrés car le sommeil le prit tout de même. Au petit matin, avachi sur sa chaise, il émergea avec peine. Comment fichtre, avait-il pu flancher dans un moment pareil ? Il lui fallait en avoir le cœur net. Il avait vérifié ses totaux plus d'une fois mais, par acquit de conscience, il y retourna. Une fois devant les 4 sabliers, il jeta les mêmes sorts que la veille pour voir si rien ne lui avait échappé. Et zut, il en restait au même point. Rien ne montrait que l'on avait usé de magie pour trafiquer les sabliers.

L'heure du déjeuner approchait. Il hésitait à faire une déclaration publique. Cette idée lui paraissait toujours n'être pas la bonne. Ses collègues faisaient une triste mine car, contrairement à lui, ils n'avaient pas fermé l'œil de la nuit… Mais le résultat était le même !

De leur côté, les élèves ne se doutaient de rien. Ils vaquaient à leurs occupations dans l'attente des cours. Seul, l'un d'eux, avait le pouvoir de démêler toute cette affaire et de soulager la conscience des professeurs. Mais il n'en fit rien. Subrepticement, il regarda les professeurs, et à voir leur visage crispés, un petit sourire se dessina sur ses lèvres. Au grand dam des professeurs. Le coupable se tut… La machination fonctionnait !


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