La prochaine fois, il n'y aura pas de prochaine fois

Ses yeux croisèrent les siens et leur noirceur l'effraya. Elle souhaita, presque à haute voix, que le lien visuel se brise mais elle ne pouvait pas bouger, tétanisée. A vrai dire, même ses paupières n'osaient plus se fermer, par peur de déclencher la fureur qui brûlait dans les yeux sombres de son professeur.

Et puis soudain, il lui hurla à la figure… tellement fort qu'Hermione eu beaucoup de mal à reconnaître son propre nom. Elle tenta de s'excuser mais aucun mot ne sortait, alors elle céda à nouveau ses lèvres en se jurant de ne plus les ouvrir que sous obligation.

Les poings de son professeur tapèrent son vieux bureau de bois -elle crut qu'il allait se fendre en deux sous ses mains- et elle sursauta quand il rapprocha un peu son visage du sien, enfonçant encore plus la rage noire de ses yeux dans la surprise et la terreur des siens. Elle crut qu'il allait la tuer sur place : la découper en morceaux et la jeter dans un de ses chaudrons, avec toutes sortes d'autres ingrédients dont elle ne préférait même pas savoir le nom. Mais il tourna les talons et retourna derrière son bureau dans un tournoiement de cape dont lui seul avait le secret.

Hermione respira enfin.

"80 points en moins pour Gryffondor !", cracha-t-il, partagé entre fierté et colère. "10 points pour avoir ne serait-ce que penser que la recette proposé par le manuel ne méritait pas d'être suivie; 10 pour ne pas l'avoir suivie. 10 points pour avoir fait exploser votre chaudron.", il respira profondément avant de crier, "Et 50 points pour avoir réussit à la faire exploser sur ma cape !"

"Vous avez de la potion dans les cheveux et sur le nez, pro…", commença timidement Ron.

Les ténèbres noires glissèrent sur le visage de celui qui avait osé.

"5 points en moins pour Gryffondor !", aboya Snape en passant ses doigts sur son énorme nez. "D'autres remarques ?"

Il fixa chaque élève présent, les défiant tacitement, mais aucun d'eux ne cilla. Il hocha légèrement, satisfait de la panique qu'il faisait régner, avant de reposer son attention sur Hermione.

"Vous êtes retenue.", ajouta-t-il d'une voix glacial. "Vous viendrez ici tous les soirs à dix-neuf heures précise, et que l'idée d'être en retard ne vous traverse même pas l'esprit !"

Hermione respira à plein poumons avant de demander, presque chuchoter :

"Jusqu'à quand ?"

Et comme elle se l'était imaginé, en guise de réponse il planta de nouveau ses yeux dans les siens. Et elle vénéra un instant celui qui avait décidé, un jour, que les regards ne tueraient pas. Elle posa sa tête sur ses bras croisés, désespérée.

Elle entendit à peine ce que chuchotait Ron à l'oreille d'Harry. "Pauvre Hermione… quand il ne précise pas, ça veut dire beaucoup, beaucoup d'heures… Un nombre à trois chiffres. Au moins."

"Weasley. Vous viendrez ce soir à la même heure."

"Mais pourqu…"

"Et demain.", renchérit Snape.

Ronald s'enfonça dans sa chaise, prêt à se coucher par terre si cela pouvait le faire disparaître du champ de vision de son horrible professeur de potions.

Quand la sonnerie retentit enfin, tous les sorciers se levèrent en une seule et même vague et se pressèrent hors de la salle -Hermione et Ron en tête. Des paquets de cinq élèves créaient des bouchons au niveau de la porte, mais même un Serpentard ne pensa pas à se battre pour ça, ils auraient tout le temps pour ça après. Pour l'instant, il fallait sortir, et c'était tout. Sortir pour respirer, sortir pour survivre.

Une fois le dernier élève sortit, Snape claqua la porte de sa salle de classe et retourna s'assoir derrière son bureau. Un petit sourire naquit sur ses lèvres gercées : il avait enfin trouvé une bonne excuse pour coller cette Miss-Je-Sais-Tout autant de temps qu'il le voudrait. Son sourire disparut quand une goute de potion verdâtre tomba d'une de ses mèches noires pour atterir sur le bout de son nez.

Elle allait payer.