JEU D'ECHEC.

Me revoila, oui, si vite, je vous ai manqué, hein? Nan je déconne :)

Auteur : Misro

Disclaimer : Les personnages ne sont pas à moi ect...

Genre: YAOI. Drama/Romance

NOTE : Voici la troisième et dernière partie de cette trilogie! Après Jeu d'acteur et Jeu d'adulte, voici Jeu d'échec, avec le retour à la normale de John, le come back de Moriarty, l'anniversaire du détective, Noel, l'hiver, bref, un condensé de péripéthies qui, je l'espère, ne vous laissera pas de glace (Hiver/glace... Okai, c'est pas drôle, passons.)

Cette fiction sera peut être faite d'un nombre plus élevé de chapitres car je vais avoir plein de choses à caser avant le "THE END" final. Donc, je vous souhaite une bonne lecture, en priant pour que cette suite vous plaise autant que la précédente!

LET'S ENJOY IT


John était resté cinq minutes devant la porte de la piscine, ses doigts meurtrissant la lanière en cuir de son sac de sport qu'il portait en bandoulière. Cinq minutes à se demander si, en fait, c'était une bonne idée d'exposer son corps enlaidis aux regards extérieurs. Puis, il avait prit sur lui, avant de pousser les battants, se décidant à ne pas rester planté sous la pluie. Il s'était changé, avait fait ses soixante-dix longueurs, puis était retourné au 221b, l'esprit léger.

"..."

Cinq mois étaient passés, depuis ce jour.

"..."

« I'm not going down on my knees, begging you to adore me… »

Je ne vais pas me mettre à genoux, te suppliant de m'adorer.

John fredonnait Shake the desease, de Depeche mode,(1) tout en remplissant une case de son mot croisé. Cette chanson lui rappelait le caractère du brun, et la voix grave du chanteur lui plaisait, quoi qu'il en dise. L'hiver s'était abattu sur Londres d'un coup, comme un couperet sur l'échafaud, et John se réjouissait de cette saison. Premièrement, parce qu'il aimait la neige, tout ce blanc qui donnait à la ville un aspect rêveur et surréaliste, deuxièmement parce qu'en hiver, tout le monde tombait malade – oh, je suis tellement mauvais d'être heureux du malheur des autres…- et qu'en tant que médecin, cela signifiait une belle rentrée d'argent, troisièmement car le détective ne pouvait plus lui reprocher de mettre des pulls, et, enfin, pour la douce raison que la date de l'anniversaire de Sherlock(2) approchait à grand pas. Le 4 Janvier, soit dans deux semaines pleines, exactement. Le jeune homme aurait trente-cinq ans, soit cinq de mois que lui. A chaque fois qu'il se remémorait son âge, le blond se plongeait dans un mutisme boudeur. Il se trouvait vieux.

« Here's a plea, from I to you, nobody knows me, as well as you do… »

Voici un message, de moi à toi, personne ne me connait mieux que toi…

« Nemesis en A horizontale.

-Merci. »

Sherlock jeta son écharpe par terre, et s'arrêta d'un coup en apercevant une grande chose verte étonnamment peu esthétique qui prenait une place effrayante près de son canapé. Le médecin l'observait à la dérobée, feignant l'innocence.

« John. Qu'est-ce que c'est ?

-C'est un sapin, Sherlock.

-Ne fais pas l'idiot. Je ne veux pas de ça ici. »

Le brun allait vivement se saisir du pauvre arbre pour le jeter par la fenêtre, mais John posa son magazine sur la table basse avant de s'interposer fermement, les sourcils froncés.

« Tu as refusé de passer Noel avec ta famille, et tu ne veux pas venir dans la mienne. Nous le ferons donc ici, et je veux un sapin sous lequel je poserais mes cadeaux.

-Tu ne crois pas sérieusement que je vais céder à ce culte de l'argent et te faire des présents stupides, n'est-ce pas ? »

L'autre leva les bras au ciel en soupirant, puis retourna dans son fauteuil, bien décidé à terminer ces fichus mots croisés. Sherlock dédia une œillade peu amicale au conifère, posa son manteau sur une chaise et s'allongea sur le canapé, murmurant qu'au moins, cette foutue saison lui apportait toujours son lot de crimes quotidien. John pensait que tuer des gens pendant Noel était morbide, mais il ne fit pas part de cette réflexion.

« Alors, ces longueurs t'ont-elles été bénéfiques ?

-Tu n'étais pas là de la journée, comment sais-tu que… J'ai encore les cheveux mouillés ?

-L'odeur de chlore. »

John eut un sourire entendu, et lâcha que oui, en effet, son passage à la piscine lui avait fait le plus grand bien. Il avait, en l'espace de quelques mois, recouvré un corps plus musclé, désépaississant sa taille, asséchant ses mollets, redécouvrant son grand oblique à sa plus grande joie. Il avait l'impression d'être plus jeune, en observant le V de son bassin. Sherlock passa derrière son fauteuil, pencha son grand corps au-dessus du dossier et vint souffler dans le cou de son amant :

« Freud en A verticale. Tu viens prendre une douche ? »

L'autre déclina d'un sourire, et observa le détective disparaître dans la salle de bain avec un air tendu sur le visage. Cinq mois que John avait débuté son entraînement aquatique. Cinq mois qu'ils n'avaient pas fait l'amour. Cinq mois que le jeune homme essayait de le faire doucement craquer tout en respectant sa pudeur. Cinq mois que John essayait d'aller de l'avant en oubliant ses cicatrices.

Mycroft : John, que faîtes-vous le 24 au soir ?

John : Je pensais à une soirée tranquille avec Sherlock. J'ai acheté un sapin.

Mycroft : J'ai un certain respect pour vous, docteur. Je passerais vous donner les présents de la famille dans quelques jours.

Le blond se sentit légèrement coupable en réalisant qu'il privait la famille Holmes de l'un de ses membres, puis secoua doucement la tête. Il voulait passer ce noël avec lui, inutile de se leurrer. Ce serait leur première fête ensemble, et cette idée lui plaisait terriblement. Il se leva, allant faire une liste de ce qu'il allait acheter pour le repas, bien décidé à faire lui-même la cuisine pour l'occasion. Le bruit des pieds, nus et mouillés, sur le parquet ne le fit pas se retourner, et il demanda à voix haute quel genre de bûche il devait acheter.

« Bûche ? Ces desserts gras, pleins de calories, dégoûtants et fades ?

-Chocolat, marron, vanille, café ?

-Chocolat, définitivement. »

Sherlock alla se vêtir, lâchant au passage qu'ils allaient chez Angelo, ce soir, et qu'il faudrait partir un peu plus tôt pour ne pas être bloqué par la neige. Le blond hocha simplement la tête.

Quand le détective réapparu, habillé, prêt à marcher dans cette substance délavée, sale, qui crissait horriblement sous les pieds, John regardait par la fenêtre. Il souriait, sans s'en rendre compte, observant amoureusement les petits flocons qui tombaient joyeusement du grand sac de brouillard que représentait le ciel. Sherlock l'analysa rapidement, et il vit encore une fois à quel point le médecin avait changé, physiquement parlant. Il avait coupé un peu ses cheveux, avait perdu du poids, s'était délicieusement musclé, avait dans le regard un éclat plus dur, plus viril, plus fort. Un éclat délicieusement excitant.

Sherlock sentit un frisson lui glacer l'épiderme. Cela faisait trop longtemps que ses doigts n'avaient pas pétri la chair brûlante de son amant. Ces contacts, volatiles, passionnés ou rapides lui manquaient terriblement. S'endormir dans les bras de John était devenu une habitude qu'il n'avait pas eu envie de changer, et qui lui pesait de plus en plus.

« Let's stay home, it's cold outside… »

Restons à la maison il fait froid dehors.

John sursauta en reconnaissant la chanson, ouvrant des yeux abasourdi alors que son amant haussait les épaules, marmonnant qu'il avait retenu, malgré lui, les paroles de ce morceau, celui-là même qu'il chantait ce matin. La voix du jeune homme était juste, grave, vibrante. Sublime.

« Tu veux qu'on mange ici ?

-Non. Sortons. Je sais que tu adores patauger dans la neige. »

John n'eut pas le courage de démentir, prit sa doudoune, et suivit son colocataire dans la rue.

"..."

John leva la tête vers le ciel moutonneux, et apprécia de sentir le froid de la neige sur sa peau, alors que le brun, à l'inverse, enfonçait son menton dans son écharpe pour échapper aux flocons, qu'il jugeait vicieux, et enfournait ses mains dans ses poches.

« Je ne comprends pas pourquoi tu n'aimes pas la neige. Tu lui ressembles tellement !

-Je suis froid, blanc et j'empêche toute forme de circulation ?

-Tu finis par devenir brûlant quand on te touche, tu es attirant, mystérieux, et sans toi, certaines choses n'auraient pas lieu d'être. »

Sherlock s'arrêta. Il avait terriblement envie d'embrasser le blond qui souriait niaisement, mais ne le fit pas. John n'aimait pas les regards extérieurs. John n'aimait plus grand-chose, ces derniers temps.

« Tu as un regard triste.

-N'importe quoi. Allons manger. »

Ce 21 Décembre s'annonçait un jour comme tous les autres, au demeurant. Ils trouvèrent un taxi - John arrête de regarder par la vitre comme ça, on dirait un enfant-, s'installèrent à leur table habituelle et commandèrent d'une voix égale. Pourtant, après dix minutes de conversation, Sherlock sentit un genou, puis une jambe, se glisser entre les siennes, et ses yeux bleus se fixèrent dans ceux du médecin.

« John ?

-…Oui ?

-Tu m'as manqué. »

Le blond fronça les sourcils, entrouvrit la bouche, et piqua un fard monstrueux quand son amant se pencha en avant pour l'embrasser sans discrétion.

« S…Sherlock ! Il y a du monde !

-Je m'en fiche. »

"..."

Sherlock voulait retrouver son homme, car la frustration qui s'emparait de lui, jour après jour, commençait à lui mettre les nerfs en boules. Il avait pourtant su se passer d'affection et de sexe pendant plus d'une trentaine d'années, c'était insupportable de se dire que John avait réussi à le rendre dépendant de lui. Ronchonnant, il se mit à marcher, son long manteau bien boutonné lui donnant une drôle d'allure, le blond le suivant distraitement. Le nez du brun était rougit par le froid, et cette vision lui fit un agréable pincement au cœur.

La rue était déserte, et il faisait noir.

John fit trois grands pas, saisit l'autre par la manche. Le détective leva la tête de sa grande écharpe, et ferma les yeux en sentant les lèvres – chaudes, chaudes, délicieusement chaudes et douces- de son amant contre les siennes. Baiser rapide, puis plus en profondeur, alors que les bras du médecin se frayaient un passage autour de ses hanches.

« John… »

Nouveau baiser. Sherlock tire le blond loin du lampadaire, et sursaute en sentant les doigts ouvrir volatilement son manteau. Il veut faire de même, mais la voix de John, dans son cou, l'en dissuade rapidement. Ils restèrent enlacés dix bonnes minutes, puis le détective éternua.

Ils rentrèrent sans un mot, mais le brun souriait sous son écharpe.

"..."

« Hm… »

LE lendemain matin, John renifla. Cela sentait le brûlé. Il se leva d'un bond, se rua dans la cuisine, prêt à découvrir un incendie, et trouva son amant derrière une poêle.

« Sherlock ?

-Je fais du pain perdu.

-Tu es…Sur ?

-Retourne te coucher. »

Voix grinçante, signe d'agacement. En sortant, John remarqua les essais ratés qui remplissaient la poubelle, et c'est d'un pas joyeux qu'il sauta dans son lit. Là, prenant son courage à deux mains, il se mit en caleçon , sans jeter le moindre coup d'œil aux cicatrices brunes qui enlaidissaient sa peau, et fourra sa tête dans son oreiller.

Injure sonore dans la cuisine. Bruit de métal jeté dans le lavabo. Léger silence. Placard qu'on ouvre, qu'on referme.

« …Je suis incapable de faire à manger. »

John se retrouva devant un petit déjeuner constitué d'un bol de café, une tasse de thé, et une dizaine de Princes au chocolat. Il éclata de rire, ce qui finit de vexer le brun qui gronda contre son manque de subtilité, et attrapa un biscuit pour le tremper dans son café. Le téléphone de Sherlock se mit à vrombir.

« Allo ? Je préfère les textos, je vous l'ai déjà dit. Ah ? Oh, surement le père. Hm. J'arrive. Non, Watson est encore au lit, il déjeune. Oui, au lit. Ça vous pose un problème ? Hm. J'arrive. Dîtes à Anderson de ne pas saloper le travail. Merci. »

John avait changé de couleur. Le café était atrocement fort et le thé était amer, ce qui avait traumatisé sa langue de si bon matin. Le brun, sans prendre conscience du problème, se baissa pour l'embrasser, marmonnant que Lestrade l'attendait et qu'il devait se dépêcher.

John mangea ses Princes en se demandant combien devaient coûter des cours de cuisine.

Il termina son petit déjeuner, se souvint qu'aujourd'hui, il était en congé, et se rendormir aussitôt, appréciant le fait de se savoir au chaud quand le reste de la ville goûtait le froid.

"..."

Quand Sherlock revint à l'appartement, il était de méchante humeur. Il avait chu dans la neige devant l'équipe au complet, provoquant le rire hilare d'Anderson, et, au final, il n'avait s'agit que d'un misérable suicide. Bien mis en scène, d'accord, mais un suicide quand même. Mais en arrivant dans la chambre de John, il reconsidéra la journée d'un air nouveau. Le blond dormait, à demi enfouit sous les couvertures, son torse se soulevant à allure régulière.

« Je hais l'hiver.

-…Hmm ? Déjà de retour ?

-C'était un suicide. J'ai froid. »

John, sans ouvrir les yeux, tapota l'autre côté du lit, grognant des borborygmes incompréhensibles. Le brun se déshabilla, jetant ses vêtements ça et là dans la pièce, et vint rejoindre son amant. Cri rauque.

« Tu es glacé !

-Je sais. »

Sherlock se colle contre le médecin qui l'accueil avec chaleur, et il remarque que le pantalon de lin à disparu. Il sent les cuisses musclé, la peau parfois boursouflée de cicatrices, mais la douceur caractéristique de John. Ils s'embrassèrent, et Sherlock gronda en entendant son téléphone se mettre à vibrer consciencieusement sur la table de la cuisine. Le brun songea que pour cette fois, il avait bien le droit de faire la sourde oreille, et continua son exploration buccale tout en nouant ses jambes autour de celles du médecin, mais John, rouge vif et langoureux, lui murmura d'aller décrocher.

« …Tu ne m'échapperas pas. »

John se remit sur le ventre en souriant. Il sentait que quelque chose, dans son cerveau, venait de se débloquer. Et il en était ravi. Tendant l'oreille, il remarqua que son amant parlait à voix basse, et cette constatation lui fit froncer les sourcils. On lui cachait des choses. Il se leva, toujours en caleçon, descendit les quelques marches le séparant du salon, et trouva un Sherlock plongé dans ses réflexions, prostré. Ses yeux délavés se tournèrent vers lui, et se fixèrent insolemment sur ses hanches saillantes et le haut de l'aine, délicieusement mis en valeur. Le brun songea un instant à jeter l'autre par terre pour redécouvrir cette parcelle de peau avec les doigts et la bouche, mais secoua la tête, un tic agitant sa lèvre inférieur :

« Je dois filer.

-Un autre suicide ?

-Un homme, une balle dans la tête. Sniper.

-Moriarty ?

-Oui. »

Un léger silence prit place, puis John annonça qu'il allait s'habiller, qu'il venait avec lui. Le brun le serra convulsivement contre lui, ses doigts gelés caressant la peau marquée, et il lui murmura rapidement qu'il n'était pas obligé de venir. John l'embrassa sur la joue :

« Ca fait cinq mois. J'ai oublié. »

Et un grand sourire vint orner ses lèvres alors qu'il remarqua les énormes flocons qui fouettaient les arbres extérieurs. Il disparu dans l'escalier. Sherlock ouvrit sa boîte de messagerie.

M : On va jouer à un jeu.(3)

Supériorité : Prépare-toi à perdre.

M : Que tu dis. Ramène Johnny boy pendant l'enquête. Son goût me manque terriblement.

Sherlock faillit forcer son amant à rester à la maison, puis ses deux mains se convulsèrent, quelques secondes. Non. Cette fois-ci, plus question d'avoir peur. Un sourire torve éclaira son visage, le rendant plus dangereux encore. Il allait faire payer l'assassin, venger John, et mettre un terme à ce jeu que Moriarty avait mis en place.

Noël s'annonçait, dans deux jours, plus dangereux que jamais.


ALORS :

(1) : Franchement, allez regarder la traduction de Shake The desease - Depeche mode, les paroles sont criantes de vérité, et cela me faisait TROP penser à Sherlock et John!

(2) : L'anniversaire de l'acteur qui joue Sherlock est né en Juillet, rien à voir, donc, avec l'hiver, mais voila, nous sommes dans une fiction, alors je fais ce que je veux :) ! ( et par ailleurs, l'acteur va sur ses trente-six ans, si je ne m'abuse, et non ses trente-cinq)

(3) : "on va jouer à un jeu". Qui n'a pas reconnu la référence a Saw ? Je ne sais pas pourquoi, mais j'imagine très bien Moriarty envoyer ce genre de message...

ET j'espère que vous avez vu le jeu de mot douteux que je peux faire avec le titre, en effet, il se réfère au jeu d'échec en lui même, jeu de stratégie auquel je n'ai jamais rien pigé, mais aussi à un echec, le fait d'échouer :) ! Ca promet, hein?

REVIEW ?