CHAPITRE DOUZE

Oui, c'est la fin. La vraie. J'espère que vous l'aimerez autant que moi.

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Ils se retrouvèrent bloqués dans les bouchons à dix minutes de chez eux. Sherlock prit l'initiative de sortir du véhicule, arguant à son frère qu'il était assez grand pour rentrer seul, et le blond l'avait suivit après avoir souhaité une bonne fin de soirée à l'aîné Holmes. Mycroft les regarda partir avec une pointe de tristesse, et sursauta quand une Anthéa surprise et ravit à la fois lui tendit son téléphone.

Au fait, j'ai été mis au courant de ta nouvelle promotion. Toutes mes félicitations, et celles de John. SH

Le brun haussa comiquement les sourcils, rougit, se mordit les lèvres, et au final eut un sourire étonnamment franc. Il demanda à sa secrétaire de le remercier, puis ses doigts se refermèrent sur la poignée de son parapluie.

« Dis-moi, tu ne fais rien, ce soir ? »

Anthéa haussa les épaules alors qu'un sentiment de joie s'invitait dans ses veines. Quand l'homme la tutoyait, sa bonne humeur le rendait souvent généreux, agréable et délicieux.

« Que dirais-tu d'aller dans un bon restaurant avant de terminer la soirée ou bon te semblera ? »

La jeune femme se mordit les lèvres, jeta un œil aux vitres teintées, puis abandonna sa bonne conduite pour aller embrasser son supérieur. Mycroft passa simplement ses bras autour de la taille de la demoiselle en fermant les yeux.

"..."

Cette nuit aurait du être, comme les autres, glacée, et peut être que John avait réussi à falsifier ce souvenir, mais il restait persuadé que l'air était doux grâce à une absence de vent. Ils marchaient en silence, dans la neige, depuis plusieurs minutes quand le blond s'était arrêté sous un lampadaire, levant ses yeux tendres vers le ciel étoilé de Londres.

« Loin, loin de toi, tu me dis tout bas
Cette petite aventure
Va tourner en déconfiture
Éclaire-moi
Éteins la lumière
Montre-moi ton coté sombre
Regarde les ombres
Qui errent
Cherche un peu de lumière
Tout s'éclaire
»

John ne chantait certes pas bien. Mais sa voix, douce, aérienne, se perdait dans la noirceur de la nuit comme un hommage aux limbes, et cela sonnait agréablement, quelque part. C'était probablement l'unique chanson française qu'il connaissait, et il fut surprit de constater qu'elle allait particulièrement bien avec la situation présente, une fois encore. Comment se nommait l'artiste ? Il avait un nom à coucher dehors. Axel Ba…Baleur ? Bauer ? Quelque chose du genre. Le détective, loin du globe à la lumière crue, l'observait sans parler. John lâcha un soupire en frissonnant. Il avait envie de courir dans la neige, d'oublier son âge, de vivre, au moins le temps d'une soirée. De vivre tout ce qu'il avait toujours caché au fond de lui, et de le vivre avec le brun à ses côtés. Mais comment oublier toutes ces conventions sociales ? Comment ignorer le regard des autres ? Comment tout envoyer balader du revers de la main, en haussant les épaules, l'air de rien ? Comment apprécier chaque minute à son maximum lorsque l'on ose à peine caresser la main de la personne qu'on aime ?

« Tu penses décidemment très fort, ce soir.

-Je songeais à nous. Et je n'en reviens pas d'en être arrivé là, avec toi, ici même. Je n'en reviens pas d'avoir réussi à te faire flancher. Sherlock Holmes, bon sang, le sociopathe, le détective consultant, le misogyne, l'indomptable, le mystérieux Sherlock Holmes ! »

Le dit être mystérieux restait dans l'ombre. Il attendait que l'autre poursuive. John, fermant les yeux, laissa un sourire étirer ses lèvres pleines et gercées par le froid :

« Et pourtant les signes étaient là, depuis le début, j'aurais du les voir…Voir que ça devait arriver, que je ne te regardais pas uniquement car tu étais fascinant. Je me mentais à moi-même, c'était dur d'admettre que quelqu'un du même sexe me plaisait. Et puis…Pourquoi aurais-je éveillé ton attention ? Un pauvre petit médecin revenu de la guerre sans le sou … Ca n'avait pas de sens.

-Tu te sous-estime, John. »

Le blond se gratta la tête en riant, et lâcha que cela n'avait plus d'importance, à présent.

« Il m'a fallu du temps, pour comprendre.

-Faux. »

Sherlock fit un pas dans sa direction, plissa les yeux sous la puissante lumière, dévia son regard. Il murmura qu'il lui avait fallu des engueulades, des provocations, une bombe, des photographies honteuses, un enlèvement, un viol, une semi-séparation, le kidnapping d'une amie et la peur de le perdre pour qu'il réalise, enfin, qu'il l'aimait. John avait ouvert des prunelles effarées.

« Je…Je t'aimais depuis l'épisode de la bombe…

-Faux. »

Le blond baissa la tête. Il n'arrivait pas à nier plus que cela, mais l'autre ne lui en tint pas rigueur. Il s'avança, glissa ses mains gantées autour de son cou, et lui susurra à l'oreille qu'il était resté un soldat méfiant. John refusait de l'admettre, mais il gardait cette horrible impression que le brun risquait de l'abandonner, le quitter pour un autre homme plus fou, plus aventureux, plus jeune aussi. John tourna la tête vers le côté, le front soucieux.

« Maintenant que le ciel n'a plus de mur
Laissons nous glisser dans l'ouverture
Le cœur est si léger, là où je t'emmène
D'autres sont allés dans ce domaine
Éteins la lumière
Nettoie ce qui n'est pas toi
Souffle la poussière sur toi
Éteins la lumière
Montre-moi ton coté sombre
»

Sherlock chantait bien, lui, et sa voix grave vibra quelques secondes de plus dans l'air de Janvier. John ne releva ni les paroles rassurantes, ni le fait que son amant connaisse par cœur cette chanson uniquement car il l'aimait bien lui-même, mais osa indiquer que son accent français était aussi délicat qu'excitant. L'autre lâcha un rire saccadé, et sa bouche se posa contre son peau. Un murmure rauque.

« Je ne te quitterais jamais.

-Je sais.

-Non, tu ne sais pas, John. »

Non, John ne savait pas. Mais il voulait que l'autre continue de lui dire des choses comme ça, qu'il le conforte dans son idée dérisoire que jamais le détective ne se lasserait de lui. Qu'il continue de lui ôter, petit peu par petit peu, ce poids qui hantait ses épaules.

« J'aime bien ta mère.

-Vraiment ? »

Le blond glissa sa paume sous le grand manteau noir, remonta le long de la colonne avait de frotter un petit nerf qui paressait entre les deux omoplates. Sherlock se tendit, gémit, poussa un son qui se rapprochait fortement du ronronnement, et au final se pressa tout entier contre son amant en grondant après sa mère. John poursuivit ses caresses, regardant fixement au dessus de l'épaule de Sherlock.

« Je me demande comment se fera la rencontre avec la mienne, par contre. »

Un grand silence fit écho à ses paroles. Pas un bruit, pas un souffle, pas un son. Sherlock se recula doucement, frottant son nez contre celui de John comme un enfant. Il prit son visage à deux mains, sans savoir quoi répondre, et au final l'embrassa. Lèvres glacées contre lèvres chaudes. Douce opposition qui les ravissait toujours autant. L'évolution avait finit par porter ses fruits. John assumait. John osait. John se sentait invincible.

« …Tu avais peut être raison. Il m'a fallu pas mal de choses pour comprendre que je t'aimais, et que j'étais fier de ça.

-Tu es fier de moi ?

-Je n'irais pas jusque là. »

Bruit de baiser. Sherlock se recule, fronce les sourcils :

« Tu as quelque chose dans ta poche.

-Non, je…Ah, si, qu'est-ce que… »

John sortit de son manteau une petite boîte noire, recouverte de velours. Il l'observa sous toutes les coutures alors que le brun marquait un temps d'arrêt. C'était certainement Mummy qui avait du glisser ça sans qu'il s'en rendre compte. John le posa contre son oreille, ça ne faisait pas de bruit. Ah, ça s'ouvrait comme ça ? D'accord.

« Ne regarde pas à l'intérieur. Je sais ce que c'est.

-Raison de plus pour que je ne reste pas dans l'ignorance, alors. »

La boîte s'ouvrit dans un petit grincement. John ouvrit la bouche, recula la boîte, l'approcha violemment de son visage, devint carmin et finit par s'étouffer. L'autre ne bougea pas d'un cil, observant la réaction de son amant sans rien commenter. N'importe qui, en voyant ces deux hommes, aurait trouvé la situation étrange, voire inquiétante. Heureusement pour eux, la rue était déserte, et les raclements de gorge de John furent donc sans témoin.

Le blond, la main tremblante, prit l'objet qui se trouvait dans la boîte, le leva à la lumière, poussa un sifflement admiratif.

Une bague.

De fiançailles.

Eclat fugace. Il s'agissait de deux anneaux étroitement reliés par une petite barre brillante mais sobre. Magnifique, classieuse, originale et sensuelle. John lu l'inscription gravée à l'intérieur de l'anneau : Mauboussin. Sherlock se mordit la lèvre inférieur jusqu'au sang : marque française, pas de prix en dessous de mille £, s'il en croyait sa mémoire. John sortit précautionneusement la bague entre le pouce et l'index, déglutit, et la présenta devant Sherlock qui le regarda droit dans les yeux.

« I do. »

Souffle plein de chaleur qui dissipe le froid ambiant. Le visage de Sherlock reste sans expression, alors que celui de son amant change de couleur, abasourdit, gêné, le cœur battant pourtant d'une vie nouvelle. Le brun enlève son gant droit en le tirant avec les dents, puis va se saisir de l'anneau.

« Or blanc. Qualité supérieure. Très cher. »

Les deux petits mots résonnent encore dans les oreilles du médecin qui ne parvient pas à avaler sa salive. L'autre le remarque, un semblant de sourire passe sur ses lèvres alors qu'il range la bague dans son écrin de velours sombre.

« Je plaisantais, John. »

Il lui caresse la joue, l'embrasse doucement, puis se détourne sans pourtant aller plus loin. Il sent quelque chose. Il sent que John est statufié, qu'il tient fermement l'écrin entre ses doigts grossiers, et qu'il le fixe d'une façon étrange. Il le sent.

« John, tu viens ? Il est tard, et je voudrais me pencher sur ces messages menaçants que Lestrade à reçu chaque jour…

-Tu ne plaisantes pas. N'est-ce pas ? »

Silence. John attend une réponse. Il a la gorge sèche, et est hanté par le regard de son amant qui brillait, brillait tellement lorsqu'il avait lâché ce délicieux « I do » si étrange, presque déplacé entre ses fines lèvres.

Le détective fixe le lampadaire suivant. Il n'est simplement pas capable de formuler le moindre mot. Son dos se fait plus droit, ses poings se serrent. Plaisantait-il, ou non ? Il plaisantait. Evidemment. Lui, Sherlock Holmes, aurait-il pu accepter une pseudo demande en mariage de façon si peu originale ? Non. –Si.- Absolument pas. –Il en avait tellement eu envie.- Il avait simplement voulu gêner un peu le blond. – Il aurait aimé qu'il lui passe l'anneau au doigt.- C'était d'une stupidité affligeante. –Il n'avait jamais été aussi sérieux.-.

Sherlock releva le menton :

« Rentrons. »

Il y eu un bruit mat. Quelque chose venait de s'abattre dans la neige. Sherlock frissonna. En ce concentrant, il pouvait certainement déduire l'origine de ce bruit. Son cœur manqua un battement, se reprit. Non. Impossible. Cela n'était simplement pas logique. Il refusa de se retourner, serrant durement les mâchoires. Scénario stupide qui ne lui ressemblait pas.

« Sherlock. Retourne-toi. J'ai froid. »

Le brun prit sur lui, resserra son écharpe d'un geste sec, et, centimètre par centimètre, fit face à son amant.

Un genou dans la neige.

L'écrin ouvert avec tendresse dans ses mains.

Un sourire maladroit.

Le bout du nez rouge.

Le regard fuyant.

La gorge en alerte.

Il s'humidifie les lèvres, hésite devant l'air grave de Sherlock, et les mots, sans lui demander son avis, sortirent de son giron en une phrase simple, bien ordonnée, qui brisa le silence instauré :

« Veux-tu m'épouser ? »

John s'était déjà imaginé en train de dire cette phrase. A ses premières copines, puis à Sarah, mais jamais, ô grand jamais, à son colocataire. Et alors que les sons s'évanouissaient dans l'air comme des bulles de savon, il ressentit l'inquiétude propre à ce genre de demande, et faillit se lever pour fuir, fuir jusqu'à l'appartement, s'enfermer dans sa chambre et crier qu'il se rétractait, qu'il plaisantait, qu'il était fou.

Puis, une main blanche et gracile fut présentée devant son visage.

« Je pense avoir déjà répondu.

-Sh…Sherlock.

-Oui. Oui, John. »

Oui, murmurait-il encore en l'embrassant alors que le blond lui passait la bague au doigt en tremblant, oui murmurait-il alors qu'ils tombaient dans la neige, s'enlaçant, frissonnant sous la morsure des flocons. Oui. Oui, Sherlock avait trouvé le moyen de faire taire les inquiétudes du médecin concernant sa possible lassitude. Le brun acceptait de se lier à lui de la façon la plus intime qui soit. John riait. John souriait. John était heureux. Le détective eut une pensée pour sa mère. La remercia. Puis il entendit clairement le son d'une ceinture que l'on détachait, et ses doigts se perdirent sous les vêtements de l'autre. Pas besoin de je t'aime. Les gestes parlaient d'eux-même.

"..."

« D-d-d-dépêche-toi…

-Je suis sur que tu as attrapé froid, je t'avais pourtant prévenu que faire l'amour dans la neige était risqué et que t-

-Oui, c'est b-b-bon, aller ouvre ! »

John aimait bien la neige, mais se rouler dedans à moitié nu ne faisait pas partie de ses activités habituelles. Il poussa son amant en avant, et le vit se figer en fixant la porte.

« Sherlock ?

- Reste-la. »

Les doigts se délièrent. La lumière du couloir fit briller l'anneau. John rougit. Le brun monta les escaliers, et pencha la tête sur le côté.

Une feuille. Parchemin. Bonne qualité. Rare. Ecriture fine, penchée, agréable. Encre bleue nuit. Accrochée à la porte par un poignard.

Neuf. Assez cher. Ornement asiatiques. Facile à manier.

« Sherlock ? »

Le brun enlève l'arme d'un petit mouvement, saisit la feuille, l'analyse. John monte les marches, observe par-dessus son épaule. Leurs portables vibrent de concerts au fond de leur poche. Ils ne s'en saisissent pas. C'est inutile, pour le moment. Le blond ouvre de grands yeux.

« Je vais faire de votre vie un enfer, en souvenir de Jim. Avec toute mon affection, Irène Adler. »

Sherlock fourre la feuille dans sa poche. Il ne lira que dans dix minutes le message de Lestrade lui annonçant un quintuple meurtre.

Il descend les marches avec agilité, ouvre la porte donnant sur la rue, puis se retourne vers son futur mari. Dans ses yeux, de l'excitation, de la convoitise, de la joie, et du désir. John sent, quant à lui, une douce fatigue poindre dans ses muscles. Mais la vision du brun, aussi enthousiaste, le fait tout de même sourire.

« Les aventures reprennent, je présume ? »

Sherlock tend sa main. Eclat argenté. L'autre s'en saisit, embrasse l'anneau, puis l'homme qui le porte. Le brun rit, comme un prédateur qui vient enfin de repérer une proie à sa taille, et entraine John sur ses pas alors qu'il court sur le trottoir à la recherche d'un taxi.

« Elémentaire, mon cher Watson ! »


THE END


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PARLONS! Déja, je voudrais que chaque personne lisant ce chapitre me laisse un commentaire, j'en ai vraiment besoin, j'adore les feedback :) alors faîtes un PETIT EFFORT :D


Deuxièmement : j'espère que cette foutue trilogie ne vous a pas déçue par cette fin, et qu'au contraire j'ai su vous surprendre du début à la fin, car c'est un peu mon but!

Troisiemement : la chanson, c'est Axel Bauer - Eteins la lumière

Quatrièmement : Je suis heureuse d'avoir recasé le " élémentaire mon cher Watson", même en dernière phrase 3, fufu.

Cinquièmement : Je ne voulais pas finir sur une note trop triste concernant Mycroft et Mummy, donc j'ai arrangé un peu les choses :D

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ENFIN : Je suis une petite fouine vicieuse :) et c'est pourquoi je pourrais, si vous le décidez, car je n'obéis qu'à vos désir, je pourrais donc disais-je faire une quatrième et DERNIERE partie avec le mariage de nos chers amis et le duel AdlerxSherlock. CECI n'est pas une obligation. Si vous préférez rester sur cette fin, avec votre imagination concernant la suite, libre à vous, aucun problème :)


Je laisse donc le choix entre vos mains!

Et encore un grand merci pour tous vos charmants commentaires, merci d'avoir suivit ces trois histoires , ça m'a terriblement plu de les écrire, et sans vous, et bien je ne suis pas grand chose :)

A LA REVOYURE!

Misro.