Voici mon cadeau de Noël ! (avec un jour de retard, si je veux !)

Après 7 mois d'attente, le chapitre 7 (coïncidence numérale ?) est enfin là ! Si ça continue, je vais finir par adopter le rythme de publication des saisons de Sherlock, moi... Plus sérieusement, j'ai mis un bout de temps pour me remettre de The Reichenbach Fall et puis par dessus ça est venu The Avengers... bref.

J'ai été assez surprise de voir que la saison 2 de Sherlock reprenait des éléments de ma fiction (le coup du Cluedo, le prénom "Greg" de Lestrade, la référence musique classique entre Sherlock et Moriarty, John dans une cage...et je dois en oublier), alors je tiens à préciser que je n'ai absolument rien pompé à la saison 2, même pour les chapitres qui sont sortis après sa diffusion. Mon histoire se passe entre la saison 1 et la saison 2; je voulais respecter ça.

Sur ce, j'arrête de blablater et je vous souhaite une très bonne lecture ! Merci à ceux qui ont le courage de me suivre !


Entrepôt sur une rive de la Tamise, dans un quartier aussi dénué d'intérêt que de surveillance. Sherlock Holmes attrapa lentement la poignée de la porte coulissante, prêt à l'ouvrir.

« Attends.

Moriarty s'avança et vint se placer à sa droite, légèrement devant lui.

_ Après tout, justifia-t-il en haussant les épaules, je suis sensé être ton otage, non ? »

Et pour appuyer ses dires, il fit cliqueter ses jolis nouveaux bracelets en métal.

Quelques minutes auparavant, alors qu'ils étaient descendu de la voiture affrétée par le criminel consultant et que ce dernier venait de renvoyer son homme de main, ils avaient mis en place la stratégie élaborée la veille: Moriarty se retrouvait donc menotté bras devant – même si la police préfère encore menotter les suspects dans le dos, tout le monde vous dira que le plus sûr c'est de le faire devant: beaucoup moins de risque qu'il arrive à se libérer et à vous prendre par surprise si vous pouvez toujours garder un œil sur ses entraves. Cependant, et heureusement pour lui, ses menottes étaient quelque peu spéciales; la bonne pression avec le bon angle et elles s'ouvraient aussi facilement qu'un cadenas de journal intime pour enfants. Et Jim avait trouvé amusant de préciser qu'il était un spécialiste en terme « de pression et d'angles », allusion sans aucun doute à caractère sexuel que Sherlock avait préféré ignorer.

« Vous avez bien votre arme ? S'enquit le détective en essayant de discerner les bretelles du holster de son « otage ».

_ Et toi ? Fut la seule réponse que Moriarty lui donna.

_ Entrons donc. »

Il ouvrit la porte.

Lorsque John entendit la porte de l'entrepôt grincer sur ses gonds rouillés comme elle l'avait précédemment fait quand ils étaient entrés, lui et Thomas Wayne, il crut que son cœur allait s'arrêter de battre. Sa gorge se noua mais cette fois-ci pas parce qu'il voulait vomir ou tousser, non, cette fois-ci parce qu'il était infiniment heureux. C'était Sherlock qui venait d'entrer, même sans le voir il le savait. Une foule d'émotions le submergea, comme si son séjour en cage l'en avait privé et que tout lui revenait d'un coup : il avait envie de rire et de pleurer en même temps, de sauter de joie et de courir vers son ami sans se soucier de ce que penserait Sherlock. Il voulait... il voulait ressentir au moins une fois cette odeur étrange et mystérieuse à l'image de son propriétaire.

Mais bouger, dans sa situation, était chose impossible. Thomas Wayne lui avait dit plus tôt dans la journée – ou alors était-ce hier ? – qu'il lui faisait « partiellement confiance »... mais tout le monde vous le dira, c'est plus facile de faire confiance à quelqu'un en le menottant et en le visant d'une arme.

Pourquoi diable autant de monde, à Londres, possédait une arme ?

Thomas posa le bout glacé du canon de son révolver sur la nuque du médecin qui ferma les yeux, frémissant.

« Puis-je te laisser là un instant, docteur ? Lui murmura-t-il.

_ Je suppose..., bégaya John, peu à l'aise, je suppose que oui...

Thomas récupéra son arme, souriant légèrement.

_ Bien. Ne viens que lorsque je t'appellerais. (Il marqua un temps, semblant réfléchir) Oh, et n'essaies pas de t'enfuir d'ici c'est peine perdue. »

Et avec un dernier sourire, il sortit de la salle où ils se trouvaient, se faufila silencieusement derrière des poutres en fer presque aussi rouillées que la porte et apparut dans la pièce principale de l'entrepôt – le hangar. Enfin était venu le temps du face à face.

Sherlock aurait du s'y attendre. Après tout, il s'agissait là de l'ami d'enfance de Jim Moriarty même méthodes, même caractère narcissique. Malgré tout, il fut légèrement – très légèrement – étonné par sa mise en scène : Un entrepôt immense et vide, entièrement plongé dans l'obscurité à l'exception… d'une lampe, au plafond, qui dispensait un cercle lumineux pas plus grand que celui d'un lampadaire et au centre de ce cercle : Thomas Wayne. En personne.

Moriarty s'arrêta quelques pas seulement après avoir franchit la porte. Sherlock en fit de même, restant derrière lui. De sa position, il pouvait distinguer les deux criminels et quelque chose le frappa : Moriarty et Wayne étaient les faces opposées d'une même pièce partageant des centres d'intérêts et une mentalité commune mais étant totalement dissociables physiquement : Moriarty était plutôt petit, Wayne faisait sa propre taille, voir plus Moriarty était brun, pâle et – de ce qu'il en savait – pas très sportif, Wayne était blond, hâlé, et clairement musclé.

Autant d'oppositions qui ne pouvaient pas être dût aux fruits du hasard. Le criminel consultant avait dit la vieille que, dans leur jeunesse, sont ami était roux. Thomas Wayne avait-il cherché délibérément à devenir l'exact opposé de son désormais rival ?

Sans doute la réponse était-elle positive.

Sherlock cessa ses digressions lorsque Thomas Wayne, d'un geste lent et calme, leva l'arme qu'il avait à la main pour la pointer sur Moriarty.

« Je vois que vous avez admirablement respecté votre part du marché, monsieur Holmes.

Il marqua un temps, son regard, qui jusqu'à présent était resté fixé sur Moriarty, glissa jusqu'au détective, et une esquisse de sourire illumina son visages aux traits militaires.

_ Thomas Wayne, se présenta-t-il, heureux de faire enfin votre connaissance.

_ Le plaisir est partagé, rétorqua Sherlock.

Thomas fronça imperceptiblement les sourcils, comme contrarié.

_ C'est étrange, admit-il, songeur, j'aurais juré que vos premiers mots seraient...

Il écarta les bras, montrant la pièce vide, son sourire s'élargissant.

_ « Où est John ? ». »

Sherlock fut pris de court. John. Il avait complètement oublié John trop focalisé qu'il était à remarquer oh combien les deux hommes devant lui différaient. Une myriade de questions déferla dans son esprit en surchauffe. Où était John ? Allait-il bien ? Était-il blessé ? Ou bien encore en danger ? Pourquoi Wayne avait-il justement mis le doigt sur cette question ?

« Où... commença Sherlock.

_ Est-ce par culpabilité que vous vous apprêtez à poser la question que je viens de vous donner ? L'interrompit Thomas.

Son visage restait paisible, presque rieur, mais son ton de voix ne laissait plus aucun doute quant à ses intentions : il voulait rabaisser le détective. Ou plutôt il voulait se placer en position de dominant, par rapport à lui.

_ C'est vrai que c'est embarrassant que quelqu'un fasse remarquer que votre première priorité n'est pas votre cher ami enlevé. Alors vous tentez de vous rattraper.

Malheureusement, son attitude était également typique de Moriarty. Et depuis le temps, Sherlock savait comment parer ce genre d'attaques. Il reprit donc son sang froid.

John tendit l'oreille, essayant d'entendre ce qui se disait sans quitter la salle que Thomas Wayne lui avait assigné. Il n'avait certes vu personne d'autre à par eux mais comme de son côté Moriarty avait un faible pour emmener des snipers avec lui partout où il allait, il présumait que Thomas Wayne le faisait également. Et même si ce n'était pas le cas... il préférait ne pas tenter de désobéir à ses ordres, par pure précaution.

John ferma les yeux pour se concentrer uniquement sur les sons qu'il percevait.

Apparemment, Thomas venait de se présenter... – et John se dit que finalement, les films d'actions n'étaient pas complètement dans le faux : baston finale avec le méchant; quatre-vingt pour-cent de blabla, vingt pour-cent de combat.

John prêta plus attention à la conversation quand il entendit son nom. Qu'est-ce qu'il racontait encore ? Oui, Sherlock n'avait pas immédiatement pensé à lui en arrivant mais quelle importance ? Pris en sandwich entre deux tueurs psychopathes, tout le monde en oublie ses priorités, John le premier ! Il n'allait tout de même pas se mettre à pleurnicher comme une ado pré-pubère en couinant « Oh mon Dieu, Sherlock n'a pas pensé à moi dès qu'il est arrivé, je ne compte pas pour lui il se fiche bien de mon sort ! » !

Et Sherlock ne répondait rien à ça ? Il n'était tout de même pas tombé dans le panneau ?! John avait bien envie de sortir de sa cachette juste pour aller mettre un pain à son ami, en ce moment même...

Il serra les dents et sut aussitôt que c'était une bêtise: son mal de crane se réveilla avec vivacité, comme si les médicaments donnés par Thomas Wayne venaient de cesser leur effet d'un seul coup. John fronça les sourcils et soupira en s'appuyant contre un mur, toute colère disparue. Il avait hâte que tout cela se termine.

Sherlock releva la tête; neutre.

« Je ne pensais pas que le concept d'amitié vous tenait tant à cœur.

Il venait sans le vouloir de faire un jeu de mots. Jeu de mots que Thomas Wayne releva, lui. Il sourit une nouvelle fois – il avait sans conteste le rictus plus facile que son ancien ami – et porta sa main libre à son torse.

_ Car tout est une affaire de cœur, n'est-ce pas ? S'enquit-il comme pour lui même avant de reposer ses yeux céruléens sur Moriarty. Veux-tu savoir comment je m'en suis sorti, James ?

Jim prit son temps avant de répondre.

_ J'en suis curieux, en effet.

Encore un sourire.

_ C'est ça le problème, quand on tire sur quelqu'un par derrière, tel un lâche...(la fin de sa phrase avait été plus grave) On ne peut pas bien viser.

Moriarty rétorqua rapidement.

_ Je t'ai touché au cœur, j'en suis certain.

_ 5 millimètres, reprit tout aussi rapidement Wayne sous l'œil interrogateur de ses deux vis-à-vis. Tu as loupé ton angle de 5 ridicules millimètres. C'est peu, n'est-ce pas ? Mais suffisamment pour que ta balle n'aille pas se loger dans mon cœur... mais dans mon omoplate.

Sherlock visualisa mentalement la situation. Si Moriarty avait en effet une certaine position par rapport à son ami, il avait très bien pu penser le tuer d'une balle alors qu'il n'avait fait que le blesser gravement.

_ Tu as dû t'approcher de moi après coup, n'est-ce pas ? Pour vérifier que j'étais bien mort.

Le silence du criminel consultant lui fournit sa réponse.

_ Heureusement pour moi, je m'étais évanoui sous la douleur. Et de ton côté, tu n'as pas pensé à prendre mon pouls ou bien à me tirer une seconde balle pour t'assurer de mon décès. (Il poussa un léger ricanement) Tu n'as même pas songé à faire disparaître mon corps... Tu m'a simplement laissé là, me vidant de mon sang au milieu de cette immonde ruelle, comme un chien ! »

Thomas avait presque hurlé ses derniers mots. À l'instar de Moriarty, il semblait pouvoir passer d'un calme relatif à une rage folle en moins de quelques secondes – pas le genre de personnes avec qui on privilégie le combat au corps à corps. Les inquiétudes de Sherlock au sujet du sort de John augmentèrent d'un cran.

John, qui avait suivit toute la conversation, tressauta en entendant Thomas crier. Voilà bien un aspect de son « patient » qu'il avait eut le plaisir de ne pas voir...

Une autre chose l'avait surpris, le fait que Moriarty pouvait louper un tir. Le médecin se dit que si, désormais, il avait recours à des snipers, ce n'était peut-être pas uniquement pour « ne pas se salir les mains » mais peut-être aussi parce qu'il était... mauvais tireur ? Enfin, il n'aurait sans doute jamais de réponse pour cette question.

« Après ça, je me suis retrouvé à l'hôpital, complètement sonné. La première heure qui a suivi mon réveil, je ne me souvenais même pas que c'était toi, mon meilleur ami, qui avait tiré. Hilarant, n'est-ce pas ?

Jim ne releva pas sa question rhétorique.

_ J'ai pourtant lu ta mort dans le journal.

Thomas haussa les épaules.

_ Ce n'est pas très compliqué de craquer quelques pares-feu. Et du reste, même un adolescent peut le faire rajoutant un petit article au journal du matin... ou encore falsifiant son admission à l'hôpital pour faire croire à son décès.

Il leva les yeux vers le plafond de l'entrepôt – toujours en tenant Moriarty en joug – comme s'il fouillait dans ses souvenirs.

_ Après ce petit... incident, j'ai du quitter l'Angleterre, empruntant routes et chemins sans vraiment savoir où j'allais. (un sourire naquit au coin de ses lèvres) J'ai fini par atterrir en Italie. Buon giorno.

Thomas soupira et commença à marcher, décrivant un arc de cercle autour de ses deux invités.

_ À l'époque, continua-t-il, ils recherchaient des volontaires pour leur armée, des types assez fous pour avoir envie d'être parachutés en pleine guerre d'Irak. Je me suis donc engagé pour y faire mon service militaire. »

Toujours caché, John serra les dents en déglutissant. Il avait lui aussi connu les horreurs de la guerre, il savait de quoi il en retournait. Comment un jeune homme qui a encore la vie devant soi peut s'engager volontairement pour aller tout droit en Enfers ? Ça lui semblait incompréhensible.

De leur côté, Sherlock et Moriarty ne pouvaient faire qu'écouter Thomas Wayne raconter sa vie en le suivant des yeux. Le moindre geste leur vaudrait un aller simple pour le cimetière de Brompton. Cependant ils n'avaient pas non plus prévu de rester là la nuit entière pour ressasser les souvenirs du bon vieux temps. Ce fut donc Moriarty, qui était le plus intime avec Thomas Wayne, qui prit la parole.

« Et si on arrêtait là la séance diapos ?

Thomas stoppa sa marche et reprit son sourire.

_ Tu préfères qu'on parle de toi, comme d'habitude ? Comment va ton père ?

_ Il est mort.

Ça avait au moins le mérite d'être clair. Une expression à mi-chemin entre la surprise et la joie passa sur le visage de Thomas.

_ Oh, souffla-t-il, alors tu t'es enfin décidé à le tuer ?

_ Non crise cardiaque.

_ Oui, donc tu t'es enfin décidé à le tuer. »

Sherlock nota que si jamais il retrouvait le père de Moriarty, il serait bon de vérifier si sa crise cardiaque était vraiment naturelle. Mais l'heure n'était pas aux enquêtes mineures. Il fit un pas en avant – restant tout de même derrière le criminel consultant – ce qui lui valut toute l'attention de Thomas Wayne, qui avait perdu son sourire.

« Et si nous procédions à l'échange ? Proposa-t-il. Vous aurez tout loisir de discuter entre vous, après ça. »

Thomas le considéra pendant trente bonnes secondes avant de fermer les yeux et de les rouvrir vers un coin sombre de la pièce. On aurait dit le début d'un couloir par lequel les anciens employés de l'usine arrivaient pour venir décharger les marchandises du hangar. Sans doute ce couloir comportait plusieurs portes adjacentes.

«Docteur, et si tu sortais de là maintenant ? » Appela Thomas, puis il tourna son regard vers Sherlock juste à temps pour le voir tiquer à son tutoiement. Ils étaient aussi amusants l'un que l'autre...

Dans sa petite pièce, John leva les yeux au ciel, soulagé – il se demandait combien de temps il allait devoir encore rester là. Se reprenant, il redressa les épaules, arrangea son pull comme il put avec ses menottes, et se racla la gorge. Cette dernière chose n'était pas sa meilleure idée : il sentit une nouvelle quinte de toux arriver et l'étouffa dans sa manche avant de sortir de la salle. Il ne savait pas si c'était à cause de la fièvre mais la tête lui tournait. Malgré ça, il ne pouvait s'empêcher de sourire : il allait revoir Sherlock. Il avait l'impression que ça faisait une éternité qu'il ne l'avait pas vu – ou entendu. Sans le vouloir complètement, son pas se fit pressant.

Lorsqu'il arriva dans le hangar cependant, il ne put pas courir auprès de son ami comme il en mourrait d'envie. Il se contenta de regarder Sherlock, sa joie transparaissant sur son visage, et de venir prendre place aux côtés de Thomas Wayne. Ce dernier se rapprocha plus de lui et Sherlock se tendit, à l'affut. Puis il remarqua qu'il ne faisait que lui enlever ses menottes.

« Je vous conseille de laisser le votre attaché, ricana Thomas. Il me semble plus hargneux. »

Il devait bien être la seule personne à oser se moquer ouvertement de James Moriarty alors que celui-ci était dans la même pièce. Cela donna des sueurs froides à John.

Jim ne dit rien il ne voulait pas envenimer la rencontre – pas encore. Au lieu de ça, il jeta un regard à Sherlock, qui hocha la tête avant de prendre la parole.

« L'échange se fait en même temps.

John se demanda encore une fois si Sherlock ne regardait pas trop de séries TV pour sortir des phrases clichées comme celle-ci.

_ Bien entendu », sourit Thomas.

Et il donna une petite tape amicale dans le dos de John pour l'inciter à avancer. Moriarty bougea tout seul.

Enfin. Enfin John allait pouvoir rentrer chez lui, dormir dans son lit, se battre pour trouver quelque chose de comestible dans son frigo, hurler après son colocataire pour telle ou telle chose. Il comprenait enfin pleinement l'expression « apprécier les petites choses de la vie. ».

Plus il se rapprochait de Moriarty et plus, paradoxalement, il s'éloignait du danger.

Du moins, c'est ce qu'il pensait.

Au moment précis où il croisa le criminel consultant, il entendit un bruit métallique. Le reste se passa tellement vite qu'il ne réalisa pas tout de suite la situation : il baissa les yeux pour voir, gisant au sol, une paire de menottes, puis il sentit un bras enserrer son torse et enfin, la désagréable sensation glacée d'un canon de pistolet sur sa tempe.

D'un point de vue extérieur, la présente ironie l'aurait sans doute fait sourire. Moriarty venait de le prendre en otage.

Pour changer.

Un coup d'œil furtif au visage étrangement expressif et étonné de Sherlock lui indiqua que, apparemment, ce retournement de situation n'était pas prévu.

Et en effet, le plan n'était pas sensé se dérouler de la sorte. Sherlock, en voyant Moriarty agir de sa propre initiative, avait porté sa main à son arme à feux. Il n'allait peut-être pas réussir à éviter le bain de sang finalement. Mais il devait faire en sorte que John s'en sorte indemne, c'était sa priorité.

Thomas Wayne ne semblait pas non plus ravi par la surprise d'un Jim libre et armé – il n'aimait vraiment pas les mauvaises surprises. En bon londonien, il resta cependant de marbre et se contenta de foudroyer du regard son ancien ami.

Jim sourit et tourna son revolver en direction de Thomas.

« Maintenant on va pouvoir discuter tranquillement.

Ben voyons. Une tasse de thé et des petits gâteaux, avec ça ? John roula des yeux.

Il se détendit très légèrement quand le canon de l'arme de Moriarty quitta sa tête pour viser la poitrine de Thomas Wayne.

_ Ce serait fâcheux que ce cher docteur Watson reçoive une balle perdue, n'est-ce pas ? »

Fâcheux, c'était le mot.

Sherlock et John observèrent la réaction de Thomas Wayne. Celui-ci baissa la tête, les épaules parcourues de tressautements. Le médecin cru dans un premier temps qu'il fulminait intérieurement devant le dilemme qui se présentait à lui, mais il n'en était rien.

À la surprise générale, le tueur en série partit dans un réel fou-rire qui ne s'arrêta qu'au bout d'une minute environs. Il reprit son calme, encore souriant, et cligna des yeux pour chasser les quelques larmes qui avaient perlé.

Moriarty fronça les sourcils – tout le monde vous le dira : un tueur qui rit n'annonce généralement rien de bon.

« Tu... commença Thomas, réprimant un nouveau ricanement. Tu étais sérieux ?

Et aussi rapidement qu'elle avait disparu, son expression malicieuse et hautaine refit son apparition.

_ Mon pauvre James... Sur ce point là j'ai changé, tu sais ?

Il releva son arme et la pointa sur Moriarty. Et sur John, au passage, qui servait littéralement de bouclier humain au criminel consultant.

Thomas sourit.

_ Je ne suis plus aussi sentimental qu'avant, murmura-t-il. Désolé, docteur. »

En un dixième de seconde, John comprit: Moriary avait voulu jouer la carte des sentiments, en supposant que, puisque Thomas connaissait le médecin depuis un moment maintenant, il aurait des scrupules à lui tirer dessus. Très mauvaise supposition.

John se débattit en une vaine tentative de se libérer : ce cher Jim avait plus de poigne qu'il ne le laissait croire.

Thomas abaissa le chien de son revolver – John articula un « Sherl... ! ».

Coup de feu.

John papillonna des yeux, ne comprenant pas. Il ne ressentait aucune douleur, hormis celle de sa migraine.

Il eut juste le temps de remarquer que le coup de feu entendu était destiné à l'épaule de Thomas Wayne qu'il fut violemment projeté au sol. Il se rattrapa comme il put et vit Sherlock, bras droit tendu sur sa propre arme, encore fumante. C'était lui qui avait prit le criminel de court – pour le protéger. Ça rappela à John la première enquête qu'il avait mené avec son ami, l'affaire du chauffeur de taxis. Sauf que dans le cas présent, ce n'était pas John qui tirait pour sauver Sherlock mais l'inverse.

Et Moriarty sauta sur l'occasion : délaissant le docteur Watson qui était devenu plus un fardeau qu'autre chose, il profita du fait que son ancien ami soit déstabilisé par le tir qu'il venait de recevoir pour le viser à son tour... et presser la détente.

On aura beau dire ce que l'on voudra, il arrive que, lorsqu'elle n'a aucune affaire à résoudre, aucun mystère à élucider ou aucun PV à mettre, la police londonienne ressemble grandement à son homologue new-yorkaise qu'on voit dans beaucoup de films. Cet espèce de cliché du flic un peu trop empâté qui mange des beignets tranquillement assis dans sa voiture de fonction ou sa chaise de bureau. La division criminelle de Scotland Yard ne faisait pas exception à la règle...

L'inspecteur Greg Lestrade s'étouffa avec sa pâtisserie et manqua de renverser son gobelet en carton de café directement sur son clavier d'ordinateur en lisant le texto qu'il venait de recevoir.

Ce dernier, en provenance bien sûr de son détective consultant préféré, lui indiquait l'adresse d'un entrepôt près de la Tamise et lui demandait d'y aller au plus vite. Avec une ambulance.

Lestrade avala sa part de cake aux amandes, se tapa sur la poitrine pour l'aider à passer, toussa, et sortit en trombe de son bureau, manteau à la main.

« Donovan ! Hurla-t-il. En voiture, maintenant ! »

Sally s'exécuta sans poser de questions.

Thomas Wayne arrêta tout geste, comme figé dans le temps, tandis que le silence reprenait ses droits sur l'entrepôt.

Ébahi, il baissa lentement les yeux vers sa chemise qui se teintait de rouge puis dévisagea Jim, qui rangeait son révolver.

La réalité lui arriva en pleine figure : rapidement, un goût métallique se répandit dans dans sa bouche, la douleur le plia en deux et il lâcha son pistolet, qui rebondit sur le bitume, pour se tenir la poitrine. Un filet de sang coula de ses lèvres alors qu'il relevait fébrilement la tête pour regarder son bourreau, droit dans les yeux. Son bourreau qui restait de glace face au spectacle.

« Cette fois-ci encore... » s'étrangla Thomas et après quelques gargouillis macabres, ses genoux tremblèrent et le lâchèrent.

Il s'écroula au sol, face contre terre. Mort.

Cette fois-ci encore, Moriarty avait gagné. Voilà ce que voulaient dire les dernières paroles de Thomas Wayne.

Avec une calme lenteur, une flaque visqueuse et pourpre commença à s'étendre autour du corps encore chaud du tueur en série, épousant les creux, les bosses, et toutes les autres aspérités du bitume.

En bon médecin, John amorça de se lever pour aller voir son état et lui porter secourt mais il se ravisa : inutile de se bercer de faux espoirs personne ne survit à une balle en plein cœur.

Il était malvenu pour lui de penser ça mais d'un côté, ça le soulageait que son ancien patient soit enfin mort. Il avait été le seul à être touché et heureusement – fort heureusement ! – Sherlock n'avait rien. Ils allaient pouvoir appeler Lestrade, lui expliquer la situation – ce qui ne s'avérerait sans doute pas chose facile – et rentrer chez eux.

John esquissa un sourire et se leva. Esquissa seulement car dès qu'il fut debout, Jim releva son revolver et le pointa une nouvelle fois sur sa tête. Oublier le criminel consultant n'était pas très malin de la part de John. Les problèmes étaient loin d'être terminés.

Il se força à respirer aussi calmement que possible et attendit la réplique cynique que Moriarty avait à n'en pas douter préparé tout spécialement pour lui... mais rien ne vint. John jeta un coup d'œil à Moriarty, qui fixait Sherlock. Il l'imita donc et se rendit compte que son ami braquait le criminel consultant de sa propre arme à feu.

Par chance, sans les snippers de ce cher Jim, il était sur un pied d'égalité avec lui, bien que ce dernier ait toujours le bénéfice de l'otage.

Jim aurait put demander n'importe quoi au détective consultant – de baisser son arme, de le supplier à genoux, de retirer sa chemise et danser la macarena... Au lieu de ça, une expression indéfinissable passa sur son visage comme une ombre – John cru l'espace d'un instant que c'était de la tristesse – avant de laisser place à son air habituel, mélange de mépris de l'Humanité et de sournoiserie.

Sherlock fronça très légèrement les sourcils.

« Relâchez John », articula-t-il bien comme il faut.

Quand il devenait sérieux, Sherlock prenait généralement deux types de tons : soit il parlait à une vitesse hallucinante, soit au contraire il prononçait chaque syllabe de chaque mot. Comme dans le cas présent. Ça n'annonçait rien de bon pour le criminel consultant qui était loin de s'inquiéter. Au lieu de cela, il leva son bras gauche – celui qui ne tenait d'autre arme que son téléphone cellulaire – et sembla rester un instant sur l'écran d'accueil avant de le ranger. Sherlock n'aurait pas pu le dire avec certitude mais John savait qu'il venait de regarder l'heure.

Jim feignit un soupir.

« On dirait que ce n'est pas encore aujourd'hui que je vais en finir avec vous...

Ses yeux noisette transpercèrent presque ceux de Sherlock.

_ Tu as prévenu la police, n'est-ce pas ?

Le détective marqua un temps avant de répondre.

_ Pendant que vous tiriez.

_ Un texto pré-écrit, ricana Jim. Bien joué !

_ Je vous remercie. Scotland Yard devrait arriver dans quelques minutes, vous l'attendez avec nous ? »

John roula des yeux, ils étaient repartis dans leurs conversations courtoises et emplies de piques... Et lui dans tout ça ? Oh, rien de grave, il était juste tranquillement au milieu, tenu en joug par un psychopathe !

Jim sourit en coin à la proposition du détective.

« Malheureusement, je suis un homme occupé, tu sais... alors ce sera pour une prochaine fois. »

Et dans un mouvement vif, il braqua son arme vers le plafond et tira. L'unique lampe allumée de tout l'entrepôt, mise en scène très théâtrale de Thomas Wayne, vola en éclats et l'obscurité engloutit tout. Seuls les deux petites diodes des panneaux Exit recouverts de poussière et de fientes de pigeons offraient un maigre éclairage verdâtre qui n'allait même pas jusqu'au centre de l'immense zone de chargement du hangar.

Sherlock se précipita auprès de son ami, bras en avant pour pouvoir le trouver. Il sentit des morceaux de verre se briser sous ses chaussures, débris de la lampe cassée. Plus loin, le bruit grinçant d'une porte métallique lui indiqua que Moriarty avait quitté l'entrepôt. Un problème en moins.

« John ? Appela-t-il, pour s'assurer que le criminel consultant ne l'avait pas prit avec lui.

_ Sherlock ? Lui répondit une voix assez proche. Sherlock où es-tu ? Je ne vois strictement rien... !

Sherlock se dirigea vers la voix de son ami.

_ Continues de parler, John.

Il l'entendit rechigner. À travers la rangée de hautes fenêtres qui donnait au hangar un semblant de luminosité durant la journée, la Lune apparut – et avec elle sa clarté. Sherlock vit la silhouette de son ami mais il tournait la tête et ne le remarqua pas.

_ Parler... je veux bien parler mais que veux-tu que je...

Jusqu'au moment où Sherlock l'attrapa par les bras et le tira subitement à lui. John, le visage à quelques centimètres à peine de celui du détective, ouvrit de grands yeux ronds.

_ … dise... ? » Souffla-t-il.

Il refusa de le croire l'espace d'un instant. À tous les coups, un nouvel imprévu allait arriver et les séparer de nouveau. Un nouveau tueur en série... peut-être même que Thomas Wayne n'était pas vraiment mort ? Non, ça c'était impossible.

John continua de fixer les yeux de son ami, rendus presque argentés par la lueur de l'astre nocturne. Il ouvrit la bouche.

« Sherlock... ?

_ Je suis là, John, le rassura-t-il en le soutenant – ses jambes avaient apparemment décidé de ne plus le porter. Tout va bien, maintenant.

_ Oh mon dieu, Sherlock, je... »

Un rayon bleu passa par les fenêtres pour venir éclairer le plafond. Puis un rouge. Et ainsi de suite.

Quand on vous dit que Scotland Yard arrive toujours au bon moment.

Lestrade déboula dans l'entrepôt avec une dizaine de policiers armés et en uniforme dont faisait partie le sergent Donovan. C'est elle qui, avec son supérieur, s'approcha des deux hommes tandis que les autres sécurisaient les lieux et se hâtaient près du cadavre de Thomas Wayne.

Greg considéra le corps, l'arme au sol, les débris de verre, Sherlock et John... puis traça les contours de sa bouche du pouce et de l'indexe.

« Sherlock... On peut savoir ce qu'il s'est passé, ici ?

Sally ne put s'empêcher d'aboyer.

_ Oui, comme par exemple : c'est qui ce type mort là-bas ? Vous avez une bonne excuse pour ça aussi ?

Le détective reprit son masque inexpressif et se plaça légèrement devant son ami.

_ Cet homme est le tueur en série que vous recherchez. Il se faisait appeler Edward Collinson mais son vrai nom est Thomas Wayne.

Il tendit son arme à Lestrade qui s'empressa de sortir un mouchoir de sa poche pour la récupérer. Des miettes de gâteaux tombèrent en même temps.

_ Cette arme est la mienne, poursuivit-il, et vous pourrez aisément voir avec la balistique que ce n'est pas elle qui a abattu Wayne. »

Dans son dos, il sentit John vaciller. Il avait remarqué sa température plus élevée que d'ordinaire il devait sans doute avoir de la fièvre. Sherlock n'avait aucune idée des conditions dans lesquelles Thomas Wayne l'avait retenu captif. Il ne voulait donc pas prendre de risque.

« Maintenant si vous voulez bien nous excuser, nous allons rentrer.

_ Q-quoi ?

Le sergent Donovan manqua de s'étrangler.

_ Mais c'est hors de question ! Il faut qu'on prenne votre déposition au minimum et d'après ce que vous nous direz, on devra peut-être même vous emmener au poste voir en garde à vue !

Fidèle à lui-même, Sherlock n'eut que faire de ses piaillements et posa une main dans le dos de son ami, commençant à marcher. Sally s'interposa, de plus en plus hystérique.

_ Vous êtes sourds ? Lança-t-elle avec animosité. J'ai dit que vous ne partiriez pas de cette scène de crime avant q...

_ Lestrade, la coupa sèchement Sherlock. Nous rentrons.

Greg et lui échangèrent un long regard silencieux. Il considéra ensuite John, qui n'était visiblement pas au mieux de sa forme et soupira.

_ Très bien, allez-y.

Le sergent Donovan manqua de faire un infarctus. Sa bouche s'ouvrit comme celle d'un poisson chat.

_ Mais enfin, Inspecteur... !

_ Il n'y a pas de quoi s'en faire Sherlock passera demain dans l'après-midi pour faire sa déposition. N'est-ce pas ?

Le détective hocha la tête.

_ Alors laissons-les rentrer, qu'ils profitent des quelques heures de sommeil qu'il leur reste.

En effet, il était presque une heure et demie du matin. Voilà pourquoi John tombait littéralement de sommeil.

_ De plus, nous avons encore beaucoup de choses à voir ici, Donovan.

Sally serra les dents mais finit par céder et partit aider deux de ses collègues. Lestrade prévint Sherlock d'un ton qui se voulait autoritaire.

_ Quatorze heures trente à mon bureau, c'est clair ? Sans faute, Sherlock. Ou je lâche Donovan et Anderson dans votre appartement.

Un troupeau de gnous aurait fait moins de dégâts que ces deux là cherchant de quoi incriminer le détective consultant pour tel ou tel délit mineur. C'était vicieux de le menacer ainsi, même de la part de Lestrade.

_ Je viendrai », promit Sherlock.

Et il s'éclipsa en compagnie de son ami.

Greg soupira et articula un « Ah. ». Il avait oublié de lui dire de demander à son frère d'arrêter de lui envoyer des gâteaux. Sinon il allait vraiment prendre du poids...

Pour être tout à fait honnête, John n'avait que peu de souvenirs de son retour à l'appartement. Mais ils avaient sans doute pris un taxi. Il se sentait plus endormi qu'éveillé – en partie à cause de la fièvre – et quand Sherlock lui parla, il ne comprit quasiment rien hormis le mot « lit. ». pas contrariant, John acquiesça d'un signe de tête et se dirigea d'un pas mal assuré vers sa chambre. La première marche de l'escalier finit de l'achever.

Alerté par le bruit, Sherlock trouva son ami étendu de tout son long et décida qu'il serait préférable de l'aider à trouver son lit.

Dans cette optique, il le soutint pour monter les escaliers, et ils arrivèrent bientôt à la chambre plongée dans le noir. Occupé qu'il était à aider John et pensant simplement le déposer sur le matelas pour qu'il dorme, Sherlock ne prit pas la peine d'allumer la lumière. Grossière erreur – il aurait dû retenir la leçon de la première fois. La valise traîtresse, toujours à sa chère place, joua à la perfection son rôle d'obstacle. Sherlock se prit les pieds dedans, tenta de se rattraper comme il put mais fut entraîné par le poids du corps de John, celui-ci semblant se ficher complètement d'être debout ou allongé au sol du moment qu'il pouvait dormir.

C'est donc grâce à – ou à cause de – cette valise et à un petit coup de pouce du sort que nos deux colocataires se retrouvèrent affalés sur le lit, le détective à moitié sur son ami. Réveillé dans son pseudo-sommeil, John émit un petit grognement.

« Hm... Sherlock, qu'est-ce que tu fais... »Marmonna-t-il.

Sherlock roula des yeux : il aidait son ami par pure bonté d'âme et voilà qu'il se faisait presque engueuler. Puisque c'était comme ça...

Il se redressa sur les coudes et s'apprêtait à rouler sur le côté pour quitter le lit lorsque John le retint en pausant ses mains sur ses bras.

« Attends...

Il marqua un temps – Sherlock haussa un sourcil.

_ Je voulais te dire... merci. Merci d'être venu vraiment.

Avec la fièvre, la fatigue accumulée et le soulagement d'être enfin chez lui, John craqua.

_ Quand j'étais... commença-t-il, la gorge nouée, quand j'étais dans cette cage je me disais que peut-être tu ne viendrais pas, que tu n'avais pas remarqué que j'avais disparu – tu ne remarques pas quand je pars en voyage quelques jours, alors... Et puis...(Il souffla pour se calmer mais un sanglot lui échappa.) Et puis quand je t'ai vu dans le hangar, j'étais tellement content... ! Merci...merci de m'avoir sauvé, Sherlock ! Merc... »

Il ne put finir sa phrase Sherlock venait de l'embrasser. Et pas sur la joue. Étrangement, la première pensée de John fut Je le savais !, et dans sa deuxième, il remarqua que cet impromptu baiser était loin d'être désagréable... très loin même.

Lorsque Sherlock rompit leur embrassade, le cerveau de John prit le relais pour tenter de rationaliser tout ça.

« Je...hm, tu... tu voulais juste me faire taire, c'est ça ? Encore un truc que tu as vu à la télévision, hein ? Ah, mais c'est vrai que je parle beaucoup et que je dis des choses – hm – bizarres. Ou...ou alors c'était un accident ? Oui, forcément : ton bras a glissé et t...

_ Oh la ferme, John. » Soupira un Sherlock exaspéré.

Et il l'embrassa de nouveau. Cette fois-ci, ça ne pouvait pas être un accident : le détective fit glisser sa main derrière la nuque de son ami tandis qu'il passait le bout de sa langue sur ses lèvres, en quémandant l'entrée. John ne songea même pas à refuser. Il entre-ouvrit la bouche et le baiser s'approfondit. Pour quelqu'un de puceau, Sherlock savait sacrément bien embrasser. C'est ce que John se dit quand il ferma les yeux, se laissant faire docilement.

La suite fut aussi floue pour lui que son retour en taxi. Ils avaient dû s'embrasser quelques minutes encore. De toutes manières, le lendemain, Sherlock ferait comme si rien ne s'était passé et John l'imiterait, reprenant leur petite routine qui leur plaisait bien. Ce serait Bonjour, Sherlock. – Je m'ennuies. – Oui, moi aussi je vais bien, merci. Tu veux un thé ? – Hm...

Et en avant pour de nouvelles aventures.

Une semaine après la fin de l'enquête, la presse eut vent des faits. Cinq jeunes filles ne meurent pas dans la plus importante ville d'Angleterre sans que ça ne fasse un minimum de vagues médiatiques. Et les tueurs aussi spéciaux dans leur modus operandi ne courent pas les rues. Certains journaux envisageaient même une comparaison entre Thomas Wayne et ce cher Jack – mais ça faisait polémique.

Pourtant, tous les médias s'étaient mis d'accord sur une chose : Thomas était désormais Le tueur à la Rose. Un titre bien joli, pour un criminel. Et bien entendu, personne ne fit allusion à ses motivations pour tous il n'était qu'un soldat qui avait pété un boulon en revenant de la guerre. Par conséquent, Moriarty restait encore une fois une simple ombre.

John Watson prit également la plume électronique pour faire le récit des faits, malgré les bougonnements et autres plaintes de son ami. Il lui trouva même un titre. Mais il ne le publia jamais sur son blog – trop sombre, trop personnel, trop impossible.

Et c'est ainsi que se termina Une affaire de cœur.


Bonus:

"Le lendemain suivant l'affaire, la routine avait effectivement reprit sa place. Lorsque John arriva dans le salon, encore ensuqué, Sherlock jouait au petit chimiste dans la cuisine. Autant le laisser tranquille. John pencha la tête devant la bibliothèque vide et la totalité des livres au sol. Qu'est-ce qui s'était passé durant son absence ?

Avec un soupir, il se pencha pour commencer à ranger ce bazar mais s'arrêta en voyant la table basse. Il haussa un sourcil.

« Sherlock, pourquoi le service à thé traîne-t-il dans le salon ? Demanda-t-il en ramassant le plateau.

_ Mycroft et Moriarty sont passés à l'appartement, l'informa son ami sans lever le nez de ses cultures bactériologiques.

John ouvrit des yeux ronds, partagé entre scepticisme et inquiétude.

_ Les deux en même temps ?

_ Oui.

_ … Vous vous êtes réunis pour planifier la fin du monde ? »

Sherlock sourit."

Eh bien voilà une belle histoire que je termine avec vous ! Plus d'un an, vous imaginez ? J'espère qu'elle vous aura plu comme elle m'a plu à moi et je m'excuse une dernière fois de mes temps de publication qui sont, il faut l'avouer, aussi réguliers que les petites amies de John.

Donc je vous dis à bientôt pour de nouvelles aventures de notre détective préféré et de son très cher acolyte (en espérant que la prochaine fois, ils iront plus loin, quand même...) !

Passez de bonnes fêtes,

See you soon !

Arcade.