Voici une nouvelle fic.

Elle est plus sombre et plus violente que les autres histoires que j'ai écrit. Il y aura des mentions d'abus sexuels sur mineure. Mais bien sur, rien de décrit.(juste des mentions)

Le premier chapitre, qui est un prologue, ne mentionne aucun nom de protagoniste et c'est voulu: je pense que vous allez trouver de qui il s'agit, en tous cas j'attends vos idées dans les reviews!

Je publierai tous les mercredi, sauf la semaine prochaine puisque nous serons en vacances en Espagne.

Bonne lecture!

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Elle avait mal.

Tellement mal.

Et elle était tellement, tellement trop jeune pour ça.

Elle souffrait trop, à présent.

Elle cria.

Se recroquevillant sur elle-même, elle tenta d'empêcher l'inéluctable, avec cette croyance qu'ont encore les jeunes adolescents, que si on ne pense pas à quelque chose, alors ça n'arrivera pas. Un reste d'enfance…

Mais la porte de la salle de bain s'ouvrit sur son père.

« Qu'est-ce qui se passe? Tu as crié? Tu es malade? »

« J'ai mal au ventre! »

Un nouveau cri lui échappa et son front se couvrit de sueur.

L'homme devant elle lui fit peur tant son visage se fit inquiet:

« Tu es blême et en sueur! Tu as peut -être une crise d' appendicite! J'appelle une ambulance! »

La douleur la plia en deux à nouveau et elle paniqua en voyant le sang se mettre à couler abondamment entre ses cuisses. Elle se mit à pleurer, répétant « non, non ,non… » comme une prière, comme une supplique.

Les ambulanciers eurent du mal à la transporter dans les escaliers tant elle souffrait, de plus en plus.

Son père se tordait les mains d'angoisse, mais bien incapable d'imaginer la vérité.

A peine arrivée aux urgences, elle fut prit en charge par un médecin qu'elle ne connaissait pas.

Il voulut lui faire un examen gynécologique et elle souffrait trop pour s'y opposer.

Le médecin devint très pale et se tourna vers son père:

« Elle est en train d'accoucher! »

« Quoi? Mais c'est impossible voyons! »

« Oh si! Et ça ne se passe pas bien du tout! »

Elle se mit à sangloter, tandis que l'homme en tunique bleue faisait rouler le charriot vers le bloc opératoire.

Elle cria sans discontinuer tandis qu'on la perfusait.

Une jeune femme lui dit qu'elle allait l'endormir.

On lui posa des questions:

« Tu savais que tu es enceinte? »

« Oui! »

« De combien? »

« 7 mois je crois! »

Puis, juste avant de sombrer dans l'inconscience, elle vit le chirurgien qui allait l'opérer.

Elle le connaissait.

Il la fixait, l'air effaré.

Elle se mit à pleurer devant son expression et secoua la tête:

« Je vais mourir…Je veux mourir! »

Mais l'homme lui caressa la joue, prenant sur lui pour calmer celle qui était plus que sa patiente d'une nuit:

« Je te promets que non ma chérie…On parlera de tout ça plus tard… »

Puis la jeune femme lui demanda de compter.

Elle s'exécuta:

« 1...2.…..3.…4 »

Elle plongea dans l'inconscience avant de parvenir à 5.

L'enfant naquit un peu avant minuit.

Au petit matin, pas mal de décisions avaient déjà étaient prises, dans l'affolement et l'incompréhension.

L'enfant ignorait tout, bien entendu ,de ces décisions, qui, pourtant, entérinaient sa vie.

Elle ne savait rien du monde extérieur.

Mais déjà, elle ne l'aimait pas.

Elle était seule, enfermée dans une boite ou la chaleur était artificielle.

Elle avait mal à sa main , bien qu'elle ne sache pas que c'était une main, et encore moins la sienne, à l'endroit ou elle était perfusée.

Il y avait eu des bruits, des sons inhabituels. Cela lui faisait mal, c'était trop fort.

Elle avait reconnu des voix.

L'une d'entre elle était plutôt bourrue et elle l'avait souvent entendue.

Mais il criait et elle avait eu peur. Aucun enfant ne devrait jamais entendre ce que le bébé entendit cette nuit-là, même si elle ne pouvait saisir le sens des paroles prononcées.

Une autre des voix lui était encore plus familière. Une voix d'homme, plus jeune.

Elle l'avait déjà entendue avec des accents doux et mélodieux et elle s'était alors mise à crier pour qu'il l'aide, bien qu'elle ne sache pas à quel point elle avait besoin d'aide.

Mais la voix du jeune homme s'excusait, et renonçait à elle.

Elle ne pouvait pas le savoir, mais elle attendit longtemps son retour.

Elle avait faim, mais n'aimait pas le liquide qu'on lui proposait.

Elle voulait autre chose, sans pouvoir le nommer. Plus tard, elle serait capable de dire que ce qu'il lui aurait fallut était le lait de sa mère.

Mais celle-ci ne vint pas.

Le ventre chaud n'était plus là, pas plus que la voix.

La voix qu'elle aimait, qui avait été gentille avec elle.

Elle n'était plus là.

Le bébé ne savait rien, à part qu'elle n'était pas bien.

Non, pas bien.

Et ça empira.

Elle fut transportée vers un autre endroit, ou absolument rien n'était connu. Plus aucune voix , rien que des soins.

Puis on enfonça dans sa gorge un tuyau pour l'obliger à boire le lait qui n'était pas celui tiré d'un sein aimant.

Elle vomit.

Et à quelques heures à peine, elle se forgea la réputation d'une enfant difficile et rebelle.

Et c'est-ce qu'elle fut.

Toute sa vie.

La jeune fille ne voulait pas signer.

Mais tout furent contre elle.

Son père. Sa mère. Les médecins.

Et même lui.

Oui, lui aussi la pressa de signer.

Elle tenta de lutter, pourtant.

Elle avait mal au dos, mal au ventre. Oh tellement mal au ventre! La cicatrice brulait.

On lui dit beaucoup de choses.

On les lui hurla par moments.

« Tu as 14 ans! 14 ans bon sang! C'est un scandale! Une honte! Tu ne peux pas garder ce bébé! »

Mais les mots qui la firent signer, c'est LUI qui les prononça…

« Le bébé sera mieux avec une vraie famille…Nous on est trop jeunes…La dame de l'agence d'adoption m'a dit qu'il y a des parents qui n'attendent que ça: un bébé à aimer! Elle aura un bel avenir avec eux! Signe, je t'en prie! Regarde! Moi j'ai déjà signé! »

Elle signa, en pleurant et suppliant Dieu et sa fille de lui pardonner, mais elle signa.

Sur les conseils de la dame de l'agence d'adoption, elle écrivit une lettre à l'enfant.

Une longue lettre, qui se terminait par:

« Un jour, on se retrouvera, j'en suis sure! Je t'aime mon bébé. »

Elle ne se trompait pas. Un jour, elle se retrouvèrent.

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Le bébé ne fut pas adopté.

Elle avait des problèmes cardiaques et fut opérée à cœur ouvert trois jours après sa naissance, sans bien entendu que sa famille d'origine puisse en être informée. Elle dut recevoir beaucoup de soins durant sa première année de vie.

Elle connut de nombreuses hospitalisations, et plus encore de familles d'accueil.

A 5 ans, elle était déjà considérée comme une enfant difficile.

A 9 ans, elle avait fugué à plusieurs reprises, dont une fois près de 24H00.

A 10 ans, elle fut cataloguée inadapté sociale et caractérielle.

A 11 ans, elle commença à fuguer systématiquement, d'où qu'on tente de l'enfermer.

A 12 ans elle réussit à prendre la fuite pour de bon, et à n'être jamais retrouvée par les services sociaux, ni par la police.

Elle était très petite et terriblement maigre, et se faufilait partout, se cachant sans problème. Elle volait pour manger, devenant très vite une pickpocket redoutablement efficace.

Elle avait souvent froid, peur et mal.

Elle pleurait en se roulant en boule, se répétant que si elle avait eu une maman et un papa, elle n'aurait jamais vécu tout ça.

Plusieurs fois, durant le 3° mois de sa fugue, elle se glissa dans des maisons de banlieue, la journée.

Au début elle se contenta de voler dans le frigidaire, et l'argent liquide qu'elle trouvait.

Puis, elle se mit à visiter les maisons.

Elle passait du temps dans les chambres des enfants.

Elle passa presque toute une après-midi, un jour pluvieux de novembre, dans la chambre d'une enfant d'environ son âge.

Il y avait un lit avec des coussins et des peluches.

Des photos aux murs.

Une armoire pleine de vêtements.

Elle aurait voulu vivre là.

A la place de cette enfant inconnue.

Elle resta longtemps prostrée dans un coin sombre de la gare routière, après ça. A pleurer silencieusement sur une vie qu'elle n'aurait jamais.

Il y avait d'autres SDF dans la salle et elle se tapit dans un coin, pour éviter d'être volée, menacée, ou violée.

C'est au petit matin qu'ils la découvrirent.

Il furent gentils avec elle.

Elle ne pouvait pas deviner qu'ils avaient comprit qu'elle allait leur servir.

Ils étaient bien plus vieux que ses 12 ans et elle crut que c'était ça, avoir des parents.

Il lui prit sa virginité pourtant, deux jours plus tard seulement, manquant l'envoyer à l'hôpital: elle saigna des jours durant.

La femme la soigna, mais l'enfant était sous leur coupe, déjà.

Elle ne connaissait rien d'autre.

Elle n'avait plus vraiment froid, la nuit, couchée entre eux.

Ils lui donnaient à manger et lui apprirent que le hasch aide à calmer les douleurs.

Coucher avec eux, ou avec certains de leurs amis, voler pour eux, attirer l'attention sur elle, des vigiles, des propriétaires de voiture, de n'importe qui pendant que lui ou elle volait, c'était le prix à payer.

Pour se sentir un peu en sécurité.

Subir ses attouchements à lui, tous les jours, le sucer, se laisser lécher, accepter que sa queue trop grosse envahisse son ventre et ses fesses, c'était le prix à payer pour qu'on l'aime.

Il le lui disait.

Souvent.

Elle ne répondait jamais. Elle savait que c'était des mensonges, mais elle était un être humain et avait envie d'entendre ces mots, aussi faux soient-ils. En fait, d'une certaine manière, il l'aima vraiment. D'une manière perverse et égoïste, mais elle fut son jouet préféré.

Elle ne savait plus, à cette époque là, ce qu'elle pouvait bien attendre de la vie.

Elle apprit à faire semblant. A s'introduire dans les banques derrière les clients, à s'habiller en fillette normale, à se comporter poliment, et même à parler aux policiers en jouant les petites gosses innocentes.

Et puis, un jour, tout changea. Il alla trop loin et lui fit trop mal. La violence la submergea et elle fit ce qu'il fallait faire, une fois encore, pour survivre.

Elle découvrit alors qu'elle tenait plus à la vie que ce qu'elle pensait.

Elle aimait lire, depuis toujours et sa seule pensée cohérente avant de partir sans un regard, fut qu'elle avait encore bien des livres à lire.

Elle se savait condamnée, pourtant. On la retrouverait. Tôt ou tard. Elle ne s'en fichait pas. Mais elle ne savait pas comment faire comprendre ce qu'avait été sa vie, et ou cela l'avait menée.

Elle n'avait que 17 ans (presque 18), à ce moment là mais elle avait vécu mille vies, et aucune d'elle n'avait été belle ou simplement facile.

Elle se retrouva seule pour la première fois depuis presque 6 ans. Elle eu 18 ans seule, et vola ce jour-là un gâteau au chocolat dans une grande surface. Elle le mangea cachée derrière un restaurant de la ville de Biloxi, dans le Mississipi et, tout en se léchant les doigts, elle résolu tout à coup de se venger.

Oui, se venger.

Elle n'avait aucun souvenir de sa mère biologique, bien entendu.

Jamais elle n'aurait voulu croire qu'elle la cherchait.

La seule personne à l'avoir aimée, ce que son inconscient savait peut-être.

Parce qu'elle n'était pas capable de se souvenir des mots aimants murmurés à travers un placenta nourricier . Ni des caresses qu'elle ressentait à travers un utérus trop peu gonflé.

Elle avait apprit à souffrir en silence et à se faire toute petite pour qu'on ne la remarque pas.

A présent, avant que sa jeune vie ne prenne fin, d'une manière ou d'une autre, elle voulait rendre la monnaie de sa pièce à celle qui l'avait mise dans cette situation.

Sa mère. Dont elle ne savait rien, bien entendu.

Elle se prépara.

Minutieusement.

Elle savait ce qu'elle voulait.

Elle prévu tout son plan, dans les moindres détails.

Elle se procura même une arme, puisqu'elle n'avait pas gardé l'autre.

Elle pensa à tout. Elle imagina tout ce qui pourrait se passer.

Sauf une chose.

Elle était une jeune fille terriblement intelligente, sans même le savoir, et que la vie avait rendu débrouillarde et capable de se sortir de n'importe quelle situation, plus particulièrement par des moyens illégaux.

Mais elle était incapable de penser que l'amour allait pouvoir se mêler de sa vengeance, puisqu'elle n'avait jamais aimé, ni été aimée.