Bonjour à toutes (et à tous ?) ! Comme promis, voici enfin le dernier chapitre de cette loooongue histoire. Désolée pour le délai dans la publication, j'espère que le suspens ne vous a pas achevées !^^ Je sais que beaucoup d'entre vous attendent cet épilogue avec impatience, donc je me contenterai d'un grand merci à VirtualJBgirl, la queen des bêta-lectrices, et je vous laisse découvrir la suite !

Résumé des épisodes précédents : La mission de secours a finalement été un succès : non seulement SG-1 a pu retrouver et ramener Sam sur Terre, mais en plus l'équipe a - encore - sauvé le monde de l'apocalypse. De retour à la base, Sam guérit de ses graves blessures grâce à l'intervention du Daniel ascensionné. Mais la vie doit reprendre son cours : Teal'c travaille à construire un nouveau système politique pour le peuple Jaffa, Daniel attend son départ pour Atlantis loin de ses amis, Sam quitte difficilement le SG-C pour la Zone 51 et Jack se bat avec la bureaucratie de Washington.

...


...

...

Chapitre 30

...

Teal'c franchit la porte des étoiles et respira à plein poumon l'air doux des vertes plaines d'Haktyl.

« Père ! »

Rya'c courut vers lui et Teal'c l'entraîna dans une accolade chaleureuse.

« Rya'c. »

Il plaça ses mains sur les épaules de son fils et admira fièrement le jeune homme. Rya'c avait pris un peu de poids depuis la dernière fois qu'il l'avait vu, ce qui renforçait nettement sa musculature. Il pouvait le sentir sous ses mains. Le jeune homme avait aussi laissé pousser ses cheveux. Ils étaient tressés autour de son crâne et faisaient ressortir l'éclat de ses yeux.

« Tu as bonne mine, lui dit son père.

- Pas toi. » rétorqua le fils.

Son regard sombre détailla son père, et Teal'c pouvait imaginer de quoi il avait l'air : les traits de sa peau noire s'étaient creusés, et des ombres violacées se dessinaient sous ses yeux.

« Tu as l'air fatigué, conclut Rya'c.

- Hmm, approuva vaguement Teal'c en réajustant sa longue robe. Ces derniers jours ont été difficiles.

- Dis-m'en plus. » l'encouragea le jeune homme tandis qu'ils se mettaient en marche vers le village.

Teal'c se confia à son fils. Il lui raconta comment il était rentré de la mission de secours du colonel Carter pour découvrir que les débats sur l'avenir de Dakara s'étaient considérablement détériorés. Deux des tribus étaient sur le point d'entrer en guerre. Il avait fallu que lui et Bra'tac passent deux jours en cajoleries diplomatiques pour redresser la situation. Etonnamment, Teal'c avait apprécié ce défi politique : il avait défini avec Bra'tac une stratégie, et leur plan s'était parfaitement déroulé. Les deux partis s'étaient réconciliés et les négociations pouvaient reprendre.

« Tu as fait du bon travail, Père, annonça fièrement Rya'c, et cela réchauffa le cœur de Teal'c.

- Il en reste beaucoup, mais nous progressons, admit-il en inclinant la tête. Qu'en est-il de Karyn et toi ?

- On a aussi fait du bon travail, sourit son fils. Nous avons construit une petite maison au village. Tu vas voir. »

C'était une jolie maison, simple mais bien bâtie, que Rya'c et sa femme s'étaient construit eux-mêmes. La demeure était solide, composée d'une petite salle d'eau et de deux pièces – une grande chambre et un espace de vie et de cuisine.

Il fut accueilli à leur table, où ils partagèrent le gibier qu'ils avaient chassé et les fruits qu'ils avaient cueillis. Teal'c fut impressionné quand Rya'c annonça qu'il devait les laisser pour entraîner les jeunes du village.

Il accompagna son fils et le regarda enseigner à de jeunes garçons les mêmes exercices que Teal'c lui avait autrefois appris ; lui-même les ayant acquis de Bra'tac.

Il devina la présence d'Ishta derrière lui avant même de sentir son parfum. Il se tourna pour l'accueillir, et ils s'embrassèrent avec bonheur. Ils regardèrent ensuite l'entraînement ensemble. Le bras du Jaffa était passé autour des minces épaules d'Ishta, dont la tête reposait sur la poitrine musclée de Teal'c, recouvrant sa peau de longues mèches blondes.

« Je suis désolée de ne pas avoir été là quand tu es arrivé, dit-elle tranquillement sans quitter des yeux le ballet des lances en bois qui s'entrechoquaient.

- Rya'c m'a dit que tu négociais avec une autre planète.

- Pour obtenir du lin, compléta la guerrière. Les hivers sont froids ici. Comme tu le découvriras bientôt. » ajouta-t-elle en lui lançant un regard en biais.

Teal'c sourit à cette invitation plutôt directe à discuter de leur avenir.

« Veux-tu te promener ? »

Ishta hocha la tête et Teal'c salua de la main Rya'c qui lui sourit en retour. Il savait que rien ne pourrait faire plus plaisir à son fils que de le voir épouser Ishta. Le couple s'éloigna ensuite du terrain d'entraînement pour rejoindre un petit bois.

« C'est bon de te revoir, Teal'c. » avoua Ishta alors qu'ils se promenaient sans se presser le long du sentier.

Il n'y avait aucune raison de se dépêcher ni aucun signe de danger, seulement le bruit de petits animaux s'agitant dans les fourrés et le vent qui faisait frémir les feuilles des arbres.

« C'est bon d'être de retour, répondit doucement Teal'c qui profitait de la chaleur du soleil sur sa peau.

- Combien de temps restes-tu ? demanda poliment la jeune femme.

- Jusqu'au coucher du soleil. Je rejoindrai ensuite la Tau'ri où je retrouverai Daniel Jackson. Nous assistons le colonel Carter dans son déménagement pour le Nevada. »

Il s'arrêta soudain et Ishta se tourna vers lui, surprise.

« J'aurais dû vous rendre visite plus tôt, s'excusa-t-il.

- Tu es très demandé, Teal'c, tu as peu de temps à nous accorder. »

Malgré ces paroles rassurantes, la douleur se lisait dans les yeux d'Ishta. Teal'c attrapa doucement sa main et la tint dans les siennes.

« Tu es importante pour moi, Ishta.

- Mais ? l'encouragea la guerrière en caressant sa joue, ses yeux cherchant les siens.

- Il n'y a pas de 'mais'. Je suis désolé de t'avoir fait douter de mes sentiments. »

Il plaça sa main fine et blanche sur son cœur, comme pour le lui offrir.

« Lorsque nous avons gagné notre liberté, j'ai craint de perdre la mienne. La transition fut difficile. Je n'avais pas réalisé que ce serait si compliqué.

- Tu n'es pas obligé de porter ce fardeau tout seul, Teal'c, déclara fermement Ishta.

- Tant de choses ont changé en si peu de temps. Je crois que je n'étais pas prêt pour un autre changement.

- Et maintenant ?

- Maintenant, j'aimerais découvrir où cette liberté peut nous conduire. »

Ses yeux noirs croisèrent les siens, et il nota l'étincelle de satisfaction qui les illumina. Elle lui lança un regard curieux :

« Qu'as-tu en tête ?

- Je crois que nous avons beaucoup de chose à apprendre l'un sur l'autre si nous voulons contracter une union plus formelle, dit doucement Teal'c.

- En effet. »

Elle posa sa main à plat sur son torse.

« Je suggère que nous passions du temps ensemble, annonça Teal'c. Je vivrai sur Dakara pendant les sessions du Conseil, mais je reviendrai sur Haktyl le reste du temps.

- Et où vivras-tu sur Haktyl ? demanda Ishta en relevant la tête, cherchant ses yeux pour mesurer sa réaction à cette question.

- Avec toi, suggéra Teal'c. Ou bien je pourrai me construire… »

Un doigt sur ses lèvres l'interrompit.

« Avec moi, ce sera parfait, Teal'c. En fait, j'insiste pour que ce soit le cas. »

Elle sourit et ôta le doigt de ses lèvres pour le remplacer par sa bouche. Teal'c l'embrassa passionnément.

Lorsqu'ils se séparèrent, Ishta le regarda avec bonheur :

« Alors, parles-moi du Conseil. J'ai cru comprendre que la voix de Gerek prend chaque jour plus de poids… »

Heureux, Teal'c prit sa main dans la sienne et lui raconta les dernières nouvelles au fil de leur promenade.

...


...

Daniel releva la tête lorsqu'un coup fut frappé à la porte de son bureau. Landry entra, ses sourcils se levant de plus en plus haut à mesure qu'il découvrait les innombrables piles de cartons, de livres et de papiers qui jonchaient le sol de la pièce.

« Ce n'est pas aussi dramatique que ça en a l'air. » se défendit immédiatement Daniel.

Il faillit sourire en découvrant que Landry portait une veste en cuir d'aviateur, mais cacha sa réaction en baissant la tête vers le livre qu'il tenait. L'ouvrage avait attiré son attention alors qu'il commençait à ranger, et il était plongé dedans depuis maintenant une heure.

« Aurez-vous fini avant le départ du Dédales pour Atlantis ? demanda ironiquement Landry.

- J'y compte bien. » promit Daniel.

Il n'avait pas l'intention de laisser quoi que ce soit l'empêcher de se joindre au voyage.

Landry hocha la tête.

« J'ai une faveur à vous demander. » annonça le militaire.

Daniel leva le nez de son livre, sa curiosité piquée.

« Le colonel Mitchell arrive demain. J'espérais que vous pourriez passer un peu de temps avec lui, lui faire visiter la base… J'ai cru comprendre que vous lui aviez rendu visite lors de son hospitalisation.

- Oui, il nous a sauvé la vie en Antarctique.

- Donc…

- Donc je serais heureux de le briefer. Il sait que je quitte SG-1, n'est-ce pas ? »

Le général lui lança un regard sidéré.

« Vous savez, je ne suis même pas sûr que Jack le lui ait dit.

- Probablement pas, sourit Daniel. Connaissant Jack.

- Oui, répondit amèrement Landry, il est plein de surprises. »

Daniel tenta de camoufler son amusement en changeant de sujet :

« J'ai cru comprendre que le nouveau médecin, Carolyn Lam, était votre fille ? »

Landry le regarda d'un air soupçonneux et Daniel leva la main pour s'innocenter :

« Je vous jure que je ne savais pas.

- Oui, c'est ma fille, soupira Landry. Mais j'apprécierais que vous fassiez preuve de discrétion à ce sujet.

- Bien sûr. »

Landry le salua d'un geste pour quitter la pièce, et pour toute réponse, Daniel lui fit signe en levant son livre. Il continua à gaiement empaqueter ses affaires pendant une bonne heure. Il avait trié le contenu de deux étagères quand il tomba sur son premier journal de mission. Il attrapa le cahier fatigué.

Sa première mission sur Abydos, là où tout avait commencé – elle lui semblait appartenir à une autre vie. Il laissa échapper un rire sans joie. Vu le nombre de fois où il était mort et ressuscité, ça devait effectivement être dans une autre vie. Il relut ses notes, redécouvrit l'hostilité des hommes de Jack – et de Jack lui-même. Son long combat pour gagner leur respect. Sha're. La première fois qu'il l'avait rencontrée. Il mit le journal de côté et attrapa la photo de sa femme.

Il sentit son cœur se serrer, mais il savait que ce n'était qu'un faible écho de la peine qu'il avait autrefois ressentie. Il l'aimait – il l'aimerait toujours, il regretterait toujours de n'avoir pas pu la sauver. Mais il était temps d'avancer, et il se sentait prêt.

Il pouvait sentir Atlantis l'appeler. Le bref aperçu de la cité Ancienne qu'il avait pu découvrir tout en secourant Sam n'avait fait qu'accroître sa curiosité. Il était maintenant impatient. Elizabeth Weir était un bon leader. Il avait aimé travailler avec elle à l'époque où elle dirigeait le SG-C, et il avait le sentiment qu'il aimerait aussi travailler avec elle sur Atlantis. Sheppard semblait sympathique, et il avait hâte de rencontrer les Athosiens. Leur culture avait l'air fascinante.

Le seul inconvénient était l'éloignement de ses amis – sa famille – mais ils semblaient tous avoir mieux accepté sa décision depuis leur dernière mission, spécialement Jack. Soit qu'ils l'acceptaient effectivement mieux, soit qu'ils se sentaient plus en paix avec les changements qui s'instauraient dans leur vie. Tout ce que Daniel savait, c'est qu'ils allaient lui manquer terriblement. D'une certaine manière, il était un peu comme un oisillon quittant le nid pour la première fois. Il avait peur, mais c'était une peur saine – le genre de peur qui l'avait saisi lorsqu'il avait accepté l'offre de Catherine Langford.

Il sourit à cette pensée.

« Daniel ? »

Le visage de Calliday apparut dans l'encadrement de la porte.

« Vous auriez un moment ?

- Bien sûr, répondit Daniel en l'invitant à entrer.

- J'aurais besoin d'un peu d'aide. »

Elle lui tendit un morceau de parchemin.

« Au passage, super ce nouveau look ! »

Daniel se passa une main sur la joue. Il avait décidé de se raser de près à leur retour sur Terre, en pensant qu'un nouveau départ s'accommoderait bien d'un changement d'apparence. Il prit conscience que la jeune femme attendait sa réponse et se concentra sur le parchemin.

« Hmm, marmonna-t-il en y regardant de plus près, c'est du français, peut-être un vieux dialecte parisien. D'où est-ce que ça vient ?

- P1A778. On l'a trouvé dans les ruines d'une bibliothèque incendiée. Comme s'il y avait eu une espèce de révolution.

- Vraiment ? Ça m'a l'air très français.

- Vous avez une idée de ce que ça signifie ? »

Daniel relit le parchemin et sourit :

« Ça dit que seul la révolution peut libérer le peuple de l'oppression des aristocrates qui boivent le sang des paysans et rongent les carcasses des enfants qui meurent en leur nom.

- Sympa. » commenta Calliday d'un air moqueur.

Daniel lui rendit le parchemin.

« Merci.

- Pas de problème. » répondit l'archéologue qui attrapait déjà une nouvelle pile de livres pour les empaqueter.

Calliday promena sur le fouillis autour d'elle un regard amusé.

« On pourrait croire qu'une bombe a explosé ici.

- Je sais, admit tristement Daniel. J'ai l'impression que Landry ne me croit pas capable de tout empaqueter à temps pour le départ.

- Si vous avez besoin d'aide, je peux vous donner un coup de main. » offrit sa collègue.

Daniel secoua la tête en attaquant la pile suivante.

« Ça va aller, merci. »

Calliday poussa un soupir dramatique.

« Bon, et si je vous proposais de vous emmener boire ce verre que je vous dois ? »

Daniel se figea comme un hérisson devant les phares d'une voiture.

« Heu, eh bien, je…

- C'est seulement un coup à boire, dédramatisa Calliday. Je ne vous mettrai aucune pression, je le promets, et j'aimerais beaucoup que vous me parliez de la cité que vous avez visitée et de ce fameux engin apocalyptique.

- En fait, Teal'c arrive dans une heure, s'excusa Daniel. Nous allons dans le Nevada aider Sam à s'installer.

- Ah. Comment va-t-elle ?

- Elle va bien. Ses côtes lui font encore un peu mal.

- Transmettez-lui mes vœux de bon rétablissement. » conclut Calliday.

Elle lui jeta un regard un peu embarrassé avant de s'en aller.

« Hélène ! la rappela Daniel avant qu'elle n'ait atteint la porte. Pourquoi pas lundi ? »

Elle le regarda sans comprendre.

« Pour ce verre que vous me devez ? expliqua Daniel en souriant. Le Dédales ne part pas avant la fin de la semaine. »

Elle lui rendit un sourire éclatant :

« Je prends note du rendez-vous. »

Elle grimaça soudain en se rendant compte de sa maladresse.

« Enfin, je veux dire, ça n'est pas un rendez-vous. Juste un verre entre amis, lui assura-t-elle précipitamment.

- Je passe vous chercher à sept heures ? proposa Daniel. Pour notre non-rendez-vous ?

- C'est parfait. »

Elle lui fit un petit signe de la main et quitta la pièce. Il secoua la tête en avisant les piles de livres qui lui restait à emballer et regarda le fouillis de boîtes en carton qui avait envahi son bureau. En effet, c'était parfait.

...


...

Sam contempla la débauche de cartons dans son salon et se demanda quand elle avait pu accumuler autant de… trucs. Il n'y avait pas d'autre mot. Elle soupira. Elle avait finalement renoncé à s'occuper de tout elle-même et avait fait appel à des déménageurs pour empaqueter le contenu de sa maison du Colorado, mais elle avait refusé de les laisser déballer. Elle ne voulait pas qu'un parfait inconnu décide pour elle où ranger ses affaires, et puisque Edwards avait insisté pour qu'elle prenne quelques jours de repos avant de commencer son travail à la Zone 51, elle avait le temps de s'en occuper elle-même. Ou plutôt, elle avait cru qu'elle aurait le temps.

Sa nouvelle maison était une location dans un quartier de banlieue. L'agence immobilière avait fait du bon boulot. La maison était jolie – petite, mais elle n'avait pas besoin de plus. Il y avait un parc à côté, ainsi qu'une salle de sport et une épicerie seulement deux pâtés de maison plus loin. C'était à vingt minutes de route de son travail. Le jardin était charmant et demandait peu d'entretien. Elle avait d'ailleurs de plus en plus de mal à résister à l'idée d'abandonner son travail de dépaquetage pour aller s'y prélasser.

Ses côtes protestèrent alors qu'elle déposait une pile d'assiettes dans un placard, et elle laissa échapper un petit cri. Elle s'arrêta un moment pour se masser la zone douloureuse avant de se remettre au travail. On n'a rien sans rien, pensa-t-elle pour se motiver.

Le téléphone sonna, et elle faillit tomber de l'escabeau en se précipitant pour décrocher, bien qu'elle refusât d'admettre qu'elle espérait secrètement un coup de fil de Jack. Elle attrapa le combiné jaune soleil :

« Allo ?

- Sam, c'est moi. »

Elle se réjouit d'entendre la voix de Cassie, même si un petit pincement au cœur lui rappelait qu'elle aurait espéré quelqu'un d'autre.

« Salut, répondit Sam en se tournant pour s'appuyer sur le plan de travail de la cuisine. Tu es en route ? »

Cassie soupira.

« En fait, c'est pour ça que je t'appelle… Je sais que j'avais dit que je viendrais t'aider à déballer, mais mes amis veulent aller voir le nouveau film de Spider Man, et je me demandais si…

- Vas-y, la coupa Sam. Va voir le beau Toby Maguire. Et amuse-toi bien.

- Je savais que tu comprendrais ! s'exclama la jeune fille avec joie. Tu embrasseras Daniel et Teal'c pour moi ?

- Bien sûr, fit Sam qui jouait avec le cordon du téléphone.

- Est-ce que Jack va venir ? demanda encore Cassie d'un ton innocent qui ne trompa pas Sam un seul instant.

- Je ne crois pas, répondit-elle honnêtement, en s'efforçant de ne pas laisser percer sa déception dans sa voix. Il est encore à Washington. »

Il avait été rappelé là-bas avant même qu'ils aient débriefé la mission – avant même qu'elle ait quitté l'infirmerie, en fait. D'une certaine manière, c'était une bonne chose qu'il soit parti. Ça lui avait permis de prendre du recul, et de réaliser que ses sentiments n'avaient pas changé : elle voulait partager sa vie. Elle laissa échapper un soupir, et grimaça lorsqu'elle se rendit compte que Cassie l'avait forcément entendu.

Il y eut un bruit de fond de l'autre côté de la ligne, et Sam envia les rires qui résonnaient autour de Cassie.

« Appelle-le. Je dois y aller maintenant, à plus ! »

Cassie raccrocha, et Sam resta là, le téléphone dans la main.

L'appeler. Comment pourrait-elle l'appeler ? se demanda-t-elle en reposant le combiné. Eh bien, elle avait son numéro à Washington, lui souffla une petite voix. En fait, il le lui avait explicitement redonné avant de partir. Elle pouvait l'appeler. Elle consulta sa montre : il était déjà tard sur la côte Est. Il avait probablement quitté son travail et était rentré chez lui. Peut-être était-il déjà couché ? Il devait dormir, elle ne devrait vraiment pas le déranger.

Sam laissa échapper un profond soupir et s'assit sur une marche de l'escabeau. Elle pensait qu'après leur dernière mission, elle en avait enfin fini avec les doutes et les questions, qu'elle avait fini de fuir ses sentiments pour lui. Elle l'aimait, et elle ne doutait pas que Jack l'aimait aussi : il s'était montré si prévenant à son égard, si déterminé à la sauver. Et elle savait qu'elle lui plaisait. Le souvenir fugace du baiser qu'ils avaient partagé la fit sourire.

Et puis, il l'avait appelée. Des appels toujours trop courts, un chaque jour depuis qu'il était parti. Mais elle devait admettre que ces coups de fil étaient amicaux, légers, touchants mais ne portaient sur rien de plus que son état de santé. La veille, ils avaient à peine eu le temps de se dire bonjour avant que Jack ne soit appelé pour une affaire urgente et ne doive raccrocher. Ces coups de fil étaient finalement assez concis et superficiels pour que Sam se demande si Jack voulait vraiment aller plus loin. Après tout, ce n'était pas parce qu'il l'aimait et la désirait qu'il avait besoin d'elle dans sa vie comme elle avait besoin de lui.

Il lui manquait.

C'était comme une douleur latente qui lui rongeait le cœur et avec laquelle elle avait dû vivre chaque jour depuis qu'il avait été transféré à Washington. Elle avait eu l'habitude de le voir tous les jours, de lui parler. Il avait occupé une telle place dans sa vie pendant si longtemps qu'elle se sentait vide sans lui, même si le fait de savoir qu'il ferait toujours partie d'elle la réconfortait.

Elle soupira et frotta ses paumes sur son jean, hésitante. Elle s'était promis qu'elle ne fuirait plus, qu'elle ne permettrait plus à l'inertie de perdurer. Il n'y avait rien de mal à passer un coup de fil amical pour prendre des nouvelles, savoir comment il allait. Une conversation aussi insignifiante que celles qu'ils avaient quand Jack appelait.

Sam prit une grande inspiration et attrapa le combiné. Ses doigts tremblaient légèrement lorsqu'elle composa le numéro de son bureau. Elle tripota l'ourlet de son T-shirt en attendant que quelqu'un décroche, et tenta de calmer les battements irréguliers de son cœur.

« Bureau du général O'Neill. »

La voix professionnelle et sèche fit immédiatement se redresser Sam.

« Ici le Colonel Carter. Je souhaiterais parler au général O'Neill, fit-elle en reprenant ses habitudes de soldat.

- Je suis désolée, Madame, le général est déjà parti. Puis-je prendre un message ?

- Non, non, bafouilla Sam. Merci. »

Elle raccrocha rapidement et fixa le téléphone jaune comme s'il s'était agi d'un goa'uld particulièrement répugnant. Elle grimaça et s'en saisit à nouveau, cherchant son numéro personnel dans son répertoire. Plusieurs sonneries passèrent, et Sam pianotait nerveusement sur le plan de travail en attendant qu'il décroche.

« Jack O'Neill.

- Mon Général…

- Je ne suis pas là pour le moment, merci de laisser un message. »

Sam soupira en entendant le bip.

« Mon Général, c'est moi. »

Elle hésita et ferma les yeux, désespérée de ne pas être capable de laisser un simple message sur un répondeur.

« C'est Carter. Je voulais juste vous dire bonjour. Heu… Cassie nous a un peu laissé tomber pour le déménagement, mais Daniel et Teal'c devraient bientôt arriver donc… Enfin, je voulais juste prendre de vos nouvelles. J'espère que vous allez bien. »

Elle se mordilla la lèvre et raccrocha. S'effondrant à nouveau sur l'escabeau, elle se prit la tête entre les mains. Elle n'aurait pas été capable de débiter plus de platitudes. Elle se frotta les yeux et se redressa. Peut-être pouvait-elle essayer son portable…

Non.

Elle avait essayé son bureau et chez lui. S'il était sorti – peut-être même avait-il un rendez-vous – elle ne voulait pas le déranger. Elle avait essayé, elle avait laissé un message. Elle avait fait un effort. Elle était fière d'elle.

Bien.

Elle contempla les cartons qui gisaient autour d'elle, image déprimante du travail qui lui restait à accomplir. Elle se releva et piétina une des boîtes vides jusqu'à ce qu'elle soit complètement plate. C'était thérapeutique : elle se sentit un peu mieux après ça. Elle ramassa le carton écrasé pour le mettre à la poubelle.

On sonna à la porte.

Sam regarda l'heure : trop tôt pour que ce soit Daniel et Teal'c. C'était probablement un représentant de commerce qui voulait lui refourguer une quelconque camelote. Elle laissa tomber le carton et se dirigea vers la porte d'entrée.

...


...

Jack se tenait devant la porte, nerveux. Il regarda le jardin autour de lui pour fixer son attention, et ainsi éviter de trop se sentir comme un adolescent lors de sa première sortie avec une fille. Le quartier avait l'air agréable et la rue tranquille. Les maisons étaient cossues et bien entretenues.

Il fronça les sourcils derrière ses lunettes de soleil. Il ne pouvait pas se souvenir avoir été aussi nerveux avec aucune autre femme. Peut-être parce que Carter était spéciale, et qu'avec elle ce moment signifiait tellement pour lui. Il signifiait tout pour lui. Il savait que Daniel et Teal'c devaient arriver un peu plus tard, et avait décidé de venir en avance. Lui et Carter devaient parler, et même s'il adorait leurs coéquipiers, c'était une conversation qu'il préférait avoir sans que ces deux-là leur tournent autour.

Etrangement, il avait été soulagé d'avoir été rappelé à Washington avant que Carter ne quitte l'infirmerie. Le cambriolage des locaux du fournisseur principal des composantes du X-302 avait nécessité l'intervention immédiate de Jack, et Carter l'avait compris. Il avait été désolé de manquer le débriefing, mais supposait que son départ avait rendu les choses plus faciles pour Carter. Son rapport officiel détaillant sa rencontre avec un Daniel ascensionné d'une autre ligne de temps accompagnée d'une enfant nommée Grace avait éveillé sa curiosité, mais il ne pouvait se détacher de l'impression que Carter n'avait pas tout dit. Il supposa que l'enfant qu'il avait vue dans la cité des Anciens était Grace. Il se demandait bien comment ce Daniel s'était retrouvé à jouer les baby-sitters pour cette petite. Peut-être pourrait-il demander à Carter. Dans tous les cas, ce retour précoce pour Washington lui avait permis de retrouver un équilibre après les événements de leur dernière mission, et il espérait qu'il en était de même pour Carter.

De retour au calme, sans danger de mort immédiat ou autre menace Unas, il avait pu démêler ses sentiments et en était arrivé à la conclusion qu'ils étaient bien réels. Il était las de prétendre ne ressentir que de l'amitié pour Carter, de faire comme si cela lui suffisait. Bien sûr, il y avait un risque à transformer cette longue amitié en quelque chose de plus intime, mais il avait le sentiment que ça en valait la peine. Peut-être s'inquiétait-il encore de savoir s'il pourrait la rendre heureuse, ou que leur relation décrédibilise sa réussite professionnelle, mais… Si elle voulait saisir cette chance qu'ils avaient de pouvoir enfin être ensemble, alors lui aussi.

Il grimaça sous la chaleur étouffante qui collait ses vêtements à sa peau. Il oubliait toujours à quel point le soleil du Nevada pouvait parfois être chaud et éblouissant. L'astre baignait tout le paysage d'un éclat orangé. Il remonta ses lunettes de soleil sur son nez, rajusta la boîte qu'il portait sous un bras et tira sur son T-shirt blanc. Il espérait qu'il n'était pas déjà imbibé de sueur. Il entendit enfin des pas s'approcher dans la maison et se redressa, souriant largement pour cacher sa nervosité.

« Mon Général ? »

L'expression de Carter passa de la surprise à la joie – en tout cas, il espérait que c'était de la joie.

« Salut, dit-il d'un air aussi détendu que possible en enlevant ses lunettes de soleil. J'ai cru comprendre que vous aviez besoin d'un coup de main pour ranger la maison ? »

Sam recula d'un pas pour le laisser passer, et il pénétra avec soulagement dans la fraîcheur de l'intérieur.

« Oh, Dieu merci ! s'exclama-t-il en se plaçant sous l'arrivée d'air de la climatisation avec un bonheur non feint.

- Je vous sers une bière, peut-être ? demanda Sam, amusé par son évident soulagement à sentir un peu d'air frais.

- Avec plaisir. »

Il abandonna presque à regret sa place sous l'air conditionné pour la suivre dans la cuisine où il prit la bière fraîche qu'elle lui tendit avec un signe de remerciement. C'était sa marque de bière préférée. Il se demanda si c'était de bon augure.

Il regarda autour de lui, intéressé. L'endroit baignait dans un complet chaos : il y avait des cartons partout, certains déjà vidés, d'autres non. Carter avait déballé quelques photos et les avait placées sur le manteau de la cheminée. Il s'approcha pour y jeter un coup d'œil. Il y avait une photo de Cassie, une autre avec son père, une photo de groupe de la famille Carter, prise quand Sam était encore enfant, quelques photos de classe de sa nièce et son neveu, une autre de l'équipe pendant leur première année ensemble, quelques clichés de Daniel et Teal'c et… une photo d'eux deux assis sur le ponton d'un lac, en train de pêcher. Il reposa doucement le dernier cadre, honoré et heureux, et se tourna pour découvrir Carter qui le regardait fixement.

« J'aime bien ce que vous avez fait de cet endroit, plaisanta-t-il en agitant sa bière.

- Je n'ai pas pu avancer très vite. » expliqua Sam en rougissant.

Il se balança sur ses talons et resserra son emprise sur la boîte qu'il transportait toujours.

« C'est vrai. »

Elle désigna du menton la porte donnant sur l'extérieur, et il répondit à sa question silencieuse par un hochement de tête. Elle le conduisit à une grande terrasse délimitée par une solide rampe en bois. Elle contourna la table et les chaises pour s'accouder à la balustrade, posant sa propre bière sur le bois.

Jack s'installa à côté d'elle.

« Comment vont vos côtes ?

- C'est encore un peu douloureux. »

Sam sourit pour dédramatiser sa déclaration.

« Mais ma tête va mieux.

- Ce qui est une excellente nouvelle pour toute la planète. » plaisanta Jack.

C'était bon d'être auprès d'elle dans sa nouvelle maison. Il n'y avait encore aucun souvenir associé à ce lieu, seulement ceux qu'ils se créeraient. C'était vraiment comme prendre un nouveau départ. C'était aussi bon d'être auprès d'elle sans uniforme, sans règlement et sans bouclier de force entre eux.

Elle désigna finalement la boîte qu'il n'avait toujours pas lâchée :

« C'est pour moi ?

- Oui. » fit Jack en la lui tendant.

Sam mit sa bouteille de bière de côté et l'attrapa. Elle défit précautionneusement l'emballage et souleva le couvercle. Jack la regardait, impatient. Il était sûr qu'elle allait adorer, mais il ne pouvait pas s'empêcher d'être terrorisé par l'éventualité qu'elle puisse détester.

Sam sortit le télescope de la boîte.

« Waouh, s'exclama-t-elle en le manipulant avec révérence, mon Général, c'est…

- De la part de Jack. » précisa-t-il seulement.

Il voulait qu'elle sache que c'était un cadeau personnel, et pas d'un supérieur à son officier junior pour le féliciter de son nouveau commandement.

« Jack, dit Sam en levant la tête, et il put admirer le plaisir qui faisait étinceler ses yeux bleus. Je ne sais pas quoi dire.

- Je me suis dit qu'on pourrait l'installer un peu plus tard. Regarder les étoiles. Je pense qu'on doit avoir une vue bien dégagée d'ici. » expliqua-t-il.

Ils partageaient tous deux la même passion pour l'astronomie, et Sam avait souvent fait remarquer qu'elle adorait son ancien poste d'observation, sur le toit de sa maison.

Elle acquiesça et remballa soigneusement l'instrument. Elle posa la boîte sur la table et avant qu'il ne puisse réagir ses lèvres étaient sur sa joue.

« Merci. » murmura-t-elle en se reculant.

Jack attrapa sa main. Sam le regarda, l'air circonspect. Jack pinça les lèvres en essayant de deviner ce qu'elle pensait. Elle n'avait pas bougé : elle le dévisageait gentiment, attendant. Il posa sa bière sur la rambarde et lui enleva la sienne des mains pour la poser à côté. Enfin, il lui fit face.

Il se demandait par quoi commencer, ce qu'il devait dire. Tous les discours qu'il avait pu préparer fuyaient son esprit. Elle le fixait, dans l'expectative. Sa circonspection se transforma en amusement à mesure que le silence s'éternisait.

« Oh, et puis merde ! »

Jack l'attira fermement à lui et pressa sa bouche contre la sienne.

Désir.

C'était tout ce qu'il pouvait discerner. Il ne sentait plus que le goût de ses lèvres. Il se délecta de sa réponse, de la manière dont ses lèvres le taquinaient, dont ses mains agrippaient son T-shirt, dont son corps se pressait contre le sien. Il l'attira encore plus près, sa main relâcha la sienne pour s'enrouler autour de son corps et la tenir tout contre lui, l'autre remonta pour se noyer dans ses boucles blondes.

Il leur fallait de l'air.

Jack s'écarta doucement, d'à peine un centimètre. Il n'était pas sûr de vouloir jamais plus de distance entre eux. Il effaça de son pouce l'humidité naissante au coin de ses yeux bleus. Il la tint contre lui, sa tête se nichant au creux de sa nuque tandis qu'il l'enlaçait tendrement.

« J'ai réfléchi… commença-t-il finalement, sans la lâcher pour autant.

- Hum hum, approuva Sam, et il pouvait sentir sa voix résonner dans la poitrine.

- A propos de mariage. »

Jack fronça les sourcils, comme surpris par ses propres paroles, et grimaça quand elle se raidit dans ses bras.

« Je veux dire, à propos de rendez-vous. »

Sam leva la tête pour le regarder.

« En fait, c'était à propos de mariage, admit Jack à contrecoeur. Mais je suppose qu'on devrait commencer par des rendez-vous, et Hayes nous a plus ou moins donné sa permission. »

Sam rougit puis éclata de rire en comprenant qu'il avait vraiment demandé la permission. Elle lui offrit un sourire rayonnant avant de l'embrasser.

Ce qui eut pour effet de le distraire.

« Jack, dit doucement Sam en s'écartant juste assez pour pouvoir le regarder dans les yeux, je peux me passer des rendez-vous.

- Ah bon ? s'étonna Jack, sceptique. Tu en es sûre ? »

Ses yeux brillaient d'un tel bonheur qu'il en eut le souffle coupé. C'était ça qu'il voulait : la rendre heureuse.

« Je n'ai besoin de rien d'autre que toi, confirma Sam.

- Je peux arranger ça. » lui promit-il.

Il enfouit son visage dans ses cheveux, respirant son doux parfum. Il faudrait encore régler beaucoup de détails, mais peu importait. Tout ce qui comptait, c'était qu'ils avaient terminé de gâcher leur temps, et enfin décidé de saisir leur chance. Il n'arrivait pas à croire qu'il la tenait contre lui, qu'elle était finalement dans ses bras, qu'ils étaient enfin ensemble. Il fronça les sourcils.

« Est-ce que tu ne viens pas juste de… d'accepter de m'épouser ? »

Sam acquiesça, laissant apparaître sa propre incrédulité.

« Je crois bien que oui. »

Ses doigts caressèrent sa nuque et ses courts cheveux gris. Elle le regarda, troublée :

« Tout ça est réel, n'est-ce pas ? »

Jack l'embrassa doucement.

« Est-ce que c'est assez réel pour toi ? »

Sam attrapa son visage pour l'attirer de nouveau à elle.

« Bien. » sourit Jack avant de l'embrasser encore.

Une brise chaude et familière les enveloppa, comme la bénédiction d'un vieil ami. Cela les fit se rapprocher encore un peu plus, sous le soleil qui brillait toujours haut dans le ciel, les entourant de sa douce lumière.

...

FIN

...


...

Note de l'auteur : Merci d'avoir lu cette histoire. J'espère que vous avez aimé !

Note de la traductrice : Je suis trop émue de publier ce dernier chapitre ! Je voudrais adresser un immense merci à VirtualJBgirl qui a relu chacun de ces trente chapitres et corrigé mes nombreuses fautes et maladresses de traduction. Sans elle, votre lecture aurait été beaucoup moins agréable ! Je remercie bien sûr mille fois Rachel500, auteur de cette fanfiction, de m'avoir donné son autorisation pour la traduire. J'espère que j'ai su faire honneur à son écriture et vous faire apprécier cette belle histoire ! Et enfin, merci à vous tous qui avez reviewé, anonymement ou nom, qui avez mis en favori et suivi cette traduction, ou qui l'avez juste lue sans vous manifester. Merci à tous ! Et rendez-vous bientôt pour de nouvelles aventures, j'espère !