Coucou !

Merci beaucoup à tous pour tous vos retours et review, ça me fait toujours ultra plaisir, vraiment. ︎

Je vous souhaite une bonne lecture !


Chapitre 23


- De quoi as-tu envie ?

D'elle. Remus avait terriblement envie d'elle. Ce n'était cependant pas une réponse acceptable.

De quoi avait-il envie ? Ce n'était pas évident. Il avait envie de plein de choses, de ne plus être un loup-garou, de prendre Tina dans ses bras, que les choses soient plus simples, mais il se doutait que ce n'était pas ce que demandait Tina. Il chercha très fort, avant de dire :

- J'aimerais bien regarder un film.

Tina s'arrêta et Remus se demanda s'il avait dit ou fait quelque chose qu'il ne fallait pas. Il fallait dire que depuis leur très récente réconciliation il était un peu sur les nerfs, craignant de faire le moindre faux pas. Mais elle était simplement en train de faire demi-tour.

- Dis moi à nouveau de quoi tu as envie.

Remus la regardait marcher devant elle, elle n'avait pas la grâce d'un ange où la beauté d'une vélane, elle était juste Tina, et il l'aimait. Il avait envie de la sentir à nouveau contre lui, comme un peu plus tôt au banquet lorsqu'elle l'avait serré dans ses bras.

- J'aimerais bien regarder un film, répéta-t-il machinalement.

En vérité, il aurait accepté n'importe quelle activité tant qu'il pouvait rester avec elle. Tina s'arrêta et fit encore une fois demi-tour devant cette tapisserie, mais avant qu'il ait pu lui demander ce qu'elle fabriquait, elle lui ordonna de répéter, ce à quoi il se résigna, un peu inquiet quant à sa santé mentale ou son ouïe.

- Très bien, dit Tina en s'arrêtant enfin. Cette salle te donne ce dont tu as envie.

Remus remarqua en effet qu'une porte était apparue dans la tapisserie. A l'intérieur devait surement se trouver un écran et un film, comme il l'avait demandé. Il se demanda ce qu'aurait fourni la salle s'il avait vraiment demandé à ne plus être un loup garou.

Tina poussa la porte et il entra à sa suite, curieux de découvrir le résultat. Mais il ne s'attendait pas à cela.

S'il y avait bien un grand écran qui recouvrait tout le mur de droite, et un projecteur à l'ancienne, accompagné d'une pile de films divers, il n'y avait pas de fauteuils ou de chaises.

Non, au milieu de la pièce, se trouvait un grand lit avec des draps en satin couleur chocolat, de la nuance exact des yeux de Tina. Remus, immobile sous le choc, se sentit rougir.


Remus avait eu une super idée, j'avais très envie de regarder un film avec lui. Pourtant je ne m'attendais pas à voir ce lit. Etait-ce mes désirs intimes qui avaient interféré avec la demande de Remus ? Je ne me souvenais pas avoir eu de pensées déplacées pourtant.

- La salle te fournit ce que tu demandes, tentai-je de lui expliquer. Il suffisait que tu penses que tu es un peu fatigué, pour qu'elle mette un lit.

Remus avait l'air choqué, mais je devais avouer que j'avais été dans le même état quand j'avais imaginé toutes les possibilités qu'offrait cette salle.

- Oui, se reprit-il, un peu fatigué.

Je retins un soupir de soulagement, il disait vrai, il était un peu fatigué, j'avais visé juste dans mon interprétation. Je le rejoignis alors qu'il était déjà en train de regarder parmi les différents pochettes de films.

Le choix était varié, et j'en avais vu assez peu. Quand je demandai à Remus lequel de ses parents étaient moldus, il me raconta qu'ils étaient tous deux sorciers mais que sa mère était née-moldue et qu'il avait passé de nombreux étés chez ses grands-parents moldus. Il parlait d'eux au passé et je n'osai pas poser de question.

- J'ai toujours adoré allé chez eux, me dit-il. Ma grand-mère cuisinait les meilleurs plats que j'ai jamais mangé.

- Meilleurs qu'à Poudlard ?!

J'avais du mal à le croire.

- Oui, répondit-il en souriant, meilleur qu'ici. Elle en faisait chaque étape elle-même, à la main, avec tant d'amour que ça les rendait délicieux. Comme si elle mettait dedans une forme différente de magie.

J'aimais regarder Remus raconter ses souvenirs, il semblait tellement heureux comme ça, plongé dans ses pensées. Il avait l'air différent. Plus insouciant. Et pourtant c'était trop subtil pour que je puisse affirmer avec certitude que ce n'était pas mon imagination qui parlait ou bien la joie de passer à nouveau du temps avec lui.

- Mon grand-père m'a fait découvrir les films, continua-t-il. Il me montrait toutes sortes de petits objets typiquement moldus et son enthousiasme à me faire découvrir tout ça, plus que les choses qu'il me montrait en elles-même était ce que j'aimais le plus avec lui...

Il continua a parler d'eux un moment, je l'aurais écouté des heures, mais il finit par me retourner la question.

- C'est ma mère qui est moldue, racontais-je alors, mon père est mort quand j'avais cinq ans. Je me souviens de très peu de choses sur lui, et ma mère m'en parle peu. Je n'ose pas lui poser de questions, avouais-je à mi-voix.

- Oh, dit-il, je suis désolé pour toi.

Il l'était réellement et je le rassurai par un sourire. Nous nous regardâmes ainsi plusieurs secondes avant qu'il ne détourne le regard le premier et me propose de choisir parmi la pile de films.

S'ensuivit alors le plus long débat au monde, chacun voulant laisser choisir l'autre. Je mis un point d'honneur à ne pas céder la première.

- Comme tu veux.

- Non, non vas-y.

- A toi l'honneur, Tina. C'est toi qui m'a montré la salle.

Pire argument du monde.

- Non, à toi de décider.

Duel de regard. Le pauvre ne savait pas que j'étais tellement subjuguée par ses yeux que je ne risquais pas de perdre. Même si j'avais voulu détourner les yeux, j'en aurais été incapable. Je tentai de mettre le plus de défi possible dans mon expression mais ce n'était pas évident face à Remus.

Une dizaine de secondes passa, puis vingt, et je pris conscience du silence qui s'était installé. Alors que je fixais toujours ses yeux, le souvenir de notre étreinte dans la Grande Salle me revint brusquement, et une fois cette pensée installée dans ma tête, elle ne voulut plus me quitter. A partir de ce moment là, j'eus l'étrange impression que chaque seconde passait bien plus lentement qu'auparavant.

J'avais complètement oublié cette histoire de film, et tout ce dont j'avais envie, c'était de me rapprocher de Remus, de le toucher, d'être près de lui. Nous nous fixâmes encore quelques secondes, le silence résonnant de plus en plus fort dans mes oreilles, comme un bourdonnement. Et soudain, sans trop savoir comment, j'étais dans ses bras, pour la deuxième fois de la soirée.

Je retrouvai avec plaisir de la sensation de ses bras autour de moi, que j'avais l'impression étrange de n'avoir pas quitté. A vrai dire, si j'avais eu le choix, j'aurais voulu rester comme ça le reste de ma vie. Pourtant je me reculai rapidement, soucieuse de conserver les apparences. Et puis bon, il ne manquait pas grand-chose pour que je prenne l'habitude, si ce n'était pas déjà fait.

- Désolée, dis-je en espérant presque qu'il ne m'entendrait pas.

- Tout va bien, dit Remus, ne t'inquiète pas.

Je l'aurais bien repris dans mes bras juste pour ces quelques mots chaleureux, mais bon, il ne fallait pas abuser quand même.

- On n'a qu'à choisir au hasard, dis-je en attrapant l'un des films de la pile.

C'était un dessin animé, Merlin l'enchanteur.

- Très bon choix, me dit Remus en voyant le titre et je souris.


Remus rentra à son dortoir juste avant le couvre-feu, spécialement repoussé à l'occasion d'Halloween. Ses amis n'étaient pas encore là, mais il ne s'était pas attendu à ce que ce soit le cas.

Il prit une longue douche. Il avait l'impression de ne pas avoir été heureux à ce point depuis très longtemps. Depuis qu'il avait rencontré ses amis, réalisa-t-il. Bien sur, ceux-ci le rendaient heureux au quotidien, mais avec Tina, c'était différent, elle lui donnait le sourire, une raison de se lever chaque matin. Ce soir avait été une soirée parfaite. Ils s'étaient réconciliés, elle lui avait montré cette salle-sur-demande, et ils avaient regardé ensemble Merlin l'enchanteur qui avait fait rire Tina aux éclats, chose à laquelle Remus aurait pu assister des heures durant.

Il se sentait bien avec elle, quoi qu'ils fassent, qu'il discutent, se promènent ou regardent un simple film, tout était parfait. Comme si sa simple présence avait la capacité d'éloigner tous les soucis qui l'accaparaient habituellement, comme si rien ne pouvait plus l'atteindre. Elle, si petite et insignifiante, avait le pouvoir de le faire se sentir en sécurité auprès d'elle. Quelle ironie. C'était pourtant lui, celui susceptible de la blesser.

Il frissonna malgré l'eau brulante.

A travers le bruit du jet qui coulait, il cru entendre la porte du dortoir se refermer. Remus sortit de la douche et rejoignit ses amis qui étaient venaient d'arriver.

- Coucou Remus ! dit Peter. Bonne soirée ?

- Super, répondit Remus avec un grand sourire. Et vous ?

- Bien, mais pas aussi bonne que la tienne on dirait, dit Sirius.

- Tu étais avec Tina ?

James, feignant le désintérêt. Remus lâcha un soupir amusé.

- Oui, j'étais avec elle.

Il était inutile de leur mentir, et de toute façon, après les efforts qu'ils avaient fait, chacun leur tour, pour qu'il retourne lui parler, ce n'était que justice que de les informer qu'il était revenu sur sa décision de l'ignorer.

Il aurait juste préféré ne pas avoir ce sourire idiot sur les lèvres, mais il était bien incapable de s'en défaire.

- Vous étiez où, dans un placard à balai ? demanda Sirius.

- Hé, Patmol, ça ne te regarde pas ! s'exclama Remus lorsqu'il saisit l'allusion salace qui se cachait derrière les mots de son ami.

Bon, d'accord, il en rajoutait peut-être un peu, mais c'était surtout pour cacher le fait qu'il ne voulait pas leur dire où il était, ce qui impliquait de leur parler de la Salle-sur-Demande.

- Dis-nous, le supplia Peter. On t'a cherché partout sur la carte et on ne t'as pas trouvé.

Oups, il aurait dû y penser avant. En même temps, quelle probabilité y avait-il que ses amis le cherchent sur la carte juste à ce moment-là ?

- Vous avez dû mal chercher, répondit-il avec désinvolture. Bonne nuit !

Sirius lui sourit - pas un sourire salace cette fois - et Remus y lu toute l'approbation de son ami pour le choix qu'il avait fait.

Il se glissa sous ses draps, enfin détendu et serein pour la première fois depuis plus d'une semaine.


Le lendemain ce n'est pas Remus qui vint me parler le premier mais bel et bien James. Je ne pensais pas les voir ni l'un ni l'autre avant le milieu de la matinée étant donné qu'ils ne suivaient pas les cours de soins au créatures magiques, que moi-même j'adorais. En ce petit matin donc, la bonne humeur retrouvée qui ne m'avait pas quitté depuis la veille m'avait donné faim, et j'étais donc allée m'approvisionner aux cuisines avant que ne commence mon cours préféré. Quelle n'avait alors pas été ma surprise de trouver James devant moi en sortant des cuisines. Il se tenait là, au milieu du couloir, avec un grand sourire qui m'inquiéta plus qu'autre chose. Je compris immédiatement à sa posture et à sa réaction en me voyant, que c'était moi qu'il attendait.

- Potter, dis-je simplement.

Je ne savais pas trop comment réagir. Depuis que je m'étais disputée avec Remus, les autres maraudeurs m'avaient complètement ignorée, et je m'étais habituée à cet agréable changement. D'autant plus que pour moi, James Potter rimait plus avec ennui qu'avec ami. Je ne me montrai donc pas plus avenante que ça. Après tout s'il était venu me voir - je me demandai au passage comment il m'avait trouvée - c'est qu'il avait une bonne raison, et je ne voyais pas l'intérêt de s'étaler en formules de politesse et en convenances.

- Tu dois te demander pourquoi je viens te voir.

Je ne lui fis pas le plaisir de lui montrer ma curiosité, même si son ton n'avait rien de provocateur, ça ressemblait juste à une introduction.

- Eh bien en fait, tu détiens des informations qui m'intéressent, continua-t-il.

Oulà, le ton qu'il prenait, ça faisait un peu espionnage pour le coup. Est-ce qu'il allait m'enfermer et me torturer si je refusais de coopérer ? Je m'abstins de dire quoique ce soit, de peur d'aggraver mon cas.

- En fait, hésita-t-il, est-ce que tu saurais… par hasard...

Bizarrement, mon silence semblait le mettre mal à l'aise. J'étais si intimidante que ça ? Mais il s'agissait de James Potter et James Potter n'était jamais mal à l'aise. Il inspira un coup et me regarda droit dans les yeux.

- Je veux que tu me parles de Lily.

Mmh, d'accord. Normal. Je ne voyais pas pourquoi il voulait que je lui parle de Lily. Ni pourquoi il me demandait à moi.

- Pourquoi moi ? Je ne suis pas vraiment amie avec elle.

- Vous avez passé la soirée ensemble hier au festin.

Une partie de la soirée plutôt, mais je me retins de corriger.

- Demande plutôt à Alice, elle la connait mieux que moi.

- Non, c'est à toi que je veux demander. Alice est trop proche d'elle, elle lui répèterait tout. Toi tu es parfaite.

Première fois qu'un garçon me disait que j'étais parfaite, mais la pensée qu'il s'agissait du mec qui m'avait fait le plus souffrir durant toute ma scolarité à Poudlard tua mon sourire naissant.

Mais il y avait toujours cette question à laquelle je n'avais pas de réponse, pourquoi s'intéressait-il soudain à Lily ? Je me rappelais très bien les années précédentes où il l'avait harcelée, lui demandant sans cesse de sortir avec lui, au point que j'en venais parfois à penser que ma situation était préférable à la sienne. Mais justement, il avait fini par arrêter et je pensais qu'il s'était lassé de son petit jeu. Alors pourquoi ce soudain intérêt ? Si c'était pour trouver un nouveau moyen de la harceler, il pouvait se gratter. Dans le cas contraire… il y avait peut-être moyen pour moi de monnayer mes supposées informations ?

- Et qu'est ce que ça m'apporte de t'aider ? demandai-je donc.

Il parut complètement pris au dépourvu.

- La reconnaissance des maraudeurs ? La gloire éternelle ?

Pour le coup, je ne savais pas ce qui était pire. J'avais déjà la sympathie fraichement retrouvée du seul maraudeur qui m'intéressait, et je ne voulais absolument pas du reste.

- Pourquoi tu ne me dirais pas plutôt ce qui t'intéresse chez Lily et pourquoi tu veux savoir ça ?

Il parut surpris.

- C'est tout ce que tu veux savoir ? Eh bien je suis amoureux d'elle.

- Oh.

J'en restais bouche bée, il était bel et bien sincère malgré son ton désinvolte, pas le moindre doute là dessus. Potter amoureux. De Lily Evans. Alors comme ça, ce n'était pas un jeu de mauvais goût qu'il lui avais fait subir les dernières années ? Comment avait-il pu croire une seconde qu'il avait la moindre chance avec une technique pareille ? Je n'arrivais toujours pas à y croire, malgré mon don.

- Alors, tu vas m'aider ? me demanda-t-il alors que j'étais encore sous le choc.

- Peut-être.

- Peut-être ? Peut-être ? Je veux une réponse !

Super. Comme si j'avais besoin qu'il insiste. Je ne savais même pas si je devais l'aider. Si j'avais envie de l'aider. Et même si je pouvais l'aider. Après tout qu'est ce que je savais sur Lily, moi ?

Cela mis à part, une partie de moi n'avait pas envie de faire le moindre effort pour James Potter, mais d'un autre côté, ça me sidérait tellement que j'avais envie de m'y intéresser de plus près. Et puis c'était quand même excitant d'être en possession du destin amoureux de Potter. Je senti soudain naître un très grand pouvoir en moi. Sans exagérer. Non, non, du tout.

- Si tu continues à insister, déclarais-je en cachant ma jubilation, mon peut-être risque de se transformer en non.

Je fis un sourire avant de passer devant lui pour rejoindre le parc où se déroulait le cours de soin aux créatures magiques. J'avais l'habitude de marcher vite - je n'aimais pas rester trop longtemps dans les couloirs - et il ne me suivit pas, à ma plus intense satisfaction.

J'avais plutôt géré pour le coup. Bon pour moi qui était de nature discrète ça n'avait pas été très évident de prendre cet air supérieur mais je trouvais m'en être assez bien sortie. C'est donc d'un pas assez guilleret que je passais les portes du château.

Il faisait froid dehors - nous étions déjà le premier novembre - mais le cours passa vite, tandis que le professeur Brûlopot nous montrait - ou plutôt parlait - des sombrals, étant donné que je ne les voyais pas. La seule mort que j'avais connue était celle de mon père, mais bien que je me rappela de lui, j'étais incapable de me souvenir de sa mort, comme si tous les souvenirs désagréables s'étaient involontairement effacés de ma mémoire.

Lorsqu'un peu moins de deux heures plus tard je m'assis en cours de potions, j'avais encore les joues rougies par le froid et même si la température était agréable à l'intérieur du château, c'est avec empressement que j'allumais le feu sous mon chaudron avant tout autre chose. En me tournant pour attraper mes affaires que j'avais posé sur la chaise libre à ma droite, je croisai le regard de Remus, assis deux rangs plus loin. Je lui adressai un sourire timide. Ça me faisait tellement de bien de ne plus le voir se détourner d'un air sombre que je gardais un sourire idiot plaqué sur le visage le temps de sortir mes affaires. J'étais toujours intensément curieuse de connaître les raisons de son comportement - aussi bien son éloignement soudain que son retour vers moi - et si je l'avais épargné la veille, je ne comptais pas pour autant lâcher l'affaire. Mais à moins qu'on ne se dispute à nouveau, ce que j'étais prête à tout faire pour éviter, j'avais tout mon temps pour ça.

Comme à son habitude, le professeur Slughorn arriva avec quelques minutes de retard et nous salua d'un ton enthousiaste. Le début de son cours était généralement consacré à un discours théorique sur la potion étudiée, les étapes de préparation et les effets ou encore son origine, avant de passer ensuite à la préparation pratique. Les potions ne faisaient pas parti de mes cours préférés mais il va sans dire que la deuxième partie du cours était bien plus intéressante. Pourtant, ce jour-là, Slughorn réussi pourtant à capter mon attention dès les premières minutes. Il faut dire qu'il avait pris un air encore plus sensationnel qu'à l'habitude comme si la potion qu'il allait nous présenter était LA potion du siècle. Il fit durer le suspens quelque minutes de plus avant d'annoncer, dans le grand silence qui avait envahi la classe :

- L'Amortentia, mes chers ! La potion de l'Amour, avec un grand A !

Un peu plus et on se serait cru au cirque. Non mais j'étais la seule à le trouver ridicule ? Il faut croire que oui : Lily Evans avait les joues roses et les yeux rivés sur les notes qu'elle prenait, la plupart des élèves attendaient la suite et James regardait soudain Slughorn avec vénération. Après la conversation que nous avions eue ce matin, je comprenais sans mal pourquoi. Je me retins de rire et reportai mon attention sur le professeur. J'aurais bien aimé regarder la réaction de Remus mais j'avais trop peur de croiser son regard alors que le sujet était si… compromettant. Disons que ça aurait été un petit peu suspect. Un tout petit peu. Sans parler du fait que j'aurais immédiatement viré rouge tomate. Autant brandir directement un écriteau « Je t'aime » sous son nez, ça aurait eu le même effet.

Slughorn nuança tout de même ses propos pour bien nous mettre en garde sur le fait que l'amour ne pouvait être imitée et que cette potion créait seulement une forte attirance, mais qu'elle n'en restait tout de même pas moins l'un des philtres d'amour les plus puissants. Il nous expliqua ensuite la préparation en détail, précisant qu'elle était trop longue pour être réalisé en une heure seulement et que nous y consacrerions donc trois cours. J'espérai qu'il avait réfléchi au fait que les cours ne se suivaient pas, parce que si la potion macérait entre temps je n'avais pas très envie de tomber amoureuse de l'alcool par les simples vapeurs qui s'en dégageraient.

- Il est donc impératif que vous ayez terminé aujourd'hui toutes les étapes qui se trouvent au tableau, reprit-il, car c'est à se stade que la potion à besoin de repos, ce qui nous permettra de la continuer et de la finir lors du double cours de mercredi prochain. Il y a du travail, j'en suis conscient, mais c'est ce qui est attendu de vous en tant que septièmes années. Vous ne pourrez donc pas partir tant que la première partie ne sera pas terminée.

Dépèche-toi de finir de parler alors ! Qu'on puisse enfin commencer. Parce que si je loupais le déjeuner de midi par sa faute, je ne donnais pas très cher de sa vie. Sans se soucier de mes menaces mentales, il continua sur un ton plus joyeux :

- Et pour rester dans le thème, je veux que vous formiez des bînomes mixtes ! Je n'impose qu'une seule chose : les garçons, à vous l'honneur de choisir votre partenaire.

Sur ce, il se tut et nous regarda avec un air satisfait. Je savais qu'il avait un côté vieux jeu, mais pas à ce point là. Enfin, ça m'évitait toujours un soucis de moins.

Il y eu un court instant de flottement dans la salle puis James Potter se leva d'un bon et se dirigea vers le premier rang sous les yeux de la classe silencieuse. Il s'arrêta au niveau d'Alice et lui demanda de lui laisser sa place. Celle ci se leva de mauvais cœur et James s'assit tranquillement à côté d'une Lily qui semblait avoir avalé quelque chose de travers.

Puis un brouhaha général envahit la pièce et les autres garçons se levèrent. Je vis Peter se diriger vers Alice qui était toujours plantée à côté de James et Lily, et Sirius vers Helena, une des filles de mon dortoir. J'étais curieuse de savoir quelle fille Remus allait choisir. Je priai pour qu'il pense à moi, mais bon c'était peut-être un peu trop en demander. Quoiqu'entre moi, Jenny - la dernière fille du dortoir -, ou une serpentarde, il n'avait pas non plus un choix énorme. En même temps le décolleté de Jenny pouvait être un argument convaincant. Histoire de me donner une contenance - et surtout de ne pas attendre en vain -, j'allais chercher au fond de la classe les ingrédients nécessaires à la potion.

Quand je revins, la place à ma droite était occupée et je ne pus retenir un grand sourire. Remus.

- Je me suis installé, ça ne te dérange pas ?

- Pas du tout, m'écriai-je comme s'il était sur le point de partir, ce qui n'était pas du tout le cas et me fit passer une fois de plus pour une fille pas tout à fait normale.

- Ouf, dit-il avec un sourire, j'avais peur que tu préfères être seule et je n'avais pas très envie de me retrouver avec Lewis.

Jenny Lewis, je précise. Je ris avec lui, mais j'étais soulagée de savoir qu'il ne succombait pas à son décolleté. Bon je m'en doutais un peu mais ça faisait quand même plaisir de l'entendre.

J'étais donc coincée avec Remus pour trois cours de potions. Inutile de dire que j'avais envie de sauter de joie. Pour des raisons évidentes, je me retins.

- Bon par quoi on commence, demandai-je.

C'était pas tout mais on avait du travail. Je m'aperçu vite que Remus était moins doué en potion que je ne le pensais - eh oui, j'idéalisais même ses capacités en potions - mais il n'en restait pas moins meilleur que moi. Nous parlions pour savoir ce qu'il fallait faire, pour se répartir les tâches, passer à l'étape suivante, et le reste du travail se déroulait dans le silence. A chaque fois que nos regards se croisaient, à savoir toutes les cinq minutes, on se souriait maladroitement et on retournait à ce que l'on était en train de faire.

Alors que je venais d'écraser 100g de graines, j'en versai le jus dans le chaudron mais une partie du liquide verdâtre coula le long du bol pour finir sur la table puis sur les genoux de Remus.

- Je suis désolée ! m'exclamai-je avant d'attraper un mouchoir pour éponger sa robe de sorcier.

Il me prit le poignet et écarta ma main tandis qu'il lançait un sort qui effaça toute trace du drame. Oui c'était bel et bien un drame à mes yeux, j'avais tâché mon Remus chéri. Enfin du coup plus maintenant puisqu'il venait de tout réparer.

- C'est rien, me rassura-t-il.

- Je ne sais pas si tu as bien choisi ta partenaire, lui fis-je remarquer en riant.

Il me regarda d'un air sérieux qui me gêna et je détournai le regard. Je disais ça pour rire, moi. Ça me dérangeait cette façon dont il me fixait.

- Bien sûr que j'ai bien choisi. Tu es super Tina.

Allons bon, il me trouvait super. Et sans mensonge. Pour le coup j'étais sur un petit nuage. Et toute rouge aussi, mais ça il allait finir par avoir l'habitude. Sentant qu'il me fixait toujours, j'ouvris maladroitement le bocal de graines pour en écraser d'autres puisque la moitié du jus était parti sur Remus. Je finis par lever la tête et croisai son regard qui m'observait.

- Qu'est-ce que tu regardes, demandai-je sans pourvoir me retenir.

Peut-être que j'avais un truc sur le visage après tout. Ça ne m'aurait pas étonnée si je m'étais tartinée par mégarde d'un des ingrédients de la potion.

- Je, euh... rien, dit-il en se détournant.

Bon et bien je n'aurais pas ma réponse. Je n'osai pas insister et changeai radicalement de conversation :

- James est venu me voir ce matin.

Remus fronça les sourcils.

- Qu'est-ce qu'il te voulait ? demanda-t-il en fonçant les sourcils.

- Que j'obtienne des renseignements sur Lily, répondis-je à voix basse.

Maintenant que j'y pensais, pourquoi n'avait-il pas demandé à Remus ? Il était même plus proche d'elle que je ne l'étais.

- Il aurait pu te demander, ajoutai-je.

- Oh tu sais, dit-il en riant, je lui ai déjà dit tout ce que je savais, mais bon, Lily ne me confie pas ses histoires de cœur.

- Tu crois que James a une chance ? demandai-je.

C'était assez bizarre de parler de ça avec Remus alors que j'étais moi-même amoureuse de lui, mais je me sentais à l'aise. Ça me faisait une bonne raison pour ne pas le quitter des yeux et je ne m'en privais pas.

Si je lui posais cette question, c'est à cause de la conversation que j'avais eu avec Lily, lorsque je lui avais avoué contre mon gré que j'étais amoureuse de l'un des maraudeurs, après leur farce avec les perroquets. Elle m'avait alors posé une seule question. Si celui dont j'étais amoureuse était James. Etait-ce par jalousie ? Par espoir qu'il se case avec une autre fille et la laisse en paix ? Ou encore parce que ça aurait pu expliquer pourquoi j'étais si distante avec elle, suite aux avances de James à son égard ?

Remus avait les yeux dans le vague.

- Peut-être, finit-il par répondre. Je ne sais pas si elle est prête à lui pardonner ce qu'il lui a fait subir les années précédentes.

- Elle m'a demandé si James m'intéressait, confiai-je à voix basse.

Nous chuchotions, et sans nous en rendre compte nous nous étions rapprochés. Je sentais la chaleur de son corps à quelques centimètres de mon épaule droite et cette proximité me rendait toute fébrile. Je me sentais idiote. Et mon état ne s'arrangea pas quand il me regarda dans les yeux d'un air surpris, suite à mes paroles.

- Pourquoi tu aurais été intéressé par James ?

Ah. Ce n'était pas la question à laquelle je m'attendais. Non, vraiment, si on avait pu éviter ça m'aurait arrangée. On était censé parler de Lily, là, pas de moi. Et puis il faut dire qu'à la base si elle m'avait posé la question, c'est parce que je lui avais dit qu'un des maraudeurs m'intéressaient, et ça, je ne pouvais pas le dire à Remus. Surtout qu'il était le principal concerné.

- Ce n'est absolument pas le cas pourtant, tentai-je d'un air innocent.

- Alors qu'est-ce qui faisait croire une chose pareille à Lily ?

Il prenait la question bien trop à coeur à mon goût, perdu dans ses pensées comme il était. Et puis il ne me regardait plus dans les yeux, et même si ça me faisait tout bizarre dans l'estomac, j'aimais quand même bien ça. Il fallait que je capte son attention à nouveau, tout en détournant ses interrogations du sujet. Dure mission.

- Peut-être que justement, tentai-je, elle s'intéresse à James, elle.

- Tu crois ? dit Remus en me fixant à nouveau.

Mission accomplie. Trop facile finalement. Sous son regard, je tentai de ne pas fondre sur ma chaise, ça aurait été problématique qu'il se retrouve avec une partenaire fondue, aussi super soit-elle.

- J'en sais rien.

- On pourrait essayer d'un savoir plus ? proposa-t-il sur le ton de la conspiration.

Pour le coup il avait bien un air de maraudeur. Je ne pensais pas qu'il s'intéresserait à une éventuelle relation entre James et Lily, mais il s'était soudain animé d'une nouvelle ferveur qui me donnait envie de le suivre jusqu'au bout du monde. Enfin presque. Jusqu'au bout de la forêt interdite on va dire. Et encore.

Je lui adressai un grand sourire et nous nous remîmes au travail.

Le reste du cours se déroula tranquillement, tandis que nous faisions de notre mieux pour coller le plus fidèlement à la préparation de la potion. J'avais hâte d'être aux prochains cours pour savoir ce que je sentirai dans la potion. Et puis pour continuer à travailler avec Remus aussi.

C'était si naturel d'être de nouveau ami avec lui, et pourtant cette amitié me paraissait encore si fragile. En y repensant, il y avait presque eu plus de tensions que de bon moments entre nous depuis qu'il m'avait parlé pour la première fois. Il y avait d'abord eu la découverte qu'il était celui qui se cachait sous la cape, puis la dispute entre James et lui. Je l'avais presque oubliée avec les derniers évènements mais son simple souvenir réveillait toutes les questions que j'avais pu avoir à ce sujet. Et enfin il y avait eu ces deux longues semaines où il m'avait ignorée, qui soulevait d'autres questions encore.

Je trouvais étrange que rien n'ait changé entre avant et après qu'il m'ait ignorée. S'il l'avait fait c'est qu'il devait bien avoir une raison qui prévalait sur notre amitié. Ou du moins qu'il avait jugé prévaloir avant de changer d'avis. Parce qu'il avait changé d'avis, non ? Alors pourquoi rien dans son comportement ne me donnait de signe ou d'indice ? S'il pouvait passer outre cette raison et l'ignorer aussi facilement, c'est qu'après tout cette raison n'était pas très importante. Notre amitié l'était-elle donc encore moins ?

Hum. Je crois que je me faisais plus du mal qu'autre chose là. En même temps, ce n'était pas un secret, je savais bien que j'accordais beaucoup plus d'importance que lui à notre amitié.

Cela dit, il me parlait à nouveau, c'était l'essentiel, non ? J'aurais bien voulu ne plus me soucier de rien d'autre et simplement en profiter, mais j'étais incapable de faire taire les nombreuses questions qui tournaient en boucle dans ma tête. Ma curiosité me perdrait.

D'ailleurs, pour quelqu'un d'aussi curieuse que moi, je devais dire que c'était un exploit de ne toujours pas avoir attrapé, attaché et torturé Remus pour lui extorquer des réponses. En même temps, entre utiliser la violence ou user de mes charmes, l'un ne me tentait pas plus que ça et je doutais fort d'arriver à mes fins grâce à l'autre.