Et voici la suite et la fin de cette histoire ! Encore une fois, grand merci à mirrorkinomoto, Guest et Fleur d'Ange pour vos commentaires qui me font immensément plaisir ! Bonne lecture !

XXX

« Je te hais, Draco Malfoy. » déclara Ginny d'une voix furibonde, serrant des dents.

Contrariée, elle lui adressa un regard furieux. Ce sourire satisfait sur son visage, cette expression hautaine qu'il arborait. Elle aurait pu l'étrangler sur place.

« Ce n'est pas de ma faute si tu refuses d'admettre les faits. » répondit-il en levant les yeux au ciel.

« Il n'y a rien de factuel, là-dedans. » répliqua Ginny avec frustration, ses joues rougies.

« Les replis défensifs des Harpies étaient faibles ce soir, et leur attaque n'a pas brillé. Les Tornades ont clairement dominé la partie. »

« Ils étaient couverts par l'arbitre, rien d'autre. » avança Ginny en croisant les bras. « Je peux citer au moins cinq pénalités qu'ils auraient dû avoir et que l'arbitre n'a pas sifflé. »

« Vous voulez ce thé, oui ou non ? » s'exclama soudainement une voix, non loin d'eux.

D'un geste parfaitement synchronisé, ils tournèrent la tête en direction de l'homme à qui appartenait la voix. Ce dernier, derrière son stand aux couleurs extravagantes, tendait deux verres dans leur direction, l'air visiblement ennuyé.

« Navré. » déclara Draco. « Les fins de matchs sont toujours un peu houleuses. »

Il jeta un regard moqueur en direction de Ginny qui lui lança un regard hostile en guise de réponse avant de s'éloigner de quelques mètres. Draco tendit deux pièces de monnaie en direction de l'homme puis s'empara des deux verres.

« Les supporters des Harpies sont les pires de la ligue. » affirma l'homme en jetant un regard en direction de Ginny qui fulminait toujours, quelques mètres plus loin.

« Je sais. » déclara Draco avec un soupir. « J'ai épousé l'une d'entre elles. Une vraie furie. »

L'homme lui lança un regard compréhensif.

« J'ai entendu. » s'écria Ginny en fronçant les sourcils.

Après un bref remerciement en direction de l'homme, Draco rejoignit Ginny qui grelottait près de l'une des entrées du stade. Il faisait étrangement froid pour un mois d'Avril. Il lui tendit l'un des verres et elle s'en empara, l'air reconnaissant, avant de le porter à ses lèvres.

« Je n'arrive pas à croire que nous avons perdu. » murmura Ginny, en faisant la moue.

« A leur décharge, les Tornades de Tutshill ne sont plus ce qu'ils étaient il y a quelques années. Pareil pour les Harpies. » lança Draco d'un ton distrait.

Il termina son verre d'une traite et attendit que Ginny fasse de même avant de les faire disparaitre à l'aide de sa baguette.

« Encore une défaite. A ce rythme, nous allons finir dernières de la ligue. » dit Ginny avec une grimace, visiblement contrariée.

« Elles feront mieux la prochaine fois. » assura Draco tandis qu'ils rejoignaient la zone de transplanage, à deux cent mètres du stade.

Ils transplanèrent, disparaissant de la foule qui bordait le stade, animée par les cris et les chants enthousiastes des supporters des Tornades. Ils se retrouvèrent devant une large bâtisse en briques rouge bordeaux, et le portail s'ouvrit seul à leur passage.

« Les Harpies contre les Tornades. C'est le premier match auquel nous avons assisté ensemble, tu te souviens ? » demanda Ginny d'un ton amusé, en montant la demi-douzaine de marches donnant accès à la porte d'entrée. « J'ai l'impression que c'était il y a une éternité. »

« L'époque où tu me détestais encore. » se souvint Draco, un rictus au coin de lèvres. « Ou plutôt celle où tu prétendais ne pas être follement amoureuse de moi. »

Un sourire blasé se dessina sur les lèvres de Ginny tandis qu'elle réalisait le chemin parcouru depuis la signature de leur contrat, quelques années auparavant. Les premiers mois suivants l'annulation de ce dernier s'était révélés compliqués. Il avait fallu du temps à Ginny pour qu'elle se remette totalement des évènements qui avaient précédé. Sa thérapie avec sa psychomage avait contribué à son rétablissement, ainsi que le soutien sans faille de son entourage.

Quant à Draco, malgré leur relation naissante et encore maladroite, il avait sans doute été son appui principal.

Les débuts de leur relation n'avaient pas toujours été évidents. Les premiers mois, leurs vieilles habitudes avaient persisté. Il n'était pas rare que leurs disputes se transforment en règlements de compte où tous les coups bas étaient permis, dans l'unique but de blesser l'autre. Leur relation avait toujours fonctionné ainsi. Ils s'aimaient passionnément mais se déchiraient avec autant de ferveur.

Il avait fallu que leur couple soit au bord de la rupture après une énième dispute où des mots blessants avaient été prononcés pour que les choses changent. Ginny avait regretté ses paroles aussitôt qu'elles étaient sorties de sa bouche et qu'elle avait vu l'expression sur le visage de Draco. Un mélange de surprise, de peine et de déception. Ce soir-là, il avait mentionné d'une voix doucereuse sa relation avec Blaise Zabini et par frustration et désireuse de le blesser, elle l'avait comparé à son père.

Lors de leurs disputes, Draco parvenait plus facilement à la faire sortir de ses gonds car ses émotions réagissaient au quart de tour. Il était rare qu'elle parvienne à l'affecter réellement. En utilisant l'une des seules choses qui touchaient réellement Draco, elle savait qu'elle était allée trop loin.

Sans un mot, ni un regard dans sa direction, il avait quitté son appartement, la laissant seule. Il avait pris ses distances et Ginny avait dû subir son silence radio pendant des jours, contemplant l'idée effrayante d'avoir perdu l'homme qu'elle aimait.

A son grand soulagement, Draco était revenu et après des heures de discussions intenses, ils avaient décidé que ce genre de disputes ne pouvaient plus se reproduire entre eux. Après cet incident, ils avaient tous les deux fait l'effort de faire attention à leurs paroles envers l'autre. Il avait fallu qu'ils apprennent à communiquer d'une manière posée et mature sur leurs frustrations respectives.

Leur couple avait toujours causé des réactions négatives et des jugements de toute part et il avait été compliqué de lutter contre ces facteurs externes. Ils avaient réalisé que s'ils se déchiraient aussi entre eux, leur couple ne pourrait jamais durer. Leur relation avait alors pris une tournure différente, plus saine et les disputes s'étaient faites plus rares. Évidemment, ils ne pouvaient pas s'empêcher de se taquiner continuellement, mais les paroles blessantes étaient désormais proscrites.

Lorsque Draco l'avait demandée en mariage, Ginny était restée muette de longues secondes, les yeux rivés sur la bague de fiançailles, remplie d'émotion. Il avait choisi la bague exacte qu'elle avait apprécié lors de ses essayages, pendant le contrat, pour leurs fiançailles fictives. Son cœur s'était rechaussé en réalisant qu'il avait probablement gardé ce détail en tête pendant des années, attendant le meilleur moment pour la surprendre.

Ils s'étaient mariés quelques mois plus tard, dans une cérémonie un peu trop pompeuse au goût de Ginny. Elle avait rapidement cessé de protester devant l'insistance de Narcissa et Molly, toutes deux désireuses d'organiser le mariage du siècle.

Rejoindre officiellement le clan Malfoy impliquait un certain nombre d'obligations et Ginny avait peiné à se conformer aux attentes de son rôle de Mrs Malfoy, bien loin de l'éducation qu'elle avait reçu dans sa jeunesse. C'était Narcissa Malfoy elle-même qui s'était chargée de son initiation. Elle lui avait enseigné à être une hôtesse parfaite, les codes de la Haute société magique britannique, les us et coutumes des familles de Sang-Pur. Elle devait avoir deux images. Celle qu'elle affichait en public et celle qu'elle devait réserver uniquement à la sphère privée.

Le nom Malfoy ne causait désormais plus le mépris qu'il avait encaissé après la fin de la guerre et les Malfoy avaient été réintroduits auprès du cercle fermé et élitiste des familles les plus puissantes de leur communauté. Machinations Malforescentes, la multinationale familiale, avait atteint des bénéfices record l'année précédente.

Après ses écarts avec Blaise pendant leur contrat, une partie d'elle s'était sentie obligée d'accepter les nouvelles responsabilités qui lui incombaient désormais. Elle avait plus agi par crainte de décevoir Narcissa (qui lui avait été d'une aide précieuse pour se réconcilier avec Draco) que par réelle conviction ou envie. Finalement, avec les années, elle s'était habituée à son nouveau rôle et ce dernier ne lui causait plus les mêmes sueurs froides qu'au début. Heureusement pour elle, Draco, lui, n'avait pas semblé aussi insistant et il était apparu rapidement qu'il s'agissait uniquement des expectatives de Narcissa.

« Parfois, je me demande pourquoi j'ai accepté d'épouser quelqu'un d'aussi prétentieux. » lança Ginny en faisant mine de lever les yeux au ciel tandis qu'ils entraient dans le hall spacieux de leur maison.

Ginny se dirigea vers le large living-room, décoré dans des teintes brunes, donnant à la pièce une atmosphère chaleureuse et familiale.

« Tante Ginny. » lança une voix mélodieuse.

Victoire Weasley, sa nièce, se dirigea vers elle d'un pas gracieux, semblant presque flotter près du sol. A seulement quatorze ans, Victoire était déjà d'une beauté stupéfiante, à l'image de sa mère, Fleur Delacour. Il s'agissait visiblement des gènes de Vélane de ses ancêtres. Le frère ainé de Ginny, Bill, indiquait souvent sur le ton de la plaisanterie qu'il comptait garder sa fille ainée enfermée dans une tour jusqu'à ses trente ans. Ce à quoi Ginny répliquait bec et ongles qu'elle ne laisserait aucune de ses nièces subir le traitement qu'elle avait elle-même reçu de la part de ses frères ainés lors de son adolescence.

« Comment s'est passée la soirée ? » demanda Draco, derrière elle.

« Tout s'est parfaitement bien passé. » lança Victoire avec un sourire éblouissant. « Je lui ai chanté quelques berceuses et il s'est endormi. »

« Ça ne fonctionne jamais quand je lui chante des berceuses. » fit remarquer Ginny en levant un sourcil.

« Ne le prends pas mal, mon amour, mais tu chantes comme une goule qui aurait perdu ses cordes vocales. » fit remarquer Draco d'un ton moqueur.

Il fut gratifié d'un air outré de la part de Ginny et il s'esclaffa. Ginny se tourna vers sa nièce avant de l'étreindre.

« Ne te marie jamais, ma chérie. » dit-elle à son oreille, d'une voix clairement audible.

« J'ai entendu. » fit remarquer Draco d'une voix traînante.

Ginny adressa un clin d'œil à Victoire puis lui tendit une petite bourse remplie de gallions. Elle la raccompagna à la cheminée en la remerciant chaleureusement et une fois que sa nièce eut disparu dans les flammes vertes épaisses, elle se dirigea vers les escaliers.

« Continue comme ça et tu vas dormir dans le canapé, Draco. » assura-t-elle d'un ton amusé, à son passage.

Elle remonta les marches de l'escalier en bois merisier rapidement, puis se dirigea vers la porte de la chambre de son fils. Elle lança un sort en direction de la veilleuse sur la table de chevet près du lit. Une lumière tamisée s'activa, éclairant le visage endormi de Liam. Son cœur se réchauffa comme à chaque fois qu'elle voyait la frimousse de son fils. Avec sa peau pâle, et ses boucles blondes, Liam était le portrait craché de Draco. Elle ne pouvait pas s'empêcher de fondre lorsqu'elle voyait son visage angélique et remerciait Merlin chaque jour qui passait pour sa présence dans leur vie.

La naissance de William avait été un miracle. Après des mois de tentatives infructueuses pour que Ginny tombe enceinte, ils avaient décidé de consulter un Médicomage. Elle avait cru que le ciel lui était tombé sur la tête lorsqu'il leur avait annoncé que ses chances de tomber enceinte étaient quasiment nulles. Le sort qu'elle avait reçu avait reçu par Allegra McGrath lors de son kidnapping avait laissé des séquelles plus sévères qu'ils n'avaient imaginé à l'origine. Le Médicomage avait expliqué que la lésion empêcherait probablement toute chance de féconder naturellement pour Ginny.

Un an plus tard, elle s'était rendue chez son médecin après des semaines de fatigue inexplicable et d'autres symptômes caractéristiques. Elle avait d'abord cru qu'il s'agissait d'un épuisement professionnel. Puis, lorsque la Médicomage lui avait annoncé sa grossesse, elle était restée estomaquée pendant de longues minutes, persuadée de se trouver dans un rêve éveillé.

Draco avait eu la même réaction, et il avait fallu plus de deux heures pour qu'il finisse par y croire. Lorsqu'il avait pris William dans ses bras pour la première fois, son visage avait affiché un mélange d'incrédulité, de fascination et un amour inconditionnel. A cet instant précis, Ginny avait réalisé le père fantastique qu'il serait pour leur fils et son intuition s'était confirmée tout au long des années suivantes.

Ginny borda son fils pendant quelques minutes, puis posa un baiser affectueux sur son front avant de quitter la pièce, sur la pointe des pieds. Elle retrouva Draco dans le séjour, installé dans l'un des sofas confortables face à la cheminée, un verre de whisky pur feu dans ses mains.

« Je vois que qu'on a déjà réservé le canapé, monsieur Malfoy » fit-elle remarquer d'un ton malicieux en posant les mains sur son ses hanches, un sourcil levé.

Elle s'approcha à son tour du sofa puis s'installa à califourchon sur les genoux de Draco, lui retirant le verre de ses mains avant de le poser sur le bout de canapé en marbre à quelques centimètres d'elle.

« Je n'ai jamais dit que je ne t'y rejoindrai pas. » déclara Ginny d'un ton espiègle avant de se pencher dans sa direction pour un baiser ardent.

Draco caressa lentement son dos, et un frisson parcourut l'échine de Ginny. Même après des années, la passion qu'ils partageaient n'avait pas diminué. Elle avait parfois même l'impression qu'elle s'était accru. Draco semblait connaître chaque centimètre de son corps par cœur et il savait parfaitement comment l'emmener vers les nuages lorsqu'il lui faisait l'amour.

Elle ferma les yeux, se laissant aller dans son étreinte enflammée. Quelques secondes plus tard, leurs vêtements disparurent, dématérialisés par un sortilège de Disparition.

« Il va vraiment falloir que tu me préviennes avant de faire ça, Ginevra. » dit Draco, mi-amusé, mi-excédé. « Tu sais que j'adore te déshabiller. »

Grâce à des années d'entrainement, Ginny utilisait désormais sa magie sans sa baguette sans aucune difficulté. Il lui arrivait parfois d'utiliser ses aptitudes dans des moments inattendus voir inappropriés, ce qui avait tendance à agacer son entourage.

« Désolée, je n'ai aucune patience, ce soir. » s'excusa-t-elle avant de prendre à nouveau possession de ses lèvres.

Immédiatement, Draco sembla oublier sa contrariété.

Le lendemain, Ginny entra en trombes dans un local spacieux du Chemin de Traverse, manquant de trébucher sur un carton posé dans l'entrée. Elle jura bruyamment, alors que le café qu'elle tenait dans la main se renversait sur le parquais flottant.

« Quelqu'un a fait la grasse matinée, ce matin. » s'éleva une voix moqueuse, à l'autre extrémité de la pièce.

« Il est juste neuf heures et demi, Dennis. » répliqua Ginny en levant les yeux au ciel.

Elle observa le sol désormais maculé de café en soupirant. Elle s'était levée du mauvais pied le matin même. La journée s'annonçait compliquée. La veille, Draco et elle-même étaient allés dormir relativement tard et le réveil avait été difficile. Elle jalousait l'aptitude de Draco à pouvoir faire des nuits courtes et affronter ses journées de manière efficace.

Dennis agita sa baguette en direction de la flaque de café, et le sol devint à nouveau intact.

« Nous sommes allés voir les Harpies, hier soir. » expliqua Ginny en se dirigeant vers son bureau, qui ressemblait plus aux vestiges d'une guerre qu'à un bureau ordonné et bien organisé. Elle posa son sac distraitement avant de s'installer sur sa chaise puis d'engloutir le fond de son café qui avait survécu à sa maladresse.

« C'est quoi, toutes ces boites ? » demanda-t-elle en désignant d'un geste de la main les cartons qui s'entassaient non loin de l'entrée.

« Une cargaison de couverts anciens. » répondit Dennis d'un ton enthousiaste. « A dater. »

Dennis et elle-même s'était associés pour ouvrir une galerie d'art. Ils achetaient et revendaient des objets anciens comportant des inscriptions runiques qui dataient en général de plusieurs siècles. La clientèle était restreinte mais passionnée, experte et surtout fortunée. La veille, ils avaient vendu à un client un collier d'or provenant d'Islande, un objet rare d'une grande valeur. La vente leur avait rapporté plusieurs milliers de gallions.

Ginny avait toujours pensé que sa formation en Runes Anciennes n'avait aucune valeur mais elle s'était finalement révélée utile. Grâce à son expertise technique en la matière ainsi que les talents de Dennis dans la négociation et les affaires, ils avaient formé un partenariat efficace et ils avaient rapidement atteint leur seuil de rentabilité.

Son contrat avec Draco ayant été annulé avant la fin de celui-ci, elle n'avait pas touché de compensation financière. Toutefois, pendant la durée du contrat, elle avait accumulé des gallions, grâce à ses nombreuses apparitions monétisées, ses interviews et ses contrats en tout genre avec des marques. Même si la somme qu'elle avait économisée était relativement faible par rapport aux 200 000 gallions du contrat, elle avait été suffisante pour qu'elle injecte un premier investissement dans leur projet. Elle avait fermement refusé la proposition de Draco pour l'aider financièrement pour lancer son affaire.

Dennis Creevey avait quitté l'équipe de Katrina peu après la fin du projet Drinny, clamant être prêt à affronter un nouveau défi professionnel. Il avait d'abord travaillé pour une autre enseigne avant de s'associer à Ginny. Travailler avec Dennis s'était révélé gratifiant. Elle avait craint que leur amitié ne soit un frein à leur relation professionnelle, mais la transition s'était faite plus facilement que prévue.

La matinée de Ginny fut remplie par des rendez avec des acheteurs potentiels et elle passa son après-midi à évaluer des objets dont ils avaient fait l'acquisition la semaine précédente pendant leur voyage en Transylvanie.

Le lendemain, lorsqu'elle entra dans la cuisine spacieuse de sa maison, elle y trouva Draco derrière les fourneaux occupé à cuire de pancakes sous les yeux émerveillés de Liam, qui semblait ravi d'assister son père. Lorsqu'elle fit irruption dans la cuisine, Liam se précipita dans sa direction. Elle l'attrapa au vol et le hissa dans ses bras, avant de couvrir son visage de baisers.

« Joyeux anniversaire, mon niffleur. » souhaita-t-elle en lui caressant affectueusement les cheveux.

« Merci Maman. Regarde, j'ai aidé Papa à préparer des pancakes. » répondit Liam, avec une diction parfaite, bien avancée pour son âge.

Lorsqu'elle le reposa au sol, il la prit par la main et la conduisit devant la table où une assiette de pancakes épais dégageait une odeur exquise. Liam insista pour servir Ginny et il prit l'assiette que lui tendit Draco pour l'apporter fièrement à sa mère. Il était trop petit pour atteindre le haut de la table et Draco le hissa dans ses bras pour l'aider à l'atteindre. Liam posa l'assiette de pancakes devant Ginny et cette dernière goûta le plat avec enthousiasme.

« Délicieux. » dit-elle en direction de Liam. « Tu cuisineras bientôt mieux que ta mère, mon chéri. »

« Ce qui ne devrait pas être très compliqué. » commenta Draco avec moquerie, ignorant le regard noir de Ginny.

Il installa Liam à son tour sur son siège avant de le servir.

Si physiquement Liam ressemblait comme deux gouttes à son père, son caractère était davantage proche de celui de Ginny. Il était affectueux, expansif, émotionnel et vouait une fascination particulière à la nourriture.

Quelques heures plus tard, la maison se retrouva bondée à l'arrivée de tous leurs proches et des amis de Liam qui venaient fêter son troisième anniversaire. Liam dut passer par une quarantaine d'étreintes enthousiastes. Pas une seule fois il ne sembla ennuyé par toute l'attention qu'il reçut. Depuis sa naissance, Molly Weasley et Narcissa Malfoy semblaient se mener une guerre silencieuse pour son affection. Pour ne pas causer de jalousie, Draco et Ginny s'assurait que Liam passe le nombre exact d'après-midi chez ses grands-mères respectives.

Le clan Weasley s'était encore agrandi pendant les dernières années et Ginny trouvait parfois que les rassemblements familiaux était une affaire parfois fastidieuse, surtout lorsqu'ils avaient lieu chez elle.

« Ginny chérie ! » s'exclama la voix de Pansy Parkinson, lorsqu'elle entra dans le living-room.

Elle se pencha pour étreindre Ginny et le geste fut plus maladroit qu'à l'accoutumée. Pansy affichait désormais un ventre bombé. Sa grossesse avait surpris tout leur entourage. Pansy n'avait eu de cesse de clamer qu'elle n'aurait jamais d'enfants. Ron, sur le ton de la plaisanterie, ajoutait souvent que s'occuper de Pansy était un emploi à un plein temps et qu'il ne pouvait pas ajouter un enfant dans l'équation.

A la grande surprise des Weasley, la relation de Pansy et Ron avait perduré pendant toutes ses années malgré des hauts et des bas. Ginny ne comptait plus les fois où ils s'étaient séparés, avant de se réconcilier quelques jours plus tard. Elle se retrouvait souvent au milieu de leurs disputes car ils insistaient tous les deux pour se confier sur leurs frustrations personnelles au sujet de l'autre. Certaines de leurs disputes étaient parfois tellement immatures que Ginny se demandait si elle se trouvait vraiment face à des trentenaires responsables.

« Je pourrais tuer pour un verre d'hydromel. » avoua Pansy d'un ton dramatique en sirotant sa limonade d'un air ennuyé. « Je n'aurais jamais imaginé que neuf mois puissent être aussi longs. »

Ginny avait eu le droit au récit inapproprié de la conception de leur future fille. Ce soir-là, après une énième dispute, Pansy et Ron avaient eu des réconciliations plutôt passionnées que cette dernière avait insisté de décrire à Ginny, malgré ses protestations et son air de dégoût. Pansy avait apparemment oublié de prendre sa potion contraceptive.

« J'ai hâte que PJ naisse. » poursuivit Pansy avec un soupir, caressant distraitement son ventre. « Retrouver mes cocktails préférés, enfiler une robe en soie tendance, juste pouvoir rentrer dans mes vêtements. Les Plumes Mauves n'ont même plus ma taille, tu imagines le calvaire ? J'ai l'impression de ressembler à un sac poubelle. »

« PJ ? » répéta Ginny, surprise. « Vous lui avez déjà trouvé un nom ? Qu'est-ce que ça signifie ? »

« Pansy junior. » répondit Pansy avec un sourire satisfait, visiblement très fière de sa trouvaille.

Ginny ouvrit la bouche, estomaquée, lui jetant un regard incertain, ne sachant pas s'il s'agissait d'une plaisanterie ou non. Un regard bref vers Ron qui haussa les épaules d'un air lassé lui prouva que Pansy était tout à fait sérieuse sur l'appellation de leur enfant.

« C'est original. » commenta Draco avec ironie, apparaissant derrière Ginny.

« Hey, ça ne gêne personne quand les hommes appellent leurs fils Junior. Notre fille sera une réplique parfaite de sa merveilleuse mère. » assura Pansy avec satisfaction.

Fleur passa avec une assiette remplie de muffins au chocolat et Pansy s'interrompit, observant le plateau avec envie. Sans même terminer sa phrase, Pansy s'éloigna, suivant la direction qu'avait emprunté Fleur.

« Tu as sincèrement accepté ça ? » demanda Draco en se tournant vers Ron, l'air moqueur. « Elle te tient vraiment par le bout du nez. »

Ron grimaça.

« Avec un peu de chance, j'arriverai à lui ôter cette idée de la tête avant l'accouchement. » dit-il en soupirant.

Ginny lâcha un rire en décelant l'once d'impuissance qui se reflétait dans la voix de son frère. Pansy possédait un talent certain pour persuader son entourage à obtempérer à ses extravagances, aussi excentriques soient-elles.

Ginny sentit qu'on tirait le pan de sa blouse et elle baissa les yeux sur Liam qui tentait d'attirer son attention pour lui montrer le nouveau jouet que lui avait offert Narcissa. Il s'agissait d'une figurine représentant un Magyar à pointes. Le dragon volait à quelques mètres du sol et crachait même des fausses flammes. Liam était fasciné par les créatures magiques et recevait souvent des cadeaux hors de prix de la part de sa grand-mère paternelle, malgré les protestations de Ginny.

« Tu as remercié ta grand-mère ? » demanda Ginny à l'adresse de son fils qui secoua la tête.

Ginny fronça les sourcils.

« William, que dois-tu faire lorsqu'on t'offre un cadeau ? » insista-t-elle.

« Dire merci. » répondit Liam d'un ton penaud.

« Dans ce cas, allons-y. »

Elle suivit Liam tandis qu'il courrait en direction du patio. Narcissa était installée sur un sofa d'extérieur et sirotait une tasse de thé en compagnie d'Andromeda Tonks. Liam bondit en direction de sa grand-mère et leva les mains dans sa direction pour se faire porter. Narcissa le prit dans ses bras, l'observant avec un sourire radieux, l'étreignant avec affection.

« Merci, grand-mère. » dit Liam d'une voix surexcitée.

« Vous n'auriez pas dû Narcissa. » dit Ginny avec un sourire poli.

« Mais enfin Ginevra, vous savez bien que rien ne me fait plus plaisir que de gâter mon adorable petit-fils. » lança Narcissa d'une voix mélodieuse, passant une main sur le visage de Liam d'un geste tendre.

Narcissa traitait Liam comme un véritable prince (elle le surnommait même ainsi) et semblait totalement éprise de son petit-fils.

Il était huit heures du soir lorsque les derniers invités prirent congé et Ginny ferma la porte du Manoir avec soulagement, laissant échapper un long bâillement. Recevoir autant de monde était éreintant et la journée l'avait épuisée. Elle était toutefois heureuse d'avoir organisé une fête aussi réussie pour son fils.

Ginny était parfois effrayée de la vitesse à laquelle Liam grandissait. Elle se souvenait encore du jour de sa naissance comme s'il s'agissait de la veille. Elle se dirigea vers la cuisine qui était déjà complètement intacte et reluisante, grâce au travail efficace des deux elfes de maison qu'ils employaient.

Aujourd'hui encore, Hermione avait pincé les lèvres, l'air désapprobateur, en apercevant les elfes de maison s'affairant dans la maison pour s'assurer que les invités ne manquaient de rien.

Draco la rejoignit quelques instants plus tard. Il était allé coucher Liam qui était épuisé par toute l'excitation et l'animation de la journée. Il se dirigea vers Ginny, attablée devant l'îlot de cuisine, lisant distraitement un magazine.

Draco se plaça derrière elle et il entoura la taille de Ginny de ses bras. Elle se laissa aller contre son torse.

« Tu ne devineras jamais ce que veut Liam pour son quatrième anniversaire. » dit-il contre son oreille.

« Quoi donc ? » demanda Ginny avec curiosité.

« Une petite-sœur. » annonça Draco.

Ginny, qui s'apprêtait à tourner la page de son magazine afin de lire l'article ''Comment choisir le revêtement de sol de votre volière'' stoppa son geste immédiatement et se tourna vers Draco, de façon à lui faire face. Elle leva un sourcil.

« Et tu n'as vraiment rien à voir là-dedans, je présume ? » demanda-t-elle d'un ton suspicieux.

« Absolument pas. » répondit Draco, prenant un faussement innocent qui ne la trompait guère.

Cela faisait des mois que Draco insistait pour avoir un deuxième enfant et le sujet revenait sur le tapis régulièrement. Il pensait probablement qu'il aurait Ginny à l'usure et cela semblait fonctionner. Son ''Non'' catégorique proféré quelques mois auparavant se transformait peu à peu en ''Peut-être''

Sa première grossesse avait été extrêmement difficile et une partie d'elle avait été traumatisée par l'expérience. Dès le début de celle-ci, les Médicomages l'avaient prévenue qu'il s'agirait d'une grossesse à risque et que les chances qu'elle ne parvienne pas à la mener à terme étaient élevées. Mais Liam était venu au monde en bonne santé et il avait apporté dans sa vie un bonheur indescriptible.

« Je vais y réfléchir. » dit-elle finalement.

Draco sembla agréablement surpris par sa réponse. C'était la première fois qu'elle témoignait d'un intérêt éventuel face à la question. Il resserra son étreinte autour de sa taille puis l'attira à lui pour l'embrasser.

« Si c'est une fille, on peut l'appeler Ginny junior ? » demanda-t-elle d'un ton malicieux.

Elle éclata d'un rire sonore en voyant l'air horrifié qu'afficha Draco.

SEPT ANS PLUS TÔT

Katrina Street-Porter lâcha un soupir agacé tandis qu'elle parcourait des yeux les parchemins qui jonchaient son bureau. Les factures impayées s'entassaient, sous les courriers insistants du Ministère la menaçant de redressement judiciaire.

Le dernier bilan annuel avait affiché des chiffres catastrophiques et si la situation persistait dans cette voie, elle devrait mettre la clef sous la porte et renvoyer tous les employés avant la fin de l'année.

Comment avait-elle pu en arriver à cette situation extrême ? Elle qui avait toujours été reconnue pour son sens des affaires, sa détermination ainsi que sa capacité à trouver des solutions à toute épreuve. S&P Communications avait vu le jour du sang, de la sueur et des larmes. Elle avait tout sacrifié pour que son entreprise se positionne parmi les agences de relations publiques les plus réputées du pays. Même son mariage. Le jour où Owen lui avait annoncer qu'il la quittait, elle était rentrée chez eux à onze heures du soir, pour la troisième soirée consécutive cette semaine.

Elle se souvenait encore de cet air que son visage avait affiché lorsqu'elle était entrée dans la cuisine, le trouvant attablé dans l'obscurité. Il avait paru tellement déconnecté. Comme s'il l'avait déjà quittée mentalement depuis des lustres. Trop occupée par son travail, Katrina n'avait pas remarqué les signes avant-coureurs. Ou bien elle avait fait mine de les ignorer. Cela n'avait pas eu d'importance, au final.

Il lui avait annoncé son intention de divorcer de but-en-blanc, sans prendre de pincettes. Il n'avait visiblement plus le désir, ni l'envie d'épargner ses sentiments. Comment aurait-elle pu lui en vouloir ? Elle avait délaissé son mariage au profit de sa vie professionnelle.

Leur divorce avait été une affaire sordide. Toute la rancœur qu'Owen nourrissait envers elle avait fait surface et même si elle avait gardé la tête haute devant ses attaques perpétuelles, elle avait été profondément blessée par son attitude.

Elle était tombée des nues lors qu'il avait demandé la garde exclusive de leur fille, Olivia. Devant le Magenmagot, il l'avait fait passée pour une mère indigne, une femme obsédée par son travail, absente pour tous les moments importants de la vie de leur fille. Le juge avait accordé la garde exclusive d'Olivia à son ex-mari sans même broncher et elle était tombée dans une dépression.

Elle avait alors délaissé son travail et les affaires avaient souffert de cet abandon. En quelques mois seulement, S&P Communications avait perdu une partie importante de son réseau de clients et l'entreprise croulait désormais sous les dettes.

La porte de son bureau s'ouvrit à la volée et Karl, son frère et associé, se présenta devant elle, l'air surexcité. Elle admirait sa capacité à rester optimiste dans toutes les situations.

« Une cliente à la réception insiste pour te voir. » dit-il à voix basse.

Katrina fronça les sourcils. Elle ne s'attendait plus à voir de nouveaux clients. La majorité de ses clients avaient désormais signé pour d'autres boites de consulting, bien plus prestigieuses et surtout plus fiables. Tout était une question de bouche-à-oreilles dans ce milieu.

Katrina fut surprise lorsqu'elle vit une femme blonde entrer dans son bureau. La démarche élégante, l'air fier, elle dégageait une prestance évidente. Elle balaya la pièce d'un air assuré avant de prendre place sur le siège face à elle et de tendre sa main en direction de Katrina.

« Narcissa Malfoy. » se présenta-t-elle d'une voix mélodieuse.

Inutile, pensa immédiatement Katrina. Tout le monde connaissait la famille Malfoy.

« Katrina Street-Porter. » répondit Katrina en observant la femme avec un mélange de surprise et de curiosité. « Comment puis-je vous aider ? »

« Je pense que nous pourrons nous aider mutuellement. » répondit Narcissa, avec un sourire poli.

Elle croisa les jambes d'un geste gracieux et plissa soigneusement la jupe qu'elle portait.

« Vous êtes spécialisée en gestion de crise et c'est exactement ce que j'ai besoin de gérer. Une crise. » déclara Narcissa.

Elle ajouta du lait dans la tasse de thé que Karl avait apporté à son entrée dans le bureau. Katrina suivit son geste du regard, le visage impassible, attendant la suite.

« Voyez-vous Ms. Street-Porter, ma famille subit actuellement une mise en quarantaine forcée de la part des membres les plus distingués de notre communauté. Vous n'êtes pas sans savoirles effets que les indiscrétions de mon défunt mari ont causé sur la réputation de notre famille. » poursuivit Narcissa d'une voix calme. « Notre patrimoine en souffre énormément malgré les efforts considérables de mon fils Draco qui a repris les opérations après la mort de Lucius. »

Katrina écouta ses paroles sans faire de commentaire. Elle n'était pas étonnée. Personne ne voulait s'associer avec les familles étroitement liées à Voldemort. Lucius Malfoy avait été un membre haut-placé de son régime et il avait passé quelques années à Azkaban pour sa participation aux crimes de guerre. Il était décédé peu après sa libération dans des conditions mystérieuses. Personne ne s'était lamenté lors de sa disparition.

« Vous savez mieux que quiconque les conséquences désastreuses que peuvent avoir une mauvaise réputation sur une famille. » poursuivit Narcissa.

Pour avoir travaillé activement avec des figures riches et connues dans leurs domaines respectifs, Katrina savait que les familles les plus puissantes de la communauté magique britannique formait un club fermé et élitiste. Les Malfoy avaient probablement été rejeté de ce dernier après la fin de la guerre.

« Que cherchez-vous, exactement ? » demanda Katrina, de but-en blanc.

« Je veux que le nom Malfoy retrouve sa force. Je veux redorer notre blason et lui rendre toute sa vigueur. Et je veux vous engager pour m'aider à le faire. » répondit Narcissa d'une voix ferme, une lueur intense dans ses yeux clairs.

Katrina ouvrit la bouche, déroutée par la demande.

« J'ai eu vent des personnes que vous avez représenté par le passé. Vous êtes la meilleure pour cette mission. » la flatta Narcissa. « Je suis prête à payer une somme conséquente pour vos services. 200 000 gallions au total. »

Elle reposa sa tasse de thé, puis fixa Katrina qui l'observait avec stupeur.

« Et si je ne me trompe pas, la santé de votre entreprise ne vous permet pas de refuser. » acheva Narcissa, l'air faussement compatissant.

Elle avait parlé d'une voix polie et posée mais Katrina pouvait distinguer tous les sous-entendus derrière ses paroles. Katrina n'aimait pas se faire forcer la main. Cependant, la somme qu'elle pourrait encaisser grâce à ce contrat était monumentale. Elle lui permettrait de rembourser toutes ses dettes, de garder son entreprise ainsi que ses employés.

« Très bien. » accepta-t-elle finalement.

Ce fut ainsi qu'elle et Narcissa Malfoy échafaudèrent un plan solide pour redorer le nom des Malfoy. Narcissa insista pour que l'amélioration de leur réputation soit encouragée à travers son fils unique, Draco. Lorsque Katrina lui demanda ce que son fils pensait de l'initiative, elle fut surprise par la réponse de Narcissa.

« Il n'est pas au courant et il ne doit jamais savoir que je suis venue vous trouver. » dit-elle d'un ton ferme.

« Dans ce cas, comment comptez-vous le persuader de prendre part à ce projet « ? »

« Ne vous inquiétez pas pour cela, je m'en occupe. » affirma Narcissa.

Katrina avait alors sillonné le Royaume-Uni pendant deux mois afin de trouver la candidate idéale aux yeux de Narcissa. A l'aide de Karl, elle éplucha des dizaines de dossiers différents. Elle garda trois candidates potentielles et présenta les avantages et les inconvénients de chacune d'entre elles. Elle fit des recherches poussées pour obtenir tous leurs antécédents, sous la demande de Narcissa. Ce fut cette dernière qui fit le choix final.

« Il a toujours existé une rivalité entre nos deux familles et toute notre communauté en est consciente. » dit-elle en observant la photo de Ginevra Weasley. « C'est une excellente opportunité à saisir. »

Trois semaines plus tard, Draco Malfoy se présenta dans le bureau de Katrina, répétant mot pour mot le discours de sa mère. Il voulait redorer le blason de sa famille, améliorer sa réputation auprès de ses pairs. Katrina l'observa longuement, non sans éprouver une certaine fascination. Comment Narcissa avait-elle réussi à persuader son fils sans le tenir au courant ? Narcissa afficha un sourire énigmatique lorsque Katrina l'interrogea sur la question, quelques jours plus tard.

« Cela fait des mois que je plante la graine dans son esprit. Il croit désormais que c'est son idée. » répondit-elle avec amusement.

A partir de cet instant, Katrina fut officiellement mandatée par Draco Malfoy, bien qu'il ne sache pas qu'il s'agissait de sa mère qui tenait véritablement les rênes de l'opération. Narcissa avait des demandes spécifiques autour du projet et elle utilisait Katrina pour que Draco adhère à celles-ci.

Katrina n'eut donc pas de difficultés à convaincre Draco que Ginny Weasley serait la candidate idéale pour ce projet. La jeune femme fut cependant plus difficile que prévue à convaincre.

« Tout le monde a un prix. » avait dit Narcissa, lors d'un des rapports de Katrina. « Trouvez le sien. »

Heureusement pour elles, Ginny Weasley avait un long passé d'instabilité financière et elle y trouva une opportunité supplémentaire à saisir. Finalement, Ginevra Weasley accepta le contrat. Comme l'avait prédit Narcissa, l'associer aux Malfoy fonctionna mieux que prévu.

Elle poussa Ginny à se rapprocher de personnages influents - notamment Cressida Warrington, une figure importante de leur communauté.

Malgré une manie pour être l'opposition et dans le conflit, Ginny Weasley s'était révélée plutôt facile à gérer devant le public. Son apparence abordable et ses préoccupations banales la rendait facile à promouvoir devant la presse et le public. Après seulement un mois après l'annonce officielle de leur couple devant la presse, les résultats avaient montré un taux de succès bien supérieur à ce qu'elle avait initialement prédit. Finalement, pensa-t-elle, obtenir les 200 000 gallions promis par Narcissa serait une partie de plaisir.

Puis la situation avait dégénéré lorsque Ginny avait commencé à se faire harceler par un inconnu. Au début, Katrina avait balayé toutes les inquiétudes d'un revers de la main. Après tout, il était courant que les célébrités soient importunées par des fans dérangés.

Puis, les lettres de menaces avaient commencé, et Ginny avait semblé réalisé les premiers inconvénients de sa nouvelle notoriété. Katrina avait rapidement chassé la vague de culpabilité qui s'était insinué en elle. Après tout, elle avait un objectif. Elle ne pouvait pas se laisser envahir par les scrupules.

En effet, le Magenmagot avait refusé sa nouvelle demande pour une garde partagée d'Olivia et la nouvelle la laissa dévastée, une nouvelle fois. Ne pas pouvoir être dans la vie de sa fille était insupportable.

Plus curieux encore, elle avait remarqué un rapprochement entre Draco et Ginny, et elle n'avait pas pu s'empêcher de l'interroger sur la question.

« Comment ça se passe, avec Draco ? » demanda Katrina avec curiosité.

« Curieusement, plutôt bien. » répondit Ginny, haussant les épaules.

« Excellent. » commenta Katrina avec satisfaction. « Tu verras, cette année passera plus vite que tu ne le penses. Dans quelques mois, nous aurons tous obtenu ce que nous souhaitons et la vie reprendra son cours normal. »

Si tout continuait sur cette lancée, elle obtiendrait son argent, Ginny serait également largement compensée, et les Malfoy seraient satisfaits. Tout le monde serait gagnant dans l'histoire. Étrangement, Ginny sembla gênée.

« Je dois t'avouer quelque chose, Katrina. » dit Ginny.

Katrina arqua un sourcil, l'encourageant à continuer.

« Dennis m'a parlé des difficultés que tu avais en ce moment. » lança Ginny dans un souffle.

La surprise se dessina sur le visage de Katrina. Ginny était donc désormais au courant de la situation financière désastreuse de S&P Communications. Dennis Creevey lui avait probablement parlé de son divorce difficile ainsi que de la perte de la garde de sa fille. Elle grimaça intérieurement.

« Ce jeune est incapable de garder une information. » répondit finalement Katrina en secouant la tête.

« J'ai insisté pour qu'il m'en parle. » dit Ginny, visiblement tracassée. « Je voyais bien que quelque chose n'allait pas. »

« Crois-moi, tout est sous contrôle. » assura Katrina d'une voix ferme.

« J'ai déjà touché une partie de l'argent pour ce contrat. Si tu veux, je pourrais en donner une partie à S&P Communications. » suggéra-telle. « Si ça peut aider, je serai heureuse de… »

« Non. » coupa immédiatement Katrina d'une voix catégorique.

Katrina posa sa tasse de thé sur la table basse près du sofa et croisa les jambes, ramenant ses mains sur ses genoux. Elle était surprise et profondément touchée par la proposition de Ginny.

« J'apprécie énormément l'intention, Ginevra, je te l'assure. Mais je vais m'en sortir, ne t'en fais pas. C'est mon métier, je suis pleine de ressources. Ce n'est pas un contretemps de ce genre qui va me décourager. » dit-elle avec un sourire.

Katrina resta pensive pendant quelques secondes puis darda un regard sérieux sur Ginny, derrière ses lunettes. Elle éprouva alors un besoin soudain de la mettre en garde. Avant qu'elle ne puisse s'en empêcher, elle déclara :

« D'ailleurs, j'ai un conseil pour toi, Ginevra. Cette année, tu auras beaucoup d'opportunités. Tu auras l'occasion de rencontrer des gens importants, de développer ton propre réseau et d'établir ta propre richesse. Je te conseille vivement d'en profiter et d'en tirer autant d'avantages que tu le peux. Je ne parle pas uniquement des 200 000 gallions du contrat. Tu ne sais pas ce qui peut arriver pendant les mois qui restent. Protège tes arrières. »

Ginny acquiesça, visiblement surprise par ce discours inattendu. Katrina détourna le regard avant de changer de sujet. Narcissa serait furieuse si elle savait qu'elle tenait ce genre de discours devant Ginny. Narcissa avait insisté sur l'importance de ne pas éveiller le moindre soupçon de Ginny afin de mieux la manipuler. Que dirait-elle si elle apprenait que Katrina tentait de faire passer un message à la jeune femme ?

Après l'attaque de Ginny, les choses prirent un tournant plus compliqué. Katrina eut l'impression de perdre le contrôle de la situation. Dans le même temps, Ginny et Draco s'étaient rapprochés de manière significative, ce qui, évidemment, n'avait pas échappé à l'œil observateur de Narcissa Malfoy. Contre toute attente, cette dernière ne sembla pas réfractrice à leur idylle naissante. Katrina fut donc surprise lorsqu'elle entendit la requête suivante de Narcissa.

« Narcissa Malfoy te convie chez elle, mardi soir. » indiqua Karl, tandis qu'il entrait dans son bureau.

« Conviée ? » répéta Katrina avec ironie « Convoquée, tu veux dire. »

Elle se présenta tout de même à l'invitation de Narcissa Malfoy. Cette dernière avait établi des règles strictes sur leur communication. Elles ne se rencontraient jamais face à face, pour ne pas éveiller de soupçons sur leur collaboration. Si Narcissa l'invitait dans son Manoir, il s'agissait probablement de quelque chose d'important.

Elle fut reçue dans une antichambre, décorée de façon luxurieuse. Narcissa la convia à prendre place sur une méridienne en velours. Un elfe de maison leur apporta des tasses de thé ainsi qu'un large plateau où étaient disposées des pâtisseries sophistiquées.

« Merci d'être venue aussi rapidement, Katrina. » salua Narcissa d'une voix fluette, visiblement de très bonne humeur.

Katrina hocha la tête.

« Notre projet fonctionne à merveille, malgré quelques contretemps. » commença Narcissa avec satisfaction. « Mais je ne peux pas m'empêcher de penser que nous avons besoin de créer un impact encore plus important. »

« Que voulez-vous dire ? »

« Il est temps que nous passions à une nouvelle phase. » indiqua Narcissa. « Voyez-vous, la réputation de mon fils et de notre famille s'améliore de jour en jour grâce à notre nouvelle association avec Ginevra et les Weasley, par extension. »

Elle termina son scone et épongea les coins de ses lèvres avec une serviette.

« Mais cela crée un lien de dépendance qui me gêne quelque peu. Et j'aimerais le rompre. » continua Narcissa.

« Vous voulez que Draco cesse de voir Ginny ? » demanda Katrina, qui n'était pas certaine de suivre où Narcissa voulait en venir.

« Oh non. Du moins pas de manière permanente. » lança Narcissa. « Draco est actuellement bien considéré par l'opinion publique car il est associé à Ginevra et les contributions de sa famille pendant la guerre. »

Elle se releva, puis s'empara d'une pochette posée sur une table près de son siège. Elle la tendit à Katrina.

Cette dernière ouvrit la pochette, sortant les papiers qui s'y trouvaient. Ses yeux s'agrandirent de surprise lorsqu'elle en vit le contenu. Il s'agissait de clichés présentant Ginny Weasley en compagnie d'un homme qu'elle identifia comme étant Blaise Zabini. Elle retint un juron lorsqu'elle les vit échanger un baiser passionné sur l'un des clichés.

« Qu'est-ce que ça signifie ? » demanda Katrina en fronçant les sourcils.

« Ces photos ont été prises il y a quelques mois, peu après la signature du contrat avec Miss Weasley. » indiqua Narcissa.

« Vous l'avez placée sous surveillance. » affirma Katrina, d'une voix factuelle.

Narcissa éclata d'un rire cristallin, observant Katrina comme une enfant qui venait de faire une remarque hilarante.

« Vous ne pensiez vraiment pas que j'allais laisser la réputation de mon fils entre les mains d'une jeune femme inconnue sans la surveiller ? » dit Narcissa, sur le ton de l'évidence.

« Si ces photos ont été prises il y a des mois, pourquoi les ressortir maintenant ? » demanda Katrina avec confusion.

« Je veux que vous les envoyiez à la presse. » répondit simplement Narcissa.

Katrina ouvrit la bouche, estomaquée.

« Les donner à la presse ? Mais vous réalisez ce que cela va engendrer ? L'image de Ginny va être détruite et celle de Draco… »

Elle s'interrompit avant de terminer sa phrase, la compréhension la frappant soudain de plein fouet. C'était exactement ce que Narcissa Malfoy désirait. Si Ginny Weasley était présentée comme une femme infidèle et manipulatrice, tout le monde se lamenterait sur le sort de son fiancé éconduit, Draco Malfoy. Il serait alors considéré comme la victime dans l'histoire et attirerait toute la compassion de leur communauté.

Le plan était machiavélique mais délicieusement bien ficelé. Elle ne put s'empêcher une certaine admiration pour Narcissa Malfoy, mélangée à de la crainte.

« Vous réalisez que cela va détruire leur relation ? Vous savez qu'ils se sont rapprochés, récemment. » fit remarquer Katrina.

« J'en suis totalement consciente. Un mal pour un bien. Une fois que les photos seront publiées, je me chargerai personnellement de les réconcilier. Après tout, il ne s'agit que d'un malheureux malentendu. » affirma Narcissa, visiblement très confiante.

Narcissa Malfoy n'avait visiblement aucun scrupule. Elle était prête à sacrifier Ginny pour obtenir ce qu'elle désirait. Katrina réalisa que Narcissa n'avait jamais eu l'intention d'arriver au terme de ce contrat ni de donner le moindre gallion à Ginny Weasley pour celui-ci.

« Je peux donc compter sur vous pour faire parvenir ces photos aux bonnes personnes ? » insista Narcissa.

Katrina observa les images, l'air mal à l'aise.

« Je ne sais pas s'il s'agit de la meilleure alternative et pour être honnête, je ne suis pas à l'aise à l'idée de … » commença-t-elle à protester.

« Permettez-moi de clarifier certaines choses, Katrina. Je vous rappelle que c'est envers moi que vous vous êtes engagée. Par ailleurs, je pense que la longévité de votre entreprise et la garde de votre fille dépendent entièrement de la somme d'argent que je vous ai promise si vous me donniez les résultats escomptés. » coupa Narcissa.

Sa voix était posée et agréable mais Katrina y décelait facilement des menaces cachées. Narcissa n'était pas en train de lui donner un choix : il s'agissait d'un ordre. Impuissante, elle acquiesça finalement. Narcissa avait très bien joué ses cartes. Elle était consciente de la situation désespérée de Katrina et en tirait avantage.

Deux jours plus tard, les photos furent publiées par Sorcière-Hebdo et la presse entière du pays relata l'affaire. Sans surprise, Ginny fut assassinée par les médias. Au même moment, la côte de popularité de Draco Malfoy grimpa en flèche.

Katrina observa la dépression de Ginny d'un œil impuissant. Lorsque cette dernière vint la trouver, l'air perdu, tentant désespérément d'entrer en contact avec Draco, Katrina essaya de chasser le sentiment de culpabilité qui l'envahit.

« La presse est à l'affut de vos moindres faits et gestes. A cette heure-ci, Draco est au siège de Machinations Malforescentes. Le problème est qu'il y a également des photographes dans les environs. » dit Katrina à l'attention de Ginny « Nous avons donc besoin de faire diversion. »

« Diversion ? » répéta Ginny avec confusion. « Que veux-tu dire par là ? »

« Le seul moyen de nous débarrasser des journalistes qui campent devant Machinations Malforescentes est de faire croire que tu es ailleurs. Ils vont alors tous accourir. » indiqua Katrina.

Évidemment, Ginny accepta sa suggestion sans protester. Elle plaçait une confiance totale en Katrina. Si seulement elle savait, pensa cette dernière.

Lorsque Katrina se retrouva sur le Chemin de Traverse en compagnie de Tamsin, qui faisait office de sosie pour Ginny, elle attendit une demi-heure avant de donner le signal à Dennis et à Ginny. Puis, lorsque Katrina fut certaine qu'ils se trouvaient dans les locaux de Machinations Malforescentes, ce fut elle qui prévint la presse de la réelle localisation de Ginny.

Quelques instants plus tard, Dennis et Ginny firent leur apparition dans son bureau, l'air profondément secoué. Dennis installa Ginny sur un sofa, devant l'air inquiet de Katrina. Elle paraissait en état de choc. Ses cheveux étaient maculés d'une substance visqueuse, ses vêtements déchirés et l'air de vulnérabilité extrême dans ses yeux hanta Katrina les nuits suivantes.

« Les journalistes ont dû être prévenus de la supercherie – ils ont commencé à transplaner peu après notre arrivée. » informa Dennis, qui semblait lui aussi secoué par les évènements. « J'ignore comment. Nous étions séparés par la foule, je n'arrivais pas à atteindre Ginny. »

Katrina ne quitta pas des yeux la figure tremblante de Ginny. Elle ne put s'empêcher de s'approcher d'elle deux heures plus tard, après avoir débriefé Dennis sur les étapes suivantes pour gérer la situation.

« Ginny. » appela Katrina, d'une voix douce.

Ginny reporta son attention sur elle, l'air visiblement absent. Katrina espérait que Ginny ne pourrait pas déceler sa propre agitation, qu'elle commençait à avoir du mal à dissimuler.

« Je suis tellement désolée. Jamais je n'aurais cru qu'on se retrouverait dans une telle situation. » admit Katrina, d'une voix légèrement tremblante.

« Tu n'as pas à t'en vouloir, c'est entièrement de ma faute. » répondit Ginny d'une voix étrangement calme.

Katrina se sentit encore plus mal – si c'était possible. Pendant un court instant – elle ressentit l'envie de tout avouer et de se libérer de cette culpabilité qui la rongeait de l'intérieur. Très vite, toutefois, elle reprit ses esprits. Elle ne pouvait pas se permettre d'aller à l'encontre des instructions de Narcissa Malfoy. Elle avait trop à perdre dans l'histoire.

« Tu ne mérites pas tout ça. » dit-elle finalement, pressant sa main sur celle de Ginny. « J'aurais aimé que tout cela se passe autrement. »

Quelques semaines plus tard, Ginny Weasley s'afficha sur les ondes britanniques devant des milliers de personnes et prit toute la responsabilité de son contrat avec Draco Malfoy, une nouvelle fois manipulée par Narcissa Malfoy. Katrina quitta la pièce, refusant d'assister à ce sabotage volontaire que s'infligeait Ginny.

Ce soir-là, Katrina Street-Porter empocha deux cent mille gallions de la part de Narcissa Malfoy et elle raya définitivement cette famille de sa vie.

/

La fin justifie les moyens, répétait souvent Druella Rosier Black, à l'adresse de la plus jeune de ses filles, Narcissa.

Pendant quasiment toute sa vie, cette phrase avait été la devise de Narcissa Malfoy, née Black. Très tôt, elle avait compris qu'elle obtiendrait tout ce qu'elle désirait dans la vie si elle apprenait à jouer ses cartes intelligemment.

Rapidement, sa beauté transcendante, son intelligence discrète et sa détermination l'avaient aidée à s'attirer les faveurs de ses pairs.

« Reste à l'écart, si tu souhaites mieux contrôler. » disait souvent Druella, qui lui avait tout appris.

Narcissa avait donc appliqué cet enseignement à la lettre. Influencer dans l'ombre les décisions prises publiquement par les autres.

Elle avait convaincu sa sœur Andromeda de fuguer et de suivre son amour de jeunesse, un Moldu du nom de Ted Tonks. Leur père, Cygnus Black, troisième du nom, avait renié Andromeda immédiatement. Puis, lorsque Bellatrix s'était amourachée de Rodolphus Lestrange, dont le Sang était-pur, mais dont le statut social et financier n'était pas assez élevé aux yeux de de son père, elle avait persuadé Bella de l'épouser tout de même, malgré la réticence de leur père.

Pour s'attirer les bonnes grâces de son père, Narcissa était devenue la fille idéale. Une jeune femme respectable, spirituelle, charmante en société, fidèle à son statut de Sang-Pur. Cygnus était obsédé par les apparences et se persuadait que toutes attitudes, négatives ou positives de la part de sa famille, se reflétait directement sur lui.

Narcissa, contrairement à ses sœurs, ne s'était pas mariée par amour mais par intérêt. C'était sur Lucius Malfoy, un jeune héritier ambitieux, que son choix s'était porté. Encore une fois, Cygnus avait approuvé son choix. Elle avait rapidement compris comment utiliser la fierté mal placée de certains hommes à son avantage.

Le long de son mariage, elle avait pris le soin de donner l'image d'une femme en retrait, soumise envers son mari. Malgré les apparences, Lucius Malfoy avait toujours été un homme influençable. Il avait une soif extrême de reconnaissance et ressentait le besoin compulsif d'être bien admiré par ses pairs. Il était également persuadé que Narcissa l'avait épousé car il l'avait séduite. Se pavaner aux bras d'une des plus belles femmes du pays avait semblé gonfler son égo surdimensionné. Elle l'avait laissé dans l'ignorance et avait appris à le caresser dans le sens du poil pour mieux le manipuler. Rapidement, elle avait commencé à influencer discrètement les décisions prises publiquement par son mari. En vérité, elle dictait chacun de ses choix professionnels et sociaux, sans qu'il ne le réalise. Si bien que leur couple était devenu l'un des plus puissants de leur communauté.

Lorsque Draco, leur fils, était né, elle avait au passage sécurisé la descendance de sa famille. A la mort de son père, elle avait obtenu la part principale de l'héritage familial malgré son statut de benjamine.

Au fil des années, les fréquentations de Lucius s'étaient développées et il avait rejoint les rangs de Lord Voldemort, un jeune leader prônant des valeurs traditionnelles. Elle avait rapidement flairé une opportunité potentielle et avait persuadé Lucius d'entrer dans le cercle de cet homme qui commençait à attirer l'attention de leur communauté grâce à son charisme.

Lucius avait rapidement grimpé les échelons et il avait obtenu un rôle clef dans les rangs de Lord Voldemort. Malheureusement, il avait été trop tard, lorsque Narcissa avait réalisé les méthodes douteuses de Voldemort et de ses fidèles. Elle avait tenté d'éloigner Lucius du régime mais l'emprise du Lord était trop puissante sur son mari, dépassant même la sienne.

Elle avait alors tenté de fermer les yeux face aux actions de son mari. Il ne lui en parlait jamais et elle ne posait jamais de questions, de son côté.

Après la première guerre, le Lord noir s'était volatilisé, neutralisé par un enfant : Harry Potter. A son grand soulagement, Lucius avait arrêté de fréquenter le reste des Mangemorts. Narcissa avait alors repris sa quête de grandeur, dans l'ombre de Lucius, tandis qu'il élevait son entreprise Machinations Malforescentes à un rang de multinationale. Narcissa, elle, était devenue une personnalité importante et respectée de leur communauté grâce à son implication conséquente dans le monde de la philanthropie.

Puis, lorsque le Lord noir était revenu parmi eux, elle avait senti le danger que cela représenterait pour ses objectifs. Immédiatement, Lucius était retombé dans les filets de son maître.

Elle avait cru voir son monde s'écrouler lorsque Lord Voldemort avait exigé que Draco répare les erreurs commises par son père. Pour la première fois de sa vie, elle avait montré de la peur. Terrorisée à l'idée qu'il arrive quelque chose à son fils, elle avait passé un Serment Inviolable avec Severus Rogue afin de le protéger. Cette année avait été la pire de toute son existence. Elle avait vécu dans l'anxiété perpétuelle.

A la mort d'Albus Dumbledore, une partie d'elle avait ressenti du soulagement et une autre partie avait craint pour l'avenir de leur famille. Ses craintes avaient été confirmées lorsque Lucius avait été destitué de ses responsabilités dans le clan de Voldemort.

Lors de la bataille finale, elle avait saisi l'opportunité d'aider Harry Potter pour s'assurer la préservation de sa famille et cela avait fonctionné. Même si Lucius avait dû effectuer une peine de prison à Azkaban, ils étaient tous en vie.

Toutefois, ils étaient devenus des parias parmi leurs pairs. Les soi-disant amies de Narcissa l'avaient abandonnée comme un balai endommagé et ils avaient été traités comme des cancrelats de la pire espèce.

Son ressentiment avait grandi au cours des années suivantes, frustrée de s'attirer le mépris évident de personnes comme Cressida Warrington ou encore Mrs. Nott qui l'observaient désormais comme si elle était une tâche incommodante sur une paire de chaussures lustrée. Elle s'était promis d'obtenir sa revanche sur ces femmes.

Après avoir purgé sa peine à Azkaban, Lucius était revenu au Manoir. Il avait perdu toute sa superbe. Il n'était plus que l'ombre de lui-même, un homme rendu fou par des années d'incarcération. Draco avait repris les commandes de Machinations Malforescentes officiellement, pour pallier l'incapacité de son père.

Toute la rancœur qu'elle nourrissait envers son mari avait refait surface. C'était de sa faute s'ils se trouvaient désormais dans cette situation. Pourtant, elle avait gardé son mal en patience et s'était occupée de son mari souffrant, à l'image de l'épouse docile et dévouée qu'elle s'attelait à donner.

Quatre mois plus tard, Lucius Malfoy s'était écroulé soudainement sur le carrelage du Manoir et avait été prononcé mort sur le coup. Elle avait joué son rôle de veuve éplorée à la perfection, pour sauver les apparences envers les autres et surtout envers Draco.

Elle était la seule à savoir que Lucius avait ingéré des doses minimes de potion de Mort Subite durant les quatre mois ayant précédé son décès. Certains ingrédients avaient été altérés pour pouvoir causer une mort plus lente et plus discrète. Sans surprise, personne n'avait cherché à trouver d'explications derrière cette disparition mystérieuse.

Puis, après deux ans à l'écart de toute communauté, elle avait soigneusement échafaudé son plan pour retrouver sa place parmi l'élite de la société.

Son choix s'était porté sur Ginevra Weasley, exclusivement pour son Nom. Elle avait vu la jeune femme comme un moyen d'arriver à son but final, et cela avait fonctionné à merveille, mieux qu'elle n'aurait pu l'imaginer.

Pourtant, lors de ses longues heures de réflexion à façonner soigneusement son plan, elle n'avait pas pensé une seule seconde que Draco et Ginevra tomberaient amoureux. Lorsqu'elle avait rencontré la jeune femme pour la première publiquement, lors d'un gala, elle n'avait pas manqué la lueur de convoitise dans les yeux de son fils quand il observait la jeune femme.

Elle avait probablement deviné l'attirance de Draco avec que lui-même ne le fasse. Elle avait observé la situation d'un air méfiant, parfaitement consciente des écarts de Ginevra avec Blaise Zabini.

Elle savait comment Draco réagirait si jamais il apprenait que la femme qui suscitait son intérêt voyait quelqu'un d'autre, et en particulier un individu qu'il méprisait cordialement. Elle avait donc fait appel aux services d'un détective pour fouiller dans le passé de Zabini. Elle y avait trouvé des méthodes quelques peu douteuses dans les affaires. Son intérêt s'était surtout porté sur les relations sentimentales de Zabini. Il était visiblement encore associé à une jeune starlette, à l'autre bout du monde. Elle avait persuadé Katrina Street-Porter d'utiliser l'un de ses contacts pour faire miroiter un contrat en Europe à la jeune femme. Cette dernière s'était empressée de venir au Royaume-Uni pour saisir sa chance et retrouver son petit-ami par la même occasion.

Il n'avait pas fallu longtemps pour que Ginevra réalise que Zabini n'était pas l'homme qu'il prétendait et sans surprise, elle avait coupé tout contact avec lui.

Lorsque Ginevra avait emménagé chez Draco, peu après son agression par un forcené, Narcissa s'était assurée que son elfe de maison Elky joue les entremetteuses entre eux. Après tout, si son fils désirait Ginevra Weasley, alors elle ferait en sorte qu'il l'obtienne.

Elle s'était rendue compte d'une réalité plus difficile, lorsqu'elle avait interrogé son fils au sujet de sa relation avec Ginevra.

« Ginevra et moi sommes trop différents, je ne sais pas si cette relation a un futur. Je ne crois pas qu'elle pourrait s'engager sur le long terme avec quelqu'un comme moi. » avait indiqué Draco d'un ton qui se voulait détaché.

Elle avait réalisé que, pour une raison obscure, Draco avait une vision idéaliste de la jeune femme. Une partie de lui pensait probablement ne pas la mériter. Elle avait ressenti un pincement au cœur aux paroles de son fils. Le traitement de leurs pairs l'avait affecté plus qu'elle ne l'avait cru.

C'était l'une des raisons qui l'avait poussée à faire publier les photos à la presse. Il était essentiel que Draco réalise que Ginevra Weasley n'était pas la jeune femme parfaite qu'il imaginait. Et lorsqu'il découvrirait ses défauts, il n'éprouverait plus ce sentiment d'infériorité à ses côtés. Certes, il serait profondément blessé et trahi par la jeune femme, mais cela serait temporaire.

La méthode avait été extrême mais elle avait porté ses fruits. Non seulement Draco s'était attiré la sympathie de tout le Royaume-Uni, mais Ginevra Weasley était redescendu de son piédestal à ses yeux.

Lorsque Narcissa estima que les effets du scandale avaient été assez importants, elle convia Ginevra dans son Manoir afin de rétablir la situation.

« Merci d'être venue aussi vite. Vous prendrez bien une tasse de thé ? » demanda Narcissa avec politesse.

Elle remarqua immédiatement la nervosité de Ginevra. Ses mains tremblantes semblaient à peine pouvoir tenir sa tasse de thé.

« Compte tenue de la situation actuelle entre Draco et vous-même, j'imagine que vous êtes surprise de mon invitation soudaine. » poursuivit Narcissa d'une voix tranquille.

Elle posa sur Ginny un regard sondeur, observant son teint pâle et ses cernes imposantes.

« Je suis bien placée pour connaître les dramatisations de la presse même si certaines images parlent d'elles-mêmes. » continua Narcissa, pour la mettre en confiance. « Je voulais donc entendre votre version. »

« Draco ne vous a rien expliqué ? » demanda Ginny, surprise.

« Mon fils peut parfois être quelque peu distant lorsqu'il est contrarié. C'est un mécanisme de défense chez Draco. À son manque de communication et son refus de parler avec sa propre mère, je ne peux que deviner à quel point il est… affecté. » expliqua Narcissa.

Elle avait utilisé les bons mots car Ginevra fondit en larmes, le visage enfoui dans ses mains, visiblement incapable de se contenir. Narcissa s'approcha du sofa sur lequel la jeune femme était installée et prit place à ses côtés. Elle lui tendit un mouchoir délicat, en fil de coton brodé. Ginny lui jeta un regard reconnaissant puis s'épongea les yeux, visiblement embarrassée.

« Je…suis…désolée. » murmura-t-elle d'une voix saccadée.

« Ne vous excusez pas, je vois que vous êtes aussi affectée. » lança Narcissa avec un sourire rassurant. « Expliquez-moi ce qu'il s'est passé. Je suis certaine que vous vous sentirez mieux. »

Ginevra lui avoua la vérité et elle l'écouta attentivement, sans l'interrompre. Évidemment, elle connaissait déjà le fin mot de l'histoire mais il fut intéressant d'entendre son point de vue sur la situation. Elle réalisa également que les sentiments de Ginevra envers Draco étaient réels, et elle en éprouva une satisfaction extrême.

« Il semblerait que toute cette histoire soit un malheureux malentendu. » résuma finalement Narcissa, avant de reprendre place sur son fauteuil.

Elle agita sa baguette sur sa tasse de thé afin de la réchauffer puis la porta à ses lèvres, avalant une longue gorgée, réprimant un sourire satisfait. Ginevra était désormais vulnérable et elle devait profiter de ce moment de faiblesse pour assener le coup de grâce.

« Ce que vous devez comprendre, Ginevra, c'est la manière dont Draco fonctionne. » indiqua Narcissa. « Il n'a jamais été quelqu'un de très expansif lorsqu'il s'agit de ses états d'âme. »

Ginny sembla l'écouter avec attention, pendue à ses paroles.

« Montrer ses émotions a toujours été un signe de faiblesse chez nous et Draco a grandi avec cette mentalité. » apprit Narcissa, faisant mine d'esquisser un sourire triste. « Lucius et moi en sommes entièrement responsables. Être un Malfoy implique des responsabilités importantes et nous étions persuadés de lui donner tous les outils pour l'aider à les assumer. »

Elle fit une pause, pour l'effet dramatique.

« Je dois avouer que je l'ai senti différent depuis qu'il vous fréquente. » fit-elle remarquer d'un air pensif. « Et je ne veux pas que la fierté de Draco l'empêche d'être heureux. »

Ses paroles étaient vraies. Elle ne voulait pas que Draco soit enlisé dans un mariage sans amour comme le sien. S'il avait l'opportunité de trouver le bonheur avec Ginevra, elle ferait tout pour qu'il l'obtienne.

« Je pense que vous allez devoir prouver à Draco que vos sentiments sont réels et que vous tenez vraiment à lui. » dit Narcissa.

« J'ignore comment le convaincre de me parler. » admit Ginny, désemparée.

« Je vais vous aider. » assura Narcissa, d'une voix ferme.

Ce jour-là, elle persuada Ginny que seul son sacrifice public pourrait l'aider à récupérer Draco. Quelques jours plus tard, Ginevra passa sur les antennes de radio pour avouer publiquement l'existence du contrat et en prendre la responsabilité totale.

Narcissa Malfoy retrouva alors sa place parmi l'élite de leur communauté et elle observa son fils vivre la vie heureuse qu'elle avait espéré pour lui. Bien des années plus tard, tandis qu'elle observait son adorable petit-fils avec affection, sa devise lui sembla plus juste que jamais.

La fin justifiait les moyens.

FIN

Je n'arrive pas encore à réaliser que cette histoire s'achève finalement. J'imagine que j'ai dû créer la surprise avec les manipulations de Narcissa Malfoy (du moins, je l'espère) !

J'espère que vous avez apprécié lire cette histoire autant que j'ai apprécié l'écrire.

Personnellement, je suis vraiment heureuse d'avoir pu la terminer. En voyant tous ces chapitres et le nombre de mots écrits, je réalise toutes les heures passées à l'écrire et à la peaufiner et je suis assez fière de moi, au final.

Merci de m'avoir lue et suivie jusqu'au bout. Merci infiniment pour vos messages qui m'ont motivé tout au long de la rédaction de ces chapitres.

J'espère avoir votre avis une dernière fois sur ce dénouement et pour les timides, c'est l'occasion ou jamais de me dire ce que vous avez pensé avant de nous séparer.

En espérant peut être vous voir sur ma prochaine histoire en préparation :)

A bientôt !

Fearless

Réponse pour Guest: Je n'ai pas excaucé ton voeu, mais je dois encore écrire le Ron/Pansy, donc qui sait... Peut-être que ta requête pourrait pas se retrouver dedans... :p

Bonus

Ron et Pansy ont finalement appelé leur fille Paige Jill ''PJ'' Weasley

Un petit indice que j'avais laissé dans le chapitre 26 : le prénom d'Estter, qui est passé dans l'émission Salut les Sorciers après le scandale des photos pour salir publiquement Ginny était en fait un acronyme de ''Street'' (Katrina Street-Porter)