Auteur : Ariani Lee

Série : Kyou Kara Maoh

Disclaimer : Les personnes de KKM appartiennent à leur créateur et je ne tire pas d'autre bénéfice de cette fiction que vos reviews, pour le moins appréciées. Je souhaite dédicacer cette histoire à ma bêta-lectrice et meilleure amie Shangreela, parce qu'elle m'a fait découvrir la série.

Bêta-lecture : Shangreela

Pairing : Yuuram (mon premier !)

Rating : T (une fic sage 8D)

Note: La publication de l'histoire est planifiée. Si cela vous intéresse, je vous invite à suivre le lien en haut de mon profil et à consulter le planning du premier trimestre.


Sept Jours Pour Une Eternité

Le Premier Jour

Yuuri se renversa contre le dossier de sa chaise en soupirant. Ce que ça pouvait être assommant, toute cette paperasse… Il faisait l'effort de lire quasiment tous les documents avant de les signer, parce que c'était son rôle et son devoir, et il ne pouvait se résoudre à déléguer cette tâche, à Gwendal par exemple, qui s'en serait pourtant tiré avec les honneurs. Il avait toujours entendu dire qu'un souverain qui délaissait les affaires du royaume était un piètre chef d'Etat. Et il voulait être un bon chef d'Etat, alors… Il voulait s'investir.

Plusieurs coups furent frappés à la porte, et il se redressa, content de cette diversion. Même s'il n'y avait personne pour lui remonter les bretelles s'il baillait aux corneilles, il s'astreignait lui-même à une discipline sévère pour son travail, et tâchait de ne pas se laisser distraire.

- Entrez ! Dit-il.

La porte s'ouvrit sur un garde, qui entra et se mit au garde à vous.

- Votre Majesté, messire Weller demande audience !

Yuuri inclina la tête sur le côté, surpris. Conrad ? Pourquoi tant de cérémonie ?

- Faites-le entrer, merci.

Le garde s'effaça, et Conrad entra, refermant la porte derrière lui.

- Conrad ? Pourquoi tout ce cérémonial ? Tu sais que tu n'as besoin de te faire annoncer, quand même…

Le chevalier s'inclina, le poing serré sur son cœur.

- Votre majesté, je me présente devant vous préparé à être puni pour mon insolence.

- Tu n'as vraiment pas besoin de m'appeler comme ça ! Qu'est-ce qui se passe ?

Yuuri connaissait Conrad depuis assez de temps pour savoir qu'il ne prenait rien plus à cœur que ses intérêts.

- Majesté, je viens vous demander d'assumer enfin vos responsabilités à l'égard de Wolfram.

Yuuri écarquilla les yeux.

- Quelles responsabilités ?

- Vous ne l'avez jamais reconnu officiellement comme votre fiancé et vous ne vous occupez de lui d'aucune façon. Si vraiment votre engagement vous déplaît, avec ou sans son consentement, je souhaiterais que vous rompiez vos fiançailles.

Si le Maoh n'avait déjà été assis sur sa chaise, il en serait tombé à la renverse. Ça ressemblait si peu à Conrad de se mêler à ces histoires-là…

- Y a-t-il un problème avec Wolfram ?

- Majesté, depuis votre arrivée ici, il y a un problème avec Wolfram. Ce n'est pas parce qu'il réagit à tout par la colère qu'il n'éprouve rien d'autre. Il souffre.

- Je n'avais jamais remarqué. Pourquoi est-ce qu'il ne m'en a jamais parlé ?

- C'est le genre de choses qui ne sont pas faciles à dire…

- Il dort dans mon lit tous les soirs, ce ne sont pas les occasions qui ont manqué…

- Cela fait partie des choses qui sont vraiment difficiles pour lui. Wolfram t'aime, Yuuri. Il ne fait pas semblant d'être jaloux, il ne te suit pas partout simplement parce que le protocole le veut ou juste pour t'ennuyer. Il a besoin de toi.

Le roi baissa la tête, vaincu. Conrad était sincère et sérieux.

- Je vais… prendre les dispositions qui s'imposent.

Conrad soupira, comme soulagé.

- Puis-je te demander de ne pas mentionner mon intervention ? Tu sais comment il est, il pourrait mal le prendre. Je ne l'observe jamais ouvertement. Il a beau être mon petit frère, il n'est pas proche de moi.

- Je sais. Je ne dirai rien, ne t'inquiète pas.

Le chevalier s'inclina.

- Merci. Je vais vous laisser.

- Je t'en prie.

Conrad sorti silencieusement. Une fois la porte refermée derrière lui, Yuuri poussa un gros soupir et se passa les mains dans les cheveux.

- Wolfram…

Il n'avait jamais remarqué… Il n'avait jamais pensé que Wolfram pouvait être réellement amoureux de lui. Peut-être parce qu'il n'y avait jamais réfléchi, mais maintenant qu'il regardait les choses en face, il se rendait compte que c'était certainement vrai. Mais quand même… Rompre leurs fiançailles ? Wolfram ne le lui pardonnerait jamais, et puis, ce serait si égoïste. Il n'en avait pas vraiment envie, au fond. Même l'idée d'avoir sa chambre à lui tout seul ne lui paraissait plus si tentante. Il avait fini par s'habituer à la présence de son fiancé, et… Il lui manquerait ? Peut-être. Mais comment savoir ? Cela faisait si longtemps qu'il n'avait plus été seul…

oOoOo

Assis sur son – leur ? – lit, le Maoh attendait nerveusement le retour de son fiancé. Il tournait et retournait dans sa tête toutes les manières possibles de dire ce qu'il voulait, mais ne trouvait aucune formulation satisfaisante. Qu'il lui présente la pilule nature ou enrobée de sucre, il savait que Wolfram aurait tout autant de mal à l'avaler et que dans n'importe quel cas de figure, sa réaction serait violente. Il aurait voulu éviter la scène qui allait inévitablement suivre, les éclats de voix du blond, parce qu'il se disait qu'il se mettrait en colère parce qu'il allait le blesser. Mais c'était un mal nécessaire. Conrad avait raison, il n'avait que trop longtemps laissé la situation stagner et s'envenimer. Il était temps d'y mettre un terme, et ce d'une manière ou d'une autre. Pour tout le monde, cela vaudrait mieux.

La poignée de la porte de la chambre tourna. Yuuri releva la tête et regarda Wolfram entrer. Le blond le salua et porta la main à son col pour défaire l'attache d'argent qui ornait sa cravate, mais Yuuri l'interrompit.

- Non, ne te change pas, dit-il, et Wolfram se tourna vers lui, l'air déjà en rogne.

- Et je dors tout habillé ? Boulet !

- Il faut que je te parle…

Le jeune seigneur s'immobilisa, surpris. Avoir une discussion, ça impliquait d'avoir réfléchi à quelque chose, et ça, ça ne ressemblait pas du tout à Yuuri…

- Wolfram, je suis désolé.

Le roi se leva, traversa la chambre et alla poser ses mains sur les épaules de son fiancé. Il saisit dans ses yeux un bref regard troublé avant qu'ils ne reprennent leur air dur et hautain habituel. Avait-il toujours ce regard quand ils se touchaient ? Comment avait-il pu ne jamais s'en apercevoir ?

- J'ai été lamentable, en-dessous de tout. J'ai manqué à tous mes devoirs, en tant que ton roi et… en tant que ton fiancé.

Wolfram sursauta. Jamais, jamais Yuuri ne prenait l'initiative de mentionner leurs fiançailles. Il évitait ce sujet comme la peste, alors pourquoi soudain… Il gambergeait tellement qu'il ne trouvait aucune réplique à lui envoyer à la figure. Et puis, il sentait que là, ce n'était pas non plus le moment…

- Je ne veux pas que les choses restent comme ça. Ça te fait du mal.

Wolfram secoua la tête.

- Qu'est-ce qui te prend tout à coup ? Les choses sont ainsi depuis les tout premiers jours. Pourquoi ce soudain revirement ?

- J'ai… pris conscience d'une chose. Ne le prends pas mal, je t'en prie, mais… jusqu'à récemment… Je n'avais même jamais pensé que tu… que tu pouvais être réellement amoureux de moi. Je n'y avais jamais réfléchi.

Sans surprise, il vit la bouche du chevalier se tordre en un rictus de colère. Et voilà, c'était reparti… Derrière son visage d'ange, quand même, Wolfram cachait bien son jeu.

- Ça ne devrait même pas me surprendre, cingla-t-il. Ce n'est pas comme si tu réfléchissais souvent !

Yuuri ne releva pas – il s'était préparé à ce coup-là, et il ne l'avait pas volé. Le plus dur était à venir.

- Je suis désolé. J'ai été par trop négligent, à ton égard…

- Et ? Tout ça pour en arriver à quoi ?

Le Maoh regarda son vis-à-vis qui le toisait, les bras croisés, l'air renfrogné. Mais avec ce qu'il s'apprêtait à lui asséner, Yuuri était bien décidé à encaisser toute la mauvaise humeur et la colère de Wolfram sans broncher.

- Je suppose que tu ne viens pas de me faire ce beau discours pour ne pas en venir à quelque chose. Vas-y, crache ta pilule. Et grouille-toi, je voudrais me coucher, boulet.

Yuuri se mordit la lèvre.

- Je veux savoir… si la meilleure solution est de… rompre nos fiançailles ou de les officialiser. Wolf, je ne suis sûr de rien. J'ai toujours cru que tu prenais ton rôle tellement au sérieux par obligation, à cause du protocole, parce que c'était… un devoir. Je n'ai jamais essayé de penser à toi… à nous sous un autre angle. J'ai besoin d'y réfléchir. Seul.

Wolfram, qui s'était tu avec effort jusque-là, sembla perdre patience.

- Seul ? Seul ? On peut savoir ce que tu suggères exactement ? Demanda-t-il de sa voix dissuasive numéro 3, celle-qui sous-entendait « si-tu-penses-à-ce-que-je-pense-tu-ferais-mieux-de-te-taire ».

- Je veux que tu quittes ma chambre pendant une semaine.

Le blond eut un geste de recul, exactement comme si Yuuri venait de le frapper. Il avait pâli.

- Tu veux… que je…

Il n'arrivait même plus à aligner deux mots. Le roi poursuivit.

- J'ai besoin de me séparer de toi, Wolf. Je suis si habitué à toi et à ta présence que je ne sais plus comment c'est quand tu n'es pas là. C'est ce que j'ai besoin de savoir.

- Et si je refuse ?

Le Maoh jura silencieusement. Il redoutait cette question. Il avait déjà la réponse, mais il ne voulait pas lui dire ça…

- Wolf…

- Et si je refuse ?

Yuuri soupira.

- Si tu refuses, alors je serai contraint de t'en donner l'ordre. Wolf, je ne veux pas en arriver là, je t'en prie, ne m'y contrains pas…

Le visage du blond était devenu un véritable masque de glace. Il jeta à son roi un regard liquéfiant avant de lui lancer, d'une voix acide :

- Ne vous inquiétez pas, Votre Majesté, je sais où est ma place. Je vous laisse dans vos appartements. Vous serez assez aimable de me faire parvenir votre décision quand vous me ferez la grâce de la prendre.

Et sur ces mots, il tourna les talons et sortit de la chambre le nez en l'air, l'air digne, et claqua la porte.

Yuuri alla s'écrouler sur son lit. La désastrophe. Ça n'aurait tout simplement pas pu être pire. Il n'avait jamais vu Wolf se mettre dans cet état, cette colère froide et cinglante. Et quand il l'avait appelé « Votre Majesté »… ça lui avait glacé le cœur.

Il se retourna à plat ventre sur le matelas. Qu'elle lui paraissait lointaine, l'époque où il voulait absolument avoir sa chambre pour lui tout seul ! C'était le moment pour en profiter, au fond…

Un peu rasséréné, il se prépara et se mit au lit en tâchant d'ignorer la curieuse sensation de vide qu'il avait au creux de l'estomac. Ça pouvait être dû à la scène qui venait de se dérouler, tout simplement… Mais une fois couché, il se mit à penser à mille choses. Le lit semblait si grand, où était Wolfram ? Ne lui avait-il pas fait trop mal ? Où allait-il dormir ? Comment allait-il se comporter vis-à-vis de lui le lendemain ?

Le roi se retourna sur le côté. Il avait déjà une réponse pour une des questions qu'il voulait éclaircir en se livrant à cette pseudo-séparation.

- Premier soir, dit-il à voix haute. Il me manque déjà…