Ceci est notre première FF à 4 mains, dites-nous ce que vous en pensez !

Il s'agit d'un Crossover White Collar / Twilight. Chronologiquement, les personnages de Twilight sont à la fin de "Hésitation" & pour White Collar, saison 4 quand Neal est de nouveau avec Sara.

Un très grand merci à Isnoname qui a relu au pied levé cette histoire et dont l'enthousiasme a fini de nous convaincre pour la publication.

Bonne lecture à tous.

Yellowstone69 & Arches67

Forks, état de Washington

Depuis que les dernières menaces s'étaient éloignées et que Bella avait enfin tranché entre Edward et Jacob, la vie s'écoulait tranquillement à Forks ; la maison Cullen, nichée dans les bois, était même étonnamment calme. Alice, Jasper, Rosalie et Emmett se trouvaient actuellement à l'autre bout du monde, en train de profiter de la vie. Carlisle et Esmée restaient sur place afin de protéger les humains en cas de retour de vampires. Et enfin, Edward profitait de Bella après les événements difficiles des derniers mois.

Ce matin là, pendant qu'Edward mettait, au piano, la dernière touche à une nouvelle mélodie dédiée à Bella, Esmée était plongée dans les plans de la maison, futur cadeau de mariage pour Edward et Bella.

Carlisle, lui, s'affairait dans son bureau, à classer des papiers et à ranger ses multiples livres ; CNN ronronnait en fond sonore sur le poste de télévision.

Soudain, le reportage diffusé capta son attention.

"Dans trois mois, à New York, se tiendra une exposition exceptionnelle dédiée aux calices… le reportage continue… L'une des pièces les plus surprenantes sera sans aucun doute un étonnant calice de jade, trouvé par hasard à Volterra, en Italie, il y a quelques mois. Taillé…"

Carlisle n'écoutait déjà plus le reportage car des souvenirs, enfouis très loin dans son esprit, refirent surface de façon désordonnée.

Un étage plus bas, pour la première fois en cent ans, Edward fit une succession de fausses notes au piano, tant les pensées de Carlisle qui l'assaillaient étaient puissantes, perturbantes, soulevant un tas de questions mystérieuses porteuses d'un espoir auquel il n'aurait jamais cru avoir accès même dans ses désirs les plus fous.

Quelques secondes plus tard, il était dans le bureau de son père.

"Carlisle, est-ce vrai ? Est-ce possible ?"

New York, 3 mois plus tard

'Calices : ferveur et pouvoir'. La bannière du musée flottait légèrement sous la brise du matin. Neal y jeta un œil distrait et entra dans le bâtiment.

Samedi matin, il profitait de son temps libre pour visiter l'un des musées dans son périmètre autorisé. Il les avait tous sillonnés depuis sa sortie de prison et était ravi de pouvoir profiter des expositions temporaires. Trois kilomètres ne lui permettaient pas de visiter autant de musées ou galeries qu'il aurait souhaité par ailleurs, certains lui étaient tout simplement interdits sans accompagnateur. Et convaincre Peter de l'accompagner à certaines expositions demandait plus de pouvoir de persuasion qu'il n'en avait acquis tout au long de ses années d'arnaque.

Cette exposition temporaire était dédiée aux calices. Le conservateur avait rassemblé des pièces hétéroclites, venues du monde entier, mais retraçant bien toute la symbolique du calice depuis la première coupe du Christ.

Les calices étaient disposés dans des caissons en verre. Certains, vieux de plusieurs centaines d'années, frappaient par leur simplicité, simples objets de culte, leur seule valeur était historique. D'autres étaient de véritables œuvres d'art dont les pierres précieuses qui les décoraient valaient une petite fortune. Neal jeta un œil à son émetteur s'attendant presque à ce que la proximité d'une telle richesse ne déclenche une alarme.

Son cerveau surveillait la pièce, les visiteurs, les agents de sécurité ; d'un air détaché, il étudiait les lieux. C'était une deuxième nature, il ne pouvait pas s'en empêcher. Il n'avait même pas réellement conscience qu'il le faisait. C'est pour cela que la présence d'un jeune homme le frappa. Il ne se conduisait pas comme les autres visiteurs. Il avait fait le tour de la galerie étudiant les pièces, mais il revenait pour la troisième fois vers le même calice.

Neal s'approcha. C'était un calice en jade. Taillé d'une seule pièce, il était magnifique et la taille méticuleuse de la pierre en faisait une pièce unique, mais il était loin d'être l'objet le plus marquant de l'exposition. Il relut la fiche descriptive.

Calice de jade – 12ème siècle (?). Calice taillé dans une seule pièce de jade. Origines inconnues. Inscriptions – Langue Inconnue

"Voilà qui est bien mystérieux," murmura Neal en jetant un œil à son voisin.

Ils étaient seuls à côté du calice. La plupart des visiteurs, encore peu nombreux en ce samedi d'ouverture, se tournaient vers les pièces les plus brillantes.

"C'est ce qui lui donne toute sa valeur," répondit l'inconnu.

Neal le regarda de plus près. Il était très jeune, la peau étonnamment pâle, les cheveux couleur bronze. Il avait une sorte de grâce féline…

"Vous semblez vous y connaître," Neal entama la conversation.

Cet individu l'intriguait. Qui portait un sweat à capuche en plein mois de juillet à New York ? Son instinct lui disait qu'il n'était pas juste là pour admirer le calice. Et ce qui l'intriguait encore plus, c'est qu'il n'arrivait pas à savoir si c'était son instinct de criminel ou de consultant du FBI qui venait de se réveiller.

"Les calices sont des objets du culte chrétien. Depuis la première coupe du Christ, que l'on cherche encore, les hommes n'ont eu de cesse de créer des objets de plus en plus beaux à la gloire du Seigneur. Je trouve que certains calices tous simples sont plus émouvants que ceux en or sertis de joyaux…"

"Destinés à montrer la puissance de l'église où ils se trouvaient. La religion a toujours été liée au pouvoir," poursuivit Neal.

L'homme lui adressa un sourire. "D'où tout l'intérêt de cette exposition, d'associer ainsi des pièces aussi différentes." Il lui tendit la main, "Edward Cullen."

"Neal Caffrey," répondit Neal en lui serrant la main.

Ils poursuivirent leur conversation sur les calices. Neal s'aperçut qu'Edward évitait de revenir sur l'histoire du calice de jade alors qu'il semblait en savoir bien plus que les quelques faits exposés dans le catalogue de l'exposition. Il se promit de faire des recherches. L'objet était mystérieux et Edward l'était encore plus. Ce jeune homme cachait quelque chose, Neal en aurait mis sa main à couper.

Ils se quittèrent à la sortie du musée. Neal rentra chez lui pour déjeuner et profiter du reste de son week-end. Sara devait passer plus tard dans la soirée ; ils avaient prévu de pique-niquer le lendemain à Central Park. Il avait tout l'après-midi pour faire des recherches sur l'histoire du calice de jade.

Lundi, bureau du FBI

Lundi matin Neal travaillait à son bureau finalisant un compte-rendu. Peter étant en réunion depuis 8h00, Neal ne l'avait pas encore vu. Il leva la tête en entendant du bruit à l'étage et sourit quand Peter lui fit un signe de la main pour venir le rejoindre. Un simple geste amical, pas les deux doigts pointés, donc une invitation plus qu'une convocation, il pouvait monter tranquille, rien à se reprocher… pour l'instant. Malgré les années et la confiance établie entre les deux hommes, Neal savait qu'il avait suffisamment de secrets cachés pour ne jamais être à l'abri d'une soudaine révélation et d'un long sermon de la part de l'agent.

Neal entra dans le bureau et s'installa sur la chaise sans attendre d'y être invité.

"Bonjour Neal, tu as passé un bon week-end ?" demanda Peter.

Un peu surpris par cette entrée en matière, Neal se contenta d'une réponse polie.

"Oui, je te remercie."

"Tu as vu Sara ?"

Neal fronça les sourcils, vaguement inquiet. D'où venait ce soudain intérêt pour sa vie privée ? Il n'avait rien fait de particulier, était resté largement dans sa zone autorisée, le musée ne faisait pas partie des sites interdits. Il avait beau se creuser la tête, il ne voyait pas ce que Peter pouvait lui reprocher.

"Oui…" Puis il ajouta, "nous sommes allés pique-niquer à Central Park dimanche si tu veux tout savoir."

Peter essaya de dissimuler un sourire. "J'imagine qu'un espace un peu plus calme que Central Park ne te déplairait pas ?" demanda-t-il d'un air mystérieux.

"Non…" répondit prudemment Neal.

Devant l'air perturbé de son associé, Peter laissa échapper un petit rire.

"Détends-toi Neal, tu n'as rien fait de mal."

Bien qu'en étant déjà convaincu, Neal laissa échapper un léger soupir de soulagement.

"J'ai un cadeau pour toi," annonça Peter en lui tendant une enveloppe.

Neal leva un sourcil interrogateur et allongea la main avec prudence. Peter éclata franchement de rire cette fois, ravi de la confusion qu'il avait engendrée. Ce n'était pas souvent qu'il arrivait à surprendre le voleur.

Neal ouvrit l'enveloppe et regarda les documents. Il en comprenait les mots mais avait du mal à en saisir toute la portée.

"Peter ?"

"Comme ce document l'indique, tu as obtenu une permission exceptionnelle pour quitter New York durant le prochain long week-end, celui du 4 juillet."

L'éclat qui illumina les yeux de Neal aurait pu éclairer Madison Square Garden un soir de match, le sourire cent mille volts réchauffa la pièce de plusieurs degrés. Il ouvrit la bouche pour répondre mais ne parvint pas à articuler.

"Incroyable, Neal Caffrey à court de mots. Ca doit bien être une première…"

"Peter… Je ne sais… Merci…" balbutia Neal confus et ravi.

"J'ai déposé cette demande il y a plusieurs semaines. Les instances en haut lieu ont estimé qu'en remerciement de ton aide et de ta conduite exemplaire, tu pouvais bénéficier de cette faveur exceptionnelle. Tu te doutes néanmoins qu'il ne s'agit pas d'une carte de 'sortie de prison'."

"Oui, j'imagine… Des Marshals à ma porte tout le week-end…" marmonna Neal.

"Non, rien d'aussi drastique. Tu as le droit de t'éloigner jusqu'à cent cinquante miles de New York, par contre rien près de la côte, interdiction de t'approcher du moindre aéroport, gare routière, voie ferrée…"

"D'accord, pas de bateau, d'avion ou de train. J'ai quand même le droit de me déplacer en voiture ?" interrompit Neal sarcastique.

Peter lui lança un regard de reproche et poursuivit sa liste de conditions. "…un périmètre de deux miles autour de ton hébergement…"

"Deux miles. Si je suis au milieu de nulle part, je ne vais pas pouvoir bouger …" gémit Neal.

"Tu préfères deux cents yards ?"

"Non, deux miles c'est très bien," s'empressa de répondre Neal avec un faux sourire ravi.

"Dès ton arrivée à ton hébergement, tu nous appelles et nous repositionnons ton GPS. Tu seras sous contrôle permanent, 24 heures sur 24 ; la moindre entorse et tu te retrouves habillé d'orange avant d'avoir pu ouvrir la bouche. C'est clair ?"

"Peter, tu as conscience que pour qu'une menace soit efficace, il faut qu'elle soit crédible ?" demanda Neal avec un sourire amusé.

"Parce que tu penses que je ne t'enverrais pas en prison si tu dépassais les bornes ?" rétorqua l'agent.

"Je ne nie pas que tu en aies envie, de là à passer à l'acte…"

Peter le foudroya du regard. "Essaye pour voir."

"Peter, à ton avis il se passerait combien de temps avant qu'on ne me retrouve la gorge tranchée dans une douche ?"

Peter se sentit pâlir malgré lui. Pas tant à cause de la remarque de Neal, il savait pertinemment qu'effectivement son informateur avait mis trop de gens derrière les barreaux pour qu'il y soit en sécurité. Non, ce qui le glaçait était la certitude tranquille avec laquelle Neal l'affirmait. Comment s'il l'avait accepté et le tenait pour acquis.

Malgré tout, Neal oubliait bien trop souvent le sens du bracelet qu'il portait à la cheville. Peter avait besoin de le lui rappeler régulièrement, et il avait encore une carte à jouer.

"On pourrait envisager le confinement solitaire..."

Ce fut au tour de Neal de pâlir. Il n'avait pas envisagé cet aspect. Non. Parce qu'il était certain que Peter savait qu'il ne le supporterait pas et ne serait jamais passé à l'acte. Il fronça les sourcils en le regardant, puis eut un petit sourire. Peter était juste en train de tirer sur la laisse pour lui rappeler que c'était lui qui la tenait. Il leva les mains en signe de défaite.

"Pas de bêtises, promis," dit-il doucement.

Peter hocha la tête et poursuivit.

"Tu as tous les détails sur les conditions de cette permission dans l'enveloppe. Ne me fais pas regretter d'avoir appuyé cette demande."

"Tu ne le regretteras pas." Neal sourit, les yeux rêveurs. Il allait emmener Sara dans un cottage dans les Catskills pour un merveilleux week-end en amoureux. Pourvu que le petit chalet qu'il connaissait soit encore ouvert et disponible.

"Que fais-tu encore dans mon bureau ? Allez, ouste, au travail avant que je ne change d'avis !" gronda Peter.

Neal se leva d'un bond. "Merci Peter, vraiment."

Sur ces mots, il se tourna et descendit à son bureau ; le sourire sur ses lèvres ne le quitta pas de la journée. Il appellerait Sara plus tard pour lui annoncer la bonne nouvelle.

Ce soir-là, il rentra tard du FBI. Il avait passé la journée sur de vieux dossiers poussiéreux à la recherche d'indices que personne n'avait encore trouvés depuis des mois, souhaitant montrer à Peter qu'il avait conscience de la faveur dont il bénéficiait. Il avait fini par trouver une piste sur l'un d'eux et avait voulu approfondir sa recherche avant de rentrer. Peter était parti bien avant lui, avec un 'on arrivera à faire quelque chose de toi' amusé en poussant la porte du bureau. Il avait mis ses notes au clair et enfin quitté le bureau à plus de 21h00.

Il entra dans l'appartement faiblement éclairé par les lumières de la ville. Il poussa un léger soupir de soulagement et de bien-être. Presque quatre ans et il savourait toujours autant la chance qu'il avait de vivre dans ce lieu magique. Il resta dans la pénombre, profitant du calme. Il enleva sa cravate et posa sa veste avec soin sur le dos d'une chaise. Il se servit un verre et alla sur la terrasse. L'air était chaud mais agréable, une superbe soirée d'été. Les bruits de la ville arrivaient étouffés, présents sans être envahissants.

Il sursauta en entendant un bruit léger et se retourna brusquement. Une ombre s'avança. Neal jeta un œil inquiet autour de lui. Il était contre le parapet au bout de la terrasse, acculé, une situation qu'il n'aimait pas du tout. L'ombre s'avança écartant les mains sur les côtés en signe de paix. Neal fronça les sourcils en reconnaissant son visiteur.

"Edward ?"

"Bonsoir Neal, je ne voulais pas vous effrayer." Edward baissa doucement les mains et s'approcha.

L'instinct de Neal se manifesta de plus belle. Comment était-il arrivé là ? Comment l'avait-il retrouvé ? Et surtout, pourquoi était-il là ? Personne n'apparaissait subitement sur une terrasse au troisième étage après quelques mots échangés lors d'une exposition.

Edward resta à une distance raisonnable, il ne voulait pas inquiéter Neal. Le contact était bien passé au musée, il ne fallait pas gâcher cette première bonne impression.

"J'aurais voulu vous parler," expliqua-t-il.

"Comment m'avez-vous trouvé ?" Demanda Neal se décidant enfin pour une question.

"Je vous ai suivi lorsque vous avez quitté l'exposition."

Neal haussa un sourcil surpris. Il ne se souvenait pas de la dernière fois où il avait été suivi sans s'en apercevoir, Edward était très fort… Et le léger malaise qu'il avait ressenti au musée refit surface. Ce jeune homme avait décidément quelque chose de différent.

"Vous êtes doué," lui lança-t-il.

"Disons que j'ai certaines facilités." Autant jouer cartes sur table. Etant donné la demande qu'il allait faire, Edward préférait être honnête dès le départ.

"J'ai l'impression, effectivement," murmura Neal. "Les mêmes qui vous ont permis d'escalader le bâtiment pour arriver ici ?"

"Oui, j'ai toujours été bon en gym," fit Edward avec un petit rire.

Neal ne put s'empêcher de rire ; il savait repérer une fausse excuse à des kilomètres et celle-là n'était même pas crédible. Il avait l'impression de voir une version de lui plus jeune, avec des talents différents, mais évidents et pas toujours avouables. Il lui montra son verre.

"Je vous sers quelque chose ?" proposa-t-il. "Un peu de vin…" Edward secoua la tête. "Un soda…" Le jeune homme continuait à remercier de la tête, et Neal poursuivit, "de l'eau… un verre de sang ?"

Les deux hommes se figèrent en même temps. Neal à cause de l'énormité de ce qu'il venait de découvrir ; Edward d'avoir été démasqué aussi vite. Ils toisèrent en silence un long moment.

Les recherches que Neal avait menées sur le calice s'étaient avérées des plus passionnantes, mélange de légendes, secrets, personnages mystérieux... Volterra, la ville d'où provenait le calice, était, selon une vieille légende, le lieu où siégeait le pouvoir des vampires. Il n'avait pas réussi à établir le lien entre le calice et Volterra, mais il s'était dit qu'après tout, les calices étant liés au sang, un rapport existait sans doute, mais ses recherches sur internet n'avaient rien donné. Mais c'était une légende, n'est-ce pas ?

"Les articles que j'ai lus ne vous rendent absolument pas justice," murmura Edward encore plus pâle qu'avant si cela était possible, confirmant ainsi l'hypothèse ridicule que Neal venait de formuler.

Neal ne répondit pas. Son cerveau essayait encore de digérer l'information. Il avait lancé sa proposition comme une boutade, prévoyant de l'expliquer à Edward par la suite après tout le jeune homme semblait tout aussi fasciné par le calice. Mais à voir la réaction de son visiteur, il commençait à se dire que cette rencontre était encore plus étonnante qu'il ne l'avait anticipé. Son sentiment de malaise s'amplifia. Edward était bien trop secoué pour que Neal ne se rende compte que sa réflexion avait touché une corde sensible.

Les vampires n'existent pas fit une petite voix au fond de son crâne. Sauf que finalement peut-être bien que… Il prit une longue gorgée de son verre de vin pour se donner contenance… et s'armer de courage. Certaines questions allaient être fort intéressantes. La soirée s'annonçait prometteuse.

"Asseyons-nous," proposa-t-il enfin à son invité.

Ils quittèrent la terrasse pour s'installer à l'intérieur. Edward prit place sur le canapé, Neal sur le fauteuil qu'il écarta inconsciemment. Il n'arrivait pas à poser la question qui lui brûlait les lèvres. 'Etes-vous un vampire ?' semblait une question quelque peu déplacée.

"Neal, sentez-vous libre de poser toutes les questions qui vous viennent à l'esprit."

"Et si j'allais plutôt chercher de l'ail ?"

"Aucun effet," répondit Edward en souriant, comme s'il avait déjà vécu cette scène des dizaines de fois.

"Si je prends un crucifix..."

"Rien."

"Et comme je t'ai déjà vu dehors, j'imagine que tu peux effectivement sortir, même en plein jour, sans mourir…"

"Avec des effets intéressants quand je suis en plein soleil…c'est pour cela que nous vivons plutôt dans des endroits assez pluvieux. En fait, la seule façon de me tuer est de séparer ma tête de mon corps et de brûler le tout. Pas très facile à mettre en œuvre sur une terrasse de New York, si tu veux mon avis, sans compter que tu devrais être beaucoup plus fort que moi."

"Pas très rassurant pour moi, on dirait," conclut Neal avant de boire difficilement ce qu'il restait de son verre de vin.

"Que se passera-t-il quand tu auras faim ? Ai-je le temps de passer quelques coups de fil ? De dire au revoir à mes amis ?" poursuivit Neal.

"Je ne suis pas là pour te tuer. Détends-toi."

Neal hocha la tête en faisant une grimace. Facile à dire. En quelques minutes, il venait de découvrir que les vampires n'étaient pas une légende, que les moyens de les tuer étaient une supercherie et que tout ce qui avait été écrit à leur sujet n'était qu'une vaste escroquerie… Et maintenant, l'un d'eux se tenait dans son salon et voulait lui parler. Rien dans son passé, pourtant riche en expériences diverses, ne l'avait préparé à cela.

"Si cela peut te rassurer, sache que je n'ai pas bu une goutte de sang humain depuis quatre-vingts ans. Je ne me nourris que de sang animal, un vampire végétarien en quelque sorte. Par ailleurs, je suis rassasié pour une semaine, tu es donc tranquille pour encore quelques jours, même si je dois avouer qu'il est parfois difficile de vivre au milieu de tant d'humains."

"Pas de sang humain, super. Sois gentil, laisse le chien de June tranquille, je l'aime bien," ajouta Neal en essayant de plaisanter mais ne parvenant pas à sourire. "J'ai quand même du mal avec tout ce que tu me dis… un vampire… J'ai fait beaucoup de choses dans ma vie, rencontré plein de gens surprenants, mais un vampire… A quoi dois-je cet honneur ?"

"Je ne m'attendais pas à ce que tu me sautes au cou. Donne-moi juste l'opportunité de répondre à toutes tes questions, de t'expliquer le pourquoi de ma présence ici ce soir. Si à la fin, tu me dis que tu ne veux plus entendre parler de moi, alors je disparaîtrai comme je suis arrivé."

Un peu plus détendu, Neal se posait d'autres questions, plus pratiques cette fois en fait, elles se bousculaient dans son esprit à toute vitesse. Une chose étonnante se produisit alors : dès qu'il pensait à une question, la réponse arrivait instantanément.

"… Une famille de six qui reste ensemble sans domination d'aucun des membres chacun est libre de partir s'il le souhaite. La seule règle : pas de sang humain…"

"J'ai cent dix ans, mon créateur Carlisle, qui tient le rôle de mon 'père' en a, lui, trois cent soixante trois."

"Une vitesse incroyable ; deux jours pour traverser le pays en courant. L'eau n'est pas un obstacle dans la mesure où nous ne respirons pas."

"En un seul bond pour arriver au troisième étage et il me suffira d'un seul autre saut pour redescendre…"

"Stop, arrête !" hurla Neal en portant la main à sa tête. "Comment fais-tu pour me répondre avant même que je ne pose la question ?"

"Certains vampires ont des dons spécifiques en plus de capacités physiques hors norme. Le mien est de lire les pensées. Je peux lire la moindre pensée qui te vient à l'esprit avant que tu ne la prononces."

"Voilà qui ne me donne pas très envie de te parler…"

"Alors, laisse-moi te raconter mon histoire."

Neal se resservit un verre. Il sentait qu'il allait en avoir besoin.

"Il y a quelques mois, CNN a annoncé l'exposition des calices…"

Forks – Salon des Cullen – trois mois plus tôt

Carlisle s'assit et posa un vieux manuscrit tiré de l'immense collection des Cullen sur ses genoux. Tels des enfants à qui on allait raconter un conte de fées, Edward et Bella étaient blottis l'un contre l'autre, assis dans le canapé, pieds repliés sous eux.

Le texte était en ancien anglais, mais Carlisle l'avait lu tant de fois qu'il le traduisait avec facilité.

De sa voix profonde, Carlisle entama la lecture.

"An 1150 – Angleterre – Journal d'un vampire de Nicholas Lockwood

Depuis des semaines, je parcours les forêts autour de Camlann, dans la plaine de Salisbury, à la recherche d'un mythe, d'une légende… Le magicien Merlin, protecteur du grand Roi Arthur.

Vous ne rêvez pas, j'ai bien écrit magicien. Selon les écrits, comme moi, il est immortel, pleurant sans fin le Roi qu'il ne put protéger.

Oui, vous avez bien lu, immortel. Qui suis-je ? Je vais vous mettre sur la voie : je cours aussi vite que le vent, je ne respire pas, je suis froid comme la glace, j'ai peuplé les cauchemars de l'humanité…

Je m'appelle Nicholas, j'ai cent cinquante ans. Je suis un vampire. Comme celui de vos contes et légendes, un être de la nuit, un buveur de sang. Cependant, je déroge au mythe. Mon régime alimentaire est certes composé de sang, mais je me satisfais de sang animal. Je ne veux pas de mal aux humains. Oh non, bien au contraire même…

C'est ce qui me pousse à hanter les bois, ma folie, ma pénitence : je suis tombé amoureux d'une humaine… Alyna… Mon ange, ma rédemption, ma bien-aimée... Nous pourrions connaître l'amour éternel d'une vie sans fin, mais elle ne veut pas devenir comme moi, alors une idée m'obsède : redevenir humain. Reprendre le cours de ma vie et la finir à ses côtés, voir grandir nos enfants…

La réponse à ce dilemme, je l'ai peut-être trouvée dans les livres, d'anciens recueils couverts de poussière et fragiles comme des châteaux de sable au soleil, racontant l'histoire de l'Ile de Bretagne, plus particulièrement le règne du Roi Arthur et de son fidèle serviteur, Merlin. Mon espoir réside dans celui qui est considéré comme le plus grand magicien de tous les temps. Les sorcières, les vampires existent, alors pourquoi pas les magiciens ?

Ses exploits sont tels que je sens au plus profond de moi qu'il a le pouvoir de m'aider. Il est ma seule chance, le seul qui pourra me sauver. Mais est-il toujours vivant ? Arthur est mort en 542, il avait une trentaine d'années. Aujourd'hui, Merlin aurait donc au moins 600 ans. Même dans le monde des vampires, je n'ai jamais rencontré d'être aussi âgé, je sais qu'il en existe cependant. Qu'en est-il des magiciens ?

On raconte que Merlin hante Camlann, pleurant toujours sur le site où malgré son immense pouvoir, il ne put protéger son Roi. Me voilà hantant, à mon tour, les mêmes lieux, essayant de le retrouver.

Aucune trace de lui jusqu'à présent. Mes dons semblent bien inutiles dans cette forêt. Mais je ne renoncerai pas.

1151 – Forêt de Camlann

On dit que la nuit est toujours plus noire juste avant l'aube. Voilà un an que je vis dans cette forêt, les animaux se sont habitués à ma présence… cela facilite grandement ma chasse.

Et quand tout espoir semble perdu, l'inespéré arrive soudain.

Laissez-moi vous conter ma rencontre avec Merlin.

J'étais nonchalamment adossé à un arbre, quand une ombre me recouvrit tout à coup.

"J'ai cru comprendre que vous me cherchiez… Vous avez créé une telle agitation dans cette forêt, tué tant d'animaux que ceux-ci m'ont rapporté votre présence en ces lieux. Nous vous sommons de partir immédiatement, nous ne voulons pas de vous sur ces terres !"

"Etes-vous celui que l'on nomme Merlin ?"

"Merlin… Voilà bien longtemps que je n'ai pas entendu ce nom… Emrys, c'est ainsi que l'on me nomme aujourd'hui. Qu'êtes-vous donc ? Je ne sens aucune vie dans votre corps."

"Je m'appelle Nicholas, Nicholas Lockwood. Je suis un vampire."

"Partez et ne revenez plus sur ces terres ! Je n'ai jamais rien entendu de bon sur les vampires, des assassins sanguinaires…"

"Merlin, pardon, Emrys, laissez-moi vous prouver que je ne suis pas un de ces vampires… Laissez-moi vous raconter ma vie et le pourquoi de ma présence en ces lieux."

"Hum… Hum… Aucun intérêt."

Merlin me tourna le dos et faillit partir sans me laisser une chance de lui expliquer. Puis il se retourna vers moi lentement, pensif.

"Remarquez, cela fait six cents ans que je n'ai pas eu une longue conversation avec quelqu'un. Peut-être pourriez-vous me distraire un peu. Sachez juste que je vous tuerai sans hésiter si vous décidiez de m'attaquer. Votre force et votre rapidité ne peuvent rien contre ma magie. Suivez-moi," ordonna-t-il.

Sur ces mots, il se tourna et m'emmena dans une grotte où je lui racontais mon histoire, gardant pour la fin le véritable objet de ma visite.

"Redevenir humain… Impossible… La magie, car c'est cela que tu es venu chercher, n'est-ce pas, ne peut rien pour toi. Même dans les profondeurs de l'Ancienne Religion, la magie la plus puissante, une telle possibilité n'existe pas. Je ne peux pas répondre à ta requête."

Je sentis la terre s'ouvrir sous mes pieds. En quelques mots, il venait d'anéantir tous mes espoirs. Je tentais encore ma chance. Je me souvenais de mes lectures, je savais que Merlin s'en voulait encore de la mort de son Roi. Un amour plus fort que tout qui avait pris fin dans des conditions tragiques. Toucher une telle blessure risquait fort de me coûter la vie, mais après tout, si je ne pouvais vivre aux côtés de ma bien-aimée, la mort était bien préférable.

"Emrys, n'avez-vous jamais tenté quelque chose d'insensé, d'exceptionnel, de dangereux pour quelqu'un que vous aimiez ? C'est l'amour qui m'a poussé à entreprendre cette quête, uniquement l'amour... et en tant que vampire j'en suis privé…"

Malgré ces mots, Emrys s'éloigna sans se retourner, me laissant à mon désespoir. Mon ouïe fine capta cependant ces quelques mots 'l'amour n'empêche en rien l'échec' tandis qu'il disparaissait tel une ombre.

Je suis resté dans cette grotte pendant des jours, prostré, sans me nourrir. Ironie du sort, je ne pouvais pas mourir de toute façon. Pourquoi rentrer chez moi ? Je devais la laisser vivre sa vie. Peut-être trouverait-elle à nouveau l'amour ? Je pourrais être heureux de la savoir heureuse même si ce n'est à mes côtés. Je l'aime assez pour lui souhaiter de retrouver l'amour auprès d'un autre que moi…

Adossé à la paroi rocheuse, j'observais la forêt. La faim commençait à se faire sentir mais je n'avais aucune envie de bouger. C'est alors qu'une étrange fumée m'enveloppa et la voix d'Emrys m'invita à m'enfoncer plus profondément dans la grotte, me guidant dans la pénombre.

Au bout du dédale, un décor incroyable m'attendait. Des étagères remplies de livres, des centaines de fioles, des objets hétéroclites disséminés par dizaines, des reliques remontant au commencement du monde. Et au centre, Emrys en train de lire au moins trois livres à la fois. Il semblait lire et relire les mêmes passages, marmonnant à toute vitesse.

Je ne pus saisir que quelques bribes : sang, calice… Les autres mots semblaient appartenir à une langue que je ne maîtrisais pas.

Merlin -Emrys- me parla soudain.

"Toujours prêt à redevenir humain, Nicholas ?"

"Plus que jamais… Je croyais que vous ne pouviez pas m'aider."

"J'ai peut-être trouvé une solution… Ces livres très anciens mentionnent des incantations qui, une fois combinées, pourraient peut-être vous permettre de redevenir humain. Cela n'a cependant jamais été fait auparavant ; je ne peux vous prédire ce qui pourrait advenir."

"Je prendrai tous les risques possibles…"

"Alors, rentrez chez vous…"

"Je ne comprends pas, vous venez de dire…"

"… et revenez avec votre compagne. Nous ferons cela dans cette grotte. Je veux pouvoir contrôler les événements si un incident survient. Rendez-vous dans trois jours sous le chêne où je vous ai trouvé la première fois ; vous saurez le retrouver, j'en suis sûr."

Inutile de vous dire que je ressortis de la grotte, en volant littéralement. Alyna accepta de me suivre. Et voici ce qu'il advint.

A notre retour, Emrys sortit d'un coffret une pierre magnifique, d'un vert émeraude que je n'avais jamais vu ; j'appris par la suite qu'il s'agissait de jade. La prenant entre ses mains, il la souleva et prononça une incantation dans cette langue toujours inconnue pour moi ; ses yeux devinrent jaunes brièvement et la pierre se transforma en coupe.

Amy le regardait les yeux écarquillés mais sereine à mes côtés. Imaginez-vous à sa place, une humaine qui aimait et vivait avec un vampire, qu'elle avait suivi au fin fond d'une forêt légendaire pour rencontrer un magicien. D'autres auraient pris la fuite bien avant, mais pas ma bien-aimée…

Ensuite, pendant ce qui nous sembla des heures, Emrys prononça des centaines et des centaines de mots en tenant la coupe dans ses mains. Une nouvelle fois ses yeux brillèrent de cet éclat jaune. Le magicien fit alors apparaître quelques mots sur le rebord de la coupe.

'Beclyppe Hinne idese Haest heo hine lyste'

Ce qui signifie à peu près dans votre langue : 'qui boira en moi, boira l'amour et sera pleinement humain', ajouta le magicien.

Il se tourna alors vers Alyna et lui fit une requête surprenante. Il lui demanda une goutte de sang. Une réaction se produisit dès que celui-ci entra en contact avec la pierre : la simple goutte augmenta de volume jusqu'à remplir la coupe. Magique… Merlin n'avait pas volé sa réputation.

Emrys me tendit alors la coupe, me faisant signe de la tête d'en boire le contenu. Je bus le sang en totalité sans hésiter un instant.

Si j'écris ces lignes, c'est que je suis vivant. Suis-je encore un vampire ou ai-je réussi à redevenir humain ? Ce secret, je me dois de le conserver.

La coupe que nous avons pu conserver – et dont la forme de calice me semble à présent bien appropriée - est posée sur une étagère de la maison, un simple bibelot parmi tous ceux amassés durant nos voyages.

Et le magicien, me direz-vous ? La seule promesse qu'il exigea de nous fut de ne jamais révéler l'emplacement de sa grotte. J'aurais aimé pouvoir le remercier davantage. Je me demande s'il erre toujours dans les profondeurs de sa forêt, s'il a trouvé un remède à sa douleur…"

Carlisle garda le silence quelques instants puis releva les yeux vers son auditoire captif. Edward et Bella ne l'avaient pas quitté des yeux depuis qu'il avait commencé la lecture du journal. Edward était fasciné par l'histoire.

"Carlisle, comment as-tu obtenu ceci ? As-tu essayé de percer le secret ? Sait-on s'il a réussi ?"

"Doucement, fils, je vais répondre à tes interrogations. Une petite question tout d'abord : te souviens-tu de la profession exercée par mon père biologique ?"

"Oui, pasteur anglican" répondit Edward, surpris par cette question.

"Celle plus méconnue, mon garçon, fais un effort…"

"Ah… la partie qui concerne la chasse aux loups garous, sorcières et autres démons ?"

Bella les regardait avec des yeux ébahis, ne sachant pas si les deux vampires plaisantaient ou non.

Carlisle la regarda avec un sourire.

"Oui Bella, en 1630 à Londres, mon père s'était fait une réputation en tant que chasseur de démons en tout genre," expliqua calmement Carlisle. "Je te parle de mon vrai père, celui qui m'a donné la vie, pas de l'être qui a fait de moi un vampire. Ironique, n'est-ce pas ?" Il se tourna vers Edward. "Il a connu de nombreux échecs mais ses quelques réussites lui ont permis de récupérer nombre de livres présents dans notre bibliothèque, dont cet ouvrage, ainsi que le calice de jade."

"Comment as-tu pu me cacher cela aussi longtemps, père ?" hurla Edward en se levant d'un bond. "Tu sais pourtant bien que parmi nous certains n'acceptent qu'avec difficulté leur statut de vampire !"

"Ecoute donc l'histoire jusqu'au bout avant de me juger." Carlisle le fixa sévèrement et reprit la parole. "Le calice et ce journal sont rentrés en possession de mon père lorsqu'il a tué ce fameux Nicholas Lockwood en 1650, toujours à Londres."

"Donc la transformation n'a pas marché ?" intervint Bella.

"C'est plus compliqué que cela," reprit Carlisle. "La transformation initiée par le magicien a parfaitement fonctionné. Nicholas est redevenu humain. Lui et Alyna vécurent heureux et donnèrent naissance à deux enfants. Mais ce bonheur fut de courte durée. Dix ans après, un soir de novembre 1161, ils eurent le malheur de croiser un couple de vampires, ce qui entraîna leur perte. Alyna et les deux enfants furent vidés de leur sang. Malgré ses suppliques pour mourir également, Nicholas fut, lui, à nouveau transformé en vampire.

"Durant cette deuxième vie, il fut l'un des vampires les plus sanguinaires de toute notre histoire, rendu fou par la perte de sa femme et de ses enfants, et son retour à l'état de vampire qu'il abhorrait. Mon père le captura en 1650 grâce à un incroyable coup de chance. Redevenu lucide, Nicholas lui raconta son histoire, sans doute avait-il besoin de rédemption. Il lui donna des indications pour retrouver ses effets personnels, y compris ce manuscrit et le calice. Après l'avoir tué, comme ils en étaient convenus, mon père devint le gardien de cet immense secret.

"Cela ne lui porta malheureusement pas chance car il fut tué quelques années après par un vampire. Porteur du secret transmis par mon père, devenu également chasseur de démons, je fus à mon tour victime de cette malchance. Volterra envoya ses gardes mettre fin à mes activités. Ils emportèrent avec eux bon nombre des documents et objets en ma possession, dont le calice de jade. J'imagine qu'ils estimaient devoir me punir et ne me tuèrent pas ; ils me laissèrent affronter seul ma transformation en vampire.

"Plus tard, lors de mon séjour à Volterra, dans mes jeunes années de buveur de sang, j'ai pu reprendre discrètement une grande partie des documents ayant appartenu à mon père dont ce manuscrit devant moi," dit Carlisle. "Cependant le calice m'a toujours échappé…" conclut-il sombrement.

"Quelle histoire incroyable," murmura Bella. "C'est comme si ce calice était maudit. Tous ceux qui l'ont approché sont soit morts, soit vampires."

"Tu m'ôtes la conclusion de la bouche, Bella. Dans l'histoire 'vampiresque', ce calice est effectivement maudit, non pour les raisons que tu viens d'évoquer mais bien parce qu'il peut te faire redevenir humain. La pire des horreurs envisageables pour la plupart de ceux de notre espèce. Beaucoup ont essayé de le détruire, mais personne n'y est parvenu… malgré notre force incroyable. Rien à faire. Voilà pourquoi, les rois de notre monde ont décidé de le remiser au plus profond des catacombes de Volterra. C'est donc une immense surprise que de le voir réapparaître ainsi."

"En tout cas, si on laisse de côté cet aspect 'maudit', le calice a donc bel et bien permis à un vampire de redevenir humain" conclut Edward, avec un enthousiasme certain, fasciné par ce nouvel espoir de changer sa vie.

"Oui, Edward," répondit Carlisle. "Néanmoins, ne t'emballe trop vite. Peut-être que cette coupe n'était faite que pour fonctionner une seule fois."

"Tant que l'on n'aura pas essayé, on va s'épuiser dans d'inutiles conjectures," rétorqua sèchement Edward. "Et je n'ai pas envie de redevenir humain lorsque Bella aura cinquante ans !"

"Edward, ton père a raison. Calme-toi," répliqua Bella. "Prenons quelques jours pour décider de ce que nous voulons faire ou pas. Je dis nous car j'ai mon mot à dire aussi. Je te rappelle que c'est toi qui ne veux pas me transformer. Moi, je suis prête depuis longtemps," argumenta Bella en le regardant avec tendresse.

"Tu es toujours la voix de la raison, mon amour," fit Edward lui caressant doucement le visage du bout des doigts. "Alors soit, réfléchissons, mais pas trop longtemps. L'exposition approche et nous n'aurons peut-être pas d'autre chance de nous approprier le calice."

New York, appartement de Neal

Edward fixa Neal du regard. "Voilà toute l'histoire, Neal…"

"Donc tu n'es pas juste à New York pour l'exposition… En fait, tu veux le calice pour redevenir humain," dit Neal encore abasourdi par ce qu'il venait d'entendre.

Il regarda son verre de vin d'un air soupçonneux, se demandant s'il ne venait pas de boire une substance interdite, propre à lui faire transformer l'histoire au fur et à mesure qu'Edward la racontait. Cette histoire tenait bien trop d'une légende fantasmagorique pour être vraie.

"Tout comme Nicholas, je suis prêt à tout pour vivre aux côtés de Bella… une existence humaine," insista Edward.

"Et dire que Peter trouvait que j'étais fou de m'être enfui de prison à quatre mois de la fin de ma peine…" Neal secoua la tête avec un sourire. Si ça ce n'était pas de l'amour…

"Tu laisserais donc tomber la vie éternelle ? Bon nombre d'humains donnerait cher pour vivre cette vie sans fin," reprit Neal.

"Parce que vous ne savez pas ce que cela fait de vivre et revivre la même chose ! Un exemple, moi, qui ai été transformé à l'âge de 17 ans, je vis et revis mes études. Plusieurs lycées dans tout le pays, de multiples diplômes supérieurs : médecin, ingénieur et j'en passe. Ne jamais dormir. Ne jamais donner la vie…. Je pourrais continuer indéfiniment. Crois-moi, la vie de vampire n'est pas si extraordinaire que tu pourrais le croire. Et n'oublie jamais que nous sommes avant tout des monstres," conclut Edward.

"Vu comme cela, tu as sans doute raison... Mais cela doit quand même être cool de faire des bonds gigantesques, d'avoir une force surhumaine," surenchérit Neal. Il s'imaginait déjà entrant dans les plus grands musées pour dérober les plus belles pièces, impossible à saisir, le voleur suprême…

"Je pourrais te montrer si tu veux," répliqua Edward amusé.

"Pourquoi pas… Mais il y a une chose que j'ai toujours du mal à comprendre, pourquoi me raconter tout ça, à moi, aujourd'hui ?" demanda Neal.

"Quand je t'ai rencontré à l'exposition j'ai lu, malgré moi, dans tes pensées. Tu 'projetais' particulièrement fort… notamment ta façon d'examiner les issues, évaluer la sécurité des pièces... comment t'emparer de pièces sans te faire prendre..."

Neal fit une grimace. Si Peter venait à faire la connaissance d'Edward, il n'aurait plus besoin de détecteur de mensonges… et il allait devoir fournir de sacrées explications sur un certain nombre d'entrepôts à travers le monde.

"J'ai besoin de ton aide, pour voler le calice," expliqua finalement Edward.

"Pardon ?" fit Neal éberlué.

"Comme je te le disais tout à l'heure, depuis notre rencontre je me suis renseigné sur ton passé. Un véritable roman… Et si j'en crois ce que j'ai lu, tu peux emprunter ce calice sans te faire prendre."

"Emprunter ?"

"Je veux seulement conduire la cérémonie pour devenir humain puis je le rendrai au musée. Cet objet est bien trop précieux pour être conservé dans une collection privée."

"Si, comme tu le dis, tu t'es bien renseigné à mon sujet, tu sais aussi que je ne peux pas entrer dans ce musée." Pour souligner ce qu'il disait, Neal releva son pantalon pour montrer son émetteur. "Comme l'a dit un ami, j'ai volé trop près du soleil, j'en paye les conséquences."

"Mais tu peux m'aider ? Me dire comment faire. Au départ, je pensais me contenter de le prendre grâce à mes capacités sans me soucier du reste. Mais des imprévus peuvent toujours arriver. Je ne veux surtout pas risquer la vie de qui que ce soit. Alors j'ai pensé que ta planification associée à mes capacités devrait me permettre de voler ce calice sans risque de me faire repérer pendant que je suis à l'intérieur, donc sans danger pour autrui."

Neal soupira. Edward avait l'air à deux doigts de se mettre à genoux pour le supplier. Il pouvait le comprendre, les folies que lui-même avait accomplies pour attirer l'attention de Kate. L'amour, la force la plus destructrice et créatrice du monde… Renoncer à l'immortalité et aux pouvoirs surhumains d'un vampire pour les yeux d'une femme. Il pouvait bien passer quelques heures à monter un cambriolage dans un musée…

Il lui sourit les yeux brillants d'anticipation. Maintenant qu'il venait de prendre la décision, il frémissait déjà du plaisir de monter un nouveau coup. Le frisson et l'exaltation liés aux préparatifs bouillonnaient en lui. Cela ne lui était pas arrivé depuis longtemps, cela allait être amusant. Mais si Peter venait à l'apprendre…

"Une chance que j'ai le meilleur alibi du monde," murmura-t-il.

Le regard d'Edward s'éclaira et un sourire de soulagement apparut sur ses lèvres. Il n'avait pas de mots pour exprimer sa reconnaissance, mais son visage parlait pour lui.

Neal sourit, touché par l'émotion du vampire. Il se leva pour prendre un bloc dans un tiroir et invita Edward à s'asseoir à la table. Il fallait poser les bases du cambriolage.

"Il va falloir que tu retournes à l'exposition. Je ne peux pas y aller sans attirer l'attention. Peter surveille mes mouvements. S'il me voit y retourner, il va m'envoyer en prison avant même de me poser des questions."

Mardi, appartement de Neal

Deux coups brefs furent frappés à la porte. Edward se tenait sur le palier, accompagné de Bella.

"Bonsoir, Neal."

"Edward, quelle bonne surprise ! Entre. Tu as de la chance, mon coéquipier Peter était là il y a seulement quelques minutes. Heureusement que tu ne l'as pas croisé. S'il te voyait ici et sur les vidéos du musée, tu serais catalogué suspect numéro Un et moi… bon pour un retour direct à la case prison."

"Nous l'avons vu arriver tout à l'heure. Nous avons patienté dans la rue, je ne tiens pas à être trop vu. Neal, je te présente Bella."

"Entrez, asseyez-vous. Bella, je te sers un verre de vin ?"

"Non merci, un soda fera l'affaire."

Neal servit un soda à Bella et se resservit un verre de vin. Edward l'observait en silence.

"J'avais du mal à croire les histoires que j'ai lues à ton sujet. Ca me paraissait impossible qu'un être humain puisse être aussi doué," dit Edward avec une admiration non dissimulée.

"Et qu'est-ce qui t'a fait changer d'avis ?" demanda Neal.

"Apparemment le fait de me voir t'a fait repenser à ton passé… et certains de tes exploits…" expliqua Edward avec un léger sourire.

"Oh, oui bien sûr…" Neal grimaça un peu. "Tu sais, je ne suis pas sûr que j'aime beaucoup l'idée que tu fouilles ma cervelle…"

"Je ne fouille pas ta cervelle Neal. Ce serait terriblement intrusif. Mais je peux difficilement m'empêcher de 't'écouter' et j'avoue que je suis plutôt fasciné. Certaines des arnaques que tu as montées sont du pur génie."

"Je peux t'expliquer certains trucs…"

"Ah certainement pas !" les interrompit Bella. "Je suis déjà assez inquiète pour ce vol-ci. Ne lui mets pas l'idée en tête d'en faire d'autres. Surtout qu'avec ses frères, ils cherchent des distractions dangereuses pour pimenter leur vie de vampire."

"Excuse-moi Bella. Nous sommes terriblement grossiers." Neal lui adressa son sourire le plus charmeur. "Ignorer une superbe jeune femme comme toi, pour parler de vulgaires escroqueries." Il cligna des yeux et poursuivit la fixant toujours. "Alors, raconte-moi un peu ce que tu fais dans la vie… Forks doit être…"

"Neal !" hurla Edward.

Neal releva la tête surpris par le ton.

"Bella et moi sommes fiancés !" Edward le foudroya du regard pour souligner ses paroles et lui faire comprendre qu'il était prié d'arrêter immédiatement son numéro de séduction.

Neal sursauta, se sentant un peu coupable.

"Pardon, désolé… c'est une seconde nature… je ne voulais pas...", il lui fit une grimace d'excuse.

Il reprit une gorgée de son verre pour se redonner contenance.

"Neal, comment as-tu su qu'Edward était un vampire ? D'après ce qu'il m'a dit tu l'as démasqué dès sa première visite, hier," demanda Bella curieuse.

Neal eut un petit rire.

"Dans ma 'profession', il est important de connaître les personnes. J'ai un don particulier pour évaluer les gens assez rapidement. Edward m'a…" il chercha le mot adéquat. "Disons qu'il a immédiatement déclenché une alarme sur mon radar. Sa façon de se comporter au musée, de ne pas me dire ce qu'il savait sur le calice –alors même qu'il était évident qu'il en savait beaucoup-… bref j'ai passé mon samedi à faire des recherches. C'est comme ça que j'ai découvert l'histoire de Volterra."

"Une légende…" souligna Bella avec un sourire, repensant à ses propres recherches sur internet quand elle avait connu Edward.

"Oui, une légende. Mais toutes les légendes n'ont-elles pas un fond de vérité ?"

"Certains secrets sont mieux gardés si tout le monde pense les connaître en tant que mythe. L'information est ainsi accessible et disponible, mais personne n'y accorde d'attention," confirma Edward.

"Proposer un verre de sang à un invité…" pouffa Bella.

Neal eut une grimace gênée et ramena la conversation sur le vrai sujet de la visite d'Edward.

"Tu es retourné au musée ?"

"Oui, avec Bella, nous y avons passé une bonne partie de l'après-midi. Tu as un sens de l'observation incroyable. Les caméras, les angles morts, les issues de secours, tout était exactement là où tu l'avais dessiné. J'ai repéré la meilleure façon d'entrer et de sortir. Ensuite, j'ai observé en détail le caisson en verre qui protège le calice."

"Alors, y a-t-il un fil, un boîtier noir qui nous indiquerait la présence d'une alarme reliée directement au caisson ?"

"Non je n'ai rien vu de tel. Je pense qu'ils comptent davantage sur le poids du caisson pour protéger efficacement le calice. L'épaisseur du verre est impressionnante. Néanmoins, il me semble qu'il y a quelque chose que tu n'avais pas vu. Tiens, j'ai pris une photo, la plus proche possible."

"Bien vu Edward, tu sembles avoir quelques dons innés pour le cambriolage…"

"Neal, s'il te plait, ne l'encourage pas," rappela Bella.

Neal la regarda un peu penaud. Les dons d'Edward étaient tels qu'il avait du mal à ne pas envisager, malgré lui, d'autres opérations.

"Navrée Bella. Pour en revenir à la photo, et parler en termes simples, il s'agit une sorte de balance dotée d'une alarme silencieuse qui se déclenche lorsque le poids programmé change. Une alarme simple mais très efficace."

"Y a-t-il un moyen de l'empêcher de se déclencher ?"

"En remplaçant par un objet du même poids comme dans Indiana Jones ? Pas vraiment, ce n'est pas seulement une question de poids mais une question de pression, la moindre variation déclenche le mécanisme… Attends une minute." Neal reprit une feuille. "Voilà le plan des bâtiments autour du musée. On va utiliser ta super vitesse. Tant pis pour l'alarme. Tu prends le calice et tu détales aussi vite que possible. Ensuite, si tu peux passer de toit en toit suffisamment rapidement avant que les équipes de sécurité n'arrivent sur place et que l'on ne te repère, c'est plus que jouable. Bien sûr, il n'y a que toi qui puisse faire cela."

"J'irai regarder cette nuit mais je pense que cela ne posera aucun problème. Les bâtiments m'ont l'air suffisamment proches pour que je puisse passer de l'un à l'autre sans aucune difficulté."

"Et bien dans ce cas tu es prêt pour ce vol. Pense à t'habiller en noir, masquer ton apparence, surtout tes cheveux, mets une cagoule. Ils sont bien trop distinctifs, les enquêteurs seraient mis rapidement sur ta trace en regardant les photos des passeports ou des cartes d'identité de tous ceux ayant transité par les aéroports ces derniers jours." Neal leva son verre en signe de toast. "Bonne chance. A partir de maintenant, je ne veux plus rien savoir. Ni le jour, ni le moment. Moins j'en saurais, mieux ce sera pour moi surtout si, par malheur, c'est le FBI qui récupère l'enquête."

"C'est possible ?" demanda Bella soudain inquiète. "Nous ne voudrions pas te causer davantage de soucis."

"Non, tout à fait improbable. Les 'simples' vols ne sont généralement pas de notre ressort," la rassura Neal confiant.

"En tout cas, merci pour tout. Pour ton temps, pour les risques que tu prends ; j'en ai conscience et j'espère vraiment que je ne te causerai aucun problème."

"Cela me rappelle le bon vieux temps…" fit Neal avec un léger soupir de regret. "En même temps je sais que j'enfreins beaucoup de règles mises en place avec Peter. Pour tout te dire, je ne suis pas très à l'aise ; vivement que tout cela soit terminé et que le calice retrouve sa place."

"Neal, que puis-je faire pour te remercier ?"

"Franchement, rien. Le fait de rencontrer un vampire, même si j'ai encore du mal à le dire, est une belle récompense."

"Laisse-nous au moins t'inviter au restaurant avant de repartir."

"Je croyais que tu ne mangeais pas ?"

"Je peux faire semblant et Bella, elle, doit manger. Cela nous ferait passer une agréable soirée."

"Et bien d'accord. Prévoyez une table pour quatre alors ; je vous présenterai ma petite amie, Sara. On peut faire cela ce jeudi si vous voulez. Ensuite, nous partons quelques jours. Ma première escapade hors de New York depuis…. bien trop longtemps."

"Vendu. Je te rappelle pour te donner le nom du restaurant. Au fait, nous sommes descendus au Waldorf Astoria, si tu as besoin de quelque chose."

"Et bien, on ne se refuse rien, dites-moi."

"Avec une 'sœur' capable de prédire l'avenir, c'est facile de faire de bons placements financiers."

"Au revoir, Neal. Encore merci pour tout ; nous n'oublierons jamais ce que tu as fait pour nous, sois en sûr."

"Au revoir, Bella. A jeudi, nous pourrons parler d'autres choses. J'ai remarqué que tu avais passé beaucoup de temps à regarder mes peintures pendant que nous discutions. Je pourrai te parler d'elles si tu veux."

"Avec plaisir. A jeudi."

Neal fixait la porte qui venait de se refermer sur Bella et Edward, étonné encore une fois de vivre cette rencontre surréaliste avec un vampire, étonné aussi de pouvoir aider une créature telle que lui.

Après quelques minutes de rêverie, la perspective du week-end dans les Catskills avec Sara lui revint en mémoire et il se précipita sur son ordinateur. Quelques minutes plus tard, la réservation était confirmée et il fit suivre les informations à Sara.

Son téléphone ne tarda pas à vibrer. Il décrocha avec un sourire.

"Allo, ici le Père Noël…"

"C'est une blague ?"

"Non, un cadeau exceptionnel de Peter."

"Comment l'as-tu convaincu de te laisser quitter New York ?"

"Par ma conduite exemplaire…"

Sara s'esclaffa au bout de la ligne. "J'ai hâte, alors."

"Au fait, réserve ta soirée de jeudi, je veux te présenter de nouvelles connaissances."

"Ok, bonne nuit."

"Bonne nuit à toi aussi."

Et voilà, c'est fini pour ce premier chapitre. Nous espérons que vous avez aimé et que vous viendrez lire la suite.

A très bientôt.

Yellowstone69 et Arches67