Chapitre 4: Severus et Harry Parlent à Albus

Severus savait que Harry avait besoin d'être cajolé comme ça. Surtout avant le bouleversement émotionel que promettait d'être cette conversation avec Albus. Il passa doucement sa main dans les cheveux du garçon.

« Allez viens, debout Harry. Nous devons aller parler à Albus. » Severus savait que ça n'allait pas bien se passer, mais il savait aussi que ça devait se passer.

Harry soupira. Il ne voulait pas se faire de faux-espoirs s'il devait au final retourner chez les Dursley. Jusque là Severus avait tenu ses promesses, mais au final aucun adulte n'était vraiment digne de confiance. Avec cette idée en tête, il quitta les apartements de Rogue derrière son professeur.

A la moitié du couloir, Severus sentit une petite main essayer de se glisser dans la sienne. Baissant les yeux, il vit que les joues de Harry rougissaient et la main battit rapidement en retraite. La prenant dans la sienne, il releva les yeux mais garda son attention sur le petit garçon du coin de l'oeil. Quand il vit le sourire qui éclairait son visage, son cœur se réchauffa et il sut que le garçon commençait à lui faire confiance.

En arrivant à la porte du directeur, Severus leva la main pour frapper, mais fut interrompu par un « Entrez, Severus. ». Il secoua la tête au comportement du vieil homme, il aurait du se rappeler des sorts de protection autour du bureau.

Entrant dans la pièce, il leva tout de suite une main. « Ne commence pas Albus. Je suis venu te montrer que tu es allé trop loin cette fois. » Sur ces mots, il fit asseoir Harry en face du bureau du directeur et s'approcha de la Pensine. Il commença à extraire ses souvenirs, et sentit sa colère monter au fur et à mesure qu'il les voyait défiler. Après les avoir tous déposés un à un, il se calma et s'assit à côté de Harry.

« Albus, il faut que tu regarde ça. Regarde, et dis-moi comment on pourrait le laisser là-bas. » Albus avait l'air agité à l'idée de ce qu'il allait découvrir, il savait que ça devait être sérieux si Severus venait dans son bureau aussi tôt le matin. Avec un dernier regard résigné à Severus, il plongea dans la Pensine.

Severus tourna la tête vers Harry et vit son expression confuse.

« Ceci, Harry, est une Pensine. Ça permet à une personne d'entrer dans les souvenirs qui sont déversés dedans. »

Le regard de Harry s'éclairçit un peu, mais une autre question lui vint à l'esprit.

« Mais, Se-Severus, quels souvenirs avez-vous mis là-dedans ? »

« J'y ai versé les souvenirs que j'ai trouvés dans ton esprit, Harry. » Il s'attendait à recevoir des protestations, mais quand le garçon ne répondit rien il se pencha vers lui. Voyant des larmes dans les yeux de Harry, il prit l'enfant dans ses bras et le laissa pleurer sur toutes ses frayeurs passées.

Quand Harry s'arrêta, il leva les yeux vers Severus et lui sourit d'un air gêné. « J'ai encore mouillé votre chemise, Severus. » Le professeur rit en voyant l'expression du garçon. « Et bien j'imagine que je vais devoir m'y habituer alors. »

« Oui, j'imagine que ça va se révéler nécessaire Severus. »

Ils se tournèrent tous les deux vers la voix qui les avait interrompus et virent le Principal comme ils ne l'avaient encore jamais vu. Albus avait l'air vieux. L'étincelle dans ses yeux avait disparu et ils brillaient maintenant de larmes à peine contenues. Il fixa Harry d'un regard infiniment triste et s'agenouilla devant son siège.

« Je suis tellement désolé, mon cher enfant. Je n'avais vraiment aucune idée … je ne savais pas qu'ils étaient si mauvais. »

« Mais vous saviez qu'ils ne le traitaient pas bien, n'est-ce pas? » Les poings de Severus se refermèrent involontairement et ils prit une longue inspiration avant de faire face au Directeur.

L'enfant décida d'intervenir, « Non, Professeur, ce n'est vraiment pas si grave. Je vais bien. »

Les yeux de Dumbledore laissèrent échapper une larme, son chagrin grandissant encore.

« Oh mon enfant, que t'ai-je fait ? Je t'ai laissé avec ces monstres et tu penses que tout va bien ? » Albus se tourna vers Severus avec hésitation et, si les regards pouvaient tuer, il serait mort dix fois à ce moment. Avec un sourire forcé, il hocha la tête, autorisant enfin Severus à retirer Harry de chez les Dursleys.

Le regard meurtrier de Severus disparut doucement, remplacé bientôt par un air suspicieux. « Albus, que voulais-tu dire par 'Je vais devoir m'y habituer' exactement ? »

Le sourire d'Albus s'élargit et l'étincelle refit son apparence dans ses yeux gris.

« Et bien mon cher enfant, je pense que Harry devrait vivre avec quelqu'un qui a déjà vécu ce genre de choses, qu'en penses-tu ? »

Harry ne put retenir un cri de surprise, attirant l'attention des deux hommes et un resserrement de l'étreinte de Severus. Baissant les yeux, le professeur vit de la peine dans les yeux du garçon, mais, aussi, de la joie. Une joie qui parlait de son soulagement à l'idée de vivre avec quelqu'un qui se soucierait de son bien-être. Harry bâilla, se blottit plus profondément dans les bras de Severus et s'endormit immédiatement. Severus sourit de toutes ses dents et leva les yeux vers Albus.

Ses yeux étincelaient plus que jamais et son sourire aurait pu couper son visage en deux. « Oh, Severus, je crois que Harry pourra rester dans vos appartements pour les quelques heures de sommeil qu'il lui reste. Cependant il ne faudra pas que ceci se reproduise tous les jours. »

Les lèvres de Severus s'étirèrent en un sourire à peine retenu. « Bien sûr, Albus. Merci. » Il baissa les yeux et son sourire réapparut aussitôt. Il se leva avec le garçon dans ses bras et sentit Harry s'agripper à lui encore plus.

« Mais de rien mon garçon. »

Par chance, Severus ne rencontra personne dans les couloirs jusqu'à ses appartements, car ses murmures de réconfort à l'oreille du garçon auraient pu éveiller des soupçons.

« Ne t'inquiète pas, Harry. Sache que tu n'as plus rien à craindre maintenant. Je ne t'abandonnerai jamais, et tu ne retournera jamais chez les Dursleys. Tu es mon fils maintenant, Harry, mon fils. Je ne te forcerai jamais à y retourner. » Il déposa un baiser dans les cheveux de l'enfant.

Murmurant son mot de passe pour ne pas réveiller son précieux bagage, il porta Harry non pas jusqu'au canapé, mais vers sa chambre. Déposant le garçon sous les couvertures, il se glissa à côté de lui et l'entoura de ses bras.

« Bonne nuit Harry. Je serai toujours là pour toi mon fils, n'en doute jamais. »

« N'nuit, Se-Sev-Papa. » Harry sourit dans son sommeil et se tortilla pour se blottir plus près de son nouveau père. Severus resserra son étreinte, choqué par la réponse du garçon, mais il se détendit bientôt et le choc laissa place à de l'émerveillement, le professeur s'endormant avec un sourire identique à celui de son protégé sur les lèvres.