Le temps passe le chapitre sort pas, mais il fait chaud je suis pardonné. LA CANICULE DE MERDE.

En plus j'adore cet arc. Vraiment hein. Entre nous, le pire arc, c'est celui de Saké avec les vestiges, raté/20.

Pas le droit de critiquer Shane par contre c'est mon bébé. Parallèlement depuis qu'il est arrivé, la fic a doublé en views, alors j'imagine que son charme fait le taff. Ah, et oui, il va pas tarder à faire son grand comeback. Je vous laisserais juger son histoire... :)


Récapitulatif

Au cimetière, Aira et Stan ont une explication. Une confrontation qui sépare une amitié de longue date. De son côté, Delta tombe dans l'inconscience, prêt à revivre de vieux souvenirs oubliés par les limbes du temps.


Chapitre 218

Sauvez-moi

« Ce que j'aurais aimé... c'est changer ce monde. En grandissant, tu quittes la bulle parfaite, pour te confronter à la dure réalité. Ce que je cherche, moi, c'est que personne ne quitte cette bulle. C'est l'enfance. Tout le monde pourra bientôt revenir à l'enfance. Le monde sera meilleur. Tous les nuisibles seront tués. »

Delta ouvrit légèrement un œil.

Tout autour de lui, un décor se recomposa morceau par morceau. Il se revoyait sur ce lit, plus jeune, une cigarette dépassant de ses lèvres. Oh, il avait commencé cette horreur très tôt. Des critiques, il en avait entendu.

Sur la table de nuit, un cadre était décoré de plusieurs roses en papier. Une photographie de sa famille y était représentée. Il était l'adopté, le cadet, le garçon qui n'était pas désiré ; une mère nuisible et qui avait eu du mal à digérer que son mari, pourtant affectueux, fidèle et amoureux, ne revienne avec un bébé dans les bras sans nulle explication pour faire taire sa curiosité grandissante.

Au fil des années, cette charmante femme avait fini par l'aimer et l'élever du mieux qu'elle pouvait. Jusqu'à ce qu'elle perde la vie, assassinée et que son mari dévoré par le chagrin, ne la suive dans un acte désespéré. La corde au cou. De l'égoïsme, de prime à bord.

Matsuda n'avait pas connu ses véritables parents. Il n'avait par ailleurs jamais su qui ils étaient avec précision. Sa mère devait être morte. D'après son père adoptif, il s'agissait de sa propre sœur, autrement dit, la tante de ses véritables enfants. Ce qui faisait de lui un cousin. N'était-ce pas une meilleure position dans l'arbre généalogique, que le rejeton qui n'était cesse d'être rejeté ?

- Lyana, cesse d'importuner notre frère... rouspéta Dery.

Quel menteur. Il ne l'avait jamais véritablement considéré comme son frère. Pourtant, le sang qui circulait dans ses veines était au final le même que celui de Jinpei, allongé dans ce lit. La jeune petite, brillante enfant, pleine de vie et rayonnante, tout sourire, sautillait sur le matelas en tentant de faire réagir son grand-frère adoré. Une merveille de la nature.

Le concerné ne lui jeta qu'un oreiller au visage en guise de réponse. Il dissimula un rire entre ses lèvres en haussant les épaules fébrilement. Tu vas le payer frérot, répliqua sa sœur. Il plissa les yeux.

- Je me souviens. Elle était fabuleuse. D'une bonté et d'une générosité, commenta Delta.

Il ferma doucement les yeux. Ses paupières semblaient si lourdes. Comme deux enclumes qu'ils devaient supporter.

Peu à peu, tout l'environnement se désintégra dans un brouhaha. Une chambre d'hôtel et un cadavre. C'était celui de sa mère adoptive. Un garage et une corde autour d'une source de lumière au plafond. Celle qui avait guidé son mari dans l'au-delà. Puis le tonnerre, la pluie et la rencontre avec la mort dans des cauchemars incessants.

- Mais elle était condamnée... ! ajouta-t-il fatalement.

Une aura émanait de lui. La blancheur devient progressivement la noirceur.

Il ne pouvait pas la sauver.

La maladie la gagnait jour après jour et bientôt, elle rejoindrait ses parents dans l'autre monde. Celui qu'elle ventait auprès de ses frères pour tenter d'adoucir la peine à la nouvelle récemment partagée.

- Il doit y avoir un moyen, Lyana, dit Jinpei. Je suis sûre qu'on peut s'arranger.

- Et comment ? Tes études te permettront d'entrer dans la police, pas dans la médecine, tacla Dery.

Matsuda eut pour réaction immédiate de serrer ses doigts.

- L'examen d'entrée me permet d'entrer également dans une filière médicinale de la police. Je vais m'y engager et trouver des solutions pour sauver notre sœur. Je te le promets, Lyana.

Elle secoua la tête, heureuse.

- Une promesse... hein, ria Dery.

Le regard de son frère aîné ne le rassura pas. Il était froid. Il ne le croyait pas.

- Et il était faible, ajouta Delta. C'était mon frère, qui méritait son sort. Sa mort était nécessaire.

C'est ce groupe pharmaceutique qui l'avait engagé en voyant ses exploits au sein des brigades de police scientifique. Il avait bon espoir de pouvoir découvrir, au fil des mois, des moyens de combattre les maladies.

L'être humain était bon, n'est-ce pas ? Il y avait des solutions. Autrement qu'en amassant des fortunes colossales pour sauver des vies. Allons bon, y avait-il besoin de millions pour qu'une personne puisse continuer de vivre en ce monde ? Pourquoi tout coûtait aussi cher ?

Pourquoi la vie était-elle aussi cruelle ? Pourquoi sa sœur devait-elle mourir et pas les ordures qui peuplaient le monde ? Celles qui, en costume, dirigeaient secrètement l'économie d'un pays, des guerres dans des contrées lointaines, ou menaient des politiques désastreuses ?

Sa philosophie avait changé au fil du temps. Plus les années passaient et plus sa petite sœur développa les symptômes. Incurable, disaient les médecins. Mensonge, assura cet homme aux cheveux bruns. Un nom d'alcool. Pisco, s'il se souvenait bien, un comptable qui avait des actions dans ladite société médicinale qui, à en juger par les recherches, ne devaient pas être très populaire.

C'est dans cette même société qu'un certain Atsushi Miyano avait contribué au développement d'une drogue qui permettrait de réaliser le désir humain le plus convoité. Qui ne rêvait pas de pouvoir vivre aussi longtemps qu'il le souhaitait. L'autre projet, confidentiel, était discuté dans le cercle privé de ce qu'on appelait "l'Organisation".

- Il fallait nettoyer ce monde. Remettre les pendules à l'heure. Combattre la mort et la laisser s'abattre sur ceux qui le méritaient. Et permettre aux malades de pouvoir se soigner... gratuitement !

Dery n'était pas de cet avis.

Allongée sur le lit d'hôpital, le pronostic vital de la petite Lyana était déjà engagée. Quelques heures, ou jours si elle était chanceuse. C'était tout ce qui lui restait. Le premier fils avait d'ores et déjà quitté la pièce après avoir fait ses adieux à sa jeune sœur.

Lui, il s'était effondré sur le lit de la petite dernière de la fratrie, qui le regardait avec une lueur étincelante dans les yeux. Aux portes de la mort, elle n'avait ni peur, ni crainte. Juste un sourire attendrissant.

- Grand-frère, c'est normal de mourir, c'est l'élément naturel de la vie. Je rejoindrais nos parents et je vous attendrais avec eux. Mais s'il te plait, Jinpei, ne fait pas de bêtises, promis ?

- Lyana... soupira Delta en avançant sa main.

Son lui de l'époque lui sourit. Mais il n'était pas tout à fait sincère.

- Je suis le meilleur et je suis meilleur. Je vaux mieux que ça.

Le souvenir s'effaça.

Delta se retrouva seul dans une brume épaisse, ténébreuse, la noirceur de son âme le sombrant peu à peu dans cette folie d'une quête d'immortalité. Tout autour de lui, il ne pouvait distinguer aucune lumière. Seulement l'obscurité qui tapissait les lieux.

Sa voix se répéta indéfiniment dans un univers assurément vide. Nulle âme n'errait ici. Ce devrait être son esprit, son inconscience.

APOTOXINE 4869.

Le nom de ce médicament.

CELLULE D'ENQUÊTE.

Ce groupe qui luttait contre l'Organisation, dont il faisait partie. Un recrutement nécessaire. Une vocation à toujours faire mieux, mais de la plus mauvaise des manières. Une idée d'un monde meilleur, mais qui n'était pas applicable sous les conditions pour lesquelles il avait signé.

DELTA.

Son propre nom de code.

- Je déteste l'alcool ! cria Matsuda. L'alcool a tué ma véritable mère, l'alcool a tué ma mère adoptive qui n'a pas su se défendre, l'alcool a tué mon père qui s'est ôté la vie. Je déteste cette boisson du diable. Je la déteste de toute mon âme !

L'écho lui renvoyait son hurlement.

Puis tout autour de lui, une nouvelle fois, le décor changea. Modélisée, comme à l'époque, de la manière la plus fidèle qu'il soit. C'était l'appartement de Dery, qui avait ouvert à son frère, le menaçant de tout révéler à la police.

Tout avait été bien trop vite. Une réaction exagérée et l'huile sur le feu. Une tragédie inexplicable par la dureté de l'altercation, verbale comme physique.

- Tu as changé ! cracha-t-il à son visage. Quoique non... tu as toujours été fou. Tu as toujours été aveuglé par une vision irréaliste. On ne peut pas lutter contre la vie qui s'écoule, pauvre con !

Son propre frère aîné avait pointé une arme contre sa poitrine. Matsuda en était bouche bée.

- Qu'est-ce que c'est que ce groupe scientifique ? Tu es devenu fou, Jinpei !

- Tu n'as rien fait pour sauver Lyana. Tu n'as ni cherché à comprendre, ni à avoir l'argent pour payer un traitement, ni à l'aider dans ses derniers jours. Tu as préféré te barrer. C'est ta sœur, plus que la mienne, et tu t'es comporté comme un chien. Qui a l'âme la plus noire de nous deux, maintenant, hein ?

- Toi. Tu gagnes de l'argent noir. Tu travailles avec des scientifiques fous. Tu cherches désespérément à retrouver le passé et contrôler le futur. Un pur malade mental, un dégénéré. Tu n'es pas de la famille. Père aurait dû te laisser crever comme un chien dehors. C'est tout ce que tu méritais !

Jinpei n'attendit pas plus longtemps.

Son couteau transperça le cœur de son propre cousin. Celui-ci tira au même moment. La balle le toucha à l'épaule, mais la blessure n'était pas mortelle. Il le savait bien, après des années à étudier la médecine.

Dery s'écroula sur lui. Du sang coula le long de sa chemise, et ses yeux se fermèrent lentement.

- Regarde... ce que tu as fait, Jinpei... tu as détruit notre famille.

Matsuda fronça les sourcils.

- Je vais la sauver, au contraire. Je réécrirais le passé. Tu me verras faire de là-haut.

Delta baissa la tête.

- C'était nécessaire, comme tous les sacrifices. Je ne regrette rien. Ce n'était qu'un connard.

Une dernière fois encore, tout le décor changea.

Et il revit une ultime fois sa petite sœur sur ce lit mortuaire. Elle leva la main vers son grand frère, l'air désespéré.

Pour la première fois, des larmes ruisselaient sur ses joues. Ses yeux infatigables laissaient transparaître avant sa mort un air peiné. Une tristesse sans fin. Une douleur insurmontable. Elle quitterait ce monde, non pas avec la joie qui l'animait auparavant, mais avec un cœur brisé et une âme fragilisée.

Et le dernier sentiment qui la hanterait avant de succomber à sa maladie serait le regret. Le regret d'avoir accordé à un orphelin, un abandonné, un frère malgré tout, tout l'amour que ce dernier avait finalement renié au profit d'un avenir nuageux.

Elle aurait aimé souhaiter avant de perdre la vie que son grand-frère ne paye pour ses actes. Que la tempête l'emporte et qu'il perde tout ce qu'il possédait de bien. Mais le malheur des autres, jamais elle ne l'avait souhaité.

Lyana n'eut le temps de dire qu'une dernière phrase.

Une seule et unique, pourtant, il l'avait oublié. Il ne l'avait pas écouté. Trop aveuglé.

- Qu'as-tu dit ce jour-là... Lyana...

Il essayait de s'en souvenir.

- Jinpei...

Delta ouvrit grand les yeux.

- Jinpei...

« Réponds-moi je t'en prie... ».

- Reviens à toi, Jinpei... s'il te plait...

Il écarquilla les yeux.

- J'ai toujours été moi, je fais ça pour toi, pour un lendemain meilleur. Il faut que les choses changent. Lyana.

Tombant à genoux contre le sol, dans un océan de ténèbres, une larme roula au coin de son œil. Elle tomba de son visage attristé, sans vie, sans émotion, et forma le dernier souvenir auquel il assista avant de revenir à lui.

« Sauvez-moi... » avait-il dit à Anléas, à Akai, puis à Conan respectivement.

Deux des trois concernés ne l'avait pas fait.

Le dernier était peut-être bien sa dernière chance...

_._

Matsuda se redressa vivement. Un hurlement strident l'accompagna.

Il essuya, du revers de sa manche, son front trempé par la sueur. Une sueur froide. Le second de l'Organisation tremblait en repensant à ce qu'il venait de revivre, plongé dans l'inconscient, tandis qu'il serra les dents en ressentant une douleur électrique à la cuisse.

Une bande entourait fermement sa blessure. Elle était tâchée d'un sang sec. Cela devait faire une ou deux heures qu'il était à présent enfermé dans une cellule, à attendre impatiemment la suite des événements.

Avait-il perdu ? Il semblerait. Finalement, la Cellule d'Enquête avait réussi à le coincer. Après tant de temps.

Et, à présent, que comptaient-ils faire de lui ? L'emprisonner ? L'assassiner ?

Matsuda jeta un œil aux barreaux. Il constate que Shinichi n'avait pas bougé de la pièce. Ce même détective qui n'était pas à l'extérieur de la pièce, mais bien à l'intérieur, le trousseau de clés à la ceinture.

Il avait les bras croisés, et un rictus se dessina sur ses lèvres lorsque Delta remarque sa présence.

- Pff.

Juste un soupir venant du numéro deux.

- A quoi tu joues. Pourquoi t'es dedans. T'as pas peur ? Quand je veux, je t'assomme, je prends les clés, et je me casse, trou du cul.

- Alors fais-le. Voyons si Lyana, du paradis, t'accordera l'accès à cette terre sainte quand tu auras péri.

Une réponse fracassante qui lui fit volteface.

- Tu parles quand tu dors, Matsuda. J'ai mis du temps à comprendre ce que tu m'as dit, il y a un an et demi, au pénitencier, par ce talkie-walkie. Ce qu'Anléas, ou Akai, n'ont peut-être pas réalisé à l'époque. Alors à partir de maintenant, tu vas devoir t'habituer à ce que je t'appelle par ton prénom. Car à mes yeux, tu n'es désormais plus Delta.

- Et on va faire une marelle avec les enfants comme si de rien n'était, gamin, répliqua-t-il. Tu ne peux plus me sauver à présent. C'est trop tard. J'irais au bout des choses, je n'ai plus le choix, et j'en ai envie.

- Je te sauverais, dit sereinement le détective. Et je l'ai déjà fait. T'es-tu déjà demandé pourquoi tu n'as jamais été capable de me tuer. Pourquoi je n'ai jamais été capable de le faire. Parce que tu me comprends, et que je te comprends Jinpei. On est pareil toi et moi. Mais on agit différemment. Il est temps pour moi à présent de te tendre la main et de te sauver comme tu l'as déjà fait avec moi.

Matsuda le foudroya du regard.

- Un menteur, comme les autres.

- Pourquoi tu ne m'as pas assommé, pris les clés, et ne t'es-tu pas barré ? Pourquoi m'avoir averti que tu pourrais le faire ? Parce que toi, comme moi, on n'est pas des gens si mauvais. Répète-toi ça dans la tête en imaginant que ta petite sœur adoptive pense comme moi. Si tu fais les choses bien, peut-être auras-tu l'occasion de revoir ta mère.

La curiosité l'envahi.

Delta leva la tête, interrogatif.

- Tu es né d'une famille très aisée. Et ta mère...

Un son brutal vint interrompre leur discussion.

Le commissariat central de la capitale venait d'être privé de toute son électricité. Le bâtiment plongea dans le noir. Paniqué, Shinichi enfila une oreillette, essayant de dénicher une explication auprès de ses compères.

Mais pas de réponse. Uniquement un Delta ricanant machinalement.

- Ils sont là.


Et c'est parti pour le climax de l'arc, méhéhé.

Puisque la canicule se termine, je pourrais écrire le suivant plus vite. C'est trop chiant de taper un clavier sous 40 degrés, je vous l'assure.

Si vous êtes encore en vie, faites le moi savoir. Et on se retrouve la prochaine fois pour voir ce qui arrive à tout ce petit monde !

Merci à Yune, Naekki et Yuu pour leur review ! :3