Chapitre 14 : Au havre vert et argent (partie 1)

-OOOooo Corny oooOOO-

C'est anxieusement que Cornélius, accompagné de la jeune Amélia Bones et de Rufus Scrimgeour, se saisit du portoloin qui lui avait été envoyé en réponse à sa lettre pour le père adoptif du petit Potter – avec une date et une heure de déclenchement –.

Avec la jeune auror, ils avaient décidés de mêler le chef des aurors à cette étrange histoire, pour le cas où ce rendez-vous s'avérait être un piège. Car Melle Bones avait beau être une auror intelligente, elle n'en restait pas moins une aspirante, et elle reconnaissait que la présence d'un auror expérimenté allait être d'un grand secours en cas d'embuscade.

Scrimgeour avait d'abord voulu amener une pleine équipe d'aurors avec eux, mais Cornélius était parvenu à le convaincre que cela risquait de compromettre toute possible bonne relation avec le nouveau père d'Harry Potter. Ils s'étaient entendus sur un compromis entre les nécessités diplomatiques de Cornélius et les nécessités de sécurité de Scrimgeour : trois portoloins hautement sécurisés avaient été commandés au Département des Mystères.

L'heure de départ arriva enfin, et Cornélius posa son index sur la lettre – qui faisait aussi office de portoloin – pour sentir l'habituelle sensation d'être tiré par un crochet. Quand cela s'arrêta, Cornélius et les deux aurors se trouvaient dans un simple mais élégant salon. Un salon où personne n'était là pour les accueillir : ni "futur" père amical, ni mangemort. Le Ministre n'était pas sûr de savoir s'il devait s'en sentir indigné ou soulagé.

Pendant que Scrimgeour et Bones vérifiaient qu'aucun piège n'était caché dans la pièce, Cornélius s'approcha de la grande tapisserie qu'il avait rapidement repérée. Etonnement, l'arbre était peu fourni, ne montrant que trois générations, comme s'il s'agissait d'une jeune famille. Mais les couleurs du tissu étaient passées, et la tapisserie était clairement ancienne. C'était étrange, vraiment étrange.

« Rien de suspect, Monsieur le Ministre. » Annonça Scrimgeour. « A part, peut-être, les broderies douteuses de serpents sur le lapin en peluche abandonné dans le fauteuil. »

Cornélius ne répondit pas : il venait de remarquer un détail… troublant ? Époustouflant ? Étrange ? Quoi qu'il en fût, c'était perturbant. Tout simplement parce que c'était impossible. Il avait trouvé le nom d'Harry Potter – le seul de la troisième génération – et, juste au-dessus, celui de son père adoptif, Salazar Serpentard. Cela, en soi, n'avait rien de surprenant : Cornélius s'y était attendu. En revanche, la date de naissance du nouveau père était des plus choquantes : par Merlin, comment quelqu'un né en l'an 956 pouvait être encore vivant – preuve en était qu'aucune date de décès n'était indiquée sur la tapisserie – et adopter le Survivant ? Attendez… Cela signifiait-il qu'il s'agissait du VÉRITABLE Salazar Serpentard, quatrième fondateur de Poudlard ? Impossible ! C'était IMPOSSIBLE !

-Rufus, voyez-vous la même chose que moi ? Demanda Cornélius au chef des aurors, le regard toujours fixé sur la tapisserie.

-Quoi donc, Monsieur le Ministre ?

-Ça… Répondit le sorcier perturbé, pointant la date dérangeante.

-Qu'est-ce que… ?!

-Hum… Peut-être que la tapisserie est mal ensorcelée ? Proposa la jeune Bones, qui les avait rejoints.

Oui, c'était peut-être cela. Cornélius prit donc sur lui de vérifier les enchantements de l'étrange tapisserie – étonnant les deux aurors de par la complexité de certains de ses sorts, qu'ils ne l'auraient probablement pas cru capable de maîtriser –. Mais rien. La tapisserie ne semblait avoir aucun défaut d'enchantement.

« Je vous saurais gré de ne point endommager ma tapisserie familiale, Messieurs, Dame. »

Cornélius n'avait pas souvent été dans le bureau du directeur, mais cela ne l'empêcha pas d'instantanément reconnaître l'homme qui se tenait derrière lui comme le modèle de la seule et unique figure peinte non animée de Poudlard – la raison en était maintenant expliquée : le modèle était toujours vivant –. Le gros sorcier ne comprenait pas comment cela était possible, mais il se trouvait, de toute évidence, devant le véritable SALAZAR SERPENTARD !

-OOOooo Reg oooOOO-

Quand Regulus commença à émerger du sommeil – ou de l'inconscience ? Il ne s'en souvenait plus très bien – et à prendre conscience de son environnement, ses premières impressions furent d'être allongé dans un endroit chaud et douillet. Et que quelque chose de lourd était posé sur lui. Quelque chose de très lourd. Quelque chose qui le gênait pour respirer. Puis, il sentit un souffle chaud passer sur son visage. Un souffle chaud et humide. Et qui sentait la pastille à la menthe. C'étaient de très étranges premières impressions.

Finalement, après avoir tenté d'analyser tout ce qu'il pouvait, Regulus se décida à tenter d'ouvrir les yeux. Ses paupières papillonnèrent pour chasser le flou que son sommeil avait laissé derrière, avant que son regard ne plonge dans une paire d'yeux anthracite. La pensée « gris comme les yeux de Sirius » passa furtivement dans son esprit, avant qu'il ne se rende compte que le propriétaire de ces yeux était un chien. Un très gros chien noir. Et ce très gros et très poilu chien noir était ce qui le gênait pour respirer.

Soudainement, quelque chose de rouge, râpeux et humide passa sur son visage, y laissant une abondante dose de salive aux senteurs mentholées. L'animal laissa échapper un « Wouf ! » joyeux, avant de lui faire la fête, puis de s'assoir sur ses jambes. Toujours allongé dans le lit, Regulus ne fit rien d'autre que de s'essuyer le visage avec sa manche – beurk ! Il avait plein de bave de chien sur le visage ! –, avant de froncer les sourcils : quelque chose ne collait pas. Il se souvenait d'une grande souffrance et… et d'une attaque de légilimencie !

Regulus s'assit d'un coup, l'esprit soudain alerte. Ce n'était pas normal qu'il se retrouve dans un lit douillet alors qu'il était en "territoire ennemi". Sa baguette ? Où était sa baguette ? Le sorcier commença à chercher frénétiquement autour de lui avant de s'arrêter. Sûrement que la personne qui le retenait prisonnier lui avait enlevé sa baguette. Poussant un soupir, il s'adossa contre ses oreillers. Comment allait-il se sortir de là ? Et il lui fallait aussi retrouver Sev', Lucius et Lupin. Les trois autres allaient-ils bien ?

Un poids disparut soudain des jambes de Regulus, ramenant l'attention du jeune homme sur son compagnon de chambrée. Le gros chien noir qui l'avait réveillé plus tôt s'était levé et était descendu du lit, se dirigeant vers un des meubles de la chambre. Le sorcier observa l'animal prendre quelque chose dans sa gueule et revenir vers lui. Le chien sauta sur le lit, lâcha son butin dans les mains de Regulus, et se rassit sur les jambes du sorcier, la langue pendante et la queue battante. Regulus cligna des yeux en fixant l'objet dans ses mains. Sa baguette. Ses ravisseurs lui avaient laissé sa baguette.

« Heum… merci ? » dit le sorcier avec hésitation, lançant une œillade à l'animal. Cela lui fit gagner une nouvelle léchouille baveuse et un instant de fête. Cette fois, Regulus ne put s'empêcher de rire doucement de toute évidence, il s'était fait un nouvel ami. Toutefois, même si la situation n'était pas aussi dramatique qu'elle ne l'avait semblé – son geôlier était un joyeux et sympathique chien, et, surtout, il avait toujours sa baguette –, il lui fallait retrouver Lucius, Severus et Lupin. Et le petit Harry Potter aussi.

« Bon, il est temps de retrouver les autres », dit-il au chien, qui lui répondit d'un « Wouf ! » joyeux, et se dirigea vers la porte de la chambre, la queue battante. Regulus, de nouveau aux aguets – bien qu'on lui ait, étrangement, laissé sa baguette, il venait tout de même de se réveiller d'une violente et puissante attaque de légilimencie : il se trouvait donc probablement en territoire hostile –, le suivit et fixa la porte de la chambre, indécis. Était-elle piégée ? Bardée de sorts de verrouillage ?

Prudent, Regulus décida de lancer un sort de révélation sur la poignée de la porte. Rien. Un second, lancé sur la porte entière, montra le même résultat : rien. La personne qui détenait le petit Potter s'était-elle vraiment contentée de verrouiller la porte à clé, sans aucun autre dispositif pour l'empêcher de s'échapper ? Alors qu'il avait sa baguette ? De toute évidence non : la porte n'était même pas verrouillée du tout, et ce fut à peine si Regulus eut besoin de tourner la poignée pour qu'elle ne s'ouvre sur un couloir aux murs à moitié lambrissés d'ébène, et à tapisserie verte clair.

Le jeune sorcier hésita à s'aventurer hors de sa chambre c'était facile, bien trop facile. Même un gryffondor serait certainement d'accord avec lui là-dessus et trouverait cela louche ! Mais cela ne semblait pas être le cas du gros chien noir, qui sortit de la chambre sans problème, et poussa Regulus dans le couloir par la même occasion. Comme rien de néfaste ne se passa – non, Regulus n'avait pas retenu sa respiration, et non, il ne poussa pas de soupir de soulagement une fois indemne dans le couloir –, Regulus décida de chercher ses compagnons et/ou de recueillir autant d'informations que possible.

Il ne tarda pas à faire sa première trouvaille. En effet, de faibles gémissements, provenant de la première pièce à gauche de "sa" chambre et assourdis par la porte, pouvaient être entendus quand on passait à côté – et que l'on guettait le moindre bruit, comme c'était le cas de Regulus –. Prudent, le jeune sorcier vérifia qu'aucun piège n'était posé sur la porte – quel dommage qu'il ne connaisse pas ce sort qu'utilisait les aurors pour voir à travers les portes et/ou les murs : cela lui aurait permis de voir ce qui se trouvait dans la pièce en prenant moins de risques – avant de s'y aventurer.

La pièce était une chambre similaire à celle où il s'était réveillé, avec une tapisserie blanc crème et des meubles en ébène. Les gémissements provenaient d'un homme assit dans le grand lit. Un homme aux longs cheveux blonds, presque blancs. Lucius ?! Qu'est-ce qui avait bien pu mettre le fier aristocrate dans un tel état ? Il ne fallut qu'une seconde à Regulus pour deviner la réponse à cette question : Lucius devait, lui-aussi, venir de se réveiller de l'illusion. Rien qu'en se remémorant les scènes qui avaient assailli son esprit il y avait peu – était-il resté inconscient longtemps ? –, Regulus fut parcouru d'un frisson c'était une expérience qu'il ne souhaitait absolument pas réitérer, que ce soit sous forme d'illusion ou dans la réalité.

« Lucius ? » Appela Regulus en s'approchant de son ami. « … Lucius ? » Le blond leva la tête, révélant un visage dévasté par le chagrin. L'homme eut besoin, sembla-t-il, de quelques instants pour reconnaître le jeune Black, et quand ce fut le cas, une nouvelle vague de larmes dévala le visage de Lucius, sa bouche s'ouvrant et se fermant comme si les mots refusaient de sortir. Finalement, seul un « Regulus… » plaintif parvint à franchir ses lèvres.

-Lucius… – Regulus hésita, choqué de voir Lucius dans cet état. – Écoutes, quoi que ce soit que tu aies vu, c'était une illusion : nous sommes tombés dans un piège dans le jardin.

-Une illusion… Dra… Draco…

-Est en excellente santé, chez Lupin.

-Chez Lupin… mais Cissa…

-Est avec Draco, chez Lupin elle aussi.

-Chez Lupin… ils… ils vont bien… alors ?

-Oui, ils vont bien, et tu les reverras dès que l'on rentrera de la mission "Sauver Harry Potter".

-Le Seigneur des Ténèbres…

-N'a pas encore trouver le moyen de revenir.

Le regard du blond resta fixé sur Regulus quelques secondes avant qu'il ne s'adosse dans ses oreillers, les yeux fermés. Regulus ne doutait pas une seule seconde que son ami avait besoin d'un peu de temps pour se remettre les idées en place. C'est pourquoi il resta silencieux, assis au bord du lit, se contentant de lancer de fréquents regards inquiets au Lord Malfoy. Chaque fois que le regard du cadet Black se tournait vers son ami, le chien noir, dont la tête reposait sur les genoux de Regulus, lui léchouillait les doigts – en signe de soutien ? –.

Finalement, après un long moment – à peine plus de vingt minutes, en vérité –, Lucius se fut suffisamment repris pour que ses instincts serpentards s'intéressent à la situation dans laquelle ils se trouvaient. Toujours les yeux fermés, il commença à interroger Regulus.

-Donc, quelle est la situation ?

-Pas trop mauvaise, en vérité. Répondit Regulus.

-Pas mauvaise ? Répéta Lucius, ouvrant finalement les yeux pour lancer un regard plus que sceptique à son jeune ami.

-Pas mauvaise : nous avons nos baguettes, et les portes de chambre sont ouvertes et dépourvues du moindre sortilège.

-"Ils" nous ont laissé nos baguettes ?! S'exclama Lucius – apparemment pas encore assez remis pour maintenir son masque de serpentard froid –, jetant un regard vers sa table de chevet où, effectivement, sa baguette l'attendait patiemment. Et les portes sont ouvertes… C'est…

-Suspect, en effet. Coupa une voix qu'ils connaissaient tous deux très bien.

Severus s'était, de toute évidence, lui aussi réveillé, et il ne semblait pas trop perturbé par l'illusion qui l'avait frappé, quelle qu'elle ait été. Peut-être s'était-il lui-même aperçu de ce qui les avait assaillis et avait pu s'en protéger : il était, après tout, bien plus doué en occlumencie que Regulus.

-Mais peut-être pas autant que le fait de croiser un ami normalement mort et enterré depuis déjà sept ans. Continua-t-il, faisant pâlir les deux autres.

-… Sev'… Commença Regulus.

-C'est bon, ça peut attendre : ce n'est ni le lieu, ni le moment. Et puis, ce n'est pas si surprenant que cela quand on sait que Lucius était en charge de ton exécution.

Un moment de silence flotta entre les trois hommes – et le chien –, avant qu'ils ne décident de mettre en commun toutes les informations qu'ils – surtout Regulus et Severus, en fait – avaient pu trouver. Regulus fut surpris que Severus ne se soit pas rendu compte qu'il s'agissait d'une illusion… quoi que, lui-même ne s'en était rendu compte que par chance. Cela le rendit curieux de savoir comment son ami avait pu se remettre aussi facilement des horreurs de celle-ci sans savoir cela… pas qu'il irait lui demander, cela dit : sans compter le fait que cela pourrait blesser son ami, Severus était, de toute façon, bien trop serpentard pour révéler de telles informations.

Il ne leur fallut pas longtemps pour conclure que le ravisseur d'Harry Potter était un sorcier noir : la légilimencie était référencée comme de la magie noire par le Ministère, et ne pouvait être utilisée que dans un cadre très strict et réglementé aucune famille lumineuse ne l'utiliserait. Surtout pas pour torturer des gens. Malgré tout, il leur fallait sauver le petit garçon, et explorer la maison qui, malgré la négligence suspecte de leur geôlier, devait cacher d'autres surprises comme celle du jardin. Ce fut alors qu'ils se décidaient à se mettre en chemin que cela fit tilt dans la tête de Regulus :

-Au fait, ne devrait-on pas d'abord partir à la recherche de Lupin ?

-Oh ! Firent les deux autres.

-Loup-garou stupide. Ajouta Severus.

A cela, le chien noir, qui avait été très silencieux jusque-là, se mit à grogner, babines retroussées. Son attention semblait maintenant être exclusivement tournée vers Severus, e était clairement hostile. Étrange, qu'est-ce qui avait pu le faire réagir ainsi ?

-Eh ! Du calme ! Dit Regulus en s'accroupissant près de l'animal, espérant le calmer à coup de caresses.

-Mais d'où sort cette sale bête ? Demanda Severus, déclenchant des aboiements furieux – clairement, le maître des potions l'énervait –.

-Tu n'arranges pas les choses, Severus ! Reprocha le cadet Black.

-Reg', c'est toi qui l'as amené ici, non ? Fit remarquer Lucius. Où l'as-tu trouvé ?

-Il était dans ma chambre quand je me suis réveillé. Répondit Regulus, tentant toujours de calmer le chien.

-Peu importe, que quelqu'un fasse taire ce sale cabot ! Grogna Severus.

-Qu'est-ce qu'il se passe ? Est-ce que tout le monde va bien ? Demanda une nouvelle voix.

Cela ramena instantanément le silence dans la pièce. De toute évidence, Lupin les avaient retrouvé. Et le chien devait beaucoup l'intriguer, car il semblait ne plus vouloir le lâcher des yeux. Après une demi-minute où le loup-garou resta figé, Lupin saisit finalement sa baguette, et la pointa – avec beaucoup d'hésitation – en direction du chien.

-Qu'est-ce que tu fais là ? Et qu'as-tu à voir avec l'enlèvement d'Harry ? Demanda-t-il finalement, les sourcils froncés.

-Lupin, tu partages certainement beaucoup de caractéristiques avec ce clébard, mais je ne pense pas qu'il sera en mesure de répondre. Fit remarquer Severus avec un reniflement à la fois moqueur et dédaigneux.

-Ce n'est pas un chien, répondit le gryffondor, c'est Sirius !

Le silence flotta à nouveau pendant quelques secondes dans la pièce, avant qu'un doux "POP" ne se fasse entendre. Et, soudainement, les bras de Regulus n'étaient plus autour du cou du gros chien noir, mais autour de celui de son grand frère, Sirius. Ça expliquait l'haleine mentholée.

-OOOooo Ryry oooOOO-

Pendant que son papa attendait dans le salon pour accueillir les invités du Ministère, et qu'Oncle Siri – Patmol – veillait sur les invités surprise du jardin – surtout sur Oncle Regulus, en fait. C'était le petit frère d'Oncle Siri, donc Harry avait décidé qu'il serait son oncle aussi –, Harry jouait sagement dans sa chambre. Il avait délaissé, un peu plus tôt, son jeu de cubes, ainsi que son joli livre d'images de créatures magiques – il les avait bien rangés à leur place : il ne voulait pas être comme son cousin Dudley, donc il ne laissait jamais traîner ses jouets –, et était désormais en train de jouer à son jeu favori : être le meilleur maître des potions du Monde.

Soudain, de lourds aboiements se firent entendre, le faisant lâcher une fleur d'aconite-feutrine de trop dans son petit chaudron, avec pour résultat de faire s'élever un petit nuage de fumée violette au-dessus du récipient – sa potion avait explosée ! –, et ses faux ingrédients de réapparaître dans son "kit de potion". Une moue boudeuse apparue sur le visage de l'enfant. Pourquoi Patmol faisait-il autant de bruit ? Il lui avait fait louper sa super potion ! Décidant que cette irritante situation se devait d'être éclaircie, Harry se leva et se dirigea vers le vacarme.

Le temps qu'il arrive sur les lieux, les aboiements s'étaient arrêtés, et avaient été remplacés par des cris de colère. Harry s'arrêta immédiatement lorsqu'il s'en aperçut, et se mit à trembler légèrement. Il n'aimait pas les gens en colère. Et il aimait encore moins les gens en colère qui criaient. L'Oncle Vernon criait toujours lorsqu'il était en colère – et son visage devenait rouge, puis violet –. Et ensuite, Harry avait mal. Toujours. Et beaucoup.

Alors qu'il tentait de retenir ses sanglots, le petit garçon sentit une présence se faire connaître à la frontière de son esprit. Une présence très familière qu'il reconnut instantanément : son papa était là pour lui, et lui envoyait un fort sentiment de sécurité. C'était vrai : il était à la maison, SA maison, et son papa était là aussi rien ni personne ne pouvait lui faire de mal ici. Rassuré, Harry prit une grande inspiration, cligna des yeux pour chasser les larmes qi avaient commencée à s'y agglutiner, et reprit son chemin.

Quand il entra dans la pièce d'où venaient les éclats de voix, Harry vit que les quatre invités surprise du jardin étaient réveillés et s'étaient rassemblés là. Les cinq adultes étaient tellement occupés par leur dispute qu'aucun ne remarqua sa présence dans la pièce. Quand son parrain insulta le monsieur aux cheveux gras et au nez moche de "Servilus" – Harry ne connaissait pas la signification de ce mot, mais au vu du ton employé par son Oncle Siri, ce n'était certainement pas gentil ! –, le petit garçon décida de faire connaître sa présence – et son désagrément à entendre tant de vilains mots –.

« Ce n'est pas bien de dire des vilains mots aux gens, Oncle Siri ! Tu te comportes comme Dudley ! » Gronda l'enfant, les mains sur les hanches.

Les cinq adultes se tournèrent tous vers lui d'un coup, le faisant sursauter, et 'Nard… non, Lunard – Patmol lui avait appris à bien prononcer les noms – murmura un doux « Harry ! ». Mais, avant que l'un d'entre eux ne réagisse, Harry changea de posture, croisant ses petits bras devant lui, et dit avec autorité : « Tu devrais t'excuser, sinon tu devras aller au coin. C'est la maîtresse qui l'a dit ! »

Oncle Sirius gloussa un peu, avant de s'excuser – pas très sincèrement – auprès du monsieur aux cheveux sales. Le dit monsieur fit simplement un reniflement dédaigneux, avant de retourner son attention vers Harry. Un frisson de terreur parcouru rapidement le petit garçon le regard du monsieur lui rappelait un peu celui de la Tante Pétunia, et Harry était sûr que le monsieur ne l'aimait pas.

Un silence un peu tendu s'installa dans la pièce, Harry étant tétanisé par le regard froid du monsieur aux yeux très noirs, et les quatre invités surprise du jardin semblant hésiter sur la conduite à tenir. Heureusement, l'Oncle Siri récupéra rapidement sa bonne humeur habituelle – même si Harry n'était pas certain qu'elle fut partie à un moment donné –, et brisa joyeusement le silence.

« Harry, laisse-moi te présenter nos invités surprise : tout d'abord, même si tu le connais déjà, voici Remus – « Bonjour Lunard ! » Salua le petit garçon, faisant sourire le loup-garou –. Ensuite, voici mon adorable petit frère Regulus – à cela, le jeune homme regarda son grand frère d'un air très surpris, avant de poser un regard non moins surpris sur Harry quand celui-ci salua "Oncle Regulus" –. Voici Lucius… euh… qui travail au Ministère ? – Lucius confirma d'un hochement de tête avant de gracier Harry d'un de ses rares sourires quand celui-ci le salua d'un « Bonjour Monsieur Lucius » – et, enfin, voici Serv… hum, Severus – un rictus machiavélique apparut sur les lèvres de Patmol –, qui est Maître des Potions. »

Harry s'arrêta dans son début de salutation à la mention du statut de Monsieur Severus. Maître des potions ? Maître des potions ! Les deux orbes émeraudes qu'étaient les yeux d'Harry s'ouvrirent en grand, capturant toutes les étoiles de l'univers, qui commencèrent à y scintiller follement. Et le petit garçon, oubliant tout du regard pétuniesque de Monsieur Severus, se planta devant l'homme et lui saisit le devant des robes, avant de débiter à toute vitesse – et avec quelques fautes syntaxiques et grammaticales – toute une série de questions à propos des potions. Une série de questions qui se termina pas « et quand je serais grand, je serais le plus meilleur Maître des potions du Monde, comme mon papa ! »

Harry, excité à l'idée de discuter potion – Harry adorait les potions, presque autant que le chocolat ! –, sautillait sur place, les mains toujours accrochées aux vêtements noirs de Monsieur Severus. Tout à sa joie, il ne vit pas la confusion se peindre sur le visage des quatre invités à la mention de son père. Il ne manqua toutefois pas la réponse que l'homme lui donna, sur un ton somme toute dédaigneux :

« Je ne me souviens pas que James Potter est un jour montré un quelconque talent en potion. » Monsieur Severus regarda droit dans les yeux d'Harry, avant de reprendre avec plus de douceur : «Lily, en revanche, y était particulièrement douée… »

Le petit garçon fixa l'adulte aux cheveux gras en clignant des yeux. Monsieur Severus pensait qu'Harry parlait de son papa James ? Ce n'était pas le cas : Harry savait que son papa James était un maître en métamorphose – Oncle Siri le lui avait dit – ! D'ailleurs, une fois qu'Harry serait le meilleur Maître des Potions du Monde, comme son papa Salazar, il allait devenir le meilleur Maître en Métamorphose du Monde, comme son papa James ! Par contre, Monsieur Severus semblait savoir des choses sur sa maman Lily – pas qu'Harry ait une autre maman que sa maman Lily – peut-être qu'il allait lui parler d'elle ? Harry aimerait beaucoup cela !

Un timide sourire remplaça celui excité qui avait habité les lèvres du petit garçon, avant qu'il ne s'adresse de nouveau au maître des potions : «Je ne parlais pas de mon papa James, mais de mon papa Salazar. Mais tu voudras bien me parler de Maman un peu, s'il te plaît ? »


Et voilà le chapitre promis! Merci d'avoir pris le temps de lire, et pour les reviews!

Prochain chapitre (15): Au havre vert et argent (partie 2)

PS pour Lily Free: non, personne ne traduit ma fic, donc tu ne la trouvera qu'en français. Si tu te sens d'essayer, fais toi plaisir! (penses juste à me prévenir)