Résumé complet : A l'approche de Noël, à Londres, une femme se jette par la fenêtre de son appartement, près du Chemin de Traverse. Severus Snape, détaché auprès des Aurors, est envoyé avec son partenaire sur les lieux. Il y découvre Hermione Granger, médecin de la jeune femme, qui devient aussitôt suspecte –d'autant plus que le Bureau des Aurors a une dent contre elle…

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« Cho »

Non. Pas encore.

La voix s'élève légèrement, partout ou nulle part.

« Cho »

C'est un souffle. Cette fois, maintenant, c'est la petite fille.

« Je sais que t'entends, même si tu parles pas. Même là, tu mens. T'es méchante. »

Je ne veux pas entendre ça. Pas question.

Elle se redresse doucement, sur le lit.

Elle est seule, comme toujours, lorsqu'elle parle.

Alors, elle regrette de ne pas avoir ramené quelqu'un –n'importe qui. Comme chaque fois qu'elle est seule, elle regrette de l'être.

Même si elle ne parle pas chaque fois, Cho reste éveillée pendant des heures, craignant de l'entendre. Ce qui est le cas… Plus de la moitié du temps, lorsqu'elle est seule.

« T'es toute seule alors tu dois écouter ! »

Non. Non. Je ne veux pas. Ca suffit.

Elle se tourne sur le ventre, enfouit sa tête dans un oreiller, et rabat l'autre par-dessus. Elle sait que ça ne change pas grand-chose, mais elle l'entendra moins. Un peu moins.

Mais peut-être que ça aussi, elle se l'imagine.

Si elle cherche, elle ne trouve rien. Ou plutôt, personne. Parfois, une chaise a bougé.

Peut-être que ça aussi elle se l'imagine. Peut-être qu'à un moment ou un autre, en plein délire, elle prend une chaise et la met face à une porte d'entrée.

Mais le docteur Granger lui a dit qu'elle n'est pas folle, qu'au vu de la situation…

« Cho, tu peux pas m'ignorer. Tu peux puuu… »

La voix de petite fille garde le son longtemps, puis s'évanouit. Puis c'est l'adolescente.

« Cho, chuis là. Tu sais que tu peux pas faire semblant. Tu m'entendras toujours. C'est ta faute si je suis morte, pétasse. »

Non. Non. Je voulais pas. J'ai essayé de te…

« Tu m'as laissée là-bas ! Tu m'as laissée. C'est ta faute. T'as pas tenu ta promesse… »

La petite fille enchaîne immédiatement.

« Alors c'est toi la menteuse ! Maman disait que c'était moi, mais c'était toi. »

Le coussin ne sert à rien. Elle le jette loin, enfin, elle essaie. Le tissu rose heurte une fine bougie enserrée de verre, sur la table basse, qui vacille puis va s'écraser sur le parquet. Un 'clac' net retentit lorsque le verre se fend.

« Tu m'écoutes, grande sœur ? Je sais que tu m'écoutes. Y a pas autre chose à faire, si t'es seule. »

Non. Non… Non !

Elle aurait dû en ramener un –n'importe lequel. Le livreur qui avait déposé le repas –il avait regardé son décolleté, le vieux avec son fléreur, devant Fortarôme –peut-être qu'elle aurait pu passer un coup de cheminette à un ex.

Peut-être qu'elle aurait pu…

« Cho. Tu viens avec moi ? »

Non. S'il te plaît…

« Viens ! Tu pourrais tenir ta promesse… »

Elle saute du lit. L'odeur l'assaille.

NON !

Pas ça. Pas en plus.

Si elle avait ramené un homme… Oui, il la salirait, et son corps l'aurait dégoûtée, et…

Mais ça aurait été mieux que… Xi. Que l'entendre, elle.

La voix ne s'arrête pas.

« Tu avais dit que tu m'aiderais. Tu avais dit qu'il me ferait plus de mal. Et tu es partie. Après il a continué, tu sais ? C'est ta faute. »

Elle se tait.

L'odeur est là, fleurie, mais métallique. Superbe et férale.

Mortelle.

La petite Xi reprend.

« C'est ta faute, c'est ta faute, c'est ta fauuu-teuuuh » comme une chanson méchante de sale gosse.

« Tais-toi ! »

Le rire s'élève, remplaçant le semblant de chanson.

« Bah non, j'ai raison ! Tu viens, maintenant ? C'est l'heure de faire qu'est-ce t'as diiit ! »

Non. Non. Non.

Il faut qu'elle fasse ce que le docteur a dit…

Elle se dirige vers la cheminée –courage courage courage- tentant d'ignorer l'éclat métallique des fleurs.

« Rien de tout ça n'est réel, c'est mon sentiment injustifié de culpabilité qui me torture. Rien n'est réel, tout va bien… »

Elle le répète sans fin, alors que l'adolescente –celle que sa sœur n'a jamais pu être- reprend. Pas moyen de se rappeler de la phrase du Docteur Granger. 'Ce n'est pas réel, c'est…' Elle ne sait plus.

La cheminée… Il faut qu'elle l'appelle.

Par réflexe, elle attrape son peignoir de soie brodée avant d'avancer vers la cheminée.

Sous ses pas, les pétales craquent et l'odeur en devient bientôt plus agressive encore. La cheminée est là –proche, proche, proche- il ne reste que quelques pas…

« Je t'aimais, Cho. Je t'aimais et tu l'as laissé me faire ça. C'est ta faute si je suis morte. T'aurais pu m'aider… »

Elle se laisse tomber à genoux devant l'âtre, attrape le pot de porcelaine blanche et bleue contenant la poudre de cheminette, l'ouvre et…

Une lumière verte éclate dans la cheminée. Le joli visage du docteur Granger apparaît dans les flammes, ses cheveux sont serrés en chignon. Deux petites boucles rondes parent ses oreilles.

« Melle Chang. Que comptez-vous faire ? »

La voix agréable et… Conciliante… A disparu.

Elle est froide, et semble tendue.

« Docteur, je…

-Que comptez-vous faire ?

-He…

-Alors quoi, Chang, tu vas continuer à fuir ? A ignorer tes perversions ? Tes fautes ? »

La petite fille, derrière, rit méchamment.

« Elle a raison, la madame docteur. Pourquoi tu viendrais pas avec moi ? Tu tiendrais enfin tes promesses, et tu t'occuperais de moi… »

Comme une poupée de chiffon tirée par des fils, Cho se lève, et se tourne. Le salon voit son sol –tapis et parquet- recouvert de roses d'acier.

Leurs roses d'acier.

L'odeur, enivrante, entêtante, étouffante, l'étourdit un instant.

« Xi…

-Oui, Cho ?

-Tu chanteras encore ? »

La petite rit, un rire adorable et mignon de petite fille espiègle.

« Oui. Et on fera des fleurs ! On en fera une avec du bronze et elle sera plusse belle ! »

Elle se tait quelques instants.

« Cho, tu viens ? Dépêche-toi ! »

Derrière elle, le Docteur Granger renchéris.

« Il serait plus que temps de faire face à vos réalités, Miss Chang. »

Elle traverse le salon. Les pétales d'acier se rompent sous ses pas, les épines l'entaillent, puis elle atteint les portes-fenêtres.

Elles sont censées être fermées, mais s'ouvrent immédiatement.

Elle repousse les battants, s'avance. Le sol gelé, elle ne le sent pas.

Elle pose lentement son pied sur la première marche, puis s'élève lentement.

Quelques pas. Encore quelques pas.

Derrière, dans le salon, Xi reprend parole.

« Dépeche-toi, Cho ! Allez ! »

Alors, elle saute.

Six secondes plus tard, son crâne éclate sur les pavés de la rue.

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Plus loin, dans un élégant salon, la silhouette esquisse un signe de victoire. La femme, près des flammes vertes, tremble.

L'autre silhouette finit sa petite danse de joie puis câline du bout de sa coûteuse chaussure de cuir italien le pied de son fauteuil, avant de s'y installer.

« Parfait. Nous y sommes. A présent… »

Le fauteuil couine un peu, le pied tapote le sol silencieusement –l'épais tapis d'orient étouffe le bruit.

« … Fais venir cette salope. »

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Note de Sockscranberries : Houla ça commence bien ton histoire dis donc ! Tu as une dent contre Cho Chang ou je me trompe ? ^^

Bref, j'ai quand même envie de voir où tout ça va mener, et qui se fait passer pour Hermione… Vivement la suite !

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Ae : Pas spécifiquement mais je l'aime pas XD

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Note de Sevy4eveR : Bon, nous voilà repartis pour de nouvelles aventures ^^

C'est un chapitre bien mystérieux, j'ai hâte d'en connaître un peu plus. Pour le moment, je nage en plein flou artistique... j'espère que le chapitre suivant éclairera un peu ma pauvre lanterne si malmenée par cette vilaine auteur qui aime tant nous torturer ^^

Et bien, c'est du bon boulot... comme toujours, hein !

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Ae : Honnêtement sur cette fic, ça va être long et va falloir pas mal de temps pour avoir de 'vraies ' réponses. En même temps c'est un polar alors j'ai le droit XD