Bonjour tout le monde ! Et oui, je n'ai pas trop tardé cette fois ! Je ne dirai que peu de chose à propos du contenu de ce chapitre, si ce n'est qu'il devrait plaire à certains (du moins je l'espère !) car il m'a donné du fil à retordre bien que j'ai pris grand plaisir à l'écrire. Je vous laisse lire, n'oubliez pas de reviewer à la fin, ça me motive !

Je remercie d'ailleurs Haleth6 et La Plume d'E (que je pardonne volontiers pour le côté fantomatique haha cela va de soi voyons) pour leurs reviews sur le dernier chapitre qui m'ont bien motivée à écrire ce chapitre ! Veuillez m'excuser s'il y a d'éventuelles fautes.

Toujours la distinction des langues (invisible hélas sur Google Chrome) :

Normal : Commun.

Gras Italique : Langue de Tebryn.

Italique : Langue elfique.

Musique conseillée pour le duel : Kajiura Yuki - Luminous Sword (Sword Art Online OST).


Chapitre 30 - Premier baiser

*PDV Naessë*

Je chevauchai derrière la petite troupe, ayant nullement l'envie d'affronter le regard d'Aragorn, de Gimli ou pire encore celui de Legolas. J'avais au contraire une envie irrépressible de pleurer une bonne fois pour toute. Ma magie noire s'était réveillée et irradiait ma main d'une douleur lancinante, m'obligeant à tenir mes rênes qu'à une main. Mais Kathala était docile, elle semblait comprendre que ce n'était pas le moment de mal se comporter. Je la caressai, la remerciant de sa gentillesse aujourd'hui. Elle avait toujours été douce avec moi, excepté lors de son dressage. Mais une fois qu'elle m'eut accepté comme sa cavalière, elle ne fût plus jamais ombrageuse.

Nous arrivâmes bientôt à la lisière de la forêt, vers ce passage secret qui menait jusqu'à Imladris. Jusque là, aucun ennemi en vue. Nous pensions qu'ils avaient au moins laissé un éclaireur quelque part mais s'il y en avait un, il était rudement bien caché. J'avais de la peine à réfléchir à se qui se passait, trop tourmentée par ce qui venait de se passer. Il pensait que je l'aimais, et quelque part au fond de moi, je savais qu'il avait raison.

Combien de fois avais-je pensé à lui en prison ? Combien de fois lui avais-je sauvé la vie ? Au début, je pensais que c'était seulement parce que je refusais de voir quelqu'un mourir, mais je commençais à réaliser que c'était en fait parce que c'était lui. Je l'avais veillé toute la nuit après l'horrible agression dont il avait fait l'objet. Avant de réaliser que j'allais devoir mourir, je m'étais demandé ce qui se passerait une fois la guerre terminée, quelles amitiés resteraient nouées à jamais. Je croyais que Legolas en faisait parti. Mais apprenant ma mort imminente, j'avais entrepris de ne plus y penser. Mais à chaque fois que je le voyais me contempler avec ses yeux gris, j'y pensais et la notion d'amitié devenait floue, laissant place à des sentiments que j'ignorais posséder.

Il était agaçant certes, mais il semblait lire en moi comme dans un livre. Ce qui le rendait encore plus agaçant. Il devait sans doute me trouver bien sotte de m'être attachée à lui. Et je priais qu'il n'en soit pas de même pour lui. Les elfes n'ayant qu'un seul et unique amour, si je mourrais, il deviendrait aussi froid que son père ou pire encore. Et à cela, je ne pouvais me résoudre.

« Que d'espace ! Notre armée sera bien à son aise ici ! N'est-ce pas Naessë ? », lança Iniel depuis le devant de la troupe. Je songeais un instant lui dire ce que je venais d'avouer à Legolas mais je ne pouvais pas. Si je le faisais, ce serait une personne de plus qui essaierait de me barrer la route dans mon plan. Or mon plan allait fonctionner, j'en étais plus que certaine. Même Aragorn n'avait pas été difficile à convaincre. D'ailleurs je le soupçonnais en ce moment même de convaincre Legolas à ce sujet.

Je passais devant eux sans leur adresser un mot pour retrouver Iniel qui me regardait d'un air soupçonneux. Elle sentait que quelque chose n'allait pas, et elle vit surtout que je ne tenais mes rênes qu'à une main. Elle leva ses yeux, qui commençaient à virer au rouge, au ciel.

« Naessë, ne vient pas me dire que tu as voulu nous accompagner alors que ta main te brûle encore ?! », gronda-t-elle, suffisamment fort pour que les autres l'entendent. Elle ne pouvait pas s'empêcher d'attirer l'attention sur moi. Heureusement, mis à part Kinya, Thea, Calen, ses soldats, aucun n'avait compris ce qu'elle disait. Elle avait eu la décence de s'exprimer en tebrynien. Ou peut-être avait-elle simplement oublié que tout le monde ne le comprenait pas.

« Iniel, je crois être assez âgée pour savoir ce que je peux ou ne peux pas faire. Et je sais bien me passer d'une main pour me battre à cheval », lui dis-je d'un ton nonchalant. J'étais après tout la plus âgée de nous deux, bien que mon âge exact m'échappait. Et Isor, quand il m'avait appris à monter, avait bien veillé à me mettre à l'épreuve avec des épées de bois. Iniel se renfrogna, vexée. Alors j'ajoutais « Mais merci de t'inquiéter pour moi ». Elle finit par me faire un petit sourire et ses yeux reprirent leur couleur normale. Elle n'était pas rancunière pour un sou, heureusement pour moi.

Ma jument redressa subitement la tête. Ce n'était pas bon signe. Je levais la main, ayant à présent pris la tête du groupe avec Iniel et tous s'arrêtèrent sans piper mot. Il y avait quelqu'un dans les parages et à la vue des oreilles baissées de ma jument, ce n'était pas un ami. Calen se plaça immédiatement à ma gauche, de là d'où provenait le bruit qui avait fait réagir ma jument, pour me protéger de son bouclier au cas où il s'agirait d'un archer. Une flèche nous parvint effectivement, interceptée par Calen. Nous descendîmes tous de selle, les chevaux partirent se dissimuler derrière les rochers. J'étais toujours épatée par leur intelligence.

Je tâtais mon fourreau et fut surprise de ne pas reconnaître le manche lisse des dagues qui m'avaient été données. A la place, je sortis la dague offerte par Legolas. Elle était restée dans mon fourreau pendant tout ce temps ? Non, je m'étais entraînée il y a peu avec mes minables dagues vierges. Comment celle-ci était arrivée là ? Je soupçonnais Iniel d'y être pour quelque chose. Je n'avais pas le temps de me poser des questions, une flèche vint se ficher à côté de ma jambe droite.

« Défendez-moi, je vais m'occuper de le faire venir à nous ! », fit Iniel. Nos gardes de Tebryn se mirent aussitôt autour d'elle, ils connaissaient la manoeuvre. Kinya et Thea qui nous accompagnaient lui laissèrent le champ libre. Inutile d'éveiller la magie de 3 sorcières pour quelques intrus, ce ne serait que pur gâchis. Mais je décidais de passer devant elle et d'utiliser la magie noire qui me brûlait le bras. Quand j'utilisais la magie, la brûlure s'apaisait. Et elle qui s'inquiétait n'aurait bientôt plus aucune raison de s'inquiéter.

Des éclairs noirs formèrent une boule d'énergie au creux de ma main et je la lançais vers l'ennemi. Elle explosa et l'on entendit des hurlements, comme un animal pris au piège. L'affaire était réglée, peu importe qui étaient ces intrus, ils ne pourraient plus dire mot. Gimli posa un regard ahuri sur moi. Il était vrai qu'il n'avait pas encore eu l'occasion de voir ça. Aragorn ne dit rien mais me regardait avec désapprobation, n'aimant pas l'usage de cette magie sombre. Raison pour laquelle mes entraînements ne s'étaient passés qu'en présence de Gandalf, qui m'avait aidé à ajuster ma puissance. Ma main ne me faisait plus souffrir à présent. Legolas vérifia avec sa vue perçante qu'il ne restait personne puis finalement rappela les chevaux en elfique, langue que tous les chevaux comprenaient. A Tebryn, c'était surtout les elfes qui s'occupaient des chevaux, et comme la plupart étaient nés bien avant que Tebryn ne soit, ils ont gardé l'habitude de l'elfique pour les animaux.

« Repartons-nous ? », demandais-je avec une certaine pointe d'orgueil.

Même si je connaissais mon issue fatale, j'osais toujours espérer que je pourrais être à l'égal de Sauron. Mais cet espoir était une petite flamme qui menaçait de s'éteindre à chaque instant. Aussi, lorsque je pouvais l'entretenir en démontrant ma force, je me laissais aller à l'orgueil. Je n'attendis pas la réponse et partit devant avec Kathala. Iniel et Calen me suivaient à nouveau de près.

Nous finîmes par arriver sur le terrain voulu, qui portait quelques traces de neige. Il y avait encore des cadavres, Orcs essentiellement, depuis la bataille de la dernière fois. Iniel s'appliqua à les faire disparaître, comme je l'avais fait lors de la première attaque de Tebryn, il y avait de cela quelques mois à présent. C'était un acte assez élémentaire pour une sorcière, le grand Mandos gardait l'âme des défunts dans sa caverne en attendant leur jugement, alors les corps pouvaient disparaître. Cela pris un peu de temps car Iniel n'était pas très initiée à cet art. Elle était née à Tebryn, sa mère nous ayant quitté il y a bientôt cent ans. Son père ne l'avait jamais connue, il était décédé d'une maladie avant sa venue au monde. Je n'étais pas encore reine à l'époque et Iniel n'avait plus jamais parlé de sa famille lorsque sa mère était partie. Elle disait que j'étais sa famille.

Le soleil était à son zénith lorsque nous jugeâmes la tâche remplie. En réalité, Iniel et nos 2 soeurs avaient fait tout le travail - n'ayant plus la magie pour les aider. Le reste du groupe moi comprise avions fouillé les environs à la recherche d'autres éclaireurs embusqués, en vain. Nous décidâmes de rentrer pour le déjeuner et nous laissâmes les chevaux aux soins des elfes qui s'occupaient de l'écurie. Je croisai Numaën qui arborait un sourire malicieux en observant la dague finement travaillée qui pendait à ma cuisse. C'était lui qui avait remplacé ma deuxième dague toute simple par celle-ci ! Le petit effronté ! Je lui jetai un regard signifiant que je savais tout, mais il repartit nonchalamment. J'aurais une conversation avec lui lors de son entraînement, que je lui avais promis le matin même. Je n'arrivais pas à croire qu'un elfe aussi jeune se mêlait des histoires de coeur d'adultes. Quoique à voir notre comportement puérile à Legolas et à moi, je doutais que nous fussions adultes dans ce domaine...

Nous retrouvâmes Pippin et Merry qui avaient déjà englouti leur déjeuner mais qui se firent un plaisir d'animer notre table quelque peu muette. Iniel et les Hobbits étaient les seuls à échanger véritablement. Legolas mangeait silencieusement avec son calme habituel. Je me tournai vers Aragorn, l'air faussement en colère quoique je lui en voulais un peu de m'avoir forcé la main.

« Puisque vous m'avez forcé la main, vous me devez un duel en bonne et due forme ! », lui dis-je d'un ton enjoué qui le sortit de sa rêverie.

Iniel ne lui laissa pas le temps de réagir. Il fallait vraiment qu'elle calme sa spontanéité, pensai-je. « Oh j'adorerais voir un duel entre vous et Naessë ! Votre ami Legolas s'y est déjà cassé le nez ! »

Il sembla rougir légèrement à cette annonce, et moi aussi. En effet, je l'avais bel et bien défait, un jour à peine après notre première rencontre. Il se battait rudement bien avec une épée, je devais l'admettre mais il m'avait sous-estimée et en avait payé le prix. Enfin, il avait eu ensuite le plaisir de me voir échouer une fois de plus avec Isor.

« Un duel ! Un duel ! », renchérirent les Hobbits qui trépignaient sur leurs sièges. Ils n'étaient pas férus de combats mais étaient férus de paris et commencèrent déjà à parier sur le vainqueur alors même qu'ils ne m'avaient jamais vu me battre. Leur tapage avait attiré l'attention. Nous allions avoir du public.

Aragorn parut embarrassé mais finit par sourire. « Je crois que je n'ai plus le choix ! Je vous le dois bien après tout ! »

Je lui souris avant de reprendre une gorgée de vin. Nous convînmes de nous rejoindre dans une heure, le temps de nous préparer. Je croisais Numaën et me rappelai subitement de ce que je lui avais promis. Mais avec tout le tapage qu'avaient fait les Hobbits, il était visiblement au courant.

« N'oubliez pas votre promesse ! », me dit-il. J'hochai la tête, m'apprêtant à répondre mais il m'en empêcha. « Même si vous perdez n'est-ce pas ? », insista-t-il. J'hochai à nouveau la tête et il poursuivit sans me laisser le temps de répondre. « Vous gagnerez c'est certain, vous avez paraît-il vaincu notre prince Legolas ! », m'encouragea-t-il avant de repartir en courant. Je n'avais même pas pu décocher un mot. Quel fripon ! Ainsi, il savait que j'avais vaincu Legolas en combat singulier. Cela ne m'étonnait pas, il semblait laisser traîner ses yeux et ses oreilles n'importe où. Et mon coeur ne pouvait s'empêcher de penser que Numaën savait que Legolas m'aimait. Si tel s'avérait être le cas, j'aurais finalement vaincu et sa lame, et son coeur.

Je poussai un soupir et retournai à mon baraquement pour me préparer. J'allais replacer la dague que m'avait offerte Legolas dans son étui mais décidai finalement de la garder. J'attrapais ma deuxième dague, toute simple mais néanmoins bien affutée, ainsi que deux couteaux que je rangeais dans ma veste. Je supposais que nous allions nous entraîner avec des lames d'entraînement mais au cas où, je prenais toujours mes armes. Isor me faisait combattre avec de vraies armes, m'habituant ainsi à ne pas toujours tuer mon adversaire, à doser ma puissance pour ne pas le tuer. Imposer le respect ne signifiait pas tuer.

Mon éventail était resté dans l'une des poches de ma cape. Je l'y laissai, n'ayant pas réellement prévu de la porter au combat. Je retrouvais Aragorn dans un espace d'entraînement dégagé où s'amassaient déjà quelques personnes curieuses de connaître l'issue du duel.

Parmi elles, je reconnus mon père. Comme c'était étrange de faire référence à un père dans ma tête. Je ne lui avais toujours pas reparlé, je n'arrivais pas à lui pardonner le fait qu'il nous ait abandonnées ma mère et moi. Et je n'avais plus la tête à cela désormais. J'étais destinée à mourir, je n'avais plus le temps de me réconcilier avec la terre entière. Il aurait dû me chercher et me trouver depuis des années. Le destin ne l'a pas voulu ainsi.

« Alors, puisque je vous ai provoqué en duel, vous avez le droit de choisir mes armes », dis-je à Aragorn qui préparait son épée. Un vrai duel ce serait donc.

« Vraiment ? Vous êtes bien fair-play ! Et bien je vous laisse utiliser tout ce que vous voulez, autant que ce soit aussi déloyal que possible, vu notre ennemi actuel », lança-t-il. Il ne faisait vraiment pas les choses à moitié. Même si cela signifiait que je pouvais utiliser ma magie, je préférais éviter par peur de toucher grièvement Aragorn ainsi que nos spectateurs. Et pour la même raison, je jugeais que lancer des couteaux n'était pas spécialement bon pour survivre. Mais je les gardai quand même au cas où. Pour planter la tunique d'un adversaire dans le sol et l'empêcher de bouger, c'était une bonne technique.

« Vous avez raison mon ami ! Êtes-vous prêt ? », dis-je en me mettant en place.

Il se positionna en face de moi, à quelques pas de ma position. « Je le suis ! »

Je décidai d'attaquer immédiatement, armée de la dague de Legolas dans ma main droite. Je fonçai sur lui, guettant le moindre mouvement de son épée. Il esquiva et tenta de me frapper dans le dos, mais je roulai à terre pour l'éviter et me relevai d'une seule traite tout en dégainant ma deuxième dague. Je contrai son coup et le repoussai d'un coup de pied. Il faillit me l'attraper mais n'en eut pas le temps. Son épée frôla mon flanc, et je la bloquai en ramenant mon coude contre mon corps. J'avais mis mon plastron de cuir pour me protéger et il résista bien au choc. Bloqué ainsi, j'essayais de le frapper avec ma dague, mais il finit par se dégager et je dus faire un saut de côté pour éviter son estocade.

J'entendis son pas rapide et roulai à nouveau sur le côté, esquivant un nouveau coup. Je profitai de ma proximité directe avec ses jambes pour lui faire un croche-pied qui le déséquilibra sans le faire tomber. Mais cela était suffisant pour que je me redresse et le frappe à nouveau avec mes deux dagues. Il eut du mal à éviter l'attaque mais réussit néanmoins à me déjouer. Il était fort et rapide. Je parais avec difficulté un coup d'épée en croisant mes deux lames sur la sienne pour l'empêcher de m'atteindre. C'était un duel de force entre moi qui tentai de le repousser et lui qui tentai d'abattre son épée. Je levai mes dagues suffisamment haut pour me dégager un passage sous lui puis je me baissai brusquement, prête à planter mes deux dagues dans son plastron. Mais Aragorn se déporta sur le côté et je ne fis que l'érafler avec l'une de mes dagues. Il perdit néanmoins l'équilibre mais fit une roulade arrière pour se relever.

Je manquais de vitesse. Il fallait que je me concentre là-dessus pour gagner. Il avait d'excellents réflexes mais son épée était bien plus lourde à manier que mes dagues, je pouvais gagner. Je me redressai et cherchait une ouverture mais il parait constamment mes coups de façon intense et rapide. Il essayait de me déstabiliser par la vitesse. Je remarquai une racine derrière lui et décidai de le faire reculer afin qu'il trébuche dessus pour le frapper. Il s'en rendit compte trop tard et bascula en arrière. Mais alors que j'allai le frapper de plein fouet, il se servit de ses jambes pour me faire tomber sur le côté. Je l'évitai mais échouai néanmoins à le frapper. Je titubai pour reprendre mon équilibre, ayant évité de justesse la chute.

Il se releva, son épée en garde pour parer mes coups. Nous commencions à fatiguer. Rares étaient les combats qui entraînaient les combattants au sol, mais se relever sans cesse consommait une quantité monstrueuse d'énergie. Il décida de m'attaquer et j'eus grand peine à parer ses coups avec mes dagues. A tel point qu'Aragorn parvint à désarmer ma main gauche. Il me restait la dague de Legolas, l'autre tomba à terre à deux pas de ma position. Je sautai en arrière pour me mettre hors de portée de son épée, mais il était trop rapide.

Il allait me frapper le bras avec son épée, même si je savais qu'il retiendrait le coup, et je tentai de me défendre vainement avec mon bras vide quand soudain, ma magie s'activa et recouvrit mon bras d'une substance solide noire, qui se terminait en pointe là où devait se trouver ma main, et je pus parer son coup. Nous reculâmes sous le choc. J'observai mon bras gauche. C'était comme si j'avais une épée en métal noir à la place de mon avant-bras. Il y eut des murmures dans l'assistance. Aragorn ne pourrait donc pas me battre en me désarmant.

Il n'attendit néanmoins pas plus longtemps et commença à abattre son épée à plusieurs reprises, tentant plusieurs fois de m'embrocher. J'arrivai à le contrer, notamment grâce à ma lame magique, qui était plus maniable que toute autre arme. Mais je dosais mal sa portée et ayant peur de trancher Aragorn, je me contentait seulement de parer avec ce bras, comme s'il s'agissait d'un bouclier. Finalement, il tourna son épée sur le côté comme pour rengainer et me fonça dessus, comme pour m'enlacer. Étourdie par son étrange manoeuvre, il put passer entre mes bras et vint comme pour m'enlacer. Un seul de ses bras m'entoura et l'autre poussa sur mon ventre le côté plat de son épée pour me faire basculer sur le côté à terre. Je ne parvins pas à résister et tombait à la renverse. Il n'eut plus qu'à pointer son épée sur ma gorge. Mon épée magique disparut de ma main.

Je me mis à rire. Il pouvait me forcer la main et me battre en duel. « Décidément, je suis toujours perdante avec vous ! »

Il éclata de rire et m'aida à me relever. « Et vous, vous me surprenez toujours ! »

J'observai mon bras un instant. C'était comme s'il ne s'était rien passé. J'ignorais comment j'avais pu déclencher cette étrange magie mais cela ne pourrait que m'aider plus tard. Nous fûmes félicités par l'assistance, qui fut un peu plus sur sa réserve avec moi. Ma magie avait tendance à effrayer tout le monde, sans parler de mes cheveux courts qui m'arrivaient à peine sur les oreilles à présent. Legolas lui-même vint me féliciter.

« C'était un beau combat », me dit-il en elfique avec un léger sourire. Il ne semblait pas très sûr de son idée de me féliciter.

« Avec une belle dague », lui dis-je en lui montrant la dague qu'il m'avait faite. Je me sentais mieux d'avoir épuisé une partie de mon énergie négative dans un combat aussi intense, aussi restais-je indulgente à l'égard de Legolas. J'en avais assez d'être toujours énervée.

« Je suis heureux que vous la portiez, tant que ce n'est pas pour me transpercer avec ! », plaisanta-t-il, toujours aussi mal à l'aise. Sa réflexion me mit tout aussi mal à l'aise que lui. Je n'avais aucune envie de le tuer ni de lui faire du mal.

Aragorn vint nous sauver la mise. Il avait sa gourde à la main et m'avait apporté la mienne que j'avais laissé sur le côté avant le combat. Je le remerciai et bus goulûment.

« Je comprends pourquoi vous avez été battu mon ami, elle a une technique impressionnante, et quelques atouts inattendus dans sa manche », dit Aragorn en posant sa main sur mon épaule. Il n'était pas peu fier de m'avoir battue, et j'en fus honorée. Cela signifiait que j'étais de son niveau. Et cela signifiait surtout que le moment venu, il serait capable de faire face.

« Je ne sais pas trop ce qui s'est passé mais je dirai que ça ne peut être qu'un atout pour les combats à venir. Vous m'avez impressionnée Aragorn, vraiment. Vous faites parti des rares à m'avoir défaite l'épée à la main », lui dis-je avec un profond respect. Nous avions un très bon élément avec nous.

Iniel apporta nos capes à Aragorn et à moi, car avec ce froid, il ne valait mieux pas rester en sueur dehors après un tel effort. Nous nous emmitouflâmes dans nos capes respectives et nous assîmes un moment. Calen était là, à quelques pas derrière nous. Il n'avait pas oublié mes instructions.

« Quel combat formidable ! Vous faites vraiment la paire vous deux ! Comme j'aimerais me battre ainsi ! », s'exclama-t-elle, admirative.

Pippin et Merry se chamaillaient, Merry avait perdu son pari visiblement. Pippin ne cessait de fanfaronner sa victoire sur son compère et nous éclatâmes tous de rire. Tout semblait plus léger à présent. J'avais bien besoin d'un combat pour me vider l'esprit. Mais cet esprit ne resta pas vide bien longtemps car un garde du seigneur Elrond arriva en trombe vers nous.

« Seigneur Aragorn, le seigneur Elrond vous demande. C'est... à propos de la Dame Arwen ! », dit-il avec hâte.

Aragorn tourna rapidement les yeux vers nous et suivit aussitôt le garde qui repartait à grandes foulées vers la demeure du seigneur Elrond. Je le regardai s'éloigner. Quelque chose de malheureux était arrivé. Je jetai un regard à Iniel, puis à Legolas. Elle ne pouvait pas... Non, c'était impossible. Nous nous dirigeâmes vers la demeure du seigneur Elrond, à vitesse plus modérée pour attendre de savoir ce qui se tramait. Nous restâmes dans le hall d'entrée, à l'abri du vent. Calen était resté dehors, estimant que nous serions en sécurité à l'intérieur, mais sans doute aussi pour nous laisser un peu d'intimité. Il était toujours au fait des convenances.

« Nous devons détruire ce monstre avant qu'il ne nous tue tous ! », grommelais-je. Ce Sauron, quelle source faramineuse de problèmes ! Comment un seul être pouvait-il causer pareils malheurs ? Je le tuerai, j'en fis une fois de plus le serment.

Elrond finit par sortir, seul et la mine sombre. Nous nous étions assis parmi les nombreux sièges du hall d'entrée en silence en attendant de savoir. Nous nous levâmes tous avec une lenteur déconcertante, n'ayant aucune envie d'apprendre une terrible nouvelle.

« Arwen est tombée endormie », finit par dire Elrond avec un air bien plus grave qu'à l'accoutumée. Il paraissait si âgé en cet instant et semblait perdu dans ses pensées.

« Je suis navré, seigneur Elrond », fit Legolas en s'inclinant. Il semblait profondément ému.

Je tentai de le rassurer avec une voix posée. « Notre armée sera bientôt là. Elle n'aura pas à attendre très longtemps. Nous déferons ce Mal ensemble et elle pourra à nouveau s'éveiller dans un monde bien meilleur », lui dis-je en m'inclinant avec respect.

« Puissiez-vous avoir raison, majesté », me répondit-il avec reconnaissance. Il s'excusa puis retourna au chevet d'Arwen, où devait certainement se trouver Aragorn.

J'observais un instant Iniel. J'avais envie de parler à Legolas, nous devions cesser de nous conduire comme des enfants, mais je voulais le faire seul à seul. Je remarquai que le tatouage d'Iniel était plutôt pâle, signe qu'elle devait se nourrir.

« Iniel, tu devrais aller te nourrir, ton tatouage est très pâle », lui dis-je en observant son tatouage violet qui cerclait ses yeux verts comme l'émeraude. Celle-ci se retourna interloquée vers moi, prête à sans doute me rétorquer que ce n'était pas le moment de parler de cela. Mais elle se ravisa, semblant comprendre que j'avais besoin d'être seule avec Legolas.

« Tu as raison, excusez-moi », dit-elle à mon adresse et à celle de Legolas avant de sortir dehors en trombe, manquant de faire tomber son chapeau à plumes. Je soupirai.

Nous restâmes en silence pendant quelques minutes tandis que nous regagnions également la sortie. Je me mordillai la lèvre, ne sachant guère comment m'y prendre. Je finis par inspirer une bonne fois pour toute. Il n'y avait personne aux alentours. Les soldats, aguerris comme bleus s'entraînaient plus loin, la plupart des femmes et des Hobbits étaient restés au chaud dans leurs demeures de fortune et confectionnaient des vêtements, réparaient les armures ou polissaient les armes à la demande des forgerons qui travaillaient sans cesse, ne s'arrêtant que la nuit. Les elfes, avec leurs yeux d'aigle et leurs arcs, étaient parti chasser pour approvisionner toutes les races réunies à Imladris, toutes n'étant pas végétariennes comme l'étaient les elfes.

La neige s'était mise à tomber et le vent commençait à se lever. Je sentais mes cheveux ébouriffés par la bise, mes mèches toujours si courtes s'entremêlant dans les airs. Mes doigts qui fermèrent ma cape s'arrêtèrent sur la dague sculptée par Legolas. Je pouvais sentir chacune des rainures du bois sous la pulpe de mes doigts, et je m'arrêtais alors.

« Pensez-vous vraiment que je vais vivre ? », lui dis-je, surprise par ma propre question. Ce n'était pas exactement ce que je voulais savoir mais il était trop tard pour reculer à présent.

« Je le pense au plus profond de moi, Naessë », me répondit-il. Il ne parut même pas étonné de ma question. « Bien que j'ignore le moyen pour réaliser ce désir qui est cher à mon coeur », ajouta-t-il en soupirant. Il leva les yeux vers le ciel gris qui commençait à répandre ses flocons sur Imladris. Ce désir cher à son coeur, avait-il dit... Si cette question ne l'avait pas étonnée, je m'apprêtais à lui en présenter une qui assurément devrait faire effet.

« M'aimez-vous, Legolas ? », dis-je sans le regarder.

Il s'arrêta immédiatement, comme si je venais de dire des inepties. Je finis par le regarder. Ses yeux clairs étaient plongés dans les miens. Je sentis une douleur m'opprimer le coeur, anxieuse de connaître enfin la vérité.

*PDV Legolas*

Sa question me prit totalement au dépourvu. Et mon esprit parut choqué de cette question, comme s'il était choqué de voir que Naessë se posait encore la question. Alors que la réponse, que j'avais tant cherché, était évidente. Bien sûr que je l'aimais. Voir Aragorn souffrir à l'idée qu'Arwen ne s'éveille jamais avait réveillé ma propre angoisse de voir Naessë s'éteindre devant mes yeux. Elle m'avait transpercée le coeur. Je ne pouvais plus imaginer un monde sans elle. J'avais été contraint de le faire lorsqu'elle avait disparu avec Sauron, mais je ne voulais plus jamais que cela n'arrive. Et pourtant, elle allait mourir. Peu importe à quel point je me nourrissais d'illusions, dans l'espoir qu'elle vive, je savais qu'il n'y avait pas d'autre moyen. Mais je ne voulais pas m'en convaincre.

« Vous êtes bien stupide Naessë », commençais-je avec un léger sourire.

« Je vais finir par le savoir », dit-elle en riant nerveusement. Je lui avais dit exactement la même chose lorsqu'elle m'avait parlé de son "plan". Ressasser ce souvenir qui me hanterait sans doute encore longtemps me vrilla le coeur.

« Mais je peux l'être aussi », poursuivis-je plus difficilement.

Elle fronça légèrement les sourcils, ne semblant pas comprendre. Elle voulait l'entendre et même si je redoutais cet instant, je ne pouvais plus reculer et mon coeur ne le voulait pas. « Oui, je vous aime Naessë »

Une expression de choc se dessina sur son si beau visage. Elle me scruta comme si je m'étais métamorphosé en quelqu'un d'autre. Même avec sa maigreur apparente, même avec ses cheveux si courts, même avec sa tenue d'homme, elle restait pour moi la plus belle d'entre toutes. Ses yeux brillaient, plein de larmes. J'ignorais encore s'il s'agissait de tristesse ou de joie. Une larme roula sur sa joue, et je la rattrapai avec ma main, frôlant sa joue qui était à peine froide.

« J'ai été si égoïste », dit-elle en baissant les yeux sur ma main qui se retirait de son visage, faisant s'écraser sa larme au sol. « Vous m'aviez percée à jour, vous saviez tout sans le savoir », continua-t-elle d'une voix tremblotante que je ne lui connaissais guère. Je savais en effet depuis longtemps qu'elle me cachait ce terrible secret, sans savoir ce qu'il en était. Ce secret qui était à présent comme du plomb dans mon coeur.

Elle se retint de pleurer. La voir si émotive était rare, excepté lorsqu'il s'agissait de se mettre en colère. Elle posa une main sur mon torse. « Je ne voulais pas vous aimer, par peur que vous ne souffriez de savoir mon destin et par peur de souffrir encore plus », dit-elle en me regardant à nouveau. Il y avait tant de sincérité dans ses yeux. « Mais je ne peux plus me taire à présent que vous savez. Je vous aime Legolas »

Elle se blottit contre moi, et je refermais mes bras sur elle, sentant sa chaleur irradier tout mon être. Je l'entendis souffler entre mes bras. Elle pleurait à présent. « Je m'en veux terriblement de vous imposer cela ».

Je me reculai un instant, ne comprenant pas ce qu'elle voulait dire. « Vous n'avez pas choisi de mourir, pas plus que vous n'avez choisi vos sentiments, Naessë. Et quoi qu'il m'en coûtera, je vous chérirai jusqu'à la fin. Ne pensez pas à la souffrance que je subirai si vous quittez ce monde- »

Elle me coupa et posa sa main sur ma joue. Elle paraissait si petite tout à coup. « Lorsque que je quitterai ce monde »

Je me repris difficilement, refusant de croire que je risquais de la perdre aussi vite. « Lorsque vous quitterez ce monde, je subirai volontiers cette souffrance à présent que j'ai l'occasion de vous offrir sinon le bonheur, au moins quelques instants heureux », déclarais-je avec une voix pleine de volonté et de force. Seul mon visage, qui devait être bien triste, devait trahir mes pensées. Tout cela était si injuste.

Je ne devais cependant pas la freiner dans ses plans, sachant que ces derniers devaient la terrifier bien plus que moi. Perdre un être aimé m'était connu, je l'avais subi avec ma mère. Mon père l'avait subi également, de plein fouet. Il ne restaient que les souvenirs, pour la plupart effacés à présent.

Mais perdre la vie, pour une humaine ou une sorcière, devait être bien plus terrifiant que chez nous les elfes. Je savais qu'à ma mort, je retrouverais ma mère ainsi que mes ancêtres. Mais tel n'était pas le cas des êtres mortels, qui n'allaient nulle part après leur mort et ne retrouvaient personne. Naessë, qui était tant aimée de son peuple et de ses amis, ne les reverrait plus jamais après avoir quitté ce monde. Elle était bien plus à plaindre que moi.

Elle soupira et son visage crispé, encore humide de larmes, se détendit. Elle sortit quelque chose de sous sa cape. Ma dague, qu'elle regarda attentivement. Elle caressa la garde, ne manquant aucune des petites rainures qui formaient son motif. Puis elle reporta ses yeux sur moi, pensive. A quoi pensait-elle ? Elle rangea finalement la dague et essuya ses larmes.

« Resterez-vous à mes côtés ? », lui demandais-je. Elle me regarda d'un air faussement étonné puis sourit.

« Il en faudrait à présent beaucoup pour que je ne vous quitte ne serait-ce qu'un instant », me répondit-elle sur un ton plus assuré. Je ris à son annonce, ravi de l'entendre. Elle rit à son tour.

Elle était si belle lorsqu'elle riait. Je tâchais de garder son visage en mémoire dans les moindres détails, pour ne jamais l'oublier. Puis elle redevint grave. Diable, quelle mauvaise pensée avait encore traversé son esprit ?

« Les elfes n'ont qu'un seul amour, n'est-ce pas ? », me demanda-t-elle bien que je savais qu'elle connaissait la réponse. J'hochai la tête.

Elle eut un sourire triste. « Je vous prive de tant de choses... »

« Que voulez-vous dire ? », demandais-je. Je ne comprenais pas. Sa seule présence suffisait à me réconforter. Comme mon coeur s'était serré lorsque cette flèche émanant de mon lieutenant s'était fichée dans son épaule quand enfin j'avais pu la retrouver sur le champ de bataille. J'ai eu peur un instant qu'elle ne soit morte par ma faute.

« Vous... », commença-t-elle avant de s'interrompre. « Vous auriez pu vous marier, avoir des enfants... », répondit-elle avec un ton coupable.

Je la pris par les épaules. « Je ne désire rien d'autre, vous seule m'importe »

Je songeais amèrement à mon père. Il allait être furieux, mais il l'était toujours d'une certaine façon. Et je n'avais pas choisi n'importe qui. J'avais choisi celle qui nous apportera la victoire, et celle qui vivra à mes côtés, bien que cette certitude était très ébranlée dans mon esprit. Aussi allais-je m'appliquer à lui apporter tout l'amour que je pourrais jusqu'à la bataille finale.

J'approchais lentement mon visage du sien. Elle ne recula pas, gardant ses yeux fixés dans les miens tandis que sa main s'aventura dans mes cheveux. Puis elle ferma doucement ses yeux et alors, je déposai lentement et avec la légèreté d'une feuille volant au vent mon premier baiser sur ses lèvres. Baiser qu'elle me rendit à son tour, sa pression dans ma chevelure se faisant plus forte, plus avide. Puis nos lèvres se séparèrent finalement. Ses yeux toujours fermés, elle pressa amoureusement son front contre le mien. Je fermai à nouveau mes yeux, son souffle chaud me parvenant dans mon cou. Puis je la serrai dans mes bras tandis que la neige s'intensifiait. Mon coeur, qui avait eu si froid pendant si longtemps, s'était enfin réchauffé.

Ce moment d'amour dura trop peu de temps à mon goût puisqu'on entendit des voix d'enfant crier le nom de Naessë. Je me séparai à contrecoeur d'elle et la regardait pour comprendre pourquoi ces enfants la cherchaient.

« Je leur ai promis un entraînement... », dit-elle visiblement embêtée de couper court avec moi. Elle ne m'avait pas lâché la main.

Je ris, néanmoins légèrement frustré. « Je suppose qu'un spectateur ne vous dérangera pas ? »

« Pas le moins du monde en ce qui me concerne ! », dit-elle en m'attrapant par le bras pour aller à la rencontre des enfants.

_-0-_

Naessë adorait les enfants, cela se voyait. Elle les entraîna jusqu'au déclin du soleil, qui avait une couleur sanguine dans le ciel à présent. Il n'y avait que des elfes, les rescapés de la tragédie d'Eryn Lasgalen pour la plupart mais aussi certains d'Imladris. Je reconnus Numaën qui semblait le meneur d'un petit groupe de jeunes elfes. Naessë l'aimait bien mais pour une raison que j'ignorais encore, elle le fit travailler bien plus dur que les autres ce jour-la.

« Lève la tête Numaën, cesse donc de regarder tes pieds ! », le rabrouait-elle gentiment avec une certaine malice. Elle semblait lui faire payer à sa façon quelque chose.

Mais il ne s'en plaignit pas, arborant de temps à autre un sourire moqueur que je ne compris pas. Les enfants se débrouillaient plutôt bien pour la plupart, même s'ils demeuraient très instables et facilement déséquilibrés. Ils n'iront pas au combat, mais seront préparés en cas de nouvelle attaque. Beaucoup avaient en effet péri durant l'assaut d'Imladris par les bataillons de Sauron, dont certains parmi mon peuple. J'en était toujours très affecté. Nous n'étions plus capable de nous défendre seuls désormais. Il me tardait d'avoir des renforts pour avoir l'esprit plus tranquille. Et à ces problèmes s'ajoutait celui d'Elyra, la sorcière qui avait tenté de me tuer. J'avais encore des traces de son attaque mais je ne souffrais plus du tout, et heureusement. Si nous avions été attaqués, je n'aurais pas su remplir mon rôle de Prince et je serais peut-être mort à l'heure qu'il était.

Mon père m'avait sommé ce matin de me décider à juger cette sorcière. Il aurait pu la tuer avec sa propre épée si cela avait été justice. Mais il semblait tenir à ce traité de paix que lui avait proposé Naessë. Il m'en avait parlé très brièvement pas plus tard que ce matin. J'étais plutôt surpris par sa proposition mais je ressentais également et surtout de l'admiration pour elle. En dépit de tout ce que mon peuple a pu lui faire à elle et à son peuple, elle était prête sinon à pardonner du moins à entretenir des relations cordiales d'entraide avec nous. Et puisque mon père tenait également à cela, il ne pouvait décemment pas tuer une sorcière sans jugement. Naessë ne le pardonnerait pas. Et il passerait pour faible devant le seigneur Elrond et Isor, qui, je trouvais, se ressemblaient beaucoup.

Demain, je rendrais mon jugement. Naessë était à mes côtés à présent, rien ne me faisait peur si ce n'était de la perdre. Mon bras était à présent autour de ses épaules. Elle semblait nerveuse et me regardait en même temps avec beaucoup de tendresse, une émotion que j'avais rarement vue s'afficher sur son visage. Nous marchâmes vers les coins isolés d'Imladris, où les autres ne pourraient nous voir. Annoncer le choix de nos coeurs allait s'avérer aussi difficile pour elle que pour moi. Je décidai de la distraire de ses pensées, qu'elle ne semblait pas vouloir partager à cet instant.

« Avez-vous déjà vu un magnifique coucher de soleil depuis le haut des falaises d'Imladris ? », lui demandais-je doucement.

« J'ai déjà vu un magnifique coucher de soleil, mais pas ici, et encore moins en aussi charmante compagnie », rétorqua-t-elle avec un sourire qui me fit fondre.

Je pris un air faussement étonné. « Oh vraiment ? Il va falloir remédier à cela, gente dame ! », fis-je en la portant en mariée après avoir vérifié qu'il n'y avait personne pour nous épier. Je pris la direction du petit sentier qui montait dans la campagne. Elle était incroyablement légère, c'était effrayant et cela me rappelait qu'elle avait souffert de malnutrition. Je me sentis mal sur le moment mais elle éclata de rire alors que je la portais et mit une main devant sa bouche pour camoufler le son de sa voix.

« Je ne savais pas qu'il était si agréable de se faire porter ! Si j'avais su, je me serais déclarée bien plus tôt ! », s'exclama-t-elle en prenant un air exagérément hautain qui ne lui seyait pas du tout mais qui eut le don de me faire rire à mon tour.

« Je pourrais vous porter toute la journée si vous le vouliez ma dame, vous avez vaincu mon coeur, je ne puis ignorer la moindre de vos demandes à présent ! », plaisantais-je avec romantisme.

Elle rit encore puis se tut et ferma les yeux, se laissant bercer par le mouvement de mes pas. Je la portai toujours lorsque nous arrivâmes enfin au sommet. Elle sembla se revigorer soudainement et sauta de mes bras, atterrissant assez souplement sur ses pieds, prenant l'une de mes mains dans la sienne. Ses yeux bleus étaient écarquillés et un sourire d'émerveillement venait orner ses lèvres gercées par le froid. Le soleil était rouge à présent, signe du froid glacial de la nuit prochaine. Nuit que je voulais passer à chérir tendrement ma bien aimée. Mais comment faire ? Je voulais tout lui donner, mais le temps filait terriblement vite. Combien de temps me restait-il à ses côtés ?


Voilà qui clôt ce chapitre qui m'aura donné un peu de fil à retordre étant donné que j'ai ENFIN cédé à la tentation haha ! C'est enfin arrivé ! J'espère que ça vous a plu, j'ai eu un mal fou à écrire ces scènes Legolas/Naessë mais je me suis bien amusée à écrire le combat avec Aragorn ! N'oubliez pas de laisser une review, je les lis toutes et j'en tiens compte autant que possible lorsque vous me soumettez des critiques constructives ;) En espérant vous revoir au prochain chapitre !