I


Il avait un goût de sang dans la bouche et venait s'y mêler l'amertume de la colère. L'adrénaline qui coulait dans ses veines et inondait son cerveau, annihilait la douleur : il n'était pour l'instant qu'un concentré de haine et d'excitation.

« Est-ce que tu m'en veux ? », demanda son supérieur sans pour autant avoir l'air de s'en préoccuper réellement. Pourtant, Eren le savait : il n'y avait qu'une réponse admissible, celle à laquelle il ne voulait pourtant pas se soumettre.

Son regard haineux croisa celui de son tyran : il était toujours aussi froid et impassible. Il n'y avait qu'une réponse admissible et en aucun cas Eren n'avait le désir de se dresser contre cet homme-là.

« Non... Bien sûr que non. Je suis conscient que tout ceci était nécessaire. », concéda-t-il enfin avec une réelle compréhension. Erwin lui sourit puis hocha la tête tandis qu'Hanji félicitait son courage.

« C'était dans mon seul intérêt... », chuchota-t-il pour lui-même, avec un sourire amer.

Eren eut un sursaut en observant le coin des lèvres de son supérieur se relever en un rictus mauvais à cette réflexion. Ses doutes furent alors pleinement confirmés : bien plus que pour servir son intérêt, le caporal Levi avait pris un plaisir malsain mais sincère à le martyriser.


Eren longeait mollement le couloir, le visage fermé, sans plus de volonté. Ses doigts glissaient distraitement sur le mur, capturant un peu de fraîcheur. Des fois, il s'arrêtait à une fenêtre par laquelle il recherchait un visage familier. Tout était bon pour détourner son intention du moment présent, de l'apaiser un peu avant la rencontre tant redoutée. Rien que d'y songer, il en avait la chair de poule et plus que jamais en cet instant, il aurait voulu être dans sa chambre humide et renfermée du sous-sol, au combien chaleureuse en comparaison de ce qui l'attendait. Mais malgré son irrésistible envie de prendre ses jambes à son cou, Eren savait que s'il ignorait ou s'il arrivait en retard à la convocation de son supérieur, cela allait forcement lui retomber dessus.

Le garçon repensa à sa rencontre avec Levi, l'homme qui avait été à la fois son bourreau et son sauveur. Il était le héros qui l'avait poussé à prendre la voie de l'armée puis celle du bataillon d'exploration. De ce fait, Eren ressentait un profond désir de faire ses preuves devant lui, d'obtenir son estime et son respect.

Mais, malgré la profonde admiration qu'il lui vouait, Eren était aussi conscient qu'au-delà de ses estimables qualités de combattant, son caporal était un parfait connard sadique et méprisant.

Il finit par déboucher dans le couloir fatidique. Ses pas semblaient de plus en plus lents pourtant, il souhaitait ardemment qu'il ne fût pas en retard. Il se retrouva devant la porte du bureau, la gorge nouée et une main suspendue en l'air comme il hésitait à frapper.

Finalement, ses doigts serrés s'abattirent sur le montant de bois. Les coups résonnèrent dans son crâne jusqu'à ce que la voix de son supérieur ne retentisse, l'invitant à entrer. Eren prit une grande inspiration et pénétra dans l'antre du démon. Il vint se poster devant le bureau, le poing droit sur son cœur et le regard perdu loin derrière son supérieur. L'autre avait les coudes posés sur l'office, ses doigts entremêlés cachaient la partie inférieure de son visage. Bien qu'il s'efforçait de ne pas le fixer, Eren devinait sans mal le regard froid le dardant. Levi laissa un silence gênant s'installer, mettant encore plus mal à l'aise le plus jeune.

« Vous m'avez fait demander, caporal ? », se risqua enfin la nouvelle recrue.

Levi ne daigna pas lui répondre. Il se leva, contourna son bureau et s'y posa, bras croisés, juste en face d'Eren. Ce dernier ne s'était jamais senti aussi embarrassé de sa vie. Son supérieur était trop près pour qu'il puisse continuer de fuir son regard intentionnellement. Il sentit son cœur s'emballer.

« Repos, Jäger. », lâcha-t-il enfin. Le plus jeune se sentit étrangement soulagé d'entendre le son de sa voix. Ses muscles se détendirent un peu ; il passa les mains dans son dos et attendit que l'autre poursuive.

Levi se cala un peu mieux sur le bureau et croisa gracieusement les jambes, attirant le regard d'Eren sur elles. Il fut surpris de constater que le caporal gardait son harnais inférieur même au quartier général ; pourtant la plupart des gens, lui en premier, le quittaient dès qu'ils se savaient en sécurité. Il nota aussi que les sangles de cuir étaient étroitement serrées, bien plus que de nécessaire.

« Gamin ! »

La voix cinglante de Levi le tira de ses réflexions. Il releva le menton, tombant dans le regard d'acier de son supérieur.

« Est-ce que tu m'en veux ? »

Encore cette question ! Songea Eren, dépité. Cependant, il était persuadé que Levi attendait une toute autre réponse. Il n'y avait personne autour d'eux cette fois, donc aucune raison, pour l'un comme pour l'autre, de maintenir ces faux-semblants.

« Oui, avoua-t-il simplement, une rougeur envahissant son visage.

- Pourquoi ? »

Il ne savait pas vraiment où il voulait en venir. Il sentait son estomac se contorsionner dans son ventre et son cœur bondir follement comme s'il voulait s'échapper.

Mais il était entré dans le « jeu » de Levi, et il ne pouvait désormais plus reculer.

« Parce que... Si ça avait été quelqu'un d'autre, je ne pense pas que ce plan aurait aussi bien fonctionné.

- Je le pense aussi, commenta t-il avant de l'inviter à poursuivre d'un haussement de sourcil. Eren prit une inspiration et souffla d'une traite :

- Mais bien que cette mise en scène était nécessaire, les choses sont allées beaucoup trop loin. Je veux dire, qu'à mon sens, vous vous êtes emportés bien plus que de nécessaire et vous avez profité de la situation pour vous défouler sur moi. Et vous... Vous n'avez même pas cherché à me cacher votre bon plaisir. »

Un long silence s'installa de nouveau. Le visage de Levi demeurait tout aussi impassible. Pourtant, Eren était loin d'avoir exprimé l'étendue de sa pensée, mais il se sentait incapable d'en dire davantage.

« Tu aurais pu me tuer, lâcha le caporal, sans nier les faits que le plus jeune venait d'exposer.

- Je ne contrôle pas ce que je fais, ça aurait sans doute pu arriver, admit-il, la voix chevrotante. Mais ce risque-là vous excitait davantage.

- Et qu'est-ce que ça change ? Que je t'ai frappé par nécessité ou pour ma propre satisfaction, c'est moi qui t'ai tiré de cette merde, non ? » Eren baissa la tête et la hocha mollement.

Il n'y avait rien à répondre à cela : son caporal avait entièrement raison, ses états d'âme à lui n'avaient de ce fait aucune importance.

« Je voulais que les choses soient bien claires entre nous Jäger. »

Le garçon releva la tête. Le regard inquisiteur du caporal captura celui de la jeune recrue, lui provoquant un frisson désagréable le long de sa colonne vertébrale. Le plus vieux se pencha soudain et lui saisit la mâchoire, ses ongles s'enfonçant dans ses joues.

« Je suis frustré, tu vois, car je ne peux décapiter un titan débile qui se pavane juste sous mes yeux... Alors si tu dois vraiment exister, merdeux, ça sera sous mon seul contrôle. »

Des larmes de douleur perlaient aux coins des yeux du garçon ; il lui semblait que les doigts allaient percer sa chair et broyer sa mâchoire. Levi le lâcha brusquement puis glissa ses doigts sous son menton avec une surprenante douceur. Il soutint son regard douloureux.

« Tu comprends ce que je dis, Jäger ? »

- Non », réussit-il à articuler.

Levi s'approcha de lui et souffla froidement :

« Si tu es en vie aujourd'hui, c'est uniquement grâce à moi. J'ai le pouvoir de vie et de mort sur toi car tu m'appartiens. »

Eren était étourdi par la douleur et la colère. Il ne saisissait pas vraiment le fond de la pensée de son caporal, mais il comprenait au moins que celui-ci s'appropriait sa vie comme d'un simple objet. Il se sentait blessé d'être aussi méprisé par l'homme qu'il respectait le plus au monde. Pas un instant, celui-ci ne l'avait vu autrement que comme un monstre, un titan.

S'il s'était senti embarrassé en entrant, il était désormais plus malheureux que jamais. Il avait envie de crier, mais il n'avait plus de voix. Ses mains tremblaient de colère, mais il n'arrivait pas à trouver en lui ni le courage, ni même le désir sincère de frapper.

Un long frisson lui souleva le cœur et glaça sa peau lorsque des doigts glissèrent de son menton jusqu'à sa nuque. Une main sur sa hanche l'attira au bureau. Le caporal vint alors emprisonner son bassin de ses cuisses, lui interdisant toute échappatoire. Mais en dépit de sa colère, de ses tremblements de haine, il ne trouva pas non plus la volonté de le repousser. Au contraire, cette proximité singulière avec son supérieur faisait naître une nouvelle excitation. Une étincelle de désir qui alla incendier le bûcher de son amertume.

Levi écarta un peu plus les jambes et se rapprocha du bord. Il était assez près pour sentir la chaleur émaner du corps d'Eren ainsi que son souffle hésitant effleurer sa joue. Pas un instant, ils n'avaient détaché leurs regards. Eren fut agréablement surpris en voyant la lueur de passion réchauffer doucement les prunelles d'acier ; il s'enflamma davantage en songeant que cet éclat de lubricité lui était destiné et peut-être même était-ce lui qui l'avait allumé.

Inconsciemment, il glissa les mains le long de ses cuisses, ses doigts s'accrochant aux sangles. Il était à bout de souffle et son cœur sur le point d'exploser. Levi se pencha finalement sur lui : sa bouche frôla la sienne, glissa le long de sa mâchoire endolorie puis échoua au creux de son cou, son souffle brûlant embrasant sa peau. Il ressentait dans ses doigts et dans ses lèvres les battements affolés de son cœur : il se félicita du trouble et de la tension qu'il faisait naître chez le garçon. Sa bouche se referma enfin sur la fine et tendre chair de sa gorge.

Eren éprouva d'abord la douceur de ses lèvres et de sa langue. Suivie par la morsure déchirante de ses dents. Il sentit sa peau se percer puis s'échauffer désagréablement ; ses ongles s'enfoncèrent dans les cuisses du caporal tandis qu'un cri d'effarement lui échappait. Levi se redressa alors, les lèvres humides et rougies de sang. Le garçon porta la main à son cou et observa avec horreur le bout de ses doigts dégoulinant de sang.

« Êtes-vous devenu fou ? J'aurais pu me transformer ! », s'écria-t-il en brandissant sa main ensanglantée comme une preuve irréfutable. Levi leva les yeux au ciel et lui saisit brusquement le poignet. Il glissa les doigts souillés dans sa bouche.

« Si tu ne l'as pas fait au tribunal, je ne vois pas pourquoi tu le ferais maintenant, décréta-t-il en lui rendant sa main. Je crois que tu sous-estimes mon contrôle sur toi, Jäger. »

Eren ne comprit pas ce qu'il voulut dire. Mais Levi ne lui laissa pas le loisir de réfléchir plus longtemps : sa main se saisit de son cou sauvagement, ses doigts s'enfonçant dans la plaie. Eren gémit de douleur et spontanément, il pesta contre son bourreau.

« Enculé ! », souffla-t-il avant de se rendre compte de ce qu'il venait de dire.

Il fut même bien plus surpris que Levi, ce dernier se contentant de froncer les sourcils. Seuls ses pupilles dilatées trahissaient un changement d'humeur.

« Répète. »

Eren resta muet. Le caporal se décolla du bureau et avec dureté, il envoya son genou dans son pelvis puis il le fit basculer en arrière d'un croche-pied. Eren s'écrasa sur le dos ; il sentit ses vertèbres craquer et son bassin trembler du coup précédent. La chute expulsa d'un coup l'air de ses poumons ; il toussait et s'étouffait comme il peinait à reprendre sa respiration. Sa vision était trouble : il devina plus qu'il ne vit son caporal se poster au-dessus de lui. Sa face semblait plus froide et acrimonieuse que jamais. Eren ressentit une nouvelle vague de colère et en même temps, il s'en voulut de l'avoir remis de mauvaise humeur.

Comment une même personne pouvait faire naître des sentiments aussi diamétralement opposés ?, se demanda-t-il. Un instant, il était prêt à s'abandonner à ses bras et à ses lèvres puis la seconde suivante, il résistait difficilement à l'envie de le frapper tant il l'exacerbait.

Il n'avait pas retrouvé tout à fait sa respiration lorsque Levi s'assit sur sa poitrine, ses genoux enserrant durement ses côtes.

« Qu'est-ce que vous faites ? souffla-t-il douloureusement.

- Je vais te dresser convenablement, lâcha-t-il en empoignant de nouveau sa gorge. Comme je l'ai dit : je ne vais pas te laisser te pavaner sous mes yeux sans rien faire. Alors, Jäger, rappelle-moi comment tu viens de m'appeler ? »

Ses doigts et ses jambes se resserrèrent aussitôt. Eren commença à paniquer : l'air qu'il inspirait allait difficilement plus loin que sa bouche et le poids sur son ventre le forçait à expirer le reste d'oxygène. Il sentait la peau s'échauffer et se tordre sous la poigne de son caporal et sa pomme d'Adam s'enfoncer dans son larynx. Dans un élan de panique, il résolut que satisfaire son supérieur était probablement la solution la plus prudente.

« Encu- lé, souffla-t-il en même temps que ses dernières réserves d'air.

- C'est bien ce que j'avais cru entendre. »

Levi appuya ses pouces sur sa trachée : l'air ne pouvait définitivement plus circuler. Instinctivement, Eren ouvrit plus largement la bouche et commença à se débattre plus violemment. Le caporal haussa un sourcil devant les tentatives désespérées du garçon.

« Tu veux respirer ? », demanda-t-il en desserrant légèrement son étreinte; un filet d'air se faufila dans sa gorge, laissant une empreinte brûlante après son passage. Eren se calma aussitôt se disant qu'au final, son caporal avait beau être un cinglé sadique, il ne risquait rien... À peine cet espoir eut effleuré son esprit, que Levi se pencha sur lui, scellant leurs lèvres pour l'empêcher de respirer. Eren gémit dans sa bouche ; l'autre l'ignora et glissa sa langue tout contre la sienne. Il finit par se décrocher de lui, desserrant ainsi l'étreinte sur son cou.

Pour un temps seulement, les marques de ses doigts sur sa peau seraient les preuves de son appartenance. Dans un élan de fierté, Levi lui tourna la tête désireux d'apprécier son œuvre précédente. Il fut contrarié en constatant que les sévices de sa morsure avaient déjà disparu, laissant sa peau aussi lisse et douce qu'avant son passage. C'est presque une invitation à recommencer, songea-t-il en l'effleurant du bout des doigts. Il ramena son visage en face du sien. Eren haletait douloureusement, les joues rouges et les yeux mouillés de larmes. Son regard reflétait la bataille de sentiments qui assaillait son cœur.

« Encore une fois », demanda-t-il doucement.

- Enculé, murmura Eren sans plus de force.

- Tu crois vraiment ça, gamin ? », demanda froidement Levi.

Le plus jeune ne comprenait pas : était-ce une véritable question ou bien un nouveau piège de son tyran ? Alors Levi desserra une de ses jambes pour venir la glisser entre ses cuisses, son genou cognant contre son entre-jambe. Eren gémit, plus de surprise que de douleur cependant. Alors pour la première fois, il vit Levi sourire franchement.

« Moi, je pense que ça va être toi, l'enculé... »

Levi se pencha alors sur lui et l'embrassa. Sa langue força doucement le passage de ses lèvres paralysées puis vint glisser contre sa jumelle.

Eren était pour une fois libre de choisir, libre de le repousser une bonne fois pour toute. Il était tenté de se laisser aller, il en avait réellement envie ; mais il était aussi conscient que cela signifierait son consentement aux dernières paroles de son caporal. Cependant, alors que cette conséquence lui effleurait l'esprit, il se rendit compte que ses mains étaient déjà accrochées à la chemise de Levi, l'attirant contre lui. Qu'il prenait désormais totalement part au baiser languissant de son caporal.

Ce dernier remonta son genoux, oppressant l'entre-jambe du garçon. Eren gémit dans leur baiser et à la plus grande surprise de Levi, il vint agripper les sangles de sa cuisse, tirant dessus pour opprimer un peu plus son membre tendu. Levi interrompit le baiser et se redressa ; ses yeux divaguèrent entre les joues rougies d'Eren, sa langue pointant entre ses lèvres humides, ses doigts glisser sous les sangles trop serrées et enfin le renflement de son sexe entre ses cuisses.

Il l'effleura du bout des doigts et aussitôt, Eren laissa échapper un soupire d'allégresse qui le fit rougir d'embarras. Par réflexe, il se couvrit la bouche sous le regard contrarié de Levi. Il lui attrapa le poignet et le maintint au-dessus de sa tête.

« Ne retiens rien, lui ordonna-t-il ; Eren hocha vigoureusement la tête. Mais ne gueule pas trop quand même : j'ai horreur des mômes qui braillent... »

Des coups l'interrompirent, faisant sursauter le plus jeune. Levi jeta un regard noir à la porte ; il patienta quelques secondes, espérant peut-être que l'importun s'éclipse. Mais les coups recommencèrent. Il laissa échapper un grognement avant de se lever. Eren se redressa à son tour, affolé, le cœur palpitant d'avoir failli être pris sur le fait. Pour cette fois, il devait bien remercier le mauvais caractère de son supérieur : pour sûr, aucun soldat n'aurait osé pénétrer dans son bureau sans y être invité.

« Sur le divan », lui ordonna Levi avant d'ouvrir la porte d'un coup sec.

Aussitôt, Eren se précipita sur le sofa, croisant les jambes pour dissimuler son érection et essayant vainement de calmer le feu de ses joues.

Levi ne prit pas la peine de faire entrer le gêneur : il le congédia sans écouter ce qu'il avait à dire, le sommant de revenir dans quelques heures. La porte claqua derrière lui suivi du cliquetis du verrou.

« C'était peut-être important ? souffla Eren d'une petite voix qui le surprit.

- Pourquoi ? Ça t'aurait arrangé ? », répondit-il froidement.

Eren secoua la tête et s'éclaircit la gorge :

« Non ! Ce n'est pas ce que... »

- Peu importe. Si ça avait été urgent, il ne se serait pas laissé éconduire aussi facilement », le coupa-t-il.

En fait, son supérieur ne se rendait pas bien compte de la peur qu'il inspirait, pensa Eren ; que se soit important ou pas, personne n'aurait jamais osé défier les ordres de Levi.

Le caporal alla se poster devant lui et d'un coup de genou, il lui fit décroiser les jambes, libérant ainsi son érection douloureuse. Une main vint se perdre dans la tignasse du garçon, dans une caresse un peu maladroite, mais plus aussi brutale. Sa douceur surprit Eren puis il s'y laissa aller : il ferma les paupières et instinctivement, il se rapprocha de Levi. Les doigts glissèrent du haut de son crâne jusque dans sa nuque, s'insinuant sous sa chemise ; un grognement attira alors son attention.

« Il te manque définitivement quelque chose, Jäger », déclara Levi en passant sa main libre sous la boucle de sa ceinture.

Les sangles sur son bassin se desserrèrent aussitôt. Levi tira d'un coup sec puis passa la ceinture autour du cou d'Eren. Ce dernier retint la main de son caporal avant que la sangle ne soit tout à fait bouclé, les yeux brillants d'acrimonie.

« Qu'est-ce que vous voulez faire ? Je ne suis pas un animal !

- Mon pauvre Eren, si tu savais... Tu es bien moins que ça. »

Levi lui envoya une droite dans la mâchoire, libérant ainsi sa gorge de toute entrave, puis serra au maximum la sangle.

« Ton corps refuse de garder mes marques. Je suis bien obligé de faire en sorte que tu saches à qui obéir. »

Eren leva un regard amer sur lui ; sa mâchoire le lançait, la peau de sa gorge le brûlait et il se sentait terriblement humilié avec ce collier autour du cou. Et plus que jamais, il était dégoûté d'être manipulé comme un objet, traité comme un animal par cet homme-là.

Mais d'une certaine manière, il se sentait fier et excité d'être ainsi son centre d'attention.

Levi se pencha alors sur lui et lui glissa doucement à l'oreille :

« Sois-en sûr, Eren, que si tu sais me montrer ta gratitude et ton obéissance, je te prouverais que je ne suis pas un ingrat, que je peux être doux et serviable moi-aussi. Tu comprends, Eren ? », finit Levi d'un ton impérieux.

Il ne répondit pas et se laissa aller en avant, son front se posant sur le bassin du caporal. Il était définitivement tombé entre les mains d'un cinglé, pensa-t-il. Et pourtant, qu'il était bien tombé ! Eren se mordit la lèvre d'envie, rêvant de goûter à cette douceur que lui promettait son supérieur.