Voilà enfin le dernier chapitre.

Ça me fait bizarre de dire au revoir à cette fic et surtout à certains personnages que j'ai créé.

Merci à tous ceux qui ont suivi cette fic, ou qui la liront plus tard, à ceux qui ont mis des reviews, les followers et tous ceux qui l'ont mise (ou la mettront) en favori !

Petite indication : j'ai écrit ce chapitre en écoutant en boucle « The Last Goodbye » de Billy Boyd. Surtout pour la fin de ce chapitre.

Bonne lecture.

Chapitre 18 :

Harry se réveilla, bien au chaud dans l'étreinte de Severus. Il redressa un peu la tête pour observer son amant en train de dormir. Si seulement ils pouvaient rester là. Ici, dans cette chambre, dans ce lit, à l'abri de tout le reste. Pourquoi était-ce à eux de subir ça ? Aujourd'hui allait être le pire jour de toute leur vie. Les dragonniers et leurs montures étaient arrivés la veille au soir. On leur avait laissé la nuit pour se reposer du voyage avant l'attaque qui devait se faire à l'aube. Tout le monde avait été envoyé se coucher.
Et Harry ne cessait de ressasser les mêmes pensées. Combien allait mourir ? Des visages connus ou non, des amis, des gens biens. Et si Severus mourait ? Cette idée étreignait le cœur du Gryffondor. Les larmes lui vinrent aux yeux. Il tenta de rester silencieux, seulement c'était impossible avec un ancien espion dans son lit. Severus serra les bras par réflexe puis ouvrit les yeux. Il comprit ce qui se passait sans avoir besoin de poser de questions.

L'heure n'était pas aux ébats, cependant Severus ne put se retenir de caresser doucement son amant, frôlant la peau par endroits. Ces caresses étaient surtout destinés à les rassurer tous les deux et à leur faire oublier pour un temps, aussi court soit-il, qu'il n'y avait rien de dangereux qui les attendait. Qu'ils pourraient encore s'aimer le soir même. Qu'ils seraient ensemble.
Ils n'échangèrent aucun mot à cet instant. Il n'y avait rien d'assez fort ou d'assez précis pour exprimer ce qu'ils ressentaient. Et ils se refusaient à mentir ou à sortir des banalités tels quel « tout ira bien », « Ce soir tout sera fini ». Ils étaient tous les deux biens trop conscients de ce qui allait se jouer dans la journée.

Et c'est toujours en silence que les deux hommes se levèrent pour se préparer, alors que les premiers rayons du soleil pointaient à travers la fenêtre.

XXX

Harry fixa le manoir des Malfoyle. Tout était encore silencieux autour. Il détailla les fenêtres cassées, le toit d'ardoises dégarni, les grilles tordues. Impossible de deviner que des personnes puissent vivre ici. Un mouvement sur sa gauche attira l'attention du Gryffondor. C'était Néphrim, vêtu de son armure étincelante.
-Le premier groupe ne va pas tarder à attaquer. Les dragons sont en place, ainsi que les hippogriffes.

Le brun lui fit signe qu'il avait compris. Son cœur se serra un peu plus. Le plus gros de leur troupe allait prendre d'assaut le manoir en passant par la grande porte. Dans le but d'attirer le plus de monde dehors. Pendant ce temps Harry, guidé par Draco qui devait normalement profiter de la cohue pour les rejoindre, les mènerait lui et un petit nombre seulement, à travers un tunnel secret accédant au cœur du manoir. Leur mission était de tuer Nagini d'abord puis Voldemort, les deux se trouvant certainement au même endroit.

Mais le jeune sorcier n'arrivait pas à penser à autre chose qu'à ce premier groupe qui n'allait pas tarder à charger. Avec Severus à leur tête. Pourquoi avait-il décidé de s'éloigner comme ça ? Pourquoi n'était-il pas près de son amant à cet instant ? L'ancien professeur n'avait pas voulu donner d'explications et personne n'avait réussi à le faire changer d'avis. Quant à Hermione, Remus, Kinglsey, Fred, George, Néphrim, Nausile ainsi que Tonks, ils seraient aux côtés du Survivant. Draco ne les lâcherait pas et très certainement Lucius allait aussi se joindre au groupe. Ou il serait devant, aux côtés de son ami.

Puis Harry secoua la tête. Ce n'était pas le moment de penser en égoïste. Severus allait être très utile là sur le champ de bataille. Avec sa grande connaissance des sorts et ses réflexes hors du commun. Et il n'était pas bon que le groupe infiltré soit trop important, déjà qu'ils étaient nombreux. Ils auraient le temps de se retrouver après.

Un bruit d'explosion lui fit relever la tête. La bataille commençait. La grande porte en bois était partie en morceaux et plusieurs personnes étaient déjà entrées. Il faudrait quelques instants aux mangemorts pour se regrouper et ensuite les choses sérieuses allaient débuter. Harry espérait surtout que les vampires n'allaient pas arriver trop vite. Rapidement tout s'embrouilla pour lui. Il était tout de même loin de l'action et ne parvenait plus à différencier les combattants. Il ne voulait pas non plus user de sa puissance magique trop vite, il allait en avoir besoin. Cependant il ne pouvait détacher son regard. Ses poings étaient serrés sur l'épée de Gryffondor, qu'un sort camouflait pour ne laisser voir que sa baguette habituelle, et il résistait à l'envie de courir les rejoindre pour les aider. Mais son combat était ailleurs.

Comme pour répondre à cette pensée, Draco apparut à cet instant à ses côtés.

XXX

Severus fut en sueur en quelques minutes à peine. Il avait eu raison, tout le monde semblait vouloir se jeter sur lui. Il était obligé de relancer un charme de bouclier intégral toutes les secondes selon lui. Pas que les ennemis soient des combattants hors pairs, mais à cinq contre un ça devenait assez vite compliqué. Et s'il n'avait pas eu des réflexes aussi développés, il y serait sûrement passé dix fois. Il n'était pas loin de Mr Weasley et il fallait reconnaître que celui-ci lui avait sauvé la mise à plusieurs reprises. Les elfes étaient aussi efficaces et l'ancien espion était persuadé qu'à aucun moment ils n'avaient dévoilé leur véritable puissance. Et jusque là ils n'avaient à faire qu'à la première vague et ce n'était clairement pas les plus doués. Les choses allaient se corser quand les mangemorts du dernier cercle allaient arriver sur le terrain.
Pour le moment Severus courait à en perdre haleine. Et son cœur saignait un peu plus à chaque fois. Il n'avait aucun mal à reconnaître certains de ses anciens élèves. Et comme il ne pouvait se contenter de les blesser, il était un peu plus meurtri à chaque sort.

- On ne va pas pouvoir les retenir longtemps, cria Aidan, parvenu comme par enchantement à rejoindre Severus.

- Il va bien falloir pourtant.

Comme une réponse à son fol espoir, les mangemorts plus expérimentés venaient de se regrouper et d'entrer sur le champ de bataille, insultant leurs jeunes recrues et les poussant à s'acharner de plus belle. L'ancien espion repéra Bellatrix qui fonçait droit sur lui. Il privilégia la fuite et transplana de l'autre côté du terrain. Il savait que la folle délaisserait les autres pour se concentrer sur lui. Et elle criait à tout va que Severus était sa proie, que personne d'autre qu'elle n'avait le droit de l'abattre. La chauve-souris des cachots espérait la faire tourner en rond pour un moment. Ce qui ne marcha que quelques minutes. Alors qu'il allait transplaner de nouveau, quelqu'un lui agrippa le poignet. Il se retourna pour découvrir Pettigrew, encore plus pitoyable qu'à l'accoutumée. Ses vêtements n'étaient que des lambeaux, sa peau était lâche sur ses os et ses yeux étaient injectés de sang. Il était un cadavre ambulant.

- Je te tiens, marmonnait-il entre ses dents sales. Le maitre me pardonnera tout. Je tiens le traître. Oh oui il me pardonnera. Je serai le plus grand. Il pardonnera à son serviteur le plus dévoué.

- Sectumsempra.

Le corps s'écroula au sol, le bruit de sa chute couvert par le fracas des combats. Le sang se mêlait à celui qui recouvrait déjà le sol. Cependant l'intervention de l'ancien Gryffondor avait permis à Lestrange de rattraper son ennemi. Et elle jubilait.

- Snape, Severus Snape, susurra t-elle. Je savais depuis le début que tu n'étais pas fidèle.

- Pas comme toi évidemment, railla le professeur. Tu ferais tout pour ton maitre adoré. Quel bon chien tu fais.

- Je vais prendre plaisir à te dépecer, si tu savais. Ta torture sera longue et j'y veillerais personnellement.

Les deux ennemis se jaugeaient du regard. Ils savaient qu'ils avaient à peu de chose près la même puissance magique. Le premier qui présenterait une faille y laisserait sa peau. Et d'un coup, sur un signal connu d'eux seuls, ils se mirent à attaquer. Des informulés la plupart du temps. Sauf que Severus était déjà fatigué alors que Bellatrix venait tout juste d'arriver sur le champ de bataille et était tout à fait reposée. Il ne faudrait pas longtemps avant qu'elle ne domine totalement, sa folie lui donnant un nouvel essor. Mais alors que Snape se voyait déjà condamné les combats prirent un tournant inattendu. En effet plusieurs mangemorts, dont Bellatrix, se virent emprisonnés par des branches d'arbres et emportés dans les airs. Le brun se tourna vers les elfes. Plusieurs d'entre eux avaient les mains plongés dans la terre et semblaient redonner vie à la végétation environnante. Et sûrement que les arbres en voulaient à ceux qui les avaient abandonnés. Certains laissaient lourdement tomber leurs branches sur la masse, d'autres déchiraient l'air, envoyant voler ceux qui étaient à proximité.

Cependant ce répit ne durerait pas, les sorts de feu et de découpe fusant à présent en direction des arbres. Par contre cela pouvait permettre de contenir le flux et peut-être de s'en sortir sans trop de dommages. Sans prendre le temps de récupérer son souffle, Severus repartit à l'assaut.

XXX

- A droite !

Draco les guidait à travers le dédale de couloirs. Après le souterrain secret, ils avaient atterri dans les geôles. Harry avait essayé de ne pas trop regarder ce qu'il y avait dans les cachots. Ce serait un miracle s'il trouvait un survivant. Un sort avait réglé le compte du seul gardien visible. Le blond leur avait appris que dès le début des hostilités, Voldemort s'était réfugié dans ses appartements, apparemment bien conscient de ce qu'il risquait.

Ils entendirent du bruit au rez-de-chaussée. Ils semblaient que leurs alliés avaient réussi à tenir leurs positions dans le hall. Pour ne pas tomber en plein milieu de la mêlée, Draco leur montra une allée dérobée. Harry entendit les cris puis perçut une phrase complète, qui lui fit froid dans les dos. Ils criaient tous « Sus au traitre ! Capturez-le ». Comprenant qu'il s'agissait de son amant il esquissa un geste pour repartir en arrière. Et il comprit en un instant pourquoi Severus était resté en arrière. Hermione l'arrêta et lui murmura que tout irait bien. Mais qu'ils devaient poursuivre. Elle lui fit ensuite comprendre, sans parler, que c'était en arrêtant Voldemort qu'il pourrait sauver tout le monde, dont son compagnon. Et il fallait avancer pour ça. Serrant les dents, Harry obéit. Il aurait été facile de lui répliquer que c'était plus simple pour elle qui avait l'homme qu'elle aimait bien en évidence devant elle et savait donc qu'il allait bien. Mais il se tut et rumina sa rage, l'entretenant pour mieux s'en servir plus tard.

Ils repartirent, toujours en silence. Il n'y avait pas d'autres bruits que celui de leur pas. Le Gryffondor n'était pas rassuré. Certes il y avait une bataille dehors, ce qui mobilisait le plus gros des troupes, cependant il aurait dû y avoir encore du monde dans les étages supérieurs. Au moins pour surveiller et au cas où certains avaient réussi à monter en se faufilant. Ce silence était inquiétant. Un coup d'œil à Remus lui permit de voir qu'il n'était pas le seul à le penser.

Ils arrivèrent rapidement au troisième étage. Le silence se faisait plus oppressant encore. Ils pénétrèrent dans une grande salle, qui devait servir pour des entrainements, ou des réceptions. Draco leur montra la porte du fond et leur fit signe qu'ils étaient arrivés. Mais à peine avaient-ils posé un pied dans la pièce, qu'une explosion secoua les murs et les força à se jeter au sol. Alors que la fumée s'évaporait, des ombres apparurent et des sorts fusèrent. Tous ceux du petit groupe se retrouvèrent collés au mur par des mangemorts. Au milieu d'eux parut le Lord Noir dans toute sa splendeur et tout son orgueil, Nagini sur son épaule.

- Petit Potter, tu pensais vraiment qu'un plan aussi minable que le tien pouvait marcher. Je mettrais juste un point pour l'effet de surprise.

Il détailla chacun de ses ennemis.

- Vous êtes tellement pitoyables. Vous serez les derniers à mourir, afin de mieux profiter de votre chute. Harry, je vais prendre un malin plaisir à te torturer… Que dirais-tu d'en tuer un maintenant pour commencer ? Oh oui quelle ravissante idée.

Le Gryffondor serrait les poings. Il rassemblait sa magie au plus vite afin de l'expulser vers ses assaillants. Il comptait sur l'effet de surprise pour taillader son ennemi. Il vit avec frayeur Voldemort se déplacer vers Remus qui avait la tête basse.

- Tom, cria t-il. C'est moi que tu veux. Laisse-les tranquille.

- Mais où serait le plaisir alors ?

Le sourire de son interlocuteur s'élargit d'avantage. Il ne restait plus que quelques secondes à Harry pour pouvoir se détacher. Il regarda son ennemi élever sa baguette. Mais alors qu'il finissait son geste, Remus se mit à hurler. Personne n'en crut ses yeux. L'ancien professeur avait été comme projeté du mur et à la place du vieux sorcier fatigué, se tenait un loup-garou, debout sur ses deux pattes inférieures, prêt à en découdre. Décidant que les explications pouvaient attendre, Harry se libéra, en même temps que les deux elfes, assommant au passage les rares mangemorts que Remus ne tuait pas d'un simple coup de patte. Il broya le crâne de l'un d'entre eux avant de se retourner vers son filleul. Puis comme un ballon qui se dégonfle, il redevint humain et s'affala au sol. De nouveau libre de ses mouvements, Tonks vint l'aider.

- Mais comment ?

- Les elfes…

Il ne pouvait en dire plus tellement il avait le souffle court. Harry comprit donc ce que son second parrain faisait à chaque fois qu'il disparaissait. Il jeta un coup d'œil autour de lui pour se rendre compte que le lord avait filé. Et en quelques instants les portes par lesquelles ils étaient rentrés laissaient passer de nouveaux ennemis. La salle fut bientôt pleine. Les jumeaux furent les premiers à se jeter dans la bataille en hurlant. Tonks avait formé une bulle protectrice autour d'elle et du lycanthrope encore faible. Nausile semblait partout à la fois. A lui tout seul il venait à bout de deux adversaires en même temps. Cependant le flux ne s'arrêtait pas. Ils semblaient revenir plus nombreux à chaque fois. A croire que leur nombre était inépuisable.

- Vas-y Harry, cria Kingsley, débordé. On les retient ici.

Le Survivant se retourna et vit Hermione et Draco dos à dos en train de se faire encercler. Il voulut aller les aider mais Néphrim le prit par le bras et l'entraina jusqu'à la porte du fond. Ils sortirent et atterrirent dans un couloir sombre. Ils avancèrent en silence. Il y avait plusieurs portes cependant ils n'y firent pas attention. Sans savoir comment, Harry était pourtant sûr de l'endroit où se trouvait son ennemi. Faisant signe à son ami de le suivre, il fonça jusqu'à l'avant-dernière porte et l'ouvrit en grand pour tomber face à un Voldemort rempli de haine.

XXX

C'était l'anarchie.

Il était totalement impossible de savoir qui avait l'avantage à présent. Des sorciers se battaient à mains nues, ayant perdu leurs baguettes, d'autres en ramassaient au sol et tentaient de les faire obéir. Les arbres étaient depuis longtemps réduits à l'état de cendre et un dragon avait été abattu. Les elfes continuaient d'attaquer avec la nature cependant ils se mettaient grandement en danger en agissant ainsi. Et tous les pièges connus de la propriété avaient été utilisés. Il y avait maintenant des trous dans le terrain.

Le pire avait été l'arrivée des vampires, en pleine forme sur le champ de bataille. Cela avait porté un coup au moral de tous les assaillants. Severus ne savait pas comment mais les nuages avaient empli le ciel, permettant aux créatures nocturnes de sortir sans problème. Couplé avec une potion, le professeur ne savait que trop bien comment c'était possible. Il avait espéré, naïvement, que personne d'autre ne le saurait.

Oubliant la douleur dans son bras gauche, atteint par un sort, il fit face à McNair. L'ancien bourreau semblait fourbu par ses duels précédents et n'opposa que peu de résistance. Un vampire lui sauta sur le dos et le fit chuter. C'est un dragon qui lui sauva la mise en emportant la créature entre ses pattes pour le jeter en l'air. Severus put voir que le dragon volait librement, son dragonnier avait dû chuter. Ou il avait été abattu. En se retournant pour se relever il fit face au cadavre du professeur Sinistra, les yeux grands ouverts, figés en une expression de terreur. Il fut triste pour son ancienne collègue et chassa ces pensées pour repartir à l'assaut. De même il ne fit attention à aucun des morts au sol. Le bilan allait être lourd.

Il fit une glissade involontaire dans la terre meuble, ce qui lui permit néanmoins d'échapper à un sort de couleur verte qui lui frôla l'oreille. Il vit Hagrid le débarrasser de l'agresseur.

A peine était-il relevé qu'il partit en courant pour aider Mr Weasley prit en embuscade par deux vampires. Un elfe vint aussi leur prêter main-forte.

- Vous savez où en sont Harry et les autres ? demanda l'elfe.

- Et comment je pourrais le savoir, grommela le brun. J'ai pas tellement le temps de donner des nouvelles.

Ils avaient tous été équipés d'oreillettes, cependant beaucoup de sorciers les avaient perdues dans la bataille. C'était le cas de Severus. Et sûrement que le petit groupe avait mieux à faire que communiquer leurs actions. Si eux-mêmes avaient encore les appareils moldus.

Il remarqua Lucius qui se battait un peu plus loin. Il voulut le rejoindre mais un sort l'atteignit dans le dos. Severus eut soudain froid et s'écroula au sol. Les ténèbres l'enveloppèrent.

XXX

Harry haletait. Quoi qu'il fasse, il n'arrivait pas à s'approcher du Lord. Néphrim était en moins piteux état que lui. Il y avait comme une bulle protectrice autour de leur ennemi cependant elle était totalement imperceptible. Le gryffondor avait la vue troublée par du sang qui lui coulait de l'arcade jusque dans les yeux et sur la joue. Il avait perdu ses lunettes et devait concentrer sa magie dans ses yeux pour voir un peu, ce qui l'épuisait d'avantage.

Il devina, plus qu'il ne vit, la baguette de son adversaire bouger et sentit immédiatement comme une énorme masse qui le clouait au sol. Nagini ondulait à proximité de sa jambe gauche, sifflant ce qui semblait être un chant de victoire. Harry fut heureux de ne pas pouvoir comprendre pour le coup.

Une entaille se dessina lentement sur sa joue. Ce n'était que la dixième, en comptant celles sur ses bras. Son sang recouvrait le sol blanc. Il tenta de se relever, en oubliant la douleur qui lui vrillait les muscles. L'épée était tombée et avait glissé à l'autre bout de la pièce. Mais pour le moment Harry était surtout empli de haine envers son adversaire et semblait avoir oublié qu'il devait tuer le serpent avant tout. Il se rua sur le lord noir et lui asséna une droite bien sentie qui, si elle ne fit que peu reculer Voldemort, permit de calmer un peu les ardeurs du Gryffondor. Il se calma et recentra son énergie pour attaquer de manière plus virulente. Il enchainait les sorts, mettant Voldemort à genoux.

- Tu ne peux pas me tuer, dit celui-ci dans un sursaut d'orgueil.

Comme un déclic, Harry se rappela de Nagini. Mais alors qu'il allait tourner la tête et tendre le bras pour récupérer l'épée, il entendit son ennemi hurler. Pour peu, le jeune sorcier aurait cru qu'il avait mal ou qu'il était triste. C'est en détournant le regard qu'il comprit. Nagini se tortillait lamentablement sur le sol, l'épée de Gryffondor planté dans la tête. Néphrim avait réussi à se relever et avait profité de l'inattention générale pour ramasser l'épée et s'en servir.

A cet instant Harry retrouva totalement ses forces et recommença à harceler son ennemi. Néphrim enleva l'épée du sol et se déplaça rapidement jusqu'à Voldemort. Mais alors qu'il levait lever pour asséner un coup dans le dos du mage noir, le Gryffondor l'arrêta :

- Ne le tue pas.

Voyant là une lâcheté de la part de son adversaire, Voldemort essaya de se relever et le toisa.

- Ainsi donc tu restes un gamin frêle et sans importance.

Il leva sa baguette, dans le but d'envoyer voler son cadet. Harry l'arrêta et le plaqua contre le mur :

- Si tu savais comme j'aimerais que tu souffres des jours, des mois durant. Comme tu as fait souffrir des centaines de personnes. J'aimerais que tu rumines ta défaite pendant toute ta vie. J'aimerais que tu pourrisses lentement au fin fond d'un trou miséreux.

Néphrim ne bougeait pas durant le discours haineux de son ami. Il avait l'impression que leur ennemi avait peur. Il était plus pâle que d'ordinaire.

- Mais je ne suis pas comme toi, poursuivit Harry. Je ne suis et ne serai jamais cruel. Et comme « aucun ne peut vivre tant que l'autre survit »…

Il attrapa l'épée de Gryffondor que Néphrim lui lança et l'enfonça dans le cœur de celui qui fut Tom Jedusor. Il put voir Voldemort rassembler son énergie et appuya plus encore sur le pommeau de l'arme, traversant le mur en briques. Son corps eut encore quelques soubresauts puis le regard du Lord Noir s'éteignit définitivement.

- Je suis désolé, murmura Harry. Vraiment.

Il contempla le cadavre de l'homme qui avait orienté sa vie entière. Tout avait commencé à cause de lui et jusqu'à maintenant toute son existence avait été régie en fonction de son ennemi. C'était bizarre d'être libéré ainsi. Réprimant les larmes qui lui piquaient les yeux, il fit face à la porte qui s'ouvrait, laissant passer toute la petite troupe qui l'avait accompagné jusque là. Ils étaient tous en position de combat et leurs visages se détendirent instantanément en voyant la scène. Harry alla récupérer l'épée, faisant tomber le corps inerte. Il avisa la fenêtre qui, heureusement donnait sur le champ de bataille et alla l'ouvrir. Il traina la dépouille jusque là et hurla à gorge déployé :

- Cessez ces combats ! Voldemort a perdu ! Il est mort !

Pour prouver ce qu'il disait, il lança le cadavre de son ennemi. Cependant avant que celui-ci n'atteigne le sol une brume rouge l'enveloppa et il ne resta plus que la robe noire qui tomba doucement sur la terre rouge. Plusieurs mangemorts réagirent vite et transplanèrent de suite. Certains hurlaient, que ce soit de joie ou de désespoir. Les baguettes s'abaissaient. Certains se rendaient sans discuter, d'autres essayaient de parlementer.

Les cris de victoire résonnaient dans le manoir Malfoy. Hermione avait sauté dans les bras de Draco sans faire attention et ils semblaient tous les deux gênés à présent. Remus souriait franchement, ce qui lui enlevait des traits fatigués et le rajeunissait. A ses côtés Nymphadora avait les cheveux qui changeaient de couleur trop rapidement pour bien les différencier. Elle aurait sûrement sauté de partout si elle ne soutenait pas encore le lycanthrope. Fred et George se soutenaient mutuellement. Tous avaient l'air plus ou moins blessés mais ne s'en souciaient que peu. Par contre aucune trace de Kinglsey ou de Nausile. Très certainement qu'en descendant rejoindre les autres, Harry verrait leurs corps. Et combien d'autres dehors ? Combien d'amis, de membres de famille ?

Ne voulant pas rester trop longtemps dans cette pièce sombre, ils se dirigèrent vers le hall. Harry tentait de cacher sa claudication. Sa jambe gauche avait été touchée et il avait un mal fou à rester debout, alors encore plus à marcher. De même il occultait la douleur de son bras. Il n'était pas le plus à plaindre et ne voulait pas gâcher le peu d'énergie magique qui lui restait ou même demander à un elfe de le guérir. Il attendrait son tour. Et puis il avait vu pire.

Il n'y eut aucune acclamation quand ils passèrent la grande porte d'entrée. Au contraire, quand il passait, tout le monde regardait Harry avec une grande tristesse. Cela glaça le sang du Survivant qui commençait à se douter de quelque chose. Aidan vint devant lui :

- Je suis désolé… Il a été exceptionnel sur le terrain mais… ça n'a pas suffi.

Comprenant de qui il parlait, le cœur du Gryffondor se serra et il avait l'impression d'avoir carrément disparu. La douleur physique n'était plus rien comparé à ce qu'il ressentait à cet instant. Il n'y avait plus de son, plus de lumière dans le monde. Son ami le conduisit jusqu'à Severus, étendu dans la boue, les cheveux cachant son visage. Il tenait toujours sa baguette et sa cape recouvrait son corps. Il était tombé sur le ventre, les bras écartés et n'avait pas été bougé. Harry tomba à genoux. Sa vue se brouilla et les larmes coulèrent librement sur ses joues. Il n'entendit pas Draco hurler à son tour en découvrant le cadavre de son père quelques mètres plus loin. Pas plus qu'il ne prit conscience que le corps d'Izane était juste à côté. Il ne voyait plus rien. Rien que le visage qu'il aimait tant, ces lèvres qu'il adorait embrasser. Il n'y avait plus rien dans le monde. Et il n'y aurait plus jamais rien pour lui. Il avait payé le prix fort. Une vie pour une vie.

Néphrim, Luna derrière lui, se pencha vers son ami et le tira en arrière. Harry se rebiffa et hurla. Il voulait que la douleur s'arrête, il voulait que tout s'arrête. Pourquoi n'était-il pas mort aussi ? Pourquoi devait-il toujours survivre à ceux qu'il aimait ? Il mit un temps avant de se rendre compte que l'elfe lui parlait. Et du temps encore avant de comprendre les mots :

- Il n'est pas mort. Pas encore.

Harry se retourna vivement et leva ses yeux verts noyés et d'un coup plein d'espoir, vers Néphrim.

- Qu'est-ce que tu dis ?

- Il n'est pas mort, répéta l'elfe.

- Et pourtant… il… là…

- Pas encore, le sort n'a pas fini d'agir. Nous pouvons le sauver. Mais il y a une condition…

- Fais-le, le coupa Harry.

Tout plutôt que cet abîme à la place de son corps.

Harry remarqua à cet instant que des dizaines d'elfes avaient fait cercle autour de lui et de Severus. Ils s'assirent tous, se donnant la main et se mirent à psalmodier. De la terre sortirent alors des lianes de lumière qui entourèrent le professeur pour s'enfoncer à nouveau dans la terre. De petites boules lumineuses s'élevèrent dans les airs et se répandirent sur tout le champ de bataille. Tous les vivants et tous les blessés s'arrêtèrent instantanément pour mieux admirer. Les deux dragons restants se posèrent au sol et s'allongèrent, la tête basse.

Les blessures légères se refermèrent, la douleur disparaissait, les arbres se redressaient. Et, même des années après, tous ceux qui assistèrent à ce spectacle, dirent qu'ils n'avaient jamais rien vu d'aussi magnifique. La magie à l'état pur vibrait dans l'air. Les elfes étaient en transe et le chant s'éleva, plus fort, plus beau, réconfortant et apaisant. C'était comme l'étreinte des disparus pour les vivants. Une promesse de se retrouver. Le temps était suspendu, enfermé dans une bulle de beauté et d'harmonie.

Après un temps qui parut infini et à la fois très court, les elfes cessèrent leur chant. Ils mirent un moment pour reprendre leurs esprits et se levèrent doucement. Harry se retourna vers Severus. L'homme grogna et porta la main à sa tête puis se redressa, les yeux fermés. Il n'avait pas fini de s'asseoir que son compagnon lui sautait dans les bras, le serrant plus fort que jamais auparavant.

- Je t'aime, lui dit-il. Je t'aime, si tu savais.

- Moi aussi… On a gagné ? Il me semble que j'ai été touché mais… Je ne me souviens plus…

Harry se détacha pour lui raconter mais se stoppa. Les yeux de son ancien professeur avaient changé. Ils n'étaient plus gris mais arboraient la même teinte émeraude que les siens. Il se retourna vers Néphrim qui n'avait pas bougé :

- La magie elfique. Nous lui avons tous donné un peu de notre propre vie. Il est devenu un hybride. Mi-elfe, mi-homme.

Severus était perdu. Qui était un hybride ? Il se tourna vers son amant.

- Je t'expliquerai. Plus tard. Quittons ce lieu, je n'en peux plus.

Il aida Snape à se relever et ne lui lâcha pas le bras. Ils marchaient le regard fixe, refusant de s'attarder sur le carnage. Il y aurait bien assez le temps de compter les morts.

Draco s'était rapproché de Mira, l'elfe combattante :

- Et pour les morts ?

- Nous ne pouvons malheureusement rien faire. Mais, si cela peut vous apaiser, il a permis à de nombreuses personnes de marcher à nouveau sous le soleil. Il a été un des meilleurs sorciers aujourd'hui.

L'aristocrate acquiesça. Aidé d'Hermione, il cherchait à présent sa mère pour lui annoncer la triste nouvelle et parler de la suite des évènements. Sûrement qu'ils allaient déplacer le manoir, bien trop marqué par ce triste jour.

XXX

A la suite de ça, il fallut reprendre une vie normale. Le chemin de Traverse fut l'un des premiers lieux à rouvrir complètement. Les jumeaux Weasley y ouvrirent d'ailleurs une boutique de farces et attrapes où ils mirent en vente un produit faisant apparaître des tâches de rousseur et de longs cheveux roux, qu'ils appelèrent « Ronald », en hommage à leur frère décédé sur le champ de bataille.

Luna suivit Néphrim dans la forêt de Wenya.

Remus épousa Tonks après quelques années et ils vécurent d'abord au Square Grimmaud, cadeau de mariage d'Harry.

Dumbledore reprit l'école de Poudlard et en resta le directeur. En revanche McGonagall fut bien plus attentive à la moindre décision prise et veilla au grain à ce que le vieux sorcier ne fasse plus d'intrigue, peu importe laquelle.

Draco laissa les affaires familiales à sa mère, épousa Hermione et ils partirent vivre en Sardaigne. Ils ne revinrent que rarement à Londres.

Neville entra à l'hôpital St-Mangouste et y fit une brillante carrière. Selon les rumeurs il avait un petit portrait de son professeur honni dans son bureau pour toujours lui rappeler d'être vigilant et attentif. Et pour se motiver à la tâche.

Aidan reprit sa boutique de Quidditch. Sa main manquante ne le gêna nullement et il aida même à la conception de balais prévus pour ceux à qui il manquait un membre et pour qui même la magie ne pouvait rien.

Et Harry et Severus partirent vivre chez les elfes. Ils réglèrent leurs affaires privées et s'éclipsèrent sans en parler à qui que ce soit. Ils disparurent pour le monde sorcier. C'était un des prix à payer. Harry refusait la célébrité qui s'attachait à chacun de ses pas. Il refusait une reconnaissance non méritée. Et Severus n'arrivait plus à s'adapter à ce monde. Il avait besoin de la nature et de la présence d'autres elfes pour apprendre et se sentir à sa place, ainsi que de la présence de son amant. Celui-ci ne revit plus jamais ses amis sorciers. Et même s'ils lui manquèrent un temps, il finit par ne plus vouloir y penser.

Le monde était en paix. Et c'était tout ce qui lui importait.

Et voilà la fin !

Pour le coup il faut savoir que j'ai hésité longtemps entre faire mourir Severus ou non. Puis j'ai trouvé un compromis qui me semble pas mal.

A bientôt pour une nouvelle fic !