Je suis de pierre et de glace, mon cœur serré dans une poigne de verre. Le bleu translucide de mes yeux ne laisse rien paraître. De toute manière, qu'aurais-je pu laisser paraître ? Des… sentiments ? Des choses encombrantes qui ne vous attirent jamais rien de bon ? Je ne connais pas ces choses-là, tu le sais très bien. Pourtant je ressens l'ennui et la sympathie. Je n'ai qu'un ami, n'est-ce pas ? Et un meilleur ennemi qui ne peut désormais plus balayer mon ennui. Je ne cessais de tirer sur les murs et j'ai recommencé à fumer, ça aussi tu l'as vu. Mais tu n'as rien dit. Dis quelque chose, s'il te plait. Engueule-moi. Je t'en supplie. Molly avait raison, sûrement. Il paraît que j'ai l'air triste quand tu ne me regardes pas… Que vois-tu dans mes yeux ? Non, garde tes interprétations pour toi. Mes déductions me suffisent. Tu sors souvent ces temps-ci, tu cherches une nouvelle petite amie, comme d'habitude. Cela ne durera pas longtemps, tu en as conscience. C'est pour ça que je fume. Tu pars pendant des heures et tu me laisses seul. Je déteste être seul depuis que mon colocataire quitte souvent la maison et que nos enquêtes à deux se font rares. Tu as éraflé la main de verre autour de mon cœur, tu l'as fissurée, John. Alors viens. Viens briser cette poigne, cet étau, cette prison. Brise-la d'un coup sec, viens te poser sur mes lèvres. Juste une fois. Je suis certain que cela libérera un flot de paroles qui te sont destinées mais que je suis encore incapable de prononcer. John… Aide-moi.
Sherlock
