Cette fanfiction est un autre complément de 'Voyage à Kanto' centré sur le personnage de Karen.

Bonne lecture !


Chapitre 1 : Fuite

Je ne pensais pas que j'aurais de la visite aussi tard. Une visite surprise par la fenêtre de ma maison par mes deux plus proches amies de Safrania. Lorsqu'elles virent l'intérieur de ma chambre, elles n'osèrent pas taper à la fenêtre. Non que ma chambre était dans un état désastreux ou totalement ringarde mais le spectacle que j'étais en train de leur offrir sans le savoir devait les dégoûter au plus haut point. Ce ne fut que lorsque la liane de mon Bulbizarre atteignit un point sensible dans mon organisme, me faisant crier de plaisir en retournant ma tête sur le lit que je les aperçus. Célia et Mélodie étaient là, les bouches grandes ouvertes et les sourcils à moitié froncés. Du dégoût profond.

Je me redressai immédiatement en me tournant vers elles. Je me levai du lit en suppliant Bulbizarre d'arrêter mais, en me libérant d'un coup, il me fit tomber à genoux en gémissant de plaisir devant mes deux amies dont l'une d'elle commença à crier comme si elle avait vu un monstre. Arrivèrent à trombe dans ma chambre, mes deux parents, attirés par les cris qui furent pris de mutisme devant ce spectacle également. Autant gênée que terrorisée par leurs réactions, je hurlai :

– Partez ! Laissez-moi !

Mon père commença à crier quelque chose mais ma mère le raisonna et le convainquit de bien vouloir attendre le lendemain. Célia et Mélodie s'étaient déjà enfuies. Lorsque la porte se referma, je me mis à pleurer. Qu'allait-il se passer à présent ? Bulbizarre enlaça chaleureusement mon corps nu de ses lianes comme pour me rassurer. Je ne pouvais pas lui en vouloir, c'était de ma faute. Je finis par m'endormir après quelques heures de pleurs, toujours nichée dans les lianes de mon premier Pokémon.

Lorsque je me réveillai, je me rendis compte que j'étais dans mon lit, sous mes couvertures, et que Bulbizarre était toujours à côté de moi. Il était déjà éveillé et me lança un joyeux 'Bulbi' comme si rien n'était arrivé la veille. Mais tout n'allait pas bien. J'allais être obligé de revoir Mélodie et Célia car aujourd'hui était un jour d'école... L'école, encore une idée bizarre du Conseil des 4 pour mieux comprendre les Pokémon. Même les non-dresseurs devaient subir une formation pour acquérir ces connaissances, le seul moyen d'y échapper était de commencer la collecte des Badges à dix ans. Mais je tenais trop à ma maison pour partir sur les routes, alors j'étais obligée d'y aller comme tout le monde. Nous avions par contre l'autorisation de nous faire accompagner par un Pokémon pendant les cours et Bulbizarre venait toujours avec moi. Même si je n'étais pas sûr que c'était une bonne idée aujourd'hui. Célia adorait les ragots et je savais que ce qu'elle avait vu hier allait faire le tour de l'école C de Safrania avant même que je n'y arrive. Je simulerai bien une maladie mais rester à la maison avec mes parents me semblait bien pire.

Je m'habillai et descendis avec mon Pokémon à l'étage inférieur où ma mère était en train de boire son café matinal. Elle tourna les yeux lorsque nos regards se croisèrent et ne me salua pas. Je n'osai pas ouvrir la bouche de peur de me faire crier dessus. Ce n'était pas son genre mais je ne savais vraiment pas ce qu'elle pensais de tout cela. Je pris juste quelque chose à grignoter dans le placard avant de me diriger vers la porte d'entrée. Ma mère me dit avant que je ne parte :

– On en parlera ce soir... Avec ton père...

Un frisson me parcourut le dos et j'émis un petit bruit incompréhensible avant de m'enfuir. Dans les rues qui menaient à l'école laquelle j'allais, tous les passants me semblaient suspects ; avaient-ils déjà entendu des choses sur moi ? Est-ce que ce type ne me regarde pas trop depuis tout à l'heure ? Cette sensation s'accentua à l'école, j'avais l'impression que tous les regards étaient tournés vers moi, qu'ils se moquaient tous de moi dans mon dos... Non, Célia était l'une de mes meilleures amies, elle ne m'aurait pas trahie, tentai-je de me rassurer en pensant que c'était tout à fait son genre. Faire ce genre de choses avec un Pokémon n'avait rien d'illégal mais je savais à quel point elle haïssait les gens qui le faisait. C'était le sujet d'un cours qui se transforma en débat à cause de son intervention, depuis ce jour, je m'efforçai de lui cacher la vérité sur moi mais mon mensonge s'était écroulé... Bulbizarre tenta plusieurs fois de me parler mais je n'osais pas lui répondre, qu'allait donc penser les gens si je lui parlais, que je le considérais comme mon petit ami ? Était-ce vraiment le cas, d'ailleurs ? Je l'aimais beaucoup mais nos jeux nocturnes étaient seulement de nature physique pour moi... Ou peut-être pas. Étais-je vraiment en tort ? Étais-je un monstre ?

Mon arrivée dans la classe se fit sans encombre. Lorsque je me mis à ma place habituelle, je remarquai que j'étais la seule à avoir un Pokémon à mes côtés et pourtant, ils étaient presque tous là. Même Anthony qui n'avait jamais passé un jour sans sa mignonne Hypotrempe. Pourquoi donc ? Je me sentis soudainement très mal et voulus rappeler Bulbizarre également mais j'avais oublié sa Pokéball dans ma chambre, il n'y rentrait presque jamais en temps normal.

– Alors Karen, on a passé une bonne nuit ? gloussa une fille derrière moi dont la voix n'appartenait à aucune de mes amies.

– Tu devrais plutôt demander ça à son Pokémon, c'est lui qui prends soin de ses nuits...

Je me pris la tête entre les mains et m'efforçai de faire comme si de rien n'était, priant secrètement pour que le professeur arrive très rapide. Voire tout de suite.

– C'est vraiment dégueulasse comme truc quand même, lâcha une troisième voix. Des animaux quoi !

– Surtout que ce truc ne ressemble à rien.

Non, je n'entendais rien, je ne voulais pas entendre.

– Soyez pas trop méchantes, annonça une voix que je reconnus comme étant celle de Célia, m'apportant beaucoup d'espoir. De toute façon, un boudin comme elle ne pouvait pas vraiment espérer mieux.

Cette fois, c'était trop, mes larmes commencèrent à couler tandis qu'un cri de douleur se faisait entendre derrière moi, je me retournai instinctivement vers ce cri et vis que Célia avait une énorme entaille sur la joue, une feuille était coincée à l'intérieur. Des lianes partirent serrer le cou de la fille aux cheveux roses tandis que sa voisine me hurlait :

– Arrête-le monstre ! Tu sais ce qu'on fait aux Pokémon qui attaquent les humains ?

Oui, je le savais. La mort immédiate et sans aucun jugement.

– Bulbizarre, lâcha-la... prononçai-je malgré moi.

– Bulbi ?

– Oui, sûre.

Il obtempéra et la fille qui se vantait d'être ma meilleure amie quelques jours plus tôt tomba au sol et cracha :

– Tu as bien fait pouffiasse, mais ça ne changera pas ton sort. Quand j'aurais porté plainte, ton Pokémon sera crevé et tu n'auras plus personne pour 'jouer' avec toi.

Malgré mon ordre, Bulbizarre fouetta violemment Célia au visage, lui infligeant une nouvelle coupure. Dire que son visage était sa fierté... Mais elle avait raison, une seule plainte de sa part et je pouvais dire adieu à Bulbizarre. Rien ne pouvait sauver un Pokémon qui avait attaqué un humain.

– Bulbizarre, fais ta Poudre Dodo.

Autant les retarder autant que possible, je sortis de la classe du temps que la Poudre agisse et rentrait par la suite. Toute ma classe était endormie devant moi mais ma vengeance n'était pas terminée.

– Bulbizarre, arrache-lui tous ses habits et attache-la sur son bureau. Utilise tout ce que tu peux et fais des nœuds difficiles à enlever.

Dans un grognement énervé, non contre moi, mais contre Célia, il obéit rapidement. Il utilisa comme matériel ses lianes qu'il coupait avec sa Tranch'Herbe pour en faire des cordes solides. Je ne savais même pas qu'elles pouvaient repousser.

La porte s'ouvrit derrière moi. Rentra dans la pièce un homme d'une cinquantaine d'année qui ouvrit la bouche face au spectacle, prêt à hurler.

– Bulbizarre, bâillonne-le et ferme la porte !

Tout fut effectué en une seconde. Je m'approchai du professeur. C'était l'un de mes préférés...

– Je suis vraiment désolée monsieur, mais je ne peux pas vous laisser tout gâcher. Poudre Dodo !

Son sommeil fut prompt à venir et je m'enfuis à nouveau. Je quittai l'établissement et courus dans les rues avec Bulbizarre. Mais pour aller où ? Un endroit où j'étais en sécurité... Ma maison... Je n'avais que cet endroit à présent. Mais pour combien de temps ? Dès que Célia sera réveillée, Bulbizarre serait en danger. Je devais quitter la ville, mais pour aller où ? Devais-je devenir dresseuse de Pokémon ? Je n'aimais pas le fait que Bulbizarre ait à combattre contre d'autres Pokémon mais c'était la meilleure solution. Je serais facilement retrouvé si je reste dans une ville en particulier. Lorsque j'arrivais devant chez moi, j'eus la surprise de tomber sur Mélodie. Comment était-ce possible ? Les gens de la classe étaient déjà réveillés ? Non, elle n'aurait pas pu venir avant moi. Bulbizarre commença à grogner.

– Tu viens de l'école ? demanda-t-elle.

Je me rendis alors compte qu'elle pleurait. Je relevai la tête et la hochai.

– Vraiment désolée, je voulais venir plus tôt pour t'avertir mais je suis arrivée trop tard. Je n'ai pas eu le courage de venir te protéger à l'école. Je ne voulais rien dire mais je ne pouvais pas retenir Célia... Tu sais comme elle déteste...

Je hochai à nouveau la tête, incapable de prononcer un mot. Mélodie se jeta dans mes bras et s'excusa à nouveau.

– Désolée, vraiment désolée. Moi je m'en moque que tu fasses ce genre de choses mais Célia... m'a dit que si je restais avec toi, elle me détruirait comme elle compte le faire avec toi. J'ai si peur...

Je plaçai mes mains dans son dos et pris la parole pour la première fois :

– Ne t'excuse pas, tu n'auras pas de problèmes. Je vais partir...

– Partir où ? demanda-t-elle en redressant la tête.

– Devenir dresseuse... C'est ma seule option à présent. Célia est beaucoup trop influente et les gens comme moi trop détestés... C'est la dernière fois que l'on se voit Mélodie. Ne te rappelle pas de moi que pour cette nuit-là...

Je me dégageai alors de son étreinte et courrai dans ma maison. Ma mère se leva de la chaise où elle était et s'exclama :

– Tu n'es pas à l'école ?

Je secouai simplement la tête, incapable de trouver une réponse puis, articulai lentement :

– Ils sont tous au courant...

Elle me fixa quelques secondes et dit :

– En parlant de ça, ton père vient de m'appeler, il t'a trouvé un bon psychologue, on serait venu te chercher en cours de toute manière.

Un psychologue ? Ils me considéraient donc comme folle ? Mes propres parents ? Pour une petite chose comme cela ? Je n'hésitai pas plus longtemps, mon ordre fut déformé par mes larmes mais Bulbizarre le comprit tout de même :

– Poudre Dodo...

Le temps que ma mère réagisse, elle était déjà au sol. Il n'y avait plus de retour en arrière possible à présent. Je courus préparer toutes mes affaires, un sac, de l'argent, la Pokéball de Bulbizarre, de la nourriture et mon passe pour Safrania. Il faudrait encore que je me fasse une Carte Dresseur mais j'avais appris qu'elles se faisaient aux Centres Pokémon. Je le ferais donc à Azuria, inutile de m'attarder plus longtemps ici.

Était-ce vraiment un crime ? Mon Pokémon m'offrait son affection et je l'acceptais pleinement, je ne voyais pas où était le mal. Pourquoi donc cette forme d'amour était interdite ? Je regretterai à jamais la journée d'hier mais un nouveau voyage s'annonçait à présent. Je m'enfuis finalement vers Azuria.


Voilà pour le début de l'histoire de Karen, pas très joyeux, hein ?

Je ne posterai pas souvent sur cette fic (VàK reste ma priorité) mais j'écrirai la suite quand j'aurais un peu de temps devant moi. Comme vous avez vu, les chapitres sont assez courts et ils devraient le rester =p